UNIVERSITE MARIEN NGOUABI Travail* Progrès*
Humanité
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INSTITUT DE DEVELOPPEMENT RURAL
*******************
DEPARTEMENT DES SCIENCES DU DEVELOPPEMENT
RURAL
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
Pour obtenir le diplôme
d'Ingénieur de Développement
Rural
Utilisation de
la viande de chasse autour du futur
parc national
Ogooué-Lékéti :
Cas de l'axe Ogooué.
District de Zanaga.
Département de la Lékou
mou-
Congo-Brazzaville,
Présenté et soutenu
publiquement
Par
Giglah Helburge BIKOUYA
Directeur de mémoire :
Docteur Henri BOUKOULOU
Laboratoire d'Economie et Sociologie Rurales
Maître - Assistant à l'I.D.R. Année
académique 2006 4 2007
ii
TABLE DES MATIERES
LISTE DES TABLEAUX iv
LISTE DES FIGURES v
LISTE DES ACRONYMES vi
AVANT PROPOS vii
DEDICACES... viii
REMERCIEMENTS ix
INTRODUCTION 1
PARTIE 1: METHODOLOGIE ET PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
4
Chapitre 1: Bibliographie et matériel
5
1.1. Recherche documentaire 4
1.2. Matériel 4
1.2.1. Balances PESOLA 4
1.2.2. Les fiches d'enquête et guides d'entretien 4
1.3. Collecte des données de terrain 4
1.3.1. Enquête démographique 4
1.3.2. Mode d'accès aux zones de chasse 5
1.3.3. Suivi d'entrée de viande de chasse 5
1.3.3.1. Choix du lieu d'observation 5
1.3.3.2. Collecte de données 5
1.4. Méthode de traitement des données 6
1.4.1. Outils 6
1.4.2. Les cartes de fonds 6
Chapitre 2: Localisation et caractéristiques
naturelles de la zone d'étude 7
2.1. Présentation du village Ogooué 8
2.1.1. Historique et création du village 8
2.1.2. Situation géographique 8
2.2. Milieu abiotique 8
2.2.1. Climat 8
2.2.2. Géologie 8
2.2.3. Relief et Hydrographie 9
2.2.3.1. Relief 9
2.2.3.2. Hydrographie 9
2.3. Milieu biotique 9
2.3.1. Végétation 9
2.3.2. Faune 9
PARTIE 2: CARACTERISTIQUES SOCIO-ECONOMIQUES DE LA ZONE
D'ETUDE 10
Chapitre 3 : Les données démographiques
11
3.1. La composition et l'origine ethnique 11
3.1.1. Répartition des effectifs de la population 11
3.1.2. Provenance des habitants recensés 12
3.2. Les systèmes de représentation dominants 12
3.2.1. Les cérémonies rituelles 12
3.2.2. Les sites sacrés 13
3.3. Les infrastructures 14
3.3.1. Les infrastructures scolaires 14
3.3.2. Les infrastructures sanitaires 14
3.3.3. Les infrastructures routières 14
Chapitre 4 : Les activités économiques et
l'accès aux ressources naturelles 15
4.1. Les activités économiques 15
iii
4.1.1. Les activités agricoles 15
4.1.2. L'élevage 15
4.1.3. La pêche 15
4.1.4. La cueillette 16
4.1.5. La chasse 16
4.2. Les modes d'accès aux ressources naturelles 16
4.2.1. L'accès aux terres agricoles. 16
4.2.3.1. Les autochtones 17
4.2.3.2. Les allochtones résidents permanents, non
permanents et étrangers 18
Chapitre 5 : Les caractéristiques de la chasse
dans la zone d'étude 19
5.1. Définition des concepts 19
5.2. Les techniques de chasse 19
5.2.1. Le piégeage 19
5.2.2. La chasse au fusil 19
5.2.3. Chasse au filet 20
5.3. Organisation de la chasse 20
5.3.1. Effectif des chasseurs dans la zone d'étude 20
5.3.2. Zones de chasse 20
5.4. Les prélèvements annuels de la viande de
brousse sur l'axe Ogooué 22
5.4. 1. Prélèvement par technique de chasse 24
5.4.2. Composition générale de la biomasse
prélevée 25
5.4.2.1. Effectif et biomasse de gibier par ordre 25
5.4.2.2. Prélèvement par technique de chasse et par
ordre 26
5.4.3. Espèces abattues par ordre et par famille 26
5.4.3.1. Ordres des artiodactyles 26
a. Famille des Bovidae 26
b. Famille des Tragulidae 28
c. Famille des Suidae 28
5.4.3.2. Les rongeurs 29
5.4.3.3. Les primates 29
5.4.3.4. Les carnivores 29
5.5. Destination et circuit commercial des produits de chasse
30
5.5.1. Destination de la viande prélevée 30
5.5.2. Circuit commercial et prix moyens par espèce
prélevée 31
PARTIE 3: DISCUSSIONS ET SUGGESTIONS 32
Chapitre 6 : Discussion et suggestions. 32
6.1. Pression démographique autour de la zone
d'étude 33
6.2. Espèces animales prélevées et leur
contribution dans la biomasse totale 33
6.3. Prélèvement par zone de chasse 34
6.4. Prélèvement par technique de chasse 35
6.4.1. Techniques de chasse et impact écologique 35
6.4.2. Les techniques de chasse et les prélèvements
36
6.4.2.1. Les espèces prélevée au fusil 36
6.4.2.2. Les espèces prélevées au
piège 36
6.5. Destination du produit de la chasse 36
6.6. Place de la chasse parmi les activités
économiques du village Ogooué 37
6.7. Impact écologique de la chasse et la protection de la
faune 37
6.8. Gestion de la faune 38
CONCLUSION 40
BIBLIOGRAPHIE 41
ANNEXES 44
iv
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Répartition de la population par sexe et
par origine.
Tableau 2 : Effectif des chasseurs suivant les ethnies et la
provenance.
Tableau 3 : Biomasse fournie par les zones de chasse les plus
importantes.
Tableau 4 : Variation mensuelle des effectifs et de la
biomasse prélevée.
Tableau 5 : Apport du gibier en effectif et en biomasse par
technique de chasse.
Tableau 6 : Répartition des prélèvements
par ordre et/ou par groupe.
Tableau 7 : Importance des prélèvements par
technique de chasse.
Tableau 8 : Répartition des Bovidae par
espèce.
Tableau 9 : Répartition des prélèvements
par ordre et par famille.
Tableau 10 : Comparaison des effectifs et de la biomasse dans
différents sites d'étude.
Tableau 11 : Principales utilisations de la viande de brousse
(% en biomasse).
Tableau 12 : Comparaison des taux de rencontre dans les zones
des Plateau Batéké.
Tableau 13 : Rapports des effectifs entre principaux ordres
prélevés.
Tableau 14 : Contribution des zones d'abattage aux effectifs
et à la biomasse totale.
Tableau 15 : Répartition des effectifs et de la
biomasse totale par famille.
Tableau 16 : Liste exhaustive des espèces
rencontrées dans la zone, reparties par groupe, ordre et
famille.
Tableau 17 : Destination des produits de la chasse.
Tableau 18 : Poids et prix moyens par espèce.
v
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Carte sur la proposition des limites de la future
aire protégée.
Figure 2 : Stratification de la population de
l'Ogooué-village.
Figure 3 : Répartition des habitants de l'Ogooué
par zone de provenance
Figure 4 : Carte des zones de chasse, axe Ogooué.
Figure 5 : Quantité moyenne (kg) de viande de brousse
prélevée.
Figure 6 : Variation mensuelle de la biomasse en fonction des
techniques de chasse.
Figure 7 : Distribution de la biomasse totale par ordre.
Figure 8 : Distribution des effectifs et biomasse des
Bovidae.
Figure 9 : Distribution de la biomasse des artiodactyles par
famille.
Figure 10 : Distribution de la venaison par destination.
vi
LISTE DES ACRONYMES
CP1 : Cours préparatoire de
première année.
CP2 : Cours préparatoire de
deuxième année
CE1 : Cours élémentaires de
première année
CE2 : Cours élémentaires de
deuxième année Nbre : Nombre
ONG : Organisation non gouvernementale
PNPB : Parc National des Plateau Batéké
UICN : Union mondiale pour la nature UFA :
Unité forestière d'aménagement WCS
: Wildlife Conservation Society
vii
AVANT PROPOS
La gestion durable des écosystèmes forestiers du
Bassin du Congo, deuxième poumon mondial après l'Amazonie, est
l'une des priorités des pays de la sous région, conduisant
à la préservation de l'environnement mondial en
général et du patrimoine naturel de ces pays en particulier. Pour
arriver aux objectifs fixés par les gouvernements de ces pays, dont fait
partie le Congo, diverses exigences font surface pour le classement des zones
susceptibles d'être protégées. Parmi ces stratégies,
la préservation de la faune demeure incontournable pour une gestion
efficace. Mais des pressions internationales sont exercées sur ces pays,
leur obligeant d'étendre leurs réseaux d'aires
protégées. Une autre contrainte est celle liée à la
dépendance des populations forestières vis à vis des
ressources fauniques, végétales, etc. Alors, qu'est-ce qu'il faut
faire pour classer les zones à ériger comme parc sans pourtant
compromettre la vie des populations riveraines.
C'est ainsi que depuis 1991, WCS, à travers un
partenariat, assiste le Gouvernement du Congo dans la gestion des parcs
nationaux, des réserves et des zones tampons. Ce partenariat assure la
conservation de l'écosystème et une gestion durable des
ressources naturelles.
Le Projet Plateaux Batéké, structure d'accueil,
est l'un des projets de WCS-Congo.
Dans le cadre de la poursuite de ses études
socioéconomiques dans les villages bordant la future aire
protégée WCS, par le biais du projet, a initié une
étude sur l'utilisation de la viande de brousse afin d'apporter des
informations supplémentaires permettant de prendre des décisions
objectives dans le processus de classement du site. L'aire d'action du projet
est de 35.350 Km2. L'Ogooué, faisant partie des villages
exerçant une pression sur les ressources du site destiné à
la protection, s'est fait rapidement identifié pour effectuer une
étude. Etant donné l'étroite ressemblance des termes de
référence élaborés par nous et le projet, le
déroulement de l'étude n'a pas connu des problèmes de
réajustement des thèmes sur le terrain.
viii
DEDICACES
Ce travail est dédié à :
· Mon défunt père MBANI Joseph, tu as su
tôt guider mes pas vers la réussite. Le ciel t'a privé les
fruits de ton oeuvre. Que ton âme repose en paix.
· Ma mère TSETSEKE Joséphine, voici le
résultat de tes préoccupations sur le plan éducationnel,
je t'en remercie infiniment, que Dieu continue à te garder.
· Mes frères et soeurs, toute la famille NGOUAKA,
qui m'ont assuré de par leur amour un grand soutien moral et
financier.
· Au défunt MOUKASSA Antoine, qui n'a
cessé jusqu'à la fin de ses jours de m'encourager et pour ses
conseils techniques.
ix
REMERCIEMENTS
Pour la réalisation de ce document, il a fallu un
travail de longue haleine afin de parvenir aux résultats
escomptés. C'est pourquoi, je tiens à exprimer ma reconnaissance
à tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué
à l'aboutissement du travail qui est synthétisé dans ce
document.
Ces remerciements vont à l'endroit de :
· M. le Directeur de WCS Congo-program Paul ELKAN, le
Directeur Homologue du Projet Plateaux Batéké Noé MABIALA,
M. Alain AMPOLO et tout le personnel de cette ONG qui m'ont accueilli à
bras ouverts dans leur structure et m'ont doté du matériel qui
à servi à parfaire ce travail, sans oublier les orientations
techniques pratiques données particulièrement par le
chargé de recherche du Projet Plateaux Batéké.
· M. Paul YOKA, pour ses encouragements qui ont
contribué à relever notre espoir de réussite.
· M. Henri BOUKOULOU, d'avoir accepté prendre la
direction de ce travail. Qu'il trouve, ici, ma profonde reconnaissance.
· Tous les enseignants et le personnel de l'IDR pour le
savoir, le savoir-faire et le savoir être qu'ils m'ont transmis durant la
période de ma formation à l'IDR. Qu'ils trouvent, ici,
l'expression de ma profonde gratitude.
· Tous mes collègues étudiants finalistes,
toutes options confondues, en souvenir de la fraternité qui a
régné parmi nous et de l'effort commun dont nous avons fait
preuve. Qu'ils trouvent, ici, les sentiments de ma sincère
fraternité.
· Tous les habitants du village Ogooué, pour leur
hospitalité indéniable manifestée pendant notre
séjour parmi eux.
1
INTRODUCTION
La forêt représente un capital alimentaire
important pour les peuples forestiers (UICN, 1996) cité par Moukassa
(2004). Dans les pays d'Afrique centrale, en milieu forestier, les villageois
se réfèrent à une culture de chasse
développée et n'ont pas intégré la culture
d'élevage (Sournia, Doumenge et Ndinga, 2005). Les produits du petit
élevage de case ne font pas partie de l'alimentation de tous les jours
mais sont réservés pour certaines occasions
(cérémonies diverses, visites des parents, etc.). La chasse y est
donc une activité traditionnelle très répandue et
très ancrée dans les modes de vie (Hecktsweiler et al., 1990 ;
Doumenge, 1992).
La viabilité de la chasse dans les forêts
tropicales, en particulier en Afrique suscite des grandes préoccupations
pour la faune sauvage des forêts. Par exemple, la quantité de
viande d'animaux (gibier ou viande de brousse) récoltée chaque
année dans le bassin du Congo est évaluée à 5
millions de tonnes (Fa, Peres et Meenwing, 2002).
La viande de chasse contribue significativement aux moyens
d'existence des populations rurales, généralement pauvres. Dans
le bassin du Congo, environ 80 % de la viande est d'origine sauvage (Wilkie et
Carpenter, 1999).
Verschuren (1982) cité par Malonga (1996) signale que
le braconnage pour la viande sauvage se rencontre à travers toutes les
forêts congolaises avec près de 1000 gibiers tués par
jour.
Les forêts de la région du massif du Chaillu,
comme celles du Nord-Congo, abritent depuis longtemps une étonnante
variété de stratégies de subsistance et des rapports
d'échanges. C'est ainsi que les habitants de ce massif ont très
tôt été mis à contribution comme
intermédiaire, pour l'exploitation des ressources du massif aux
échanges qui s'y déroulent, qu'ils soient culturels ou
économiques.
La chasse commerciale constitue la principale cause de
déclin de plusieurs espèces animales des forêts tropicales
humides (Ngandjui, 2000 ; Ngandjui et Blanc, 2000, 2001). Etant donné
l'identification par l'UICN depuis 1989 de l'UFA Sud10 Bambama, situé
dans la zone des Plateaux Batéké, comme site critique
(Heckesweiler, 1990) ; il est fort probable que les effets de la chasse, dans
les districts bordant le paysage des Plateaux Batéké, empirent la
situation. Or, ce site est l'une des dernières réserves
importantes de la faune dans le massif du Chaillu au Congo. Une circulation des
biens et des personnes se poursuit depuis l'époque coloniale
jusqu'à nos jours, en passant aux abords de la zone
étudiée, permettant de ravitailler les villes et chantiers du
Département concerné, plus loin des grands centres urbains et
d'évacuer les productions domestiques.
