1
Titre: Évolution du ravinement autour de
l'Université de Kinshasa Apport du S.I.G pour l'évaluation de la
progression et de l'extension des ravins
Par: Jerry Mvuanda Lukombo défendu en 2009 (
jerrymvuanda@yahoo.fr)
Tél :+243818713704
INTRODUCTION GENERALE
1. Problématique
Le ravinement est une des manifestations de l'érosion
hydrique. Il participe à la dégradation du sol par l'ablation et
le transport des sédiments ainsi que la transfiguration de
l'environnement par les gouffres qu'il laisse dans le paysage.
A Kinshasa, le ravinement prend la forme des
dépressions allongées et profondes dont les dimensions varient en
fonction des torrents d'eau en ruissellement, de la nature sableuse du sol, de
la pente abrupte en maints endroits et de l'état de faible protection du
sol par le couvert végétal. Hormis les communes de la plaine, peu
d'espaces urbains sont soustraits de la menace érosive.
L'université de Kinshasa bien que construite sur un
modèle américain, c'est-à-dire loin du centre-ville, sur
le plateau du mont Amba n'est plus épargnée de l'érosion.
A la faveur des extensions sans règles, l'Unikin est encerclée de
part et d'autre par des quartiers d'auto-construction dont le laisser aller
s'empare aussi de l'espace jadis réservé à son
expansion.
Cette invasion a des conséquences : l'environnement
n'est plus contrôlé faute de rigueur dans la gestion de l'espace,
l'université est traversée sur ses pentes par des sentiers et
divers passages piétons, ses versants sont exploités pour
l'agriculture de rapine, pour la récolte de bois et autres
activités de subsistance à tel point qu'à travers ces
passages piétons et autres perturbations du milieu, l'érosion
s'empare d'une grande part de l'espace ainsi désorganisé.
A l'heure actuelle, l'Université est menacée
d'isolement par des multiples ravins. Plusieurs routes d'accès sont sous
la menace de rupture par des ravins. Les menaces pèsent aussi sur
plusieurs infrastructures et bâtiments de l'université.
La manifestation du ravinement sur le campus inquiète
les bonnes consciences en ce qu'il menace des équipements de
superstructure construits, voici environ plus de 40 ans. En effet, il n'y a pas
de honte à faire observer que le dernier bâtiment
érigé sur ce campus a cet âge là et que tout
bâtiment détruit représente une perte
irrémédiable.
2
La progression des ravins ne semble s'arrêter ni dans le
temps ni dans l'espace. Il y a une dizaine d'années, on comptait une
quarantaine de têtes de ravins autour et dans l'université. Il y a
moins de 5 ans, ce nombre est monté à près de 60
têtes. Les efforts en matière lutte anti-érosive sont
faibles faute de moyens que requiert ce genre de situation. Et ce
peut-être aussi parce qu'on combat un ennemi que l'on ne connait pas
très bien. Liant cette préoccupation à la qualité
d'universitaire, le service de géomorphologie du Département des
Sciences de la Terre (Faculté des sciences) s'emploie à
étudier le phénomène. Ainsi, depuis 1993, des
publications, des dizaines de mémoires et travaux de fin cycle y sont
consacrés. Les questions de progressions spatiales, temporelles, les
causes et les facteurs sont pris en compte dans ces études en vue de
mieux comprendre les mécanismes de fonctionnement du
phénomène de ravinement.
Grâce au développement des techniques
d'observation de la Terre, du Système d'Information Géographique
(SIG) et à l'aide des images satellitaires, il est possible de faire le
suivi du phénomène à l'échelle temporelle.
Depuis 2007, un projet de recherche dans ce domaine a vu le
jour au Département des Sciences de la Terre. Ce projet s'attèle
depuis 3 ans à la détection, suivi et analyse de l'érosion
à Kinshasa à l'aide des images satellitaires. C'est dans ce cadre
que Sacré (2007) s'est préoccupée à
développer une méthodologie de détection des ravins sur
une image satellitaire à très haute résolution spatiale.
Dans le même ordre d'idée, Wouters (2008) a
déterminé une clé d'interprétation visuelle des
ravins sur une image satellitaire à très haute résolution
spatiale. L'objectif de ce travail est d'associer le SIG (Système
d'information géographique) et l'interprétation visuelle pour
évaluer la progression du ravinement dans le temps et dans l'espace
autour de l'université de Kinshasa.
2. État de la question
Des études consacrées au phénomène
de ravinement dans la ville de Kinshasa sont nombreuses. Elles ont porté
sur plusieurs thèmes. En rapport avec les techniques de lutte contre
l'érosion, on retiendra le travail de Kinzanza (1997) sur quelques
pratiques archaïques de lutte anti-érosive utilisées par les
habitants du quartier Mbuku dans la commune de Kisenso. Il s'agit du bouchage
des ravins ou les têtes d'érosion avec les immondices ou avec les
sacs de sable, d'autres se sont contentées d'évaluer
l'efficacité de ces pratiques. Kiloko (2005) sur l'efficacité des
actions anti-érosive mises en oeuvre par les Organisations Non
Gouvernementales et le gouvernement dans diverses communes de la ville de
Kinshasa où se manifeste le phénomène de ravinement,
d'autres
3
encore ont tout simplement répertorié et
décrit les dispositifs anti-érosifs. Lokwisha (1999) a fait la
première étude systématique sur les ravins du Mont Amba
inventorié et cartographier les dispositifs anti-érosifs pour la
prévention et la protection du site universitaire sur le Mont Amba. Il
en décrivant des ouvrages de génie (les bassins de retenue,
d'infiltration, de terrasse, caniveaux , collecteurs et couverture
végétale) en signalant ceux qui sont fonctionnels et ceux qui ne
le sont plus les autres dispositifs (terrasse, caniveaux et collecteurs).
Pendant que certains ouvrages en maçonnerie (les collecteurs d'eau, par
exemple) sont construits dans le cadre de la prévention contre
l'érosion sur le flanc des collines dans la ville de Kinshasa. Lokwisha
et Fadue(2004) trouvent en cela une cause fréquente de la
détérioration et du ruissellement à Kinshasa. Certains
autres ont donné des pistes de lutte contre le ravinement, comme par
exemple Mayambueni (2003) qui a fait des propositions pour lutter contre le
ravinement de la route Elengesa. Par ailleurs fort connue qui consistent
à recharger toutes les surfaces dégradées par les
érosions avec de la terre jaune, à entretenir les drains ou les
bassins de rétention d'eau se trouvant sur la route ou autour de
celle-ci, à construire les murs de soutènement et à
renforcer le système de drainage des eaux pluviales. PNUD/Habitat (1999)
a caractérisé 19 grands ravins dans le Sud de la ville,
identifié leurs dégâts sur l'environnement, sur la
population et proposé une méthode de lutte biologique.
Concernant les effets perceptibles de l'érosion dans la
ville de Kinshasa, Kafwata k. (2000), Mayambueni (2002), Mananasi (2000) et
Shomana(2003) en se basant sur des repères fixes (infrastructures
implantées dans le sol: pylône électrique, fondations de
murs, réseau de distribution d'eau et d'électricité) pour
la commune de Bandalungwa et dans quelques quartiers d'extension des communes
de Bumbu, de Ngiri-Ngiri et de Makala. Ont arrivés à des
conclusions fort frappantes. Ils ont constaté une exhumation des
fondations des maisons et clôtures de 50 à 100 cm de profondeur,
du réseau de distribution d'eau et d'électricité,
généralement placé à au moins 100 cm de profondeur
(Mayambuedi (2002 dans le cas de la commune de Makala : exhumation du
réseau d'eau), se retrouve actuellement en surface ou suspendu à
cause de l'érosion.
Mananasi (2000) et Shomana (2003) se sont
préoccupés de mesurer l'impact de l'érosion ravinante sur
la vie sociale des habitants des quartiers Kimbondo et Kindele, respectivement
dans la commune de Kisenso et de Mont Ngafula. Ils ont dénombré
les parcelles, les maisons et autres équipements détruits par le
phénomène d'érosion dans les quartiers Kindele et
Kimbonbo. Il s'agit de 10 maisons écroulées et de 20 parcelles
entièrement ravinées, 7 rues ravinées (1,15 mètres
de profondeur, 5,1 mètres de largeur et 35 mètres de longueur en
moyenne) dans le quartier Kindele; de 40 maisons détruites, 130
parcelles dévastées, 3 poteaux électriques tombés
dans le ravin, 6 rues ravinées et de plusieurs écoles
menacées par l'érosion dans le quartier Kimbondo. Dans le
même registre, Fadume (2004) donne le nombre de parcelles ravinées
dans les différents quartiers de la commune de Kisenso. Il s'agit de 78
parcelles détruites dans le quartier 17 mai; 62 dans le quartier
4
Kitomeso; 200 dans celui de Libération; 320dans le
quartier Mbuku; 45 à Mission; 230 à Mujinga et 305 dans le
quartier Ngomba. Ces chiffres montrent combien la dégradation de
l'environnement par l'érosion est un problème épineux dans
les quartiers populaires et périphériques de Kinshasa. Certains
chercheurs se sont donnés l'objectif de dénombrer les têtes
des ravins dans différentes communes (du centre et de la
périphérie). Shomana en a dénombré 52 à
Kisenso et 40 dans le quartier kindele. Mananasi(2002) compte 17 ravins
principaux dans le quartier Kindele et 12 ravins dans le quartier Kimbondo. Ces
ravins présentent presque les mêmes caractéristiques: en
moyenne 6,5 mètres de profondeur, 18,56 mètres de largeur et
166,5 mètres de longueur. Ce qui prouve qu'ils sont récents ou
jeunes.
