Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe( Télécharger le fichier original )par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012 |
v Début du combatUne fois au pays, il commence sa carrière de professeur. Il publie l'Apport des philosophes zaïrois à la philosophie africaine, ouvrage qui lui valut le titre de professeur ordinaire. Il dispense les cours de philosophie, de psychologie, de philosophie politique, philosophie sociale, philosophie morale, de méthodologie de la recherche scientifique, d'éthique... Ses notes de cours composent son itinéraire philosophique. Son prestige grandit. Il écrit un ouvrage systématique contre le centralisme du régime du Marechal, Les fondements culturels du fédéralisme au Zaïre. L'entrée des troupes de l'Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo (AFDL) fut un tournant décisif pour la réorganisation du pouvoir politique. Mutuza voit de mauvais oeil la présence des étrangers. Il se souvint qu'en 1994, il y eut flux des réfugiés rwandais qui fuyaient le « génocide ». Mutuza a un rayonnement comme professeur. Ses cours de philosophie sur la tradition, l'histoire, la société expriment des facettes de sa pensée. Le travail d'enseignant l'aide à construire son système. Il publie De la philosophie occidentale à la philosophie négro-africaine. Apport des philosophes zaïro-Congolais (2008). La notion de culture est l'épicentre de la pensée de sa pensée. Mais avant d'aborder de front, une explication préliminaire est de mise. De nombreux chercheurs, après nous, seraient tentés de ne voir en lui que le disciple peu original d'esprits plus grands, plus créatifs. L'influence de Hegel et le marxisme est indéniable dans sa philosophie sociale et politique. Son Histoire semble puiser à la fois dans la tradition orale de Balega et chez Papadopoulos. Mutuza ne serait qu'un confluent fortuit de divers courants qui l'ont précédé ! Mais ce même reproche ne vaudrait-il pas pour tous les grands esprits ? Ne se situent-ils pas à la croisée de chemins ? La Summa theologica de Thomas d'Aquin n'a-t-elle pas jailli du choc entre Aristote et Albert le Grand ? Musey n'est-il pas le point convergence créatrice de Tarski et de Bohenski ? Jamais le regard tourné vers les sources ne saurait expliquer le génie d'un auteur. Les parties ne peuvent éclairer ce qui est simple et unique, ce que la pensée créatrice élabore à partir de matériaux préalables. Convaincu de briser les barrières érigées par la colonisation, quelque part, dans la pensée de Mutuza gît un point très fin, très délicat, qui éclaire toute l'oeuvre, qui communique vie et diaprure. Il s'en suit que le développement de la philosophie zaïro-congolaise a eu pour conséquence, à partir de la publication du Père Tempels (1945), d'accentuer l'abîme entre l'Occident et l'Afrique. Crahay avait fait du Noir un être essentiellement hybride entre le Ëüãïò et les ëïãéêïé occidentaux. A cet effet, il avait fait des emprunts à la mythologie traditionnelle, à la biologie darwinienne. Il avait accentué la pente de presque tous les philosophes précédents, mais en forçant, en durcissant leurs affirmations. Sa condamnation par Smet comportait l'écroulement d'un certain monde intellectuel. Les congolais, à l'instar de Kinyongo, Tshiamalenga, Nkombe Oleko, Mgr Tshibangu, Elungu Pene Elungu, Mudimbe, Bwakasa, Musey, etc. ont eu la mission de construire une philosophie nouvelle, selon une perspective rénovée, tout en préservant les éléments valables de la Tradition. Cette construction s'élabore, dans un affrontement permanent. Exemple, Musey dessine d'une main sûre le plan de l'édifice dans ses grandes lignes ; Mudimbe avec son art oratoire tranchant, aiguise les concepts ; Mutuza, dans ses deux derniers ouvrages(135(*)), parachève l'oeuvre en divers sens ; il creuse les fondations, élève la voûte. A leur suite, Okolo, Ngangura, Lokadi, Mbambi, Nzege, etc. font la peinture de l'édifice et plantent un potager attrayant et concentrique pour la protection des fleurs du jardin intellectuel zaïrois afin d'attirer les abeilles étrangères qui viendraient butiner la nouvelle rationalité décomplexée de tout aliénation. N'est-ce pas l'affirmation du privilège d'une culture ? * 135 La Problématique du Mythe Hima-Tutsi, p. 37 où Mutuza se dit que « En vue de me permettre d'examiner avec un maximum d'objectivité une question où je me sens juge et partie et en vertu du principe selon lequel ce qui différencie l'animal de l'homme... » ; et cfr. De la philosophie occidentale à la philosophie négro-africaine où notre auteur renchérit, à la page 145 que « A ce propos, je montre d'abord que la question an sit est non seulement une question mal posée, mais que c'est aussi un faux problème. L'existence ne se prouve ni ne se démontre : elle se montre, se constate et s'affirme. Ensuite, que la question quid sit est une vraie question, mais qu'elle a souvent été mal posée, parce que les auteurs l'ont souvent confondue avec la question quo modo sit. Je présente enfin es oeuvres des philosophes congolais qui ont contribué, au cours de cette dernière décennie, à la clarification de la problématique de la philosophie africaine et qui, par leurs travaux, ont engagé la philosophie africaine sur la voie de la créativité. |
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