3.1.4 Circuit de
commercialisation
Un circuit de commercialisation peut se définir comme
une succession d'intermédiaires et des lieux par où transitent,
pendant une période définie, des flux :
- de produits (allant de l'offreur à
l'acquéreur) ;
- de monnaie (allant de l'acquéreur à
l'offreur) ;
- d'informations sur la demande et l'offre (circulant dans les
deux sens).
Un circuit est donc caractérisé aussi bien dans
l'espace qu'à travers le temps.
Les différents circuits empruntés par les noix
de cajou dans les communes de Bantè et Savalou sont illustrés par
la schéma 2 :
L'analyse de cette figure révèle des mouvements
simples des noix de cajou animés par deux principaux circuits :
- un circuit court : Dans ce type de transaction, le
producteur livre les noix directement par l'intermédiaire des grossistes
ou semi-grossistes résidant dans la zone de production. Ce cas concerne
surtout les grands producteurs des noix de cajou qui attendent souvent la
pleine campagne et même parfois la fin de la campagne pour livrer la
totalité de leur production ;
- un circuit à longue distance : C'est de loin le
plus important car il concentre la quasi-totalité des noix de cajou
commercialisées. On y note la présence de presque tous les
acteurs du système : les collecteurs, les courtiers collecteurs,
les semi-grossistes et les grossistes résidants ou non.
Cette prédominance est surtout favorisée par
l'absence relative des consommateurs de noix de cajou brutes dans les zones de
production. En effet, au cours de notre enquête, nous n'avons
identifié aucune unité de transformation artisanale dans la zone.
Les producteurs avancent surtout l'argument que l'activité de
transformation est non seulement risquée, mais aussi moins rentable que
la vente des noix brutes. Cette remarque a été aussi une
préoccupation pour Quenum (2002) dans son étude sur la
stratégie de commercialisation des noix de cajou. Selon cet auteur,
étant donné que le taux de transformation de l'anacarde en amande
de cajou est de 0,21, l'on peut se demander si la transformation est une
opération économiquement rentable. Le même auteur s'est
demandé par la suite s'il n'était pas plus rentable de vendre
uniquement l'anacarde brut.
Par ailleurs, au cours de notre étude, une seule usine
de transformation était opérationnelle dans la zone. Il s'agit de
l'unité de transformation des noix de cajou du groupe KADJOGBE.
Les sociétés exportatrices ne sont pas
directement présentes dans la zone. Cette situation rend
réellement difficile l'établissement d'un circuit direct et par
conséquent la réduction des coûts de transaction et
l'augmentation des marges au niveau des différents acteurs.
Schéma 2 : Circuits de
commercialisation des noix de cajou
PRODUCTEUR
COLLECTEUR
COURTIER COLLECTEUR
SEMI-GROSSISTE
GROSSISTE
TRANSFORMATEUR EXPORTATEUR
TRANSFORMATEUR
ARTISANAL
INDUSTRIEL
Légende :
Mouvement très fréquent
Mouvement
fréquent
Mouvement moins
fréquent
Source : Nos enquêtes,
2004.
Toutefois, la structure du circuit telle qu'elle se
présente actuellement semble assez favorable à la mise en place
d'institutions et d'organisations en mesure de prendre en main le processus de
commercialisation.
En ce qui concerne les flux de commercialisation, il est
à noter que la quasi-totalité de la production est
orientée vers le Sud et particulièrement vers Cotonou et ses
environs. A ce niveau, les produits sont soit exportés vers l'Inde en
particulier, soit destinés aux unités de transformation
(artisanale ou industrielle).
Bien que certaines études affirment l'existence des
flux transfrontaliers (Singbo et al., 2004), notre étude n'en a
pas trouvé trace.
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