CHAPITRE I : INTRODUCTION
GENERALE
1.1 INTRODUCTION
La lutte contre la
pauvreté et la malnutrition a toujours été une
préoccupation de tous les Etats, surtout ceux des pays en voie de
développement. Dans le souci de résoudre ce problème, la
plupart de ces pays ont opté, vers les années 60, pour la
promotion des produits agricoles, l'agriculture étant leur principale
activité économique. Cette promotion des cultures agricoles s'est
faite à travers de nombreuses politiques de valorisation des cultures
vivrières et de rente.
Mais force est de constater
que les efforts tant consentis dans le domaine des cultures vivrières
n'ont pas toujours abouti à cause non seulement des raisons socio-
anthropologiques liées à ces cultures, mais aussi à cause
d'une absence d'organisation. Ceci est aggravé par le fait que dans la
plupart des pays africains, les gouvernements n'osent pas mettre en place une
protection commerciale à la frontière pour les productions
locales, de peur de provoquer une hausse des prix des produits de
première nécessité dans les centres urbains et s'exposer
ainsi aux explosions sociales (RONGEAD, 2004).
Toutefois, dans le souci de
trouver un palliatif aux problèmes de malnutrition et de pauvreté
auxquels sont confrontés ces pays, de profondes réflexions ont
été menées par divers organismes. Parmi les conclusions
retenues, une idée force a émergé et mérite bien
une attention particulière : « Pour lutter contre la
pauvreté, le soutien au développement des cultures
vivrières n'est pas la solution exclusive, ni même parfois la plus
sure.» (RONGEAD, 2004)1(*). Dans un tel contexte, le soutien aux productions qui,
en fin de compte, sont les mieux à même d'améliorer et de
sécuriser, à moyen et à long terme, les revenus des
paysans des zones difficiles semble répondre à ce
problème.
A ce titre, la noix de cajou
s'est révélée au Bénin, depuis les années
90, comme une production capable de répondre à la fois à
cet objectif, et aussi d'améliorer la protection de
l'écosystème dans un pays menacé de déforestation (
Aïna, 1996 ; Gagnon, 1998 ; Grimaud, 1998 ; Dossche,
1999 ; RONGEAD, 2004). Et dans la mesure où cette production
arboricole s'est révélée rentable (Aïna, 1996), on
assiste dans tout le Bénin à une forte dynamique naturelle de
plantation (Charre et Thomann, 1999).
Le développement et
l'organisation de cette filière qui, de tout point de vue, répond
aux nouvelles orientations nationales de diversification des cultures de rente
et d'exportation, doit passer par une meilleure connaissance du produit dans
tous ces aspects parmi lesquels l'efficacité de son système de
commercialisation.
La présente
thèse est le résultat des travaux que nous avons menés
dans ce sens dans les Communes de Bantè et de Savalou en
République du Bénin. Ces travaux entrent dans le cadre des
recherches de fin d'étude devant sanctionner notre formation à la
Faculté des Sciences Agronomiques de l'Université
d'Abomey-Calavi.
Dans le premier chapitre,
nous avons posé d'une part le problème de la commercialisation
des noix de cajou ainsi que la pertinence et l'intérêt de son
étude actuelle, et d'autre part les objectifs que nous poursuivons. Nous
avons présenté le cadre de notre étude ainsi que l'objet
de l'étude qu'est la noix de cajou.
Dans le deuxième
chapitre, il a été question pour nous de présenter de
façon succincte les différentes théories et les concepts
qui ont été utilisés dans le domaine de la
commercialisation et auxquels nous avons fait allusion dans la présente
étude. Ce chapitre situe également le lecteur par rapport aux
travaux déjà effectués dans le domaine ainsi que les
grandes conclusions. Nous y avons tiré la particularité de notre
étude. Par ailleurs, nous avons fait référence non
seulement aux hypothèses, mais aussi et surtout à la
démarche méthodologique que nous avons adoptée. Ce
chapitre précise enfin le choix de nos unités d'observation ainsi
que les différents outils utilisés tant pour la collecte des
données que pour leur analyse.
Le troisième chapitre
donne une idée détaillée de la commercialisation des noix
de cajou dans les communes de Bantè et de Savalou ainsi que les
différentes analyses et réflexions que nous avons menées
à cet égard. En premier lieu, nous avons décrit le
marché des noix de cajou en précisant les différentes
catégories d'acteurs identifiées, les différentes
activités menées par chaque acteur, les instruments de mesure
utilisés ainsi que les sources d'information. Ceci nous a permis
d'aborder les caractéristiques du marché des noix de cajou dans
les deux communes. Ensuite, nous avons mis en exergue l'évolution des
prix en relation avec les périodes de vente, les différentes
stratégies adoptées par les uns et les autres pour s'adapter aux
conditions actuelles du marché local. Nous avons déterminé
dans ce sens les relations concurrentielles et parentales qui existent entre
les divers acteurs ainsi que les incidences de ces différentes relations
sur la conduite du marché. Nous avons pu aboutir alors, en
précisant le type de concurrence, à caractériser le
marché de façon un peu plus fine. Après cette
étape, nous avons analysé les différents coûts
supportés et les différentes marges obtenues par chaque acteur
dans le système. Cette analyse des marges nous a permis de
préciser le degré d'efficacité du système de
commercialisation actuel des noix de cajou et de proposer des solutions pour
résoudre les contraintes identifiées et qui entravent
l'efficacité du marché. Nous avons étudié
également à ce niveau la contribution des noix de cajou à
l'amélioration des conditions de vie des producteurs.
Le quatrième et
dernier chapitre de notre étude présente une synthèse
générale des résultats auxquels nous avons aboutit. Il
abonde ensuite dans une approche de solution adressée à chaque
intervenant dans la commercialisation des noix de cajou.
1.2 PROBLEMATIQUE, JUSTIFICATION ET
OBJECTIFS
1.2.1 Problématique
De nos jours, l'importance des produits de l'anacardier
(Anacardium occidentale L.) dans le monde s'affirme de plus
en plus croissante. Cette situation est due non seulement à la valeur
alimentaire de la noix, mais aussi à l'intérêt industriel
du baume (Grimaud, 1998). La demande en noix et en amende est en augmentation
et le marché est largement dominé par l'Inde (en ce qui concerne
l'offre), et pour la consommation par les Etats Unis d'Amérique (Gagnon,
1998). Toutefois, la participation de nombreux autres pays comme la Côte
d'Ivoire, l'Indonésie, la Tanzanie, le Nigéria, le
Bénin,... dans les processus de production et de commercialisation n'est
pas négligeable.
Au Bénin, cette commercialisation se fait
généralement à deux niveaux : le niveau primaire
où le paysan producteur livre son produit à des acheteurs
privés, à des centres de collecte étatiques ou
privés, à des coopératives... Au niveau secondaire, les
structures de collecte, les acheteurs privés ou les gros exploitants
approvisionnent des clients plus importants : exportateurs, usines locales
de transformation...
Mais au niveau de ce produit de rente et d'exportation, le
paysan producteur reste souvent au début du circuit de
commercialisation, là où les bénéfices sont les
plus bas et la plus value la moins importante (INADES, 2002).
Aujourd'hui, la libéralisation des échanges et
de l'économie contraint de plus en plus les Etats africains à
libéraliser les filières des produits agricoles et notamment le
volet de la commercialisation (INADES, 2002). Ainsi, depuis plusieurs
années, l'Etat béninois ne s'implique plus en tant que tel dans
la commercialisation des noix de cajou. Dans un tel contexte, les paysans sont
de plus en plus appelés à prendre en charge la
commercialisation/exportation de leurs produits.
C'est ainsi que dans le secteur anacarde au Bénin et
dans les communes de Savalou et Bantè, les producteurs vendent leurs
produits à des réseaux d'acheteurs privés. Le
marché national s'est alors ouvert à la concurrence (parfois
sauvage) et à la multiplication des intermédiaires commerciaux.
Cette situation, qui au départ semblait favorable aux producteurs, est
devenue source d'appauvrissement et d'exploitation de la part des acheteurs
à cause de l'insertion dans le système d'un nombre assez
important d'intermédiaires.
Il se pose alors le problème de durabilité de la
production due à l'efficacité de la commercialisation.
De plus, selon Witcover et Vosti (1995) cités par
Lamien et Traoré (2002), le développement du marché des
produits forestiers non ligneux entraînera une meilleure valorisation des
forêts tropicales et incitera à leur conservation.
Il importe donc de procéder à une meilleure
valorisation des noix de cajou au Bénin en mettant un accent sur le
marché local. Mais, tout développement du marché doit
passer par une connaissance des pratiques en cours sur ce marché.
Il s'avère donc avant tout autre processus de faire au
premier abord un bilan critique de la commercialisation des noix de cajou telle
qu'elle a été pratiquée jusqu'alors au niveau local,
d'où notre thème : Analyse
socioéconomique de la commercialisation des noix de cajou dans les
communes de Bantè et Savalou.
1.2.2 Justification
La République du
Bénin appartient aux pays à faibles revenus (PIB inférieur
à 750 dollars américains par habitant) dans lequel 33% des
ménages ruraux vivent en dessous du seuil de pauvreté
(Soudé, 2002).
Cette situation
économique actuelle n'est que l'aboutissement des profonds changements
qu'a connus le pays au cours de la dernière décennie
(Soudé, 2002).
Par ailleurs, depuis 1993,
le contexte économique a été marqué dans le secteur
agricole par la forte production et exportation cotonnière. Et ce
secteur agricole est essentiel dans l'économie du pays. En effet,
l'agriculture contribue pour 37% au PIB, pour plus de 85% des recettes
d'exportation d'origine intérieure avec environ 75% à l'emploi de
la population agricole.
La production est
très variée et permet de subvenir aux besoins de la population en
année normale (Soudé, 2002). Cependant, l'agriculture a de plus
en plus de difficultés à jouer son rôle de secteur moteur
de l'économie.
Le principal frein
réside aujourd'hui dans la capacité à produire et à
diversifier la production pour le marché international.
D'après Soudé
(2002), en dehors du marché du coton, de nombreuses autres
filières, parmi lesquelles l'anacarde, pourraient développer les
exportations si elles étaient mieux structurées.
De plus, la dernière
crise de la filière coton nettement perceptible au Bénin depuis
la campagne 1999-2000 a de nouveau mis à nu la fragilité d'une
économie fondée sur un seul produit agricole d'exportation, le
coton. Elle a également éprouvé une agriculture qui ne
promeut véritablement que la seule culture cotonnière (ONS,
2001).
Heureusement, depuis 1990, les populations du centre et du
Nord se sont lancées dans le processus de vente des noix de cajou.
Ainsi, l'exportation de l'anacarde au Bénin a connu un essor depuis les
années 1990 comme le montre la figure 1.
Source : A partir des
données de Sofreco (2002)
L'analyse de la figure 1 montre qu'en une décennie, les
exportations des noix de cajou sont passées de 4373 à 36714
tonnes environ avec donc un rythme de croissance de 9%. Ceci est dû
à l'entrée en production de nouvelles plantations et à la
faible dem ande locale (JITAP, 2002a).
La figure 2 montre le rythme d'évolution des
exportations de l'anacarde du Bénin au niveau du marché
international.
Figure 2: Rythme d'évolution
des exportations mondiales de noix de cajou brutes non
décortiquées entre principaux acteurs sur la période
1998-2002
Source : Secrétariat de la
CNUCED d'après les données statistiques de l'Organisation des
Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture in Infocomm (2004).
Avec l'évolution de 9% dans sa production, le
Bénin participe au flux mondial pour 1% de tonnage (Gagnon, 1998) et il
dispose d'un marché d'exportation croissant caractérisé
par la multiplication des sociétés exportatrices (on en
dénombre plus d'une dizaine) ravitaillées par des
commerçants et des collecteurs très dynamiques qui animent le
marché de la collecte des noix (JITAP, 2002a).
L'analyse de la figure 3 qui compare l'évolution du
prix au producteur des noix de cajou à celle de certains produits
agricoles d'exportation montre que le prix des noix de cajou n'a cessé
de monter depuis 1990, pendant que le prix du coton est devenu instable depuis
1995. Le prix de l'arachide, bien qu'ayant évolué sensiblement,
est resté nettement inférieur au prix du coton et des noix de
cajou. Quant aux prix du karité et du palmiste, ils n'ont pas
augmenté de façon remarquable. Ainsi, seul le prix des noix de
cajou concurrence le prix du coton au niveau des produits agricoles
exportés au Bénin.
Source: A partir des données de la
DPQC (2004).
Toutefois, les avantages et
le soutien de l'Etat dont bénéficie le produit sont encore
insignifiants. Ainsi, malgré l'engouement particulièrement
marqué vers la fin des années 90 qui s'explique par une forte
augmentation des prix payés aux producteurs, cette activité de
production des noix de cajou, qui représente la deuxième culture
d'exportation après le coton, reste encore très mal connue sur
plusieurs plans (Sofreco, 2002).
En effet, au Bénin,
la totalité des noix de cajou est commercialisée par les
réseaux privés. L'intervention de l'Etat dans l'approvisionnement
des intrants aussi bien que dans la commercialisation est négligeable.
L'Etat n'intervient dans le domaine que pour fixer le prix plancher au
producteur.
Cette situation fait que le
marché des noix de cajou pourrait être sujet à de nombreux
dysfonctionnements qui frappent généralement la plupart des
marchés vivriers d'Afrique en général.
Il s'agira de voir à
travers cette étude si le système de commercialisation des noix
de cajou est frappé par des problèmes et des distorsions et
d'essayer dans la mesure du possible de proposer des solutions pour
l'organisation et l'amélioration du système.
Cette étude est donc
une contribution à l'organisation et au développement de la
filière anacarde au Bénin de façon générale,
et dans les Communes de Bantè et de Savalou en particulier.
1.2.3 Objectifs
La préoccupation principale de notre étude est
de faire une étude socioéconomique du système de
commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et de
Savalou.
Pour atteindre cette préoccupation centrale, il s'agira
pour nous de façon spécifique :
- d'analyser les principaux éléments de la
structure du marché des noix de cajou dans les Communes de Bantè
et de Savalou ;
- d'analyser la conduite des principaux acteurs du
système dans la zone d'étude;
- d'analyser l'efficacité de la commercialisation des
noix de cajou dans ladite zone ;
1.3
PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
Les Communes de Bantè et de Savalou appartiennent
à la même zone agroécologique. La présentation de
cette zone va constituer à décrire les caractéristiques
communes aux deux localités et à faire ressortir si
nécessaire les particularités de chacune d'elles.
1.3.1 Situation géographique
et administrative
La Commune de Bantè est l'une des six communes de
l'actuel Département des Collines. Elle est située à
environ 280 km au nord de Cotonou. Elle est limitée au nord par la
Commune de Bassila, au sud par la Commune de Savalou, à l'est par les
Communes de Glazoué et de Ouèssè et à l'ouest par
la République du Togo. Elle couvre une superficie de 2695 km2 environ et
compte actuellement neuf arrondissements (voir carte 1).
La Commune de Savalou est située au sud-ouest du
Département des Collines. Elle est limitée au nord par la Commune
de Bantè, au sud par la Commune de Djidja, à l'est par les
Communes de Dassa et Glazoué et à l'ouest par la
république du Togo avec laquelle elle partage une frontière sur
70 km (voir carte2). Elle couvre une superficie de 3000 km2 contre 2400 km2 de
terres cultivables.
1.3.2 Milieu physique
1.3.2.1 Climat
Le climat des deux communes est un climat de transition entre
le climat subéquatorial de la côte et le climat soudano
guinéen du Nord-Bénin. Ce climat de transition comporte :
- une grande saison des pluies de mi-mars à fin juillet
qui de plus en plus tarde à s'installer ;
- une petite saison sèche en août dont
l'intensité se fait de plus en plus marquée ;
- une petite saison des pluies entre septembre et
novembre ;
- une grande saison sèche de novembre à mars.
De décembre à février souffle
l'harmattan, vent sec, froid et desséchant.
La température annuelle moyenne est de 35°C pour
les maxima et 20°C pour les minima.
1.3.2.2 Relief et sol
Le relief est formé de plateaux à socle
granitique de 200 à 300 mètres d'altitude dominés par des
collines.
Les sols dans les communes de Bantè et de Savalou
résultent directement du processus naturel de ferralisation et de
ferrugination. Ce processus accompagné de trois types de remaniement
(lessivage, appauvrissement, induration) permet de distinguer trois classes de
sols :
- les sols hydromorphes situés le long des cours d'eau
et dans les zones basses de la pénéplaine ;
- les sols ferrugineux tropicaux occupant la grande partie de
la superficie ;
- les sols ferralitiques répartis dans les parties
hautes et moyenne des interfluves de la pénéplaine.
A cause des hauteurs observées dans la région,
les sols sont pour la plupart érodés par le ruissellement des
cours d'eau. Le ravinement, présent partout, lézarde les voies de
communication, déchausse les habitations et les ouvrages d'art, lessive
les superficies agricoles déjà appauvries par les cultures.
1.3.2.3 Végétation
et Hydrographie
Le paysage naturel des communes de Bantè et de Savalou
a été presque dégradé par l'action anthropique. Les
prélèvements des bois de chauffage, les défrichements
répétés caractéristiques d'une agriculture
extensive, les feux de brousse répétés et l'augmentation
de la pression démographique ont fait disparaître la forêt
originelle en faisant place progressivement à la savane boisée
parsemée de quelques espèces végétales.
La forêt classée d'Agoua, d'une superficie de 753
km2 environ, représente un peu moins du tiers de la superficie de la
commune de Bantè.
A Savalou, on rencontre quelques forêts classées
et des forêts galeries le long des cours d'eau.
On peut rencontrer dans ces forêts un grand nombre de
bêtes sauvages : les cobs (Kobus kob et Kobus
redunca), les phacochères (Phacochoerus aetiopicus), les
chimpanzés, les aulacodes (Tryonomis swinderiaunus) etc.
Sur le plan hydrographique, la commune de Savalou est
arrosée par plusieurs cours d'eau dont les principaux sont : Zou,
Couffo, Gbogui, Agbado, Klou, Amon et Ioukou.
1.3.3 Milieu humain
La commune de Bantè compte environ 60913 habitants dont
90% de Tcha suivis des Fons, Holli, Adja, Ditamari et Haoussa (10%)
installés sur le territoire en quête de terre fertile. Le nombre
d'exploitations agricoles est de 12726. La répartition des chefs de
ménage par sexe est de 3523 (27,68%) pour les femmes contre 9203
(72,32%) pour les hommes. Les actifs agricoles constituent environ 50,77% de la
population totale (Commune de Bantè, 2004).
La population totale de la commune de Savalou est de 104642
habitants environ. Les Mahi et les Ifê (Fê) sont les deux ethnies
dominantes. Viennent s'ajouter à celles-ci, les Fons, les Kabiais et les
peuls transhumants. Le nombre d'exploitations agricoles est de 21173 avec 7068
chefs de ménages femmes (33,38%) et 14105 chefs de ménages hommes
(66,62).
1.3.4 Contexte
économique
L'économie de la commune de Bantè est
essentiellement basée sur la production agricole, l'élevage
constituant une activité secondaire. On note également la
présence de quelques commerçants vendant des produits
manufacturés et importés de première
nécessité.
Les principales richesses proviennent des produits vivriers,
des noix de cajou et du bois d'oeuvre.
La pêche est essentiellement rudimentaire et se pratique
dans les divers cours d'eau existant mais qui tarissent complètement en
saison sèche.
Dans la commune de Savalou, l'économie s'articule
autour cinq axes. L'agriculture est le secteur prédominant de
l'économie. Elle concentre plus de 80% de la population.
L'élevage est sédentaire et reste beaucoup plus la tâche
des peuls. La transformation agroalimentaire occupe surtout les femmes surtout
en ce qui concerne la transformation du manioc en gari et en tapioca.
Le secteur industriel est représenté par
quelques unités agro-industrielles de textiles et fibres, des
décortiqueuses de riz et d'arachide, l'usine de fabrication d'alcool
à base du manioc de Logozohè, et quelques unités de
transformation des noix de cajou.
Le commerce occupe un nombre important de femmes et d'hommes
dans les arrondissements. Il est dominé par les femmes.
La pêche, l'artisanat, le transport et le tourisme sont
encore embryonnaires. Les roches des collines, les forêts et leurs
gibiers, les cours d'eau et la terre restent des ressources naturelles encore
disponibles.
1.4 PRESENTATION DU MATERIEL
VEGETAL
1.4.1 Origine et distribution de
l'anacardier
L'anacardier (Anacardium occidentale L.), de la
famille des Anacardiaceae au même titre que le manguier, est un arbre
originaire du Brésil. C'est une espèce qui se rencontre dans les
régions marquées par un climat chaud et humide, à saison
sèche marquée avec une pluviométrie comprise entre 1000 et
2000 mm, depuis le niveau de la mer jusqu'à une altitude de 1000 m
environ. C'est un arbre qui pousse dans les régions tropicales et qui
peut atteindre une quinzaine de mètres à l'âge adulte. Bien
que très exigeant du point de vue sol, l'anacardier peut se contenter
des sols superficiels et préfère les sols sablonneux aux sols
argileux. C'est ainsi qu'au Bénin, l'aire de production la plus
favorable est située entre Gamia au Nord et Abomey au Sud.
1.4.2 Description l'anacardier et
des noix de cajou
1.4.2.1 Description de
l'anacardier
L'anacardier est un arbre de taille moyenne, à
feuillage persistant, atteignant selon les cultivars, 6 à 12 m de haut
et 15 à 25 cm de diamètre.
