Master Affaires internationales
Devoir préparé par l'étudiant ALIA
YASSINE
Introduction :
Lorsque, le 16 janvier 1979, il quitte son palais, Mohammad
Réda Pahlavi sait, il le dira plus tard, que ce départ est sans
retour.
A l'aéroport international de Téhéran,
malgré son port altier et sa grande dignité qui frappe tous les
présents, il ne peut s'empêcher d'avoir les larmes aux yeux,
lorsque ses fidèles généraux lui font des adieux
émouvants, le suppliant une dernière fois de ne pas abandonner le
pays et l'armée. (1)
Depuis cette date l'Iran connaissait la montée de la
république islamique. Ce passage révolutionnaire particulier fit
monter l'idéologie islamique au sommet du pouvoir. Le régime du
dernier chah, fidèle allié de l'occident est substitué par
un régime des Ayatouallah. C'est le déclenchement du conflit
entre l'Iran de Khomeiny et l'occident. La confrontation renait plusieurs
formes, mais la guerre contre l'Iran se faisait par agencement des
alliés de l'occident.
En matière des relations extérieures l'Iran
était toujours en position de défense contre les menaces
occidentales. Ces menaces seront plus intenses depuis les
événements du 11 septembre 2001, et la résistance
iranienne est de plus en plus confirmée et solide. L'axe principal du
conflit actuel est le dossier nucléaire iranien. Les puissances
occidentales accusent l'Iran de mener un programme pour se doter de la bombe
atomique, alors que l'Iran accuse l'occident de lui interdire l'accès
à la technologie nucléaire civile. Les iraniens insistent sur
leur engagement à l'application du traité de la
non-prolifération des armes de destruction massive.
Cette situation conflictuelle crée un climat
d'incertitude pour la paix de cette sensible région ; la paix
mondiale est remise en cause, et le monde se voit prés d'une
troisième guerre mondiale. De ce fait, quel est le meilleur sort pour
cette crise ?
Pour traiter cette problématique, on va adopter le plan
suivant :
I/ l'Iran et l'occident, de l'alliance à la
confrontation :
1- L'Iran avant la révolution de 1979
2- L'Iran des mollahs
II/LE CONFLIT IRANO-OCCIDENTAL, QUEL ISSUE ? POUR QUEL
PRIX ?
1-la stratégie militaire, comment et à quel
prix ?
2- la voie diplomatique : une solution
négociée
Conclusion :
I/ l'Iran et l'occident, de l'alliance à la
confrontation :
Les relations entre l'Iran et l'occident de l'après
deuxième guerre mondiale se sont marquées par deux phases ;
la première phase de coopération économique, politique et
militaire, la deuxième phase de conflit, de rupture et de
confrontation.
1- L'Iran avant la révolution de 1979 :
Depuis les années 1940, il y avait un rapprochement
entre les Etats Unis d'Amérique et l'Iran. Le shah Mohammad Réda
Pahlavi s'est placé dans les rangs occidentaux face aux menaces
soviétiques pour la souveraineté des territoires iraniennes. Les
convoitises rouges ; représentées par les proclamations de
la république autonome de l'Azerbaïdjan et la république du
Kurdistan ; ont abouti sur l'échec. La deuxième crise de
l'occident en Iran était l'essai du premier ministre Mossadegh
élu en 1953 de nationaliser l'industrie pétrolière
iranienne. Les Etats Unis et la Grande Bretagne se sont intervenus par un coup
d'état (opération Ajax) ouvrant la voie à l'instauration
d'une dictature du shah Mohammad Réda. L'Iran devint ainsi le premier
représentant des puissances occidentales sur la zone productrice du
pétrole. Le shah réalisait de bons exploits économiques
aux années 60, mais les libertés étaient sous son
contrôle. Un régime totalitaire allant jusqu'au bout dans le
processus de l'occidentalisation de l'Iran. La révolution blanche du
shah faisait objet d'une féroce opposition de la couche moyenne, et
c'est la révolution d'Ayat Allah Khomeiny qui reprend le pouvoir en
1979. L'occident perd son principal allié, et un défenseur de
l'existence d'Israël dans la région. L'Iran et Israël
développèrent néanmoins des liens étroits en
matière militaire durant la période du shah, mais la
révolution rampera avec tous ces engagements. Une nouvelle page
s'ouvrira dans les relations irano-occidentales.
2- L'Iran des mollahs :
Après l'instauration du régime islamique, l'Iran
passera pour le premier ennemi de l'occident. Le soutien apporté par
les occidentaux au shah a intensifié les relations avec le nouveau
régime. La première crise déclenchée était
celle des 52 otages dans le siège de l'ambassade américain
à Téhéran envahi par les étudiants iraniens. Leur
libération nécessitait 444 jours, et les Etats Unis fermeront
toute représentation diplomatique en Iran. Les relations sont
interrompues entre les deux pays. Les services secrets de l'administration
américaine sont passés à l'action. L'Irak déclare
la guerre contre l'Iran. La guerre était fatale pour les deux pays, mais
le régime des mollahs est sorti plus fort à l'issu de cette
épreuve en 1989.