3. Hypothèse de travail
Rien n'a été fait pour endiguer
définitivement le ravinement sur le site de l'Unikin. De ce fait,
l'érosion doit avoir progressé de sorte qu'entre 2000 et 2010 par
exemple, d'autres ravins doivent avoir vu le jour. C'est dire que
l'érosion s'étend dans le temps et dans l'espace. L'extension
sera sans doute significative au point même d'amputer une superficie
importante du site.
4. Objectifs
4.1. Objectif général
Évaluer la progression et l'extension des ravins autour de
l'Université de Kinshasa
4.2. Objectifs spécifiques
Les objectifs poursuivis dans cette étude sont les
suivants:
- Cartographier les ravins à l'aide du DGPS;
- Mesurer la vitesse du développement des ravins depuis
2008 à 2010;
- Mesurer l'évolution des ravins depuis 1970 à
2010;
- Calculer la superficie utile soustraite au site de l'Unikin.
5. Intérêt du sujet
Le sujet traité dans cette étude ouvre un autre
horizon dans la façon d'étudier la progression des ravins
à Kinshasa et la menace que subissent les infrastructures et les
équipements de superstructure par les ravins. Connaissant le mode de
développement des ravins ainsi que leur vitesse de progression, les
Gouvernants et les Gouvernés peuvent mobiliser des techniques de
lutte
5
anti-érosive appropriés pour les stopper. De plus,
il permet aux aménageurs de savoir à temps réel la
superficie soustraite à la ville.
6. Délimitation du sujet
Notre étude ne concerne que des ravins qui se
développent autour de l'Université de Kinshasa.
7. Difficultés rencontrées
C'est un mensonge de dire qu'un travail scientifique peut
être réalisé sans difficulté. Nous en avons
vécu et nous pouvons les résumés comme suit:
- Impossibilité de prise des mesures exactement en bordure
immédiate des certains ravins en vue de mieux cartographier leurs
contours;
- Pertes accidentelles des quelques données
récoltées sur le terrain à l'aide du DGPS;
-Hostilité de la population locale qui nous confondait
comme un journaliste de «Lingala facile» et nous empêchait de
«filmer» leurs maisons et les ravins à cause de la confusion
qu'elle avait entre le DGPS et la caméra.
8. Subdivision du travail
Hormis l'introduction générale et la conclusion,
ce travail se subdivise en quatre chapitres. Le premier chapitre décrit
le site d'étude. Le deuxième chapitre est consacré aux
matériels et à la méthode. Le troisième parle du
développement de l'érosion ravinante autour de
l'université de Kinshasa. Le quatrième chapitre analyse les
différents stades d'évolution du ravinement autour de
l'Université de Kinshasa.
6
CHAP.1 .DESCRIPTION DU SITE D'ÉTUDE
Ce chapitre décrit le site en étude en
présentant son milieu physique et son niveau d'urbanisation. Cette
urbanisation concerne les sous-bassins versants de la Kemi, Kwambila, Bimuka,
Matete et de la Funa qui composent le terrain d'étude.
1.1. Localisation
L'université de Kinshasa (Unikin) est le centre du site
que nous étudions. Ce dernier comprend les alentours de l'Unikin. Cet
espace est composé de cinq sous-bassins versants (Fig 1), qui sont le
bassin versant de la Funa à l'Ouest, de Kemi au Nord, de Matete au
Nord-Est, de Kwambila à l'Est et de Bimuka au Sud-est. Les deux premiers
appartiennent au bassin versant de la Funa, les deux qui suivent appartiennent
au bassin versant de la Ndjili et le dernier au bassin versant de la Lukaya.
Les sous bassins versant de Funa et de Bimuka sont situés dans la
commune de Mont Ngafula, tandis que celui de Kemi est dans la commune de
Lemba.
Le sous bassin versant de Kwambila s'étend sur la
commune de Kisenso et de Mont Ngafula, tandis que la rivière Kwambila
constitue la frontière naturelle la commune de Kisenso au Nord et celle
du Mont Ngafula au Sud. Le sous-bassin de Matete s'étend sur les
communes de Lemba, Kisenso, Matete, avec la rivière Matete,
séparant les communes de Lemba, de Kisenso et de Matete.
Figure. 1. Localisation du site (Source: Institut
géographie du Congo, 1980)
7
8
1.2. Aspects physiques
1.2.1. Climat
Le climat du site d'étude correspond au climat
général de la ville de Kinshasa, à l'exception des petites
variations au niveau de microclimat. C'est un climat du type (Aw4)s
selon la classification de Koppen (Bultot, 1972). Suivant cette classification
de Koppen, deux saisons caractérisent la ville de Kinshasa, l'une
pluvieuse (octobre à mai) et l'autre sèche (juin à
septembre).
1.2.2. Température
Les températures du site, pour les dix dernières
années, ont été en moyenne annuelle a été
d'environ 24°C.
Tableau. 1: Température depuis 1998 à 2008
Anné es
|
Jan
|
Fév.
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Sept
|
Oct.
|
Nov e
|
Déc.
|
Tot. Annuel
|
1998
|
24,
|
26
|
25,8
|
25,9
|
26,5
|
24,3
|
23,4
|
23,5
|
24,5
|
23,6
|
25
|
2
|
24,9
|
|
8
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
1999
|
24,
|
25
|
25,5
|
25,5
|
24,4
|
23
|
21
|
22,6
|
23,6
|
24,2
|
24,4
|
24,3
|
24
|
|
4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2000
|
24,
|
25,6
|
25,2
|
24,7
|
22,3
|
21,5
|
21,5
|
21,5
|
23,4
|
23,9
|
24,4
|
24,4
|
23,8
|
|
5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2001
|
24,
|
25
|
25,3
|
25,5
|
24,8
|
22,9
|
22,3
|
22,6
|
24,8
|
25
|
25,7
|
25,3
|
24,5
|
|
6
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2002
|
25,
|
25,3
|
26,1
|
26
|
25,6
|
23
|
22
|
22,9
|
24,6
|
24,3
|
24,7
|
24,5
|
24,5
|
|
2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2003
|
24,
|
25,3
|
25,5
|
25,6
|
25,1
|
23,1
|
22,4
|
23,1
|
23,8
|
24,7
|
24,1
|
24,2
|
24,3
|
|
5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2004
|
25,
|
25,8
|
26,1
|
25,8
|
25,4
|
22,7
|
22,3
|
23,2
|
25
|
25,4
|
24,8
|
24,8
|
24,7
|
|
|
3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2005
|
25,
|
26,1
|
26,3
|
26,1
|
24,6
|
22
|
22,2
|
23,1
|
24,6
|
24,6
|
24,7
|
24,7
|
24,5
|
|
3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2006
|
25,
|
25,9
|
26,2
|
25,9
|
24,8
|
24,9
|
23
|
22,9
|
24,2
|
25
|
24,7
|
24,5
|
24,8
|
|
3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2007
|
25,
|
25,4
|
25,8
|
25
|
25,4
|
22,7
|
22
|
22,4
|
23,7
|
24,3
|
24,2
|
24,3
|
24,3
|
|
3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2008
|
24,
|
24,8
|
25,5
|
25,5
|
25,2
|
22,5
|
22
|
23,4
|
25
|
24,7
|
25
|
24,7
|
24,4
|
|
7
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source: Mettelsat, 2009
La série des températures enregistrées
depuis 1998 à Kinshasa (Tableau 1) montre que la température
annuelle moyenne la plus élevée a été
enregistrée en 1998 (24,9°C), la plus en 1999 avec 24°C. Il
s'avère qu'il n'y a pas eu de grandes variations de température
annuelle moyenne.
9
1.2.3. Précipitations
Les précipitations dans le site sont contenues dans le
tableau 2, du moins les dix dernières années. Elles sont issues
de la condensation des nuages et des moussons humides du golf de Guinée
à la suite du courant marin froid de Benguela (Ntombi, 2006). La moyenne
habituelle annuelle des précipitations est généralement de
1400 mm. Pour les dix dernières années, elle a été
d'environ 1600 mm.
Quoi qu'il en soi, Kinshasa tendrait-elle vers
l'humidification ? Et donc que le changement climatique serait une
réalité à Kinshasa?
L'étude d'une série des précipitations
enregistrées à Kinshasa de 1998 à 2008 (Tableau 2) montre
que la cote udomètrique est fort variable d'une année à
l'autre pour les années 1998-2008, les extrêmes ont varié
de 2020 mm en 1998 à 1212,4 mm (Fig 2) deux séquences
d'évolution de la lame d'eau moyenne annuelle tombée à
Kinshasa.
