Mais avant de nous lancer dans cette logique
démonstrative, nous allons dans la première partie de notre
travail définir le cadre conceptuel et théorique de notre sujet
avant de nous focaliser sur le cadre méthodologique prévu
à la deuxième partie.
Cette première partie de notre travail est
consacrée à l'analyse des principales théories relatives
au sujet d'étude. Le chapitre premier qui traitera du cadre
théorique passera en revue les théories qui mettent en relief les
conséquences des médias sur l'évolution de la
société. Il s'agit pour l'essentiel des théories qui font
ressortir les fonctions des médias ou de l'information. Nous
évoquerons ainsi les théories qui consistent à
apprécier l'influence du développement des médias sur
certains aspects de la vie sociopolitique. Sur un tout autre plan, il s'agira
de mettre un accent sur les analyses qui déterminent la manière
dont les individus reçoivent les médias et influencent leurs
évolutions.
La deuxième articulation de ce chapitre va
décliner le sens des concepts clés que nous avons
mobilisés pour clarifier notre recherche. Ces concepts recoupent
à la fois les variables indépendante et dépendante. La
terminologie utilisée ne s'éloignera pas des concepts
clés tels que les médias, la communication, la crise.
Le chapitre deuxième offrira un survol ainsi qu'une
évaluation critique d'un ensemble d'ouvrages et de travaux liés
à notre sujet de réflexion. Il s'agira de situer notre sujet par
rapport à des recherches antérieures et de fournir un
créneau unique pour notre recherche. Ainsi, ce chapitre nous aidera
à fournir de l'information de fond pour notre sujet en utilisant des
recherches antérieures, à évaluer l'étendue et la
profondeur de notre travail. En fin de compte, la revue de la
littérature servira à démontrer la pertinence de notre
réflexion en révélant des lacunes dans les travaux
existants et qui sont proches du nôtre.
Notre démarche dans ce chapitre consiste à
mobiliser quelques concepts qui ont un lien de dépendance avec notre
thème. Il s'agit des concepts clés qui s'articulent autour de la
communication, des médias, de la crise et des épidémies.
La deuxième articulation de ce chapitre déclinera les
théories que nous avons convoquées pour expliquer et situer notre
travail dans un champ scientifique.
1-1-ANALYSE DES CONCEPTS
1-1-1- COMMUNICATION
Le terme communication, du latin
communicare, veut dire communiquer ; c'est aussi établir une
relation avec quelque chose, une relation dynamique qui intervient dans le
fonctionnement, l'échange de signes, de messages entre un
émetteur et un récepteur.
D'après Francis BALLE, « communiquer
signifie faire connaître quelque chose, faire passer une information
d'une personne à une autre, être en relation avec, l'ensemble des
processus d'échanges signifiants entre le sujet émetteur et le
sujet récepteur des messages (verbaux ou non verbaux, gestuels,
etc...) » (BALLE, F : 1993). Ainsi, la communication est
inséparable de l'information comme l'atteste cette définition
:
Informer, c'est communiquer. Elle est à la
fois un moyen d'informer et de réduire l'incertitude. Toute
communication a un contenu cognitif, plus ou moins important, qui est
l'information. Cela implique qu' 'il n'y a pas d'information sans
communication. La communication est un processus dont l'information est le
contenu; l'une ne peut être comprise sans l'autre, l'étude de
l'une et de l'autre ne fait qu'un » (SUTTER E. :
1994).
Mais, à côté de bien d'autres
définitions proposées, ici et là, la communication,
écrit Y.R. Baticle: « Est la mise en commun
d'idées, des informations ou des connaissances entre deux ou plusieurs
personnes, entre deux ou plusieurs groupes humains » (Y-R.
BATICLE : 1973).
Le Toupicdictionnaire (le dictionnaire
politique) considère la communication comme l'action, le fait de
communiquer, d'établir une relation avec autrui, de transmettre quelque
chose à quelqu'un, l'ensemble des moyens et techniques permettant la
diffusion d'un message auprès d'une audience plus ou moins vaste et
hétérogène et l'action pour quelqu'un, une entreprise
d'informer et de promouvoir son activité auprès du public,
d'entretenir son image, par tout procédé médiatique.
Elle concerne aussi bien l'être humain (communication
interpersonnelle, groupale...) que l'animal et la plante (communication intra
ou inter- espèces) ou la machine (télécommunications,
nouvelles technologies...), ainsi que leurs hybrides : homme-animal;
hommes-technologies... C'est en fait, une science partagée par plusieurs
disciplines qui ne répond pas à une définition
unique. Et si tout le monde s'accorde pour la définir comme un
processus, les points de vue divergent lorsqu'il s'agit de qualifier
ce processus.
Un premier courant de pensée, regroupé
derrière les "Sciences de l'information et de la communication", propose
une approche de la communication centrée sur la transmission
d'informations. Il s'intéresse aussi bien à l'interaction
homme-machine qu'au processus psychique de la transmission de connaissances
(avec l'appui des sciences cognitives). L'un des plus
célèbres tenants ce courant
n'est autre que le philosophe,
éducateur et sociologue canadien Marshall McLuhan. Il est le
précurseur de la théorisation de la communication notamment celle
des médias.
Un second courant, porté par la psychosociologie,
s'intéresse essentiellement à la communication interpersonnelle.