La politique étrangère iranienne adoptait une
ligne révolutionnaire, tiers-mondiste, antisioniste et
antiaméricaine. Les iraniens ont bénéficié d'un
soutien soviétique durant la période de la première guerre
du Golf.
Les donnes vont changer, l'ancien allié de l'occident
se reconvertit en véritable menace. Le président irakien Saddam
Hussein envahit le Koweït en aout 1990 et une coalition mondiale s'est
formée pour mener la deuxième guerre du golf. Le régime
iranien envoya de bons signes à l'occident en prenant une position
neutre. L'ennemi de l'occident se déplaça de
Téhéran à Bagdad. Les orientations occidentales se
focalisaient sur l'Irak et son programme d'armement. Un embargo total perdura
de 1990 à 2004, et il ne sera levé qu'après l'invasion des
troupes américaines du pays et la chute du régime baathiste.
L'Iran adoucit son discours vers l'occident après la
montée de Mohammad Khatami en 1997 au pouvoir. La compagne de
restauration de confiance avec l'extérieur se faisait tout en gardant
les mêmes constants, à savoir pas de relations avec Israël,
pas de subordination aux américains, et priorité de la
coopération avec l'union européenne. Le régime iranien
continua son soutien à son allié Hezbolah au sud du Liban et aux
mouvements de résistance islamiques en Palestine (Hamas et Aljihade).
Les américains et les israéliens ont
soupçonné Téhéran pour son programme
nucléaire depuis les années 90. Voici une petite chronique de ses
accusations entre 1993 et 2000 :
« 24 février 1993 : le directeur de la CIA
James Woolsey affirme que l'Iran était à huit ou dix ans
d'être capable de produire sa propre bombe nucléaire, mais qu'avec
une aide de l'extérieur, elle pourrait devenir une puissance
nucléaire plus tôt. »
« Janvier 1995 : le directeur de l'agence
américaine pour le contrôle des armements et le désarmement
John Holum témoigne que l'Iran pourrait avoir la bombe en
2003. »
« 5 janvier 1995 : le secrétaire à la
défense William Perry affirme que l'Iran pourrait être à
moins de cinq ans de construire une bombe nucléaire, bien que "la
rapidité... dépendra comment ils travaillent pour
l'acquérir" (`how soon...depends how they go about getting
it.') »
« 29 avril 1996 : le premier ministre
israélien Shimon Peres affirme qu'"il croit que d'ici quatre ans, ils
(l'Iran) pourraient avoir des armes nucléaires". »
« 21 octobre 1998 : le général
Anthony Zinni, chef de l'US Central Comand affirme que l'Iran pourrait avoir la
capacité d'envoyer des bombe nucléaires d'ici cinq ans. "Si
j'étais un parieur, je dirais qu'ils seront opérationnels d'ici
cinq ans, qu'ils auront les capacités."
« 17 janvier 2000 : Une nouvelle évaluation
de la CIA sur les capacités nucléaires de l'Iran affirme que la
CIA n'exclut pas la possibilité que l'Iran possède
déjà des armes nucléaires. L'évaluation se fonde
sur la reconnaissance par la CIA qu'elle n'est pas capable de suivre avec
précision les activités nucléaires de l'Iran et ne peut
donc exclure la possibilité que l'Iran ait l'arme
nucléaire. »(2)
Les événements du 11 septembre 2001 serviraient
de prétexte pour intensifier les menaces américaines et
israéliennes contre l'Iran. Pour G W BUSH le monde est divisé en
deux blocs, les pro-occidentaux et les pro-terroristes. L'Iran se positionna
dans l'axe du mal et les occidentaux le prennent pour le foyer du radicalisme
islamique.
Les conséquences de ces événements
étaient bouleversantes. Les Etats Unis envahissaient l'Afghanistan pour
éradiquer les Talibans, et intervenaient en Irak pour faire chuter le
régime de Saddam affaibli par une quatorzaine d'années de
sanctions. L'invasion de ces deux pays voisins de l'Iran le mettra sur l'agenda
comme prochain cible de l'intervention occidental dans les pays hors
contrôle. Le dossier nucléaire investi depuis la direction de
George Bush le père devenait la première priorité de la
direction de George Bush le fils. Cette période est marquée par
une montée des radicaux de la droite ; G.W.Bush aux Etats-Unis,
Tony Blier en Grande Bretagne, José Maria Atehnar en Espagne, Nicolas
Sarkozy en France, Silvio Berlusconi en Italie...De plus les experts de
l'agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) avançaient
dans leurs rapports que les autorités iraniennes ne sont pas en
conformité avec les dispositions du traité de la
non-prolifération des armes nucléaires déjà
ratifié par l'Iran.