La figure 2 le montre clairement. Ces phases (ou ces
séquences) sont en fait deux périodes de baisse des
précipitations qui sont comprises entre 1998 et 2002 et entre 2002 et
2006. L'allure de la courbe montre une tendance à la baisse des
précipitations à Kinshasa avec un pic tous les 4 ans qui
correspond à une augmentation importante des précipitations; dans
notre cas, ces pics ont été constatés en 1998, 2002 et
2006. D'ailleurs, les précipitations sont en baisse depuis 2006, et on
pourrait s'attendre à un nouveau pic, l'année de la hausse qui
coupe l'allure de la baisse, en 2010.
Cependant, au stade actuel de nos recherches, il nous est
difficile de confirmer cette tendance à la baisse en l'absence d'une
longue série de plus de 30 ans et d'une analyse de longue série
temporelle. Les chercheurs intéressés de la question peuvent bien
s'y plonger.
Tableau 2: Pluies depuis 1998 à 2008
Années
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Total.Ann
|
1998
|
330,4
|
168,8
|
388,1
|
432,9
|
75,8
|
19,8
|
0,0
|
0,0
|
61,7
|
129,9
|
206
|
203,9
|
2020,3
|
1999
|
182,8
|
126,3
|
229,0
|
133,1
|
146,0
|
21,6
|
1,4
|
1,1
|
54,2
|
98,9
|
325,6
|
282,4
|
1002,4
|
2000
|
234,8
|
298,8
|
61,9
|
222,4
|
94,7
|
0,0
|
0,0
|
0,0
|
81,2
|
137,4
|
271,4
|
222,5
|
1625,1
|
2001
|
103,1
|
130,8
|
332,4
|
156,6
|
543,3
|
2,6
|
1,1
|
0,0
|
28,8
|
73,2
|
162,4
|
112,4
|
1648,7
|
2002
|
209,0
|
257,8
|
74,3
|
225,1
|
215,4
|
44,4
|
4,7
|
0,8
|
73,4
|
117,4
|
311,8
|
298,1
|
1832,2
|
2003
|
318,5
|
201,8
|
112,7
|
188,7
|
21,8
|
3,0
|
1,0
|
0,0
|
33,6
|
129,0
|
202,2
|
108,9
|
1321,2
|
2004
|
172,2
|
205,8
|
242,4
|
152,0
|
1,4
|
0,4
|
0,1
|
8,4
|
10,2
|
143,3
|
145,1
|
188,7
|
1270,0
|
2005
|
92,4
|
57,2
|
144,4
|
171,4
|
86,0
|
2,7
|
0,0
|
0,0
|
25,4
|
126,9
|
257,8
|
248,2
|
1212,4
|
2006
|
110,5
|
137,1
|
239,2
|
260,8
|
107,1
|
3,2
|
0,0
|
10,6
|
19,1
|
353,2
|
334,2
|
248,2
|
1212,4
|
2007
|
159,9
|
125,3
|
245,0
|
271,7
|
102,2
|
0,0
|
0,0
|
56,4
|
29,2
|
371,7
|
220,9
|
102,2
|
1684,5
|
2008
|
101,5
|
207,9
|
164,0
|
139,8
|
150,8
|
0,0
|
0,0
|
1,6
|
15,0
|
255,8
|
375,4
|
171,2
|
1583,0
|
Source: Mettelsat, 2009
10
2500
2000
1500
Precip annuel
1000
500
0
Précipitations moyennes annuelles entre 1998 et 2008
Figure. 2. Évolution des précipitations à
Kinshasa de 1998 à 2008
On peut encore constater dans le tableau 2 que les mois les
plus arrosés pendant la saison des pluies varient selon les
années. Tantôt encore c'est le mois d'octobre qui est le moins
arrosé, tantôt c'est le mois de novembre, tantôt c'est le
mois d'avril. Mais c'est le mois de novembre qui a une grande occurrence de la
plus élevée avec une moyenne de 281,28 mm, supérieure
à celles des autres mois.
Des pluies ératiques peuvent tomber pendant la saison
sèche. Il en est tombé une fois en juin 2002 avec une lame d'eau
de 44,4 mm et en août 2007 avec 56,4 mm d'eau. Le phénomène
n'est cependant pas rare. Il a reçu le nom bien connu de pluie de cricri
(Mbula makelele en lingala).
Le potentiel érosif des précipitations, qui peut
se définir comme la capacité de ces dernières a
générer une dégradation du sol par érosion,
fonction des caractéristiques des gouttes de pluie que sont
l'énergie cinétique proportionnelle à la hauteur de chute,
au diamètre de la goutte, à due être grand pendant la
saison des pluies durant le 10 dernières années qu'en saison
sèche.
On a observé cette année qu'une lame d'eau de 22
mm tombée pendant 4 heures dans la nuit du 1 au 2 janvier 2010 a
provoqué des inondations dans la commune de Limite et des
érosions ravinantes dans les sites collinaires.
Le 25 octobre 2009, lors de la deuxième pluie, la
population vivant sur les sites collinaires a été surprise par la
grande pluie tombée entre 16 et 20 heures. Cette pluie de 22 mm de
l'année dernière a cassé un module de 10 mètre de
la glissière construite par l'unikin tombant sur la rivière Kemi,
l'eau débordée a provoqué l'inondation des maisons
érigées dans le lit majeur de la Kemi. La même pluie a
détruit des maisons et creusé des ravins à Livulu et
ailleurs pour la simple raison que le drain parcellaire ne pouvait pas
évacuer les eaux de ruissellement.
11
1.2.4. Géomorphologie
Kinshasa est situé à une altitude moyenne de 350
mètres. On peut diviser sa géomorphologie en deux zones
distinctes à savoir: Une zone de plaine et une zone de collines (Figure.
3).
La zone qualifiée de plaine est la première.
Elle consiste en une plate-forme superficielle de sables fins, localement
argileuse, créée d'une part par les apports, à
différentes périodes dépôts alluvionnaires provenant
du fleuve Congo et d'autre part par les colluvions ayant comme origine
l'érosion plus récente des différents versants
situés aux alentours (De ploey et Van Morsell, 1963).
La deuxième région, appelée zones des
collines présentent, quant à elle, une géographie plus
vallonnée. Le tout repose sur un socle de grès tendre
d'altération variable, datant du Secondaire, lui-même
installé sur un substrat de nature gréseuse formé au
Précambrien et généralisé à l'ensemble du
territoire que constitue la ville de Kinshasa (Thomas, 2008). Notre site
d'étude se situe sur une des zones collinaires de Kinshasa à
savoir : l'ensemble des sous bassins versants entourant l'université de
Kinshasa cités ci-hauts.
Figure 3. Géomorphologie de Kinshasa (Source : Atlas de
Kinshasa, 1973)
1.2.5. Sol
Le sol de collines et de vallées caractérisent
notre site. Le premier d'origine proluviale selon De Ploey est à
prédominance de sables "fins" de teinte jaune-ocre plus lessivés
à cause de leur localisation sur le sommet ou les flancs des collines.
Constituée uniquement de sables fins du type Kalahari dont les
épaisseurs peuvent atteindre 30 mètres au sommet des collines et
10 mètres au fond des bassins versants à fort colluvionnement,
principalement le long des pentes de plus de 30%
12
(Van Caillie, 1987). Ce sable masque le grès secondaire
tendre qui affleure par endroit dans quelques grands ravins (Sacré,
2007).
Le second est composé des alluvions récentes.
C'est une des explications de la pratique des activités agricoles dans
les vallées données par Mayambwedi, 2004 (cité par Afusuy,
2006). Vers les sommets des collines les plus élevées, les
profils, rajeunis en permanence par l'érosion, présente une
légère fertilité. Les autres sols jeunes, qui
présentent la plus grande fertilité, sont constitués des
alluvions récentes. Les terrains qui forment le sol et le sous-sol de
Kinshasa sont plus au moins perméables (Sacré, 2007).
1.2.6. Hydrographie
Le site d'étude est drainé par deux
rivières : La Funa qui coule du Sud- ouest au nord et la rivière
Kemi qui coule du Nord-est vers le nord. Les deux rivières se croisent
au niveau du triangle (petit pont). C'est à ce niveau que la Kemi se
jette dans la Funa, après un parcours d'environ 3085 m depuis sa source.
La rivière Funa prend sa source dans la commune de Mont-Ngafula. De sa
source jusqu'au croisement avec la Kemi, la longueur de la Funa mesurée
en suivant les méandres dans un SIG est évaluée à
5283 m.
A partir de sa confluence avec la Kemi, la Funa jusqu'au
fleuve, traverse ou arrose 4 communes, à savoir Makala, Kalamu, Kasa
Vubu et Limete et parcourt 111,2 km, la Funa croise la rivière Bumbu,
qui est son affluent, à une distance d'environ 9,5km.
