Université d'Abomey-Calavi
(UAC)
******
Faculté
des Sciences et Techniques(FAST)
******
DEPARTEMENT DE ZOOLOGIE ET
GENETIQUE
******
MEMOIRE DE FIN DE FORMATION POUR L'OBTENTION DU
DIPLOME DEMASTER (M. SC) EN ENTOMOLOGIE
APPLIQUEE
Option : Entomologie Agricole
THEME :
Potentialités du kaolin et d'un nouveau
régulateur de croissance (Méthoxyfénozide) pour la lutte
intégrée contre les Aphides (Homoptera : Aphididae) et
Helicoverpa armigera (Lepidoptera : Noctuidae).
Présenté par Boni
Barthélémy YAROU
Sous la direction de :
Co-Maître
Prof Pierre ATACHI
Professeur titulaire en Entomologie Faculté des
Sciences Agronomique (F.S.A). Département de production
végétale.
Maître
Dr. Ing. Thiery ALAVO
Entomologiste Maître assistant des Universités
(CAMES). Faculté des Sciences et Techniques (FA.S.T).
Département de Zoologie et Génétique.
Première promotion
Année académique
2007-2008
REMERCIEMENT
Le présent travail a été
réalisé grâce à la subvention de recherche
accordée au Dr.-Ing. Thiery ALAVO par la Fondation Internationale pour
la Science (IFS).
RESUME
L'utilisation intensive des produits chimiques de
synthèse, contre les insectes ravageurs des cultures, conduit au
développement du phénomène de résistance et
provoque un déséquilibre de l'écosystème. Il est
donc indispensable de rechercher d'autres moyens de lutte plus efficace et
respectueux de l'environnement. Les travaux du présent mémoire
visent à évaluer les potentialités du kaolin et du
méthoxyfénozide pour la lutte contre les pucerons et H.
armigera.
Pour tester les effets du kaolin en station
expérimentale, la dynamique des populations des pucerons Aphis
gossypii, Aphis craccivora et Lipaphis
erysimi, à été étudiée
respectivement sur le cotonnier, le niébé et le chou, sous
l'effet du kaolin à 5%. En milieu réel, nous avons testé
l'effet combiné du kaolin et du méthoxyfénozide sur les
cotonniers.
Les résultats ont montré que le kaolin a
réduit de façon très significative les populations des
pucerons et a engendré par conséquent un développement
normal des plantes. Il a également réduit les taux d'infestation
des plantes par les pucerons. Sur le cotonnier, 31,67% des plants
traités au kaolin ont été infestés, contre 66,67%
pour les plants du témoin (traités à l'eau potable). Chez
le niébé, 3,33% et 11,67% des plants ont été
respectivement infestés pour les plants traités et les plants du
témoin. Au niveau du chou, 60% des plants du témoin ont
été infestés, contre 30% pour les plants traités.
En milieu réel, le kaolin a réduit le nombre des oeufs pondus par
H. armigera sur les plants traités. Le nombre des chenilles a
été significativement réduit par les traitements au
méthoxyfénozide. La combinaison de ces deux produits a permis
d'obtenir moins de dégâts sur les plants de cotonnier
traités: 9 capsules saines en moyenne par plant traité contre 4
par plant du témoin. De plus, nous avons obtenu un meilleur rendement
sur les plants traités; soit 937,5 #177; 0,31kg/ha sur les plants
traités contre 485,5 #177; 0,32kg/ha sur les plants du témoin.
Au regard de ces résultats encourageant, on recommande
d'étendre les études sur le kaolin et le
méthoxyfénozide à d'autres ravageurs sur d'autres
cultures agricoles.
Mots clés: Aphis
gossypii, Aphis craccivora, Lipaphis erysimi, Helicoverpa armigera,
kaolin, méthoxyfénozide, Lutte intégrée.
ABSTRACT
Intensive use of synthesis chemical insecticides leads to the
resistance phenomenon and provokes disruption of the ecosystem. It is therefore
important to look for other control methods. This work aims to evaluate the
effect of kaolin and methoxyfenozide for aphids and H.
armigera control.
In experimental station, the effects of kaolin is tested by
recording the populations dynamics of Aphis gossypii,
Aphis craccivora and Lipaphis erysimi
respectively on cotton, cowpea and cabbage after spraying with a suspension
containing 5% of kaolin. In field conditions, combined effect of kaolin and
methoxyfenozide is tested on cotton.
The results showed that kaolin technology reduced
significantly aphids number and generated a normal development of plants.
Kaolin has also reduced the infest rate on treated plants. On cotton, 31,67%
from treated plants have been infested, against 66,67% for untreated plants. On
cowpea, 3,33% and 11,67% of plants have been respectively infested on treated
and untreated plants. 60% from untreated plants have been infested against 30%
for treated plants on cabbage. In field conditions, the results showed that,
kaolin reduced significantly eggs number on the treated plants. The number of
the caterpillars has been reduced by methoxyfenozide effect.
The combination of both products permitted to obtain less
damage on the treated plants: 9 healthy bolls on average by plant, against 4
bolls on untreated plants. Besides, we got a best yield on the treated plants:
937,5 #177; 0,31kg/ha on average on treated plants against 485,5 #177;
0,32kg/ha on untreated.
In regard to these encouraging results, it's recommended to
extend study on kaolin and methoxyfenozide against other pests on other
agricultural crops.
Key words: Aphis gossypii, Aphis
craccivora, Lipaphis erysimi, Helicoverpa armigera, kaolin,
méthoxyfénozide, integrated pests control.
TABLE DES MATIERES
REMERCIEMENT
i
RESUME
ii
ABSTRACT
iii
TABLE DES MATIERES
iv
LISTE DES FIGURES
vi
INTRODUCTION
1
I. HYPOTHESES ET OBJECTIFS
3
1.1. Hypothèses
3
1.2 . Objectifs
3
1.2.1. Objectif général
3
1.2.2. Objectifs spécifiques
3
II. REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
3
2.1. Les Aphides
3
2.1.1. Particularités des
espèces testées
3
2.1.1.1 .Aphis gossypii
(Glov.) (Homoptera : Aphididae)
4
2.1.1.2 Aphis craccivora
(Koch) (Homoptera: Aphididae)
4
2.1.1.3 Lipaphis erysimi
(Kaltenbach) (Homoptera : Aphididae)
5
2.1.2 Lutte contre les Aphides
6
2.2. Helicoverpa
armigera (Hübner) (Lipidopera: Noctuidae)
7
2.2.1. Généralités
7
2.2.2. Lutte contre Helicoverpa
armigera
8
III. MATERIELS ET METHODES
10
3.1. Matériels
10
3.1.1. Matériels
végétales
10
3.1.2. Matériels techniques
10
3.1.3. Matériels animales
10
3.2. Méthode
10
3.2.1. Essai en station
expérimentale: Traitement à kaolin
10
4.2.1.1 Test sur les populations de
Aphis gossypii
10
3.2.1.2 Test sur les populations de
Aphis craccivora
11
3.2.1.3 Test sur les populations de
Lipaphis erysimi
11
3.2.2. Essais en milieu réel
12
3.2.2.1 Traitement à kaolin
12
3.2.2.2 Traitement à
méthoxyfénozide
12
3.3. Analyse statistique des
données
13
IV RESULTATS
14
4.1 Essais en station
expérimentale: Traitement à kaolin
14
4.1.1 Effet du kaolin sur les populations de
Aphis gossypii
14
4.1.2 Effet du kaolin sur les populations
de Aphis craccivora
16
4.1.3 Effet du kaolin sur les populations
de Lipaphis erysimi
18
4.2 Essais en milieu réel
20
4.2.1 Effet du kaolin sur Aphis
gossypii
20
4.2.2 Effet du kaolin sur la ponte des oeufs
par Helicoverpa armigera
20
4.2.3 Effet du méthoxyfénozide
sur les chenilles de Helicoverpa armigera
22
4.2.4 Effet combiné du kaolin et du
méthoxyfénozide sur Helicoverpa armigera
23
Figure 18: Nombre des capsules saines sur les
plants à la fin des expériences
Erreur ! Signet non
défini.
Figure 19: Estimation à l'hectare du coton
graine en tonne (T)
Erreur ! Signet non
défini.
