3.2.3 Arrangements d'achat et de
vente
Dans toute activité économique, l'un des
objectifs les plus visés est la réalisation d'un profit maximum.
Pour y parvenir, les acteurs cherchent à minimiser les charges tout en
maximisant leur recette. Dans cette perspective d'optimisation des recettes,
les acheteurs des noix de cajou en général, et plus
particulièrement les semi-grossistes et les grossistes mettent en oeuvre
plusieurs stratégies. La campagne de commercialisation des noix de cajou
est lancée officiellement au Bénin au cours du mois de mars. Mais
bien avant l'ouverture de cette campagne, un grand nombre de producteurs ne
disposant pas de ressources financières, ont recours à des
préfinancements sous forme de crédit auprès de certains
acheteurs.
Les acheteurs ne disposant pas non plus de ressources
suffisantes pour assurer ce préfinancement obtiennent de la part de
certaines institutions financières, des prêts pour
l'exécution de leurs activités. Ces prêts suivent deux
itinéraires possibles. D'abord, ils permettent aux acheteurs de
répondre aux sollicitations des producteurs. Les résultats de nos
enquêtes montrent que 32% des producteurs bénéficient de
ces crédits informels soit pour entretenir leur plantation
d'anacardiers, soit pour répondre à des besoins pressants de
santé, de scolarisation, d'alimentation, d'habillement, de
cérémonies, etc. La plupart de ces crédits sont
octroyés entre septembre et octobre et varient de 15000 francs à
150000 avec une moyenne de 60000 francs environ.
Cet état des choses engendre une grande
variabilité des prix proposés aux producteurs en début de
récolte et par conséquent au cours d'une même campagne.
C'est ainsi que les premières ventes et par conséquent les
remboursements de crédit se font sur la base de 100 FCFA à 150
FCFA le kilogramme. Dans ce processus de remboursement en nature, les
producteurs bradent jusqu'au quart (25%) de leur production tandis que les
acheteurs rentabilisent leur crédit.
Toutefois, certains producteurs ayant
bénéficié de ce type de crédit ne respectent pas
parfois leur engagement. Ce non respect d'engagement est dû pour la
plupart aux feux de brousse, à la mauvaise récolte ou au
règlement d'autres urgences. Cette situation rend de nos jours les
acheteurs plus réticents à s'engager dans le système de
crédit informel qui, tout en produisant des bénéfices
substantiels, est sujet de nombreux risques.
Le second itinéraire suivi par les prêts est
celui de l'avance sur la commercialisation. Cette seconde stratégie
permet non seulement de pallier les difficultés liées à la
première, mais aussi et surtout de garantir à l'acheteur,
l'obtention des noix de cajou au temps et au prix voulus. De ce fait, elle n'a
lieu que lorsque commence la récolte. Les producteurs qui se trouvent
dans un besoin pressant d'argent pour résoudre un problème
ponctuel obtiennent de la part des acheteurs des prêts de l'ordre de 2500
à 10 000 francs CFA pour un délai d'une à deux
semaines. Le remboursement se fait en tenant compte du prix en cours le jour de
l'octroi du crédit. Notre étude révèle que 36% des
producteurs ont recours au système d'avance sur commercialisation dans
bien des cas. Cette deuxième stratégie semble à priori
meilleure à la première car elle réduit les risques. De ce
fait, elle est plus favorable aux producteurs qui vendent alors leur produit
à court terme et suivant le prix du marché.
Le volume du crédit et le délai de remboursement
sont à leur tour à l'avantage de l'acheteur.
Il est à noter que le crédit de
préfinancement se fait par 24% des acheteurs (en majorité les
grossistes et semi-grossistes) tandis que l'avance sur commercialisation se
fait par 61% des acheteurs (en majorité les collecteurs et les
semi-grossistes).
Dans tous les cas, le paysan a des besoins
élevés de capital pour résoudre ses problèmes. Ces
besoins de capital et l'impossibilité pour lui de les obtenir de
façon formelle et à des coûts réduits le poussent
à s'engager dans des processus qui loin de le relever ou de permettre
l'évolution de l'activité, le rendent encore plus
dépendant et donc le maintiennent dans sa condition de pauvre.
Il serait alors souhaitable de mettre sur pied des structures
d'appui financier aux producteurs afin de les rendre moins dépendant de
acheteurs des noix de cajou.
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