1.2.7. Végétation
La végétation naturelle des environs de
Kinshasa, avant l'occupation humaine, était une forêt
caducifoliée dense, humide, subéquatoriale et péri
guinéenne en galerie forestière ou à l'état de
massifs isolés (Musieme Béni, 2004, cité par Sacre, 2007)
dans la savane boisée.
Cette végétation naturelle a connu un
déboisement rapide depuis 1987 et a laissé place à une
mosaïque forêt-savane. Tshibangu et al. (1997) ont
estimé que la forêt a perdu 31% de sa superficie entre 1960 et
1987. Les choses sont devenues pires aujourd'hui. La végétation
progresse inexorablement vers une savane basse à caractère
sub-steppique dans la partie amont du versant, là où la pente
était comprise entre 12 à 30 %. Actuellement, les quelques herbes
et arbres qu'on y trouve sont plantés grâce au financement du au
projet PAIDECO par la CTB sur l'ensemble des versants entourant
l'université de Kinshasa. Elle est composée d'acacias et
d'eucalyptus.
Le déboisement n'a pas épargné le site
autour de l'Unikin. Mais on peut encore trouver des vestiges de la forêt
primaire dans la forêt du monastère sur le bassin versant de la
Funa, la forêt du Club des résidents partie primaire en partie
forêt secondaire. Quelques arbres fruitiers le long de la rivière
Funa, les cultures maraichères sur la Kemi, quelques arbres de lutte
antiérosive plantés par le
Figure 4. Lotissements autour de l'Unikin (sur le bassin de Kemi
et de Funa)
13
projet PAIDECO autour des versants de l'université sont
des éléments caractéristiques de la couverture
végétale du site en étude.
1.3 Invasion des pourtours du campus par des quartiers
d'auto construction
1.3.1 Lotissement du sous bassin versant de la Kemi
La première occupation humaine de la partie Ouest de la
Kemi, au dessus de la colline de CNPP, remonte vers l'an 1967. Il y avait
à l'époque une dizaine de maisons. L'université de
Kinshasa chassa les occupants de son site entre 1969 et 1970. Ces derniers ont
alors investi en 1970 le lit de la rivière Kemi sous la
bénédiction du chef de quartier Sita, qui lotissait et
distribué les terrains. Le nombre de maisons allait en augmentant entre
la rivière Kemi et le pied de la sablière au point que j'ai
identifié 182 maisons le 16 février 2010 à l'aide de mon
GPS (Figure 4).
Ce petit quartier est connu sous le nom de Congo-Brazza par
les habitants de la rive gauche de la rivière Kemi. Il s'agit d'une
urbanisation spontanée qui caractérise la période
post-coloniale. Les rues sont sinueuses mais parallèlement aux courbes
de niveau, la morphologie du terrain l'imposait.
14
1.3.2 Lotissement du sous bassin versant de la Funa
La partie Est de la Funa fait partie du quartier Muketala dans
la localité de Maluku dans la commune de Mont-Ngafula. Ce terrain a
connu une occupation éphémère en 1982, la police de
l'Unikin ayant chassé les occupants quelques jours après leur
installation à la suite de l'ordre du Recteur Bingoto. En 2000, la
population est rentrée sur le même site sur l'ordre du Bourgmestre
de la commune de Mont Ngafula (communication orale du chef de quartier
Muketala, 2010).
Le remplissage des espaces interstitiels continue à se
faire en même temps que l'extension du quartier. Quelques infrastructures
de base sont construites ou sont en construction sur ce site. Il s'agit d'un
hôpital du monastère au pied du versant et des bâtiments de
l'ISTM (Institut Supérieur des Techniques Médicales) en plein
versant. Le premier est en construction depuis 2005. Pour le second, les
bâtiments construits ont atteint le chiffre 6 en 2009, alors qu'ils
étaient au nombre de deux en 2005.
La fonction résidentielle se confirme de plus en plus :
plus de 50 logements privés construits, plus de 10 en construction au
mois de février de l'année en cours (2010).
1.3.3 Lotissement du sous bassin versant de la Kwambila
La tête du cirque d'érosion du bassin versant de
la Kwambila a été occupée vers les années 1968 et
70. Il y avait une vingtaine de maisons à cette époque. C'est le
chef coutumier Kianfu qui a loti et distribué les terrains à
cette époque. Le quartier était connu sous le nom de
Mbanza-Lemba, il allait du marché de Mbanza-Lemba jusqu'au-delà
de l'avenue Congo-fort.
Vers les années 1990, l'avenue Congo-fort était
devenue la frontière entre les communes de Lemba et Kisenso.
L'urbanisation spontanée post-coloniale n'a pas épargné ce
quartier (Bureau du quartier Mbuku, 2010): construction des logements en gradin
sur la pente, les rues sont petites et parfois sinueuses.
1.3.4 Lotissement du sous bassin versant de la Matete
Faisant partie de la commune de Lemba le sous-versant de la
Matete était occupé vers les années 1970 dans sa partie
ouest où l'auto-construction est de règle. Ce sous bassin versant
est connu sous le Mbanza-Lemba depuis 1968 et le chef coutumier Kianfu toujours
était le seul qui a loti et distribuait les terrains sur sa partie
Ouest, d'où le nom du quartier kianfu derrière le marché
de Mbanza-Lemba.
15
1.3.5 Lotissement du sous bassin versant de la
rivière Bimuka
C'est un quartier d'auto-construction qui fait partie de la
commune de Mont Ngafula. L'occupation par la population a commencé vers
les années 1993-1996. Le quartier est connu sous le nom de Mandela. Les
maisons sont construites pêle-mêle, les rues étroites et
sinueuses suivent néanmoins les courbes de niveaux.
Tous ces sous bassins versants, mal lotis et mal construits
entourent de toute part l'université de Kinshasa qu'ils menacent
désormais d'érosion ravinante.
16
CHAP. 2 MATERIELS ET METHODE
2.1 Matériels utilisés
Les matériels qui nous ont permis de réaliser ce
travail peuvent être regroupés en deux catégories : la
première catégorie est celle des matériels d'acquisition
des données sur le terrain et l'autre est celle des logiciels de
cartographie (ou des SIG : Systèmes d'information Géographique)
pour le traitement des données au laboratoire.
2.1.1. Matériels d'acquisition des
données
1. Trimble Pro XT
Il existe plusieurs marques de GPS, mais dans le cadre de
notre travail nous avons disposé leTrimble Pro XT. Trimble Pro XT est un
récepteur GPS de haute précision qui est mono fréquence et
dispose 12 canaux ou satellites. Il procure une précision qui est
inférieure à 1m en mode différentiel. Ce GPS appelé
DGPS (Differential Positioning System) permet d'améliorer la
précision des mesures en réduisant la marge d'erreur du
système.
Il communique en mode Bluetooth avec le logiciel de saisie qui
dispose également d'une batterie amovible qui lui procure une autonomie
de 10h sur le terrain. Le DGPS est basé sur un ensemble de stations
fixes, dont la position est connue exactement. Il reçoit les signaux des
mêmes satellites que les terminaux mobiles présents dans leur zone
d'action et, estime en permanence l'erreur locale de positionnement du GPS en
comparant la position calculée avec leur position réelle. Cette
information est transmise par radio ou par satellite (Inmarsat ou autre).
Plusieurs systèmes complémentaires
d'amélioration de la précision en temps réel ont
été développés comme WAAS, SBAS (Satellite Based
Augmentation System) en Amérique du Nord, MSAS au Japon et EGNOS en
Europe. Ce dernier est un réseau de quarante stations au sol dans toute
l'Europe, couplées à des satellites géostationnaires
améliorant ainsi la fiabilité et la précision des
données GPS, et corrige certaines erreurs. Certains de ces
systèmes sont privés, et nécessitent un abonnement
auprès d'un opérateur qui les diffuse (par satellite). D'autres
sont publics (PHUNGI, 2009).
Le DGPS que nous avons utilisé sur le terrain est
équipé de deux logiciels : Terrasync et Pathfinder. Le logiciel
Terrasync est un outil essentiel de collecte et de maintenance des
données, tandis que le Pathfinder est un logiciel de correction des
données. Le DGPS est muni d'un petit ordinateur de terrain (Pocket PC)
et d'un récepteur GPS. Les deux éléments sont
reliés au moyen d'un câble sérial ou d'une onde bluetooth.
Cette dernière permet la connexion de ces deux éléments
sur un rayon maximal de 10 m.
17
2. Télémètre laser
Il existe plusieurs marques de télémètre
laser, mais dans le cadre de notre travail, nous avons utilisé la marque
Leica Distotm pour mesurer les profondeurs des ravins
visités. Cet appareil est plus pratique sur le terrain et est
préférable à un décamètre. Il mesure au
moyen d'un laser un point précis ciblé même au milieu
d'obstacles.
Son laser a une portée d'environ 200 m, ce qui facilite
les mesures sur le terrain et fait gagner le temps qu'on perdrait avec un
décamètre, par rapport à d'autres
télémètres comme celui à l'ultrason qui a une
portée de 20 m dont les ondes peuvent être
détournées par les obstacles.
