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Analyse socioéconomique de la commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et Savalou au Bénin

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par Oniankitan Grégoire AGAI
Université d'Abomey- Calavi, faculté des sciences agronomiques - Diplôme d'ingénieur agronome 2004
  

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3.2.3 Arrangements d'achat et de vente

Dans toute activité économique, l'un des objectifs les plus visés est la réalisation d'un profit maximum. Pour y parvenir, les acteurs cherchent à minimiser les charges tout en maximisant leur recette. Dans cette perspective d'optimisation des recettes, les acheteurs des noix de cajou en général, et plus particulièrement les semi-grossistes et les grossistes mettent en oeuvre plusieurs stratégies. La campagne de commercialisation des noix de cajou est lancée officiellement au Bénin au cours du mois de mars. Mais bien avant l'ouverture de cette campagne, un grand nombre de producteurs ne disposant pas de ressources financières, ont recours à des préfinancements sous forme de crédit auprès de certains acheteurs.

Les acheteurs ne disposant pas non plus de ressources suffisantes pour assurer ce préfinancement obtiennent de la part de certaines institutions financières, des prêts pour l'exécution de leurs activités. Ces prêts suivent deux itinéraires possibles. D'abord, ils permettent aux acheteurs de répondre aux sollicitations des producteurs. Les résultats de nos enquêtes montrent que 32% des producteurs bénéficient de ces crédits informels soit pour entretenir leur plantation d'anacardiers, soit pour répondre à des besoins pressants de santé, de scolarisation, d'alimentation, d'habillement, de cérémonies, etc. La plupart de ces crédits sont octroyés entre septembre et octobre et varient de 15000 francs à 150000 avec une moyenne de 60000 francs environ.

Cet état des choses engendre une grande variabilité des prix proposés aux producteurs en début de récolte et par conséquent au cours d'une même campagne. C'est ainsi que les premières ventes et par conséquent les remboursements de crédit se font sur la base de 100 FCFA à 150 FCFA le kilogramme. Dans ce processus de remboursement en nature, les producteurs bradent jusqu'au quart (25%) de leur production tandis que les acheteurs rentabilisent leur crédit.

Toutefois, certains producteurs ayant bénéficié de ce type de crédit ne respectent pas parfois leur engagement. Ce non respect d'engagement est dû pour la plupart aux feux de brousse, à la mauvaise récolte ou au règlement d'autres urgences. Cette situation rend de nos jours les acheteurs plus réticents à s'engager dans le système de crédit informel qui, tout en produisant des bénéfices substantiels, est sujet de nombreux risques.

Le second itinéraire suivi par les prêts est celui de l'avance sur la commercialisation. Cette seconde stratégie permet non seulement de pallier les difficultés liées à la première, mais aussi et surtout de garantir à l'acheteur, l'obtention des noix de cajou au temps et au prix voulus. De ce fait, elle n'a lieu que lorsque commence la récolte. Les producteurs qui se trouvent dans un besoin pressant d'argent pour résoudre un problème ponctuel obtiennent de la part des acheteurs des prêts de l'ordre de 2500 à 10 000 francs CFA pour un délai d'une à deux semaines. Le remboursement se fait en tenant compte du prix en cours le jour de l'octroi du crédit. Notre étude révèle que 36% des producteurs ont recours au système d'avance sur commercialisation dans bien des cas. Cette deuxième stratégie semble à priori meilleure à la première car elle réduit les risques. De ce fait, elle est plus favorable aux producteurs qui vendent alors leur produit à court terme et suivant le prix du marché.

Le volume du crédit et le délai de remboursement sont à leur tour à l'avantage de l'acheteur.

Il est à noter que le crédit de préfinancement se fait par 24% des acheteurs (en majorité les grossistes et semi-grossistes) tandis que l'avance sur commercialisation se fait par 61% des acheteurs (en majorité les collecteurs et les semi-grossistes).

Dans tous les cas, le paysan a des besoins élevés de capital pour résoudre ses problèmes. Ces besoins de capital et l'impossibilité pour lui de les obtenir de façon formelle et à des coûts réduits le poussent à s'engager dans des processus qui loin de le relever ou de permettre l'évolution de l'activité, le rendent encore plus dépendant et donc le maintiennent dans sa condition de pauvre.

Il serait alors souhaitable de mettre sur pied des structures d'appui financier aux producteurs afin de les rendre moins dépendant de acheteurs des noix de cajou.

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"Entre deux mots il faut choisir le moindre"   Paul Valery