Relativement court, le port est souvent celui d'un arbuste. Il
est surmonté d'une couronne large, profonde et puissante.
L'écorce, gris clair ou brune, est lisse dans le jeune âge et se
fissure légèrement chez les sujets âgés.
Les feuilles alternes sont entières, épaisses,
coriaces, non stipulées et de forme elliptique. Elles sont courtement
pétiolées, de couleur verte bleu foncée. Elles mesurent
entre 6 et 15 cm de long sur 2 à 7 cm de large.
Les fleurs sont petites, à 5 pétales d'1 cm de
diamètre, rosées, très odorantes et groupées en
inflorescences paniculaires. On rencontre sur le même arbre des fleurs
mâles et des fleurs hermaphrodites.
1.4.2.2 Description des noix de
cajou
La noix de cajou est un fruit akène2(*) qui atteint son plein
développement en un mois environ. D'une dimension de trois à cinq
centimètres, de couleur gris brunâtre, elle est constituée
d'un péricarpe dont la partie intérieure est très dure et
la partie extérieure spongieuse. Entre ces deux structures, se
découvre une partie plus molle en nid d'abeilles. Elle contient un
liquide visqueux brun foncé qui, du fait de sa toxicité et de sa
causticité, rend difficile l'extraction de la noix : il s'agit du
baume de cajou mieux connu sous le terme CNSL (Cashew Nut Shell Liquid). C'est
une résine phénolique aux propriétés
particulières qui contient 90% d'acide anacardique et 10% de cardol.
La noix est une graine oléagineuse qui renferme 47%
d'une huile qui, après traitement, est assez proche de celle de l'amande
douce.
A l'intérieur de la noix se trouve le vrai fruit qui
adhère fortement à la coque : il s'agit d'une amande
réniforme dont la dimension varie entre deux et trois centimètres
selon les catégories. Elle est blanchâtre et offre une saveur
agréable.
1.4.3 Importance et utilité
de l'anacardier
De nos jours, l'importance et l'utilité de l'anacardier
ainsi que de ces produits n'est plus à démontrer. Plusieurs
usages sont faits de cet arbre et plusieurs produits sont issus des
éléments du fruit, de la coque, de l'amande et de la pomme.
Généralement, le bois est utilisé comme
combustible ou sert à la fabrication du bois. Il est aussi
utilisé en construction navale (FAO, 1982).
L'écorce exsude une gomme ressemblant à la gomme
arabique et on tire de la sève de l'arbre une encre
indélébile.
Les fleurs du pommier cajou attirent les abeilles et sont
mellifères.
Les jeunes feuilles cuites à l'eau peuvent être
consommées (FAO, 1982).
Le baume de cajou contenu dans la coque, malgré son
action corrosive est très recherché à cause de ses
propriétés. Elle est utilisée dans la fabrication des
éléments de friction dans l'industrie automobile pour les
systèmes de freinage et d'embrayage. Elle est également
utilisée dans la fabrication du caoutchouc et des revêtements
spéciaux des isolants, des matières plastiques et comme enduit
résistant aux termites en Chine.
L'amande de la noix est comestible. Elle est surtout
consommée sous forme grillée et est largement utilisée
dans les industries alimentaires (biscuiterie, pâtisserie, chocolaterie,
confiserie, etc.). Cette amande qui représente environ 20 à 25%
du poids de la noix est riche en lipides (48 %), en protides (19.4%) et en
glucides (26%). Elle présente donc une très haute valeur
nutritionnelle comme le montre le tableau 1.
Tableau 1:
Composition des noix de cajou
Composants
|
Grammes*
|
Minéraux
|
Milligrammes*
|
Vitamines
|
Milligrammes*
|
Glucides
|
20.5
|
Potassium
|
668.000
|
Vitamine B1 (thyamine)
|
0.430
|
Protides
|
18.6
|
Phosphore
|
466.000
|
Vitamine B2 (riboflavine)
|
0.160
|
Lipides
|
49.3
|
Calcium
|
38.000
|
Vitamine B3 ou PP (nicotinamide)
|
1.800
|
Eau
|
4.0
|
Magnésium
|
252.000
|
Vitamine B5 (acide pantothénique)
|
1.600
|
Fibres alimentaires
|
3.5
|
Sodium
|
14.000
|
|
|
|
|
Fer
|
5.200
|
|
|
|
|
Cuivre
|
3.700
|
|
|
|
|
Zinc
|
2.100
|
|
|
|
|
Manganèse
|
0.800
|
|
|
|
|
Nickel
|
0.500
|
|
|
|
|
Molybdène
|
0.010
|
|
|
|
|
Fluor
|
0.140
|
|
|
|
|
Iode
|
0.010
|
|
|
* Il s'agit d'une composition moyenne donnée à
titre indicatif : les valeurs sont à considérer comme des
ordres de grandeur susceptibles de varier selon les variétés, la
saison, le degré de maturité, les conditions de cultures, etc.
Source : aprifel.com in Infocomm
(2004).
Par ailleurs, cette amande contient une matière grasse.
Il s'agit de l'huile de cajou à partir de laquelle on peut
préparer du beurre d'amande utilisé en alimentation et en
pharmacie.
La pomme de cajou (qui est un faux fruit) représente
environ 90% du poids du fruit entier et peut être consommée
à l'état frais. Gorgée de substances nutritives comme
l'indique le tableau 2, elle est juteuse, sucrée,
légèrement parfumée et acide, très riche en
vitamine C. Sa pulpe se prête à la fabrication du jus de fruit, de
sirop, d'alcool et de confiture.
Tableau 2:
Tableau de composition moyenne pour 100 grammes de pomme de cajou
fraîche.
Composants
|
Grammes
|
Eau
|
84.4-88.7g
|
Protéines
|
0.101-0.162g
|
Matières
|
0.05-0.5g
|
Hydrates de carbone
|
9.08-9.75g
|
Fibre
|
0.4-1g
|
Cendre
|
0.19-0.34g
|
Calcium
|
0.9-5.4 mg
|
Phosphore
|
6.1-2.1 mg
|
Fer
|
0.19-0.71 mg
|
Carotène
|
0.03-0.742 mg
|
Thiamine
|
0.023-0.03 mg
|
Riboflavine
|
0.13-0.4 mg
|
Niacine
|
0.13-0.539 mg
|
Acide ascorbique
|
146.6-372mg
|
Source : Davis, 1999 in infocomm
(2004).
Sur le plan environnemental, l'anacardier joue deux
rôles principaux : une fonction antiérosive grâce
à sa canopée, et la restauration de la fertilité du
sol.
Enfin, par sa culture, l'anacardier participe au reboisement
des espaces ouverts et à la lutte contre la désertification et la
sahélisation.
A travers ces différents avantages, l'anacardier se
présente comme un arbre à buts multiples dont la culture et la
promotion peuvent participer à l'établissement de nombreux
équilibres.
CHAPITRE 2 : REVUE DE
LITTERATURE, HYPOTHESES ET METHODOLOGIE
2.1 REVUE DE LITTERATURE
2.1.1 Approches
théoriques
Dans cette partie, il s'agit de présenter les
différentes approches théoriques utilisées dans le domaine
de la commercialisation, les différentes analyses qui ont
été faites autour d'elles ainsi que les leçons qu'on en a
tirées afin de les adapter à notre étude sur le
marché des noix de cajou.
Nous distinguons préférentiellement six
approches :
2.1.1.1 Approche
néoclassique
L'approche néoclassique est fondée sur la notion
de concurrence pure et parfaite. Il s'agit, selon Gould et Ferguson (1991),
d'un concept qui est à la base du modèle le plus important du
fonctionnement des affaires. Selon cette théorie, on ne peut parler de
concurrence pure et parfaite que lorsque certaines conditions sont remplies
(Gould et Ferguson, 1991 ; Lecaillon, 1993) :
- atomicité de l'offre et de la demande : Les
vendeurs et les acheteurs sont suffisamment nombreux de telle sorte que chaque
agent économique devient très petit par rapport à
l'ensemble du marché. Il ne peut donc exercer aucune influence
perceptible sur les prix. Dans ce cas, chaque agent économique agit
comme si les prix étaient des données ;
- homogénéité du produit : Le
produit d'un vendeur quelconque est identique au produit de tout autre vendeur.
Les produits présents sur le marché sont donc
interchangeables ;
- parfaite mobilité des ressources : Elle est
caractérisée d'une part par l'absence de barrières
d'entrée sur le marché, et d'autre part par la mobilité
des facteurs de production. Dans ce cas, les qualifications sont simples, peu
nombreuses à apprentissage aisé. De plus, les facteurs
utilisés ne sont pas monopolisés par un propriétaire ou
producteur, et de nouvelles entreprises peuvent pénétrer dans
une nouvelle branche industrielle et la quitter sans grande
difficulté ;
- transparence du marché : Elle est
caractérisée par l'absence d'asymétrie informationnelle.
Elle exige donc une parfaite connaissance du futur comme du
présent ;
- rationalité des agents : Le vendeur cherche le
maximum de profit tandis que l'acheteur vise le maximum
d'utilité ;
D'après Guyer (1987), cette approche privilégie
l'efficacité des marchés et le degré d'intervention de
l'Etat pour l'amélioration de leur performance. Elle suppose
également que les entreprises les moins performantes seront
progressivement remplacées par les plus compétitives,
entraînant ainsi un fonctionnement efficace du système de
commercialisation sous la seule action des forces du marché.
Malgré cela, cette théorie reste sujette
à de nombreuses critiques. En effet,
- même sur les marchés des produits agricoles de
base où les trois premières conditions sont remplies, la
quatrième est altérée par la variation des conditions
climatiques (Gould et Ferguson, 1991) ;
- la notion de concurrence parfaite est irréaliste ou
du moins inadaptée à l'analyse des marchés vivriers
africains ;
- les données des prix sur lesquelles reposent les
analyses sont sujettes de controverses car elles donnent lieu à diverses
interprétations (Harris, 1979);
- les phénomènes socio-historiques et politico-
institutionnels ne sont pas intégrés à l'analyse (Guyer,
1987) ;
- le principe qui gouverne l'organisation de la vie
commerciale est loin de refléter les hypothèses des
économistes néoclassiques (Geertz, 1978).
Toutefois, la concurrence parfaite se présente
fréquemment comme un modèle théorique des
mécanismes économiques. Et l'argument le plus convaincant qui
permet de confronter cette affirmation est qu'en dépit de la
prolifération des modèles
« sophistiqués » du comportement économique,
les économistes utilisent plus aujourd'hui que jamais, le modèle
de la concurrence parfaite pour leur recherche (Gould et Ferguson, 1991).
2.1.1.2 Approche des
marchés contestables
La notion de marché contestable est due à
Baumol, Panzar et Willing (1982). Un marché contestable est un
marché dont l'accès est parfaitement libre et la sortie sans
coût (Lecaillon, 1993; Lutz, 1994). Les entreprises peuvent aller et
venir sans difficulté car dans ces types de marché, les nouvelles
entreprises supportent les mêmes coûts de structure que celles
déjà présentes et les nouveaux acteurs n'ont pas à
supporter d'éventuelles charges résultant de leur arrivée.
Dans ce type de marché, la concurrence potentielle est plus importante
que la concurrence réelle.
Les caractéristiques des marchés parfaitement
contestables sont les suivantes :
- les nouveaux acteurs peuvent répondre à la
demande du marché et utiliser les mêmes méthodes de
commercialisation que les premiers;
- les nouveaux acteurs évaluent la profitabilité
associée à l'entrée dans le but de satisfaire la demande
du marché;
- les acteurs sont flexibles et les forces de
compétition concourent au respect des prix et aux taux de
rentabilité normaux.
De ces faits, nous pouvons dire à l'instar de Lecaillon
(1993) que les marchés de concurrence parfaite ou monopolistiques sont
donc par définition des marchés contestables.
Les marchés contestables se comportent comme des
marchés concurrentiels, en ce sens que les rentes de monopole tendent
vers zéro. Toutefois, dans la réalité, les marchés
ne sont jamais parfaitement contestables, étant donné que
l'entrée comme la sortie n'est ni sans obstacles, ni sans
coûts.
2.1.1.3 Approche de la nouvelle
économie institutionnelle
La grande partie des pensées récentes sur les
institutions est connue actuellement sous le vocable de nouvelles
économies institutionnelles (New Institutional Economics) (Tripp, 2001).
L'émergence de cette théorie est due aux problèmes
soulevés par l'approche néoclassique qui suppose que les
marchés fonctionnent dans un environnement d'information parfaite.
La nouvelle économie institutionnelle met l'accent sur
la manière dont la qualité, la complexité et
l'adéquation de l'information déterminent la façon dont
les marchés fonctionnent, les affaires sont gérées et les
institutions développées (Tripp, 2001). En effet, en reprenant
North, Tripp (2001) affirme: «Institutions are the rules of the game
in a society or, more formally are the humanly devised constraints that shap
human interaction. In consequence they structure incentives in human exchange,
wether political, social, or economic».
Les institutions contribuent donc à la gestion efficace
des informations. Or, dans n'importe quelle transaction de marché,
l'information sur les prix et sur les caractéristiques techniques des
biens et services en présence est absolument importante.
Une approche comparative montre que la théorie
néoclassique s'intéresse à la minimisation des coûts
et à l'efficience dans un cadre institutionnel donné alors que la
théorie néo institutionnaliste s'attache à la façon
dont les changements institutionnels peuvent conduire à l'efficience
économique et à la minimisation des coûts. La performance
du marché se mesure donc à ce niveau par l'aptitude des agents
à remplir leur fonction à moindre coût.
Partant du fait que les mécanismes du marché
sont insuffisants pour atteindre cette efficacité, les
institutionnalistes proposent des systèmes de
commercialisation à intégration verticale dont la
coordination sera assurée par une administration.
Mais Lutz (1994) constate que l'établissement d'un tel
système conduit à l'établissement du monopole de l'Etat
dont les coûts de transaction sont très élevés.
Par ailleurs, du fait que l'acquisition et
l'interprétation de l'information engendrent de considérables
coûts, le concept de coût de transaction devient un
élément central pour les nouvelles économies
institutionnelles. En effet, selon Williamson (1985 :19) «les
coûts de transaction sont l'équivalence économique de la
friction». Ces coûts sont retrouvés à toutes les
étapes de n'importe quel inter échange économique et
peuvent être divisés en coût de recherche et d'information,
coût de décision, de marchandage, coût de politique et de
renforcement (Dahlman, 1979).
Ces coûts sont la résistance
« perverse » qui fait que l'échange et le commerce
dévient la trajectoire idéale prédite par les
néoclassiques. Nous en parlerons en détail dans la suite du
travail.
Les nouvelles économies institutionnelles
présentent un certain nombre d'insuffisances qu'il importe de
soulever :
- les pays en développement, contrairement aux pays
industrialisés, possèdent peu d'institutions pour
améliorer les problèmes informationnels ; et les
institutions dont ils disposent sont plus inefficaces que les
« institutions homologues » des pays industrialisés
(World Bank, 1998)
- le second problème de l'analyse institutionnelle est
la subjectivité de plusieurs de ses concepts. Par exemple, il est
souvent impossible de quantifier les coûts de transaction. De plus,
l'identification de ce qui constitue un coût de transaction est parfois
confuse et, le terme est imparfaitement appliqué à n'importe
quelle situation où existe l'incertitude ;
On doit dès lors faire très attention en
définissant précisément ce qui constitue un coût de
transaction dans une situation particulière.
2.1.1.4 Approche des
marchés agricoles
La théorie des marchés agricoles s'explique par
les caractères spécifiques de la production agricole :
- la récolte est aléatoire et par là-
même, les quantités de produits ne peuvent être
maîtrisées de manière précise ; la
quantité est par ailleurs souvent liée aux facteurs
climatiques ;
- la production est fréquemment saisonnière
(Bourret-Landier, 1980) ;
Cette théorie est soutenue par trois postulats de base.
D'après Bourret-Landier (1980), la demande alimentaire globale est
fonction à la fois :
- du nombre de personnes à nourrir ;
- du revenu par habitant ;
- du prix des produits alimentaires.
Cet auteur ajoute, dans une certaine mesure, le prix des
autres biens de consommation.
La présente étude sur la commercialisation des
noix de cajou tiendra compte de chacune de ces théories. Mais du fait du
caractère particulier de ce produit qui est actuellement plus une
culture de rente et d'exportation qu'une culture de consommation locale, les
approches des marchés contestables et la théorie de la nouvelle
économie institutionnelle serviront de fil conducteur à nos
analyses.
2.1.2 Définition des
concepts
Dans cette partie, nous présentons les
différents concepts utilisés dans le domaine de la
commercialisation et qui permettent non seulement une meilleure connaissance
des théories, mais aussi pour une compréhension aisée du
processus de commercialisation proprement dit.
2.1.2.1 Marché
Les définitions du concept marché sont
nombreuses et varient selon les disciplines (Adanguidi, 2000) et les courants
de pensée.
Dans le contexte africain, les produits agricoles sont
normalement commercialisés sur la place du marché : il
s'agit d'un espace ouvert ou se vendent et s'achètent les produits de
base (Débrah et Anteneh, 1992).
Selon Bialès et al. (1999), le marché
peut être considéré comme le lieu plus ou moins concret de
la confrontation et de la conciliation de l'offre et de la demande d'un bien. A
ce lieu se déterminent les quantités échangées et
le prix de la cession. Le concept de marché s'applique alors tant au
lieu physique où s'effectuent les ventes, qu'aux vendeurs, aux acheteurs
et aux transactions elles-mêmes (Débrah et Anteneh, 1992). Il
s'agit là de la définition néoclassique du terme.
Les néo institutionnalistes considèrent le
marché comme un ensemble d'institutions. Dans ce sens, il se
révèle être un ensemble de relations sociales autour de
l'échange, structuré par des classes et des institutions. Ce sont
ces institutions qui fixent et arbitrent les règles d'échange.
Les socio anthropologues définissent le marché
comme un ensemble de relations autour de l'échange.
Pour les géographes, le marché se trouve
être un facteur de structuration de l'espace au même titre qu'une
ville.
Dans tous les cas, les notions de marché
recouvrent deux aspects qui, quoique liés, sont fondamentalement
différents (Bialès et al., 1999) :
- le marché en tant que modèle : Il s'agit
dans ce cas d'une fiction théorique de l'équilibre concurrentiel.
C'est un modèle normatif du processus idéal d'allocation des
ressources ;
- le marché en tant que réalité : Il
s'agit d'un lieu de négociation des contrats et de réalisation
des transactions. C'est donc un modèle d'analyse positive du processus
concret d'ajustement et de fixation de prix. Dans un tel contexte, les
mécanismes des prix et des lois de l'offre et de la demande sont
largement utilisés.
Dans le cadre de notre étude, nous considérons
la vision des néoclassiques et des néo institutionnalistes.
2.1.2.2 Réseau
commercial
Selon Weiligman (1999), le réseau peut se
définir comme la structure des liens entre les acteurs d'un
système.
Ainsi, la notion de réseau social fait
référence à des individus ayant entre eux des
relations.
L'élément le plus important dans un
réseau est moins les attributions de ses membres que les
caractéristiques des liens qu'il y a entre les uns et les autres et qui
déterminent les comportement des membres du réseau (Mitchell,
1969 cité par Adanguidi, 2000). Le contenu des liens peut être
l'assistance économique, l'obligation religieuse ou familiale ou
simplement l'amitié.
La relation entre les individus peut être une relation
réciproque. Elle peut être également une relation
asymétrique et polarisée du genre employeur- employé ou
patron- client.
Le réseau commercial ou réseau marchand est donc
une forme de réseau social.
Le réseau commercial met en relation des acteurs qui
interviennent de près ou de loin dans une ou des activités
commerciales.
Dans le commerce continental, les réseaux
représentent une forme d'organisation du marché par laquelle un
groupe de commerçants dispose d'agents localisés aux
différents points d'achat et de vente des marchandises
complémentaires.
Selon Sindzingre (1998), les réseaux marchands sont
associés à la notion d'économie d'échelle,
c'est-à-dire à des rendements croissants, donc à la
possibilité de pratiquer des prix inférieurs. En tant que tels,
les réseaux marchands favorisent les positions de monopole ou
d'oligopole.
Par ailleurs, selon Soulé (1995), la force des
réseaux marchands qui animent les échanges régionaux et
même locaux ne découle pas seulement des fondements sociologiques
sur lesquels sont bâtis leurs stratégies. Elle découle
également des relations étroites que ces réseaux
entretiennent avec les institutions officielles. L'ensemble de ces
affinités assurent la minimisation des coûts d'investissement et
permettent de faire face aux incertitudes du marché qui est un
paramètre essentiel de l'efficacité du système.
Deux remarques importantes émanent de ce
concept :
- la référentiation ethnique comme soubassement
du réseau est encore plus délicate en Afrique subsaharienne
où l'allochtonie est diluée par de fortes tendances
assimilationnistes, et où les groupes sociaux présentent des
organisations sociales aux références et aux capacités
d'action collectives très variables, liées à des histoires
différentes (Sindzingre, 1998) ;
- la région d'appartenance peut également
constituer de base de formation du réseau commercial même dans le
cas où elle ne correspond pas à la même communauté
linguistique ou religieuse (Adanguidi, 2000).