Récepteur Satellites
Câble reliant le DGPS et le Pocket
Muni ordinateur (Pocket)
Jalon
Récepteur Satellite
Figure 5: Télémètre laser
Figure 6: DGPS
3. Appareil photo numérique
Nous avons utilisé deux marques d'appareil
numériques (Nikon et Samsung), qui nous ont permis de prendre des photos
sur le terrain pour illustrer certaines érosions ravinantes ou
techniques de lutte contre les érosions sur le terrain.
18
3.1.2. Logiciels de traitement
Ces logiciels permettent de traiter des données au
laboratoire. Pour ce faire nous avons utilisé différents
logiciels notamment:
1. Logiciel PathFinder office
Les données enregistrées par le DGPS sont sous
le format `.SSF. Elles ne peuvent être lues comme telles dans un logiciel
SIG, à l'exception de Pathfinder lui-même. Lorsqu'elles sont
corrigées par ce logiciel, le format change et devient `.cor. C'est
à partir de ce format que l'exportation peut se faire. Lors de cette
opération, il faut signaler ou choisir le format supporté par le
logiciel SIG que vous utilisez.
Avant d'exporter les données corrigées, il faut
passer par les étapes suivantes : importation des données du
Pocket PC dans le logiciel Pathfinder, correction différentielle et
enfin exportation des données au format S.I.G.
1.1. Correction différentielle
Il est préférable lors de la correction des
données des objets géographiques prise sur le terrain de faire
une correction individuelle, c'est à dire de corriger les lignes, les
points et la surface de manière séparée, parce qu'il agit
des éléments géographiques différents. Cette
correction des erreurs GPS est faite pour une amélioration de la
précision par traitement différé. Les données ainsi
corrigées ont une précision submétrique, alors que sans
cette correction, la précision varierait autour de 5m.
Pour une meilleure précision, le logiciel PathFinder
Office peut aussi corriger sur demande les positions corrigées en temps
réel sur le terrain (source EGNOS ou autre), mais aussi appliquer un
« filtre de vitesse » pour un meilleur résultat dans les
environnements à fort multi-trajet.
1.2. Exportation des données du logiciel
PathFinder
Lors de l'exportation de nos données, nous avions
choisi le format prise en charge par le logiciel Arc View 9.2, le shapefile.
Nous avions choisi l'UTM comme système de projection, alors que les
données brutes étaient enregistrées en latitude-longitude.
Et le modèle mathématique ou le datum a été le
WSG84.
19
2. Logiciel Grass
GRASS (Geographic Ressources Analysis Support System) est un
logiciel libre et hybride dans la mesure où il est vectoriel et
matriciel. Il est en même temps un logiciel de
télédétection. Nous l'avons utilisé pour
numériser les courbes de niveau en vue de produire le MNT (Modèle
numérique de terrain) pour la zone d'étude.
3. Logiciel Quantum GIS
QGIS (Quantum GIS) est une extension du logiciel Grass. Le
QGIS est un logiciel libre qui a débuté en mai 2002 et s'est
établi en tant que projet en juin 2002 sur source Forge. Il est simple
à utiliser, il fournit des fonctions courantes et supporte un grand
nombre de formats raster et vecteur etc.
Il est conçu dans le but de fournir de données
SIG. QGIS a depuis atteint un stade dans son évolution où
beaucoup y recourent pour leurs besoins journaliers. Comme son but l'indique
QGIS nous a permis de visualiser nos données SIG pour nous assurer par
exemple des valeurs introduites lors de la digitalisation.
3.2. Données utilisées
1. Image Quick Bird
L'image Quick Bird que nous avons utilisée est en mode
panchromatique et date du 06 mai 2006. Elle a connu un pré traitement de
niveau 2A et présente 0,007 % de couverture nuageuse. Elle a subi une
correction géométrique réalisée par le laboratoire
de Géomorphologie et télédétection dirigé
par le professeur Miti au département des Sciences de la terre de la
faculté des Sciences de l'Université de Kinshasa. Elle n'a pas
subi une ortho-rectification pour supprimer des distorsions dues au relief
grâce à l'utilisation d'un MNT (Modèle Numérique de
Terrain).
Elle a été enregistrée par le satellite
Quick Bird, qui a été lancé en octobre 2001 par la
société américaine: Digital Globe. C'est un satellite
à très haute résolution spatiale. Il enregistre des images
noir et blanc avec une résolution de 61 cm et des images couleurs (4
bandes) à 2, 44 m de résolution couvrant une surface de 16,5 km
x16, 5 km (Phungi, 2009). Sa fréquence de passage se situe entre 1 et
3.5 jours (Sacré, 2006). Les principales caractéristiques
radiométriques du capteur se trouvent dans le tableau 3.
20
Tableau 3: Principales caractéristiques du
radiomètre équidistant le satellite Quick Bird.
Mode
Multispectral
|
Canal
|
Bande spectrale
|
Résolution spatiale
|
|
1
|
0,45-0,52 um
(bleu)
|
2,44 m
|
|
2
|
0,52-0,60 um
(vert)
|
2,44 m
|
|
3
|
0,63-0,69 um
(rouge)
|
2,44 m
|
|
4
|
0,76-0,69 um
(proche infrarouge)
|
2,44 m
|
Panchromatique
|
|
0,45-0,90 um
|
0,61 m
|
2. Carte des pentes
La carte de pente que nous avons utilisée a
été dérivée à partir d'un modèle
numérique de terrain (MNT) se trouvant dans la base de données du
projet PIC-Erosion. Le MNT a été interpolé à partir
des courbes de niveau d'une équidistance de 5m digitalisées sur
la carte topographique de 1973 de Van Caillie.
3. Marques de ravins
Les contours utilisés dans ce travail sont ceux qui
datent d'avant 1970 et cartographiés par Van Caillie; de 2006 et
cartographiés Delphine Sacré; de 2007 et cartographiés par
Thomas Wouters et les contours de 2009 et de 2010 que nous avons mesuré
nous-mêmes
Lors de nos mesures des ravins sur le terrain, nous relevons
les contours des ravins sans en être éloignés des bords. A
certains endroits, là où il était impossible de marcher
sur les bords, nous nous y sommes écartés de moins d'un
mètre. Les données de ravins sont d'une bonne précision
comme l'on peut le constater sur le rapport ci-dessous de la correction
différentielle réalisée par le logiciel PathFinder :
21
Differential Correction Summary: 11 files processed. In these
files:
259 (100.0%) of 259 selected positions were code corrected by
post-processing 0 (0.0%) of 0 selected positions were carrier corrected by
post-processing
Estimated accuracies for 259 corrected positions are as
follows:
Range Percentage
0-15cm
15-30cm
-
-
30-50cm 15.1%
0.5-1m 70.7%
1-2m 14.3%
2-5m - >5m -
Differential correction complete.
Le rapport de la correction différentielle ci-dessus
montre que 70,7% de données des ravins ont une précision qui
varie entre 50cm et 1m ; 15,1% de ces données ont une précision
comprise entre 30 et 50cm.
2.2. Méthodologie
Nous avons mobilisé la méthode comparative pour
réaliser cette étude. Celle-ci s'est appuyée sur la
technique d'interprétation visuelle et de la cartographie des ravins
afin de mesurer leur évolution et la vitesse de développement.
22
CHAP.3. DEVELOPPEMENT DE L'EROSION RAVINANTE AUTOUR DE
L'UNIVERSITE DE KINSHASA
Ce chapitre relate l'historique des érosions dans les
différents sous bassins versants qui entourent l'université de
Kinshasa, les causes de leurs déclenchements ainsi que les techniques de
lutte antiérosives mises en oeuvre. De plus, il illustre quelques cas
d'érosions photographiées sur le site de l'Unikin.
3.1. Le sous bassin-versant de la rivière
Funa
Le sous bassin-versant de la Funa est situé dans la
commune de Lemba, dans l'extrême sud de la ville de Kinshasa. Il
présente une superficie totale d'environ 13,360 km2. Il est
caractérisé par un dénivelé important de 150
mètres. Son altitude mesurée près de la rivière
dans le fond de la vallée est de 320 mètres. La partie Est du
sous bassin est celle qui concerne notre étude. Celle-ci présente
une superficie de 5,680 km2, avec une altitude variant entre 400 et
470 mètres, au niveau de l'un des sommets du bassin localisé
à proximité de l'Université de Kinshasa (Wouters,
2008).
Après la création de l'université en
1954, les ravinements étaient absents sur la partie Est de la Funa et
sur l'ensemble de l'Université. Les premières marques
d'érosions (Figure 5) ont été observées en 1968 par
Van Caillie (1983) à partir d'une analyse diachronique de deux
photographies aériennes de 1958 et de 1968. Ce dernier les associe
à l'asphaltage de la route de Kimwenza (route des cliniques) entre 1967
et 1968. Sa carte imprimée le 30 mars 1970 signale la présence de
9 ravins sur la partie Est de la Funa. Ils ont été causés
par le débordement des eaux des pluies en bordure de la route non
canalisée (Figure 5).