V. DISCUSSION
25
5.1. Rôle du kaolin pour la
protection des végétaux
25
5.2. Rôle du
méthoxyfénozide pour la protection des végétaux
26
5.3. Effet combiné des deux produits
pour la protection des végétaux
27
VI. CONCLUSION ET PERSPECTIVES
28
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
29
ANNEXES
32
LISTE DES FIGURES
Figure 1:Une larve de A. gossypii (en bas)
et un imago de A. gossypii (en haut)
4
Figure 2:Imago de A. craccivora (à
gauche) et colonie dense de A. craccivora sur tige de
niébé (à droite)
5
Figure 3:Imago de L. erysimi (à
gauche) et colonie dense de L. erysimi sur feuille de chou (à
droite)
6
Figure 4:Chenilles de H. armigera se nourrissant
sur capsule de cotonnier (à gauche) et aspect de la capsule
endommagée (à droite)
7
Figure 5:Photo montrant la disposition en bloc
aléatoire complet (BAC) des variantes des tests à kaolin
12
Figure 6:Dynamique des populations de Aphis
gossypii sous l'effet des traitements
14
Figure 7: Pourcentage des plants de cotonnier
infestés par Aphis gossypii à la fin de
l'expérience
15
Figure 8: Photo montrant l'aspect des plants du
cotonnier traité au kaolin 5% (à droite) et les
dégâts subis par les plants du témoin (à gauche)
16
Figure 9Figure 9: Dynamique des populations de
Aphis craccivora sous l'effet des traitements
17
Figure 10:Pourcentage des plants de
niébé infestés par Aphis craccivora à la fin de
l'expérience
17
Figure 11:Photo montrant l'aspect des plants de
niébé traitées au kaolin 5% (à gauche) et les
dégâts subis par les plants du témoin (à droite)
17
Figure 12: Dynamique des populations de
Lipaphis erysimi sous l'effet des traitements
18
Figure 13:Pourcentage des plants de chou
infestés par Lipaphis erysimi à la fin de
l'expérience
19
Figure 14: Photo montrant l'aspect des plants de
chou traités au kaolin 5% (à gauche) et les dégâts
subis par les plants du témoin (à droite)
19
Figure 15: Pourcentage de plants infestés
par Aphis gossypii à la première observation
20
Figure 16: Pourcentage de plants infestés
par Aphis gossypii à la deuxième observation
20
Figure 17: Dynamique des oeufs de Helicoverpa
armigera sous l'effet des traitements
21
Figure 18: Nombre des chenilles de Helicoverpa
armigera après le premier traitement au
méthoxyfénozide
22
Figure 19: Nombre des chenilles de Helicoverpa
armigera après le deuxième traitement au
méthoxyfénozide
23
Figure 20: Nombre des capsules saines sur les
plants à la fin des expériences
23
Figure 21: Estimation à l'hectare du coton
graine en tonne (T)
24
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1:Comparaison des moyennes de A. gossypii
par traitement et par observation
14
Tableau 2:Comparaison des moyennes de A.craccivora
par traitement et par observation
16
Tableau 3: Comparaison des moyennes de L. erysimi
par traitements et par observation
18
Tableau 4:Comparaison du nombre moyen d'oeufs par
variante et par observation
21
INTRODUCTION
Au cours de ces vingt dernières années, les
dirigeants africains ont multiplié les déclarations sur le
rôle fondamental de l'agriculture dans le développement
économique et social du continent. Ces décideurs ont reconnu que
les voies de développement socio-économique des pays les moins
avancés passent forcément par le développement des
filières agricoles (Mensah, 1994). Au Bénin, le secteur agricole
occupe plus de 70% de la population active. Ce secteur seul participe pour
environ 38% du PIB (Produit Intérieur Brut) national soit une
contribution de 2% à l'accroissement économique annuelle (Azonsi,
2001).
Parmi les différentes filières agricoles
possibles au Bénin, la filière cotonnière est la mieux
organisée et est soutenue par différentes structures. Le coton,
produit par un grand nombre de paysans béninois, occupe la
première place parmi les produits d'exportation et génère
des revenus considérables (44 milliards de FCFA en 1995) à des
producteurs généralement pauvres (Agbodjinou, 2002). Le coton
représente au Bénin environ 40% des entrées de devises, 12
à 13% environ du PIB et assure un revenu à plus d'un tiers de la
population. Il permet aux paysans d'avoir un revenu monétaire leur
permettant de couvrir les principales dépenses (compléments
alimentaires, frais médicaux et pharmaceutiques, scolarisation, habitat,
etc.) (Agbodjinou, 2002). Le coton a donc un poids stratégique
prépondérant dans l'agriculture et l'économie
béninoise. Les variétés de coton cultivées au
Bénin ont un potentiel de production élevée (parfois plus
de 2 tonnes/ hectare) (Tégbéssou, 2007) mais de nombreux
problèmes limitent fortement le rendement en milieu paysan. Cela peut
être dû aux pratiques culturales inadéquates, aux effets des
adventices et aux attaques des ravageurs qui représentent surtout les
facteurs limitatifs de productivité. Parmi ces ravageurs, nous pouvons
citer les chenilles défoliatrices, les acariens, les insectes
piqueurs-suceurs et les vers de la capsule dont la noctuelle
Helicoverpa armigera (Hübner, 1808) (Lepidoptera :
Noctuidae) est de loin l'espèce la plus nuisible (Martin et
al., 2000). Extrême polyphagie, grande portée
géographique, mobilité, capacité de migrer,
fécondité élevée, sont les facteurs qui ont
contribué fortement au statut de ravageur redoutable de H.
armigera et qui lui permet de s'adapter aux différents
systèmes de cultures (Appert et Deuse, 1982). Sur les plants
semés précocement, la première génération de
cette noctuelle apparaît en mi-juillet ; néanmoins les
sérieuses infestations se produisent en septembre et octobre, causant
beaucoup de dommages aux cultures semées tardivement (Martin et
al., 2000).
Le niébé est l'une des légumineuses
dont la culture pourrait beaucoup contribuer à la fois à
réduire la pauvreté rurale et à améliorer la
sécurité alimentaire en accroissant de façon significative
les revenus des petits exploitants et des femmes pauvres d'Afrique
subsaharienne. Cependant, la faiblesse des rendements et les pertes
substantielles enregistrées pendant le stockage a limité la
contribution que le niébé peut apporter à la
sécurité alimentaire. Alors que le rendement potentiel peut
atteindre 2 tonnes/hectare, le rendement effectif moyen obtenu par les
agriculteurs est de 600 kilogrammes/hectare (Yarou, 2007). La faiblesse des
rendements et les pertes sont imputables à différents insectes
ravageurs, maladies et plantes parasites. Parmi les ravageurs du
niébé, on peut citer le puceron noir brillant, Aphis
craccivora (Homoptera : Aphididae). Largement répandu dans
les régions tropicales, A. craccivora est un insecte
piqueur-suceur très polyphage. Ce puceron vit en colonie dense sur les
végétaux les plus divers dont il infeste tous les organes et
occasionne d'importants dégâts (Appert et Deuse, 1982).
En culture maraîchère, le chou, en raison de son
importance, est fortement cultivé et commercialisé. Les
variétés cultivées au Bénin ont un potentiel de
production élevée, mais de nombreux problèmes en limitent
fortement les rendements en milieu paysan. Au nombre de ces problèmes,
on peut citer les aléas climatiques (sécheresse, inondation) et
les organismes nuisibles (insectes ravageurs, maladies, etc.) qui influencent
négativement la production agricole. Parmi ces ravageurs, on peut citer
le puceron Lipaphis erysimi (Homoptera : Aphididae) dont
les attaques entravent la croissance normale du chou.
Face aux nombreux dégâts causés par ces
différents ravageurs, on est amené à établir des
programmes de protection phytosanitaire pouvant réduire
considérablement les potentialités de ces ravageurs. Ces
programmes de protection phytosanitaire sont basés sur l'utilisation
intensive d'insecticides chimiques de synthèse (Martin et al.,
2000). L'utilisation intensive des insecticides chimiques de synthèse
contre ces ravageurs a conduit au développement du
phénomène de résistance de ces insectes vis-à-vis
de la plupart des classes d'insecticides. La lutte contre ces ravageurs avec
l'utilisation des produits chimiques conventionnels est donc de plus en plus
difficile.
Les travaux du présent mémoire visent à
évaluer les potentialités du kaolin et du
méthoxyfénozide (un nouveau régulateur de croissance des
insectes) pour une protection intégrée de ces cultures.