Dans le cadre du présent travail, nous
considérerons comme réseau, tout groupe d'agents commerciaux dont
les intérêts, bien qu'individuels, concourent à la
réalisation d'un objectif unique. Il n'a forcément pas une
connotation linguistique, religieuse ou amicale. Son fonctionnement repose sur
la confiance ou les contrats et engendre des coûts. Dans le cas d'un
réseau personnel, les coûts sont pris en charge par le patron du
réseau.
2.1.2.3 Clientélisme
Le clientélisme est une relation inégale entre
deux individus où d'un côté, on a le patron et de l'autre,
on a le client. La relation entre le patron et le client est une relation
d'échange asymétrique « librement consentie »
(Spittler, 1977 cité par Adanguidi, 2000). Les conditions
d'établissement d'une relation de clientélisme sont les
suivantes :
- les ressources critiques doivent être
contrôlées par un groupe particulier dans la
société. La nature de ces ressources varie suivant les
sociétés, et leur manque ou insuffisance augmente la
vulnérabilité ou l'insécurité de l'autre partie de
la société ou bien réduit leur chance d'atteindre leurs
buts ;
- le patron a besoin du service du client dans le cadre de la
compétition qu'il livre aux autres patrons. Il est prêt à
mettre une partie de ses ressources à la disposition du client en
échange du service de ce dernier ;
- les clients se trouvent dans l'impossibilité
d'accéder autrement aux ressources détenues par les
patrons ;
- il n'y a pas d'allocation publique concernant ces
ressources ;
- les liens horizontaux de type « classe
sociale » ne sont pas développés.
2.1.2.4 Courtier commercial
Le terme courtier désigne ici toute personne qui
procède ou participe contre rémunération (Fenn,
1979 ; Adanguidi, 2000) à l'achat de produits agricoles pour le
compte d'un tiers. Cette profession, qui prend des formes diverses selon les
coutumes et les conditions locales, est souvent associée à
d'autres activités.
Le succès d'un courtier dépend d'une
connaissance profonde des conditions locales (Adanguidi, 2000), de l'entretien
des contacts personnels et d'une réputation de loyauté (Fenn,
1979).
Le courtage prend une importance particulière dans tout
système de commercialisation des produits agricoles où les grands
commerçants ne peuvent se rendre eux-mêmes sur les lieux des
transactions et doivent donc disposer d'un représentant qui
reçoit les produits en consignation et qui peut prendre, sur place
(selon les circonstances), toutes les dispositions liées à la
livraison.
Les redevances du courtage consistent
généralement en un pourcentage du prix réel d'achat.
2.1.2.5 Coût de
transaction
Selon Bialès et al. (1999), Adanguidi (2000)
et Tripp (2001), la notion de coût de transaction est au coeur d'une
théorie de type institutionnel, esquissée par Coase en 1937 et
développée par Williamson (à partir de 1975) et North (en
1990) : la théorie des coûts de
transaction.
On entend par coût de transaction, le coût de
toute relation économique à caractère contractuel entre
deux acteurs (Bialès et al., 1999). La transaction est dite
externe ou interne selon que la relation économique se déroule
sur un marché (en l'occurrence entre l'offreur et le demandeur) ou au
sein d'une organisation.
Les coûts de transaction comprennent les coûts
d'identification des partenaires (effort, temps et dépenses qu'engendre
la collecte de l'information nécessaire à la réalisation
d'un contrat d'échange), et les coûts de négociation et de
contrôle.
Staatz (1992) a décomposé les coûts de
transaction en deux catégories :
- les coûts ex-ante : Il s'agit des coûts
d'information et de négociation d'un contrat ;
- les coûts ex-post : Ils comprennent les
coûts de surveillance, de renégociation et de gestion des
conflits.
Bialès et al. (1999) quant-à eux,
découpent les coûts de transaction (externe) en deux autres
catégories :
- les coûts liés au fonctionnement du
marché : Ils comprennent les coûts d'utilisation du
système de prix et les coûts de négociation des
contrats ;
- les coûts liés au comportement des
acteurs : Il s'agit des coûts de la rationalité
limitée des décideurs et de l'incomplétude des contrats
d'une part, et des coûts des comportements opportunistes des acteurs
d'autre part. On distingue l'opportunisme ex ante qui est
caractérisé par une antisélection, et l'opportunisme ex
post qui a rapport au risque moral.
Ces différents points de vue font que dans la pratique,
les coûts de transaction ne sont pas facilement quantifiables (Tripp,
2001). Cependant, une personnalisation des relations commerciales peut
contribuer à la réduction de ces coûts (Hugon, 1992 et
Staatz,). De plus, les facteurs socioculturels et techniques qui facilitent
l'accès à l'information sur le marché peuvent contribuer
à la réduction des coûts de transaction. Il en est de
même des contrats et des institutions (Berry, 1993 et Acheson, 1994).
Dans le présent travail, nous allons souvent faire
référence aux coûts de transaction sans toutefois chercher
à les quantifier.
2.1.2.6
Commercialisation et système de commercialisation
Ø
Commercialisation
La commercialisation des produits agricoles peut se
définir comme l'accomplissement de toutes les activités
commerciales s'exerçant dans le mouvement des biens et la prestation des
services depuis le point initial de la production agricole jusqu'au stade
ultime où les produits arrivent entre les mains du consommateur (Kohls,
1961).
Fanou Kloubou (1994), en reprenant Sherman et al.
(1987), définit la commercialisation comme l'ensemble des
activités économiques permettant de transférer un bien ou
un service des producteurs aux consommateurs.
Dans notre cas, nous entendons par commercialisation,
l'ensemble des activités commerciales qui s'exercent dans le transfert
des produits agricoles bruts depuis les producteurs jusqu'aux exportateurs ou
aux unités locales de transformation, qu'elles soient artisanales ou
industrielles.
Ø Système de
commercialisation
Le système peut être défini comme un
appareil ou dispositif formé d'éléments agencés de
façon cohérente pour assurer une fonction bien définie. Le
système de commercialisation comprend non seulement les flux des
produits, la gamme des agents, mais aussi les différentes fonctions de
chaque agent pour assurer le transfert du produit. Ce transfert qui n'est pas
automatique exige la mise en oeuvre des moyens de transport et
d'infrastructures de stockage. Dans ce sens, le système de
commercialisation recouvre tous les aspects de la distribution et de la
redistribution des produits.
On définit comme fonctions de commercialisation, les
différentes opérations qui permettent de fournir en des lieux et
des temps requis, aux demandeurs, les produits dont ils ont besoin. On
distingue préférentiellement trois catégories de
fonctions :
- les fonctions d'échange : Elle regroupent la
collecte et la distribution du produit. La collecte concerne l'acquisition des
produits auprès des producteurs ainsi que leur emballage. La
distribution a rapport à l'acheminement des produits rassemblés
vers de nouveaux acquéreurs ;
- les fonctions de facilité : Elles concernent la
normalisation, la provision de l'information et la prise de risque. La
normalisation est la définition d'un système de classification
des produits suivant certains critères de qualité, de forme et de
quantité afin de faciliter leur commercialisation ;
- les fonctions physiques: Il s'agit des fonctions de
transport, de stockage et de transformation.
L'accomplissement de ces différentes fonctions engendre
des sacrifices, des efforts et donc des coûts à la fois
quantitatifs et qualitatifs. Mais il peut également fournir à
d'autres acteurs, des devises et générer ainsi des revenus
substantiels.
Ø Importance de la
commercialisation des produits agricoles
La commercialisation est une activité dont l'importance
a été reconnue par plusieurs auteurs. En général,
à mesure qu'un pays se développe, le « secteur des
services » de son économie s'étend par rapport au
« secteur de la production primaire ». Les ressources
totales consacrées à la commercialisation des produits agricoles
tendent à augmenter plus rapidement que les ressources allouées
à la production de ces produits. Cette tendance s'affirme quand un pays
commence à passer de l'économie de subsistance à
l'économie de marché ou économie monétaire (Abott,
1987).
Or, le développement agricole, comme celui de
l'économie en général, doit être fondé sur
une division du travail en fonctions spécialisées, et la
croissance de l'économie reflète cette spécialisation.
Cette spécialisation doit être progressivement associée
à l'expansion du système de commercialisation et de son aptitude
à transmettre les denrées d'une région et d'une
collectivité à l'autre.
Le développement économique élève
les revenus et permet donc de diversifier le régime alimentaire. Dans ce
contexte, le système de commercialisation doit s'élargir de
façon à fournir une plus grande variété
d'aliments.
Un système efficace de commercialisation ne sert pas
seulement de lien entre le producteur et le consommateur, il apporte aussi une
contribution active et positive au développement. Les entreprises
commerciales s'emploient à accroître leur chiffre d'affaires et
leurs ventes, et les efforts qu'ils déploient en ce sens stimulent
l'activité économique dans le secteur de la production comme dans
celui des services. C'est ainsi qu'en épousant l'idée de Stiglitz
(1989), Loy et Wichern (2000) affirment que la croissance économique des
pays les moins avancés n'est pas principalement liée au manque du
capital physique ou humain, mais plutôt à un manque
d'efficacité du fonctionnement de leur marché.
Un bon réseau commercial stimule la consommation,
contribue aussi à accroître la production en cherchant des
disponibilités supplémentaires.
Si le système de prix fonctionne convenablement, il
incite à satisfaire de plus en plus la demande (des consommateurs) en ce
qui concerne le type, la qualité et le délai de livraison. Ainsi,
la production s'adapte à la demande en réagissant
« aux signaux de prix » émis par le système
de commercialisation.
Akinwumi (1986) avance que la commercialisation des produits
agricoles génère trois utilités principales :
- l'utilité du lieu (Place utility) : Elle est
créée lorsque les produits sont déplacés du lieu de
production vers les lieux où ils sont recherchés. Elle inclut
donc le transport et la distribution spatiale du produit ;
- l'utilité du temps (Time utility) : Les produits
sont stockés pendant une période et rendus disponibles pendant
plusieurs semaines ou mois ;
- l'utilité de la forme (Form utility) : Les
produits sont traités ou transformés en de nouveaux produits pour
tenir compte des goûts et des préférences des
consommateurs.
Selon Singbo (2000), mis à part le fait que la
commercialisation permet de stimuler la recherche sur les techniques de
conservation et de préparation de divers types d'aliments pour
satisfaire aux différents goûts des consommateurs, elle a un
impact sur l'économie nationale : elle stimule le
développement des industries agroalimentaires, crée de nouvelles
opportunités de génération de revenus.
Il paraît donc indispensable de multiplier les
recherches sur le système de commercialisation des produits agricoles
afin d'identifier les moyens et les éléments d'une politique
agricole adéquate étant donné que les connaissances sur
les logiques, les spécificités de chaque zone et les dynamiques
actuelles de ce système demeurent encore très limitées
(Adégbidi, 1996).
Ø Effectivité et
efficacité du système de commercialisation
L'effectivité de la commercialisation examine surtout
la manière dont les fonctions d'échange, de facilité et
les fonctions physiques sont assurées dans la chaîne de
commercialisation (Adégbidi, 1996).
Un marché est efficace si les prix pratiqués
reflètent fidèlement toutes les informations disponibles. Dans ce
cas, tout changement de prix sera perçu comme la conséquence de
nouvelles informations. Singbo (2000) attire notre attention sur Kohls et Uhl
(1985) pour qui l'efficacité de la commercialisation est définie
comme la maximisation du ratio input/output. Les outputs se
réfèrent aux satisfactions procurées par les services
rendus par le système de commercialisation. Les inputs ont plutôt
rapport aux différentes ressources (capital, travail, gestion)
utilisées pour faire fonctionner le système de commercialisation.
De ce fait, un système de commercialisation est
efficace si le total des coûts d'opération est minimisé. On
peut donc dire qu'un système de commercialisation entièrement
efficace est celui qui conduit les biens des producteurs aux consommateurs aux
plus bas prix possibles et en concordance avec la fourniture des services
désirés par les producteurs et les consommateurs (Abbot,
1985).
On distingue deux types d'efficacité :
l'efficacité technique et l'efficacité
économique :
L'efficacité technique concerne la compétence
avec laquelle les opérations sont réalisées sur le
marché. Pour être donc techniquement efficace, un système
de commercialisation devrait utiliser au maximum la meilleure technologie pour
chaque opération commerciale (stockage, emballage, transport, etc.) et
ceci, à des coûts réduits.
L'efficacité économique vise l'obtention du
maximum de résultats donnés avec le minimum de ressources. Et
pour être économiquement efficace, un système de
commercialisation devrait utiliser des méthodes performantes afin de
rendre les opérations plus profitables à moindre coût.
En se fondant sur Von Oppen et Raju (1982), Singbo (2000)
avance que l'efficacité de la commercialisation peut se mesurer de deux
manières :
- l'efficacité des prix : Elle est mesurée
en terme de corrélation des changements de prix du même produit
sur différents marchés. Ces corrélations constituent des
puissants indicateurs du degré d'intégration entre les
marchés dans le temps et dans l'espace. La mesure de corrélation
permet donc de déterminer le degré avec lequel deux ou plusieurs
marchés sont conjointement influencés par les
phénomènes affectant l'offre et la demande ;
- l'efficacité opérationnelle : Elle est
évaluée en terme de coûts et marges de commercialisation.
Selon le même auteur, les travaux de Langyintno (1999)
amènent à dire que la mesure des coûts et des marges de
commercialisation permet d'évaluer le degré d'efficacité
du système commercial. C'est cette dernière mesure que nous avons
utilisée dans cette étude.
Selon Fenn (1979), lorsque le système de
commercialisation est efficace, non seulement il permet aux demandeurs des
produits de les obtenir, mais aussi il apporte une contribution active au
développement.
2.1.3 APPROCHES D'ANALYSE
La problématique de la commercialisation peut
être étudiée au niveau macro économique, au niveau
méso économique (approche filière, approche secteur) ou au
niveau micro économique (approche circuit).
A travers cette section, nous présentons les
différentes approches sus-mentionnées et qui sont couramment
utilisées dans le cadre de l'étude du marché des produits.
Nous spécifierons à la fin celles qui ont servi de base à
notre étude.
2.1.3.1 Approche
Filière
Le concept filière dont la traduction approximative en
anglais est commodity chains est couramment utilisé dans la
littérature francophone relative à l'économie agricole et
agroalimentaire. La perception qu'en ont les différents utilisateurs
varie quelque peu.
Selon Bourret-Landier (1980), la filière fait partie de
l'appareil de production et de transformation qui comprend l'ensemble des
entreprises agricoles, industrielles et commerciales auxiliaires et
prestataires de service, traitant à titre principal ou secondaire.
Selon Adanguidi (2000), certains auteurs considèrent la
filière comme un objet linéaire s'étendant de la
production à la commercialisation et à la consommation. De ce
fait, elle est considérée comme une suite de marchés entre
l'amont et l'aval (Griffon, 1989). Elle peut être aussi
considérée comme un chemin orienté qui relie plusieurs
branches depuis l'amont (la production des matières premières et
des biens d'équipement) jusqu'à l'aval (la distribution et les
services liés à l'utilisation), et qui les rassemble selon les
étapes successives rencontrées pour la mise en marché du
produit (Hugon, 1992).
L'approche filière développée par Baris
et Couty (1981) et repris par Ahohounkpanzon (1992) et Singbo (2000) postule
que le système commercial est lié au système de
production. Ainsi une analyse du fonctionnement du marché devrait
intégrer les domaines de la production et de la commercialisation afin
de mieux interpréter les résultats.
D'Andlau et Lemelle (1989) indiquent que l'approche
filière permet de s'intéresser aux différents stades de
l'élaboration des produits depuis les producteurs jusqu'aux
consommateurs.
Selon Adanguidi (2000), l'approche filière a un
avantage particulier : étant de nature une approche par produit,
elle prend en compte, pour un produit donné, les trois niveaux d'analyse
que sont la production, la commercialisation et la consommation. Ainsi, non
seulement elle examine pour un produit donné les fournisseurs de
l'agriculture, les agriculteurs, les entrepreneurs réalisant le
stockage, les transformateurs, les grossistes, les détaillants, les
institutions gouvernementales qui affectent et coordonnent les niveaux
successifs par lesquels transite le produit (Tano, 1981 cité par
Adanguidi, 2000) ; mais aussi et surtout elle a l'avantage de placer le
produit dans un réseau permettant de prendre en compte les effets
rétroactifs de l'appareil commercial sur la production et d'envisager
les conséquences d'une modification de la structure de consommation sur
l'appareil productif (Palleshi, 1985).
Le fonctionnement socioéconomique de la filière
se comprend à travers trois approches fondamentaux (Leplaideur, 1994
) :
- la première s'atèle au calcul des coûts
et marges réellement observés sur le terrain ;
- la deuxième essaie de donner une vision
spatialisée des différentes fonctions (aire de production, de
collecte, de transformation, de consommation et des flux
consécutifs) ;
- la troisième dimension étudie
particulièrement les rapports sociaux autour de l'appropriation et
l'utilisation des moyens de production et d'échange.
Compte tenu de l'étendue de son domaine de recherche,
l'approche filière est une approche globale. Son analyse reste parfois
difficile et ne permet pas de saisir le fonctionnement interne du
système de commercialisation (Singbo, 2000).
2.1.3.2 Approche sous secteur
L'approche sous-secteur examine les liens entre la production,
la transformation et la commercialisation. Il s'agit de considérer le
système de commercialisation comme un réseau ou un sous-secteur
comme le montre le schéma.
Schéma 1 : Relations entre
production transformation et commercialisation
Production
Transformation
Commercialisation
Cette approche utilisée par Sherman (1984) prend en
compte tous les facteurs générateurs de revenus de l'unité
de production qui peuvent affecter la quantité du produit
commercialisé.
Mais la limite de cette approche dans le cadre de la
commercialisation des produits agricoles est qu'elle est orientée vers
la commercialisation du produit final.
2.1.3.3 Approche circuit
Le circuit commercial désigne la succession
d'intermédiaires et de marchés par lesquels passe un bien, ou un
ensemble de biens, depuis le producteur jusqu'au consommateur final (Couty,
1982).
On retiendra comme caractéristiques que :
- le circuit est spatialisé : On peut donc le
cartographier pour étudier son déploiement dans une zone et
l'incidence des coûts de transport sur son fonctionnement pendant les
diverses périodes de l'année ;
- le circuit est situé socialement : On doit
savoir quels groupes, quelles ethnies, quels réseaux de parenté,
quelles institutions contrôlent tel ou tel segment du circuit ;
- le circuit est spécialisé du point de vue de
la technique : On distingue la technique de conditionnement, d'emballage,
de stockage, de transformation, de conservation, les techniques
financières de courtage et de change, les techniques administratives
(organisation des réseaux de revendeurs, gestion de clandestinité
dans les réseaux de contrebande, de manipulation de la corruption,
etc.).
Le circuit commercial, qui n'inclut pas les activités
de production, est une conception plus restreinte que celle de la
filière. De plus, étant donné que le niveau d'analyse est
microéconomique, les informations sont plus détaillées.
Selon Perrault (1981), l'analyse d'un circuit permet entre
autres d'examiner :
- les mécanismes de transmission des informations du
marché ;
- le niveau de concurrence effective et la possibilité
de collusion ;
- les coûts à chaque niveau et les
possibilités de gain d'efficacité du marché ;
- Le rôle joué par les différents
intermédiaires dans la formation des prix.
Par ailleurs, en épousant les idées de Van der
Lan, Quarles van Ufford (1999) avance que l'approche des circuits de
commercialisation a l'avantage qu'elle est plus utile pour évaluer les
stratégies des commerçants et leur organisation dans les
réseaux.
Cette étude est consacrée à la
commercialisation des noix de cajou uniquement. L'examen des différentes
approches nous a servi de guide pour fixer définitivement notre choix
sur l'approche circuit dans son acception microéconomique. Cette
approche répond le plus aux objectifs de la présente
étude. Toutefois, nous avons fait de temps à autre recours aux
autres approches pour certaines analyses.
2.1.3.4 Paradigme
Structure-Conduite-Performance (SCP)
Dans l'étude du commerce des produits agricoles, le
mérite des économistes a été de mettre au point des
méthodes crédibles pour en cerner la complexité.
L'un des modèles les plus utilisés est le
modèle Structure-Conduite-Performance (SCP) inspiré de l'analyse
de l'efficacité du secteur industriel et élaboré par Bain
en 1959 (Houédjoklounon, 2001).
C'est un modèle qui repose à la fois sur la
théorie économique et sur les observations empiriques de
l'expérience organisationnelle.
La méthode SCP comprend trois aspects fondamentaux dans
l'étude des marchés :
- la structure du marché ;
- la conduite du marché ;
- la performance du marché.
La structure du marché désigne l'ensemble des
caractéristiques organisationnelles et économiques qui
déterminent les rapports des protagonistes (acheteurs et vendeurs) entre
eux, qu'ils soient installés ou potentiels. Ces caractéristiques
influencent à leur tour et de façon stratégique, la
concurrence et le processus de détermination de prix à
l'intérieur du marché. Les aspects ci-après sont les
éléments de la structure les plus fréquemment
utilisés :
- la concentration des acheteurs et des vendeurs ;
- la différentiation du produit ;
- la connaissance du marché ;
- la formation et la circulation de l'information.
La conduite du marché se réfère aux
comportements adoptés par les entreprises pour s'adapter ou s'ajuster
aux conditions du marché. La conduite du marché englobe :
- la politique de produit et de prix ;
- la stratégie du produit et de
publicité ;
- la recherche et l'innovation technique ;
- la stratégie institutionnelle ;
- la planification des approvisionnements.
