1.2 La Situation macroéconomique du crédit au
secteur privé dans les pays en développement.
Le nouveau lien qui se resserre entre les marchés de
capitaux émergents ou développés se manifeste par un essor
spectaculaire des entrées de capitaux dans les pays en
développement ou en transition. Dans les années 70 et 80,
l'apport net total à ces pays n'était que de 10 à 20
milliards de dollars en moyenne par an soit environ 1% de leur PIB
combiné. Or, rien qu'en 1991 cet apport s'est chiffré à
120 milliards, puis il a progressé constamment, atteignant 280 milliards
en 1997 (plus de 4% du PIB), avant de tomber à 234 milliards en 1998 au
lendemain des crises financières qu'ont connus plusieurs marchés
émergents. Cette mondialisation financière grandissante et la
progression des flux financiers internationaux qui la caractérise
pourraient, à terme, rendre l'allocation mondiale de l'épargne
intérieure dans la plupart des pays. Toutefois, les 2 dernières
décennies, les marchés de capitaux internationaux sont sujets
à des revirements imprévisibles, à des crises
coûteuses et à la contagion. La mondialisation des capitaux
présente aussi de très grands risques, car l'instabilité
peut désormais se propager de façon quasi instantanée d'un
pays à d'autres.
La stabilité du secteur réel est
particulièrement importante dans les pays en développement,
où les structures de production sont souvent très sensibles
à des chocs intérieurs et extérieurs. C'est pour cette
raison que l'instabilité du secteur réel a toujours
entraîné celle des systèmes financiers dans les pays en
développement et que la stabilité macroéconomique a
été considérée comme une condition préalable
clé de la restructuration des banques dans les pays du tiers monde. Un
environnement macroéconomique sain et la croissance économique
sont également indispensables au développement du système
bancaire viable, qui ne pourrait être sain et stable s'il n'a pas de
projets bancables à financier. Les banques doivent pouvoir financer un
secteur privé dynamique fonctionnant dans un cadre juridique, comprenant
notamment un statut de la propriété, transparent et propice
à l'exécution des contrats financiers, au recouvrement des
créances et à la mobilisation des garanties.
5
www.imf.org « Perspectives de
l'économie mondiale 2010 ».
6 ODONNAL Evan « Lien entre demande de crédit et
croissance économique le cas des crédits aux
sociétés en France sur la période récente »
1997. p. 139.
7
Les banques demeurent la pierre angulaire du système
financier des pays en développement. De fait comme l'indique la banque
Européenne pour la reconstruction et le
développement7, les banques des pays en développement
jouent un rôle encore plus grand dans le financement de l'activité
économique intérieure que celle de bien des pays en
développement. Elles empruntent en assurant aux épargnants que
leurs dépôts sont liquides et en sécurité, et elles
transforment une partie considérable de ces dépôts en
prêtant à des emprunteurs qui, pour une raison ou en autre, sont
incapables d'émettre des titres négociables sur des
marchés actifs. En déterminant la solvabilité d'un
emprunteur, les banques analysent la rentabilité sous-jacente du projet
à financer au moyen d'information différente de celle dont
dispose l'emprunteur. L'efficacité avec laquelle les banques jouent le
rôle dépend aussi de la concurrence dans le système
bancaire et de la situation macroéconomique. Si les banques de nombreux
pays en développement manquent autant de compétitivité,
c'est principalement en raison des ingérences de l'Etat.
Les nombreux chocs macroéconomiques que connaissent les
pays en développement peuvent également affaiblir leur
système financier. Les problèmes de crédit sont beaucoup
plus susceptibles de toucher l'ensemble du système bancaire quand ils
découlent d'une évolution négative imprévue des
termes de l'échange qui affecte un grand produit d'exportation. En phase
macroéconomique descendante, il y a moins de projets d'investissements
rentables à financer, et les emprunteurs confrontés à une
baisse de revenus ont du mal à assurer le service de leur
dette8. Ces effets ont été intensifiés dans
certains pays en proie à la crise financière. La fragilité
du système bancaire à tendance à apparaître
brusquement, surtout dans les pays en développement. Si le remboursement
des prêts bancaire est incertain, les déposants peuvent perdre
confiance en la capacité des banques à respecter leur obligation,
ce qui pourrait causer une panique financière. Cette possibilité
conjuguée au fait que les banques dépendent beaucoup de l'effet
de levier, rend le système bancaire particulièrement
vulnérable à de brusques accès d'instabilité.
Les problèmes financiers contraignent les banques des
pays en développement à liquider les garanties des prêts
dont le remboursement était demandé, d'ou une forte baisse des
actifs, principalement immobiliers, financés sur les prêts
bancaire.
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