Dans les premiers moyens de lutte mis en oeuvre,
l'Université creusa des bassins de rétention à ciel ouvert
vers 1969 et 1970. Par définition, un bassin de rétention des
eaux pluviales est une zone de stockage temporaire des eaux de ruissellement,
qu'il soit enterré ou à ciel ouvert.
Il répond notamment à une obligation
réglementaire de compenser l'imperméabilisation des sols
résultant des constructions. Ces bassins retardent le retour d'eau dans
le réseau urbain ou dans le milieu naturel, peuvent en outre servir
à récupérer l'eau qui sera réutilisée pour
un usage donné, par exemple un usage de lutte contre l'incendie.
Pour le cas des bassins de rétention creusés sur
le versant Est de la Funa par l'Unikin, jadis Lovanium, ces bassins
étaient non seulement un endroit de stockage des eaux de ruissellement,
mais un moyen de lutte contre l'érosion hydrique. Ils n'ont cependant
pas rempli efficacement ce rôle; ils ont été par la suite
la suite à la base de la création, voire accentuation de
l'érosion. Comment cela a pu arriver?
En effet, le manque d'entretien et de curage des ouvrages a
transformé le rôle premier, de
23
protection contre l'érosion, en un agent de
l'érosion. Le fond du bassin étant rempli d'une couche d'argile
et/ ou de limon devient imperméable; l'eau pluviale se stocke à
l'intérieur. La capacité de stockage étant limité,
l'eau finit par déborder et dévale la pente avec une
énergie cinétique importante. Creusant tout au long de son
parcours les bassins de rétention étaient devenus la cause
principale des érosions autour de l'université. Aussitôt,
fut mise en place une autre technique par la construction des collecteurs. La
première série de collecteurs vit le jour vers 1975-1976, date
gravée sur un collecteur construit sur le versant de la Funa.
Certains collecteurs ont stoppé la progression de
l'érosion. D'autres ont favorisé l'activité de
l'érosion. Certaines érosions existent cependant dans l'espace
entre les collecteurs. Les causes ont changé. Le débordement des
eaux n'est plus en cause, mais c'est le manque d'entretien des collecteurs, les
pistes piétonnes à côté du collecteur ou entre les
collecteurs frayées perpendiculaires aux courbes de niveaux (Wouters,
2008) occasionnés par le passage répétitif des
étudiants et autres passants.
Lelo Nzuzi (2008) ajoute une autre cause qui fait
référence aux diverses activités pratiquées par la
population sur la pente du versant. Il s'agit de l'agriculture,
l'élevage, des constructions, de l'extraction de la terre, du
déboisement, etc. Dans le cas de la Funa, les groupes de prière
(Photo 1) ont déboisé et construits sur des espaces pour
organiser leurs cultes. Ces pratiques ont exposé le sol aux effets des
eaux de ruissellement et à l'impact des gouttes de pluies.
Photo7 : Impact des espaces dénudés par les
groupes de prière
L'habitat qui vient d'investir la partie Est du bassin de la Funa
ne pourrait qu'accentuer le phénomène par l'augmentation de la
surface imperméabilisée.
24
3 2
1
Figure.8 Localisation de première marque des ravins autour
de l'Unikin avant 1970
3.2. Le sous bassin-versant de la Kemi
Comme sur le versant de la Funa, les causes des
érosions sur ce sous bassin- versant sont encore, entre autre, les
bassins de rétention creusés par l'université vers les
années 1969 et 1970 pour lutter contre les érosions, le manque
d'entretien et de curage avait transformé le rôle premier de ce
dernier en érosion.
25
Ce sous-bassin versant compte les érosions datant de
plus de 30 ans dont une érosion a plusieurs têtes derrière
la morgue des cliniques et bien d'autres qui ont fait l'objet des plusieurs
études: Van caillie (1975), De Ploey et Savat (1964 et 1967) et Delphine
en 2007, les activités des groupes de prières, les pistes
piétonnes.
Le ravin devant le couvent de soeurs à 30 mètre
de l'Eraift qui date depuis 2008, menace de couper la route menant vers le CNPP
(Photo 2).
Figure8. Ravin à 30 mètres de l'Eraift
Le collecteur nouvellement construit par la régie de
construction de l'université est menacé par des nombreux sentiers
suivant les courbes des niveaux. Et de nombreux passage à coté,
la destruction de ce collecteur est un risque pour des nombreux infrastructures
de l'université par exemple la CRENK et bien d'autres bâtiments
(Photo 3).
26
Photo 4. Piste piétonne à coté du collecteur
derrière la Faculté des Sciences
3.3. Le sous bassin-versant de la Kwambila
Les érosions dans ce sous bassin-versant ont fait aussi
l'objet d'une étude vers les années 2007 par Sacre. Elle est
comme cause du déclenchement, la rupture du collecteur au niveau du home
10 des étudiants. Actuellement ce ravin a été
stabilisé par l'université vers 2008, malheureusement a
coté de l'ancien ravin est entrain de naître un autre qui est
causé par les pistes piétonnes qui remonte vers la route.
Nous avons observé aussi la construction des maisons
à l'intérieur du bassin de rétention derrière les
maisons F au plateau des professeurs.
3.4. Le sous bassin-versant de la Matete
Ce sous basin-versant n'a pas échappé aux
phénomènes d'érosion, les érosions dans cette
partie ont commencé vers les années 1990-91 sur sa partie ouest.
Les causes des érosions dans cette partie ne sont autres que le manque
d'entretien des ouvrages de collectes des eaux de pluies, les sentiers suivant
les courbes de niveaux.
Le manque de canalisation des eaux quittant les homes des
étudiants a provoqué une érosion derrière le home
30 depuis plus de 5 ans et une autre érosion devant l'école
Mont-Amba. Comme moyen de lutte utilisé par l'université n'est
autres que le jet de terre jaune pour l'érosion qui se
27
trouve devant l'école Mont-Amba. Cette route
appelée avenue des homes est menacée de coupure par les eaux non
canalisée qui provoque un affouillement et laisse suspendue la route.
3.5. Le sous bassin-versant de Bimuka
Les érosions dans ce sous bassin versant ont
commencé vers les années 1997-1998. Les causes du
déclenchement sont les eaux en provenance du plateau des professeurs
dont les égouts ont été bouchés par les occupants
de la périphérie du plateau. A titre indicatif, une de parcelle
des maisons «S42» au plateau des professeurs a été
menacée par un ravin en 2006-2007.
28
CHAP. 4. ANALYSE DES DIFFERENTS STADES D'EVOLUTION DU
RAVINEMENT A L'UNIVERSITE DE KINSHASA
Ce chapitre analyse la situation au sein de la période
allant de 1968 à 2010 (Avril). 4.1. Évolution des
situations
En superposant l'ensemble des ravins (47 au total)
mesurés en 2010 sur la carte des marques des ravins (9 au total)
éditée par Van Caillie en mars 1970, nous constatons qu'il y a eu
38 nouveaux ravins nés autour de l'Université de Kinshasa sur une
période de 40 ans (Figure 6), ce qui donne un taux de progression moyen
de 1 ravin par an. Cela montre le danger auquel est exposé le site du
campus qui est limité dans l'espace. Danger parce que les dimensions de
ces ravins sont impressionnantes comme le démontre la section 4.4. A
cette allure, l'Université de Kinshasa sera rayée de la carte si
rien ne fait pour stopper ce phénomène.
Par ailleurs, les ravins cartographiés en 2008 ont
été remblayé par les occupants. Ces ravins étaient
sur une superficie de 0,015 hectare, dont leurs profondeurs sont
estimées à 2 m, ce qui est était facile aux occupants de
faire le remblaiement.
29
Figure 6. Évolution des ravins entre 1970 et 2010 autour
de l'Unikin
30
Sur l'ensemble de ravins cartographiés(47) dans la zone
d'étude, trois ravins sont dû aux pistes piétonnes (cfr
encadrés de la figure 7)
4.2. Causes des ravins autour de l'Unikin
4.2.1. Ravins et piste piétonne
Les pistes sont des voies d'accès (et de sortie)
rapides à l'Université de Kinshasa, aux cliniques universitaires,
à la morgue, etc. Elles sont empruntées par des populations
(étudiants et non étudiants) comme raccourcis pour atteindre les
institutions d'enseignement ou les lieux de prière établis sur le
Mont Amba. Ces pistes sont généralement parallèles
à la pente et parfois multidirectionnelles sur un versant.
La relation piste piétonne et ravin a été
établie sur 12 marques des ravins que nous avions cartographiées.
Toutes ces pistes sont parallèles aux pentes sur lesquelles se sont
déclenchés les ravins. 4 ravins actifs et localisé sur le
sous bassin de la Matete; 6 ravin sur le sous bassin de la Funa et 2 sur le
sous bassin de la Kemi.
Ces pistes piétonnes sont elles-mêmes aussi
érodées. Certaines sont praticables (Photo 7), d'autres sont
impraticables.
