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Identité et appartenance: temps et comput anthropologique chez R. E. Mutuza Kabe

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par Jean Francis Photios KIPAMBALA MVUDI
Université de Kinshasa RDC - Doctorat en philosophie 2012
  

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CONCLUSION GENERALE

Nous arrêtons ici notre thèse. Un des résultats de notre analyse a été de joindre le concept de l'identité (être) à celui de l'appartenance (temps) tel que nous les rencontrons dans la philosophie sociale et politique de Mutuza. Pour y parvenir nous avons eu à distinguer, dans le domaine social, la séparation et la réunion de deux groupes sociaux qui se distinguent par leurs ethnonymes (Hutu -Tutsi) auxquels on les identifie, dont l'appartenance au glossonyme kinyarwanda est problématique et dont la vie sur le toponyme RD Congo crée le flou constitutionnel de la nationalité.

De la recherche philosophique du temps entropologique au rétablissement éthique du temps anthropologique chez Mutuza, on ne passera que par la brisure des murs d'hostilité qui nous séparent des autres et par l'aide de chacun à sortir de l'angoisse provoquée par l'insécurité, l'isolement, la peur et le chaos, pour entrer dans la communion et l'unité.

Mutuza Kabe a constaté de bonne heure que l'éloignement d'ethnoglossonyme favorise des préconceptions. Il s'est proposé de créer une solution féconde, qui l'a poussé à devoir réhabiliter l'image dénaturée des institutions bantoues dont l'authentique valeur est la communion qui nait de la confiance, de l'acceptation mutuelle et de la liberté pour chacun d'être pleinement lui-même, dans sa beauté et son unicité, afin d'exercer ses dons et de donner sens à la vie.

Nous appartenons à un groupe lorsque nous marchons ensemble - ne voyant pas nécessairement les mêmes choses, moins encore de la même manière, mais les voyant concurremment et concomitamment - et que nous avons conscience de notre besoin les uns des autres, que nous soyons faibles ou forts, compétents ou non. Si nous cheminons vers la liberté, cette appartenance n'inspirera pas de sentiment de supériorité. Elle ne cherchera pas à exclure le faible, le démuni ou l'étranger qui se reconnaît comme tel, mais les inclura.

Ainsi, ce que nous disons à propos de l'identité et de l'appartenance, du temps entropologique et des enjeux éthiques chez Mutuza prolonge les réflexions de sa philosophie sociale et politique en fonction de l'optique de notre contexte qui exige une réévaluation des concepts, fruit d'une rupture épistémologique que créent les rencontres de différentes visions du monde. Le droit de nommer les choses explique les pouvoir existentiel de deux civilisations en exemple chez Mutuza : la civilisation pastorale et la civilisation agricole.

L'erreur serait seulement qu'on ait cru que, pour autant, nous ne sommes qu'un de ces philosophes égaré dans l'anthropologie, imprégné d'analyse mathématique, dominé par la passion de la musique, attaché aux exigences de la biologie, obnubilé par la méditation théologique et emballé par les considérations métaphysiques.

Si l'on contestait une seule de nos assertions relativement aux problèmes des éléments culturels à la correspondance et corrélation dans les civilisations pastorale et agricole en face de la philosophie de Mutuza, nous sommes en mesure de la prouver à l'aide des documents officiels émanant de la poésie dynastique du Ruanda et du Droit Coutumier relatif à l'élevage, des interventions radiodiffusées de certains Tutsi, ou des rapports des Nations Unies généralement approuvés par le Ruanda et que Mutuza analyse avec grand soin.

Le plan que nous avons adopté pour exposer la philosophie de Mutuza nous a permis de suivre, pour la première partie intitulée vision philosophique de Mutuza, les différents concepts philosophiques familiers à notre auteur, en accompagnant chaque étape de sa vie d'un commentaire aussi bref que possible. Ce qui nous a permis de découvrir le temps entropologique. Après, nous avons tenté de rétablir le temps anthropologique et les enjeux éthiques dans La problématique du Mythe Hima-Tutsi en y joignant les implications d'ordres divers, musicologiques, mathématiques, physiques...

Nous n'avons certes pas la prétention d'avoir fait un travail irréprochable ; encore moins nous flattons-nous d'avoir présenté cette philosophie de Mutuza dans sa majesté. Nous sommes dans l'intention de compléter notre recherche et de la corriger, conformément aux observations que voudront bien nous faire nos Pères et Frères dans ce savoir royal (qui est) de tous et universelle (êáôà ðàíôùí, ôü êáèüëïõ), qu'est la philosophie.