La zone des Plateaux Batéké, faisant partie du
bassin du Congo, attire l'attention de la communauté internationale qui
s'interroge sur l'équilibre entre les besoins économiques et les
besoins de conservation de la biodiversité (Moukassa, 2004).
Les mécanismes de résistance,
hérités d'autres temps, font encore surface de façon
pertinente lorsqu'il s'agit de mettre en oeuvre des mesures extractives ou
protectrices, associées à une lointaine structure de pouvoir
centralisée. Heurtée à un développement du
braconnage aussi bien national que transfrontalier, dépassant le cadre
de la subsistance des populations locales, la zone des Plateaux
Batéké, avec sa richesse faunique, floristique et autre, est
exposée à un danger de
2
dégradation. A défaut des mesures correctives,
la faune sauvage des forêts sera réduite de manière
catastrophique, ce qui aura de graves conséquences pour la
sécurité alimentaire, les forêts et leur
intégrité écologique (Bennett & Robinson, 2000).
La connaissance sur l'utilisation de la viande de brousse autour
de la future aire protégée est sans doute l'un des outils pour la
lutte antibraconnage et pour prévenir les conséquences
socioéconomiques après classement du site.
Ainsi, une étude sur l'utilisation de la viande de
brousse dans l'un des villages situés autour de la zone du futur Parc,
en l'occurrence le village Ogooué, a été initiée
par WCS-Plateaux batéké, afin de recenser les espèces
animales exploitées et apprécier l'évolution potentielle
des menaces sur les populations animales et élaborer à terme les
règles communes pour gérer les activités de chasse autour
du « Landscape Plateaux Batéké ».
Cette étude s'est déroulée de
février 2006 à janvier 2007, soit 12 mois de suivi auprès
des chasseurs. Elle avait pour objectif de mesurer l'influence de la chasse sur
les populations des villages cibles, dont les résultats devraient servir
à produire un mémoire de fin d'études puis contribuer
à la prise de décision par les autorités
compétentes dans le processus de création de la future aire
protégée.
Les termes de référence fixés
conformément aux objectifs de l'étude sont les suivants :
· Recenser la population du village ciblé par
l'étude , ·
· Identifier des principales activités
productrices dans le village , ·
· Localiser les zones de chasse , ·
· Identifier des modes d'accès à ces
zones , ·
· Estimer la quantité et la qualité de
viande de brousse entrant , ·
· Identifier et dénombrer des chasseurs, ainsi
que leur origine , ·
· Observer si possible des signes indiquant la
période de reproduction chez les femelles , ·
· Connaître des habitudes alimentaires des
populations du village étudié.
Ce dernier point n'a pas été abordé,
faute de temps. Cependant, la chasse a été l'activité sur
laquelle nous avons mené plus d'investigations, parce que
stratégique pour la gestion de la future Aire protégée.
Ce document est divisé successivement en : la
présentation de la zone d'étude et la méthodologie
utilisée pour la collecte des données, la présentation des
résultats sur l'activité de chasse, la discussion et les
suggestions issues de ces résultats et enfin la conclusion.
3
1ère PARTIE
METHODOLOGIE ET PRESENTATION DE
LA ZONE D'ETUDE
4
Chapitre 1: Bibliographie et matériel
1.1. Recherche documentaire
La conservation de la biodiversité en
général et de la faune en particulier est aujourd'hui un sujet
d'actualité. Beaucoup d'ouvrages sont publiés dans le monde,
c'est pour cela que nous avions consacré notre accent sur ceux qui
traitent du bassin du Congo et spécifiquement le Congo. Les ouvrages qui
traitent de la chasse au Congo et surtout dans le massif du Chaillu, zone dans
laquelle l'étude s'est déroulée, sont rares. Ce qui nous a
obligé de s'appuyer sur ceux des pays voisins. Nous avions
sélectionné des auteurs nécessaires pouvant
améliorer la valeur de ce document.
Nous nous sommes servis de l'Internet, mais la
majorité d'ouvrages cités ont été consultés
à la Direction de WCS-Congo.
1.2. Matériel
1.2.1. Balances PESOLA
Ce sont des Balances à tige de 1 kg, 10 kg et 50 kg. Ces
balances donnent suivant la taille du gibier le poids en grammes ou en
kilogrammes avec une bonne précision.
1.2.2. Les fiches d'enquête et guides
d'entretien
Ce sont des documents élaborés pour faciliter
la collecte des données issues du pesage des gibiers et autres
informations diverses liées à l'étude. On peut citer les
fiches de recensement de la population, les fiches d'interdits alimentaires,
guides d'entretien semi directifs et autres (annexe 5).
1.3. Collecte des données de terrain
La méthode utilisée est celle décrite
par Eves et Ruggerio (1997) et Lewis et al. (1997) qui consiste à se
présenter, dès l'arrivée dans le village, auprès
des autorités administratives, ici les membres de
délégation spéciale et/ou traditionnelles et expliquer les
enjeux de l'étude pour obtenir l'autorisation de collecter les
données.
1.3.1. Enquête démographique
La méthode utilisée est celle du recensement,
à partir des unités de résidence. L'enquête
était conduite auprès du chef de ménage ou de son
représentant. Les informations recueillies ont porté sur les
points suivants :
·
;
Le numéro de l'unité de résidence (UR)
· Le numéro de l'unité familiale en fonction
des familles nucléaires présentes dans l'UR ;
· Le numéro d'ordre des personnes dans le
ménage ;
· Le nom et prénom de chaque membre du ménage
;
· L'ethnie de la personne recensée, en
précisant le lignage ;
· L'âge de chaque personne ;
·
5
La position dans la famille c'est-à-dire la relation par
rapport au chef de famille ;
· Le sexe ;
· La situation maritale ;
· La provenance, avec la mention de la localité
d'origine de la personne recensée ;
· La raison de l'arrivée dans le village ;
Toutes ces informations ont été recueillies
à laide d'une fiche intitulée « Fiche de recensement de la
population » voir annexe 5.
1.3.2. Mode d'accès aux zones de chasse
Une enquête a été menée
auprès de la délégation spéciale du village et
quelques personnes ressources, afin de savoir les modes d'accès aux
différentes zones de chasse. Des questions ont été
posées sur les personnes autorisées à chasser et sous
quelles conditions, les droits d'accès et la réglementation y
relative. Les détails ont été fournis sur le mode de
règlement des litiges et sur les sanctions qui en découlent. Le
questionnaire relatif à cette enquête est joint en annexe 6.
1.3.3. Suivi d'entrée de viande de chasse
Pour le suivi d'entrée de viande, aucun
échantillon n'a été choisi. Les chasseurs ont
été systématiquement suivis à leur sortie de
chasse.
1.3.3.1. Choix du lieu d'observation
Le choix a été motivé sur la base de
l'existence de l'unique voie d'accès à travers laquelle toute la
population des villages alentours traverse le fleuve Ogooué : le «
pont en lianes ». Un endroit à mi-chemin entre le village et le
fleuve a été retenu, afin d'enquêter tous les chasseurs au
sortir de la chasse. Cet endroit représente le lieu où
s'effectuent les échanges commerciaux entre les chasseurs et les
principaux trafiquants1 de viande de chasse, dont les plus nombreux
viennent de Zanaga centre.
1.3.3.2. Collecte de données
Elle consistait à relever dans une fiche de suivi,
préalablement établie, les informations d'une manière
directe ou indirecte. Le suivi s'effectuait pendant six jours dans la semaine,
du lundi au samedi de 8 h à 16 h et parfois les jours de Dimanche,
suivant les rendez-vous pris entre chasseurs et trafiquants, sauf les jours
fériés. Les différentes données collectées
sont :
· Le nom de l'enquêteur et la date de l'enquête
;
· Le nom du gibier en langues locales
(Téké et Ombamba), information livrée par le chasseur
lui-même qui identifie facilement l'espèce animale ;
· Le nom en langue française, si l'espèce
est identifiée ;
· L'état de l'animal, s'il est fumé
(boucané) ou frais ;
· L'indication sur l'état de la carcasse du
gibier qui peut être entier, en morceaux ou sans boyaux ;
· Le poids du gibier en kilos ;
· Le sexe de l'animal abattu, information reçue
auprès du chasseur ou directement observée ;
1 Personnes intermédiaires entre les chasseurs
et les détaillants de viande de chasse
·
6
La technique de chasse utilisée pour la capture ou
l'abattage du gibier, information qu'on pouvait récolter directement en
voyant les impacts physiques de la technique utilisée ou fournie par le
chasseur ;
· La zone d'abattage du gibier, information
livrée soit par le chasseur soit par le trafiquant ;
· Le moyen de transport utilisé par le
chasseur depuis la zone d'abattage jusqu'au village ou point de vente
;
· La profession du fournisseur de l'information
;
· L'ethnie du chasseur ;
· La destination du gibier ou d'une partie du
gibier par rapport à l'abatteur;
· L'usage à faire du gibier (consommation ou
vente) ;
· L'observation sur l'état allaitante ou
gestante des femelles abattues, à travers les tétines ou la
présence du foetus.
Les fiches n'ont été numérotées
que sur la base des jours de suivi effectifs.
1.4. Méthode de traitement des données
1.4.1. Outils
Apres dépouillement, pour analyser et
interpréter l'ensemble des données collectées sur le
terrain, nous avons utilisé l'outil informatique (les ordinateurs) avec
les logiciels appropriés de traitement de texte et de données
chiffrées (Microsoft Word, Microsoft Excel).
1.4.2. Les cartes de fonds
Les coordonnées géographiques de zones de
chasse, recueillies à partir des cartes de fond de la zone
d'étude, par identification des chasseurs, ont été
représentées sur une carte IGN à partir du logiciel
ArcViewGis3.2a.
7
Chapitre 2: Localisation et caractéristiques
naturelles de la zone d'étude
Le site d'étude est situé à
proximité de la future aire protégée, dans la zone
géographique des plateaux Batéké, localisée dans le
département de la Lékoumou, plus précisément dans
le district de Zanaga, voir Figure1. La zone étudiée couvre une
superficie de 778 km2 environ.
Village Ogooué
Figure1. Carte sur la proposition des limites de
la future aire protégée (Inkamba & Diahouakou, 2005).
8
2.1. Présentation du village Ogooué
2.1.1. Historique et création du village
Suite au regroupement villageois institué par les
autorités territoriales des années 70, tous les villages
installés le long des deux rives du fleuve Ogooué, aux environs
de l'actuel village, ont été regroupés pour former ce
village. Les premières habitations furent implantées entre 1973
et 1974.
Le choix du lieu d'implantation s'est effectué sur la
base de la proximité des cours d'eau, et surtout de celle du fleuve
Ogooué sur lequel est érigé un pont en lianes depuis
l'époque coloniale ; pont qui joue un rôle très important
pour la réalisation de certaines activités humaines (chasse,
cueillette, pêche, voyage). Le pont en lianes est ancré dans la
mémoire de tout natif du village, il est sacré, et est un site
touristique qui, de plus en plus, attire bon nombre de visiteurs aussi bien
nationaux qu'internationaux.
2.1.2. Situation géographique
Faisant partie des vingt sept (27) villages du district de
Zanaga, l'Ogooué-village est situé à 10,5 km de Zanaga
centre. Ses limites immédiates ne sont que les cours d'eau qui
l'entourent et plus loin les villages voisins. Au sud, il se limite par le
village Ingoumina, au nord-est par le village Ndouo, à l'Est par le
fleuve Ogooué (à environ 2.5km) et à l'ouest par Zanaga
centre. Ses coordonnées géographiques sont les suivantes: -
2.767420 de latitude, 13.823810 de longitude.
2.2. Milieu abiotique
2.2.1. Climat
Le climat de la zone d'étude est celui du massif du
Chaillu. On distingue quatre saisons reparties comme suit :
· la petite saison des pluies, d'octobre à
décembre ;
· la petite saison sèche de janvier à
février, saison ensoleillée ;
· la grande saison des pluies de mars à mai, saison
des tonnerres et de grands vents ;
· la grande saison sèche de mai-juin à
septembre, saison de fraîcheur.
L'amplitude thermique annuelle avoisine 5°C (Moutsambote
& Nsongola, 2006).
Les températures moyennes annuelles varient entre 24 et
26° C.
Les précipitations moyennes annuelles sont de l'ordre de
1600 à 1800mm (Hihobé, 1992).
2.2.2. Géologie
Le massif du Chaillu fait partie des formations
précambriennes inférieures avec les roches granitiques,
gneissiques et quartziques (Moutsambote & Nsongola, 2006).
Les sols sont ferrallitiques. Ce sont des sols jaunes issus
des schistes quartziques et de granites, argileux, épais (Moutsambote
& Nsongola, 2006).
9
2.2.3. Relief et Hydrographie 2.2.3.1. Relief
Il est accidenté et présente des collines et des
chaînons (Moutsambote & Nsongola, 2006). L'altitude est comprise
entre 400 et 760m.
2.2.3.2. Hydrographie
Le site étudié recouvre un grand réseau
hydrographique, l'Ogooué-village particulièrement comme
souligné plus haut dans l'historique jouit d'une abondance en eau.
L'Ogooué village, se situant non loin du fleuve, est arrosé par
ses affluents et quelques petits cours d'eau.
2.3. Milieu biotique
2.3.1. Végétation
Quatre types d'écosystèmes sont
distingués (Moukassa et Madzou, 1998) : forêt de terre ferme,
forêt à marantacées, forêt marécageuse et la
savane.
La forêt de terre ferme se caractérise par un
sous bois soit clair arbustif soit touffu lianescent, surtout en approchant des
zones de chablis et les zones qui ont eu une forte activité humaine. La
forêt marécageuse se rencontre exclusivement dans les zones des
cours d'eaux et longe ceux-ci. Elle se caractérise par la
présence d'espèces végétales qui s'adaptent
à l'eau, parmi lesquelles Uapaca heudelotii, Mytragyna ciliata,
Berlina bracteosa, Symphonia globulifera et Altsonia spp., les raphias
(Raphia spp.) et les rotangs (Ancistrophyllum secundiflorum
).
La forêt à marantacées ressemble à
la forêt de terre ferme sauf qu'elle a un sous bois plus touffu. Elle se
caractérise par une canopée semi-ouverte et la présence
des espèces de Thaumatococcus sp, Haumania sp, et de
Zingiberacées (Aframomum spp.).
Les savanes se rencontrent plus au sommet des collines. On
peut distinguer deux types de savane : les savanes herbeuses à dominance
de Hyparhenia diplandra et les savanes boisées à
Hymenocardia acida, Anona arenaria et parfois
Crossopteryx febrifuga. Telle que décrite par Sillans (1959)
cité par Moukassa et Madzou, (1998).
2.3.2. Faune
La faune mammalienne de la zone d'étude est
très diversifiée. Elle révèle la présence de
grands mammifères comme l'éléphant de forêt, le
buffle, le Chimpanzé, le Céphalophe de Grimm, l'Hippopotame, le
Léopard et même la présence non confirmée du Lion
(Ikamba et Diahouakou, 2005 ; Aust et Ikamba, 2005).