La communication est alors considérée comme un système
complexe qui prend en compte tout ce qui se passe lorsque des individus entrent
en interaction et fait intervenir à la fois des processus cognitifs,
affectifs et inconscients. Dans cette optique, on considère que les
informations transmises sont toujours multiples, que la transmission
d'informations n'est qu'une partie du processus de communication et que
différents niveaux de sens circulent simultanément. Ce
courant a pris son origine d'une ville californienne : Palo Alto.
L'école de Palo Alto qui regroupera ses théoriciens est un
mouvement très dynamique composé d'anthropologues, de
psychologues, de thérapeutes portés sur la psychologie des
hommes impulsé par G. Bateson et le financement par la fondation
Rockefeller. Son étude repose sur « le paradoxe de
l'abstraction dans la communication ».
Sur le plan diplomatique, la communication constitue une
composante essentielle du commerce des relations internationales et de
l'exercice de la souveraineté d'un État. Lorsqu'un chef
d'État ou un représentant d'un gouvernement s'exprime lors d'une
réunion internationale, d'un sommet de la Terre, d'une conférence
internationale sur un sujet d'intérêt mondial (commerce
international, gestion de l'eau, santé, biodiversité), la
communication est essentielle sur le plan de la perception de
l'autorité.
1-1-1-1-Communication de masse/mass media
Selon l'Encyclopédie
Universalis, la communication de masse « est l'ensemble des
techniques contemporaines qui permettent à un acteur social de
s'adresser à un public extrêmement nombreux ». Les
principaux moyens de communication de masse ou
« mass media » sont la
presse, l'affiche, le cinéma, la radiodiffusion et la
télévision. Sous leur forme actuelle en tout cas, il s'agit de
techniques caractéristiques du XXe siècle et
nées dans la société industrielle avancée.
Cependant, il est frappant de constater que leur implantation tend,
aujourd'hui, à précéder l'industrialisation dans les pays
en voie de développement.
Dans un article paru dans l'Encyclopédie
Universalis, Olivier BURGELIN, maître assistant à
l'École des hautes études en sciences sociales de Paris,
révèle qu'à partir de 1930 environ, « la
communication de masse est apparue comme un problème
social ». Jusqu'alors, poursuit-il, « seul le
rôle de la presse écrite, essentiellement conçue comme un
moyen d'information, et principalement d'information politique, avait fortement
attiré l'attention ». Mais l'histoire des médias
nous édifie sur l'évolution des médias de masse. Au cours
des années trente, le cinéma parlant se développe ;
la radio, la presse quotidienne et les magazines adoptent de nouvelles
formules, fondées d'abord sur la recherche d'un contact aussi direct que
possible avec la masse du public ; en même temps, on travaille
à la mise au point de la télévision. D'où un
très vif intérêt pour les mass media, et surtout pour leur
éventuelle efficacité dans des domaines tels que la propagande
politique, la publicité, ou même l'éducation. D'où
également, en particulier dans les milieux intellectuels, une vive
crainte de l'emprise qu'ils pourraient avoir sur la population et de ses
conséquences sociales et culturelles. Ces espoirs et ces
inquiétudes vont alimenter une forte demande sociale en matière
de recherche sur les effets de la communication de masse. Aux États-Unis
en particulier, de nombreuses enquêtes sont organisées et, jusque
vers 1960, la recherche en ce domaine va constituer l'un des secteurs les plus
actifs des sciences sociales. Elle éprouvera
cependant quelque difficulté à se dégager de la
manière dont les problèmes ont été posés par
l'opinion publique. Difficulté dont témoigne
l'ambiguïté du terme même de « masse »,
employé tantôt dans un sens normatif (le public en tant qu'il est
jugé irresponsable ou inculte, ou le public en tant qu'il est
trompé et « manipulé »), tantôt dans un
sens simplement quantitatif (le public en tant qu'il est très nombreux).
Les sciences sociales s'efforceront pourtant de ne retenir que la seconde de
ces acceptions. (WETE Francis : cours d'Histoire des médias,
1ère année ESSTIC, 1994).
Selon Harold Lasswell, le champ de la
communication peut être défini par les cinq termes de la
question : « Qui dit/fait, quoi, par quel canal, à qui,
avec quels effets ? » Les études en matière de
communication comporteront donc cinq secteurs : émetteurs, contenu,
medium, audience, effets. Ainsi, le couple behavioriste stimulus-réponse
(quoi, avec quels effets) est situé dans le jeu des rapports sociaux
(qui, à qui). (LASSWELL H. : 1948). L'évolution de la
recherche et des idées a fortement déplacé chacun des
termes du schéma dans l'application qui a pu en être faite aux
communications de masse. La sociologie américaine des mass media a
implicitement remis en cause la notion d'effet en resituant l'action des mass
media au sein d'un ensemble de facteurs très divers. D'autre part, s'est
dessinée, surtout en Europe, une forte tendance à mettre en avant
la dimension culturelle de la communication de masse (cf. sociologie de
masse Culture de masse). Au fur et à mesure que
l'étude des communications de masse a dépassé le champ de
l'information, pour atteindre en particulier celui de la fiction, les analystes
ont été amenés à relier l'étude de la
communication de masse à des données d'ordre psychologique,
psychanalytique ou anthropologique.
Toutefois, depuis les années soixante-dix, il
apparaît que l'étude des communications de masse tend à
perdre sa spécificité et à se réorganiser dans un
autre ensemble comprenant les diverses techniques de
télécommunication, les nouveaux médias audio-visuels et
les problèmes que pose leur insertion socio-culturelle, actuelle ou
potentielle.
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