3.3.2 Evaluation de
l'efficacité du système de commercialisation des noix de cajou
dans les communes de Bantè et Savalou
L'une des approches de l'efficacité des marchés
agricoles est l'analyse des marges de commercialisation (Shepherd, 1994). A
l'intérieur de cette approche, il existe plusieurs
procédés dont notamment l'examen de la marge elle-même pour
voir comment elle se comporte par rapport aux différents agents, aux
coûts de transport depuis les producteurs jusqu'aux destinataires.
Le second procédé est celui de la part au
producteur dans le prix payé par le destinataire final. Au niveau de ce
procédé, plus la part au producteur est élevée,
plus les marges de commercialisation sont faibles et partant, le système
est efficace.
Bien que ce deuxième postulat soit souvent
utilisé, nous avançons avec Shepherd (1994) qu'en règle
générale, plus la chaîne de commercialisation est complexe
et longue, plus les coûts de commercialisation sont élevés.
De plus, d'après le même auteur, les marges sont souvent mal
interprétées, même lorsqu'elles sont correctement
calculées. Lorsqu'elle est présentée en pourcentage du
prix de vente final la part de tel ou tel intermédiaire, la marge peut
donner une impression éminemment trompeuse si l'on ne connaît pas
les coûts que cela implique. Et souvent, les gens qui font des recherches
sur les coûts et les marges de commercialisation partent de
l'hypothèse que les négociants exploitent les agriculteurs. Or,
il est tout à fait possible d'obtenir de telles marges avec des
coûts raisonnables et des bénéfices nets très
modestes pour les intermédiaires concernés. C'est pourquoi une
simple comparaison des prix payés aux agriculteurs avec les prix de
vente au consommateur final ne permet pas de juger de l'efficacité du
processus de commercialisation dans la mesure où elle ne tient pas
compte des coûts impliqués par le déplacement du produit le
long de la chaîne de commercialisation, qui va de l'agriculteur au
consommateur.
Nous allons donc faire recours à la première
méthode pour l'étude de l'efficacité. Dans un premier
temps, nous allons étudier les coûts de commercialisation, ensuite
nous analyserons les marges de commercialisation et enfin conclurons du
degré d'efficacité du système de commercialisation.
3.3.2.1
Analyse des coûts de commercialisation
Nous définissons par coûts de commercialisation,
l'ensemble constitué par les coûts de préparation et de
conditionnement des produits, les coûts de manutention, les coûts
de transport, les pertes, les coûts d'investissement, les commissions,
les redevances et paiements officieux etc.
L'analyse des coûts liés à la
commercialisation a été faite entre les collecteurs, les
courtiers collecteurs, les semi-grossistes et les grossistes, grâce
à une comparaison des moyennes. Le tableau 19 présente les
résultats de l'analyse de variance.
Tableau 19: Analyse de variance des
coûts de commercialisation des diverses catégories d'acteurs.
Sources de variation
|
Somme des carrés
|
ddl
|
Carrés moyens
|
F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
1347,668
|
3
|
449,223
|
5,570
|
0,003**
|
Intra-groupes
|
2661,692
|
33
|
80,657
|
|
|
Total
|
4009,361
|
36
|
|
|
|
** différence hautement
significative
Source: Nos enquêtes, 2004.
L'analyse du tableau 19 montre qu'il existe une grande
différence entre les coûts supportés par les diverses
catégories du système de commercialisation. L'analyse de la plus
petite différence significative est consignée dans le tableau
20.
Tableau 20 : Résultats
d'analyse de la plus petite différence significative des coûts de
commercialisation
Catégorie 1
|
Catégorie 2
|
Différence de moyenne (1-2)
|
Erreur standard
|
Signification
|
Collecteurs
|
Courtiers collecteurs
|
-8,92639
|
3,347000
|
0,012
|
Semi-grossistes
|
-13,44722
|
4,540092
|
0,006
|
Grossistes
|
-18,69722
|
6,694000
|
0,009
|
Courtiers collecteurs
|
Semi-grossistes
|
-4,52083
|
4,780472
|
0,351
|
Grossistes
|
-9,77083
|
6,859309
|
0,164
|
Semi-grossistes
|
Grossistes
|
-5,25000
|
7,513996
|
0,490
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
L'analyse du tableau 20 montre qu'il y a une différence
significative entre les coûts supportés par les collecteurs et
toutes les autres catégories d'acteurs prix individuellement alors que
les moyennes des coûts supportés par les courtiers, les
semi-grossistes et les grossistes ne sont pas significativement
différentes.
Les différents coûts supportés par chaque
catégorie d'acteur sont résumés dans les tableaux 21, 22,
23 et 24.
Tableau 21 : Coûts de
commercialisation des collecteurs
|
Transport
|
Emballage
|
Commissions
|
Taxes
|
Total
|
Coût moyen (F/kg)
|
0,64
|
0,01
|
1,27
|
0,05
|
1,975
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
Tableau 22 :
Coûts de commercialisation des courtiers collecteurs
|
Commissions
|
Déplacements personnels
|
Total
|
Coût moyen (F/kg)
|
9,625
|
0,293
|
9,918
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
Tableau 23: Coûts de
commercialisation des semi-grossistes
|
Transport
|
Emballage
|
Commissions
|
Main d'oeuvre
|
Taxes
|
Autres
|
Total
|
Coût moyen (F/kg)
|
3,45
|
0,02
|
10
|
0,85
|
0,2
|
0,05
|
14,57
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
Tableau 24 : Coûts de
commercialisation des grossistes
|
Transport
|
Emballage
|
Commissions
|
Main d'oeuvre
|
Taxes et douanes
|
Autres
|
Total
|
Coût moyen (F/kg)
|
11
|
0,21
|
25
|
3
|
0,28
|
1,5
|
40,99
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
Les collecteurs supportent les plus bas coûts (en
moyenne 2F par kg) alors que les grossistes supportent les coûts les plus
élevés (en moyenne 41F par kg).
Les frais supportés par les collecteurs et les
courtiers collecteurs sont essentiellement les frais de rapprochement et les
frais des commissions. Et le plus souvent, lorsque les quantités de noix
achetées ne sont pas importantes, les collecteurs assurent le
rapprochement à pied.
Les grossistes et semi-grossistes quant à eux
supportent non seulement les frais de rapprochement entre les villages et les
frais d'entreposage, mais aussi les frais du transport des noix des zones de
collecte primaire vers les centres d'exportation ou de transformation, les
frais de chargement et de déchargement, la main d'oeuvre, les diverses
taxes et les faux frais.
|