10
2ème PARTIE
CARACTERISTIQUES SOCIO-
ECONOMIQUES DE LA ZONE D'ETUDE
11
Chapitre 3 : Les données
démographiques
3.1. La composition et l'origine ethnique
Le recensement administratif de juin 2004, effectué
par la sous-préfecture de Zanaga, donne un total de 15.430 habitants sur
l'ensemble de la sous-préfecture, dont 367 dans le village
Ogooué. On dénombre les ethnies suivantes: Ombamba,
Téké, Babongo et Ndassa ; mais le village Ogooué est
uniquement composé des Téké et des Ombamba (Tsoumou,
2004).
Les deux ethnies qui peuplent actuellement l'Ogooué
proviennent de multiples horizons. Les Téké
(Bantsétséké) proviennent des Plateaux Kukuya, zone
à dominance savanicole, et de Mavounoungou en faible proportion, village
du district de Bambama.
Les Ombamba s'étaient installés avant le pont
en lianes sur les deux rives du fleuve Ogooué. Ils ont peuplé les
zones forestières, allant du pont en lianes jusque vers les zones
proches de Simombondo et Mavounoungou (district de Bambama).
Cette population a une culture qui est rattachée
à la pratique d'un certain nombre de rites, les principaux sont : le
Nzobi, Ngo, Moukissi, Mademoiselle, Mawandzi, Lissimbou, Nkita, le Moungala,
dont certains sont spécifiques à une ethnie, d'autres sont
communs (Tsoumou, 2004).
3.1.1. Répartition des effectifs de la
population
82 unités familiales ou ménages ont
été recensés dans le village Ogooué, avec 2
unités polygames, 50 unités monogames et 30 monoparentales.
Le nombre d'habitants recensés deux (2) mois
après le début de l'étude, nous a
révélé que le village comptait 325 habitants, dont 35% ont
un age qui varie entre 0 et 14 ans, 22%, entre 15 et 55 ans et 4% entre 56 ans
et plus (Figure 2).
120 100 80 Effectif 60 40 20 0
|
|
|
1-14 ans 15 -55 ans 56 et +
Tranches d'ages
Figure 2 : Répartition de la
population du village Ogooué par tranches d'âges
La représentation ci-dessus (figure 2) ne concerne que
les habitants dont l'âge a été communiqué.
La population du village Ogooué est composée en
majorité des enfants. 114 habitants, soit 58% sont âgés de
moins de 15 ans. Mais la population active n'est pas négligeable, avec
71 habitants, soit 36% de la population dont l'âge varie entre 15 et 55
ans. La population ayant un âge plus avancé est faiblement
représentée.
Le tableau ci-dessous donne la répartition de cette
population de la manière suivante :
12
Tableau 1 : Répartition de la population
par sexe et par origine
Origine
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
Proportion (%)
|
Autochtones
|
150
|
150
|
300
|
92
|
Alloctones
|
7
|
18
|
25
|
8
|
Total
|
157
|
168
|
325
|
100
|
|
On peut remarquer que le village Ogooué est
composé essentiellement des autochtones (92%) et d'une faible proportion
d'habitants venus d'ailleurs (8%) (Tableau 1). Les femmes sont
numériquement supérieures aux hommes.
3.1.2. Provenance des habitants recensés
Les allochtones présentent, pour la plupart, des liens de
parenté avec les natifs ou autochtones puisque ayant une histoire
migratoire commune.
La figure 3 donne la répartition de cette population
suivant la zone ou localité de provenance.
|
Bambama Bandzié Lefoutou Malima Ndouo
Kenkélé Obili Originaire Pointe-noire Sibiti
Zanaga
|
|
Figure 3 : Répartition des habitants
par zone de provenance
L'Ogooué est peuplé essentiellement des natifs
de ce village (93%), suivi de quelques originaires de Zanaga (2%).
Cette population est constituée principalement de deux
ethnies : Les Téké, avec 62% de la population et des Ombamba qui
représentent 38 % du total.
3.2. Les systèmes de représentation
dominants
3.2.1. Les cérémonies rituelles
Il existe des cérémonies liées à
la vie ou aux différents clans et lignage du village. Le
déroulement dépend du type de cérémonie, et la
présidence peut être assurée par le Chef de la
délégation spéciale, le Chef du clan ou du lignage, ou
encore les « parrains ».
13
Ces cérémonies visent plusieurs objectifs : la
cohésion sociale, le rétablissement de la santé des
malades, la communion avec les ancêtres, le respect d'interdits et
l'ambiance dans le village. Il y a aussi des cérémonies
liées à la vie familiale. Parmi elles on peut citer :
· Le Moungala, liée à une naissance ou un
avortement des jumeaux chez les deux ethnies (Ombamba et Téké).
Les jumeaux ont un pouvoir surnaturel d'ensorceler leurs parents en cas de
mécontentement. Tous les déchets issus de l'entretien de jumeaux
sont rassemblés pour être enterrés le jour de la
cérémonie de présentation des jumeaux auprès du
parrain. Jusqu'à un âge adulte, ces derniers sont tenus de
respecter certains interdits alimentaires comme : le céphalophe à
dos jaune, la genette tigrine, la panthère, etc.
· Le Tsatsée chez les Ombamba,
cérémonie liée à la circoncision ;
· Le Nzobi, strictement masculin est une croyance en un
être qui est capable de protéger le village des
malédictions et de préserver la vie des initiés. Le Nzobi
a le pouvoir de désenvoûter un malade au cours d'une
cérémonie pendant laquelle on fait des sacrifices d'animaux
domestiques. Le membre du Nzobi ne peut être ensorcelé. Son
malfaiteur encoure des risques de mort et celui-ci est tenu de respecter les
règles en vigueur.
· Le Ngo, chez les Ombamba est un rite de
malédiction qu'il faut nécessairement s'acquitter afin de ne pas
être envoûté.
· Le Lissimbou, le Mademoiselle, (Ombamba), le Nkita
(téké), etc. La croyance en la sorcellerie est
omniprésente.
3.2.2. Les sites sacrés
Certains de ces sites sont situés autour et dans le
village et d'autres en forêt profonde dans les anciens villages. On peut
citer le « pont en lianes » (voir Photo N° 1) », le Moabi
sacré, l'Okoumé du Nzobi.
Le pont en lianes revêt le caractère
sacré du fait que, lors de sa création, des sacrifices en vie
humaine ont été réalisés en ce lieu aux esprits
protecteurs, et depuis son existence aucune noyade mortelle n'a jamais
été enregistrée. Quel que soit le type d'action, la
personne victime ne peut trouver la mort en tombant du pont, les esprits qui le
protègent la sauvent miraculeusement. Il est lié à
l'histoire du village et demeure un bijou qui fait la promotion du village.
La disparition du pont en lianes peut certainement avoir des
conséquences socioculturelles.
Le Moabi sacré, situé à environ 2 km du
pont en lianes sur terre ferme, n'est qu'un endroit où les marchandises
des étrangers réapparaissaient, pendant que ceux-ci tombaient du
pont miraculeusement. C'était, en effet, les garants du pont en lianes
qui le faisaient juste pour montrer leur pouvoir magique et gagner une
rançon lors du retrait du colis perdu.
L'Okoumé par contre est l'endroit où se
déroule la cérémonie d'initiation et de communion avec le
Nzobi. Lieu où personne ne peut fréquenter, même les
initiés, sauf pour un cas de purification contre les esprits
maléfiques.
14
Photo 1 : Pont en lianes sur le fleuve
Ogooué (Photo A. AMPOLO).
3.3. Les infrastructures
3.3.1. Les infrastructures scolaires
Il existe une école primaire qui compte quatre (4)
classes primaires : CP1, CP2, CE1 et CE2. L'état de l'infrastructure est
lamentable, le seul bâtiment entrecoupé en 2 salles est en
ruine.
3.3.2. Les infrastructures sanitaires
Aucune infrastructure sanitaire n'existe. Même pour
l'approvisionnement en produits pharmaceutiques de première
nécessité, la dépendance est totale de Zanaga centre en
dehors de quelques vendeurs ambulants des produits génériques qui
y viennent périodiquement. Les villageois s'approvisionnent de moins en
moins en produits pharmaceutiques modernes au profit des produits de la
pharmacopée et les tisanes de toute sorte.
3.3.3. Les infrastructures routières
La seule voie carrossable reliant le village au centre du
district est praticable en toute saison. Elle se prolonge jusqu'au pont en
lianes, permettant aux visiteurs d'arriver au fleuve par véhicule.
15
Chapitre 4 : Les activités économiques et
l'accès aux ressources naturelles
Les habitants de la zone pratiquent essentiellement
l'agriculture, l'élevage, la cueillette, la pêche et la chasse. On
y pratique aussi l'artisanat.
4.1. Les activités économiques
4.1.1. Les activités agricoles
Elles sont essentiellement féminines. Les hommes
n'interviennent que dans la préparation du terrain, principalement dans
les activités de débroussaillement, l'abattage des arbres pendant
la grande saison sèche, puis pendant le sarclage.
La technique agricole utilisée est la culture
itinérante sur brûlis, principalement l'assolement. Dans les
champs on peut rencontrer : le manioc (Manihot utilissima) qui
est la culture principale, mais aussi le maïs (Zea mays), les
ignames (Dioscorea spp.), la banane plantain et douce, la patate
douce, etc.
Le jardin de case est essentiellement composé de
safoutiers (Dacryodes edulis), avocatiers (Persea sp.),
citronniers, les mandariniers (Citrus spp.), les taros, les palmiers
à huile (Elaeïs guinensis) et quelques manguiers
(Mangifera indica) qui, malheureusement, ne donnent pas de bons fruits
pour des raisons peut être liées aux caractéristiques
pédologiques, écologiques de la zone.
Le village Ogooué a la particularité de ne
produire l'arachide. Durant la période de l'étude, l'arachide
trouvée dans le village ne provenait que des villages voisins ou de
Sibiti. Ainsi, la dépendance sur le plan alimentaire des
localités voisines voire lointaines, surtout pour les produits de base
est assez élevée.
4.1.2. L'élevage
Les populations du village Ogooué pratiquent
l'élevage en liberté, qu'il s'agisse de la volaille, des ovins,
des caprins et des porcins.
La production est plus destinée à la vente
extérieure, les animaux ne sont consommés que pour les
événements exceptionnels comme la fête de nouvel an, les
cérémonies de mariage ou rituelles ou pour l'accueil d'une
personne chère dans la famille.
4.1.3. La pêche
Le produit issu de cette activité constitue la
deuxième source de protéines après la viande de chasse.
Cette activité n'a pas de répartition sexuelle, suivant la
technique de pêche, les deux sexes peuvent la pratiquer. On peut
rencontrer :
· La pêche au filet : pratiquée uniquement
par quelques hommes, parfois avec usage de la pirogue, sur le fleuve
Ogooué et ses affluents pendant les périodes de crues ;
· La pêche à la ligne, à la navette
et le piégeage nocturne ou diurne peuvent être pratiqués
aussi bien par les hommes que par les femmes sur le fleuve Ogooué et
quelques uns de ses affluents.
· La pêche au barrage est l'apanage des femmes et
se pratique dans des petits cours d'eau, les petits étangs naturels et
les retraits d'eau, surtout pendant la saison sèche.
16
4.1.4. La cueillette
Elle est plus pratiquée par les femmes sur les deux
rives de l'Ogooué fleuve pour les feuilles de marantacées
qu'elles utilisent dans la préparation du manioc roui, Gnetum
africanum qui joue pratiquement le rôle des légumes dans les
sauces alimentaires. Il est à noter que lorsque nous avions cité
les produits vivriers utilisés dans le village, les produits
maraîchers ne figurent pas, parce que la culture maraîchère
n'est pas pratiquée, en dehors de l'oseille locale qu'on peut rencontrer
quelquefois.
Les fruits de maniguettes (Aframomum spp.), les
fruits du langui blanc sont également présents. On y rencontre
aussi des champignons comestibles pendant les saisons de pluies.
La production de vin de palme « Tombé »
à base de Raphia vinifera, du « Toutou » à
base du palmier abattu. Les feuilles pennées du Raphia pour la
confection des tuiles sont indispensables pour réfectionner chaque deux
(2) ans les cases, leur cueillette se fait généralement sur la
rive droite du fleuve Ogooué.
Les vers de palmier ou larves de coléoptères
sont produits à partir de février-mars, c'est une grande
activité génératrice de revenus après la chasse
pendant cette période. La récolte de ces vers n'a pas de division
sexuelle.
En général, tous les PFNL2
contribuent à l'économie domestique.
4.1.5. La chasse
L'activité de chasse étant indispensable pour
la population, et compte tenu de sa place dans la présente étude,
nous lui avons consacré un chapitre entier pour mieux présenter
les résultats chiffrés.
4.2. Les modes d'accès aux ressources
naturelles
Les terres, comme souligné par les membres de la
délégation spéciale, appartiennent à un certain
« SOUNGA » qui fut grand chef coutumier.
En général, les forêts appartiennent
à tous les ressortissants de la localité, mais il y a des zones
réservées à certaines familles, zones autrefois
exploitées par les aïeux, qui sont donc les
propriétés foncières.
Les eaux appartiennent à tous, sauf certains
étangs naturels ou lacs, des segments du fleuve Ogooué,
propriété foncière d'une famille et dont l'accès
est subordonné par l'accord de cette famille.
Les forêts appartiennent à l'Etat,
représentée par la délégation spéciale qui
les contrôle, mais le pouvoir décisif revient aux héritiers
de la zone sujette d'une exploitation.
Les conditions d'accès dépendent du genre de
ressources qu'on envisage exploiter.
4.2.1. L'accès aux terres agricoles.
Suivant la provenance et le type de résidence, il y a
des conditions à remplir pour avoir accès aux zones agricoles.
Notons, ici, que la gestion des terres pour l'agriculture est un sujet
très sensible dans le village, surtout du fait qu'il y a faiblesse au
niveau de la production.
2 PFNL : produits forestiers non ligneux
17
Chaque famille autochtone a hérité des
aïeux des terres cultivables, pour accéder à un terrain
souvent en jachère (forêt secondaire), il faut l'accord du chef de
famille qui, dans certains cas, délimite le champ.
Aucune autre famille n'a accès aux terres appartenant
à une autre, sauf si elles ont des liens de parenté, les
relations matrimoniales ou sont du même lignage ou encore avec accord de
l'un des membres du lignage.
Les allochtones résidents permanents ne peuvent
bénéficier des terres que par l'assentiment de la famille
d'accueil ou de la délégation spéciale.
Pour les habitants venant d'ailleurs, il y'a quelquefois un
net à verser au propriétaire foncier. Les conditions à
remplir pour bénéficier des terres agricoles sont:
· Etre membre d'une famille ayant une
propriété foncière ;
· Pour un étranger, obtenir l'accord de la
délégation spéciale ou avoir une relation bien
définie avec un membre d'une famille autochtone.
· Procéder par la location d'un terrain.