La reposte iranienne à cette vague du radicalisme
occidentale se faisait sur la même onde. Le président iranien est
un extrémiste islamique de la révolution. Ahmadi Nejad optait
pour la poursuite du programme remis en question par l'occident. Les radicaux
iraniens affirment l'aspect civil de la technologie nucléaire dont
dispose Téhéran, mais les experts en la matière confirment
que l'Iran avait atteint le pont du non-retour dans son programme militaire.
Malgré toutes les sanctions unilatérales appliquées par
les pays occidentaux ou celles infligées par le conseil de
sécurité, l'Iran se voit confirmé à maitriser la
technologie énergétique nucléaire et continue à
enrichir son uranium. L'économie affiche des signes d'une certaine
autonomie.
Le régime islamique a été remis en cause
suite aux présidentielles de réélection du
président Ahmadi Nejad en juin 2009, mais les conservateurs se sont
illustrés aux législatives du 5 mars 2012 avec 205 sièges
et 19 pour les réformateurs alors que 67 feront objet d'un
deuxième tour. Le principal enjeu était le taux de participation
dans des élections boycottés par les principales formations de
l'opposition. Plus de trente millions d'Iraniens - sur 48 millions
d'électeurs -, selon les autorités, ont participé à
ces législatives.
Dans ce climat de conflit, la solution de cette crise
paraissait très difficile et nécessite des concessions de part et
d'autre.
II/LE CONFLIT IRANO-OCCIDENTAL, QUEL ISSUE ? POUR
QUEL PRIX ?
La crise entre l'Iran et l'occident est l'une des plus
abstrus problèmes sur la scène internationale. Les instances
internationales et les médiateurs sont devant une impasse pour retrouver
une résolution acceptable par les deux cotés. Deux courants
s'alternent le rôle, ceux qui adoptent la solution militaire et ceux qui
parlent de la possibilité d'une solution négociée.
1-la stratégie militaire, comment et à
quel prix ?
Israël est le pays le plus enthousiasmé pour la
solution militaire. A maintes reprises les responsables israéliens
exprimaient la volonté de l'Etat hébreux d'intervenir pour
détruire les capacités nucléaires iraniennes. Comment
Tel-Aviv peut réaliser cet objectif ?
Israël se place à 1600 km de l'Iran. En adoptant
la doctrine de Menahem Begin, Israël doit interdire à toute autre
puissance de se doter de la force nucléaire sur la région du
moyen orient. Cette doctrine a été appliquée à la
lettre contre l'Irak en juin 1981 (centre Osirak) et contre la Syrie en
septembre 2007 (centre Deirazour). Les services secrets israéliens
confirment la capacité de Téhéran à faire monter sa
bombe atomique en 2012, alors que leurs homologues américains parlent de
2013 ou 2014.
Les cibles d'Israël seront les centres nucléaires
iraniens. L'aviation israélienne peut utiliser ces trois trajets :
Jordanie-Irak, Jordanie-Arabie Saoudite-Irak et Syrie-Turquie-Irak. Les deux
premiers causeront des crises diplomatiques avec la Jordanie à cause du
traité de Wadi Araba, le troisième est le plus long mais sans
problèmes diplomatique. Les israéliens auront besoin de brouiller
les radars des pays survolés par leur aviation, l'armée
possède déjà un système testé en 2007 contre
la Syrie en plus des avions Gulf Stream 550 bouillante. L'opération
nécessite aussi l'engagement de 100 avions F15 et F16 en outre des
avions de ravitaillement.
La capacité défensive iranienne est à
prendre en considération. L'Iran dispose des anti-avions Rappier russes,
Stringer américains et Crotales français, en plus de 150 avions
moins performants mais capable d'intercepter l'attaque israélienne. Avec
ces données, le sol iranien est difficilement pénétrable,
et l'aventure pourrait couter 30 à 40% des pertes pour Israël.
La deuxième possibilité est l'usage des
missiles. Israël peut se servir des missiles JERRICO3 testés en
2008, mais vu la distance, l'atteinte des cibles risquera de faire
défaut. La solution des missiles est écartée. Les centres
nucléaires iraniens sont dispersés sur le sol iranien, ce qui
rend impossible de viser leur destruction en un seul coup. Ainsi les iraniens
ont déjà prévu ce scénario et construit leurs
centres sur des profondeurs allant à 30 mètres et avec du
béton armé.
