L'Extrême-Nord du Cameroun, située dans
une zone à écologie fragile, favorable aux catastrophes
naturelles et autres crises, est traité sous un prisme déformant
par les divers organes de presse qui y exercent. Les médias dans leur
rôle de relance sociale, contribuent à la gestion des
différentes crises qui jalonnent la vie des populations. Mais les
médias ont une vision étriquée du Nord-Cameroun :
notamment en ce qui concerne les famines, les épidémies et les
catastrophes naturelles. L'investissement médiatique est minimal. Le
traitement médiatique des différentes crises qui jalonnent la vie
des populations souffre d'un manque de professionnalisme. Les acteurs
médiatiques n'ont pas tous la qualification professionnelle requise. En
presse écrite, la plupart n'ont pas un niveau d'instruction suffisant
ou n'ont suivi aucune formation professionnelle requise. Chez les
décideurs ou des faiseurs de l'information, aucune organisation n'est
mise en place pour gérer la communication en temps de crise. Pourtant
selon des études (LIBAERT Thierry : 2003), la communication occupe
80% des moyens à mobiliser pour juguler les crises. Les structures
institutionnelles existent (délégation régionale de la
Communication) mais ne sont pas souvent mises à contribution pour une
gestion optimale des crises sur le plan médiatique. Conséquence,
les médias classiques contribuent trop peu à la prévention
et à la gestion des crises.
Par ailleurs, le manque d'investissement dans le
domaine de la presse ou la faible couverture de la Région par les
médias tant écrits qu'audiovisuels est de nature à plomber
les politiques de communication et mobilisation sociales qu'initient le
gouvernement et les partenaires au développement pour venir à
bout de certaines conjonctures. Cette situation est aggravée par
l'analphabétisme ambiant de la population.
Notre travail a ainsi pour ambition de relever le rôle
de la communication en général et des médias en
particulier dans la gestion des crises, notamment de l'épidémie
de choléra. A travers ce travail de recherche, nous tentons de relever
la difficulté à communiquer en situation de crise tant les
médias subissent la dictature du temps, avec l'enchevêtrement de
plusieurs temporalités, entre le temps de la gestion de la crise, le
temps de la communication vers les différents publics, le temps
politique et la tyrannie du temps médiatique. S'agissant tout
particulièrement de l'épidémie de cholera dont a
été victime la Région de l'Extrême-Nord en 2010, les
médias se sont beaucoup plus préoccupés de l'aspect
émotionnel de la crise. Les bilans macabres de l'épidémie
prenaient plus d'espace et de temps dans les éditions des journaux
radiodiffusés, télévisés et écrits. Tout
cela est lié à la confusion qui règne aujourd'hui sur le
statut des acteurs médiatiques. Dans cette étude, il s'agit donc,
non seulement de relever le rôle des médias dans la gestion d'une
épidémie de cholera, mais aussi d'interroger la trajectoire des
hommes des médias qui exercent dans la Région de
l'Extrême-Nord. Notre recherche entend en effet mettre en exergue deux
approches : la première est liée au processus de fabrication
de l'information par les acteurs de la communication. Notre tâche
consistera à ce niveau à analyser le profil de ceux qui sont
chargés de produire la ressource informationnelle. L'autre versant du
problème tient à l'accessibilité et à la
consommation de l'information par les populations du département du
Mayo-Tsanaga. Il s'agit enfin de compte de questionner les formes de
communication traditionnelle qu'utilisent les populations de cette zone pour
résoudre les crises.
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