Nous avons travaillé avec autant de soin et d'exactitude qu'il nous a été possible ; mais qui peut se flatter d'être infaillible et embrasser, d'une manière complète et dans leur ensemble, toutes les questions de la philosophie sociale et politique de Mutuza ?

Une analyse du temps entropologique et des considérations des enjeux éthiques nous a permis de découvrir que la vraie philosophie de Mutuza est intersectionniste et intersessionniste, suivant la pensée géométrique. Sa philosophie sociale emprunte chez Descartes la géométrie et chez Locke la théorie politique.

Elle s'explique par l'usage qu'il fait de la position d'un élément culturel de la société qui peut être déterminé ou repéré par rapport à deux institutions orthogonales orientées, appelées groupes sociaux, au moyen des distances qui considèrent la nature des grandeurs selon leur nature et non selon leur valeur.

Sur la figure suivante, le point A est situé à 1 unité de l'axe vertical, ou axe des y, et à 4 unités de l'axe horizontal, ou axe des x. Les coordonnées du point A sont donc 1 et 4, ce que l'on note comme suit : A (1 ; 4). Cela signifie que, dans le repère (xOy), O étant le point d'intersection des deux axes, ou origine du repère, le point A a 1 comme abscisse (x) et 4 comme ordonnée (y).

Les valeurs positives de x correspondent aux points situés à droite de l'axe des y, et les valeurs négatives correspondent aux points placés à gauche. De même, les valeurs positives de y correspondent aux points situés au-dessus de l'axe des x et les valeurs négatives de y correspondent aux points placés en dessous. Ainsi, le point B de la figure 1 a pour coordonnées : x = 5, y = 0. De la même façon, on peut déterminer la position de points dans l'espace par rapport à trois droites concourantes perpendiculaires et orientées (les axes), les deux premiers axes étant ceux du plan et le troisième axe, vertical, étant généralement appelé axe des z.

Cette intersection ouvre la perspective entre l'identité et appartenance. La question de l'intégration et de cohabitation, les valeurs matérielles et morales, les analogies et homologies avec les principes mathématiques ont fait que nous soyons obligé à quelques répétitions.

Mais nous avons préféré revenir plusieurs fois sur les mêmes sujets que d'avoir recours à des renvois toujours désagréables pour les lecteurs. Par exemple, en commentant l'élément culturel de l'identité et l'identité de cet élément culturel, en exposant les civilisations pastorale et agricole, nous avons dû parler, non seulement de deux visions du monde, mais des rapports qu'elles ont entre elles pour qu'enfin le temps entropologique joue un rôle déterminant pour la connaissance et la reconnaissance de l'identité et de l'appartenance des peuples sous examen chez Mutuza; nous sommes revenu sur ces rapports, plusieurs fois, lorsque le sujet le demandait.

On remarque que nous ne parlons pas des conflits entre d'autres communautés au monde. C'est parce que la méthode comparative est dangereuse et conduit assez facilement aux conclusions hâtives et mène aux jugements des valeurs non philosophiques. Mais notre jugement des valeurs consistait à nous porter sur les normes reçues et sur les institutions en vigueur au nom des valeurs que nous avions adoptées et que nous rencontrons dans le courant de la réévaluation des concepts. C'est pourquoi nous avions cherché l'axe véritable de cette philosophie dans les institutions fondamentales des Hima-Tutsi, autrement dit dans leurs racines métaphysiques. Nous avons aussi dû souligner que le mutuzisme, tellement dominé par le refus de définitions en vue du rétablissement de la notion d'équilibre social, n'arrive pas à intégrer la genèse et l'histoire.

