3.3 PERFORMANCE DU SYSTEME DE
COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU DANS LES COMMUNES DE BANTE ET SAVALOU
3.3.1 Structure des prix
3.3.1.1 Evolution spatiale et
temporelle des prix
Dans l'économie actuelle du marché des noix de
cajou, l'Etat intervient dans la fixation du prix plancher, prix en dessous
duquel aucune transaction ne devait être acceptée.
Toutefois, les variations des prix réels d'achat au
producteur sont dues non seulement aux variations du marché mondial
(Pompidou et Gockowski, 2004), mais aussi au rythme de demande des noix par les
exportateurs. La demande de ces derniers est elle-même
déterminée par la demande des usines de transformation en Inde et
au Pakistan (Singbo et al., 2004).
Ainsi, lorsqu'un exportateur se trouve dans le besoin de
livrer des noix dans un délai très court, il augmente
sensiblement le prix d'achat au producteur. Avant que d'autres exportateurs
réagissent et ajustent leur prix par rapport au prix alors en vigueur,
l'exportateur en question aura déjà rassemblé la
quasi-totalité de sa demande.
Les grossistes, mandataires des exportateurs, agissent
également sur les variations du prix au producteur. Il s'en suit une
stabilisation du prix pendant un bon moment avant d'autres variations. Le
tableau 17 présente la structure spatiale des prix au producteur pendant
la campagne 2003-2004.
Tableau 17 : Structure spatiale
des prix au producteur en 2003 - 2004
Communes
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Arrondissements
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Nov-Déc 2003
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Janv-Fév 2004
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Mars-Mai 2004
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Attakè
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150-200
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200-250
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Savalou
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Ouèssè
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150-200
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200-275
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Tchetti
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75-125
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125-200
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200-250
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Koko
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150-200
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200-275
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Bantè
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Akpassi
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150-200
|
200-350
|
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Agoua
|
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150-200
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200-275
|
Source : Nos enquêtes, 2004
L'analyse du tableau 17 montre que pour les deux communes les
variations des prix au producteur sont sensiblement identiques pour une
même période donnée. Ceci peut s'expliquer d'une part par
le fait que ce sont les mêmes grossistes qui interviennent dans toutes
ces zones de collecte primaire. D'autre part, la mobilité des acheteurs
(courtiers collecteurs principalement) et la concurrence entre divers
réseaux d'acteurs fait que le changement de prix dans une
localité se répercute rapidement sur les autres localités.
Les petites différences observées en fin de campagne à
Ouèssè dans la commune de Savalou et à Akpassi dans la
commune de Bantè sont dues à quelques particuliers qui attendent
presque totalement la fin de la campagne pour livrer le reste de leur
produit.
Une étude d'intégration des marchés par
la méthode de corrélation (Lutz, 1994 ; Sodjinou,
2000 ; Sodjinou et al, 2003) ou par le modèle de l'indice de
connection dynamique de Timmer et de Ravallion (Ahohounkpanzon, 1992 ;
Fanou Kloubou, 1994 ; Houédjoklounon, 2001) aurait
été possible si les marchés des noix de cajou, même
informels, avaient été périodiques avec un marché
central. En l'absence de périodicité d'une part, et de cadre
physique d'autre part, l'analyse de la connexion des marchés
s'avère impossible. De plus, la période de la recherche
(post-campagne) ne nous permet pas de relever de façon
systématique l'évolution du prix des noix de cajou chaque jour
dans chaque localité.
Toutefois, l'étude de la structure spatiale des prix
semble assez pertinente, malgré quelques insuffisances, pour analyser
l'intégration des marchés de noix de cajou. Le caractère
des noix de cajou qui semblent actuellement être plus des produits de
rente et d'exportation que des produits de consommation locale concourt
à cette possibilité.
On peut supposer que dans un court terme, tous les
marchés de noix de cajou dans la zone d'étude sont
intégrés. Mais nous ne saurions préciser le degré
d'intégration des marchés, les uns par rapport aux autres. Cette
intégration est favorisée non seulement par la structure du
système de commercialisation qui est de type oligopsone en
réalité, mais aussi par la libre circulation des personnes
à l'intérieur de chaque commune et entre les deux communes.
Malheureusement, nous ne saurions dire quelle zone de collecte primaire
influence les autres dans l'évolution. Seule la concurrence entre les
réseaux des différents acheteurs permet d'expliquer une telle
intégration. Ainsi, il n'existe pas de marché central de
référence autour duquel gravitent les autres zones de collecte
primaire. Dans un tel contexte, on peut dire qu'il n'existe aucun arbitrage
spatial entre les marchés des noix de cajou.
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