4.2.2. L'accès aux zones de cueillette
La cueillette, dans l'ensemble, n'a pas de restriction
spatiale dans le village sauf pour une forêt secondaire (terrain en
jachère), mais il y a une certaine souplesse pour ce dernier cas.
4.2.3. L'accès aux zones de chasse
Ici apparaît la notion de territoire. La
législation officielle limite la chasse aux nécessités
d'autoconsommation villageoise et suivant les périodes portant fermeture
et ouverture de la chasse au Congo (Arrêté n°3772). Or les
résultats issus de cette étude nous montrent l'importance de
cette activité dans l'économie domestique. Ainsi, cette notion de
territoire par définition : « désigne une portion de la
nature et, donc, de l'espace sur lequel une société
déterminée revendique et garantit à tout ou à une
partie de ses membres des droits stables d'accès, de contrôle et
d'usage portant sur toutes ou une partie des ressources qui s'y trouvent et
qu'elle est désireuse et capable d'exploiter ». (Godelier, 1984),
cité par Fargeot (2005).
Plusieurs exigences existent pour l'accès aux zones de
chasse, et selon l'ethnie, la provenance et la technique de chasse
utilisée, il y'a des zones d'accès libre et des zones
d'accès contrôlé.
4.2.3.1. Les autochtones
Selon l'ethnie, il y a des « zones » des
Téké et des « zones » des Ombamba. Le droit
d'accès à une zone de chasse repose sur le droit foncier qui,
ici, est plus ou moins respecté surtout pour la chasse au fusil.
L'histoire de chaque ethnie nous renseigne que les
Tékés du village proviennent des Plateaux Kukuya
(Bantsintséké), populations très rattachées aux
zones savanicoles, les Ombamba étaient autrefois installés sur
les deux rives du fleuve Ogooué, surtout la rive droite en allant vers
la frontière avec le Gabon, cela définit les comportements de ces
derniers qui préfèrent chasser plus dans les forêts
denses.
L'accès à une zone pour la chasse au fusil ou
au filet suppose l'accord surtout du constructeur du campement et la
maîtrise de la zone.
Pour l'installation d'une ligne de pièges il faut
nécessairement l'accord des propriétaires fonciers, et celui
du constructeur du campement. Ici, le droit foncier est strictement
respecté.
18
Notons que pour ces deux modes de chasse (fusil et filet),
l'accès est pratiquement libre pour tout ressortissant du village sauf
qu'il y'a une certaine préférence de zones due à
l'histoire migratoire de chaque ethnie et les relations avec les
propriétaires des campements.
4.2.3.2. Les allochtones résidents permanents, non
permanents et étrangers.
Pour les résidents permanents les mesures à
observer sont presque les mêmes que pour les autochtones. La plupart
d'entre eux ont des liens de parenté issus très souvent du
mariage.
Les étrangers n'ont pas normalement accès aux
zones de chasse mais le comité du village peut leur accorder une partie
de chasse en associant le propriétaire foncier (chasse au fusil).
L'installation des pièges pour ceux-ci est prohibée, sauf s'il y
a accord du propriétaire foncier qui, dans certains cas, retire une part
du gibier.
L'accès est libre pour les zones plus
éloignées, proches de la frontière avec le Gabon «
zones neutres ». En règle générale, pour les usagers,
ne peut pratiquer la chasse sur la rive droite du fleuve Ogooué que
celui qui participe aux travaux de réfection du pont en lianes.
19
Chapitre 5 : Les caractéristiques de la chasse
dans la zone d'étude
La chasse est une activité essentiellement masculine.
L'age des chasseurs varie dans la tranche allant de 15 à 55 ans. Mais
certains jeunes, ayant un age inférieur à 15 ans sont
initiés à la chasse comme porteurs, question de s'habituer et de
connaître la forêt.
5.1. Définition des concepts
· Chasse : action de chasser, vient du latin populaire
« captiare », altération du latin classique captare ;
rechercher, poursuivre le gibier pour le capturer ou le tuer (Académie
française, 2005).
Selon l'article 5 de la loi n°48/83, est qualifié
acte de chasse, tout acte de toute nature tendant à capturer ou tuer
pour s'approprier ou non tout ou partie de son trophée ou de sa
dépouille, un animal sauvage vivant en liberté.
· Viande de brousse : nom donné à de la
viande d'animaux sauvages, recherchée par de nombreux amateurs sur le
continent africain (Académie française, 2005).
5.2. Les techniques de chasse
5.2.1. Le piégeage
Il est pratiqué sous deux formes, visant le même
but, la capture du gibier.
La première forme la plus utilisée c'est le
piégeage avec « les pièges à pattes ». Elle est
périodique et se pratique surtout pendant la saison pluvieuse. La
deuxième forme, appelée « Garden hunting »
(barrière autour des champs) vise particulièrement l'aulacode, et
se pratique de manière permanente. Contrairement à la
première forme où l'animal est pris par les pattes, ici, le
piège capture l'animal à travers son cou ou le reste de
l'abdomen.
Pour la chasse commerciale, un sentier composé de
plusieurs lignes de pièges peut compter jusqu'à 200 pièges
en moyenne.
5.2.2. La chasse au fusil
C'est la technique la plus utilisée, car plus efficace et
se pratique toute l'année. Elle est diurne ou nocturne en fonction des
espèces animales chassées. On note l'existence de deux modes de
chasse au fusil :
· La chasse organisée soit par un commanditaire
qui fournit les moyens nécessaires, soit par le chasseur lui-même.
Elle dure 4 jours au minimum. L'arme est soit la propriété
familiale du chasseur, soit fournie en même temps par le commanditaire ou
louée par le chasseur, à raison de 5000 Fcfa / mois ou 1500 Fcfa
par partie de chasse généralement.
· Le second mode de chasse, appelé « la
veillée » est pratiqué uniquement la nuit par les jeunes
valides, assez solides et supportant mieux les conditions de la chasse. Ici, le
chasseur fait des patrouilles sans relâche pour maximiser les chances de
capture. Elle est souvent pratiquée pendant la grande saison
sèche, période pendant laquelle les activités
champêtres
20
prennent de l'ampleur, dans la préparation des terrains
agricoles (débroussaillement, abattage, etc.).
5.2.3. Chasse au filet
Elle est traditionnellement l'apanage des Téké.
La forme actuelle est issue de la chasse collective au filet beaucoup
pratiquée dans le passé. Elle est pratiquée en
majorité par les vieux et quelques jeunes initiés. Elle est faite
de manière individuelle ou à deux, mais toujours
accompagnés de chiens.
La chasse collective au filet se pratique lorsqu'il y a des
cérémonies d'initiation à certains systèmes de
croyance ou pour sauver un malade obligeant la présence d'un gibier
fraîchement tué ou vivant.
5.3. Organisation de la chasse
5.3.1. Effectif des chasseurs dans la zone
d'étude
71 chasseurs ont été recensés dont l'age
varie entre 15 et 55 ans ; ce nombre n'est pas exhaustif. Seuls les chasseurs
résidents au village Ogooué et ceux provenant de Zanaga centre,
utilisant comme axe de sortie le pont en lianes sur le fleuve Ogooué,
ont été recensés. Le tableau 2 donne l'effectif des
chasseurs en fonction de leur provenance.
Tableau 2 : Effectif des chasseurs par ethnie
et provenance
Ombamba
Téké
Ethnies Provenance Effectif
Zanaga 3
Total 71
Ogooué 26
Zanaga 7
Ogooué 35
Les effectifs donnés dans le tableau 2 font uniquement
mention des chasseurs identifiés et dont les produits de chasse ont
été enregistrés.
5.3.2. Zones de chasse
Il s'agit des zones que les chasseurs se servent pour effectuer
les prélèvements en gibiers (Figure 4). Les principales zones
dans les quelles les chasseurs ont prélevé le gibier sont celles
qui sont sur la figure.
2°50'
13°45'
13°50'
13°55'
2°35'
2°40'
·
Zchasse_1.s
13°40'
13°45'
13°50'
13°55'
14°00'
14°5'
14°10'
14
N
2°30'
· LouaLoua
· Madzamadza
Tsouni
Koungoulou
· Koun
goulou
Létali
2°35'
ala
Nkélé
·
· Nkoa
Kafeb
Ebiti
· E
biti
Dzili
· Dzili
Djoueli
2°40'
·
Engoio
Oss
Oss i
·
i
Lékéti
Lek eti ·
Engono
Kelonkassa
Kelonkassa ·
Lekati
Nk ia
·
s ·Lessala
2°45'
Ogo
Tseli
·
Ebeyi
·
Lek ati
·
Oaoungou
Ntsieli
Nts ieli ·
2°50'
14
6 0 6 12 Kilomètres
2°30'
Source: IGN, 1:200000 AMPOLO, 2007 WCS-Plateaux
batéké
2°45'
13°40'
14°5'
14°10'
14°00'
Carte des zones de chasse, axe Ogooué
21
Figure 4 : Carte des zones de chasse axe
Ogooué
Cinquante huit (58) zones de chasse au total ont
été identifiées (Tableau 14, annexe 1). Les zones
Létali, Dzili, Koungoulou, Tsouni ont enregistré la biomasse en
gibiers la plus importante (Tableau 3). Elles ont fourni respectivement, 886,2
; 872,25 ; 811,2 et 628,43 en kg. Soit des contributions respectives de 8,1 ;
8,0 ; 7,4 et 5,8 en pourcentage par rapport à la biomasse
totale3.
Tableau 3 : Biomasse fournie par les principales
zones de chasse
N° d'ordre
|
Zones
|
Nbre Individus
|
Quantité (kg)
|
%
|
1
|
Létali
|
187
|
886,82
|
8,1
|
2
|
Dzili
|
186
|
872,25
|
8,0
|
3
|
Koungoulou
|
143
|
811,2
|
7,4
|
4
|
Tsouni
|
126
|
628,43
|
5,8
|
5
|
Kélonkassa
|
102
|
481,44
|
4,4
|
6
|
Loua
|
101
|
448,2
|
4,1
|
7
|
Paris
|
97
|
416,7
|
3,8
|
8
|
Ebiti
|
123
|
412,27
|
3,8
|
9
|
Mbi
|
73
|
398,5
|
3,7
|
10
|
Ngakomo
|
104
|
368,4
|
3,4
|
11
|
Lékati
|
95
|
365,4
|
3,4
|
Sur les 58 zones de chasse identifiées, 11 parmi elles
(Tableau 3) ont fourni plus de la moitié de la quantité totale
enregistrée, environ 56% de la biomasse totale. Une quantité de
581,2 kg, représentant 5,3% de la biomasse totale appartient à
des zones non déclarées (Tableau 14). Ces zones (ou campements)
portent soit les noms des rivières, ou ceux des anciens villages, ou
encore une attribution personnelle du constructeur du campement.
5.4. Les prélèvements annuels de la viande de
brousse sur l'axe Ogooué
Trente quatre (34) espèces animales
(mammifères, oiseaux et reptiles), correspondant à
2461 individus ont fourni une quantité de 10891,14 kg,
soit 11 tonnes environ pendant 12 mois, de février 2006 à janvier
2007. Une moyenne journalière de 11 individus et une biomasse moyenne de
48 kg/jour on été enregistrées. Pendant les mois de
janvier, février, mars et décembre, les quantités de
viande enregistrées atteignent ou dépassent une tonne et demi
(Tableau 4). Les quantités de viande enregistrées de juin
à novembre oscillent entre 400 et 800 kg. Le mois de mai a
enregistré la quantité la plus basse, en raison du nombre de
jours de suivi réduit, lié à la méthodologie
adoptée sur la réalisation des différentes phases de
l'étude.
22
3 La biomasse totale est de 10891,14 kg. Le tableau 3
est extrait du tableau général (n° 14, annexe)
Tableau 4 : Variation mensuelle des effectifs
et de la biomasse prélevés
Mois
|
Effectif
|
Biomasse
|
% Effectif
|
% Biomasse
|
Février
|
197
|
806,0
|
8,0
|
7,4
|
Mars
|
319
|
1525,0
|
13,0
|
14,0
|
Avril
|
335
|
1524,1
|
13,6
|
14,0
|
Mai
|
94
|
429,0
|
3,8
|
3,9
|
Juin
|
189
|
891,7
|
7,7
|
8,2
|
Juillet
|
204
|
734,2
|
8,3
|
6,7
|
Août
|
106
|
471,4
|
4,3
|
4,3
|
Septembre
|
162
|
681,2
|
6,6
|
6,3
|
Octobre
|
176
|
692,8
|
7,2
|
6,4
|
Novembre
|
142
|
667,6
|
5,8
|
6,1
|
Décembre
|
326
|
1495,7
|
13,2
|
13,7
|
Janvier
|
211
|
972,5
|
8,6
|
8,9
|
Total
|
2461
|
10891,14
|
100
|
100
|
Nous avons calculé les valeurs moyennes
journalières sur toute la période de l'étude. Les mois de
février, avril, mai et décembre présentent les pics les
plus élevés (Figure 5). Cependant, les mois de juillet,
août, septembre et octobre ont enregistré les quantités
moyennes journalières les plus basses. Deux constats se dégagent
de ces résultats. Les quantités moyennes les plus
élevées correspondent aux périodes pluvieuses, alors que
les plus basses quantités moyennes sont enregistrées pendant les
périodes sèches.
80
Poids moyen (kg)
|
70 60 50 40 30
|
|
20
|
|
10
|
|
0
23
Mois
Figure 5 : Variation moyenne journalière
de la quantité (Kg) de viande de brousse prélevée par
mois.
5.4. 1. Prélèvement par technique de
chasse
Tableau 5 : Apport en effectif et en biomasse
par technique de chasse
Techniques
|
Effectif
|
Biomasse (kg)
|
% Effectif
|
% Biomasse
|
Fusil
|
1779
|
7662,94
|
72,3
|
70,4
|
Piège
|
524
|
2964,4
|
21,3
|
27,2
|
Filet
|
121
|
186
|
4,9
|
1,7
|
Attrapé
|
20
|
41
|
0,8
|
0,4
|
Inconnu
|
17
|
36,8
|
0.7
|
0,3
|
Total
|
2461
|
10,891,14
|
100
|
100
|
La chasse au fusil représente la technique qui a
produit plus de gibiers (1779 individus) et 7662,94 kg, soit respectivement
72,3 et 70,4 % en effectif et en biomasse totale (Tableau 5). Le
piégeage a enregistré 524 individus et 2964,4 kg sur toute
l'année. La moitié des individus capturés au piège
(258) sont les Athérures, correspondant à un poids de 591 kg,
soit 19% de la biomasse totale de gibiers capturés au piège. La
chasse au filet, bien que de moins en moins pratiquée, contribue
à hauteur de 5% sur l'effectif total, mais la quasi-totalité des
gibiers capturés sont des Athérures. Les animaux attrapés
ou capturés vivants représentent respectivement 0,8 et 0,4% en
effectif et en biomasse totale. Ce sont uniquement le petit Pangolin et la
tortue. Les variations mensuelles de la production par ces techniques sont
illustrées par la figure 6.