Photo 5: Piste piétonne active vers Restopop
4.2.2. Piste et ravin
31
Figure 7. Piste piétonne et ravin (Source : Laboratoire de
géomorphologie, télédétection et SIG)
4.2.3 Ravin et cassure du collecteur
Comme déjà dit au chapitre 3, le collecteur est
un ouvrage en maçonnerie construit en vue de gérer les eaux de
ruissellement sur la pente d'un versant et de ce fait lutter contre
l'érosion. Mais quand il n'est pas entretenu ou quand il est
sous-dimensionné, il favorise le déclenchement d'érosions
ravinante. Nous l'avons observé sur notre site d'étude.
En effet, nous avons constaté sur le terrain que le
collecteur pouvait se substituer en déclencheur de ravin dans trois cas.
Le premier cas est celui où des immondices bouchent le collecteur sur
une partie de sa longueur. Ainsi, les eaux de ruissellement qui longent
l'intérieur du
32
collecteur débordent et rongent les façades
latérales, sapent sa base et le met en porte-à-faux. A bout d'une
certaine période, le collecteur tombe sous son propre poids. Ce cas
correspond à celui du manque d'entretien du collecteur (Photo 6)
Photo 6. Cassure du collecteur derrière le bâtiment
d'agronomie
Le deuxième cas est celui où le collecteur se
transforme en déclencheur d'érosion parce qu'il n'a pas atteint
l'exutoire. L'érosion commence là où se sont
arrêtés les travaux et remonte en amont en détruisant le
collecteur.
Le troisième cas est le sous-dimensionnement. L'eau
arrive selon un angle au collecteur et affouille la façade
latérale, et finit par mettre en porte-à-faux le collecteur ou
détruit la façade en question.
Sur l'ensemble des ravins cartographiés: 3 ravins sont
dus à la cassure des collecteurs. Le premier se trouve derrière
le Bâtiment d'agronomie, le second est à 10 mètres de
l'entrée des cliniques universitaires.
Le dernier est à quelques mètres du pavillon 9
au CNPP. Tous ces ravins sont localisés sur le sous bassin versant-Est
de la Funa. La figure 6 illustre le cas d'un ravin sur le versant Est de la
Funa dû à la cassure du collecteur.
33
Figure 8. Relation ravin et collecteur (Source : laboratoire de
géomorphologie, télédétection et SIG)
34
La flèche (Figure 8) montre le ravin qui s'est
installé sur une partie du tracé du collecteur, et ce
malgré la présence en amont de deux bassins de rétention
creusés pour gérer les eaux de ruissellement. Cette association
des techniques n'a pas donné les résultats escomptés.
4.2.4. Ravin et bassin de rétention
Le bassin de rétention joue le rôle de stockage
temporaire des eaux de ruissellement. Il se transforme en destructeur,
lorsqu'il n'est pas curé. En ce moment-là, les eaux qui
débordent creusent en aval des ravins. Les résultats renseignent
(Figure 9) qu'aucun ravin n'est dû à la cassure d'un bassin de
rétention en 2009 ou en 2010. Cependant, les informations recueillies
auprès des agents du service d'entretien de l'université
renseignent que c'était à la suite de la cassure des bassins de
rétention sur le sous bassin versant Est de la Funa que Monseigneur
Gillon avait construit ces collecteurs.
35
Figure 9.Relation entre bassin de rétention et ravin
(Source: Laboratoire de géomorphologie,
télédétection et SIG)
4.2.5. Pente et ravin
La relation pente-érosion a été
examinée en superposant les marques de ravins du mois d'octobre 2009 et
du mois de mai 2010 sur la carte des pentes que nous avons
dérivée à partir d'un modèle numérique de
terrains (MNT). Ce dernier a été interpolé à partir
des courbes de niveau
36
d'une équidistance de 5m. Ces dernières ont
été digitalisée sur une carte topographique au 1/10 000 de
1973 éditée par l'Institut Géographique du Congo (IGC).
Cette section n'intègre pas les causes des ravins. Ces dernières
sont abordées dans une autre section (Figure 10).
Figure 10: Relation entre pente et ravin (Source: Laboratoire
de géomorphologie, télédétection et SIG)
En se référant à la figure 10, nous
constatons qu'aucun ravin ne s'est développé sur une pente
inférieure à 3 degrés, ce qui corrobore les conclusions
aux conclusions de Van Caillie (1997) dans son étude sur la pente des
Kinshasa.
Par contre, les ravins se sont développés sur
les pentes comprises entre 3 et 38 degrés mais ils sont absents sur les
pentes supérieures à 38 degrés sur notre site
d'études (Figure 10). Pour des raisons de visibilité, nous avons
préféré présenter les résultats de la
relation pente-ravin en regroupant les ravins selon l'orientation
géographique.
37
a. Au Nord de l'Unikin
En observant la figure 11 nous pouvons distinguer trois types
de ravins en fonction des pentes sur lesquels ils se développent.
2
1
1
3
Figure 11. Relation entre pente et ravin au Nord de l'Unikin
(Source: Laboratoire de télédétection,
Géomorphologie et SIG)
Le premier type englobe les ravins qui se sont
développés sur des pentes comprises entre 9 et 14 degrés
et ont remonté le versant tout en traversant soit les pentes de 15
à 22 degrés et de 3 à 8 degrés, soit seulement les
pentes comprises entre 3 et 8 degrés. Ce type est beaucoup plus
localisé au Nord et à l'Ouest de la figure (Cfr encadré
1).
Le deuxième type se trouve au Sud-ouest de la figure
(Cfr encadré 2) et comprend les ravins qui se sont
développés dans les zones des pentes variant entre 3 et 8
degrés. Le troisième et dernier type concerne les ravins qui ont
commencé dans les zones des pentes comprise entre 23 et 29 degrés
et dont la tête se retrouve, lorsque nous les avions
cartographiés, dans les classes de pente de 3-8
38
degrés. Ce type de ravins est localisé au Nord-Est
de la figure (voir encadré 3). b. Au Sud de l'Unikin
Les deux ravins que nous avons cartographiés au Sud de
l'Unikin (Figure12) se sont développés sur des pentes
différentes. Le premier ravin, au Nord-Ouest de la figure (Cfr
encadré 1 sur la figure), est quasi-localisé dans les zones de
forte pente. Par contre, le deuxième ravin (Cfr encadré 2 sur la
figure) a sa tête dans les zones des pentes allant de 9 à 14
degrés, son pied sur des pentes comprises entre 3 et 8 degrés,
tandis que son corps traverse une pente variant entre 23 et 38
degrés.
1
2
Figure 12. Relation entre pente et ravin au Sud de l'UniKin
(Source: Laboratoire de géomorphologie,
télédétection et SIG)
c. Au Sud-Est de l'Unikin
En référence de la figure11 ci-dessous nous
remarquons que les ravins se sont développés sur les pentes
inférieures à 15 degrés même si par endroit ils
traversent les pentes variant entre 23 et 38 degrés.
39
4
3
3 4
1
La figure 14 localise les ravins cartographiés sur le
versant Est de la Funa à l'Ouest de
Figure 13.Relation entre pente et ravin au Sud-est de l'Unikin
(Source : Laboratoire de géomorphologie,
télédétection et SIG)
Les ravins du Sud-Est de l'Unikin peuvent être
regroupés en quatre classes. La première classe comprend les
ravins dont la tête, le corps et le pied sont complètement
localisés sur des pentes de 3 à 8 degrés (Cfr
encadré 1 sur la figure).
La deuxième classe est composée des ravins dont
le pied et la tête sont localisés sur des zones des pentes qui
varient entre 9 et 14 degrés mais le corps traverse une zone dont la
pente varie entre 3 et 8 degrés et des ravins dont le pied est sur des
pentes comprises entre 3 et 8 degrés, la tête entre 9 et 14
degrés (Cfr encadré 2).
La troisième classe est constituée des ravins
encadrés (Cfr encadré 3) dont le « pied » et la
tête sont situés sur des pentes de 3-8 degrés et le corps
traverse une zone à pentes variant entre 9 et 14 degrés. La
dernière classe est constituée des ravins dont le pied est sur
une pente inférieure à 3 degrés mais la tête sur une
pente qui varie entre 3 et 8 degrés (Cfr encadré 4).
d. A l'Ouest de l'Unikin
La figure 15 ci-dessous montre les ravins situés
à l'Est de l'Unikin sur la tête du cirque d'érosion de la
source de la rivière Kemi. Il est sans nul doute que c'est une zone de
forte pente.
40
l'Unikin. De prime abord, c'est une zone à forte pente
(supérieur à 15 degrés). Les ravins s'y sont
développés et sont généralement près de la
tête du versant, c'est-à-dire à quelques mètres de
la route asphaltée reliant Kimwenza et Ngaba.
Figure14 Relation entre pente et ravin à l'Ouest de
l'Unikin (Source : Laboratoire de géomorphologie,
télédétection et SIG)
Le pied du versant est une zone de faible pente à
proximité de la rivière Funa. Nous y avons rencontré des
ravins sur les zones de pente comprise entre 9 et 14 degrés.
e. A l'Est
41
Beaucoup de ravins s'y sont développés. Ils sont
quasiment installés sur les zones dont la valeur de la pente est
comprise entre 9 et 39 degrés. Un ravin, plus long que les autres,
traverse plusieurs pentes avant de poser sa tête sur un site dont la
pente est comprise entre 3 et 8 degrés.