Nous ne disons pas que le mutuzisme nie la genèse et l'histoire, mais nous soulignons que leurs réalisations concrètes n'en tiennent pas, ou très peu, compte. C'est parce qu'aussi les mêmes conflits et problèmes qui se posent ici et là ne partent pas de mêmes contextes. Assurément, ces conflits ont une base toute différente de l'analyse des éminents auteurs dont nous avons parlé tout au long de cette thèse. La difficulté du mutuzisme apparaissait alors très clairement : le refus de définitions écroule l'édifice épistémologique bâti à grand-peine du fait que le développement radical semble nous donner comme outil de base la théorie de communication. Nous avons déduit que le meilleur outil est la théorie générale des relations à n termes, dont on a trouvé un modèle dans la théorie des ensembles. C'est pourquoi, nous nous sommes placé au juste milieu du courant de la réévaluation des concepts - dans la via antiqua de la haute scolastique - , plus prête à renoncer à une vision d'ensemble du monde, au cosmos harmonieux - héritage de type platonicien conservé par les antiquités ; puisque, pour cette voie, la vérité est une et cohérente, l'erreur doit être multiple et de ce fait, pleine de contradictions, pour bien expliquer la philosophie de Mutuza telle qu'exposée dans La problématique du Mythe Hima-Tutsi.

On sait que les Tutsi se font dire être d'une race différente de Hutu, tandis qu'ils manquent non seulement la langue, mais aussi et surtout de l'espace. C'est pourquoi Mutuza les appelle Üèåôïé. Quant à nous, nous n'entendons par Tutsi que l'ensemble des populations pastorales sédentarisées qui se déclare minoritaire et au Ruanda et en R.D. Congo ; qui n'ont pas des terres en propre, mais seulement vivent parmi les Bantu et partagent avec eux le glossonyme kinyarwanda qui n'est autre que le kihutu, mais qui, malheureusement, revendique leur identité (ethnonyme Tutsi) par les liens biologiques phénotypiquement extrabantumorphes.

Notre but étant d'aplanir, autant que possible, dans cette thèse, les obstacles qui s'opposent à la stabilité de la situation sociopolitique des pays des Grands Lacs, nous avons adopté le sens le plus philosophique que présente la problématique du Mythe Hima-Tutsi ; nous avons aussi profité de bien distinguer entre l'idéologie de l'Education à la citoyenneté (citoyenneté transfrontalière) et la philosophie du Civisme et Développement.

Nous n'avons pas voulu, dans ce travail, faire étalage d'érudition. Ce n'est pas une dissertation savante, dans l'acception vulgaire de ce mot, que nous avons entrepris, mais c'est une recherche que nous avons voulue claire, exacte, lucide, qui puisse être lue par des gens du sens commun aussi bien que par d'autres scientifiques ; qui puisse être comprise par les personnes les moins instruites.

Avons-nous réussi ? Il ne nous appartient pas de le dire. Si notre travail n'acquiert pas l'assentiment de tous, nous espérons qu'on l'acceptera avec autant plus de bienveillance que nous n'avons eu pour but que d'être utile, et que nous sommes dans la disposition de profiter de toutes les observations justes qu'on voudra bien nous faire pour améliorer nos recherches.

Nous tenons à déclarer que nous ne suspectons pas les intentions des Tutsi. C'est l'analyse du temps entropologique dans les écrits de Mutuza qui nous a obligé de louvoyer par là. Nous regardons comme des erreurs toutes les idéologies qui ne sont pas en complète conformité avec la philosophie sociale et politique de Mutuza, surtout dans son humanisme. Mais nous ne voulons pas croire que tous ceux qui se trompent sont des entropoethnophages de parti pris. D'abord, pour qu'une erreur devienne une entropoéthnie, il faut que la société, gardienne du Civisme et Développement, ait déclaré cette erreur contraire à son Civisme et Développement. Pour être entropoethnophage, il faut soutenir, malgré la vie de la société globale, une opinion opposée à son temps anthropologique. Un homme ou un groupe d'hommes qui se trompe peut être de bonne foi et excusable; l'entropoethnophage est un orgueilleux et un révolté qui mérite jugement et condamnation.

Nous voulons croire que pour les pays de Grands Lacs, il y a plus d'hommes qui se trompent de bonne foi que des entropoethnophages obstinés. C'est pourquoi nous leur offrons notre travail avec tous les sentiments d'un amour vraiment fraternel, si l'amour est séparation et réunion. Nous les prions de le lire avec autant de bonne foi qu'il a été composé ; et que nous voulons espérer que si la voix de la vérité se fait entendre, ils n'endurciront pas leur coeur et ne repousseront pas la lumière qui viendra....éclore leur appartenance à la culture de leur devenir et réinventer leur identité.

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"Je ne pense pas qu'un écrivain puisse avoir de profondes assises s'il n'a pas ressenti avec amertume les injustices de la société ou il vit"   Thomas Lanier dit Tennessie Williams