Filet Fusil Piège Attrapé
Fevrier Avril Juin Août Octobre Décémbre
Mois
Poids (Kg)
1200
1000
400
800
600
200
0
24
.
Figure 6 : Variation mensuelle de la biomasse
en fonction des techniques de chasse
Sur l'ensemble des techniques, les mois de mars, avril et
décembre présentent les pics les plus élevés. En
effet, c'est au cours de ces mois que les quantités de gibiers les plus
importantes ont été enregistrées. Ces mois correspondent
aux périodes pluvieuses de l'année. Ces périodes
coïncident avec la réduction de l'activité agricole des
hommes. Ceux-ci se livrent plus aux activités de chasse. En effet,
pendant la période pluvieuse l'abondance de la nourriture en forêt
favorise l'activité nutritionnelle des animaux et par conséquent
leur présence est remarquée dans les zones facilement accessibles
à la chasse.
5.4.2. Composition générale de la biomasse
prélevée
5.4.2.1. Effectif et biomasse de gibier par ordre
La biomasse générale composée par
l'ensemble des espèces animales prélevées toute
l'année a été regroupée en trois groupes
(mammifères, oiseaux et reptiles). Les mammifères quant à
eux sont constitués de 6 ordres, dominés par 14 familles, dont
les plus importantes sont les Bovidae, les Suidae, les
Tragulidae, les Viverridae, les Cercopithecidae, les
Hystricidae, les Manidae. La famille des Pongidés a
enregistré un individu (un Chimpanzé) non comptabilisé
dans les effectifs rapportés. Le tableau 6 présente la
répartition de la biomasse par ordre et par groupes d'animaux.
Tableau 6 : Répartition des
prélèvements par ordre ou groupe
Ordre/groupe
|
Effectif
|
Biomasse (kg)
|
%Effectif
|
%Biomasse
|
Primates
|
280
|
713,89
|
11,4
|
6,6
|
Rongeurs
|
685
|
1430,06
|
27,8
|
13,1
|
Artiodactyles
|
1363
|
8445,66
|
55,4
|
77,5
|
Carnivores
|
58
|
133,8
|
2,4
|
1,2
|
Pholidotes
|
51
|
126,13
|
2,1
|
1,2
|
Tubulidentés
|
1
|
Nd
|
0,0
|
0,0
|
Oiseaux
|
10
|
13,5
|
0,4
|
0,1
|
Reptiles
|
13
|
28,1
|
0,5
|
0,3
|
Total
|
2461
|
10891,14
|
100
|
100
|
Les artiodactyles représentent l'ordre le plus
important en effectif (55,4%) et en biomasse (77,5%), suivi des rongeurs. Les
carnivores et les pholidotes sont les moins représentés, avec des
proportions semblables en effectif et en biomasse (Tableau 6). La figure 7,
issue des statistiques en biomasse, illustre la prédominance des
prélèvements chez les artiodactyles (78%). Ce sont
essentiellement les Bovidae, les Suidae et les
Tragulidae. Ils sont suivis par les rongeurs (13%), dominés par
les Hystricidae, suivi des Muroidae et des
Thryonomidae. Les primates (7% environ) occupent le troisième
rang, composés uniquement par les Cercopithecidae.
1%
1%
7%
13%
78%
Primates Rongeurs Artiodactyles Carnivores Pholidotes
Tubilidentes Oiseaux Reptiles
25
Figure 7 : Distribution de la biomasse totale
par ordre
5.4.2.2. Prélèvement par technique de chasse
et par ordre
Tableau 7 : Importance des
prélèvements par technique de chasse
Technique de Chasse Ordre Effectif %
Artiodactyles 1142 46,40
Rongeurs 288 11,70
Primates 280 11,38
Carnivores 39 1,58
Pholidotes 19 0,77
Oiseaux 9 0,37
Reptiles 1 0,04
Fusil Tubilidentés 1 0,04
Artiodactyles 212 8,61
Rongeurs 280 11,38
Carnivores 18 0,73
Pholidotes 10 0,41
Reptiles 3 0,12
Piège Oiseaux 1 0,04
Artiodactyles 6 0,24
Filet Rongeurs 115 4,67
Pholidotes 14 0,57
Attrapé Reptiles 6 0,24
Inconnu 17 0,69
Total 2461 100,00
26
Les artiodactyles sont les principales victimes de la chasse
au fusil, avec plus de 46% de prélèvements annuels. Ils occupent
la seconde place dans les prélèvements aux pièges. Les
rongeurs, deuxième ordre victime de chasse au fusil (11,70 %), sont les
principales victimes de la chasse au piège. La chasse au filet est
utilisée essentiellement pour la capture des rongeurs avec 4,67 % de
capture. Le tableau 7 montre que les primates, espèces pour la plupart
arboricoles, sont tués uniquement au fusil avec une proportion de 11,38
%.
5.4.3. Espèces abattues par ordre et par famille
5.4.3.1. Ordres des artiodactyles a. Famille des
Bovidae
C'est la plus grande famille observée pendant le suivi,
avec 1162 individus prélevés pour un poids total de 5885,45 kg,
soit respectivement 47 et 54% en effectif et en poids totale (ou biomasse) sur
l'ensemble des familles observées (Tableau 14, annexe 2). Elle totalise
dix espèces regroupées en quatre genres : Cephalophus,
Syncerus, Tragelaphus et Sylvicapra.
· Genre Cephalophus
Il regroupe six espèces, dont le Cephalophus
monticola est la plus représentée en effectif (65%) et en
biomasse (36,7% ) totale pour toute la famille ; suivi de Cephalophus
leucogaster en effectif (14%) et en biomasse (21,1%) et de Cephalophus
dorsalis ( 8% et 17,7% ), respectivement en effectif et en biomasse
(Tableau 8).
27
Tableau 8 : Répartition des Bovidae
par espèce
Espèce
|
Biomasse
|
Effectif
|
% Effectif % Biomasse
|
Cephalophus callipygus
|
540,55
|
57
|
5
|
9,2
|
C.dorsalis
|
1042,8
|
97
|
8
|
17,7
|
C.leucogaster
|
1244,3
|
165
|
14
|
21,1
|
C.monticola
|
2160,3
|
754
|
65
|
36,7
|
C.nigrifrons
|
330
|
40
|
3
|
5,6
|
C.sylvicultor
|
77,9
|
6
|
1
|
1,3
|
Syncerus caffer nanus
|
23,3
|
1
|
0
|
0,4
|
Tragelaphus scriptus
|
11,5
|
1
|
0
|
0,2
|
T.spekei
|
186
|
9
|
1
|
3,2
|
Sylvicapra grimmia
|
268,8
|
32
|
3
|
4,6
|
Total
|
5885,45
|
1162
|
100
|
100,0
|
|
· Genre Syncerus
Constitué d'une seule espèce, Syncerus
caffer nanus, un seul individu a été suivi pendant toute la
période de l'étude, avec un poids de 23,3 kg pesé sur un
mâle fumé, en morceaux. Mais pendant l'étude, des rumeurs
sur l'abattage de deux buffles ont été enregistrées.
· Genre Tragelaphus
Deux espèces ont été enregistrées
: Tragelaphus spekei, avec 9 individus et un poids de 186 kg et
Tragelaphus scriptus, un seul individu ayant un poids de 11,5 kg. Ces
deux espèces représentent en effectif et en biomasse les valeurs
les plus faibles sur l'ensemble des Céphalophes. Leurs habitats
respectifs (zone humide et savane) peuvent expliquer la faible fréquence
de capture.
· Genre Sylvicapra
Composé d'une seule espèce, Sylvicapra
grimmia, 32 individus ont été enregistrés, avec un
poids de 268,8 kg. Elle a été essentiellement prise au fusil dans
les zones à dominance savanicole. Ce sont en majorité les
tékés qui ont chassé cette espèce.
Comme on peut le remarquer à travers la figue 8, les
prélèvements effectués sur les Bovidae ont
essentiellement touché les Céphalophes, en particulier, le
Céphalophe bleu (Cephalophus monticola) dont les effectifs
dépassent plus de la moitié des Bovidae
prélevés et le poids représente plus du tiers.
Biomasse (kg)
1500
1000
2500
2000
500
effectif Biomasse
0
effectifs
800
700
600
500
400
300
200
100
0
Espèces
Figure 8 : Distribution des effectif et
biomasse des Bovidae
b. Famille des Tragulidae
L'unique espèce recensée dans cette famille est
le chevrotain aquatique (Hyemoschus aquaticus), avec 80 individus et
432,7 kg représentant respectivement 3,3 et 4% des effectifs et de la
biomasse sur l'ensemble des familles. Elle a été abattue dans 33
des 58 zones de chasse recensées.
c. Famille des Suidae
Dans cette famille il n'y a eu qu'une espèce
recensée, le Potamochère (Potamochoerus porcus), avec
121 individus ayant fourni 2127,51 kg, soit les proportions respectives de 4,9
et 19,5% en effectif et en biomasse. Elle a été capturée
dans 33 zones sur 58 recensées.
On peut conclure que chez les artiodactyles, les Bovidae
sont les principales victimes de la chasse avec des taux de capture les plus
élevés : 85% en effectif et 70% en biomasse (Figure 9).
25%
5%
Bovidae Tragulidae Suidae
70%
28
Figure 9 : Distribution de la biomasse des
artiodactyles par famille
29
5.4.3.2. Les rongeurs
C'est le deuxième ordre le plus important après
les artiodactyles. Il regroupe trois familles, qui sont : les
Hystricidae, Muroidea et Thryonomidae. Les
proportions des rongeurs en effectif et en biomasse sont respectivement de 27,8
% et 13 % (tableau 6).
Parmi les trois familles de cet ordre, ce sont les
Hystricidae qui sont les mieux représentés, avec 656
individus ayant fourni 1380, 37 kg. Cette dernière famille est
représentée par une seule espèce, l'Athérure
(Atherurus africanus) qui a fourni toute la biomasse
prélevée dans cette famille.
5.4.3.3. Les primates
Ils sont représentés par une seule famille : les
Cercopithecidae. La difficulté de distinguer les
différentes espèces de cette famille sur le terrain et
l'état fumé de la plupart d'entre elles, nous a amené
à regrouper sous le même nom toutes les espèces de singes
prélevées. Le Moustac (Cercopithecus cephus) est
l'espèce la plus enregistrée. D'autres espèces appartenant
aux Cercopithecidae ont été aussi recensés. On
peut citer le Talapoin du nord (Miopithecus ogouensis) et le Hocheur
(Cercopithecus nictitans). Mais toutes ces espèces ont
été regroupées sous le vocal de singe, « Nkima »
en langue locale. Au total, 280 individus ont fourni 713,89 kg, soit 11,4% en
effectif et 6,6 % en biomasse totale (Tableau 9).
5.4.3.4. Les carnivores
Ils sont représentés par cinq familles, dont les
Canidae, Felidae, Herpestidae, Mustelidae
et Viverridae. Parmi ces cinq familles, les Viverridae
sont les plus représentés en effectif (44 individus) et en
biomasse (86,8kg), soit les proportions respectives de 1,8 et 0,8% en effectif
et en biomasse totale (Tableau 15, annexe 2).
Trois espèces représentent la famille des
Viverridae. Il s'agit de la Genette servaline (Genetta
servalina), la Civette (Civettictis civetta) et la Nandinie
(Nandinia binotata).
Sur les 44 individus de la famille, la Nandinie compte 31
à elle seule.
Deux espèces de Felidae ont été
enregistrées, parmi lesquelles un Léopard (Panthera
pardus), pour qui seule la peau a été observée.
L'autre espèce est le Serval (Felis serval), avec deux
individus pesant 10,5 kg.
Tableau 9: Répartition des
prélèvements par ordre et famille
Ordre Famille/groupe Effectif Biomasse % Effectif %
Biomasse
Bovidae 1162 5885,45 47,2 54,0
Tragulidae 80 432,7 3,3 4,0
Artiodactyles Suidae 121 2127,51 4,9 19,5
Canidae 1 5,5 0,0 0,1
Felidae 3 10,5 0,1 0,1
Herpestidae 8 17,1 0,3 0,2
Mustelidae 1 13,5 0,0 0,1
Carnivores Viverridae 44 86,8 1,8 0,8
Primates Cercopithecidae 280 713,89 11,4 6,6
Hystricidae 656 1380,37 26,7 12,7
Muroidea 24 31,09 1,0 0,3
Rongeurs Thryonomidae 5 18,6 0,2 0,2
Pholidotes Manidae 51 126,13 2,1 1,2
Tubilidentes Orycteropidae 1 0 0,0 0,0
Reptiles* 13 28 0,5 0,3
Oiseaux* 10 13,5 0,4 0,1
Autres Inconnu 1 0,4 0,0 0,0
Total 2461 10891,04 100,0 100,0
2%
12%
2%
81%
* Groupe
5.5. Destination et circuit commercial des produits de
chasse
5.5.1. Destination de la viande prélevée
La venaison enregistrée pendant la période
d'étude a pris essentiellement 10 destinations suivant les
déclarations des chasseurs ou des trafiquants/revendeurs. Les
principales localités concernées sont
énumérées dans la figure 10.
3%
Brazzaville Gabon Lekana
Non declaré Ndouo Nkayi Ogooué Pointe-noire Sibiti
Zanaga
|
30
Figure 10 : Distribution de la venaison par
destination
La viande est essentiellement destinée à Zanaga
centre, avec 1772 individus pesant 8708,28 Kg sur l'ensemble du gibier
prélevé, soit 81% de la biomasse totale (tableau 17, annexe 3).
La part
31
du gibier évacuée sur Zanaga n'est pas
totalement utilisée pour la vente. En effet, une petite portion de cette
viande est utilisée pour la consommation familiale des chasseurs
résidents à Zanaga (209,63 Kg). Cependant, la question reste
posée sur la destination finale de la viande qui entre à Zanaga.
A partir de ce centre, la viande n'est-elle pas exportée vers d'autres
localités ? L'Ogooué village est la 2ème
destination prise par le gibier prélevé, avec 1274,16 kg, soit
12% de la biomasse totale. Sur la quantité totale destinée au
village, 483,9 kg sont revendu et 790,26 kg consommées.
Une quantité de 368,1 kg représentant 3% de la
biomasse totale est destinée à Brazzaville. Le colis est en
majorité constitué d'animaux de taille réduite
(Céphalophe bleu, Athérure, etc.).
La part du gibier évacué sur Nkayi a
constitué un stock de 231,9 Kg, soit 2 % de la biomasse totale. Ici,
comme pour Brazzaville, les espèces évacuées sont pour la
plupart des Céphalophes bleus et les Athérures. La
biomasse évacuée sur Sibiti est proche de celle de Nkayi.
Les proportions de gibiers évacués dans les
localités restantes (Gabon, Lékana, Pointe-noire, etc.) sont
minimes, inférieures chacune à 1% de la biomasse totale.
5.5.2. Circuit commercial et prix moyens par espèce
prélevée
Le gibier prélevé sur l'axe Ogooué suit
un circuit commercial entretenu par plusieurs acteurs. Les premiers acteurs
sont les chasseurs grâce à qui le gibier est prélevé
de la forêt. Ils forment le premier maillon de la chaîne de
prélèvement. Le deuxième maillon, représentant
presque le pivot de toute la chaîne, est constitué des
commerçants « trafiquants de viande de chasse ». C'est ce
dernier maillon qui organise et pré finance certaines parties de chasse.