I. HYPOTHESES ET
OBJECTIFS
1.1. Hypothèses
Les pulvérisations répétées avec
une solution de kaolin à 5% réduisent la densité des
pucerons (Aphis gossypii, Aphis craccivora et Lipaphis
erysimi) sur les cultures (cotonnier, niébé et chou) et la
ponte des oeufs par H. armigera sur le cotonnier. Le
méthoxyfénozide, un nouveau régulateur de croissance
des insectes diminue le nombre de chenilles de Helicoverpa
armigera sur le cotonnier. La combinaison de ces deux produits
écologiques permet de réduire les dégâts de
Helicoverpa armigera sur le cotonnier.
1.2 . Objectifs
1.2.1. Objectif
général
Les travaux de recherche du présent mémoire
visent à trouver des alternatives écologiques aux insecticides
chimiques de synthèse pour une protection intégrée des
végétaux.
1.2.2. Objectifs
spécifiques
De manière spécifique, nous allons :
v étudier, la dynamique des populations des pucerons,
Aphis gossypii, Aphis craccivora,
Lipaphis erysimi, sous l'effet du kaolin à 5%
respectivement sur le cotonnier, le niébé, le chou, et
également l'effet répulsif du kaolin à 5% sur la ponte des
oeufs par Helicoverpa armigera sur le cotonnier,
v étudier l'effet du méthoxyfénozide sur
les chenilles de Helicoverpa armigera sur le cotonnier,
v évaluer l'effet combiné de ces deux produits
pour une protection intégrée du cotonnier.
II. REVUE
BIBLIOGRAPHIQUE
2.1. Les Aphides
2.1.1. Particularités
des espèces testées
Les pucerons ou aphides constituent certainement le groupe le
plus intéressant des homoptères, non en raison de l'importance du
nombre des espèces, mais pour leurs nombreuses particularités
biologiques et pour leurs incidences économiques qui découlent de
leurs pullulations fréquentes sur les végétaux les plus
divers sur lesquels ils provoquent des dommages considérables. La
famille des Aphididae est la plus nombreuse et est celle qui
révèle le plus grand intérêt agricole.
2.1.1.1 . Aphis gossypii
(Glov.) (Homoptera : Aphididae)
Le puceron A. gossypii est un ravageur
polyphage et très répandu dans toutes les régions chaudes
du monde. Il est aptère ou ailé, de couleur très variable,
du vert foncé au jaune vif (Figure 1). De par sa reproduction rapide et
spectaculaire (par parthénogenèse), ce ravageur se rencontre en
nombre impressionnant sur plusieurs cultures comme le cotonnier et occasionne
d'importants dégâts à savoir la déformation du
feuillage et la production de miellat réduisant la synthèse
chlorophyllienne de la plante (Alavo, 2000). Cet aphide est un véritable
agent de transmission de virus tel que le virus de la mosaïque et le virus
de la maladie bleue (Appert et Deuse, 1982).
Cliché: Dr. Alavo, 2007
Figure 1: Une larve de
A. gossypii (en bas) et un imago de A. gossypii (en
haut)
2.1.1.2 Aphis craccivora
(Koch) (Homoptera: Aphididae)
Ce puceron est globuleux, brun ou noir brillant (figure 2). Il
est également aptère ou ailé et se reproduit toute
l'année de façon asexuée. Largement répandu dans
les régions tropicales, A. craccivora affectionne
particulièrement les légumineuses, mais on le trouve aussi sur
les Malvaceae, les Convolvulaceae, et de nombreuses autres familles dont celles
auxquelles appartiennent les cultures maraîchères: Solanaceae,
Cucurbitaceae, etc. Ce puceron peut occasionner d'importants
dégâts sur les plants de niébé. On le rencontre sur
les feuilles, les jeunes tiges et les gousses du niébé. Les
attaques sévères provoquent le rabougrissement de la plante, la
déformation des feuilles, etc. Outre ces attaques directes, A.
craccivora peut également transmettre le virus de la
mosaïque du niébé.
Cliché: Dr. Alavo, 2007
Figure 2 : Imago de A.
craccivora (à gauche) et colonie dense de A. craccivora
sur tige de niébé (à droite)
2.1.1.3 Lipaphis erysimi
(Kaltenbach) (Homoptera : Aphididae)
Le puceron Lipaphis erysimi est
également aptère ou ailé. Il a un corps ovale, vert,
grisonnant, jaunâtre ou vert noirâtre (figure 3). Dans les
conditions humides, il est souvent plus compact enduit avec une cire
légèrement blanche. Il est souvent confondu avec Myzus
persicae ou Brevicoryne brassicae (Zhang et Zhong,
1983). Très cosmopolite, L. erysimi est un ravageur
important du chou dans les régions tropicale et subtropicale. Les fortes
pullulations de ce puceron peuvent affecter la couleur et la forme de la
feuille et empêcher le développement normal de la plante. Outre
ces dégâts directes, L. erysimi est
également vecteur d'un grand nombre de virus comme: le virus de la
mosaïque du Chou-fleur (CaMV), Cucumber mosaïque virus (CMV), virus
de la mosaïque du Navet (TuMV) (Blackman et Eastop, 2000) et le virus de
la mosaïque du chou Chinois (CaMV) (Wang et al., 1992).
Cliché: Dr. Alavo, 2008
Figure 3: Imago de L.
erysimi (à gauche) et colonie dense de L. erysimi sur
feuille de chou (à droite)
2.1.2 Lutte contre les
Aphides
La lutte chimique occupe une place importante parmi les
méthodes de protection des plants, contre les aphides. Avant la
deuxième guerre mondiale, la lutte chimique contre les aphides
était réduite à l'application de la nicotine et d'autres
produits arsenicaux. Pulvérisés sur les cultures, ils tuent les
aphides qui viennent au contact de ces plantes, mais ils n'ont ni d'effet
résiduel ni d'effet systémique. Depuis la guerre, la lutte
chimique contre les insectes a connu une rapide progression, commençant
par les formulations de DDT et d'autres produits chimiques comme le lindane,
qui montrent un effet résiduel mais n'avait pas de
propriétés systémiques. La persistance des résidus
de ces produits cause leur accumulation dans la chaîne alimentaire et
depuis que ce phénomène est connu, l'application de ces produits
n'est plus justifiée et ceux-ci sont interdits dans plusieurs pays. Le
développement des aphicides systémiques commença avec la
formulation des composés organophosphorés, ouvrant ainsi de
nouvelles perspectives dans la lutte contre les aphides,
particulièrement en ce qui concerne la réduction des virus. Plus
tard, les carbamates ont offert d'énormes possibilités, comme le
développement des pyréthrinoïdes de synthèse (Yarou,
2007). Tous ces produits jouent un rôle important dans le contrôle
des dommages et maladies causées par les aphides (Alavo, 2000).
Néanmoins ces insecticides chimiques causent des
déséquilibres de l'écosystème parce qu'ils
s'accumulent dans le sol, l'eau, l'air et tuent les organismes non cible.
2.2. Helicoverpa armigera
(Hübner) (Lipidoptera: Noctuidae)
2.2.1.
Généralités
L'adulte de cette noctuelle a une envergure qui varie entre
32,5 mm et 38 mm. Les oeufs de H. armigera sont presque
sphérique avec une base aplatie, de couleur blanc-jaunâtre
brillant devenant brun foncé avant l'éclosion. Sur le cotonnier,
on retrouve les oeufs en majorité sur la face supérieure des
feuilles et dans le tiers supérieur des plantes (Reed, 1965). Les
chenilles de cette noctuelle ont un corps orné de minces bandes dorsales
longitudinales foncées, alternées de bandes plus claires
(Toguebaye et Couilloud, 1982). La couleur de fond est fort variable,
verdâtre, jaunâtre ou marron-noirâtre, même parfois
rosâtre. H. armigera est un ravageur cosmopolite
à l'exception du continent américain (Cauquil, 1986). Au
Bénin, ce ravageur est présent sur toute l'étendue du
territoire nationale mais c'est au nord que son niveau d'infestation est
généralement élevé à cause de la culture
cotonnière. H. armigera est un ravageur
extrêmement polyphage. Sur le cotonnier les symptômes consistent
à l'évidage des bourgeons et capsules avec un trou
d'entrée très net (figure 4). La chenille étant en
générale partiellement engagée dans la capsule, elle
rejette à l'extérieur des excréments en abondance.
Cliché: Dr. Alavo, 2007
Figure 4: Chenilles de H.
armigera se nourrissant sur capsule de cotonnier (à gauche) et aspect de
la capsule endommagée (à droite)
2.2.2. Lutte contre Helicoverpa
armigera
La lutte contre H. armigera est
essentiellement basée sur l'utilisation des produits chimiques de
synthèse. Au Bénin ces traitements insecticides sont
appliqués sans tenir compte du seuil de tolérance des ravageurs.
