INTRODUCTION GENERALE
I. PROBLEMATIQUE
Les inefficacités conséquentes de la guerre que
traverse la ville de Bukavu il ya une décennie, renforce la
misère de la population. Cette situation par conséquent
éveille la conscience et l'esprit d'auto prise en charge de la
population pour sauvegarder leur bien être collectif. D'une
manière générale, ce sont les banques et d'autres
institutions financières qui constituent les sources des financements
des activités économiques, le plus en vigueur dans un pays,
malheureusement en RDC en général et particulièrement dans
la ville de Bukavu, les institutions ne remplissent plus correctement leur
mission étant donné qu'elles sont devenues presque quasi-
inexistantes quant à ce qui est de leur fonctionnement. (Bahati, 2002-
2003).
L'instabilité monétaire et le manque de
confiance auprès des institutions financières formelles ont
particulièrement poussé la population de Bukavu à adopter
l'esprit de la débrouillardise surtout sur le plan financier. A cela
s'ajoute la difficulté qu'éprouve cette population de pouvoir
répondre aux différentes conditions imposées par les
institutions formelles notamment : avoir un compte dans cette institution
où on sollicite le crédit, présenter une garantie
matérielle (immeuble, meuble) ; présenter quelque document
administratif (carte de lecteur, contrat de travail,....) ; le taux
d'intérêt (Mushi M. 2002). Le faible revenu de la population ne
permet pas à cette dernière d'épargner ou de solliciter un
crédit dans les institutions formelles.
Eu égard à ce qui précède, il a
été constaté à Bukavu des pratiques informelles de
l'épargne et de crédit pour financer les activités
économiques dont certaines proviennent de la solidarité
vécue au sein des groupes sociaux, des mutualités, des
associations etc. Il s'agit dans ce cas précis des systèmes
tontiniers ; ces derniers sont constitués d'associations de
personnes qui se réunissent régulièrement et versent
chacune ses cotisations dont le montant global est remis à tour de
rôle à chaque membre suivant un intervalle des temps initialement
convenu.
A l'instar d'autres pays Africains comme le Bénin, le
Congo Brazza, le Burkinafaso, le Sénégal, le Nigéria,
où les systèmes tontiniers existent, ces derniers existent aussi
en RD Congo et plus particulièrement dans la ville de Bukavu.
Malheureusement il n'est pas facile de les répertorier tous,
étant donné qu'ils existent sous une forme officieuse et ne sont
pas très bien structurés. (MAYOUKOU C.)
En effet, les tontiniers opèrent d'une manière
secrète et ne veulent jamais rendre publique leurs activités, par
ailleurs, ils effectuent des opérations financières en marge de
toute forme de réglementation de manière que leurs
activités financières forment un bloc à part par rapport
aux institutions financières formelles.
Les vendeurs de sticks au marché Muhanzi ne sont pas
aussi épargnés de cette pratique étant donné que
ces derniers sont de personnes à faible revenu, et cette activité
étant considérée comme une activité de survie pour
leur ménage.
En fin, ces systèmes sont faits des pratiques
régies par des initiatives tellement originales, qu'il importe de les
analyser et de les étudier sous des aspects socio-
économiques.
Tout au long de notre recherche nous allons nous borner sur
deux questions à savoir :
- Comment l'épargne et le crédit informels sont
mobilisés ?
- Comment sont-ils affectés et quel est leur
impact sur les activités économiques et la vie sociale?
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