Ces trafiquants assurent le relais entre les chasseurs et le reste de la
population consommatrice de la viande de brousse. Ils influencent la fixation
du prix du gibier par les chasseurs. Mais, une fois acheté, le gibier
est revendu à un prix allant du simple au double, selon les lieux et la
localité de vente. Ce prix varie en fonction de l'espèce, de son
poids, de l'age et de son état (frais ou fumé).
Sur les 34 espèces enregistrées, les poids et
prix moyens de 17 espèces (2380 individus) ont été
calculés. Le tableau 18 (annexe 4) donne les détails y relatifs.
Il s'agit des prix fixés directement par les chasseurs à la
sortie de la forêt. Les résultats des investigations informelles
faites au marché de Zanaga indiquent que ces prix sont
légèrement plus élevés.
Les 71 chasseurs recensés ont abattus 2461 gibiers,
équivalent à un poids de 10891 kg. Ces gibiers ont
coûté 5.946.200 f.cfa, soit un prix moyen de 495.517 f.cfa par
mois et une moyenne de 83749 f.cfa par chasseur et par année. La
biomasse moyenne mensuelle vendue est de 907,59 kg. Un prix de vente moyen
estimatif de 7000 f.cfa par chasseur et par mois a été obtenu
3ème PARTIE
32
DISCUSSION ET SUGGESTIONS
33
Chapitre 6 : Discussion et suggestions.
6.1. Pression démographique autour de la zone
d'étude
Notre zone d'étude est située dans le district
de Zanaga, frontalier avec les districts de Lékana et Bambama. La
population de ces trois districts réunis est de 36805 habitants
(recensements administratifs de 2003 et 2004). Si la totalité de cette
population n'exerce pas directement ses activités dans la zone du futur
parc, il est certain qu'il y a une pression indirecte sur celle-ci. On estime
néanmoins à plus de 7000 personnes habitant les villages
environnants ayant une influence directe sur la zone à protéger.
Mais comme le démontrent les résultats, la viande prend plusieurs
destinations qui dépassent les limites de ces trois districts.
6.2. Espèces animales prélevées et
leur contribution dans la biomasse totale
Les artiodactyles et, en particulier les céphalophes
ont fourni en biomasse comme en effectifs la majorité de la viande de
chasse prélevée. Leur contribution dans la biomasse totale
prélevée est de 77,5%. La contribution des artiodactyles dans la
biomasse totale prélevée a souvent été jugé
remarquable (Malonga, 1996 ; Moukassa, 2004 ; Fargeot, 2005). Le tableau 10
compare les résultats obtenus dans sept sites d'études
situés dans trois pays d'Afrique centrale. Sur l'ensemble de ces
résultats, la contribution des artiodactyles (ou ongulés) dans la
biomasse totale se situe au-delà de 60%. Les proportions en effectif et
en biomasse à Campo, au Cameroun et celles de la présente
étude sont presque les mêmes.
Tableau 10 : Comparaison des effectifs et de
la biomasse dans différents sites d'étude
Ongulés Primates Rongeurs
% % % % % %
Localités Auteurs*
effectif biomasse effectif biomasse effectif biomasse
Makokou (Gabon)
|
57
|
67
|
18
|
18
|
14
|
4
|
Lahm (1996)
|
Campo (Cameroun)
|
57
|
76
|
8
|
11
|
18
|
5
|
Dounias (1999)
|
Dja, Kompia (Cameroun)
|
41
|
60
|
15
|
16
|
33
|
18
|
Delvingt et al. (2001)
|
Lobeké(Cameroun)
|
68
|
71
|
7
|
19
|
11
|
3
|
Fimbel et al.( 2000)
|
Nganzicolo (Congo)
|
20
|
79
|
6
|
15
|
3
|
2
|
Auzel et Wilkie (2000)
|
Ndoki (Congo)
|
87
|
93
|
11
|
6
|
1
|
e
|
Auzel et Wilkie (2000)
|
Ogooué (Congo)
|
|
|
|
|
|
|
|
Présente étude
|
55
|
78
|
11
|
6
|
28
|
13
|
WCS-Batéké (2007)
|
*Source tableau 10 (Fargeot, 2005).
Les rongeurs constituent le deuxième groupe
concerné, contribuant à 28% en effectif et à 13% en
biomasse totale (Tableau 10). C'est la famille des Hystricidae qui est
la plus concernée par les prélèvements. L'Athérure
est la principale espèce chassée. L'Aulacode et le Rat de Gambie
sont moins prélevés. Comparés avec les résultats
obtenus dans d'autres pays du bassin du Congo, nos résultats se
rapprochent de ceux obtenus dans les sites du Dja et de Kompia, au Cameroun
(Tableau 10). Mais ces résultats restent largement au-dessus de ceux
obtenus dans deux autres sites du Nord-Congo (Ngandzikolo et Ndoki) (tableau
10). Ce qui pourrait laisser comprendre
34
que notre zone d'étude semble être plus giboyeuse
que celles des deux autres sites étudiés au Congo. Mais
contrairement à notre zone d'étude, Ngandzikolo et Ndoki ont subi
récemment une exploitation forestière. Par conséquent, ces
zones ont peut-être été surchassées. Il a
été démontré que l'ouverture des routes à
travers l'exploitation forestière favorise les activités de
braconnage (Auzel, 1995 ; Auzel et Wilkie, 2000).
Le troisième groupe concerné est celui des
primates, avec une contribution à 11% du nombre des prises, soit 6% de
la biomasse totale (Tableau 10). L'unique famille représentée est
celle des Cercopithecidae et, le Moustac (Cercopithecus
cephus) est la principale espèce chassée. Le
Chimpanzé (Pan troglodytes) est aussi chassée, mais
à des rares cas. Son statut d'espèce intégralement
protégée est connu des chasseurs qui par conséquent
craignent des répressions éventuelles.
Soulignons aussi que le Chimpanzé n'est pas
communément consommé par les autochtones, et une fois tué,
sa valeur marchande est très faible ; ce qui traduit le manque
d'intérêt non seulement pour les chasseurs, mais aussi pour la
population qui se montre indifférente vis à vis de la chair de ce
grand primate.
Les carnivores, les Pholidotes et les Tubilidentes sont
faiblement représentés, avec pour les carnivores, la famille des
Viverridae, représentée principalement par la Nandinie
(Nandinia binotata) et pour les Pholidotes, la famille des
Manidae, représentée surtout par le petit Pangolin
(Manis tricuspis). La taille et la valeur marchande de la Nandinie
et celles du petit Pangolin peuvent être les raisons majeures qui
expliquent le désintéressement des chasseurs qui trouvent moins
de profits après la vente de ces gibiers.
Les reptiles et les oiseaux, bien que comptabilisés
parmi les gibiers prélevés, n'apportent pas une contribution
significative. Seulement 13 individus chez les reptiles, avec une biomasse de
28 kg et 10 individus chez les oiseaux, avec une biomasse de 13,5 kg ont
été prélevés. Les individus chassés sont
surtout les tortues chez les reptiles et les pintades chez les oiseaux. Ces
prélèvements ont été le plus souvent occasionnels,
individus ramassés pour le cas des tortues. La presque totalité
de ces prélèvements sont destinés à la vente.
6.3. Prélèvement par zone de chasse
Les zones de chasse présentent des variations dans la
fourniture du gibier. Les zones les plus éloignées du village
sont apparemment les plus riches en faune, certaines sont situées proche
des limites frontalières avec le Gabon (Figure 4, Tableau 3).
Les deux premières zones (Létali et Dzili)
(Tableau 3) ayant enregistré le plus grand nombre de gibiers
prélevés sont situées en zone de mosaïque
savane-forêt, ce sont pour la plupart, les Tékés qui
chassent dans ces zones. Par contre, Koungoulou et Tsouni sont les zones
forestières fréquentées aussi bien par les
Tékés que par les Ombambas. Kélonkassa, Lékati et
Paris sont plus choisies par les Ombambas. La distance parcourue par les
chasseurs pour atteindre les zones de chasse les plus éloignées
du village de référence (Ogooué) varient entre 20 et plus
de 30 km en ligne droite ou à vol d'oiseaux. Ce qui signifie que ces
chasseurs doivent fournir beaucoup d'efforts pour espérer faire une
bonne partie de chasse. Certaines de ces zones (Loua, Tsouni, etc.) sont
proches de la frontière avec le Gabon. De l'autre côté du
Gabon, la zone étant érigée en Parc national, on peut dire
que les chasseurs congolais tirent plus de profits en choisissant de chasser
proche de la frontière gabonaise.
35
Le comportement des chasseurs congolais qui choisissent la
zone frontalière avec le Gabon pour espérer maximiser leurs
chances de capture est certainement préjudiciable pour la protection de
la faune. Le nombre moyen de gibiers prélevés (11) par jour dans
ces zones de chasse, représentant une moyenne journalière de 48
kg est énorme pour une zone non protégée.
Nous recommandons que l'Etat prenne les dispositions
nécessaires pour que cette zone soit intégralement
protégée.
La juxtaposition de cette zone avec la zone
frontalière du Gabon déjà érigée en parc est
un atout pour la gestion commune de la faune entre les deux pays.
La zone de Mbi, situé dans les zones agricoles a fourni
368,4 kg soit 3,4% de la biomasse totale prélevée. Or, cette zone
faisant partie de zones environnantes, a fourni environ la moitié du
gibier destiné à la consommation pour l'Ogooué (90,26
kg).
Ce chiffre indique qu'il y'a encore des possibilités de
faire la chasse de subsistance autour du village et pallier avec un
degré élevé au problème de fourniture de
protéines d'origine animale.
Si l'Etat décide de créer le parc, et si les
populations souhaitent exercer leurs activités de chasse traditionnelle
destinée à la subsistance, la zone de Mbi pourra leur être
conseillée, mais la chasse devra être réglementée et
contrôlée.
6.4. Prélèvement par technique de chasse
6.4.1. Techniques de chasse et impact
écologique
Les trois principales techniques de chasse pratiquées
dans la zone d'étude sont par ordre d'importance : la chasse au fusil
(72% d'individus prélevés), les pièges (21%) et le filet
(5%) (Tableau 5). La fréquence élevée des
prélèvements avec le fusil est liée à beaucoup de
facteurs :
· Elle est pratiquée pendant toute l'année
;
· Elle a une facilité et une rapidité
d'abattage du gibier ;
· Elle se pratique la nuit ou le jour.
L'intensité des pièges a été
très faible de mai à novembre. Cette période se
caractérise par un faible taux de prélèvement au
piège. La biomasse prélevée ne dépasse pas 200 kg
par mois (Figure 6). C'est la période pendant laquelle certains
chasseurs retirent leurs pièges en forêt profonde, parce que cette
période coïncide avec la période sèche de
l'année, et, les chasseurs estiment que la chasse au piège n'est
plus rentable.
Mais il est important de souligner que cette technique est la
plus destructive, parce qu'elle n'est pas sélective.
Les prélèvements en gibiers dans une zone ne sont
garantis à long terme que si la chasse se pratique de manière
durable.
Le piégeage étant la technique la plus
destructive, une campagne d'explication devra être permanente à
l'endroit des chasseurs pour qu'ils comprennent l'ampleur des
dégâts causés par cette technique.
La chasse au filet se pratique de moins en moins, et elle a
contribué à une part non négligeable malgré qu'elle
soit récusée par les jeunes. Elle est très
sélective avec peu d'impact négatif sur la faune et devrait
être encouragée.
36
Dans le village Ogooué, l'usage du fusil est lié
à plusieurs motivations. Il demeure pour les jeunes le moyen le plus
rapide et sûr d'abattre un grand nombre de gibiers et de valeurs
marchandes élevées. Cependant, l'usage des pièges pour la
chasse commerciale suppose l'allongement des lignes de piégeage avec une
augmentation de pertes par décomposition du gibier.
6.4.2. Les techniques de chasse et les
prélèvements 6.4.2.1. Les espèces prélevée
au fusil
Les artiodactyles sont les principales victimes de la chasse
au fusil. En effet, les espèces de cet ordre pour la majorité
(céphalophes) peuvent être rencontrées le jour ou la nuit.
La raison qui explique leur énorme contribution est le fait qu'elles ont
un taux de rencontre supérieur à celui d'autres espèces,
surtout le céphalophe bleu qui a la contribution considérable en
terme d'effectif.
6.4.2.2. Les espèces prélevées au
piège
Les rongeurs sont les principales victimes de cette technique.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cela. Les difficultés de tuer les
grands mammifères, comme les Suidae et certains
Bovidae, pendant la saison des pluies, associées au coût
d'investissement élevé de cette technique pour les capturer
poussent les chasseurs d'orienter leurs pièges vers l'athérure,
principale victime. Le pourcentage et la rapidité de capture des
rongeurs sont très élevés. La possibilité
d'installer un grand nombre de pièges de rongeurs est aussi une
motivation pour les chasseurs.
6.5. Destination du produit de la chasse
Les prélèvements réalisés sur la
faune sauvage durant la période de l'étude ont pris plusieurs
destinations avec différentes utilisations (figure10). La
répartition des prélèvements entre la consommation
villageoise et la vente à l'extérieur du village dépend
directement de la présence des circuits commerciaux organisés et
solvables (Fargeot, 2005). Lorsque les possibilités de négoce
augmentent, une part très significative de la venaison, atteignant
fréquemment les deux tiers des prélèvements, est
destinée à la vente, alors que le volume du gibier
prélevé s'accroît également (Auzel, 1997)
cité par Fargeot (2005).
Cela justifie bien la part destinée à la vente
dépassant les deux tiers des prélèvements dans le village.
La forte proportion (80%) (Tableau 17,annexe 3) évacuée sur
Zanaga centre exprime bel et bien la forte demande en viande de brousse au
niveau du centre du district, même si l'on ne peut, à partir de
là, définir les destinations finales. En effet cette proportion
justifie la présence d'un circuit commercial, entretenu par les
trafiquants et revendeurs de viande, entre l'Ogooué et Zanaga centre. La
majorité des chasseurs sont fournis en matériel (nourritures,
piles, cartouches, cigarettes, etc.) par les grossistes ou trafiquants
provenant de Zanaga centre. Ces trafiquants pèsent
énormément sur l'exploitation illégale de la viande de
brousse.
Si les mesures vont être prises sur le
contrôle et la réglementation de la chasse autour du futur Parc,
le maillon que constituent les trafiquants, devra être
particulièrement visé. Une reconversion des trafiquants vers la
vente de la viande d'élevage serait une alternative à la
fourniture des protéines animales.
37
Les comparaisons faites sur l'utilisation de la venaison avec
les autres localités en proportions de biomasse montrent la dominance de
la proportion destinée à la vente extérieure (Tableau
11).