Ils sont constitués de pyréthrinoïdes pour la lutte contre
les vers de la capsule et d'organochlorés contre les autres
espèces de ravageurs ainsi que pour renforcer l'efficacité des
pyréthrinoïdes (Tébgéssou, 2007). Et pourtant il
existe dans les agroécosystèmes ainsi que dans la nature des
moyens de lutte qu'on pourrait exploité pour rendre efficiente la
protection des végétaux. Il s'agit des parasitoïdes et
prédateurs, des organismes pathogènes d'insectes, des extraits de
plantes et autres composés respectueux de l'environnement.
v Parasitoïdes et prédateurs
Des parasitoïdes, des prédateurs et des
microorganismes peuvent réguler les populations de H.
armigera. L'usage des trichogrammes (parasitoïdes) contre
H. armigera à été recommandé aux
cultivateurs aussi bien comme agent de lutte biologique que comme composante de
système de lutte intégrée (Romeis et al., 1998). Les
chrysopides et les fourmis sont les plus importants prédateurs de
H. armigera.
v Organismes Pathogènes d'insectes et les
toxines
Trois organismes pathogènes d'insectes sont connus pour
réguler les populations du ver de la capsule du cotonnier. Il s'agit du
champignon entomopathogène Beauveria bassiana, du
virus de la Polyhedrose Nucléaire de H. armigera
(HaNPV) et de la bactérie du sol Bacillus
thuringiensis (Bt) (Sandhu et al., 1993; Scholz et al., 1998). Ces
organismes peuvent être utilisés pour la lutte biologique
grâce à la sécurité qu'elle offre à
l'environnement et à leur effet sélectif (Blumberg et al., 1997).
v Extraits de Plantes et autres Composés
Respectueux de l'Environnement
Les méthodes alternatives à la lutte chimique,
utilisant des extraits de plantes contre H. armigera ont
été également étudiées. Des études au
laboratoire et au champ ont montré que les limonoïdes du neem tels
que neem-azal et neem-jeevan étaient efficaces contre le ver de la
capsule du cotonnier et peuvent être utilisés comme une
alternative aux insecticides chimiques de synthèse (Rao et al., 1995;
Gupta, 2001). D'autres composés respectueux de l'environnement comme le
lufenuron, un régulateur de croissance d'insectes, et le
méthoxyfénozide ont été testés contre
H. armigera sur le cotonnier (Alavo, 2006).
L'efficacité de méthoxifénozide, contrôlant la mue
chez les lépidoptères, a été testée en
Chine, sur les chenilles de H. armigera au laboratoire et au
champ. Les résultats indiquent qu'il provoquait les mues
prématurées et réduit par conséquent les
populations larvaires. Ce qui permettait d'avoir une réduction des
dégâts causés au cotonnier (Zhao et al., 2003). Le
méthoxyfénozide est un nouveau régulateur de croissance
homologué aux USA.
v Kaolin comme Moyen de Protection des
Végétaux
Le kaolin est un silicate d'aluminium blanc et non abrasif qui
est largement utilisé dans la fabrication de la peinture, des produits
cosmétiques, et pharmaceutiques. Il y a quelques années, des
formulations à base de kaolin ont été
développées aux USA pour être utilisées en
agriculture. Des études ont montré que la formulation
hydrophobique à base de kaolin peut efficacement protéger les
plantes hôtes contre les insectes nuisibles tels que les espèces
de lépidoptères, les insectes piqueurs-suceurs et les acariens.
Saour et Makee (2004) ont montré que l'infestation des olives par les
mouches, Bactrocera oleae (Diptera), est significativement
réduite sur les oliviers traités au kaolin comparativement aux
plantes non traitées. Les effets du kaolin ont été
étudiés sur le cotonnier contre le ver rose de la capsule,
Pectinophora gossypiella (Lepidoptera: Gelecchiidae), la
noctuelle de la betterave, Spodoptera exigua (Lepidoptera:
Noctuidae), les chenilles défoliantes du cotonnier, Spodoptera
littoralis (Lepidoptera: Noctuidae), le charançon de la
capsule, Anthonomus grandis grandis (Coleoptera),
ainsi que les pucerons, Aphis gossypii (El-Aziz sea, 2003;
Sisteron et al., 2003). Les résultats ont indiqué que
les femelles de lépidoptères ont pondu moins d'oeufs sur les
cotonniers couverts de particules de kaolin et que les feuilles traitées
provoquaient une mortalité significative des larves d'insectes. Ces
études ont également révélé que le
mélange de kaolin et d'insecticide chimique (pyréthrinoïde)
était particulièrement efficace. Par conséquent, il a
été conclu que le kaolin pourrait être
particulièrement utile en combinaison avec d'autres moyens de lutte
contre les insectes.
Ces résultats encourageants démontrent
clairement la possibilité d'utiliser la technologie du kaolin, comme
alternative aux insecticides chimiques de synthèse, afin d'éviter
les dommages causés par les insectes ravageurs.
Une revue de littérature internationale relative
à la lutte biologique et intégrée contre H.
armigera a été publiée par Alavo (2006). Cet
auteur a mis l'accent sur les résultats encourageants publiés par
différents auteurs aussi bien sur la technologie du kaolin que sur le
méthoxyfénozide.
III. MATERIELS ET
METHODES
3.1. Matériels
3.1.1. Matériels
végétales
Les espèces végétales sur lesquelles nos
études ont porté, sont au nombre de trois. Il s'agit de:
Gossypium hirsutum (le cotonnier), Vigna
unguiculata (le niébé) et de Brassica
oleracea (le chou).
3.1.2. Matériels
techniques
Pour conduire nos essais en station expérimentale, nous
avons disposé: des pots en plastiques de 7l de volume, de la poudre
(blanche) de kaolin, des mini pulvérisateurs manuels à pression
mécanique, de l'engrais minéral (NPK) et de l'eau potable. En
milieu réel, nous avons utilisé : la poudre de kaolin, une
formulation de méthoxyfénozide appelée Runer (Dow
Agrosciences) contenant 24% de cette substance active, un pulvérisateur
ultra-bas volume de marque BERTHOUD, des engrais minéraux (NPK et
Urée), des seringues et de l'eau.
3.1.3. Matériels
animales
Nos tests ont porté sur les populations, des pucerons
A. gossypii, A. craccivora, L. erysimi et sur les
chenilles de H. armigera.
3.2. Méthode
3.2.1. Essai en station
expérimentale: Traitement à kaolin
4.2.1.1 Test sur les
populations de Aphis gossypii
Pour réaliser ce test, des plants de coton ont
été cultivés dans des pots en plastiques de sept (07)
litre (L) de volume à l'air libre dans la ferme expérimentale de
la Faculté des Sciences Agronomiques (FSA) de l'Université
d'Abomey-Calavi. Deux (02) variantes ont été testées
à savoir 5 % de kaolin et le témoin (eau potable). Pour chaque
variante, 60 plants regroupés en 6 lots de 10 plants, lesquels sont
disposés en blocs aléatoires complet, ont été
traités (Figure 5). Pour une croissance et un développement
normal des plants, nous leur avons apporté périodiquement de
l'engrais minéral (NPK). Avant le premier traitement, on a
procédé à l'élimination mécanique de tous
les ravageurs présents sur les plants afin de mettre celles-ci dans les
mêmes conditions.
La solution de kaolin est préparée en
dissolvant 75 grammes de la poudre de kaolin dans 1500 ml d'eau potable. Le
mélange est agité afin d'obtenir une solution homogène.
Ensuite, les plants sont traités par pulvérisation de 750 ml de
la solution à l'aide d'un mini pulvérisateur manuel à
pression mécanique. Les plants du témoin ont été
quant à eux pulvérisés avec 750 ml d'eau potable. Les
pulvérisations ont été faites à un intervalle de
quatre (04) jours, la première ayant lieu dès l'apparition des
premières feuilles. Pour évaluer la dynamique des populations de
A. gossypii, nous avons compté les pucerons
présents sur chaque plant tous les trois jours. Nous avons
arrêté l'expérience (les observations et
pulvérisations) au moment où les populations de pucerons
deviennent trop denses.
