3-2 DISCUSSIONS
La présence remarquable des Fabaceae, Asteraceae,
Euphorbiaceae et Apocynaceae, pourrait s'expliquer par des facteurs
édaphiques. En effet, du fait de sa situation dans la zone de savane
pré lagunaire, selon ADJANOHOUN, (1962), le sol de la PHKB offre des
conditions favorables au développement des espèces appartenant
à ces différentes familles.
Cependant, dans cette zone, un autre facteur doit être
pris en compte. Il s'agit de la pression anthropique. En effet, les populations
locales font des intrusions dans la parcelle pour prélever des produits
forestiers (bois de chauffe, plantes médicinales etc...). Leurs
comportements facilitent la dégradation du site, ce qui est favorable au
développement d'une végétation adventive (TRAORE et
al, 2009) appartenant majoritairement aux Fabaceae, Asteraceae,
Euphorbiaceae et Apocynaceae. L'abondance de ces familles est en
conformité avec les études faites par ADOU et al (2005),
NUSBAUMER, (2003) et BAKAYOKO, (2005), qui ont travaillé respectivement
dans la Parc National de Tai, la forêt classée de Scio et les
forêts du Sud-Ouest de la Côte d'Ivoire.
L'abondance des phanérophytes postule l'existence d'une
strate arborescente qui a toutes ses chances de créer une forêt.
Cette situation est un phénomène général dans les
forêts tropicales comme l'attestent LE COEUR et al, (2008). Le
faible taux de thérophytes, chaméphytes, géophytes et
hémicryptophytes pourrait s'expliquer par la topographie du milieu. En
effet, la pente assez prononcée du milieu empêche l'infiltration
de l'eau au niveau du sol. Il se produit alors un ruissellement continu
empêchant les géophytes, chaméphyte, thérophytes et
hémicryptophytes de se développer sur le milieu. Ces
résultats confirment ceux de N'GUESSAN et al, (2009)
montrant que ces types biologiques ont du mal à pousser au niveau
de la pente qui ne présente presque jamais de bonne saison à
cause du ruissellement conduisant à la sécheresse physiologique.
Les mégaphanérophytes, faiblement représentés,
regroupent essentiellement Ceiba pentadra (L.)
Gaertn (Bombacaceae), Ixora coccinea L. (Rubiaceae),
Antiaris toxicaria Lesch, (Moraceae). Leur présence confirmerait la
dégradation de la PHKB.
L'abondance des espèces ligneuses et, en particulier,
des arbustes dans l'ensemble de la végétation de la PHKB serait
due au fait que cette parcelle avait été totalement rasée
puis reboisée. Il est donc évident qu'après quatorze
années de développement, les espèces arborescentes soient
dominantes.
La prédominance des espèces pionnières
sur les espèces secondaires et primaires confirme le reboisement de la
parcelle HKB. Les pionnières étant héliophiles ne peuvent
que subsister difficilement sous un couvert, d'où leur abondance dans
les milieux ouverts. Quant aux espèces secondaires, leur taux assez
élevé témoignerait de la reconstitution progressive de la
forêt de la PHKB. Les espèces primaires telles que Pentadesma
butyraceae Sabine (Clusiaceae) et Entandrophragma utile
(Meliaceae) ont été rencontrées dans presque toutes
les sous parcelles. Leurs graines anémochores (LE COEUR et al,
2008) sont apportées de l'extérieur au moment de l'ouverture du
couvert, ce qui favoriserait leur dispersion, dans toute la parcelle.
La forte densité des plants et des rejets en zones
ombragées, pourrait être attribuée aux variations de
l'intensité lumineuse. En effet, pour la végétation sous
ombrage, la canopée est relativement fermée. Ainsi,
l'humidité au niveau du sol est maintenue, favorisant la
régénération (DUPUY, 1998). Par contre, pour les
trouées, la défeuillaison de Acacia mangium Willd ferme
le sol. En effet, l'accumulation de litière non décomposée
empêche les racines d'atteindre la partie inférieure où
l'eau et les éléments nutritifs sont disponibles (LANIER, 1986).
Les graines ont ainsi très peu de chance de germer d'où leur
densité moins élevée.
En considérant les stades de développement, les
densités de fourré et du gaulis, sont relativement moins
élevées par rapport à celles du semis et du recrû.
C'est compréhensible car il y a élimination naturelle par la
concurrence (diminution de nombre de tiges suivant l'âge). La
régénération aux stades semis et recrû
présente une densité élevée. En
effet, la grande partie de nos échantillons comprend des pieds
mères encore sur place, il y a encore assez de production de graines au
niveau de ces arbres et les plants au stade de semis abondent.
La diminution progressive de densité, d'un stade
à un autre, pourrait être attribuée entre autres à
:
- la concurrence intra et extra spécifique,
- la compétition en nutriments et en lumière.
En bref, cette diminution de nombre résulte de la
sélection naturelle que les jeunes plants subissent à un stade de
développement donné. Seuls les plus compétitifs
résistent et continuent leur cycle biologique.
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