Figure 15 Relation entre pente et ravin à l'Est de
l'Unikin (Source: Laboratoire de géomorphologie,
télédétection et SIG)
42
A l'Est de l'Unikin semble être le siège des ravins
à plusieurs têtes. 4.3. Mode de développement
des ravins
Les ravins autour de l'Unikin n'ont pas eu le même mode de
développement dans le temps et dans l'espace. Nous avons
distingué deux modes de développement de ravins : ravins à
développement normal que nous avons considéré comme
ravin-type et les ravins à développement atypique. Les
ravins-types répondent à la théorie de l'érosion
régressive, c'est-à-dire ils se développent dans le temps
et dans l'espace par recul de la tête, et parfois avec
élargissement de la largeur du ravin. Les ravins à
développement atypique sont ceux qui ne s'alignent pas sur à la
théorie de l'érosion régressive.
4.3.1. Ravins à développement normal
C'est le mode normal qui confirme la notion de
l'érosion régressive à Kinshasa. Nous les avons
observés sur plusieurs endroits. Les plus spectaculaires et
représentatifs ont été ceux qui se sont
développés au Nord de l'Unikin et plus précisément
près de l'école de santé publique et à l'Ouest de
l'Unikin sur le sous bassin versant Est de la Funa (Figure.16).
On observe sur cette figure en vert les ravins
cartographiés en octobre 2009 et en rouge le ravin cartographié
en mai 2010.
Sur les deux cas, la tête du ravin a reculé entre
les deux dates et au même moment la largeur s'est élargie.
43
Figure16 Localisation de quelques ravins à
développement normal à l'Unikin (Source : Laboratoire de
géomorphologie, télédétection et SIG)
4.3.2. Ravin à développement atypique
Les ravins à développement atypique ont
été identifiés autour de l'Université de Kinshasa.
Ils s'opposent la notion de l'érosion régressive dans la mesure
où leur développement sort de l'ordinaire (Figure 17).
Couvent des soeurs
44
Figure17. Localisation des quelques ravins à
développement atypique à l'Unikin (Source : Laboratoire de
géomorphologie, télédétection et SIG)
45
Sur la figure 17, nous pouvons constater le
développement atypique derrière le couvent des soeurs au Nord de
la figure et entre le Home 10 et le Home 20 au Sud de la même figure.
Nord de la figure, deux ravins isolés sont cartographiés en
octobre 2009. En mai 2010, les deux ravins se sont joints probablement pour le
recul de tête de celui qui est en amont.
Au Sud de la figure, entre le Home 10 et le Home 20, le ravin
n'obéit pas non plus à la notion de l'érosion
régressive ; il se développe en allongeant son pied qui se trouve
une même pente inférieure que la tête du ravin. Qu'est-ce
qui explique ce développement atypique ? A l'heure actuelle, nous
n'avons pas une réponse à donner, car nous pensions que la figure
16 devrait apporter une explication en vérifiant les pentes à la
tête et au pied du ravin. Pour le cas de cette figure, la tête et
le pied du ravin ont une même pente.
Il existe par contre une zone de forte pente entre les deux.
Une étude approfondie sur des cas pareils mérite d'être
faite pour élucider les connaissances actuelles que nous avons en cette
matière. La présente étude n'avait pas cette
préoccupation.
46
Figure 18. Relation pente et ravin au Sud-Est de l'Unikin
4.4. Mesure de la vitesse du développement du
ravin
Pour mesurer cette vitesse, nous avons superposé dans
un SIG les ravins que nous avions cartographiés en octobre 2009 et ceux
du mois de mai 2010. Dans le calcul de la vitesse de développement des
ravins, nous n'avons pas mélangé les ravins à
développement atypique avec ceux à développement normal
parce que nous avions constaté que les ravins à
développement atypique se sont beaucoup plus développés
que ceux à développement normal.
Mélanger les deux donnerait une impression qui surestime
la vitesse de développement. De plus, les mesures de la tête du
ravin n'ont pas été mélangées avec celles de la
largeur du ravin. Pour déterminer la vitesse de développement des
ravins, nous avons mesuré n fois les écarts de distance entre les
deux dates et les divisés par le n mesures effectuées.
47
Les ravins à développement atypique ont connu un
développement impressionnant entre octobre 2009 et mai 2010, surtout au
niveau de la tête du ravin. Ils ont connu une progression moyenne de
6m/saison des pluies. Leur largeur moyenne a été de 4m/saison des
pluies.
Par contre, Les ravins à développement normal ont
connu une progression que nous jugeons normale.
Leurs têtes ont progressé en moyenne de 5m/saison
des pluies, tandis que leurs largeurs n'ont atteint en moyenne que 3m/saison
des pluies.
4.5. Aire soustraite de l'urbanisation
Le ravin ne provoque pas seulement la dégradation du
sol et de l'environnement mais il retranche quelques hectares à
l'urbanisme. L'ensemble des ravins (47 au total) mesurés autour de
l'Université de Kinshasa occupe une superficie non négligeable:
2,3 hectares, superficie amputée à l'urbanisme sur une superficie
de 1378 hectares du site.
48
CONCLUSION
Après analyse de la situation du ravinement autour du
site universitaire à l'aide du SIG, les résultats montrent une
forte dégradation du milieu par l'augmentation des incisions. En effet,
de 9 ravins recensés en 1970 par Van Caillie, on est passé
à 34 incisions en 1999 d'après Lokwisha et à 47 ravins en
2010 dont plusieurs sont digités en multiples têtes. Cette
progression du ravinement est un indice de la dégradation globale du
site de l'Université par multiples agressions et de la pression
urbanistique que subit le domaine.
Jadis éloignée des cités populaires,
aujourd'hui, l'Université de Kinshasa est ceinturée de part en
part par des lotissements anarchiques et des cités d'autoconstruction
dont Kindele, Mbanza-Lemba.qui constituent les principaux foyers d'agressions
de l'environnement. Les causes du développement et de l'évolution
du ravinement, essentiellement anthropiques, résultent des
activités de la population de ces cités. Parmi ces causes, on
note entre autres :
- les pistes piétonnes, responsables de 12 ravins soit
6%, figurent parmi les causes principales du ravinement sur les versants du
mont Amba;
- les fortes pentes : le ravinement se produit sur le site
entre la pente de 3 et 38 degrés soit 84%; exceptionnellement sur les
pentes inférieures à 3 degrés soit 7%; ce qui corrobore
les conclusions de Van Caillie (1997) dans son étude sur la pente de
Kinshasa;
- la cassure des collecteurs : parmi les dispositifs
d'évacuation des eaux pluviales du site figuraient des canalisations,
des caniveaux et des collecteurs. A cause des sentiers qui les mettent à
nu, ces ouvrages sont cassés en plusieurs endroits de sorte que les
écoulements d'eau qui y sont concentrés servent de
détonateurs pour le déclenchement du ravinement;
- la rupture des bassins de rétention : ces bassins ont
été aménagés et servi à la gestion et
l'infiltration des eaux le long des routes. Non entretenus et parfois
occupés comme parcelles d'habitation, ils ont été
détruits et érodés à la suite des
débordements.
- l'agriculture de rapine pratiquée par la pauvre
population environnante, elle offre des surfaces dénudées, en
proie au ruissellement et à l'érosion:
- les constructions, de par la concentration des eaux
pluviales à partir des toitures et surfaces
imperméabilisées, sont à l'origine de plusieurs ravins sur
les versants en pentes...
Les conséquences de ce ravinement sont que plusieurs
bâtiments et infrastructures (la route qui se trouve derrière
l'école de santé publique, la route entre le home 20 et le rond
point sentiment etc.) sont déjà détruits ; d'autres sont
en voie de l'être et plusieurs autres sont menacés (école
de santé publique, le couvent des Soeurs, etc.).
49
Dans leur évolution, les ravins se développent
selon 2 modalités qualifiées de «typique» pour la
progression normale c'est-à-dire régressive et
«atypique» pour les ravins qui ont progressé dans le sens de
l'écoulement.
Du point de vue de la progression des ravins, la vitesse a
été :
- d'environ de 6 m par saison de pluie à la tête du
ravin et de 4 m sur la largeur pour les ravins à développement
atypique;
- de 5 m par saison à la tête et de 3 m sur la
largeur pour les ravins à développement normal.
Une bonne partie de la superficie du site est très
dégradée de sorte qu'il est difficile de la mettre en valeur sans
dispositifs spéciaux et coûteux. La superficie ainsi soustraite
à une utilisation aisée est évaluée à 2,3
hectares en 2 ans sur une superficie de 1378 hectares du site universitaire.
50
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Thèse de doctorat, laboratoire de géomorphologie
Expérimentale, Département de Géographie-Géologie,
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29. Thomas Wouters, (2008), Contribution à l'analyse
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Mémoire de fin d'étude, Université Libre de Bruxelles, 96
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