Les conséquences de l'attaque seront latentes sur tout
le moyen orient. La radioactivité causera la mort instantanée des
milliers de personnes et la contamination des centaines de milliers d'autres en
Iran et aux pays voisins dans les années à venir. La reposte
iranienne sera immédiate et d'un esprit revanchard. Les missiles CHIHAB3
peuvent atteindre facilement Israël. Hezbolah repostera à son tour
en engageant son stock de 40.000 requêtes constitué depuis la
guerre de juillet 2006. Le commandement de l'armée israélienne a
avoué son incapacité à intercepter les requêtes de
la résistance libanaise. Les kamikazes cibleront les
représentations israéliennes par tout au monde. L'Iran se verra
dans la légitimité de réaliser sa menace pour le blocage
du détroit d'Hormuz, par lequel passe 40% de la production
pétrolière mondiale. C'est ainsi que le président
américain accuse l'Iran de provoquer la flambée des prix de
pétrole par ses menaces à la stabilité dans le golf. Le
lendemain d'une attaque contre l'Iran, le monde doit se préparer
à acheter le baril à un prix de 500 à 600 dollars.
L'option risque d'être fatale pour toutes les parties.
Les experts craignent le déclenchement d'une guerre nucléaire
destructive. Tous les sages du monde se précipitent pour résoudre
la crise et éviter la catastrophe. Alors comment faire ?
2- la voie diplomatique : une solution
négociée
Les pourparlers entre l'Iran et l'occident se sont
organisés depuis le déclenchement du problème. Les
négociations avec les six puissances mondiales ; à savoir
les Etats-Unis, la Grande Bretagne, la France, l'Allemagne, la Russie et la
Chine ; ont été interrompues depuis un an, mais l'Iran a
lancé un nouvel appel au dialogue. Les autorités iraniennes
avaient déjà annoncé que le dossier nucléaire a
été clos, alors que ce retour peut être expliqué par
la volonté de gagner plus de temps et mettre l'occident devant le
programme achevé. Les occidentaux voyaient dans le pas iranien un
début pour imposer au moins le gel du programme de l'enrichissement de
l'uranium iranien. De l'autre coté, c'est une nouvelle chance pour les
iraniens pour lever les sanctions surtout après l'entrée en
vigueur des sanctions pétrolières en février dernier.
L'occident doit reconnaître que le progrès
réalisé en matière de la technologie atomique par l'Iran a
atteint un point de non stop. L'usage de la force sera destructif pour le globe
sur le plan économique et environnemental, ainsi que les pertes
humaines des deux cotés (plus de 150.000 soldats américains se
placent dans la région).
La sécurité d'Israël et des alliés
producteurs du pétrole peut être garantie par un équilibre
de la terreur déjà pratiqué en période de guerre
froide. La situation sera similaire à celle du sous continent indien et
de l'ile coréenne. Les iraniens doivent de leur coté appliquer de
bonne foie le traité de la non prolifération.
Le régime iranien se voit dans une position de reculade
pour affronter l'opinion publique intérieure. Les exploits scientifiques
annoncée ne peuvent assurer une immunité du pays du mouvement de
revendications populaires dans les pays de la MENA. De même les
occidentaux optent pour l'apaisement dans une année de crise
économique et des élections présidentielles en France et
aux Etats-Unis d'Amérique.
Les négociations prévues pour ce printemps
seront une occasion pour une implication de la chine au vif de la crise pour
que le problème soit d'une ampleur internationale, et non pas un conflit
d'origine civilisationnel qu'on peut l'expliquer par la théorie du choc
des civilisations de Samuel Huntington. La chine peut se déclarer comme
le nouveau garant de la paix mondiale surtout après son rôle dans
la crise syrienne.
Conclusion :
Le conflit irano-occidental reste un examen très
difficile pour la société internationale. Pour garantir une
doctrine d'un seul pays (Israël) qui ne respecte pas le droit
international, et qui se voit en dehors du contrôle de l'agence
internationale de l'énergie atomique AIEA, ses alliés mettent en
cause la sécurité mondiale. De l'autre face du problème,
l'usage pacifique et civil de l'énergie atomique est un droit
incontestable pour tous les pays, mais reste à préciser que la
MENA est une zone turbulente depuis l'aube de l'Histoire humaine et
nécessite une abstraction de toute arme de destruction massive.
Espérons que la voix de la sagesse le remportera cette fois pour
éviter la catastrophe.
Bibliographie :
(1) HOUCHANG Nahavad ; Iran : le choc des ambitions,
Editions Aquilon, Londres 2005- page :599
(2) DJERRAD Amar, L'Occident et le « nucléaire
iranien » : Entre la crainte, la menace et les sanctions
fécondes,
www.legrandsoir.info
Iran et l'occident arte plus 7
Natalie Nougayrède, Vers des pourparlers entre
l'Iran et les Occidentaux ; www.lemonde.fr
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