La performance du marché a rapport aux résultats
économiques de la structure et de la conduite enregistrés par les
agents sur tous les marchés où ils interviennent (Harris, 1979).
La performance du système commercial concerne les objectifs poursuivis
par les agents sur n'importe quel marché où ils interviennent.
Selon Fanou Kloubou (1994), la performance du marché s'intéresse
au progrès technologique, à l'orientation de la croissance des
entreprises agricoles et commerciales, à l'efficacité de
l'utilisation des ressources.
Le tableau 3 résume le contenu de chaque volet du
paradigme.
Tableau 3 : Eléments du
paradigme Structure Conduite Performance
Structure
|
Conduite
|
Performance
|
Type de marchés
Type de circuits
Type d'intermédiaires
Unités de mesure
Norme de qualité
Homogénéité des produits
Infrastructures
Réglementation à l'entrée
Organisations existantes
|
Caractéristiques des acteurs
Termes des échanges
Formation des prix
Stratégie de vente et d'achat
Comportement face aux diverses fonctions
Information
Liens entre les acteurs
Problèmes et changements observés
|
Effectivité de la performance
Efficacité des prix
Efficacité dans l'allocation des ressources
Marges observées.
|
Source : Adapté de Lutz
(1994) et Houédjoklounon (2001).
Nombreuses sont les limites reconnues à la
méthode SCP.
Fanou Kloubou (1994) et Houédjoklounon (2001) montrent
que le modèle est basé sur un concept statique et
inapproprié pour analyser les systèmes de commercialisation.
Selon Sherman (1984), le modèle est plus
approprié à l'analyse de l'intégration horizontale dans le
contexte des firmes produisant un même bien et constituant un seul
marché.
Lutz (1994) soutient que l'approche ne se justifie que pour le
cas des marchés en concurrence pure et parfaite, or les marchés
qui satisfont ces conditions sont rares.
La fiabilité des données utilisées pour
l'étude de performance par les divers travaux est douteuse à
cause de leur mode de collecte par les administrations : négligence
des agents, ignorance des variétés et de
l'hétérogénéité des instruments de mesure et
des erreurs de reportage.
Débrah et Anteneh (1992) proposent à partir des
travaux de Kriesberg (1986) un modèle plus adapté aux conditions
des pays en développement. Pour commencer, ils ont fait la distinction
entre l'efficience et l'efficacité de la commercialisation. Selon ces
auteurs, l'efficience de la commercialisation fait référence
à la quantité ou au coût des intrants requis pour obtenir
un niveau donné de résultats. Elle se mesure par des ratios
entrées/sorties ou coûts/bénéfices.
L'efficacité de la commercialisation s'apprécie en revanche
à la lumière des objectifs poursuivis par le système de
commercialisation. Elle se mesure en conséquence en terme d'objectifs et
s'apprécie sur la base de la comparaison des différents circuits
de commercialisation, entreprises, ou même pays,
caractérisés par des conditions similaires de
développement.
Toutefois, Débrah et Anteneh (1992) reconnaissent qu'il
n'y a aucune différence entre les concepts d'efficience et
d'efficacité lorsque les objectifs poursuivis sont les mêmes.
2.1.4
Point des études sur les noix de cajou au Bénin
Notre objectif à ce niveau est de faire un tour global
des différentes études qui ont été faites dans le
domaine de l'anacarde au Bénin et dont nous avons connaissance. Le
domaine que nous essayons actuellement d'explorer n'est pas vierge, ni au
niveau de la production, ni au niveau de la commercialisation. En effet, depuis
toujours, le secteur de l'anacarde, bien qu'encore mal connu, a suscité
l'intérêt de bon nombre de personnes et de structures.
En 1996, Aïna en étudiant la rentabilité de
la production des noix de cajou au niveau paysan a reconnu les imperfections
liées à la commercialisation et a préconisé, entre
autres, la mise en place d'une politique adéquate de prix aux
producteurs et l'identification du rôle de tous les intermédiaires
de la filière.
En 1997, le Ministère du Développement Rural
(MDR) dans une étude de faisabilité du programme d'appui à
certaines filières parmi lesquelles l'anacarde a montré que la
collecte des noix intéresse un nombre croissant d'intervenants depuis la
suppression du monopole de la collecte par le CARDER.
Grimaud (1998) dans une étude d'identification des
organisations professionnelles de la filière anacarde au Bénin a
montré que très peu d'organisations professionnelles se
consacrent uniquement à la collecte des produits, malgré le
nombre relativement important d'organisations de producteurs.
Gagnon (1998) a étudié la filière
anacarde au Bénin. Il a montré que le marché
d'écoulement de la production nationale des noix de cajou est
essentiellement orienté vers l'Inde qui importe des noix brutes
d'Afrique à un prix inférieur au prix des noix
récoltés en Inde. Il a également montré qu'il
n'existe pas d'informations précises sur les coûts des
différentes opérations, ni en ce qui concerne l'installation et
l'entretien d'une plantation, ni en ce qui concerne les frais de collecte et de
commercialisation. Selon cet auteur, il y a une grande dispersion des
données relatives aux différents intervenants de la
filière et une absence de la circulation de l'information.
La mise sur pied d'une méthode d'aide à la
décision (Arboracle) a été faite par Charre et Thomann
(1999) au niveau des producteurs des noix de cajou du bas- Bénin (Dani
principalement). Cette méthode a été évaluée
par Dossche (1999) au niveau de la population de Savè. Les trois auteurs
n'ont pas abordé de façon approfondie le système de
collecte des noix.
Le JITAP a réalisé en 2002 une série de
consultations au niveau du secteur anacarde au Bénin. Ces études
sont toutes orientées vers des stratégies d'exportation des noix
dans un contexte de demande internationale.
Les différentes études réalisées
également par l'URF et le PADSE (2002) ont rapport à
l'amélioration des variétés et des systèmes de
production.
Dans tous les cas, ces études ou rapports techniques
s'insèrent dans un contexte macroéconomique tout en minimisant la
situation locale.
L'une des études les plus récentes sur la
commercialisation des noix de cajou au Bénin est celle
réalisée par Singbo et al. (2004) et dont nous avons eu
connaissance après notre retour du terrain en septembre 2004. Cette
étude qui a été réalisée dans le
département des Collines a essayé d'examiner le système de
commercialisation des noix de cajou et son impact sur la rentabilité de
la production de cette spéculation. La différence sensible avec
la présente étude se situe au niveau du champ d'étude, des
localités choisies et de l'approche utilisée. De plus, notre
étude aborde non seulement l'aspect économique du problème
mais aussi son aspect social.
2.2 HYPOTHESES DE RECHERCHE
La conduite de notre étude se fonde sur quatre
hypothèses principales :
Hypothèse 1 : Le mode d'achat
permet aux demandeurs des noix de cajou de mieux s'approvisionner.
Hypothèse 2 : Le lien de
parenté avec le fournisseur permet aux demandeurs des noix de cajou de
mieux s'approvisionner.
Hypothèse 3 : Le système
de commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et
Savalou est efficace.
2.3 APPROCHE METHODOLOGIQUE
Il s'agit de l'ensemble des démarches effectuées
depuis l'élaboration de la problématique jusqu'à la
rédaction de la thèse.
2.3.1 Phase
préparatoire
La phase préparatoire a été pour nous
l'occasion de faire une revue bibliographique afin de cerner les contours du
sujet. Elle nous a permis de comprendre et d'exposer le contexte de
l'étude, de construire les grandes lignes de la problématique
ainsi que celle de la méthodologie de collecte et de traitement des
données. C'est le protocole qui a servi de guide de travail sur le
terrain.
2.3.2 Phase exploratoire
2.3.2.1 Etude exploratoire
Au cours de l'étude exploratoire, nous avons parcouru
les communes de Bantè et de Savalou, pris contact avec certains acteurs
du circuit, identifié les principales zones au niveau desquelles
l'étude sera menée. Cette phase nous a également permis de
prendre contact avec les autorités politico administratives (maires,
chefs de villages), les autorités des Centres Régionaux de
Promotion Agricole, certaines structures intervenant dans la zone (PADSE,
ASF/Promic) et certaines personnes ressources.
Les entretiens réalisés ont porté sur le
but de la recherche, les zones de production des noix de cajou,
l'identification et la localisation des usines de transformation des noix de
cajou présentes dans la zone. Ce qui nous a permis de collecter des
informations qualitatives sur les types d'acteurs, les circuits
commercialisation.
L'étude exploratoire nous a enfin permis de
réaliser l'échantillonnage primaire en ce qui concerne le choix
des villages et le nombre d'acteurs à interviewer par village.
2.3.2.2 Choix des zones
d'enquête
Les Communes de Bantè
et de Savalou ont été retenues pour quatre raisons
fondamentales :
- la qualité des noix
de cajou provenant des Communes de Bantè et de Savalou est largement
reconnue par de nombreux acteurs ;
- la Commune de Bantè
est la première productrice des noix de cajou dans le Département
des Collines avec 10132,20 ha de plantations, soit 37,96 % de la superficie
totale accordée aux plantations d'anacardiers dans ce
département.
- la commune de Savalou
abrite de grands acheteurs des noix de cajou ;
- enfin, très peu
d'études scientifiques ont été consacrées à
cette zone du pays qui participe dans une certaine mesure à
l'économie nationale.
Dans les enquêtes statistiques, économiques ou
sociologiques, le problème des unités d'observation et d'analyse
constitue une question cruciale à résoudre. Le choix des
unités est fonction non seulement de l'objet de l'étude
(c'est-à-dire des questions), mais aussi des conditions de
réalisation (demande, temps, moyens, réalités et
contraintes propres au milieu, etc.) (Kebe, 1996).
Comme il nous est impossible de parcourir toutes les
localités des deux communes choisies, nous nous sommes fondé sur
les informations recueillies lors de la phase exploratoire pour retenir au
total huit arrondissements. Il s'agit des arrondissements de Attakè,
Ouèssè, Tchètti et de Savalou dans la commune de Savalou
d'une part, et des arrondissements de Koko, Akpassi, Agoua et Bantè dans
la commune de Bantè d'autre part (voir cartes 1 et 2).
Quatre critères principaux nous ont orienté dans
le choix de ces arrondissements :
- l'importance de la production des noix de cajou dans chaque
zone ;
- l'accessibilité de la zone ;
- la présence relative d'acheteurs de noix de cajou et
d'usine de transformation ;
- le souci d'une bonne répartition
géographique.
Le choix des villages concernés dans chaque
arrondissement a été fait grâce au concours des
Spécialistes des Organisations Paysannes (SOP) des secteurs agricoles
des deux communes, des agents du PAMF et du PADSE, et de certaines personnes
ressources.
Après l'identification des zones de collecte des
données et la définition de la taille globale de
l'échantillon, nous avons procédé à la
détermination de la taille de l'échantillon au niveau de chaque
zone de collecte.
2.3.2.3 Echantillonnage des
producteurs des noix de cajou
La détermination de la taille de l'échantillon
selon les différentes zones de production a été faite en
tenant compte de la superficie de chaque zone.
Pour identifier les acteurs à interviewer, plusieurs
stratégies ont été adoptées.
Dans les arrondissements d'Attakè et
Ouèssè dans la commune de Savalou, nous nous sommes fondé
sur un recensement réalisé par les agents du CARDER en 2002.
L'échantillonnage a été à ce niveau
stratifié. Les critères utilisés sont la superficie totale
des plantations et l'âge de la plus vieille plantation.
Dans l'arrondissement de Tchètti toujours dans la
commune de Savalou, l'échantillonnage a été
réalisé après un recensement rapide de la population. A ce
niveau, les critères utilisés sont également la superficie
des plantations ainsi que l'âge de la plus vieille plantation.
Dans toute la commune de Bantè, nous nous sommes
rapproché des autorités locales et administratives à qui
nous avons re-précisé le but de notre étude. Nous leur
avons fait part de notre souci de rencontrer toutes les catégories des
producteurs des noix de cajou selon l'envergure de la plantation,
l'ancienneté et l'expérience des producteurs dans le domaine.
C'est sur cette base que des listes nous ont été fournies au
niveau de chaque village. Cette approche a été utilisée
à cause non seulement de l'inexistence d'un recensement antérieur
mais aussi parce que la période d'enquête dans la zone
correspondait aux premières pluies et par conséquent aux moments
de travaux agricoles intenses.
Il faut remarquer que quelque soit le village d'enquête,
lorsque nous n'avons pas la possibilité de rencontrer des producteurs
identifiés comme faisant partie de l'échantillon, nous les avons
systématiquement remplacés par d'autres personnes remplissant les
mêmes critères.
Au total, 96 producteurs ont été
interviewés. La répartition de l'échantillon est
présentée dans le tableau 4.
Tableau 4:
Répartition de l'échantillon des producteurs selon les
localités
Commune
|
Arrondissement
|
Fréquence
|
Pourcentage (%)
|
Savalou
|
Attakè
|
14
|
14,58
|
Ouèssé
|
20
|
20,84
|
Tchètti
|
16
|
16,67
|
|
|
|
|
Bantè
|
Koko
|
10
|
10,42
|
Akpassi
|
15
|
15,62
|
Agoua
|
21
|
21,87
|
Total
|
|
96
|
100
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
2.3.2.4 Echantillonnage des
acheteurs des noix de cajou
Compte tenu des difficultés liées aux
enquêtes sur la commercialisation des produits agricoles en milieu
africain, de la disponibilité des intermédiaires et de leur
présence au cours de l'étude, l'échantillonnage accidentel
raisonné a été la principale méthode
utilisée.
L'échantillonnage est dit accidentel parce que nous
avons eu à questionner les intermédiaires au fur et à
mesure qu'on en rencontre sur le terrain, compte tenu des difficultés
énumérées plus haut.
Toutefois, dans ce processus, nous avons toujours eu la
présence d'esprit de rechercher le maximum de variabilité afin
d'obtenir les différentes informations recherchées. Cette
variabilité est liée non seulement à l'âge, au sexe
et à l'ethnie, mais aussi à la capacité d'achat de chaque
enquêté. Ainsi, nous avons essayé d'intégrer
à chaque échantillon, les différentes catégories de
personnes pour donner à l'échantillon un poids effectif. Dans un
tel contexte, notre échantillonnage peut être dit
raisonné.
Il est à noter que les enfants et les adolescents
(d'âge inférieur à 15 ans) n'ont pas fait objet
d'étude, bien que leur action soit importante dans le processus de la
collecte primaire. Au total, 38 intermédiaires et 01
société de transformation ont été
étudiés. Le tableau 5 en donne les détails.
Tableau 5:
Répartition des acheteurs des noix de cajou
Type
|
Fréquence
|
Pourcentage (%)
|
Collecteurs
|
18
|
46,15
|
Courtiers collecteurs
|
12
|
30,77
|
Semi grossistes
|
5
|
12,82
|
Grossistes
|
3
|
7,70
|
Unités de transformation
|
1
|
2,56
|
Total
|
39
|
100
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
2.3.3 Phase de collecte des
données
L'enquête a couvert les périodes de juin à
juillet (pour la phase exploratoire) et de juillet à septembre (pour la
phase de collecte des données quantitatives et pour le complément
des données qualitatives).
Après l'identification des différents acteurs,
nous avons procédé à la collecte des données pour
approfondir notre connaissance du système de commercialisation et
répondre aux préoccupations de notre étude.
Nous avons utilisé à cet effet deux outils
principaux :
- les entretiens structurés ou directifs : Il
s'est agi pour nous d'administrer des questionnaires à chaque
catégorie d'acteurs ;
- les entretiens semi directifs avec des personnes ressources,
les agents des structures étatiques et para étatiques ;
Les données relatives aux prix sont collectées
dans les zones de recherche au niveau des producteurs et à l'ONS.
Les données sur les coûts de commercialisation
ont été obtenues auprès des divers agents.
Des données sur la structure du marché et sur le
comportement des acteurs ont été collectées. Elles
concernent les types d'acteurs, leurs caractéristiques
socioéconomiques, les modes de financement, les divers instruments de
mesure.
Les données bibliographiques ont été
collectées dans les centres de documentation de la FSA/UAC (BIDOC-FSA),
de l'INRAB, du CNEX, de l'ONS, de l'INSAE, du CBCE. L'Internet a
été également utilisé à cette fin.
2.3.4
Phase d'analyse des données
C'est une phase qui a commencé dès la collecte
des informations et qui ne s'est achevée qu'à la rédaction
du rapport.
2.3.4.1 Méthode
d'analyse
Nous avons utilisé le paradigme
Structure-Conduite-Performance (SCP) comme méthode principale d'analyse
des données.
Rappelons que la structure désigne l'ensemble des
caractéristiques organisationnelles qui influent sur la concurrence et
le processus de formation des prix ; la conduite évoque
les comportements et les stratégies adoptés par les acteurs
pour s'adapter aux conditions du marché ; la performance exprime
les résultats économiques liés au fonctionnement du
marché.
Malgré les insuffisances ou limites reconnues au
modèle, ce dernier a servi de base pour l'étude des produits
agricoles au niveau de plusieurs auteurs : Houinato (1988), Ahohounkpanzon
(1992), Adégbidi et al. (1994), Fanou Kloubou (1994), Lutz
(1994), Fanou Kloubou et al. (1996), Sodjinou (2000), Singbo (2000),
Houédjoklounon (2001), Pédé (2001), Sodjinou et
al. (2003) pour ne citer que ceux-là.
Par ailleurs, dans une étude sur la commercialisation
des feuilles sèches du baobab (Adansonia digitata), Lamien et
Traoré (2002) reconnaissent qu'il n'existe pas à l'heure actuelle
de méthode recommandée pour évaluer le marché des
produits forestiers non ligneux (PFNL). Toutefois, ils se sont largement
inspirés du modèle SCP dans leurs travaux. Pour ces auteurs, la
structure a rapport à la démographie des acteurs, à leur
profil social et au volume des échanges. La conduite concerne les
arrangements de vente et d'achat, les déterminants des prix, les
associations d'acteurs et l'accès à l'information. La performance
quant-à elle, est mesurée à travers l'identification des
circuits de distribution, l'analyse spatiale des prix et l'analyse des marges
de commercialisation.
2.3.4.2 Techniques d'analyse
Après la collecte des données, nous avons
procédé à leur épurement. Ceci nous a permis de
vérifier la concordance des informations recueillies, leur
fiabilité. Il s'en est suivi l'encodage des réponses obtenues
ainsi que l'enregistrement des résultats.
Les données ainsi obtenues ont été
enregistrées et traitées avec les logiciels SPSS version 10.1 et
EXCEL. A ce niveau, plusieurs analyses ont été faites.
Nous avons eu recours à différentes statistiques
descriptives pour caractériser les différents acteurs,
déterminer leur profil socio-économique, déceler les
tendances dominantes et faire de simples comparaisons.
L'analyse de concordance nous a permis de juger de la
concordance de certaines hiérarchisations faites par les producteurs et
les acheteurs.
L'analyse des prix nous a permis d'évaluer la
circulation de l'information entre les différentes zones
d'étude.
L'analyse des marges a été utilisée pour
étudier l'efficacité du système de commercialisation dans
la zone d'étude.
2.3.4.3 Tests
d'hypothèses
Les tests d'hypothèses nous ont permis de
vérifier les hypothèses émises dans le cadre de cette
étude.
Plusieurs tests ont été faits et varient d'une
hypothèse à l'autre.
En ce qui concerne la première hypothèse, il
s'agit pour nous de voir si le mode d'achat des noix de cajou par les
demandeurs (et donc le mode de vente par les offreurs) a une influence
perceptible sur le processus de concurrence. Il en est de même de la
deuxième hypothèse qui essaie de voir le poids des liens de
parenté dans le processus de concurrence. Le test de concordance W de
Kendall a été utilisé pour vérifier la concordance
des réponses fournies par chaque acteur. Ce test a été
choisi pour contourner un temps soit peu les difficultés liées
à la détermination et à l'estimation des quantités
de noix livrées par chaque offreur à des parents, à des
amis et à des tiers d'une part et à l'estimation des
quantités vendues au comptant, à crédit ou comme une
avance sur commercialisation d'autre part. Dans cette optique, il a
été demandé à chaque offreur (ici, les producteurs
en particulier) de procéder à une hiérarchisation des
liens qui l'unissent aux acheteurs ainsi qu'à une hiérarchisation
des modes de vente. Après la hiérarchisation faite par chaque
acteur, nous avons pu classer les différentes tendances. Le score le
plus élevé a été attribué à la
modalité qui vient en tête.
Le test W de Kendall nous a donc permis de voir les tendances
les plus fréquentes chez chaque offreur par rapport au mode de vente et
aux relations sociales avec l'acheteur et de vérifier la concordance des
réponses fournies par chaque acteur.
Du point de vue de la théorie, le coefficient de
concordance de Kendall permet de mesurer l'association entre plus de deux
variables et s'écrit : où est le nombre de variables (dans notre cas le nombre
d'enquêtés ayant procédé à la
classification), est le nombre d'individus (dans notre cas le nombre de
catégories d'individus ou de modalités ayant été
classées) et est la somme des rangs des variables décrivant l'individu . Avec des ex æquo, cette expression devient : avec où est le nombre d'ex aequo au rang de la variable.
Pour de petits effectifs (< ), il existe des tables pour tester l'hypothèse , c'est-à-dire s'il y a indépendance entre les
différentes variables.