3.2.1.2 Test sur les
populations de Aphis craccivora
Les plants de niébé ont été
cultivés aussi dans des pots en plastique de 7l de volume. Deux
variantes ont été également testées pour ce test
à savoir: 5% de kaolin et le témoin (eau potable). Soixante
plants par variante ont été également traités. Ce
test s'est déroulé de la même façon que dans le cas
de A. gossypii.
3.2.1.3. Test sur les
populations de Lipaphis erysimi
Pour tester l'effet du kaolin sur la dynamique des populations
de Lipaphis erysimi, des graines de chou ont
été mises en pépinière d'abord. Ensuite, les jeunes
plants ont été repiqués également dans 120 pots de
fleurs de 7l de volume. La suite du test s'est déroulée comme
dans les tests précédents.
Cliché : Yarou B.,
2008
Figure 5 : Photo montrant
la disposition en bloc aléatoire complet (BAC) des variantes des tests
à kaolin
3.2.2. Essais en milieu
réel
Les essais se sont déroulés à
Angaradébou, un arrondissement de la Commune de Kandi,
Département de l'Alibori. Les graines de coton ont été
semées le 5 juillet 2008 après le labour. Des engrais
minéraux, NPK et Urée ont été apportés
respectivement le 25 juillet et le 15 août 2008 afin de permettre un bon
développement des cotonniers. Pour conduire les essais, cinq (5)
répétitions par variantes ont été disposées.
Chaque répétition est constituée de 5 lignes de 20 m de
long et qui sont distantes de 0,8 m les une des autres. Ces
répétitions sont disposées en bloc aléatoire
complet.
3.2.2.1. Traitement
à kaolin
Pour cette expérience, deux variantes ont
été testées, à savoir le kaolin à 5% et le
témoin (sans traitement). La solution de kaolin est
préparée en dissolvant 150 grammes (g) de poudre de kaolin dans 3
litres d'eau. Le mélange est agité pour rendre la solution
homogène. Ensuite, chaque répétition est traitée
par pulvérisation avec une suspension de 300 ml de solution à
l'aide d'un pulvérisateur ultra-bas volume de marque BERTHOUD.
L'intervalle de temps pour les traitements est d'une semaine. Pour
déterminer l'effet du kaolin sur les pucerons, deux observations ont
été faites pour déterminer le nombre de plants
infestés par A. gossypii à 9 jours
d'intervalle. Les observations ont été faites sur 20 plants dans
la diagonale de chaque répétition.
Pour évaluer l'effet répulsif du kaolin sur la
ponte des oeufs de H. armigera, les oeufs de cette noctuelle sont
dénombrés quotidiennement dès le lendemain du premier
traitement.
3.2.2.2. Traitement
à méthoxyfénozide
L'objectif de ce test est d'évaluer l'effet du
méthoxyfénozide sur le nombre des chenilles de H.
armigera. Pour ce faire, une formulation de
méthoxyfénozide appelée Runer (Dow Agrosciences) qui
contient 24% de cette substance active à été
utilisé. A partir de cette formulation commerciale, une solution de
méthoxyfénozide ayant une teneur de 72 ul/ml à
été préparé. Pour préparer cette suspension,
un litre d'eau a été utilisé. De ce litre d'eau nous avons
prélevé 72 ml à l'aide d'une seringue. Ensuite, 72 ml de
Runer ont été exactement ajoutés dans les 928 ml d'eau
restant, puis le mélange est bien agité. Les mêmes
répétitions, ayant reçu les traitements à kaolin,
ont été traitées avec cette suspension. Chaque
répétition a été pulvérisée avec 200
ml de cette suspension avec le pulvérisateur de marque BERTHOUD.
L'intervalle de temps des traitements est également d'une semaine.
Pour apprécier les effets du
méthoxyfénozide, les chenilles vivantes de H.
armigera ont été dénombrées tous les trois
jours. Les observations ont été faites sur vingt plants par
répétition. Pour déterminer l'effet combiné du
kaolin et du méthoxyfénozide, le nombre total de capsules
produites sur vingt plants est compté afin de déterminer le
nombre de capsules saines et endommagées par H.
armigera. A la fin des expériences, le coton graines à
été récolté et le rendement par hectare a
été calculé.
3.3. Analyse statistique
des données
Pour l'analyse statistique des données, nous avons
réalisé des tests non paramétriques (Mann-Whitney test)
pour les données à variance non homogènes et
l'analyse de variance (ANOVA) pour les données qui remplissent les
conditions d'homogénéité des variances. Ces tests ont
été réalisés grâce au progiciel de
statistique SPSS version 16.0. Le test de comparaison des moyennes, a
été réalisé à l'aide progiciel statistique
MINITAB version 14.
IV RESULTATS
4.1 Essais en station
expérimentale: Traitement à kaolin
4.1.1 Effet du kaolin sur les
populations de Aphis gossypii
Sur la figure 6, les plants du témoin ont attiré
plus de pucerons que les plants traités au kaolin dès le
troisième jour des expériences. Ces pucerons se sont
multipliés très rapidement sur les plants traités avec de
l'eau potable (témoin) en formant de denses colonies pendant que les
plants traités au kaolin n'ont attiré que très peu de
pucerons. De plus, les pucerons se sont faiblement multipliés sur les
plants traités au kaolin. A la fin de l'expérience (soit 9 jours
après le premier traitement), le nombre moyen de pucerons par plant se
chiffre à 50,98 #177; 0,72 pour le témoin contre seulement 7,38
#177; 0,69 pour les plants traités au kaolin.
Figure 6: Dynamique des
populations de Aphis gossypii sous l'effet des
traitements
La comparaison du nombre moyen de pucerons des deux
traitements, est présentée par le tableau 1.
Tableau 1: Comparaison des
moyennes de A. gossypii par traitement et par observation
|
Observations
|
Traitements
|
0
|
1
|
2
|
3
|
Kaolin
|
0
|
0,4 #177; 0,51 a
|
1,85 #177; 0,54 a
|
7,38 #177; 0,69 a
|
Témoin (eau potable)
|
0
|
4,4 #177; 0,73 b
|
12,22 #177; 0,65 b
|
50,98 #177; 0,72 b
|
Les moyennes de pucerons, suivis des différentes
lettres, présentent une différence significative (P <
0,05).
|
La comparaison du pourcentage des plants infestés par
ce puceron à la fin de l'expérience (figure 7) montre que 31,67%
des plants traités au kaolin ont été infestés
contre 66,67% pour les plants du témoin. L'analyse statistique (ANOVA)
des données de ce test a révélé qu'il y a une
différence significative au seuil de 5% entre les plants traités
au kaolin et les plants du témoin. Les plants du témoin ayant
subi une forte infestation de pucerons se sont recroquevillés et les
dommages qu'elles ont subis étaient nettement visibles ; les plants
traités au kaolin quant à elles, se sont normalement
développés (figure 8).
Figure 7: Pourcentage des
plants de cotonnier infestés par Aphis gossypii à la fin
de l'expérience
Cliché: Dr Alavo, 2007
Figure 8: Photo montrant
l'aspect des plants du cotonnier traité au kaolin 5% (à droite)
et les dégâts subis par les plants du témoin (à
gauche)
4.1.2 Effet du kaolin sur les
populations de Aphis craccivora
Les résultats du test sont présentés par
le tableau 2, et sur les figures 9, 10 et 11.
Le tableau 2 présente la comparaison du nombre moyen de
puceron, sur les plants de niébé au niveau des deux variantes.
Tableau 2: Comparaison des
moyennes de A.craccivora par traitement et par observation
|
Observations
|
Traitements
|
0
|
1
|
2
|
3
|
Kaolin
|
0
|
0,15 #177; 0,07 a
|
0,69 #177; 0,37 a
|
0,4 #177; 0,30 a
|
Témoin (eau potable)
|
0
|
0,59 #177; 0,03 a
|
1,67 #177; 0,38 a
|
2,95 #177; 0,58 b
|
Les moyennes de pucerons, suivis des mêmes lettres, ne
présentent pas de différence significative (P> 0,05). Celles
suivis des lettres différentes, sont significativement
différentes.
|
Sur la figure 9, les plants du témoin ont attiré
les pucerons dès le troisième jour de l'expérience. Ces
pucerons se sont multipliés très rapidement en formant
également des colonies denses (figure 2) sur les plants du témoin
pendant que les plants traités au kaolin n'ont été
infestés que par très peu de pucerons au 6ème
jour. De plus, la population des pucerons à diminué après
le 6ème jour jusqu'à la fin de l'expérience
sur les plants traités au kaolin. En fin d'expérience, le nombre
moyen de ces pucerons par plant était de 2,95 #177; 0,58 pour le
témoin contre 0,4 #177; 0,30 pour les plants traités au kaolin.
