2. État de la question
Des études consacrées au phénomène
de ravinement dans la ville de Kinshasa sont nombreuses. Elles ont porté
sur plusieurs thèmes. En rapport avec les techniques de lutte contre
l'érosion, on retiendra le travail de Kinzanza (1997) sur quelques
pratiques archaïques de lutte anti-érosive utilisées par les
habitants du quartier Mbuku dans la commune de Kisenso. Il s'agit du bouchage
des ravins ou les têtes d'érosion avec les immondices ou avec les
sacs de sable, d'autres se sont contentées d'évaluer
l'efficacité de ces pratiques. Kiloko (2005) sur l'efficacité des
actions anti-érosive mises en oeuvre par les Organisations Non
Gouvernementales et le gouvernement dans diverses communes de la ville de
Kinshasa où se manifeste le phénomène de ravinement,
d'autres
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encore ont tout simplement répertorié et
décrit les dispositifs anti-érosifs. Lokwisha (1999) a fait la
première étude systématique sur les ravins du Mont Amba
inventorié et cartographier les dispositifs anti-érosifs pour la
prévention et la protection du site universitaire sur le Mont Amba. Il
en décrivant des ouvrages de génie (les bassins de retenue,
d'infiltration, de terrasse, caniveaux , collecteurs et couverture
végétale) en signalant ceux qui sont fonctionnels et ceux qui ne
le sont plus les autres dispositifs (terrasse, caniveaux et collecteurs).
Pendant que certains ouvrages en maçonnerie (les collecteurs d'eau, par
exemple) sont construits dans le cadre de la prévention contre
l'érosion sur le flanc des collines dans la ville de Kinshasa. Lokwisha
et Fadue(2004) trouvent en cela une cause fréquente de la
détérioration et du ruissellement à Kinshasa. Certains
autres ont donné des pistes de lutte contre le ravinement, comme par
exemple Mayambueni (2003) qui a fait des propositions pour lutter contre le
ravinement de la route Elengesa. Par ailleurs fort connue qui consistent
à recharger toutes les surfaces dégradées par les
érosions avec de la terre jaune, à entretenir les drains ou les
bassins de rétention d'eau se trouvant sur la route ou autour de
celle-ci, à construire les murs de soutènement et à
renforcer le système de drainage des eaux pluviales. PNUD/Habitat (1999)
a caractérisé 19 grands ravins dans le Sud de la ville,
identifié leurs dégâts sur l'environnement, sur la
population et proposé une méthode de lutte biologique.
Concernant les effets perceptibles de l'érosion dans la
ville de Kinshasa, Kafwata k. (2000), Mayambueni (2002), Mananasi (2000) et
Shomana(2003) en se basant sur des repères fixes (infrastructures
implantées dans le sol: pylône électrique, fondations de
murs, réseau de distribution d'eau et d'électricité) pour
la commune de Bandalungwa et dans quelques quartiers d'extension des communes
de Bumbu, de Ngiri-Ngiri et de Makala. Ont arrivés à des
conclusions fort frappantes. Ils ont constaté une exhumation des
fondations des maisons et clôtures de 50 à 100 cm de profondeur,
du réseau de distribution d'eau et d'électricité,
généralement placé à au moins 100 cm de profondeur
(Mayambuedi (2002 dans le cas de la commune de Makala : exhumation du
réseau d'eau), se retrouve actuellement en surface ou suspendu à
cause de l'érosion.
Mananasi (2000) et Shomana (2003) se sont
préoccupés de mesurer l'impact de l'érosion ravinante sur
la vie sociale des habitants des quartiers Kimbondo et Kindele, respectivement
dans la commune de Kisenso et de Mont Ngafula. Ils ont dénombré
les parcelles, les maisons et autres équipements détruits par le
phénomène d'érosion dans les quartiers Kindele et
Kimbonbo. Il s'agit de 10 maisons écroulées et de 20 parcelles
entièrement ravinées, 7 rues ravinées (1,15 mètres
de profondeur, 5,1 mètres de largeur et 35 mètres de longueur en
moyenne) dans le quartier Kindele; de 40 maisons détruites, 130
parcelles dévastées, 3 poteaux électriques tombés
dans le ravin, 6 rues ravinées et de plusieurs écoles
menacées par l'érosion dans le quartier Kimbondo. Dans le
même registre, Fadume (2004) donne le nombre de parcelles ravinées
dans les différents quartiers de la commune de Kisenso. Il s'agit de 78
parcelles détruites dans le quartier 17 mai; 62 dans le quartier
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Kitomeso; 200 dans celui de Libération; 320dans le
quartier Mbuku; 45 à Mission; 230 à Mujinga et 305 dans le
quartier Ngomba. Ces chiffres montrent combien la dégradation de
l'environnement par l'érosion est un problème épineux dans
les quartiers populaires et périphériques de Kinshasa. Certains
chercheurs se sont donnés l'objectif de dénombrer les têtes
des ravins dans différentes communes (du centre et de la
périphérie). Shomana en a dénombré 52 à
Kisenso et 40 dans le quartier kindele. Mananasi(2002) compte 17 ravins
principaux dans le quartier Kindele et 12 ravins dans le quartier Kimbondo. Ces
ravins présentent presque les mêmes caractéristiques: en
moyenne 6,5 mètres de profondeur, 18,56 mètres de largeur et
166,5 mètres de longueur. Ce qui prouve qu'ils sont récents ou
jeunes.
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