La distribution de a été calculée et certaines valeurs critiques
tabulées (Table des valeurs critiques de pour le coefficient de concordance) pour des significatifs aux seuils 0,05 et 0,01. Lorsqu'une valeur observée
deest égale ou supérieure à celle de la table pour un
niveau de signification donné, alors peut être rejeté à ce niveau de signification.
Pour des effectifs plus élevés, on a :
Ainsi, quand est supérieur à 7, l'expression donnée par la
formule ci-dessus est approximativement distribuée comme un khi
carré de.
La probabilité associée à cet test
déterminée par référence à la table du khi
carré.
Si la valeur calculée selon la formule F égale ou
excède celle de la table du khi carré pour un niveau de
signification et un degré de liberté donnée,
l'hypothèse nulle peut être rejetée à ce niveau de
signification.
Cette analyse est faite non seulement au niveau des
producteurs, mais aussi au niveau des intermédiaires.
L'analyse de l'efficacité du système de
commercialisation a été faite grâce à la comparaison
des marges de commercialisation obtenues et des coûts supportés
par chaque agent. Cette comparaison a été faite au sein de chaque
catégorie d'acteurs d'une part, et entre les différentes
catégories d'autre part. Le test t de Student nous a permis de savoir si
les marges dégagées ou les coûts supportés varient
d'un acteur à l'autre au sein de chaque catégorie d'acheteur. Il
nous a permis de comparer pour chaque catégorie d'acteur la moyenne des
coûts à celle des marges. Le test d'analyse de variance (ANOVA)
à un facteur nous a permis de faire des comparaisons entre les
différents groupes et de déterminer les catégories qui
profitent au mieux de la commercialisation des noix de cajou.
Les objectifs, hypothèses et outils d'analyse sont
résumés dans le tableau 6.
Tableau 6:
Tableau récapitulatif des objectifs, hypothèses et outils
d'analyse.
OBJECTIFS
|
HYPOTHESES
|
OUTILS D'ANALYSE
|
TEST
|
Analyser les principaux éléments de la structure
du marché des noix de cajou dans les Communes de Bantè et de
Savalou
|
-
|
Analyse de fréquence, moyenne, pourcentage
|
-
|
Analyser la conduite des principaux marchés des noix de
cajou de la zone d'étude
|
Le mode d'achat permet aux demandeurs des noix de cajou de
mieux s'approvisionner.
|
Analyse de concordance
|
Test de concordance W de Kendall
|
Le lien de parenté avec le fournisseur, permet aux
demandeurs des noix de cajou de mieux s'approvisionner.
|
Analyser l'efficacité de la commercialisation des noix
de cajou dans ladite zone
|
Le système de commercialisation des noix de cajou dans
les communes de Bantè et de Savalou est efficace.
|
Analyse des prix
Analyse des coûts
Analyse des marges
|
T de Student
ANOVA
|
Source : Nos enquêtes, 2004.
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSIONS
3.1 CARACTERISTIQUES DU SYSTEME DE
COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU DANS LES COMMUNES DE BANTE ET SAVALOU
3.1.1 Principaux acheteurs des
noix de cajou
L'activité de commercialisation des noix de cajou est
très convoitée et peut être donc supposée
très rentable. Cette conception amène de nombreuses personnes
à s'insérer dans l'une quelconque des branches de la
chaîne. Les tableaux 7 et 8 présentent les différents types
d'acheteurs rencontrés dans les communes de Bantè et de Savalou.
Tableau 7: Types d'acheteurs des noix
de cajou à Bantè et Savalou.
Acheteurs
questionnés
|
Fréquence
|
Pourcentage (%)
|
Collecteurs agréés
|
0
|
0
|
Collecteurs non agréés
|
18
|
47,37
|
Courtiers collecteurs agréés
|
0
|
0
|
Courtiers collecteurs non agréés
|
11
|
28,95
|
Courtiers agréés
|
0
|
0
|
Courtiers non agréés
|
1
|
2,63
|
Courtiers semi-grossistes agréés
|
1
|
2,63
|
Courtiers semi-grossistes non agréés
|
4
|
10,52
|
Courtiers grossistes agréés
|
3
|
7,90
|
Courtiers grossistes non agréés
|
0
|
0
|
Total
|
38
|
100
|
Sources : Nos
enquêtes, 2004.
Tableau 8 : Répartition
des catégories d'acteurs par sexe et sources de financement des
activités
Catégories
|
Sexe
|
Sources de financement
|
Masculin
|
Féminin
|
Fonds propres
|
Commandes
|
Fonds propres et commandes
|
Collecteurs
|
5 (27,8)
|
13 (72,2)
|
2 (11,1)
|
9 (50)
|
7 (38,9)
|
Courtiers collecteurs
|
11 (100)
|
0 (0)
|
0 (0)
|
4 (36,4)
|
7 (63,6)
|
Courtiers
|
1 (100)
|
0 (0)
|
0 (0)
|
0 (0)
|
1 (100)
|
Semi-grossistes
|
4 (80)
|
1 (20)
|
0 (0)
|
0 (0)
|
5 (100)
|
Grossistes
|
3 (100)
|
0 (0)
|
0 (0)
|
0 (0)
|
3 (100)
|
Total
|
24 (63,15)
|
14 (36,84)
|
2 (5,26)
|
13 (34,21)
|
23 (60,52)
|
() Pourcentage.
Source: Nos enquêtes, 2004.
L'analyse du tableau 7 montre que le marché des noix de
cajou est dominé par les collecteurs (47%) et les courtiers collecteurs
(29%). Ceci se justifie par le fait que ce sont eux qui se chargent
effectivement de la collecte primaire des noix de cajou. De plus, du fait de la
demande pressante du marché international et en tenant copte de la
saisonnalité de l'activité, les grands acheteurs utilisent les
services des collecteurs et des courtiers collecteurs pour avoir en un temps
limité le maximum de tonnage à livrer aux exportateurs.
Les collecteurs rencontrés dans les zones de production
ont donc pour tâche d'assembler les noix de cajou. Ils sont munis d'une
bascule et de quelques sacs de jute pour parcourir les domiciles à la
recherche d'un éventuel vendeur. Parfois, ils stationnent aux abords des
pistes menant dans les champs.
Le tableau 8 montre que les collecteurs sont pour la plupart
des femmes (72%) parvenues dans le secteur soit sur initiative personnelle,
soit par l'intermédiaire d'un parent versé dans
l'activité. Les collecteurs, tout en reconnaissant la rentabilité
financière de l'activité la considèrent comme une
activité secondaire car saisonnière et temporelle. De ce fait,
ils n'investissent pas de fonds propres (dans 89% des cas) dans
l'activité. Ils travaillent plutôt pour le compte d'un coutier
collecteur ou d'un semi-grossiste. Dans ce cas, ils sont
rémunérés à la tâche. En
général, l'activité des collecteurs ne dépasse pas
le cadre de leur village ou localité.
La forte présence des femmes au niveau des collecteurs
peut s'expliquer de deux façons :
- d'abord l'activité du ramassage des noix de cajou est
bien plus l'apanage des femmes, des enfants et des jeunes que celui des
producteurs ou chefs de ménage.
- ensuite en milieu rural, les femmes sont plus
habileté à passer dans les maisons à la recherche des noix
de cajou.
Les courtiers collecteurs sont des agents qui tout en
travaillant pour le compte d'un autre, disposent des services des collecteurs
pour obtenir le produit. Afin de rentabiliser leur activité, certains
disposent d'un petit fonds de commerce (10000 à 30000 dans 67% des cas)
qu'ils investissent dans l'activité pour leur propre compte. Au niveau
de cette catégorie d'acheteurs, les noix de cajou occupent la
première place d'activité génératrice de revenus
dans 55% des cas. Ceci s'explique par le fait que ces courtiers collecteurs
sont pour la plupart des commerçants à différents niveaux
des produits agricoles. Contrairement aux collecteurs, les courtiers
collecteurs ne circulent pas dans les maisons au début, et en pleine
campagne. Ceci est dû au fait qu'ils vaquent à d'autres
occupations en ces moments-là (achat-vente d'autres produits agricoles
nécessitant leur présence absolue). Mais en fin de campagne, ils
parcourent les maisons des producteurs à la recherche des noix
stockées par ceux-ci. Ils se font aider dans cette tâche par des
collecteurs. Toutefois, certains producteurs leur font appel au début de
la campagne comme en pleine campagne si les noix à vendre atteignent au
moins 20Kg. Dans le cas contraire, c'est le producteur lui-même qui se
déplace chez le courtier collecteur.
Les courtiers collecteurs interviennent également dans
les villages avoisinant leur lieu de résidence. Ils se chargent de la
concentration des noix achetées par les collecteurs. Ce sont des
personnes assez populaires et influentes. Ils disposent d'une large gamme de
connaissances et des réseaux de parenté sur lesquels ils peuvent
agir pour se procurer les noix de cajou.
Les courtiers représentent 3% des acheteurs des noix de
cajou enquêtés (tableau 7). Leur rôle, bien qu'assez
important, est limité. En effet, ils ont pour mission de recevoir des
commandes d'autres acteurs moyennant une commission. A leur tour, ils engagent
des collecteurs à leur service. Mais contrairement aux courtiers
collecteurs, les courtiers ne circulent pas eux-mêmes dans les domiciles
pour acheter les produits auprès des producteurs en fin de campagne. Ils
se limitent seulement au rapprochement des achats réalisés par
les collecteurs qui sont à leur service. Ceci est dû à
l'importance secondaire qu'ils accordent à l'activité d'achat des
noix de cajou même s'ils reconnaissent sa rentabilité. Tout comme
les courtiers collecteurs, ils disposent également d'un fonds propre
qu'ils investissent dans l'activité (100% des cas) (tableau 8).
Les semi-grossistes (courtiers semi-grossistes)
représentent la troisième catégorie la plus importante du
circuit de commercialisation après les collecteurs et les courtiers
collecteurs (13%), d'après le tableau 7. Les semi-grossistes constituent
de grands stocks de noix de cajou par l'intermédiaire des agents
précités. Ils se chargent d'une part de la concentration
secondaire des noix de cajou dans les centres de concentration ; et
d'autre part se chargent du convoi direct des produits depuis les centres de
concentration primaires et secondaires soit vers les usines de transformation,
soit au port autonome de Cotonou pour les livrer aux exportateurs. Cette
activité n'est possible que pour les semi-grossistes
agréés disposant d'une carte professionnelle d'acheteur de
produits agricoles. Ils représentent 25% des semi-grossistes
interrogés (tableau 7).
Quant aux semi-grossistes non agréés, ils se
chargent de la concentration primaire et secondaire des noix de cajou qu'ils
livrent soit aux semi-grossistes agréés, soit aux grossistes
agréés.
Les semi-grossistes agréés, tout en investissant
des fonds propres, reçoivent des financements des grossistes ou des
exportateurs pour lesquels ils travaillent.
Les grossistes (courtiers grossistes) sont l'un des maillons
les plus importants de la chaîne de commercialisation. Ce sont eux qui
sont en effet en contact avec les exportateurs dont ils sont mandataires. Ils
utilisent les services des autres agents. Ils se chargent de convoyer les
produits des lieux de collecte primaire et secondaire vers le lieu
d'exportation ou l'usine de transformation. Formant des groupes informels de
pression, ils agissent sensiblement sur la variation des prix de noix de cajou
dans la zone de production.
Dans tous les cas, 89% des acteurs rencontrés
évoluent dans le secteur informel. Il n'existe pas dans la zone
d'étude de marché formel et officiel de noix de cajou. Les
différents acteurs qui interviennent opèrent dans le cadre des
marchés informels. Les différentes transactions se font de
façon orale entre les différents acteurs du circuit. Des contrats
dûment signés n'ont pas été rencontrés
même si certains acheteurs exigent des décharges de la part des
agents dont ils utilisent les services. Entre les acheteurs et les producteurs,
les différents échanges ont lieu au moment de l'achat.
Aucune norme ne réglemente actuellement le
marché local des noix de cajou et donc les acheteurs peuvent y entrer et
en sortir sans risque et sans aucun coût. Le marché des noix de
cajou est donc presque contestable étant donné que
l'entrée est libre et la sortie sans coût. Cette situation devrait
favoriser l'émergence de nombreux acheteurs des noix de cajou.
3.1.2 Caractéristiques des
différents acteurs
Les caractéristiques générales des
différents acteurs sont résumées dans le tableau 9
ci-après Tableau 9:
Caractéristiques générales des acteurs
|
Sexe
|
Ethnie
|
Instruction
|
|
M
|
F
|
Tcha
|
Mahi
|
Ifè
|
autres
|
aucun
|
Iaire
|
IIaire
|
Sup
|
autres
|
Pourcentage (%)
|
61,1
|
38,9
|
51,4
|
32,4
|
5,4
|
10,8
|
29,7
|
24.3
|
35,4
|
2,7
|
8,1
|
Iaire : primaire ;
IIaire : secondaire ; Sup :
supérieur
Source : Nos enquêtes,
2004.
L'analyse de ce tableau montre que la présence des
femmes est effective dans le système (39%). Ce sont elles qui sont en
effet prédominantes au niveau de l'activité la plus importante de
la commercialisation des noix de cajou : la collecte primaire.
Deux ethnies prédominent dans la commercialisation des
noix de cajou. Les Mahi (32%) et les Tcha (51%). On pourrait à priori
dire que ce dualisme linguistique a un effet très perceptible sur le
système de commercialisation. Mais le fait que les Tcha sont plus
présents dans leur propre zone de production et les Mahi
également dans la leur suppose qu'au niveau de chaque zone de
production, les interactions ethniques sont quasi absentes dans le
système de commercialisation des noix de cajou.
Par ailleurs, le caractère oligopsone du marché
d'une part, et d'autre part le fait que les grands acheteurs des noix de cajou
soient pour la plupart (dans 83% des cas) de l'ethnie Mahi limitent la
concurrence inter- ethnique. Ces grands acheteurs agissent plutôt sur
l'homogénéité ethnique dans chaque zone de production pour
pouvoir acheter leurs noix de cajou. Des résultats similaires ont
été obtenus par Lutz (1994) qui remarque que les acheteurs
opèrent souvent dans des réseaux d'informations personnels sur le
marché ; et le fonctionnement de ces réseaux est souvent
fondé sur la solidarité et l'homogénéité
ethnique. Le même auteur justifie cette situation par le fait que les
traditions culturelles et le partage d'une même langue maternelle
facilitent l'établissement des contacts entre les membres d'un
même groupe ethnique.
Nonobstant ces remarques, certains acheteurs des noix d'ethnie
Mahi, présents dans la zone des Tcha, parviennent à obtenir la
confiance et l'amitié des autochtones.
L'analyse du tableau 9 montre également que près
du tiers (30%) des acheteurs sont analphabètes et que la durée
moyenne des expériences dans le domaine est de 7 ans. Cette situation
engendre une maîtrise imparfaite du marché, un déficit
d'informations et par conséquent une grande dépendance à
l'égard des personnes pour lesquelles ils opèrent. Ceci ne
favorise guère la mise en place d'organisations professionnelles
d'acheteurs qui investissent leur propre capital dans l'activité. Ce qui
limite la liberté d'action des acheteurs et leur liberté de
décision vis-à-vis, non seulement des grands acheteurs, mais
aussi vis-à-vis des exportateurs qui constituent la principale source de
financement de l'activité.
De tout point de vue, se limiter aux seules commissions comme
rémunération de l'activité est certes rentable ; mais
cette situation ne favorise guère le développement du
marché local et par conséquent la création réelle
de richesse ainsi que la professionnalisation de l'activité.
Dans un tel contexte, l'émergence des groupes
d'acheteurs autonomes et efficaces pourrait donner une nouvelle dynamique et
orientation au processus de commercialisation des noix de cajou dans les
communes de Bantè et de Savalou.
3.1.3 Instruments de mesure et
Homogénéité du produit
3.1.3.1
Instruments de mesure
L'une des mutations importantes qu'a connues le marché
des noix de cajou réside dans l'utilisation des instruments de mesure.
Autrefois, plusieurs instruments étaient utilisés dans le
marché. Le tableau 10 donne la répartition de ces instruments
suivant les localités visitées.
L'analyse de ce tableau révèle que le Tohoungodo
est un instrument de mesure commun à toutes les localités. Ceci
s'explique par le fait que c'est l'un des principaux instruments de mesure des
produits agricoles au Bénin. Il est de loin le plus populaire. Le
Tohoungodo était utilisé par un grand nombre de d'acheteurs des
noix de cajou, en particulier les collecteurs.
Tableau 10 : Répartition
des instruments de mesure utilisés autrefois dans le marché des
noix de cajou.
Commune
|
Arrondissement
|
Instrument (nom local)
|
Capacité (Kg)
|
Savalou
|
Attakè
|
Blèvi
|
20-22
|
Tohoungodo
|
1-1,5
|
Tchaga
|
25-30
|
Ouèssè
|
Blèvi
|
20-22
|
Tohoungodo
|
1-1,5
|
Tchaga
|
25-30
|
Tchetti
|
Kpacata
|
20-25
|
Tohoungodo
|
1-1,5
|
Sogo
|
3-5
|
Bantè
|
Koko
|
Kpacata
|
20-25
|
Tohoungodo
|
1-1,5
|
Sogo
|
3-5
|
Akpassi
|
Idem à Koko
|
Idem à Koko
|
Agoua
|
Idem à koko
|
Idem Koko
|
Bantè
|
Idem à koko
|
Idem Koko
|
Source : Nos enquêtes,
2004
Les instruments comme le blèvi et le kpacata ont
pratiquement la même capacité (20-25kg). La différenciation
se trouve au niveau de la forme. En effet, le kpacata est une calebasse de
fabrication artisanale et locale alors que le blèvi est une petite
bassine d'origine nigériane. De plus le kpacata était
utilisé par les Ifè et les Tcha tandis que le blèvi
était plus utilisé par les Mahi. Le blèvi et le kpacata
étaient utilisés par les courtiers collecteurs et les
semi-grossistes.
Le Sogo et et le Tchaga, bien que présents dans les
localités étudiées étaient moins utilisés
que les précédents. Ceci s'explique par le fait que ce sont des
instruments dont les mesures sont proches des précédents. En
effet, le Sogo (3-5kg) n'est pas fondamentalement loin du Tohoungodo (1-1,5 Kg)
et le Tchaga (25-30 Kg) n'est pas si différent du blèvi et du
kpacata (20- 25 kg).
Les grossistes et parfois les semi-grossistes utilisaient les
sacs de jute (100 kg) ou les sacs de polyéthylène (80 kg) au
cours de leurs transactions.
L'imprécision de tous ces instruments de mesure a
constitué pendant longtemps un risque non seulement pour les
producteurs, mais aussi pour les acheteurs.
Le souci d'une meilleure précision et d'une bonne
maîtrise de la valeur exacte des biens échangés ou acquis a
conduit à l'introduction depuis cinq ans environ de la balance. Son
utilisation s'est alors généralisée et le taux d'adoption
est aujourd'hui de 100%. En effet, nous n'avons rencontré aucun
producteur qui livre ses produits avec les instruments locaux. De plus, aucun
des acheteurs enquêtés n'utilise aujourd'hui des instruments
autres que les balances.
On peut donc conclure qu'il y a effectivement une
uniformité dans les instruments de mesure utilisés dans le
marché des noix de cajou. Le kilogramme est devenu l'unité de
mesure de référence par rapport à laquelle se
définissent tous les autres aspects de la commercialisation (transport,
stockage,...). Selon Lutz (1994), la multitude des unités de mesure
utilisées dans le circuit de commercialisation est une contrainte pour
la transparence du marché. Et l'introduction d'une unité
standardisée rendrait le marché plus transparent et
améliorerait ainsi la concurrence.
Le fait que ce soit les acheteurs eux-mêmes qui ont
introduit la balance confirme l'hypothèse de Lutz (1994) qui admet que
« l'introduction d'une unité de mesure standardisée
ne saurait être une réussite que si elle bénéficie
de l'appui des commerçants eux-mêmes ». Dans le cas
de notre étude, les acheteurs n'ont pas seulement appuyé
l'introduction de la balance. Mieux, ils sont les acteurs de cette
introduction.
Mais actuellement plusieurs types de balances d'origines
différentes sont utilisés. Les collecteurs utilisent le plus
souvent les balances de 20 kg ; les courtiers et les courtiers collecteurs
utilisent les balances de 20kg, 50kg, 100kg ; les semi-grossistes
utilisent les balances de 50 kg, 150 kg et les grossistes les balances de
150kg.
Par ailleurs, bien qu'on assiste à la standardisation
des unités de mesure, il n'en demeure pas moins vrai que certains
acheteurs se livrent à des fausses manipulations. La même remarque
a été faite par Lutz (1994) puisqu'il avance que la manipulation
des unités de mesure représente le savoir faire de certains
acheteurs au niveau du processus de négociation de prix. En effet,
certains acheteurs procèdent au déréglage des balances
pour augmenter leur résistance. De ce fait, ils achètent plus
qu'ils ne paient, augmentant ainsi de façon illicite leur marge
bénéficiaire.
Cet état des choses suppose donc que malgré la
standardisation des unités de mesure, certaines mesures d'accompagnement
doivent être prises pour un monitoring réel et efficace des
opérations de pesée des noix de cajou. Il conviendrait donc de
mettre sur pied des structures de certification ou de contrôle de la
précision des balances. Ces structures peuvent exister au niveau local
sur l'initiative des autorités locales avec l'adhésion et la
participation active des producteurs eux-mêmes.