Figure 9: Dynamique des
populations de Aphis craccivora sous l'effet des
traitements
La comparaison du pourcentage des plants infestés par
les pucerons (figure 11) à la fin de l'expérience montre que
seulement 3,33% des plants traités au kaolin ont été
infestés contre 11,67% pour les plants traités avec de l'eau
potable. L'analyse statistique (ANOVA) des données de
l'expérience a montré qu'il y a une différence
significative au seuil de 5% entre les plants traités au kaolin et
les plants traités avec de l'eau potable.
Figure 10:Pourcentage des
plants de niébé infestés par Aphis craccivora
à la fin de l'expérience
Ainsi, nous avons observé que les plants du
témoin ayant subi une forte infestation de pucerons se sont très
mal développés et leurs feuilles se sont
recroquevillées ; et les dégâts que les pucerons ont
causés sur les plants sont nettement visibles ; les plants
traités au kaolin quant à elles, ont connu un
développement normal (figure 11).
Cliché: Dr Alavo, 2008
Figure 11: Photo montrant
l'aspect des plants de niébé traitées au kaolin 5%
(à gauche) et les dégâts subis par les plants du
témoin (à droite)
4.1.3 Effet du kaolin sur les
populations de Lipaphis erysimi
Pour ce test, le nombre moyen de puceron par traitement et par
observation, à été également comparée (le
tableau 3).
Tableau 3: Comparaison des
moyennes de L. erysimi par traitements et par observation
|
|
Observations
|
Traitements
|
0
|
1
|
2
|
3
|
4
|
Kaolin
|
0
|
1,07 #177; 0,61a
|
3,03 #177; 0,56 a
|
13,98 #177; 0,53 a
|
27,21 #177; 0,56 a
|
Témoin (eau potable)
|
0
|
5,46 #177; 0,67 b
|
17,44 #177; 0,72 b
|
61,51 #177; 0,62 b
|
103,65 #177; 0,73 b
|
Les moyennes de pucerons, suivis des lettres
différentes, présentent une différence significatives (P
< 0,05).
|
Tout comme dans les tests précédents, sur la
figure 13, les plants du témoin ont attiré les pucerons
dès le troisième jour après le premier traitement. Ces
pucerons se sont multipliés très rapidement après le
3ème jour en formant de denses colonies (figure 3). Les
plants traités au kaolin n'ont attiré très faiblement les
pucerons qu'à partir du sixième jour après le premier
traitement. De plus, ces pucerons se sont faiblement multipliés sur les
plants traités au kaolin. A la fin de l'expérience (soit 12 jours
après), 103,65 #177; 0,73 individus sont comptés en moyenne sur
les plants du témoin contre 27,21 #177; 0,56 pour les plants
traités au kaolin.
Figure 12: Dynamique des
populations de Lipaphis erysimi sous l'effet des
traitements
En ce qui concerne la comparaison du pourcentage de plants
infestés (figure13), le même constat que dans les
expériences précédentes est fait ; 60% des plants du
témoin ont été infestés contre 30% pour les plants
traités au kaolin. De plus, l'analyse statistique (ANOVA) des
données de cette expérience a montré également
qu'il y a une différence significative au seuil de 5% entre les plants
traités au kaolin et les plants traités avec de l'eau potable.
Figure 13: Pourcentage des
plants de chou infestés par Lipaphis erysimi à la fin
de l'expérience
De façon similaire aux expériences
précédentes, nous avons constaté également que
seuls les plants traités au kaolin ont connu un développement
normal. Par contre, les plants du témoin ayant subi une très
forte infestation de pucerons se sont mal développés; et les
dégâts causés par les pucerons sur ces plants sont
très visible (figure 14).
Cliché: Alavo 20 08
Figure 14 : Photo montrant
l'aspect des plants de chou traités au kaolin 5% (à gauche) et
les dégâts subis par les plants du témoin (à
droite)
4.2 Essais en milieu
réel
4.2.1 Effet du kaolin sur Aphis
gossypii
Pour étudier l'effet du kaolin sur le cotonnier en
milieu paysan, deux observations ont été faites à un
intervalle de neuf (9) jours. Les résultats sont présentés
sur les figures 15a et 15b. Sur ces deux figures, 13% et 7,2% des plants du
témoin (sans traitement) ont été infestés aux
première et deuxième observations respectivement tandis que, 7,2%
et 2,6% des plants traités au kaolin, ont été
infestés pour les deux observations respectivement. L'analyse
statistique (Mann-Whitney test) des données révèle une
différence significative au seuil de 5% entre les plants traités
au kaolin et les plants non traités.
Figure 15: Pourcentage de
plants infestés par Aphis gossypii à la première
observation
Figure 16: Pourcentage de plants infestés par
Aphis gossypii à la deuxième observation
4.2.2 Effet du kaolin sur la ponte des oeufs par
Helicoverpa armigera
Les oeufs de H. armigera ont
été dénombrés tous les jours à partir du
lendemain du premier traitement. Les résultats sont
présentés la sur la figure 16 et par le tableau 4. Sur la figure
16, le constat est que le nombre d'oeufs observés sur les plants du
témoin est tout le temps supérieur à celui obtenu sur les
plants traités au kaolin.
L'analyse statistique (ANOVA) des données de ce test
montre une différence significative au seuil de 5% entre les plants
traités au kaolin et les plants du témoin. Ce qui démontre
que le kaolin constitue un handicap pour la ponte des oeufs par H.
armigera.
Figure 17: Dynamique des
oeufs de Helicoverpa armigera sous l'effet des traitements
En comparant, le nombre moyen des oeufs
dénombrés sur les cotonniers, on a obtenu les résultats du
tableau 4.
Tableau 4: Comparaison du
nombre moyen d'oeufs par variante et par observation
|
Observations
|
Variantes
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
8
|
9
|
10
|
11
|
12
|
Kaolin
|
0#177; 0a
|
1#177; 0,71a
|
0,6#177; 0,25a
|
1,8 #177; 0,22a
|
1,2#177; 0,89a
|
0,4#177; 0,25a
|
0,2#177; 0,20a
|
0,2#177; 0,20
|
0#177; 0a
|
0,6#177; 0,61a
|
0,4#177; 0,25a
|
0,8#177; 0,57a
|
Témoin
|
0,8 #177; 0,7b
|
1,6 #177; ,59a
|
3,4 #177; 0,67a
|
2,2 #177; 0,76a
|
3,2 #177; 0,78a
|
1,2#177; 0,63a
|
0,8#177; 0,20b
|
4,2#177; 1a
|
3#177;
0,39b
|
2,6#177; 0,86b
|
2 #177; 0,59a
|
3#177; 0,53b
|
Les moyennes des oeufs, suivis des mêmes lettres, ne
présentent pas de différence significative (P> 0,05). Celles
suivis des lettres différentes, présentent de différence
significative (P <0,05).
4.2.3 Effet du
méthoxyfénozide sur les chenilles de Helicoverpa armigera
Deux traitements au méthoxyfénozide nous ont
permis d'apprécier l'effet de ce produit sur les chenilles de
H. armigera. Les résultats obtenus sont
exprimés dans les figures 17a et 17b. On voit bien sur la figure 17a
qu'avant le premier traitement, le nombre des chenilles était de 5 et 22
sur vingt (20) plants respectivement sur les plants qui seront traités
au méthoxyfénozide et les plants du témoin (sans
traitement). Six jours après ce premier traitement, le nombre des
chenilles, est passé à 2 chenilles pour 20 plants sur les plants
traités. Tandis que, sur les plants du témoin ce nombre est de 14
chenilles par unité d'échantillonnage de 20 plants.
Sur la figure 17b on observe que six (6) jours après le
deuxième traitement le nombre de chenilles sur les plants du
témoin, est resté élevé, soit 12 chenilles par 20
plants. Pour les plants traités au méthoxyfénozide, par
contre, le nombre des chenilles s'est encore réduit de moitié et
est de 1 chenille par 20 plants. L'analyse statistique (ANOVA) des
données de cette expérience a révélé qu'il y
a une différence significative au seuil de 5% entre les plants
traités au méthoxyfénozide et les plants du
témoin.