Tableau 11 : Principales utilisations de la
viande de brousse (% Biomasse)
Localisation
|
Auto
|
Vente
|
Vente
|
Source
|
|
consommation
|
locale
|
extérieure
|
|
Nganzicolo (Nord-Congo)
|
38
|
|
62
|
Auzel.,2000
|
Ndoki (Nord-Congo)
|
63
|
|
37
|
Auzel et al.,2000
|
Djapostem (Cameroun)
|
8
|
26
|
66
|
Auzel et al., 2000
|
Présente étude
|
9,5
|
4,4
|
86
|
WCS-Batéké, 2007
|
Nganzicolo est desservie par le fleuve, tandis que Ndoki et
Djapostem sont respectivement proches d'un camp forestier et d'une exploitation
forestière.
Ces chiffres montrent clairement que le produit de la chasse
quelque soit la localité considérée est en majorité
destiné à la vente. Mais le cas de Ndoki est particulier, parce
que la viande est prélevée près d'un camp forestier, et
est destinée en priorité à la consommation des
employés de l'entreprise. Ce constat nous permet de dire que la chasse
n'est plus pratiquée pour les besoins d'autoconsommation, mais
plutôt à but lucratif, favorisant ainsi le braconnage.
6.6. Place de la chasse parmi les activités
économiques du village Ogooué
Sur un total de la population masculine de 157 individus, 61
sont des chasseurs soit 39% de la population masculine totale. Or la figure 2
montre que la tranche de la population infantile est plus importante que celle
des adultes et des vieux. C'est pour dire que la proportion des chasseurs
potentiels du village est considérable. Comme on peut le constater, la
chasse est une activité essentiellement pratiquée à
l'Ogooué. Elle est une source de protéines et de revenus sure, ce
qui lui confère une place de choix dans les activités
économiques.
En général, dans le District de Zanaga la chasse
ne constitue pas une activité essentielle, mais elle demeure une source
de revenus considérable pour les quelques chasseurs qui en font une
activité principale.
Cette activité étant développée,
d'une manière incontrôlée dans le village, elle influence
en partie les activités agricoles, cela peut s'expliquer par le faible
niveau de production agricole et la forte dépendance des populations
riveraines en aliments de base provenant des villages voisins et de certains
centres urbains, comme par exemple le manioc; l'absence des légumes.
6.7. Impact écologique de la chasse et la
protection de la faune
Le prélèvement effectué dans la zone
étudiée se fait de manière continue et ce, depuis
plusieurs années. Il est certain qu'un impact écologique soit
perceptible à l'égard des quantités de viande sorties
chaque année dans cette zone. Les Céphalophes sont les plus
chassés, avec un prélèvement annuel en biomasse de 52 %
sur l'ensemble des espèces abattues. Il serait important d'examiner le
niveau de prélèvement des céphalophes par rapport aux 778
km2 que couvre la zone d'étude. .
Mais les données collectées sur une seule
année ne peuvent nous permettre de faire une estimation fiable.
Par ailleurs, la quantité de viande destinée
à la vente (9846,75 kg) est 9 fois plus importante que celle
destinée à la consommation (1032,39 kg) ; ce qui montre
clairement les enjeux de la chasse
38
pratiquée dans cette zone, c'est à dire, une chasse
commerciale. Vu les enjeux commerciaux de cette chasse, nous redoutons que
celle-ci soit durable à l'avenir.
Les résultats des reconnaissances écologiques
effectuées dans certaines zones des Plateaux Batéké du
Céphalophe de Grimm donnent les chiffres indiqués dans le tableau
12.
Tableau 12 : Comparaison des
taux de rencontre du Céphalophe de Grimm
Zone d'étude
|
Taux de rencontre
(indice/km) Auteurs
|
Bambama 0,06 Madzou et Moukassa, 1998
Nambouli 0,2 Ikoli et al., 1998
Loubilika 0,7 Ikoli et al., 1998
Kwembali 2,94 Ikoli et al., 1998
Lefini (5 sites) 0,15- 0,94 Ikamba kulu, 2006
Le taux enregistré à Bambama, zone la plus
proche de la zone de cette étude est très faible. Mais plus
élevé dans la zone de Kwembali (Réserve de faune de la
Léfini) en 1998. Lorsque l'attention est mise sur les résultats
des reconnaissances écologiques effectuées plus récemment
dans cette même réserve, il ressort que ces taux sont très
variables et plus ou moins faibles par rapport à ceux enregistrés
10 ans avant.
Pour mieux apprécier le niveau de
prélèvement de cette espèce et déterminer si ce
prélèvement est durable, il sera intéressant de mener une
étude particulièrement sur cette espèce dans les zones
où sa présence paraît encore plus ou moins
effective.
Les rapports de prélèvement faits entre
artiodactyles et rongeurs d'une part et entre artiodactyles et primates d'autre
part (tableau 13) montrent que les artiodactyles sont prélevés
deux fois plus que les rongeurs et 5 fois plus que les primates ; ce qui montre
qu'il existe encore un espoir de trouver les animaux terrestres dans la
zone.
Tableau 13 : Rapport des effectifs entre
principaux ordres prélevés
Ordre Effectif Rapport
Artiodactyles 1363
Rongeurs 685 2
Artiodactyles 1363
Primates 280 4,9
6.8. Gestion de la faune
En République du Congo, la faune est
gérée à travers la loi n°48/83 qui stipule à
son article 1er que : L'ensemble des animaux sauvages susceptibles de provoquer
un intérêt touristique ou susceptibles d'être
exploités pour leur viande, leurs peaux, leurs plumes ou leurs
trophées, appartiennent à l'état et sont régis par
les dispositions de la dite loi (Adouki, 2004). Cette loi prévoit aussi
à son article 7, les conditions requises pour prétendre exercer
l'activité de chasse. Elle exige à quiconque veut se livrer
à la chasse d'être détenteur d'un permis ou d'une licence
et de se présenter à l'autorité du lieu où il
entend effectuer son activité de chasse. Une fois le permis
attribué, le chasseur doit respecter un quota par espèce qui lui
est autorisé et devrait payer une taxe à cet effet. Cependant,
l'exercice de cette chasse doit respecter les périodes d'ouverture et de
fermeture de la chasse, conformément à l'arrêté
3772/72 ; période de fermeture supposée
39
correspondre à la période de reproduction des
animaux. Aussi, la réglementation congolaise en conformité avec
la convention de Washington (CITES) détermine par arrêté
n° 3863/84, les espèces intégralement, partiellement
protégées et les espèces non protégées.
Les chasseurs suivis pendant cette étude ignorent pour
certains les dispositions de la loi 48/83. Nombre d'entre eux chassent sans
permis, certains d'entre eux qui détiennent les permis ne respectent ni
les quotas qui leur sont autorisés, ni les espèces
autorisées à chasser. La chasse est pratiquée toute
l'année, les périodes d'ouverture et de fermeture de la chasse ne
sont pas observées. La période de fermeture de chasse va du
1er novembre au 30 avril. Les résultats de cette étude
montrent que c'est plutôt pendant la dite période que plus de
gibiers ont été prélevés. Aussi, un indice non
négligeable sur la reproduction a été enregistré,
à savoir 22 femelles sur100 suivies pendant les mois de décembre
et janvier étaient soit gestantes, soit allaitantes. Le profit ne
serait-il pas plus important pour les chasseurs et la population s'ils
laissaient ces animaux se reproduire pendant les périodes propices
?
Nous proposons qu'une étude annuelle soit conduite
et qu'une attention particulière soit portée sur l'aspect de la
reproduction, afin d'obtenir les données plus fiables et susceptibles
d'aider les décideurs dans la gestion de la faune.
Cinq espèces intégralement
protégées ont fait l'objet du prélèvement pendant
cette étude. Il n s'agit : du Chimpanzé, du Léopard, du
pangolin géant, de l'Oryctérope et du Chevrotain aquatique. La
question reste posée sur le niveau de connaissance des chasseurs sur le
statut des espèces qu'ils prélèvent.
Il serait souhaitable que l'administration forestière
en partenariat avec WCS, étudie la possibilité d'organiser les
missions conjointes destinées à expliquer et à
éduquer la population cible sur le statut de certaines espèces
animales.
La mission confiée à WCS /Plateaux
Batéké par le ministère en charge de la gestion de la
faune est celle de créer un parc dans la zone où cette
étude a eu lieu. L'objectif visé est celui de protéger et
de conserver les espèces phares. Le Chimpanzé et le
Léopard font partie de ces espèces. Pour cette raison,
nous recommandons aux gestionnaires de cette zone de mener les actions visant
à mettre fin à ce prélèvement
illégal.
C'est du ressort des autorités compétentes des
Eaux et Forêts, qu'il incombe la tâche de faire respecter la mesure
sur le respect des périodes d'ouverture et de fermeture de la chasse.
Mais sur le terrain, très peu ou aucune action de répression ou
de surveillance n'a été entreprise pendant la période de
cette étude. La zone d'étude est placée sous la gestion de
la Brigade forestière de Zanaga. Mais un problème de personnel et
du matériel devrait être l'une des causes ayant
empêché l'intervention régulière de cette
brigade.
Le renforcement en personnel et en matériel de cette
brigade est souhaitable pour un appui à WCS chargé de
créer et de gérer le futur parc.
40
CONCLUSION
Les résultats de cette étude viennent de nous
démontrer l'ampleur de la chasse autour du futur parc à
créer. 71 chasseurs participent à l'exploitation illégale
des ressources fauniques de la zone étudiée. Ils parcourent
jusqu'à trente 30 km, voire plus, en ligne droite pour espérer
faire une bonne partie de chasse. En moyenne 11 individus sont
prélevés par jour, soit 48 kg en moyenne. Sur un total de 34
espèces prélevées, 5 sont des espèces
intégralement protégées, par conséquent exclues de
toute chasse.
Quatre vingt six pourcent de la biomasse
prélevée est destinée à la vente en dehors du
village Ogooué, ce qui justifie la motivation des chasseurs, qui ne
chassent que pour les besoins commerciaux et non de subsistance. Le produit
prélevé alimente les grandes villes du Congo, y compris
Brazzaville et franchit les limites du pays pour atteindre le Gabon. La chasse
au niveau de l'Ogooué village est une source de revenus
considérable.
Aussi, bien que la chasse soit la première source
de protéines et de revenus non dans le village, les quantités
élevées de viande prélevée, surtout les
espèces intégralement protégée, devraient
être une preuve qui justifierait la conservation de la faune en
créant un parc, et éduquer les populations locales.
Les mesures extractives découlant du dialogue entre
l'Etat, les ONG de gestion et les populations riveraines, doivent tenir compte
de tous les acteurs impliqués dans la conservation.
Dans le plan de gestion il faudra inclure les questions du
finage villageois, par ce qu'en effet, les populations de ce village sont
forestières comme bon nombre auraient des liens étroits avec la
forêt culturellement et socio économiquement. Ceci est un indice
important à prendre en compte afin que les gestionnaires de cette zone
puissent avoir les jugements objectifs.
La restriction quelle qu'elle soit, de l'espace de chasse aura
des conséquences qu'il faut évaluer afin de prendre des
décisions objectives pour le classement de la zone.
Il serait souhaitable de diriger les populations victimes
des effets directs de restriction spatiale, vers les activités
alternatives, en tenant compte des potentialités existantes.
Par exemple, inciter les populations à améliorer
leur niveau de production en élevage et en produits vivriers, par le
financement des projets.
Les limites provisoires se situant sur les abords du fleuve
Ogooué, il est nécessaire de donner la possibilité aux
populations, d'avoir accès à la rive droite pour réaliser
les activités ponctuelles de cueillette, vu leur importance dans
l'économie domestique et de ne pas assister à la disparition du
pont en lianes.
Tenant compte de la création du parc, afin
d'espérer détourner les acteurs de la filière chasse vers
d'autres activités afin de réduire les conflits entre
conservateurs et les populations locales, il est nécessaire sinon
souhaitable d'étudier comment formuler les projets de
développement d'activités alternatives à la chasse.
L'étude, n'ayant pris en compte le volet reproduction
des mammifères que partiellement, et compte tenu de son importance dans
la gestion des écosystèmes forestiers, il est souhaitable que des
recherches dans cette optique soient effectuées.