Pour faire face à ces problèmes de manipulation,
certains producteurs utilisent leur propre moyen de vérification et de
contrôle de la fiabilité des balances. Ils disposent à cet
effet d'une pierre dont ils connaissent au préalable la masse. Cette
pierre leur permet de vérifier si les balances utilisées par les
acheteurs sont conformes ou pas. Dans le cas où les bascules sont
conformes ou légèrement à l'avantage du producteur, ce
dernier accepte le marché. Dans le cas contraire, il refuse de livrer
son produit.
3.1.3.2
Homogénéité du produit
Deux variétés de noix de cajou sont
communément vendues par les producteurs : la variété
à pomme jaune ou blanche dont les noix sont de petites tailles, et la
variété à pomme rouge dont les noix sont de grandes
tailles. Du fait que les plantations sont des mélanges des deux
variétés précitées, une grande distinction n'est
pas faite entre les noix lors du ramassage et par conséquent lors de la
vente.
Ainsi, les noix vendues ne sont pas fondamentalement
différenciées au niveau des producteurs, ni au niveau de la
couleur, ni au niveau de la taille, même si les producteurs
procèdent à des tris pour éliminer les noix
endommagées, attaquées ou rabougries. Cette situation est due
à l'absence de normes définissant les catégories des noix
de cajou comme c'est le cas au niveau des amandes. Ce qui rend complexe la
réalisation des fonctions de facilité.
Le seul contrôle réalisé de façon
grossière est celui effectué par les exportateurs au port
autonome de Cotonou. Il concerne la part de l'amande de cajou dans la masse
totale de la noix brute.
On peut donc dire que les noix de cajou vendues sont
considérées comme homogènes au niveau des
différents acteurs, bien qu'elles proviennent de différentes
variétés. Toutefois, les acheteurs ont tendance à acheter
les noix de grosses tailles que les noix de petites tailles.
3.1.4 Circuit de
commercialisation
Un circuit de commercialisation peut se définir comme
une succession d'intermédiaires et des lieux par où transitent,
pendant une période définie, des flux :
- de produits (allant de l'offreur à
l'acquéreur) ;
- de monnaie (allant de l'acquéreur à
l'offreur) ;
- d'informations sur la demande et l'offre (circulant dans les
deux sens).
Un circuit est donc caractérisé aussi bien dans
l'espace qu'à travers le temps.
Les différents circuits empruntés par les noix
de cajou dans les communes de Bantè et Savalou sont illustrés par
la schéma 2 :
L'analyse de cette figure révèle des mouvements
simples des noix de cajou animés par deux principaux circuits :
- un circuit court : Dans ce type de transaction, le
producteur livre les noix directement par l'intermédiaire des grossistes
ou semi-grossistes résidant dans la zone de production. Ce cas concerne
surtout les grands producteurs des noix de cajou qui attendent souvent la
pleine campagne et même parfois la fin de la campagne pour livrer la
totalité de leur production ;
- un circuit à longue distance : C'est de loin le
plus important car il concentre la quasi-totalité des noix de cajou
commercialisées. On y note la présence de presque tous les
acteurs du système : les collecteurs, les courtiers collecteurs,
les semi-grossistes et les grossistes résidants ou non.
Cette prédominance est surtout favorisée par
l'absence relative des consommateurs de noix de cajou brutes dans les zones de
production. En effet, au cours de notre enquête, nous n'avons
identifié aucune unité de transformation artisanale dans la zone.
Les producteurs avancent surtout l'argument que l'activité de
transformation est non seulement risquée, mais aussi moins rentable que
la vente des noix brutes. Cette remarque a été aussi une
préoccupation pour Quenum (2002) dans son étude sur la
stratégie de commercialisation des noix de cajou. Selon cet auteur,
étant donné que le taux de transformation de l'anacarde en amande
de cajou est de 0,21, l'on peut se demander si la transformation est une
opération économiquement rentable. Le même auteur s'est
demandé par la suite s'il n'était pas plus rentable de vendre
uniquement l'anacarde brut.
Par ailleurs, au cours de notre étude, une seule usine
de transformation était opérationnelle dans la zone. Il s'agit de
l'unité de transformation des noix de cajou du groupe KADJOGBE.
Les sociétés exportatrices ne sont pas
directement présentes dans la zone. Cette situation rend
réellement difficile l'établissement d'un circuit direct et par
conséquent la réduction des coûts de transaction et
l'augmentation des marges au niveau des différents acteurs.
Schéma 2 : Circuits de
commercialisation des noix de cajou
PRODUCTEUR
COLLECTEUR
COURTIER COLLECTEUR
SEMI-GROSSISTE
GROSSISTE
TRANSFORMATEUR EXPORTATEUR
TRANSFORMATEUR
ARTISANAL
INDUSTRIEL
Légende :
Mouvement très fréquent
Mouvement
fréquent
Mouvement moins
fréquent
Source : Nos enquêtes,
2004.
Toutefois, la structure du circuit telle qu'elle se
présente actuellement semble assez favorable à la mise en place
d'institutions et d'organisations en mesure de prendre en main le processus de
commercialisation.
En ce qui concerne les flux de commercialisation, il est
à noter que la quasi-totalité de la production est
orientée vers le Sud et particulièrement vers Cotonou et ses
environs. A ce niveau, les produits sont soit exportés vers l'Inde en
particulier, soit destinés aux unités de transformation
(artisanale ou industrielle).
Bien que certaines études affirment l'existence des
flux transfrontaliers (Singbo et al., 2004), notre étude n'en a
pas trouvé trace.
3.2 CONDUITE DES DIFFERENTS
ACTEURS DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU A BANTE ET
SAVALOU
L'objectif principal de cette section est de décrire et
d'analyser le comportement des divers agents de la commercialisation des noix
de cajou en relation avec leurs stratégies commerciales. Ces
stratégies permettent, selon Lutz (1994), de savoir comment les
acheteurs réagissent et s'adaptent par rapport aux opportunités
offertes par le marché.
Nous avons évalué la conduite du marché
à travers les sources d'informations sur le marché, les facteurs
déterminant les prix au niveau local, les stratégies de
concurrence, les arrangements de vente et d'achat, les modes de
règlement et les liens de parenté.
3.2.1 Sources d'information sur la
situation du marché
Dans la revue documentaire, nous avons montré
l'importance de l'information dans la performance des marchés des
produits agricoles. Le bon fonctionnement d'un marché est lié
entre autres aux sources d'information, à la bonne circulation de
l'information et à la crédibilité que les
différents acteurs leur accordent.
Très peu de sources d'information existent dans la
zone d'étude, malgré la rapide diffusion de ces informations. Le
tableau 11 rend compte des sources d'information utilisées par les
producteurs.
Tableau 11:
Principales sources d'information utilisées par les producteurs
Sources
|
Fréquence
|
Pourcentage (%)
|
Acheteurs
|
80
|
88,9
|
Producteurs
|
8
|
8,9
|
Autres
|
2
|
2,2
|
Total
|
90
|
100
|
Source: Nos enquêtes, 2004
L'analyse du tableau 11 montre que les acheteurs constituent
la principale source d'information disponible et principalement
consultée par les producteurs. Les producteurs sont donc tributaires des
acheteurs qui ont la facilité et la possibilité d'engendrer des
distorsions dans les informations sur le marché, et ceci en leur propre
faveur.
Les informations les plus diffusées concernent
l'évolution du prix du kilogramme sur le marché et la situation
de la demande internationale. Au cours de la campagne 2002 -2003, certains
acheteurs ont simulé une saturation du marché international et
donc le risque de mévente encouru par les producteurs s'ils ne
liquidaient par leurs produits. Cette simulation a été un
succès pour les acheteurs car les producteurs ont été
obligés de livrer la majorité de leur récolte à
200F le kilogramme. Le fait que la diffusion de l'information soit l'apanage
des seuls acheteurs engendre une asymétrie informationnelle qui ne rend
donc pas transparent le marché des noix de cajou dans la zone
d'étude.
Les autres sources d'information sont naissantes et leur effet
n'est pas encore perceptible sur le marché. De plus, les radios locales
tout comme les crieurs publics ne diffusent que le prix en cours sur le
marché local.
Les producteurs ne sont donc pas réellement
informés de la fluctuation du cours mondial, de l'évolution de la
demande internationale afin de faire pression sur les acheteurs et leur
proposer leur prix.
Dans un tel contexte de mal information, de sous- information
et de désinformation, la mise sur pied d'autres structures ou organes
d'information et de vulgarisation de la situation du prix et de la demande
internationale délivrerait les populations de la dépendance
informationnelle vis-à-vis des acheteurs. Ce qui leur permettrait
également de débattre réellement du prix auquel ils
entendent livrer leur produit. En effet, selon Shepherd (1998), une information
efficace sur les marchés ne peut que bénéficier aux
négociants et aux décideurs. Une information précise et
dûment actualisée sur les marchés permet aux agriculteurs
de traiter avec les négociants en meilleure connaissance de cause.
Lorsqu'elle est bien documentée (divulguée) et présentant
une analyse historique, l'information peut aider les producteurs à mieux
établir leur plan de mise en culture ou l'éventuelle introduction
de nouvelles récoltes. Une bonne information aide les décideurs
du secteur agricole à prévenir d'éventuels
problèmes de sécurité alimentaire.
3.2.2
Facteurs déterminant le prix moyen au producteur
L'étude des facteurs déterminant le prix moyen
au producteur a été faite grâce à une analyse de
régression du prix au niveau local depuis 1991 jusqu'en 2004. Il s'agit
de voir l'influence du prix plancher fixé par l'Etat au cours d'une
campagne d'une part, et celle du prix moyen au producteur de la campagne
antérieure d'autre part sur le prix moyen au producteur de la campagne
en cours.
Nous émettons l'hypothèse qu'il existe des
relations linéaires entre le prix plancher et les prix moyens au
producteur. Ainsi, le modèle de l'analyse de régression se
présente comme suit :
Pmp(t) = b0 + b1*PP(t) +
b2*Pmp(t-1) +u., avec :
Pmp(t) = Prix moyen au producteur au cours de
la campagne t ;
PP(t) = Prix plancher de la campagne t
fixé par l'Etat ;
Pmp(t-1) = Prix moyen au producteur au cours
de la campagne t-1.
bo,
b1, b2 :
Paramètres à estimer
u = terme d'erreur
Les résultats récapitulatifs du modèle
sont consignés dans le tableau 12.
Tableau 12 :
Tableau d'analyse de variance du modèle de régression
linéaire
Source de variation
|
Somme des carrés
|
ddl
|
Carré moyen
|
F
|
Signification
|
R-deux
|
R-deux ajusté
|
Régression
|
14459,005
|
2
|
7229,502
|
37,695
|
0,000
|
0,883
|
0,859
|
Résidu
|
1917,918
|
10
|
191,792
|
|
|
|
|
Total
|
16376,923
|
12
|
|
|
|
|
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
Le test de Durbin-Waston donne DW= 1,82. Or, d'après la
table d de Durbin-Waston, pour une taille d'échantillon de 15, et pour
trois paramètres, on a DL=0,82 et DU=1,75. Ainsi
4 - DL = 3,14 et 4 - DU = 2,25.
On constate donc que DU<DW<4-DU. On conclue qu'il n'y a
pas d'auto corrélation. Toutefois, étant donné que la
variable dépendante retardée a été
incorporée dans le modèle comme une variable explicative, il est
normal que la statistique DW soit proche de 2, indiquant l'absence d'auto
corrélation. Il y a donc possibilité de biais qui peut être
corrigée par la statistique h de Durbin. Bien que ce test soit
strictement valide pour les grands échantillons, il peut être
également utilisé pour les petits échantillons (Pindyck et
Rubinfeld, 1991).
La statistique h est donnée par la formule h = ()*
Avec la variance estimée de b2.
On a et n 0,31465676. On constate que n<1. Le test de Durbin est donc valide et on peut alors utiliser la
table Z de distribution normale pour tester sa signification statistique.
On peut ainsi dire qu'il n'y pas d'autocorrélation
entre la variable explicative Pmp(t-1) et la variable expliquée
Pmp(t).
On peut donc dire que le modèle est globalement
significatif au seuil de 1%.
Par ailleurs, R2= 0,883. Ainsi, 88,3% des
variations du prix moyen au producteur d'une campagne donnée sont
expliquées par le prix plancher de la même campagne et le prix
moyen au producteur de l'année précédente.
L'estimation des différents coefficients du
modèle est résumée dans le tableau 13.
Tableau 13 :
Coefficients de la régression linéaire
Coeff*
|
Valeurs non standardisées
|
Erreur standard
|
valeurs standardisées
|
t de Student
|
Sign**
|
Intervalle de confiance
|
b0
|
30,922
|
16,548
|
|
1,869
|
0,091
|
-5,948
|
67,793
|
b1
|
0,451
|
0,155
|
0,534
|
2,901
|
0,016
|
0,105
|
0,797
|
b2
|
0,422
|
0,171
|
0,454
|
2,468
|
0,033
|
0,041
|
0,802
|
* : Coefficients ** :
Signification
Source : Nos enquêtes,
2004.
L'analyse du tableau 13 nous permet d'écrire :
Pmp(t) = 30,92 + 0,45*PP(t) + 0,42*Pmp(t-1)
+u.
Erreur standard :
(16,54) (0,15) (0,17).
On constate également que b1 et
b2 sont significatifs au seuil de 5% et que b0 n'est pas
significatif au seuil de 5%. De plus, les valeurs standardisées des
coefficients b1 (0,53) et b2 (0,45) nous font dire que le
prix plancher au cours d'une campagne donnée contribue plus à la
variation du prix au producteur de la même campagne.
Et si tel est le cas, il devient important que le prix
plancher soit connu très tôt par les producteurs afin de pouvoir
estimer le prix moyen auquel ils peuvent livrer leur produit aux acheteurs.
Ceci contournerait un temps soit peu la désinformation dont ils sont
victimes.
3.2.3 Arrangements d'achat et de
vente
Dans toute activité économique, l'un des
objectifs les plus visés est la réalisation d'un profit maximum.
Pour y parvenir, les acteurs cherchent à minimiser les charges tout en
maximisant leur recette. Dans cette perspective d'optimisation des recettes,
les acheteurs des noix de cajou en général, et plus
particulièrement les semi-grossistes et les grossistes mettent en oeuvre
plusieurs stratégies. La campagne de commercialisation des noix de cajou
est lancée officiellement au Bénin au cours du mois de mars. Mais
bien avant l'ouverture de cette campagne, un grand nombre de producteurs ne
disposant pas de ressources financières, ont recours à des
préfinancements sous forme de crédit auprès de certains
acheteurs.
Les acheteurs ne disposant pas non plus de ressources
suffisantes pour assurer ce préfinancement obtiennent de la part de
certaines institutions financières, des prêts pour
l'exécution de leurs activités. Ces prêts suivent deux
itinéraires possibles. D'abord, ils permettent aux acheteurs de
répondre aux sollicitations des producteurs. Les résultats de nos
enquêtes montrent que 32% des producteurs bénéficient de
ces crédits informels soit pour entretenir leur plantation
d'anacardiers, soit pour répondre à des besoins pressants de
santé, de scolarisation, d'alimentation, d'habillement, de
cérémonies, etc. La plupart de ces crédits sont
octroyés entre septembre et octobre et varient de 15000 francs à
150000 avec une moyenne de 60000 francs environ.
Cet état des choses engendre une grande
variabilité des prix proposés aux producteurs en début de
récolte et par conséquent au cours d'une même campagne.
C'est ainsi que les premières ventes et par conséquent les
remboursements de crédit se font sur la base de 100 FCFA à 150
FCFA le kilogramme. Dans ce processus de remboursement en nature, les
producteurs bradent jusqu'au quart (25%) de leur production tandis que les
acheteurs rentabilisent leur crédit.
Toutefois, certains producteurs ayant
bénéficié de ce type de crédit ne respectent pas
parfois leur engagement. Ce non respect d'engagement est dû pour la
plupart aux feux de brousse, à la mauvaise récolte ou au
règlement d'autres urgences. Cette situation rend de nos jours les
acheteurs plus réticents à s'engager dans le système de
crédit informel qui, tout en produisant des bénéfices
substantiels, est sujet de nombreux risques.
Le second itinéraire suivi par les prêts est
celui de l'avance sur la commercialisation. Cette seconde stratégie
permet non seulement de pallier les difficultés liées à la
première, mais aussi et surtout de garantir à l'acheteur,
l'obtention des noix de cajou au temps et au prix voulus. De ce fait, elle n'a
lieu que lorsque commence la récolte. Les producteurs qui se trouvent
dans un besoin pressant d'argent pour résoudre un problème
ponctuel obtiennent de la part des acheteurs des prêts de l'ordre de 2500
à 10 000 francs CFA pour un délai d'une à deux
semaines. Le remboursement se fait en tenant compte du prix en cours le jour de
l'octroi du crédit. Notre étude révèle que 36% des
producteurs ont recours au système d'avance sur commercialisation dans
bien des cas. Cette deuxième stratégie semble à priori
meilleure à la première car elle réduit les risques. De ce
fait, elle est plus favorable aux producteurs qui vendent alors leur produit
à court terme et suivant le prix du marché.
Le volume du crédit et le délai de remboursement
sont à leur tour à l'avantage de l'acheteur.
Il est à noter que le crédit de
préfinancement se fait par 24% des acheteurs (en majorité les
grossistes et semi-grossistes) tandis que l'avance sur commercialisation se
fait par 61% des acheteurs (en majorité les collecteurs et les
semi-grossistes).
Dans tous les cas, le paysan a des besoins
élevés de capital pour résoudre ses problèmes. Ces
besoins de capital et l'impossibilité pour lui de les obtenir de
façon formelle et à des coûts réduits le poussent
à s'engager dans des processus qui loin de le relever ou de permettre
l'évolution de l'activité, le rendent encore plus
dépendant et donc le maintiennent dans sa condition de pauvre.
Il serait alors souhaitable de mettre sur pied des structures
d'appui financier aux producteurs afin de les rendre moins dépendant de
acheteurs des noix de cajou.
3.2.4 Processus de concurrence
La concurrence est un processus au cours duquel des vendeurs
se rencontrent sur un marché et ont un comportement de
compétition pour vendre leurs produits dont ils se disputent les
acheteurs. Cette rivalité doit concourir en principe à assurer le
coût et le prix les plus bas (Bialès et al., 1999).
En ce qui concerne la commercialisation des noix de cajou,
nous avançons l'assertion que la concurrence est le processus au cours
duquel des acheteurs se rencontrent sur un marché et adoptent un
comportement de rivalité pour acheter les produits.
Etant donné que le prix des noix de cajou au niveau du
marché local ne fluctue pas à court terme, l'objectif des
acheteurs est de maximiser la quantité de noix achetée. Pour y
parvenir, les grossistes se font aider par des réseaux informels
d'acheteurs qui utilisent à leur tour d'autres acheteurs.
En élargissant le réseau d'acheteurs, chaque
grossiste accroît sa potentialité et son aptitude à
répondre efficacement à la demande de l'exportateur pour qui il
travaille. Ainsi, les grossistes qui utilisent à leur compte des
courtiers collecteurs ou des collecteurs ne sont pas en concurrence avec ces
derniers, mais plutôt avec d'autres grossistes poursuivant les
mêmes objectifs. Il n'existe donc pas dans la zone d'étude une
concurrence entre les différentes catégories d'acteurs.
Toutefois, au sein de chaque catégorie d'acheteurs, les agents se
livrent à de sérieuses concurrences. On peut alors dire que le
marché des noix de cajou dans les communes de Bantè et de Savalou
est caractérisé par une concurrence que nous qualifierons de
concurrence horizontale. Toutefois, nos enquêtes ont
révélé quelques cas de concurrence entre certains
collecteurs et des semi-grossistes autonomes.
Dans le souci de contourner un peu la concurrence horizontale
qui offre aux acheteurs d'une même catégorie les mêmes
potentialités et les mêmes possibilités d'accéder au
même produit, les différents agents jouent sur les liens de
parenté. Lorsque les prix sont stables à une période
donnée, les producteurs expriment leur préférence à
livrer leur produit beaucoup plus à des parents qu'à des tiers.
Par ailleurs, en dehors des stratégies de crédit
et d'avance sur commercialisation, le paiement direct des produits
achetés est un moyen utilisé par les acheteurs pour
établir une certaine confiance entre eux et les producteurs.
Les résultats de nos enquêtes
révèlent qu'aucun producteur ne vend aujourd'hui son produit
à crédit. Ils préfèrent recevoir l'argent soit
à l'avance, soit à la livraison ; et ceci par manque ou
perte de confiance aux acheteurs. Les conséquences des
expériences vécues par le passé en sont la principale
cause. En effet, des tentatives d'achat à crédit ont eu lieu dans
certains arrondissements (Attakè et Tchètti) par certains
opérateurs économiques (CECO3(*), AGRO Services Conseil). Malheureusement, la plupart
des producteurs enquêtés et ayant participé à cette
transaction reconnaissent ne pas être rentrés dans
l'intégralité de leur dû. Cette situation a conduit
à la disparition de ce genre de contrat dans la zone d'étude.
Pour mieux appréhender l'effet des liens de
parenté et du mode de paiement sur l'achat des noix de cajou, nous avons
utilisé le test W de Kendall. Les résultats des différents
tests sont consignés dans les tableaux 14, 15 et 16.
Tableau 14 :
Hiérarchisation des liens entre les acheteurs et les producteurs.