Figure 18 : Nombre des
chenilles de Helicoverpa armigera après le premier traitement
au méthoxyfénozide
Figure 19: Nombre des
chenilles de Helicoverpa armigera après le deuxième
traitement au méthoxyfénozide
4.2.4 Effet combiné du
kaolin et du méthoxyfénozide sur Helicoverpa armigera
A la fin des expériences, l'effet combiné de ces
deux produits a été évalué. Les données
recueillies sont présentées sur la figure 18.
Sur cette figure, le nombre de capsules saines par plant traité
est de 9 capsules en moyenne contre 4 capsules par plant pour le
témoin.
Figure 20 : Nombre des
capsules saines sur les plants à la fin des
expériences
Pour confirmer l'effet combiné de ces deux produits
dans la protection intégrée du cotonnier, le rendement en coton
graine par variante à été évalué.
L'estimation de ces rendements à l'hectare est présentée
sur la figure 20. Sur cette figure, le rendement est d'environ 0,4675 #177;
0,32 t/ha sur les plants non traités (témoin). Par contre, ce
rendement est de 0,9375 #177; 0,31 t/ha pour les plants ayant reçu les
traitements au kaolin et au méthoxyfénozide.
Figure 21 : Estimation
à l'hectare du coton graine en tonne (T)
V. DISCUSSION
5.1. Rôle du kaolin
pour la protection des végétaux
Bien qu'à première vue les particules de kaolin
puissent paraître bloquer la lumière, le kaolin augmenterait la
photosynthèse nette, et peut fournir des avantages secondaires à
la santé totale des arbres (Dufour., 2001). Tégbéssou
(2007) en étudiant l'effet du kaolin sur les populations du puceron
Aphis gossypii sur le cotonnier avec des concentrations
telles que 2%, 4%, 5%, 6% et 8%, a conclu que 5% de kaolin était la
concentration qui a réduit de façon significative les populations
de ce puceron sur les cotonniers et a engendré par conséquent un
développement normal des plants. En évaluant les
potentialités du kaolin à 5% contre Aphis
craccivora, Yarou (2007) a obtenu également les mêmes
résultats. En se basant sur les résultats de ces deux auteurs
nous avons réalisé nos tests avec la même concentration de
kaolin (5%) et dans les mêmes conditions d'expérimentation. Sauf
que nous avons fait les traitements à intervalle de 4 jours afin
d'assurer la couverture permanente des plants, contrairement à
Tégbéssou (2007) et Yarou (2007), qui ont traité les
plants à intervalle de 7jours.
Les résultats obtenus au cours de nos
expériences sont similaires à ceux de ces auteurs. Une
application répétée du kaolin 5% a permis de
réduire considérablement les populations des pucerons sur plants
traités aussi bien en station expérimentale qu'en milieu
réel. Saour et Makee (2004) ont montré que l'infestation des
olives par les mouches Bactrocera oleae (Diptera) est
significativement réduite sur les oliviers traités au kaolin
comparativement aux plants non traités. Boisclair et al. (2006),
après évaluation de l'efficacité du kaolin sur la
chrysomèle rayée (Acalymma vittatum) a
révélé que le kaolin a permis de réduire la
présence des chrysomèles, le nombre de plants détruits et
a retardé l'apparition des symptômes de flétrissement
bactérien sur les parcelles traitées comparativement aux
parcelles non traitées. Les rendements des plants traités au
kaolin étaient supérieurs aux rendements des plants non
traités.
Toutefois, le rôle bénéfique du kaolin
peut-être limité si les plants ne sont pas tout le temps couverts.
En effet, le kaolin est une poudre qu'on dissout dans l'eau pour
pulvériser les plants. A la suite d'une pluie, une bonne quantité
de ce kaolin est lessivée des plants. Ceci pourrait permettre aux
pucerons ailés de venir se poser sur ces plants dépourvus de
kaolin. Quand on sait qu'un seul individu de puceron pourrait donner naissance
à de denses colonies sur les plants en un temps record, il serait donc
nécessaire de répéter les traitements à la suite de
chaque pluie et ce jusqu'à ce que les plants poussent suffisamment pour
être hors de danger vis-à-vis des pucerons. Gelnn et Puterka
(2005) ont montré que les particules de kaolin constituent une
barrière physique contre l'infestation, l'alimentation et la ponte des
oeufs des insectes. Les mêmes effets ont été
observés au cours de nos travaux. Il y a eu moins d'oeufs pondus par
H. armigera sur les plants couverts de particules de kaolin
(8 oeufs/ 20 plants) que sur les plants non traités au kaolin (30
oeufs/20 plants). Knight et al. (2000), Liang et Liu (2003), Saour et Makee
(2004), Mazor et Erez (2004), Thomas et al. (2004), ont démontré
également que l'effet répulsif du kaolin a réduit
considérablement la ponte des oeufs sur les plants traités. Les
quelques oeufs dénombrés sur les plants traités au kaolin
sont en grande partie retrouvés à des endroits non couverts par
le produit. La faible quantité d'oeufs pondus sur les plants
traités au kaolin a conduit à un faible nombre de chenilles sur
ces plants. Ceci démontre bien le rôle que pourrait jouer ce
produit. Cependant, la possibilité que le kaolin devienne une
technologie efficiente pour la protection des végétaux
dépendra en grande partie de sa capacité d'adhésion
à la plante pour minimiser le besoin de réapplication surtout
après de fortes pluies. Etant donné que les traitements à
intervalles de quatre (4) jours ont donné les mêmes effets que les
traitements à intervalle d'une semaine, nous pensons qu'il sera plus
économique pour le paysan d'appliquer ce produit toutes les semaines
comme l'a proposé Tégbéssou (2007). Cela pourrait
permettre au paysan de gagner du temps en réduisant le nombre de
traitements, de deux traitements par semaine à un traitement par
semaine. Cela lui permettra également d'économiser le produit.
Plusieurs avantages découlent de l'utilisation du kaolin pour la
protection des végétaux. Il est non-toxique pour les êtres
humains et les arthropodes utiles (abeilles). De plus, l'utilisation du kaolin
peut permettre de réduire la quantité d'insecticides chimiques
à utiliser. De façon générale, la technologie du
kaolin permet de réduire les populations des ravageurs sur les
végétaux et engendre de ce fait un développement normal de
ces végétaux.
5.2. Rôle du
méthoxyfénozide pour la protection des végétaux
Yarou (2007) a étudié l'effet du
méthoxyfénozide sur les chenilles de H.
armigera en utilisant les fruits de tomate pour nourrir les insectes
en laboratoire. Tégbéssou (2007) a étudié
également les effets de ce même produit en se servant des capsules
de cotonnier. Ces auteurs ont tous montré que le
méthoxyfénozide a provoqué une déformation
phénotypique, une mortalité des chenilles et une réduction
de leur alimentation. Nous avons également étudié l'effet
de ce produit sur les chenilles de H. armigera en milieu
paysan. Les plants ont été traités à intervalle de
7 jours avec une suspension contenant 72ul/ml de méthoxyfénozide.
A l'issue de nos travaux, les résultats obtenus sont similaires à
ceux de ces auteurs. Le méthoxyfénozide a permis de
réduire de façon significative le nombre de chenilles en dessous
du seuil de tolérance (5 chenilles pour 40 plants) sur les plants
traités. Ce nombre est passé de 5 chenilles pour 20 plants
à 1 chenille pour 20 plants après les deux traitements au
méthoxyfénézide. L'efficacité de
méthoxyfénozide a été testée sur les
chenilles de H. armigera au champ par Zhao-Min et al. (2003).
Les résultats indiquent qu'il provoquait les mues
prématurées et réduit par conséquent les
populations larvaires. Ce qui permettait d'avoir une réduction des
dégâts causés au cotonnier. Comme cet auteur, moins de
dégâts ont été enregistrés sur les plants
traités. Soit en moyenne, 9 capsules saines par plants traités
contre 4 capsules saines par plant non traité. D'autres chercheurs comme
Sundaram et al. (1998) ont montré également que le
méthoxyfénozide est le produit le plus efficace contre les larves
du redoutable ver des bourgeons du tabac, Choristoneura fumiferana
(Clem) (Lepidoptera: Tortricidae). Ce produit est donc non seulement toxique
pour H. armigera mais aussi contre beaucoup d'autres
lépidoptères ravageurs. Les régulateurs de croissance
d'insecte de ce type peuvent être inclus dans le programme de lutte
intégrée contre les ravageurs du cotonnier comme alternative aux
usages intensifs des insecticides chimiques de synthèse trop
dangereux.
