3.2. Innovation financière et performance
financière
L'innovation est considérée comme
l'évolution des nouvelles applications et procédures qui
affectent positivement la structure économique. Elle peut être
conçue comme la transformation des connaissances à des valeurs
commerciales. De ce fait, l'innovation joue un rôle primordial en raison
de son potentiel pour accroître l'efficacité et la
rentabilité des entreprises.
3.2.1. Innovation financière et performance
bancaire
Pour assurer une économie saine répondant aux
besoins acteurs économiques, le secteur financier s'avère
obligatoire. Il remplit des fonctions importantes pour l'économie. Les
exigences des acteurs économiques ont conduit à de nombreuses
mutations au niveau des prestations. Ces mutations ont beaucoup modifié
le paysage économique.
A partir de 1997, la Tunisie est entrée dans la phase
de la mise en place d'un programme global et cohérent pour la
modernisation du système financier. Cette accélération
de
L'objectif de toute banque est le désir
d'améliore plus sa performance et de bénéficier d'un
avantage concurrentiel. En effet, les banques se procurent leur part de
marché en fonction du niveau d'importance qu'elles accordent aux
innovations.
Par ailleurs, les innovations peuvent réellement
améliorer la performance bancaire à plusieurs égards. En
particulier, quatre dimensions des performances sont employées dans la
littérature pour représenter les sources de la performance
(Narver et Slater, 1990; Barringer et Bluedorn, 1999; Antoncic et Hisrich,
2001; Hornsby et al, 2002; Hagedoorn et Cloodt, 2003; Yilmaz et al, 2005). Ces
dimensions sont : l'innovation, la production, le marché et la
rentabilité.
L'innovation a un impact considérable sur la
performance des banques en profitant une meilleure position sur le
marché qui leur amène un avantage concurrentiel et même une
performance supérieure, Walker (2004).
Un grand nombre d'études portant sur la relation
innovation-performance montre l'existence d'une relation positive entre
innovation financière et amélioration de la performance bancaire
(Mabrouk et Mamoghli, 2010 ; Gurhan, Gunduz, Kemal et Lutfihak, 2005). Or cette
relation pourrait s'expliquer par le fait que les banques innovantes sont
celles qui ont pu assurer l'autofinancement de leurs projets, d'où
l'apparente relation entre la rentabilité et l'innovation.
En définitive, L'innovation est un processus dynamique
qui évolue selon un cycle de vie au cours duquel les besoins,
l'incertitude et les défis se modifient continuellement.
3.2.2. Innovation et performance des banques
tunisiennes
Le secteur bancaire tunisien a connu une période
d'accroissement suite aux mouvements de la dérèglementation et de
la libéralisation financière. La globalisation a conduit à
l'apparition de nouveaux produits (produits d'épargne et de couverture
du risque de change...), de nouveaux marchés (crédits à la
consommation), de nouvelles activités (ingénierie
financière), ainsi que l'apparition de nouveaux acteurs financiers
(établissements financiers spécialisés en financement et
établissements de recouvrement). Tous ces éléments ont
pour conséquence d'augmenter la concurrence qui affecte positivement la
performance bancaire. En effet, la concurrence est considérée
comme la structure la plus efficiente qui génère des effets
bénéfiques sur l'économie.
l'économie tunisienne, qui est accompagnée par
le programme de réforme du secteur bancaire, a stimulé les
investissements dans les différents secteurs conduisant ainsi à
une augmentation de l'offre de monnaie sur le marché. Or cette
augmentation a été traduite par la hausse des actifs et passifs
consolidés du système bancaire.
De nombreuses analyses aux Etats-Unis et dans certains pays
industrialisés s'intéressent à traiter la notion «
performance bancaire » et ses implications sur le développement
économique. Alors que les études relatives à la
performance des banques des pays en voie de développement restent rares.
Parmi les 130 études traitées par Beck (2006) sept seulement
concernent les pays en développement. Aucun des travaux retenus n'a
considéré la Tunisie.