41
Bibliographie
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43
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44
ANNEXES
Annexe 1 : Zones d'abattage
Tableau 14 : Contribution des zones d'abattage
aux effectifs et à la biomasse totale
N° ordre
|
Zones d'abattage
|
Nbre individus
|
Quantité (kg)
|
%
|
N° ordre
|
Zones d'abattage
|
Nbre individus
|
Quantité (kg)
|
%
|
1
|
alaentours
|
17
|
50,99
|
0,5
|
31
|
Madzamadza
|
11
|
53,7
|
0,5
|
2
|
Bagnouki
|
30
|
98,4
|
0,9
|
32
|
Malanga
|
3
|
10,6
|
0,1
|
3
|
Batéké
|
2
|
4,3
|
0,0
|
33
|
Malouda
|
8
|
24,7
|
0,2
|
4
|
Bissilika
|
4
|
11,4
|
0,1
|
34
|
Mbi
|
73
|
398,5
|
3,7
|
5
|
Dakar
|
2
|
5,3
|
0,0
|
35
|
Mboli
|
17
|
132,7
|
1,2
|
6
|
Djouéli
|
48
|
239,8
|
2,2
|
36
|
Mbolo
|
59
|
256,1
|
2,4
|
7
|
Djouéné
|
32
|
155
|
1,4
|
37
|
Mbouni
|
37
|
165,1
|
1,5
|
8
|
Dzanga
|
1
|
13,5
|
0,1
|
38
|
Meneké
|
1
|
2,5
|
0,0
|
9
|
Dzili
|
186
|
872,25
|
8,0
|
39
|
Midzila
|
1
|
7,5
|
0,1
|
10
|
Dzokabolo
|
4
|
14,8
|
0,1
|
40
|
mitsoué-mitsoué
|
10
|
10
|
0,1
|
11
|
Ebeyi
|
3
|
37,6
|
0,3
|
41
|
Moukili
|
9
|
32,1
|
0,3
|
12
|
Ebiti
|
123
|
412,27
|
3,8
|
42
|
Mpassa
|
6
|
24
|
0,2
|
13
|
Eboa
|
5
|
36,4
|
0,3
|
43
|
Ngakomo
|
104
|
368,4
|
3,4
|
14
|
Ekomissoka
|
73
|
342,11
|
3,1
|
44
|
Nkélé
|
22
|
59,2
|
0,5
|
15
|
Ekotoboto
|
2
|
6,6
|
0,1
|
45
|
Nkia
|
89
|
284,6
|
2,6
|
16
|
Engono
|
86
|
322,5
|
3,0
|
46
|
Nkoa
|
32
|
129,1
|
1,2
|
17
|
Kabala
|
38
|
186,3
|
1,7
|
47
|
Ntsiéli
|
12
|
46,9
|
0,4
|
18
|
Kélonkassa
|
102
|
481,44
|
4,4
|
48
|
Obini
|
34
|
233,7
|
2,1
|
19
|
Kibama
|
6
|
102,9
|
0,9
|
49
|
Odiba
|
14
|
82,7
|
0,8
|
20
|
Kindoni
|
8
|
31
|
0,3
|
50
|
Ogoué
|
10
|
47,5
|
0,4
|
21
|
Koungoulou
|
143
|
811,2
|
7,4
|
51
|
Onto
|
3
|
37,4
|
0,3
|
22
|
Lekati
|
95
|
365,4
|
3,4
|
52
|
Opoungou
|
20
|
65
|
0,6
|
23
|
Leketi
|
22
|
71,1
|
0,7
|
53
|
0ssété
|
29
|
129,3
|
1,2
|
24
|
Lékouti
|
5
|
17
|
0,2
|
54
|
Ossi
|
20
|
57,8
|
0,5
|
25
|
lémiki
|
6
|
13,8
|
0,1
|
55
|
Ossiola
|
15
|
53,4
|
0,5
|
26
|
Léssala
|
50
|
200,6
|
1,8
|
56
|
Paris
|
97
|
416,7
|
3,8
|
27
|
Létali
|
187
|
886,82
|
8,1
|
57
|
Tsouni
|
126
|
628,43
|
5,8
|
28
|
Loua
|
101
|
448,2
|
4,1
|
58
|
Yama
|
13
|
39,53
|
0,4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
45
|
46
29
|
mabéké
|
5
|
24,7
|
0,2
|
59
|
Non identifiée
|
142
|
581,2
|
5,3
|
30
|
Maboukou
|
57
|
249,1
|
2,3
|
Total
|
|
2460
|
10891,14
|
100,0
|
* Nbre d'individus = Nombre d'individus
47
Annexe 2 : Effectif et biomasse prélevés
Tableau 15: Répartition des effectifs et
de la biomasse totale par famille
Famille
|
Effectif
|
Biomasse
|
% Effectif
|
% Biomasse
|
Bovidae
|
1162
|
5885,45
|
47,2
|
54,0
|
Tragulidae
|
80
|
432,7
|
3,3
|
4,0
|
Suidae
|
121
|
2127,51
|
4,9
|
19,5
|
Canidae
|
1
|
5,5
|
0,0
|
0,1
|
Felidae
|
3
|
10,5
|
0,1
|
0,1
|
Herpestidae
|
8
|
17,1
|
0,3
|
0,2
|
Mustelidae
|
1
|
13,5
|
0,0
|
0,1
|
Viverridae
|
44
|
86,8
|
1,8
|
0,8
|
Cercopithecidae
|
280
|
713,89
|
11,4
|
6,6
|
Hystricidae
|
656
|
1380,37
|
26,7
|
12,7
|
Muroidea
|
24
|
31,09
|
1,0
|
0,3
|
Thryonomidae
|
5
|
18,6
|
0,2
|
0,2
|
Manidae
|
51
|
126,13
|
2,1
|
1,2
|
Orycteropidae
|
1
|
0
|
0,0
|
0,0
|
Reptiles
|
13
|
28
|
0,5
|
0,3
|
Oiseaux
|
10
|
13,5
|
0,4
|
0,1
|
Inconnu
|
1
|
0,4
|
0,0
|
0,0
|
Total
|
2461
|
10891,04
|
100,0
|
100,0
|
48
Tableau 16: Liste exhaustive des espèces
rencontrées dans la zone, reparties par Groupe, Ordre et Famille
Groupe
|
Ordre
|
Famille
|
Espèces
|
Nom français
|
Nom local
|
Effectif
|
Biomasse (Kg)
|
Mammifères
|
Artiodactyles
|
Bovidae
|
Cephalophus callipygus
|
Céphalophe de Peters
|
Moussouma / Ossomi
|
57
|
540.55
|
|
|
|
C.dorsalis
|
Céphalophe bai
|
Kissibi / Essibi
|
97
|
1042.8
|
C.leucogaster
|
Céphalophe à ventre blanc
|
Nguessé / Opessé
|
165
|
1244.3
|
C.monticola
|
Céphalophe bleu
|
Séti
|
754
|
2160.3
|
C.nigrifrons
|
Céphalophe à front noir
|
Ntsoua / Tsouomi
|
40
|
330
|
C.sylvicultor
|
Céphalophe à dos jaune
|
Ndzibi / Bemba
|
6
|
77.9
|
S.caffer nanus
|
Buffle nain de forêt
|
Mpaka
|
1
|
23.3
|
Tragelaphus scriptus
|
Guib harnaché
|
Nkabi / Okayi
|
1
|
11.5
|
T.spekei
|
Sitatunga
|
Mvouli
|
9
|
186
|
Sylvicapra grimmia
|
Céphalophe de Grimm
|
Ntsa
|
32
|
268.8
|
Tragulidae
|
Hyemoschus aquaticus
|
Chevrotain aquatique
|
Nkouo / Gnéli
|
80
|
432.7
|
Suidae
|
Potamochoerus porcus
|
Potamochère
|
Ngoya
|
121
|
2127.51
|
|
|
|
|
|
|
|
Carnivores
|
Canidae
|
Canis adustus (Sundevall, 1846)
|
Chacal à flancs rayés
|
Mboulou
|
1
|
5.5
|
|
Felidae
|
Felis serval
|
Serval
|
Leva
|
2
|
10.5
|
|
Panthera Pardus
|
Léopard
|
Ngo
|
1
|
|
Herpestidae
|
Atilax paludinosus
|
Mangouste des marais
|
Moubaki
|
8
|
17.1
|
|
Herpestes sp.
|
Mangouste à pattes noires
|
Moubaki
|
Mustelidae
|
Aonyx congica (Lönnberg, 1910)
|
Loutre à joues blanches
|
Bangui
|
1
|
13.5
|
Viverridae
|
Genetta servalina
|
Genette servaline
|
Ntsi / Toni
|
9
|
13.7
|
|
Nandinia binotata
|
Nandinie
|
Mbala
|
31
|
59.6
|
Civettictis civetta
|
Civette
|
Ndzobo
|
4
|
13.5
|
Inconnu
|
Inconnu
|
Inconnu
|
Likeyi / Likée
|
1
|
0.4
|
|
|
|
|
|
|
|
Primates
|
Cercopithecidae
|
Cercopithecus cephus (Linnaeus, 1758)
|
Moustac
|
Nkima
|
280
|
713.89
|
|
|
C.nictitans
|
Hocheur
|
Elobo
|
|
Miopithecus ogouensis (Schreber, 1774)
|
Talapoin du nord
|
Tsiengui / Lédzidzi
|
|
|
Pongidae
|
Pan troglodytes4
|
Chimpanzé
|
Kilinguingui
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Rongeurs
|
Hystricidae
|
Atherurus africanus
|
Athérure
|
Ngouma / Ngouoma
|
656
|
1380.37
|
|
Muroidea
|
Cricetomys gambianus
|
Rat de Gambie
|
Nkoumi / Nkolo
|
24
|
31.09
|
Thryonomidae
|
Thryonomys swinderianus
|
Aulacode
|
Ntsibili
|
5
|
18.6
|
|
|
|
|
|
|
|
Pholidotes
|
Manidae
|
Smutsia gigantea
|
Pangolin géant
|
Ngokaka
|
1
|
15.5
|
|
|
Phataginus tricuspis
|
Pangolin à écailles tricuspides
|
Likaka
|
50
|
110.63
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Mammifères
|
Tubulidentes
|
Orycteropidae
|
Orycteropus afer (Pallas,1966)
|
Orycterope
|
Ngoya ntsié
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Reptiles
|
Serpents
|
Boidae
|
Python sebae
|
Python
|
Mbomo
|
1
|
6.1
|
Sauriens
|
Varanidae
|
Varanus flavescens
|
Varan
|
Mbami / Lébami
|
2
|
7
|
|
|
Kinexys sp.
|
Tortue
|
Mfoulou / Kebongo
|
10
|
15
|
Oiseaux
|
|
|
Ceratogymna atrata
|
Calao à casque noir
|
Ngangouono
|
2
|
3.1
|
|
Bucerotidae
|
Tockus fasciatus
|
|
Mpama
|
1
|
0.6
|
|
|
Numida meleagris
|
Pintade
|
Ngouéle
|
7
|
9.8
|
49
4 Individu non comptabilisé dans les effectifs
totaux
50
Annexe 3 : Destination du produit de chasse
Tableau 17 : Destination des produits de la
chasse
|
|
Localité
|
Quantité (en Kg)
|
Pourcentage
|
Brazzaville
|
368,1
|
3,4
|
Gabon
|
14,7
|
0,1
|
Lékana
|
17,3
|
0,2
|
Non déclaré
|
22,1
|
0,2
|
Ndouo
|
3,2
|
0,0
|
Nkayi
|
231,9
|
2,1
|
Ogooué
|
1274,16
|
11,7
|
Pointe-noire
|
43,5
|
0,4
|
Sibiti
|
207,9
|
1,9
|
Zanaga
|
8708,28
|
80,0
|
Total
|
10891,14
|
100,0
|
51
Annexe 4 : Variation du poids et des prix moyens des
espèces
Tableau 18 : Poids et prix moyen par
espèce
Espèces
|
Etat
|
Indiv. Pesés
|
Poids (Kg)
|
P.M/indiv.(kg)
|
Indiv. vendus
|
P.Indiv. vdus(kg)
|
P. V. (f.cfa)
|
Prix/Indiv(f.cfa)
|
Prix /kg (f.cfa)
|
Cephalophus dorsalis
|
Frais
|
42
|
599,6
|
14,3
|
39
|
573,2
|
277500
|
7115
|
484
|
Fumé
|
52
|
443,2
|
8,5
|
42
|
364,4
|
247450
|
5892
|
679
|
Manis tricuspis
|
Frais
|
40
|
92,9
|
2,3
|
20
|
49,3
|
30950
|
1548
|
628
|
Fumé
|
9
|
17,7
|
2,0
|
4
|
5,2
|
5300
|
1325
|
1019
|
Nandinia binotata
|
Frais
|
25
|
51,8
|
2,1
|
12
|
19,9
|
13800
|
1150
|
693
|
Fumé
|
6
|
7,8
|
1,3
|
4
|
6,9
|
5300
|
1325
|
768
|
Kinexys spp.
|
Frais
|
10
|
15,0
|
1,5
|
3
|
5,5
|
1300
|
433
|
236
|
Fumé
|
0
|
0,0
|
0,0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Cephalophus callypigus
|
Frais
|
15
|
209,2
|
13,9
|
10
|
144,65
|
66500
|
6650
|
460
|
Fumé
|
41
|
331,4
|
8,1
|
34
|
281,5
|
222000
|
6529
|
789
|
Tragelaphus spekei
|
Frais
|
4
|
90,3
|
22,6
|
4
|
90,3
|
40500
|
10125
|
449
|
Fumé
|
5
|
95,7
|
19,1
|
5
|
85,3
|
43800
|
8760
|
513
|
Cephalophus silvicultor
|
Frais
|
0
|
0,0
|
0,0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Fumé
|
5
|
77,9
|
15,6
|
5
|
77,9
|
49200
|
9840
|
632
|
Civettictis civetta
|
Frais
|
3
|
12,3
|
4,1
|
2
|
8,8
|
9000
|
4500
|
1023
|
Fumé
|
1
|
1,2
|
1,2
|
1
|
1,2
|
1000
|
1000
|
833
|
Cephalophus leucogaster
|
Frais
|
54
|
596,9
|
11,1
|
49
|
524,4
|
271500
|
5541
|
518
|
Fumé
|
108
|
647,4
|
6,0
|
93
|
576
|
436950
|
4698
|
759
|
Atherurus africanus
|
Frais
|
281
|
809,6
|
2,9
|
232
|
690,5
|
455650
|
1964
|
660
|
Fumé
|
367
|
565,3
|
1,5
|
268
|
433,2
|
507050
|
1892
|
1170
|
Potamochoerus porcus
|
Frais
|
26
|
563,2
|
21,7
|
19
|
351,9
|
193950
|
10208
|
551
|
Fumé
|
92
|
1564,3
|
17,0
|
74
|
1265,6
|
866750
|
11713
|
685
|
Cercopithecus cephus
|
Frais
|
115
|
413,0
|
3,6
|
87
|
321,1
|
182250
|
2095
|
568
|
Fumé
|
159
|
300,9
|
1,9
|
109
|
214,7
|
195800
|
1796
|
912
|
Cricetomys gambianus
|
Frais
|
17
|
22,8
|
1,3
|
3
|
3,9
|
1350
|
450
|
346
|
Fumé
|
7
|
8,3
|
1,2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Hyemoschus aquaticus
|
Frais
|
28
|
206,7
|
7,4
|
25
|
188,5
|
106350
|
4254
|
564
|
Fumé
|
49
|
226,0
|
4,6
|
36
|
178,2
|
141550
|
3932
|
794
|
Sylvicapra grimmia
|
Frais
|
21
|
213,7
|
10,2
|
16
|
160,4
|
83500
|
5219
|
521
|
Fumé
|
10
|
55,1
|
5,5
|
10
|
50,7
|
46100
|
4610
|
909
|
52
Cephalophus nigrifrons
|
Frais
|
23
|
239,4
|
10,4
|
19
|
190,3
|
96500
|
5079
|
507
|
Fumé
|
16
|
90,6
|
5,7
|
11
|
70,6
|
61750
|
5614
|
875
|
Cephalophus monticola
|
Frais
|
366
|
1368,3
|
3,7
|
296
|
1137
|
640100
|
2163
|
563
|
Fumé
|
383
|
792,0
|
2,1
|
288
|
623,5
|
558550
|
1939
|
896
|
Indication
Ind. Pesés : Individus pesés
P.M./indiv. (en Kg) : Poids moyen par individu en Kg Indiv.
Vendus : Nombre d'individus vendus
P.Ind.vdus (kg) : Poids total des individus vendus P.V.(FCFA) :
Prix total de vente des individus en FCFA Prix/Indiv(f.cfa : Prix moyen par
individu en FCFA Prix /kg (f.cfa) : Prix moyen au kilo en FCFA
53
Annexe 5: Fiche de collecte de données
FICHE DE RECENSEMENT DE LA POPULATION DANS LES
VILLAGES
Nom village : Date :
Enquêteur : Fiche n° : Coordonnées GPS :
N E
N° ordre
|
No UR
|
No UF
|
Nom
|
Prénom
|
Ethnie / Pays origine
|
Lignage
|
Position dans la famille
|
Sexe
|
Situation maritale
|
Provenance
|
Raison arrivée
|
Date arrivée
|
Type Résidence
|
Age
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
54
Fiche de suivi d'entrée viande de brousse
village Ogooué
Village:
Date: fiche no:
Heure
début: Enquêteur:
Heure fin: Route ou axe
Espèce
|
Etat
|
Sexe
|
Poids
|
Age
|
Frais/fumé
|
Prix
|
Tech. Chasse
|
Moyen transp.
|
Zone d'abattage
|
Destination
|
Prof.propri.
|
Ethnie chas.
|
Utilisation
|
Observations
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
55
Annexe 6.
Questionnaires
1. Les modes d'accès aux zones de chasse
Qui a le droit de chasser?
Sous quelles conditions peut-on chasser dans une zone ?
Quels sont les droits d'accès aux zones de chasse ?
Qui gère les droits d'accès aux forêts
?
Quelles sont les sanctions en cas de litige ?
|
|