5.3. Effet combiné
des deux produits pour la protection des végétaux
Les traitements au kaolin ont permis de réduire le taux
d'infestation des plants par les pucerons et le nombre des oeufs pondus par
H. armigera. Le faible nombre d'oeufs a conduit à un
faible nombre de chenilles sur les plants. Le méthoxyfénozide a
réduit également les populations des chenilles. Le nombre de
capsules saines sur les plants traités avec le kaolin et le
méthoxyfénozide est supérieur à celui obtenu sur
les plants du témoin (non traité). De plus, le rendement moyen
sur les parcelles traitées est meilleur à celui obtenu sur les
parelles du témoin. Ainsi, pour la protection des
végétaux, ces deux produits écologiques en association ont
permis de réduire les dégâts de ces deux groupes de
ravageurs et d'obtenir un meilleur rendement. De ce fait, ils peuvent
constituer une alternative aux produits chimiques dans la lutte contre les
pucerons et les chenilles de H. armigera.
Le rendement que nous avons obtenu sur les plants
traités est inférieur au rendement normal du coton qui est
d'environ 1,5 t/ha dans la zone d'étude, lorsque les plants sont
protégés de façon à contrôler un grand nombre
de ravageurs. Outre les pucerons A. gossypii et H.
armigera sur lesquels nous avons réalisé nos
essais, on a observé dans les parcelles de nombreux autres
ravageurs tels que: Spodoptera littoralis, Anomis flava, Bemisia tabaci,
Polyphagotarsonemus latus, Diparopsis watersi, Earias spp., Pectinophora
gossypiella et Dysdercus völkeri. Les produits que nous
avons testés ne sont pas de nature à contrôler ces autres
groupes de ravageurs qui étaient présents dans le champ. Ainsi le
rendement relativement faible que nous avons obtenu (0,9375 #177; 0,31 t/ha)
sur les parcelles traitées avec le kaolin et
méthoxyfénozide, peut s'expliquer par la présence de ces
ravageurs. Ces derniers ayant causé également des
dégâts non négligeables sur les plants. Il serait donc
nécessaire d'introduire d'autres produits pour couvrir ces ravageurs
présents dans le champ afin d'obtenir un rendement meilleur.
VI. CONCLUSION ET
PERSPECTIVES
Cette étude nous a permis d'évaluer et
d'apprécier les potentialités qu'offrent le kaolin et le
méthoxyfénozide contre les pucerons (A.
gossypii, A. craccivora, Lipaphis
erysimi), d'un côté et H. armigera de
l'autre. Il ressort de cette étude après analyse et discussion
des résultats obtenus que :
v la technologie du kaolin pourrait réduire
significativement la densité des populations de pucerons et le nombre
d'oeufs pondus par H. armigera sur les
végétaux;
v une semaine serait l'intervalle idéal de traitements
qu'il faut respecter. Mais une réapplication du produit après de
fortes pluies peut s'avérer nécessaire avant
l'échéance de l'intervalle de temps de traitement;
v le méthoxyfénozide permet également de
contrôler les populations des chenilles de
v H. armigera sur le cotonnier;
v l'effet combiné de ces deux produits permet de
réduire les dégâts et d'augmenter le rendement des
cotonniers.
Au regard des résultats obtenus, nous suggérons
:
ü d'étudier les possibilités d'additionner
un adhésif au kaolin afin de renforcer son adhésion sur les
plants ;
ü de renforcer les effets du kaolin et du
méthoxyfénozides dans la lutte intégrée contre les
ravageurs du cotonnier en associant d'autres produits respectueux de
l'environnement ;
ü d'étendre les études sur le kaolin et le
méthoxyfénozide à d'autres ravageurs sur d'autres cultures
agricoles.
REFERENCES
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armigera (Lepidoptera: Noctuidea) in the laboratory and Field. Crop
protection 22(1): 958-965.
ANNEXES
Annexe 1 : Analyse statistique des données
d'Aphis gossypii
Test d'homogénéité des variances.
|
Nombre d'individu
|
|
|
|
Statistique de Levene
|
ddl1
|
ddl2
|
Signification
|
61,682
|
1
|
358
|
0,000
|
ANOVA
|
Nombre d'individu
|
|
|
|
|
|
|
Somme des carrés
|
Ddl
|
Moyenne des carrés
|
F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
33601,344
|
1
|
33601,344
|
27,22
|
0,000
|
Intra-groupes
|
440272,778
|
358
|
1229,812
|
|
|
Total
|
473874,122
|
359
|
|
|
|
Annexe 2: Analyse statistique des données
d'Aphis craccivora
Test d'homogénéité des variances.
|
Nombre d'individu
|
|
|
|
Statistique de Levene
|
ddl1
|
ddl2
|
Signification
|
14,970
|
1
|
358
|
0,000
|
ANOVA
|
Nombre d'individu
|
|
|
|
|
|
|
Somme des carrés
|
ddl
|
Moyenne des carrés
|
F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
156,552
|
1
|
156,552
|
5,118
|
0,024
|
Intra-groupes
|
10950,483
|
358
|
30,588
|
|
|
Total
|
11107,035
|
359
|
|
|
|
Annexe 3: Analyse statistique des données de
Lipaphis Erysimi
Nombre d'individu
|
|
|
|
Statistique de Levene
|
ddl1
|
ddl2
|
Signification
|
61,589
|
1
|
478
|
0,000
|
ANOVA
|
Nombre d'individu
|
|
|
|
|
|
|
Somme des carrés
|
Ddl
|
Moyenne des carrés
|
F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
152927,019
|
1
|
152927,019
|
28,145
|
0,000
|
Intra-groupes
|
2597190,470
|
478
|
5433,453
|
|
|
Total
|
2750117,489
|
479
|
|
|
|
Annexe 4: Analyse statistique des données des
plants infestés par Aphis gossypii
Tests non paramétriques
Test de Mann-Whitney
Rangs
|
|
VARIANTE
|
N
|
Rang moyen
|
Somme des rangs
|
NPLANTINFET
|
KAOLIN
|
19
|
16,68
|
317,00
|
TEMOIN
|
19
|
22,32
|
424,00
|
Total
|
38
|
|
|
Testb
|
|
NPLANTINFEST
|
U de Mann-Whitney
|
127,000
|
W de Wilcoxon
|
317,000
|
Z
|
-1,563
|
Signification asymptotique (bilatérale)
|
0,118
|
Signification exacte [2*(signification unilatérale)]
|
0,123a
|
a. Non corrigé pour les ex aequo.
|
b. Critère de regroupement : VARIANTE
|
Annexe 5: Analyse statistique des données des
oeufs de Helicoverpa armigera
Test d'homogénéité de variances
|
Nombre d'oeufs
|
|
|
|
Statistique de Levene
|
ddl1
|
ddl2
|
Signification
|
15,636
|
1
|
138
|
0,000
|
ANOVA
|
Nombre d'oeufs
|
|
|
|
|
|
Somme des carrés
|
Ddl
|
Moyenne des carrés
|
F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
81,779
|
1
|
81,779
|
17,892
|
0,000
|
Intra-groupes
|
630,757
|
138
|
4,571
|
|
|
Total
|
712,536
|
139
|
|
|
|
Annexe 6: Analyse statistique des données sur
les chenilles de Helicoverpa armigera
Test d'homogénéité des variances
|
NBRECHENILLE
|
|
|
Statistique de Levene
|
ddl1
|
ddl2
|
Signification
|
91,367
|
1
|
178
|
0,000
|
ANOVA
|
NBRECHENILLE
|
|
|
|
|
|
Somme des carrés
|
Ddl
|
Moyenne des carrés
|
F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
2347,222
|
1
|
2347,222
|
71,727
|
0,000
|
Intra-groupes
|
5824,978
|
178
|
32,725
|
|
|
Total
|
8172,200
|
179
|
|
|
|
Annexe 7 : Analyse statistique des
données sur le rendement
COMPUTE ren3=EXP (rendement).
ONEWAY ren3 BY variante
Test d'homogénéité des variances
|
ren3
|
|
|
|
Statistique de Levene
|
ddl1
|
ddl2
|
Signification
|
7,706
|
1
|
8
|
0,024
|
ANOVA
|
ren3
|
|
|
|
|
|
|
Somme des carrés
|
Ddl
|
Moyenne des carrés
|
F
|
Signification
|
Inter-groupes
|
636,276
|
1
|
636,276
|
28,506
|
0,001
|
Intra-groupes
|
178,564
|
8
|
22,320
|
|
|
Total
|
814,840
|
9
|
|
|
|
|