Liens
|
Rang moyen*
|
Ordre
|
Test de concordance W de Kendall
|
Parenté
|
2,47
|
1
|
N
|
96
|
Aucun lien social
|
2,04
|
2
|
W de Kendall
|
0,03
|
Amitié
|
1,49
|
3
|
Khi-deux
|
58,227
|
|
|
|
ddl**
|
2
|
|
|
|
Signification asymptotique
|
0,000
|
* La codification faite à ce niveau a attribué
le plus grand poids au lien le plus fréquent. De ce fait, on comprend
que le critère à rang moyen le plus élevé est celui
qui occupe le premier rang.
** ddl : degré de liberté.
Source : Nos enquêtes,
2004.
Les résultats du tableau 14 prouvent que dans un
contexte de non fluctuation des prix et de disponibilité de
liquidité au niveau des acheteurs, les producteurs ont tendance à
livrer leurs produits à des parents plutôt qu'à des tiers.
Ce qui nous permet de dire que le marché des noix de cajou est
également influencé par des réseaux sociaux, en
dépit de son caractère de culture de rente et d'exportation. Ces
résultats confirment ceux obtenus par Adanguidi (2000) qui trouve que le
marché des produits agricoles n'est pas uniquement fondé sur la
rationalité, mais aussi sur l'existence de réseaux de
parenté. Mais la particularité dans la commercialisation des noix
de cajou est la coexistence de la rationalité et des liens de
parenté dans le processus. En effet, les producteurs ont avoué
que dès l'abord, ils privilégient, dans ce processus de vente, le
plus offrant. Et ce n'est que lorsqu'il n'y a pas de variation de prix qu'ils
ont tendance à vendre leur produit à leurs parents qui ont les
moyens. Par ailleurs, la notion de parenté prend dans nos
sociétés traditionnelles une dimension nettement plus forte et
plus large que le simple cadre de parents proches.
Il est à noter que cette hypothèse n'est
vérifiée qu'au niveau de la collecte primaire des noix de cajou.
Les résultats du test au sein des acheteurs eux-mêmes (voir
tableau 15) montrent la non prédominance des relations de
parenté entre les collecteurs et les courtiers collecteurs d'une part,
et entre les collecteurs courtiers, les semi-grossistes et les grossistes
d'autre part.
Tableau 15 :
Hiérarchisation des liens entre acheteurs.
Liens
|
Rang moyen*
|
Ordre
|
Test de concordance W de Kendall
|
Contrat de service
|
2,31
|
1
|
N
|
37
|
Parenté
|
2,20
|
2
|
W de Kendall
|
0,27
|
Amitié
|
1,49
|
3
|
Khi-deux
|
16,779
|
|
|
|
ddl**
|
2
|
|
|
|
Signification asymptotique
|
0,000
|
* La codification faite à ce niveau a attribué
le plus grand poids au lien le plus fréquent. De ce fait, on comprend
que le critère à rang moyen le plus élevé est celui
qui occupe le premier rang.
** ddl : degré de liberté.
Source : Nos enquêtes,
2004.
Les différentes relations sont plus régies par
un simple contrat d'aide contre une rémunération.
Cette situation peut s'expliquer par le fait que les courtiers
collecteurs d'une part, les grossistes et semi-grossistes d'autre part,
estiment que les relations de parenté peuvent avoir des effets
néfastes sur la performance de leur activité. En effet, en
remettant l'argent à un mandataire, celui qui octroie l'argent court
deux principaux risques :
- le premier risque est celui du non respect d'engagement pour
livrer au moment opportun le produit commandé ;
- le second risque est celui de détournement. Le
mandataire ou le commissionnaire peut se retrouver en difficulté et
utiliser l'argent à des fins personnelles.
Dans ces conditions, le recouvrement des fonds peut
s'avérer très difficile voire impossible si les protagonistes
sont liés par les liens de parenté.
En ce qui concerne les modes de paiement des producteurs, les
résultats sont consignés dans le tableau 16
Tableau 16 :
Hiérarchisation des modes de vente les plus pratiqués par les
producteurs.
Mode de vente
|
Rang moyen*
|
Ordre
|
Test de concordance W de Kendall
|
Comptant
|
3
|
1
|
N
|
90
|
Avance sur commercialisation
|
1,68
|
2
|
W de Kendall
|
0,932
|
Crédit
|
1,32
|
3
|
Khi-deux
|
167,709
|
|
|
|
ddl**
|
2
|
|
|
|
Signification asymptotique
|
0,000
|
* La codification faite à ce niveau a attribué
le plus grand poids au lien le plus fréquent. De ce fait, on comprend
que le critère à rang moyen le plus élevé est celui
qui occupe le premier rang.
** ddl : degré de liberté.
Source : Nos enquêtes,
2004.
L'analyse du tableau 16 montre que la vente au comptant domine
largement dans les transactions, abstraction faite du crédit de
préfinancement des activités. Ceci peut s'expliquer par le fait
que les producteurs essaient également d'éviter les risques de
recouvrement de leur argent.
3.3 PERFORMANCE DU SYSTEME DE
COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU DANS LES COMMUNES DE BANTE ET SAVALOU
3.3.1 Structure des prix
3.3.1.1 Evolution spatiale et
temporelle des prix
Dans l'économie actuelle du marché des noix de
cajou, l'Etat intervient dans la fixation du prix plancher, prix en dessous
duquel aucune transaction ne devait être acceptée.
Toutefois, les variations des prix réels d'achat au
producteur sont dues non seulement aux variations du marché mondial
(Pompidou et Gockowski, 2004), mais aussi au rythme de demande des noix par les
exportateurs. La demande de ces derniers est elle-même
déterminée par la demande des usines de transformation en Inde et
au Pakistan (Singbo et al., 2004).
Ainsi, lorsqu'un exportateur se trouve dans le besoin de
livrer des noix dans un délai très court, il augmente
sensiblement le prix d'achat au producteur. Avant que d'autres exportateurs
réagissent et ajustent leur prix par rapport au prix alors en vigueur,
l'exportateur en question aura déjà rassemblé la
quasi-totalité de sa demande.
Les grossistes, mandataires des exportateurs, agissent
également sur les variations du prix au producteur. Il s'en suit une
stabilisation du prix pendant un bon moment avant d'autres variations. Le
tableau 17 présente la structure spatiale des prix au producteur pendant
la campagne 2003-2004.
Tableau 17 : Structure spatiale
des prix au producteur en 2003 - 2004
Communes
|
Arrondissements
|
Nov-Déc 2003
|
Janv-Fév 2004
|
Mars-Mai 2004
|
|
Attakè
|
|
150-200
|
200-250
|
Savalou
|
Ouèssè
|
|
150-200
|
200-275
|
|
Tchetti
|
75-125
|
125-200
|
200-250
|
|
Koko
|
|
150-200
|
200-275
|
Bantè
|
Akpassi
|
|
150-200
|
200-350
|
|
Agoua
|
|
150-200
|
200-275
|
Source : Nos enquêtes, 2004
L'analyse du tableau 17 montre que pour les deux communes les
variations des prix au producteur sont sensiblement identiques pour une
même période donnée. Ceci peut s'expliquer d'une part par
le fait que ce sont les mêmes grossistes qui interviennent dans toutes
ces zones de collecte primaire. D'autre part, la mobilité des acheteurs
(courtiers collecteurs principalement) et la concurrence entre divers
réseaux d'acteurs fait que le changement de prix dans une
localité se répercute rapidement sur les autres localités.
Les petites différences observées en fin de campagne à
Ouèssè dans la commune de Savalou et à Akpassi dans la
commune de Bantè sont dues à quelques particuliers qui attendent
presque totalement la fin de la campagne pour livrer le reste de leur
produit.
Une étude d'intégration des marchés par
la méthode de corrélation (Lutz, 1994 ; Sodjinou,
2000 ; Sodjinou et al, 2003) ou par le modèle de l'indice de
connection dynamique de Timmer et de Ravallion (Ahohounkpanzon, 1992 ;
Fanou Kloubou, 1994 ; Houédjoklounon, 2001) aurait
été possible si les marchés des noix de cajou, même
informels, avaient été périodiques avec un marché
central. En l'absence de périodicité d'une part, et de cadre
physique d'autre part, l'analyse de la connexion des marchés
s'avère impossible. De plus, la période de la recherche
(post-campagne) ne nous permet pas de relever de façon
systématique l'évolution du prix des noix de cajou chaque jour
dans chaque localité.
Toutefois, l'étude de la structure spatiale des prix
semble assez pertinente, malgré quelques insuffisances, pour analyser
l'intégration des marchés de noix de cajou. Le caractère
des noix de cajou qui semblent actuellement être plus des produits de
rente et d'exportation que des produits de consommation locale concourt
à cette possibilité.
On peut supposer que dans un court terme, tous les
marchés de noix de cajou dans la zone d'étude sont
intégrés. Mais nous ne saurions préciser le degré
d'intégration des marchés, les uns par rapport aux autres. Cette
intégration est favorisée non seulement par la structure du
système de commercialisation qui est de type oligopsone en
réalité, mais aussi par la libre circulation des personnes
à l'intérieur de chaque commune et entre les deux communes.
Malheureusement, nous ne saurions dire quelle zone de collecte primaire
influence les autres dans l'évolution. Seule la concurrence entre les
réseaux des différents acheteurs permet d'expliquer une telle
intégration. Ainsi, il n'existe pas de marché central de
référence autour duquel gravitent les autres zones de collecte
primaire. Dans un tel contexte, on peut dire qu'il n'existe aucun arbitrage
spatial entre les marchés des noix de cajou.
3.3.1.2 Analyse comparative du
prix au producteur et du prix plancher avant le lancement de la campagne.
Afin de mesurer l'effet des différentes distorsions
informationnelles sur les prix, nous avons essayé de comparer pour la
campagne 2003-2004 les prix moyens de vente au producteur au prix plancher
fixé par l'Etat.
L'analyse de comparaison a été faite grâce
au test de Student.
L'hypothèse de base est qu'il n'y a pas de
différence entre le prix moyen au producteur avant le lancement de la
campagne et le prix plancher de la même campagne.
Soit ìi le prix moyen au niveau du producteur i et
ì la moyenne de l'échantillon des producteurs. On a :
H0 : ì = 175 versus
H1 : ì ? 175
Tableau 18:
Résultats du test t de Student de comparaison du prix moyen au
producteur avant la campagne et du prix plancher 2003-2004.
Statistiques sur l'échantillon
|
N
|
Moyenne
|
Ecart-type
|
Erreur standard moyenne
|
PMP*
|
96
|
150,7813
|
17,56684
|
1,79291
|
Test sur l'échantillon
|
t
|
ddl
|
Signification (bilatérale)
|
Différence moyenne
|
Intervalle de confiance 95% de la
différence
|
Inférieure
|
Supérieure
|
PMP*
|
-13,508
|
95
|
0,000
|
-24,2188***
|
-27,7781
|
-20,6594
|
* Prix moyen au producteur avant le lancement de
la campagne. ***très hautement significative
Source : Nos enquêtes,
2004.
L'analyse des résultats montre qu'avant le lancement de
la campagne, le prix moyen au producteur est significativement différent
du prix plancher fixé par l'état. Ce qui suppose que les
producteurs sont réellement désavantagés lorsqu'ils
vendent leurs produits avant le lancement de la campagne officielle. Cette
situation est surtout aggravée par l'accès difficile aux sources
d'informations. Or d'après Shepherd (1998), l'accès à
l'information récente sur les prix et les quantités
commercialisées a un rôle crucial quand on veut réduire les
risques de perdre de l'argent dans des transactions. De ce fait, lorsqu'ils
disposent d'une bonne information, certains agriculteurs peuvent décider
de retarder l'envoi de leur production sur le marché au moment où
le prix est bas, évitant ainsi de recevoir un prix qui ne couvrirait pas
leurs coûts de récolte, de conditionnement et de transport. Dans
un tel contexte, la mise sur pied d'un système d'information semble
répondre un tant soit peu à cette préoccupation.
3.3.2 Evaluation de
l'efficacité du système de commercialisation des noix de cajou
dans les communes de Bantè et Savalou
L'une des approches de l'efficacité des marchés
agricoles est l'analyse des marges de commercialisation (Shepherd, 1994). A
l'intérieur de cette approche, il existe plusieurs
procédés dont notamment l'examen de la marge elle-même pour
voir comment elle se comporte par rapport aux différents agents, aux
coûts de transport depuis les producteurs jusqu'aux destinataires.
Le second procédé est celui de la part au
producteur dans le prix payé par le destinataire final. Au niveau de ce
procédé, plus la part au producteur est élevée,
plus les marges de commercialisation sont faibles et partant, le système
est efficace.
Bien que ce deuxième postulat soit souvent
utilisé, nous avançons avec Shepherd (1994) qu'en règle
générale, plus la chaîne de commercialisation est complexe
et longue, plus les coûts de commercialisation sont élevés.
De plus, d'après le même auteur, les marges sont souvent mal
interprétées, même lorsqu'elles sont correctement
calculées. Lorsqu'elle est présentée en pourcentage du
prix de vente final la part de tel ou tel intermédiaire, la marge peut
donner une impression éminemment trompeuse si l'on ne connaît pas
les coûts que cela implique. Et souvent, les gens qui font des recherches
sur les coûts et les marges de commercialisation partent de
l'hypothèse que les négociants exploitent les agriculteurs. Or,
il est tout à fait possible d'obtenir de telles marges avec des
coûts raisonnables et des bénéfices nets très
modestes pour les intermédiaires concernés. C'est pourquoi une
simple comparaison des prix payés aux agriculteurs avec les prix de
vente au consommateur final ne permet pas de juger de l'efficacité du
processus de commercialisation dans la mesure où elle ne tient pas
compte des coûts impliqués par le déplacement du produit le
long de la chaîne de commercialisation, qui va de l'agriculteur au
consommateur.
Nous allons donc faire recours à la première
méthode pour l'étude de l'efficacité. Dans un premier
temps, nous allons étudier les coûts de commercialisation, ensuite
nous analyserons les marges de commercialisation et enfin conclurons du
degré d'efficacité du système de commercialisation.
3.3.2.1
Analyse des coûts de commercialisation
Nous définissons par coûts de commercialisation,
l'ensemble constitué par les coûts de préparation et de
conditionnement des produits, les coûts de manutention, les coûts
de transport, les pertes, les coûts d'investissement, les commissions,
les redevances et paiements officieux etc.
L'analyse des coûts liés à la
commercialisation a été faite entre les collecteurs, les
courtiers collecteurs, les semi-grossistes et les grossistes, grâce
à une comparaison des moyennes. Le tableau 19 présente les
résultats de l'analyse de variance.
Tableau 19: Analyse de variance des
coûts de commercialisation des diverses catégories d'acteurs.
Sources de variation
|
Somme des carrés
|
ddl
|
Carrés moyens
|
F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
1347,668
|
3
|
449,223
|
5,570
|
0,003**
|
Intra-groupes
|
2661,692
|
33
|
80,657
|
|
|
Total
|
4009,361
|
36
|
|
|
|
** différence hautement
significative
Source: Nos enquêtes, 2004.
L'analyse du tableau 19 montre qu'il existe une grande
différence entre les coûts supportés par les diverses
catégories du système de commercialisation. L'analyse de la plus
petite différence significative est consignée dans le tableau
20.
Tableau 20 : Résultats
d'analyse de la plus petite différence significative des coûts de
commercialisation
Catégorie 1
|
Catégorie 2
|
Différence de moyenne (1-2)
|
Erreur standard
|
Signification
|
Collecteurs
|
Courtiers collecteurs
|
-8,92639
|
3,347000
|
0,012
|
Semi-grossistes
|
-13,44722
|
4,540092
|
0,006
|
Grossistes
|
-18,69722
|
6,694000
|
0,009
|
Courtiers collecteurs
|
Semi-grossistes
|
-4,52083
|
4,780472
|
0,351
|
Grossistes
|
-9,77083
|
6,859309
|
0,164
|
Semi-grossistes
|
Grossistes
|
-5,25000
|
7,513996
|
0,490
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
L'analyse du tableau 20 montre qu'il y a une différence
significative entre les coûts supportés par les collecteurs et
toutes les autres catégories d'acteurs prix individuellement alors que
les moyennes des coûts supportés par les courtiers, les
semi-grossistes et les grossistes ne sont pas significativement
différentes.
Les différents coûts supportés par chaque
catégorie d'acteur sont résumés dans les tableaux 21, 22,
23 et 24.
Tableau 21 : Coûts de
commercialisation des collecteurs
|
Transport
|
Emballage
|
Commissions
|
Taxes
|
Total
|
Coût moyen (F/kg)
|
0,64
|
0,01
|
1,27
|
0,05
|
1,975
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
Tableau 22 :
Coûts de commercialisation des courtiers collecteurs
|
Commissions
|
Déplacements personnels
|
Total
|
Coût moyen (F/kg)
|
9,625
|
0,293
|
9,918
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
Tableau 23: Coûts de
commercialisation des semi-grossistes
|
Transport
|
Emballage
|
Commissions
|
Main d'oeuvre
|
Taxes
|
Autres
|
Total
|
Coût moyen (F/kg)
|
3,45
|
0,02
|
10
|
0,85
|
0,2
|
0,05
|
14,57
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
Tableau 24 : Coûts de
commercialisation des grossistes
|
Transport
|
Emballage
|
Commissions
|
Main d'oeuvre
|
Taxes et douanes
|
Autres
|
Total
|
Coût moyen (F/kg)
|
11
|
0,21
|
25
|
3
|
0,28
|
1,5
|
40,99
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
Les collecteurs supportent les plus bas coûts (en
moyenne 2F par kg) alors que les grossistes supportent les coûts les plus
élevés (en moyenne 41F par kg).
Les frais supportés par les collecteurs et les
courtiers collecteurs sont essentiellement les frais de rapprochement et les
frais des commissions. Et le plus souvent, lorsque les quantités de noix
achetées ne sont pas importantes, les collecteurs assurent le
rapprochement à pied.
Les grossistes et semi-grossistes quant à eux
supportent non seulement les frais de rapprochement entre les villages et les
frais d'entreposage, mais aussi les frais du transport des noix des zones de
collecte primaire vers les centres d'exportation ou de transformation, les
frais de chargement et de déchargement, la main d'oeuvre, les diverses
taxes et les faux frais.
3.3.2.2 Analyse des marges de
commercialisation
Une marge commerciale est le pourcentage du prix de vente
moyen pondéré final pris par chaque maillon de la chaîne de
commercialisation. Cette marge doit couvrir les frais qu'implique le transfert
du produit d'un maillon de la chaîne au suivant et assurer un
bénéfice raisonnable à ceux qui effectuent ce transfert.
Il arrive que cette marge représente un pourcentage assez
élevé et soit utilisée comme argument pour prouver que les
agriculteurs ou les consommateurs sont exploités. Toutefois, ces marges
élevées sont souvent entièrement justifiées par les
coûts impliqués. Il est impossible de savoir si ces marges sont
raisonnables ou non, si l'on ne sait pas à quoi correspondent ces
coûts et comment ils ont été calculés. Une fois les
coûts déterminés, les marges sont déduites assez
facilement.
La marge de commercialisation peut se définir comme la
différence entre la marge brute et les coûts de commercialisation.
L'analyse des marges de commercialisation a été
également faite entre les diverses catégories d'acteurs. Les
résultats sont consignés dans le tableau 25.
Tableau 25 : Analyse de variance
des marges de commercialisation entre les diverses catégories
d'acheteurs des noix de cajou
Sources de variation
|
Somme des carrés
|
ddl
|
Carrés moyens
|
F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
2624,033
|
3
|
874,678
|
3,728
|
0,021*
|
Intra-groupes
|
7742,030
|
33
|
234,607
|
|
|
Total
|
10366,063
|
36
|
|
|
|
* différence significative
Source: Nos enquêtes, 2004.
L'analyse du tableau 25 montre qu'il y de différence
significative entre les diverses catégories d'acteurs du système
de commercialisation en ce qui concerne la réalisation des marges de
commercialisation. L'analyse de la plus petite différence significative
est consignée dans le tableau 26.
Tableau 26 : Résultats
d'analyse de la plus petite différence significative des marges de
commercialisation
Catégorie 1
|
Catégorie 2
|
Différence de moyenne (1-2)
|
Erreur standard
|
Signification
|
Collecteurs
|
Courtiers collecteurs
|
2,10806
|
5,708266
|
0,714ns
|
Semi-grossistes
|
-13,98178
|
7,743069
|
0,080*
|
Grossistes
|
-30,80778
|
11,416532
|
0,011*
|
Courtiers collecteurs
|
Semi-grossistes
|
-16,08983
|
8,153035
|
0,057*
|
Grossistes
|
-32,91583
|
11,698464
|
0,008**
|
Semi-grossistes
|
Grossistes
|
-16,82600
|
12,815025
|
0,198ns
|
ns : Non significatif * : Significatif ** :
Hautement significatif
Source: Nos enquêtes, 2004.
L'analyse de la plus petite différence significative
montre que les collecteurs et les courtiers réalisent en moyenne les
mêmes marges de commercialisation et qu'il y a une différence
hautement significative entre ces deux catégories d'acteurs et les
grossistes.
Les grossistes réalisent en moyenne une marge de
commercialisation de 49 francs par kilogramme (écart type = 24,31), les
semi grossistes 25 francs (#177; 6,91), les courtiers 10 francs (#177; 5.55) et
les collecteurs 14 francs (#177;18,94).