Le travail de Chaffai (1998) est le premier qui a
analysé l'efficience des banques commerciales tunisiennes. Dans son
analyse, il a évalué l'expérience de la
déréglementation du système bancaire tunisien et a conclu
que l'efficience totale des banques s'est développée suite au
processus libéral initié en 1986. Néanmoins, il a
souligné que le taux du progrès technologique est plus
élevé que celui de la croissance. Il a trouvé comme
résultat que les banques tunisiennes sont en moyenne efficientes
après le programme de libéralisation financière.
Dans le même contexte, une étude de Chaffai et
Dietsch (1998) est orientée à l'analyse de l'évolution de
l'efficience bancaire en Tunisie. Ils ont montré que les banques de
développement sont moins efficientes que les banques de
dépôts. Ils ont conclu aussi qu'en l'absence d'un contexte
concurrentiel, il n'y a pas de tendance de l'évolution de l'efficience
sur la période 1989-1995. En ce sens et en dépit des
réformes financières entreprises, les banques sont peu
incitées à élever leur efficience en matière de la
technologie. Cook. et al. (2000) quant à eux, et pour la période
1992-1998 trouvent les mêmes résultats quant à la tendance
irrégulière de l'efficience des banques tunisiennes.
D'autres études ont estimé l'efficience des
banques commerciales tunisiennes dans le temps : telles que l'étude de
Tazarki et Karray (2002). En appliquant un modèle DFA (Distribution Free
Approach) sur un échantillon de 12 banques commerciales durant la
période 1989-1998, en vue de déterminer l'X-efficience, les
économies d'échelle et d'envergure. Tazarki (2002) a
spécifié une fonction de coût proposée par Goldberg
et Rai (1996). Ses résultats suggèrent que seulement 5 banques
commerciales tunisiennes sont aux meilleures pratiques de l'efficience
dont la BFT, la BNA, la BS, la BT et l'UBCI. Les autres
banques de l'échantillon se sont révélées non
efficientes puisque leurs coûts observés excèdent leurs
coûts prévisionnels.
Dans la même perspective, nous pouvons nous
référer à l'étude de Rajhi (2008) qui a
étudié l'impact des nouvelles technologies sur la performance des
banques tunisiennes. L'évaluation est basée sur un
échantillon de 13 banques commerciales tunisiennes pour la
période de1995 à 2000. Il a abouti au constat suivant : les
nouvelles technologies jouent un rôle croissant dans l'évolution
de l'activité bancaire, elles ne se limitent plus à accompagner
le changement, elles en deviennent le moteur des innovations. Les nouvelles
technologies constituent les bases de la concurrence entre les banques de
réseau, les banques virtuelles et les acteurs non bancaires, et
également les métiers bancaires.
En effet, les banques deviennent de plus en plus des
institutions visant à offrir des services afin de gérer des
risques du marché des capitaux dont la croissance est stimulée
par les innovations technologiques. Cette évolution témoigne,
selon Saîdane (2001), du changement d'un système dominé par
les banques vers un système dominé par les marchés.
De plus, en utilisant la méthode d'Analyse en
frontière stochastique (selon la fonction Translog) et sur un
échantillon de dix banques de dépôts et pour une
période de 20 ans (19902009), Sghaier (2009) étudie la
corrélation entre l'efficience et la concurrence dans le secteur
bancaire tunisien. Les résultats montrent une forte concurrence entre
les banques commerciales tunisiennes durant la période 1990-2009. Cette
concurrence est due essentiellement au plan de restructuration du
système bancaire tunisien sur le plan national et international. En
effet, depuis l'incorporation du PAS en 1986, les banques ont adopté une
série de reformes financières caractérisant une
transfusion d'une économie d'endettement vers une économie de
marché et aboutissant à une libéralisation de
l'activité bancaire. En outre, avec l'arrivée d'institutions
bancaires internationales entrant en compétition directe avec les
banques tunisiennes, ces dernières se sont lancées dans une
concurrence afin d'accroître leur part de marché, cherchant
à diversifier leurs activités et améliorer leurs
efficience.
|