Ainsi, malgré les coûts de commercialisation
élevés au niveau des grossistes, ces derniers parviennent
à réaliser des bénéfices assez substantiels qui
sont pour la plupart nettement supérieurs à ceux
réalisés par les autres catégories d'acteurs.
Le même tableau montre qu'il n'y a pas de
différence significative entre les semi-grossistes, les courtiers
collecteurs et les collecteurs au seuil de 5%. Toutefois, la différence
est significative à 10%. Ce qui veut dire que cette catégorie
également parvient à réaliser de grands
bénéfices dans le système de commercialisation.
3.3.2.3 Efficacité de la
commercialisation
L'analyse de l'efficacité de la commercialisation est
faite en comparant, au niveau des collecteurs et des courtiers collecteurs, les
coûts de commercialisation et les marges brutes.
Cette analyse peut être ensuite utilisée pour
justifier l'intervention du gouvernement dans la commercialisation, que ce soit
pour fixer des prix minima ou pour mettre en place un office de
commercialisation. Dans le cas de notre étude, nous avons utilisé
la statistique t de Student. Les résultats
sont consignés dans le tableau 27.
Tableau 27 : Comparaison des
coûts et des marges brutes au niveau des collecteurs et des courtiers
collecteurs.
Catégories
|
Moyenne
|
Ecart type
|
Erreur standard
|
Intervalle de confiance 95% de la
différence
|
t de Student
|
ddl
|
Signification bilatérale
|
Inférieure
|
Supérieure
|
Collecteurs
|
13,55667
|
18,829657
|
4,438193
|
4,19290
|
22,92043
|
3,055
|
17
|
0,007***
|
Courtiers collecteurs
|
11,4767
|
6,35608
|
1,83484
|
7,4382
|
15,5151
|
6,255
|
11
|
0,000***
|
*** : très hautement significatif.
Source : Nos enquêtes,
2004
L'analyse du tableau 27 montre qu'il y a une différence
significative entre les coûts et les marges brutes au niveau des
collecteurs et des courtiers collecteurs. La commercialisation n'est donc pas
efficace au niveau de ces deux catégories car elles réalisent des
marges brutes nettement supérieures aux coûts engagés.
Au niveau des semi-grossistes et des grossistes, le faible
nombre de personnes enquêtées ne permet pas une telle
comparaison. Toutefois, on remarque que en moyenne, la différence entre
la marge brute et les coûts de commercialisation est de 10F par Kg chez
les semi-grossistes et de 8F par Kg chez les grossistes. Il convient donc de
dire que c'est la quantité de noix achetées qui permet à
ces catégories de réaliser de grands bénéfices.
Toutefois, même si les acheteurs réalisent de
grands profits, cela voudra-t-il dire que les producteurs sont pour autant
défavorisés dans le processus de commercialisation ? Une
pareille préoccupation mérite bien une attention
particulière. Pour ce faire, nous avons comparé les marges brutes
par unité de coûts variables obtenues par les producteurs aux
marges de commercialisation par unité de coûts
dégagées par les acheteurs. Nous avons considéré
dans ce calcul, les coûts variables supportés par les producteurs
et les coûts de commercialisation supportés par les acheteurs au
titre de la campagne agricole 2003-2004. Les résultats sont
consignés dans le tableau 28.
Tableau 28 :
Comparaison des ratios marge/coût des acheteurs et des producteurs.
t de student
|
ddl
|
Sign* (bilatérale)
|
Différence moyenne
|
Différence écart-type
|
Intervalle de confiance 95% de la
différence
|
Inférieure
|
Supérieure
|
3,639
|
115
|
0,000
|
2,3563***
|
0,64752
|
1,07368
|
3,63889
|
* : Signification
bilatérale ; *** très hautement
significative
Source : Nos enquêtes,
2004.
L'analyse du tableau 28 nous permet de dire qu'il y a une
différence significative entre les marges par unité
d'investissement des acheteurs et les marges par unité de coût des
producteurs. La moyenne de ce ratio est de 3,41 au niveau des acheteurs alors
qu'elle est de 1,09 au niveau des producteurs. Ce qui nous amène
à dire que les activités de production et de commercialisation
des noix de cajou sont toutes deux très rentables. Toutefois, une
dépense de 1F consentie par un acheteur lui procure une marge de
commercialisation de 3,41F alors qu'une dépense de 1F faite par le
producteur lui procure une marge brute de 1,09, la marge brute du producteur
étant égale au produit total escompté des coûts
variables. Ainsi par unité d'investissement, l'acheteur tire un profit
trois fois plus grand que le bénéfice obtenu par le
producteur.
Le système des noix de cajou étant alors
inefficace, les producteurs tirent donc des marges nettement inférieures
à celles obtenues par les acheteurs. Dans un tel contexte, il est
important de voir si les ressources allouées à la production des
noix de cajou sont efficaces et comment améliorer le processus
d'allocation de ces ressources. Car de tout point de vue, une augmentation du
prix au producteur aura sûrement une influence sur les marges
dégagées par les producteurs, mais aussi sur celles obtenues par
les différents acheteurs.
3.3.3 Impacts de la
commercialisation des noix de cajou sur les producteurs
La production et la vente des noix de cajou adoptées
depuis plus d'une dizaine d'années par les habitants des communes de
Bantè et de Savalou ont eu sur ces populations de profondes influences.
Cette partie s'atèle à présenter les différentes
transformations obtenues dans la vie des producteurs des noix de cajou.
D'après Singbo et al. (2004), les noix de cajou contribuent
à plus de 50% au revenu des ménages agricoles de Bantè. On
peut alors penser que le revenu issu de l'activité des noix de cajou
permet aux producteurs d'atteindre un certain degré de satisfaction ou
de résoudre un temps soit peu certains problèmes auxquels ils
sont souvent confrontés. Le tableau 29 donne une idée de ces
problèmes et de la proportion des ménages qui ont utilisé
une partie des ressources issues de la noix de cajou pour essayer de les
résoudre.
Tableau 29 : Domaines
d'utilisation des revenus procurés par la vente des noix de cajou
Domaines d'utilisation
|
Répondants (%)
|
Non répondants (%)
|
Education
|
47,02
|
52,08
|
Soin de santé
|
57,30
|
42,70
|
Alimentation
|
72,92
|
27,08
|
Habillement et autres soins
|
57,30
|
42,70
|
Construction et aménagement des maisons
|
46,88
|
53,12
|
Acquisition de moyens de déplacement
|
46,88
|
53,12
|
Investissement dans d'autres activités
|
10,42
|
89,58
|
Biens d'équipement
|
5,21
|
94,79
|
Payement des dettes
|
22,92
|
77,08
|
Mariages set cérémonies
|
14,58
|
85,41
|
Source : Nos enquêtes,
2004.
L'analyse de ce tableau montre que les principales
réalisations auxquelles contribue la vente de la noix de cajou sont
l'éducation (47%), l'amélioration de la santé (57%),
l'alimentation et l'entretien de la famille (73%), la construction et/ou
l'aménagement des maisons (49%), l'acquisition des moyens de
déplacement (49%).
Voici le témoignage de quelques producteurs à la
question : Quelles réalisations avez-vous faites avec
le revenu issu de la vente des noix de cajou ?
« C'est vrai que le prix auquel nous livrons les
noix de cajou ne nous semble pas rémunérateur. Néanmoins,
j'ai pu acheter cette année une moto, et ce grâce au
bénéfice tiré de la vente des noix de cajou. Malgré
les problèmes que je rencontre dans l'entretien de mes plantations, je
continuerai à investir dans la production des noix de cajou jusqu'au
jour où les prix vont commencer par baisser exagérément.
Alors, je planterai de l'igname. » ODAH A.,
Tchètti.
« C'est en économisant les petits revenus
issus de la vente des noix de cajou que j'ai pu achever ma construction en
2001-2003. » GNIMAVO S.,
Attakè.
« C'est avec le revenu issu de la vente des noix
de cajou que j'ai pu envoyer mon enfant à l'internat des prêtres
de Akpassi, que j'entretien ma famille et subviens à mes propres
besoins. » ADJI O.,
Akpassi.
Par ailleurs, le revenu issu de la vente des noix de cajou
contribue également à l'acquisition d'un certain nombre de
matériel (télévision, moulin, radio,..), à
l'investissement dans d'autres activités agricoles et dans le commerce.
Ce revenu contribue également au règlement des dettes et à
l'organisation des cérémonies et des festivités.
Il est clair que dans une certaine mesure, la production vente
des noix de cajou contribue sensiblement à l'amélioration des
conditions de vie des populations de Bantè et de Savalou malgré
l'inefficacité du système.
Une meilleure organisation du système de
commercialisation, en augmentant le revenu au niveau paysan et en permettant
une gestion et une allocation efficace des ressources pourra encore permettre
aux producteurs de sortir réellement de la pauvreté dans laquelle
ils végètent, ou de la susceptibilité à la
pauvreté qui constitue pour eux une menace quotidienne et permanente.
CHAPITRE 4 : CONCLUSION ET
RECOMMANDATIONS
4.1 CONCLUSION
La présente étude qui traite de la
commercialisation des noix de cajou dans les communes de Bantè et de
Savalou nous a permis de mieux comprendre les processus de vente et d'achat du
produit en vigueur dans la zone.
Il ressort de nos observations et analyses que la noix de
cajou est un produit en plein essor dans les communes de Bantè et de
Savalou. L'évolution croissante du prix et l'intérêt et le
caractère particulier du produit fait que de nombreux producteurs s'y
adonnent depuis plusieurs années. Les bénéfices
substantiels obtenus par les producteurs contribuent à améliorer
leurs conditions de vie.
On distingue six catégories d'acteurs dans le circuit
de commercialisation : les producteurs, les collecteurs, les courtiers
collecteurs, les semi-grossistes, les grossistes et les
exportateurs/transformateurs. Ce circuit offre de nombreux avantages en ce sens
qu'il est simple et se prête à une structuration verticale. La
standardisation des prix des instruments de mesure se présente comme un
facteur d'amélioration de la concurrence.
Toutefois, l'entrée incontrôlée de
nombreux intermédiaires dans le circuit de commercialisation et le
désengagement de l'Etat du processus de commercialisation des noix de
cajou constituent de grandes menaces au développement et à
l'organisation de la filière, et donc à tous les acteurs du
système de commercialisation sans aucune distinction. A ces menaces
s'ajoutent des distorsions comme :
- la manipulation des mesures malgré la tendance
à une standardisation, due à l'absence de structure de
contrôle et de certification ;
- la non différenciation des produits sur le
marché ;
- la non réglementation des conditions d'accès
au marché ;
- le caractère oligopsone du marché qui ne
favorise pas de bonnes politiques de prix ;
- l'absence d'organisation de producteurs et d'acheteurs des
noix de cajou dans les communes de Bantè et de Savalou ;
- l'impossibilité d'exportation et de vente directe aux
transformateurs par les producteurs par manque d'organisation ;
- le faible investissement propre des acheteurs dû au
manque de ressources personnelles ou de structures de financement ;
- le bradage des produits par les producteurs avant le
démarrage officiel de la campagne de commercialisation ;
- le manque de sources permanentes et fiables d'information
sur l'état du marché des noix de cajou en ce qui concerne
l'offre, la demande, les prix, les zones de production ;
- la dépendance des producteurs
vis-à-vis des acheteurs qui leur offrent des conditions de crédit
désavantageuses.
4.2 RECOMMANDATIONS
Face à tous ces problèmes et observations, nous
préconisons un certain nombre d'actions qui pourraient contribuer
à l'organisation efficace et effective de la commercialisation des noix
de cajou non seulement dans les communes de Bantè et de Savalou, mais
aussi dans toutes les régions impliquées dans cette
activité.
La fixation du prix plancher très tôt ainsi que
la révision de la période de lancement officiel de la campagne de
commercialisation par l'Etat limitera le bradage dont sont victimes les
producteurs. En effet, ladite campagne démarre réellement un
à deux mois avant son lancement officiel.
L'élaboration par l'Etat d'un cadre institutionnel pour
réglementer le marché des noix de cajou est la seconde action
à envisager. Ce cadre déterminera les conditions d'accès
au marché, identifiera et certifiera les balances à utiliser sur
le marché. Ce cadre institutionnel doit être accompagné
d'un système efficace d'information et de communication non seulement
sur les prix, mais aussi sur la situation et l'évolution des
marchés mondial, régional et local des noix de cajou. Ceci aidera
les producteurs à maîtriser dans une certaine mesure, le
marché dans lequel leurs produits sont déversés. Dans ce
cas, il s'avère nécessaire d'évaluer l'efficacité
des systèmes d'information des marchés actuellement en
vigueur.
La mise sur pied par l'Etat et les Communes d'organisations
professionnelles de producteurs et d'acheteurs permettra l'établissement
d'un cadre de concertation pour ajuster l'offre à la demande,
créant ainsi des conditions meilleures et durables de
détermination des prix plancher.
Dans la perspective d'un éventuel projet d'appui aux
producteurs des noix de cajou, nous recommandons à l'Etat et aux ONGs,
une action centrée principalement sur l'appui à la transformation
locale. Il s'agira d'accompagner l'amélioration de la valeur
ajoutée et de la qualité des produits par une intervention sur
les systèmes de production et générer ainsi une nouvelle
concurrence sur le marché de la collecte par la mise en oeuvre d'une
commercialisation directe par les associations de producteurs.
Le rapprochement des consommateurs directs des noix brutes des
producteurs entraînera une réduction des coûts de
transaction. Ce qui pourra augmenter la marge dégagée au niveau
de chaque acteur.
Pour régler le problème lié au bradage
des noix de cajou, l'Etat, les Communes et les ONGs peuvent mettre sur pied
dans les localités concernées, des systèmes de
crédit direct d'appui aux producteurs des noix de cajou
spécialement. Ces systèmes peuvent prendre la forme de
Crédit Stockage. Dans un tel système, le producteur qui se trouve
dans des besoins pressants de liquidité peut s'adresser aux structures
de microfinance auprès desquelles il empruntera de l'argent tout en
mettant en garantie ses noix de cajou au prix courant du marché. Les
structures concernées conserveront alors les noix de cajou et se
chargeront de les vendre lorsque les prix seront assez élevés sur
le marché. Le surplus dégagé que nous appelons ici plus
value sera retourné au producteur, après déduction de la
dépréciation, des frais de stockage et de la part qui revient
à la structure dans la plus value dégagée.
Ce système qui n'est pas nouveau dans la
commercialisation des produits agricoles vivriers au Bénin4(*) peut s'adapter à toutes
les formes d'organisations de producteurs existant dans la zone, en passant du
crédit individuel au crédit collectif.
L'élaboration, l'expérimentation puis la
validation par l'Etat, les ONGs et les Communes d'un pré- système
de mise en marché collective des noix de cajou pourra également
aider les producteurs non seulement à se passer des services d'un
certain nombre d'acheteurs, mais aussi à augmenter leur propre marge et
leurs capacités organisationnelles rendant alors le système de
commercialisation plus efficace.
Mais quelle que soit l'efficacité du système de
commercialisation, le producteur va toujours se plaindre s'il n'insère
pas dans sa plantation un mode de gestion plus moderne et mieux
amélioré que les systèmes traditionnels existants. Dans
cette perspective, il faudra se demander comment le producteur alloue-t-il
actuellement les ressources dont il dispose dans le cadre de la conduite des
plantations de noix de cajou ? Ainsi, il est nécessaire qu'une
recherche soit menée dans ce sens afin d'améliorer les
systèmes de production ayant intégré l'anacardier.
BIBLIOGRAPHIE
Abbot, J.C., 1985- Agricultural Marketing
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TABLE DES MATIERES
TITRES
PAGES
CERTIFICATION.....................................................................................................
|
i
|
AVANT
PROPOS.....................................................................................................
|
ii
|
DEDICACE..............................................................................................................
|
iii
|
REMERCIEMENTS...................................................................................................
|
iv
|
TABLE DES
MATIERES.............................................................................................
|
vi
|
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS.......................................................................
|
ix
|
LISTE DES
TABLEAUX............................................................................................
|
x
|
LISTES DES
FIGURES..............................................................................................
|
xi
|
LISTES DES
SCHEMAS.............................................................................................
|
xi
|
LISTE DES
CARTES.................................................................................................................................
|
xi
|
LISTE DES
ANNEXES..............................................................................................
|
xi
|
RESUME................................................................................................................
|
xii
|
ABRSTACT.............................................................................................................
|
xviii
|
CHAPITRE I : INTRODUCTION GENERALE
1
1.1 INTRODUCTION
1
1.2 PROBLEMATIQUE, JUSTIFICATION ET OBJECTIFS
3
1.2.1 Problématique
3
1.2.2 Justification
4
1.2.3 Objectifs
8
1.3 PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
8
1.3.1 Situation géographique et
administrative
8
1.3.2 Milieu physique
12
1.3.2.1 Climat
12
1.3.2.2 Relief et sol
12
1.3.2.3 Végétation et
Hydrographie
12
1.3.3 Milieu humain
13
1.3.4 Contexte économique
13
1.4 PRESENTATION DU MATERIEL VEGETAL
14
1.4.1 Origine et distribution de l'anacardier
14
1.4.2 Description l'anacardier et des noix de
cajou
14
1.4.2.1 Description de l'anacardier
14
1.4.2.2 Description des noix de cajou
15
1.4.3 Importance et utilité de
l'anacardier
15
CHAPITRE 2 : REVUE DE LITTERATURE, HYPOTHESES
ET METHODOLOGIE
18
2.1 REVUE DE LITTERATURE
18
2.1.1 Approches théoriques
18
2.1.1.1 Approche néoclassique
18
2.1.1.2 Approche des marchés
contestables
19
2.1.1.3 Approche de la nouvelle économie
institutionnelle
20
2.1.1.4 Approche des marchés
agricoles
22
2.1.2 Définition des concepts
22
2.1.2.1 Marché
22
2.1.2.2 Réseau commercial
23
2.1.2.3 Clientélisme
25
2.1.2.4 Courtier commercial
25
2.1.2.5 Coût de transaction
26
2.1.2.6 Commercialisation et système de
commercialisation
27
2.1.3 APPROCHES D'ANALYSE
31
2.1.3.1 Approche Filière
31
2.1.3.2 Approche sous secteur
33
2.1.3.3 Approche circuit
33
2.1.3.4 Paradigme
Structure-Conduite-Performance (SCP)
34
2.1.4 Point des études sur les noix de cajou
au Bénin
37
2.2 HYPOTHESES DE RECHERCHE
38
2.3 APPROCHE METHODOLOGIQUE
39
2.3.1 Phase préparatoire
39
2.3.2 Phase exploratoire
39
2.3.2.1 Etude exploratoire
39
2.3.2.2 Choix des zones
d'enquête
39
2.3.2.3 Echantillonnage des producteurs des
noix de cajou
40
2.3.2.4 Echantillonnage des acheteurs des noix
de cajou
41
2.3.3 Phase de collecte des données
42
2.3.4 Phase d'analyse des données
43
2.3.4.1 Méthode d'analyse
43
2.3.4.2 Techniques d'analyse
44
2.3.4.3 Tests d'hypothèses
44
CHAPITRE 3 : RESULTATS ET DISCUSSIONS
48
3.1 CARACTERISTIQUES DU SYSTEME DE
COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU DANS LES COMMUNES DE BANTE ET SAVALOU
48
3.1.1 Principaux acheteurs des noix de cajou
48
Acheteurs questionnés
48
3.1.2 Caractéristiques des différents
acteurs
52
3.1.3 Instruments de mesure et
Homogénéité du produit
53
3.1.3.1 Instruments de mesure
53
3.1.3.2 Homogénéité du
produit
56
3.1.4 Circuit de commercialisation
57
3.2 CONDUITE DES DIFFERENTS ACTEURS DU SYSTEME DE
COMMERCIALISATION DES NOIX DE CAJOU A BANTE ET SAVALOU
59
3.2.1 Sources d'information sur la situation du
marché
59
3.2.2 Facteurs déterminant le prix moyen au
producteur
61
3.2.3 Arrangements d'achat et de vente
63
3.2.4 Processus de concurrence
65
3.3 PERFORMANCE DU SYSTEME DE COMMERCIALISATION DES
NOIX DE CAJOU DANS LES COMMUNES DE BANTE ET SAVALOU
69
3.3.1 Structure des prix
69
3.3.1.1 Evolution spatiale et temporelle des
prix
69
3.3.1.2 Analyse comparative du prix au
producteur et du prix plancher avant le lancement de la campagne.
71
3.3.2 Evaluation de l'efficacité du
système de commercialisation des noix de cajou dans les communes de
Bantè et Savalou
72
3.3.2.1 Analyse des coûts de
commercialisation
73
3.3.2.2 Analyse des marges de
commercialisation
76
3.3.2.3 Efficacité de la
commercialisation
78
3.3.3 Impacts de la commercialisation des noix de
cajou sur les producteurs
79
CHAPITRE 4 : CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
82
4.1 CONCLUSION
82
4.2 RECOMMANDATIONS
83
BIBLIOGRAPHIE
86
ANNEXES
* 1 Projet
anacarde : appui à la professionnalisation de la filière
anacarde pour lutter contre la pauvreté et la désertification
dans le Nord-Est de la Côte d'Ivoire. Internet
* 2 Fruit sec
indéhiscent (qui ne s'ouvre pas), mais qui se détache
entièrement de la plante mère.
* 3 Cellule de Concertation
* 4 Le Promic a
expérimenté ce système sous le vocable Crédit
Stockage Vivrier.