3.2. Problèmes inhérents à la FC
de Dida
La FC de Dida revêt de nombreuses difficultés de
gestion liées à de nombreuses ambigüités liées
à son appartenance administrative et à ses limites.
3.2.1. Appartenance administrative
La forêt de Dida a été classée par
décision n°1744/FOR du 13 juin 1955. Parmi les consignateurs de ce
Procès Verbal (PV) de décision, figurent les chefs des villages
de Noumoukiedougou, Diarakorosso, Mouroukoudougou, Farakorosso et de Tiebata,
tous originaire de l'actuelle commune rurale de Mangodora. Quand on observe de
près les Plans Communaux de Dévéloppement (PCD) des
communes de Mangodara et de Ouo, cette forêt a été reprise
pour le compte de la commune rurale de Ouo, sans tenir compte des faits
historiques. Elle figure en bonne place dans les préoccupations de la
commune avec en prévision l'élaboration d'un plan
d'aménagement. Dans les faits, seulement deux (02) villages de la FC
appartiennent à cette commune: Sassamba et Mado. Le village de
Diaradougou et les hameaux de cultures de Pelgo, Wankoro, Komborgo, Dorpo et
Lenguemouwoukou relèvent de Mangodara. Goté, Birré 1 et 2,
Mossokantou, Kambelekodougou, Karwédougou, Ibibouré, Beredo et
Karamogodjan relèvent de la commune de Djigouè. De façon
schématique, Dida est une forêt concédée par les
chefs de terre de la commune de Mangodara, qui relève aujourd'hui de la
commune de Ouo et habitée par des populations majoritairement venues de
la commune de Djigouè. Pour le maire de Mangodara, même si
aujourd'hui dans les faits personne ne contexte à Mangodora
l'appartenance de cette forêt, il reste nécessaire que la
vérité soit rétablie pour éviter d'éventuels
quiproquos futures.
A cette question d'appartenance administrative de la FC, se
pose aussi celle de ses limites pour les populations.
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3.2.2. Limites de la forêt
Parler de remise en cause des limites de la
forêt classée de Dida pour les autorités forestières
ou aux personnes ressources relève d'une
«fuite en avant» des populations
acculées par la hantise du déguerpissement. D'ailleurs pour le
chef de SDEDD, cette question est une préoccupation bien nouvelle parce
que l'arrêté de classement donne toutes les
précisions.
La FC de Dida, officiellement, a une
superficie de soixante quinze mille ( 75 000) hectares. La
délimitation faite par le projet cartographique
financé par l'Agence Japonaise pour la
Coopération Internationale (JICA) en 2000 lui
donne une superficie de 79 906,72 hectares. Pour une
meilleure compréhension des problèmes de limites, les points
allant de A à K ont été placés sur la
figure 13 ci-dessous :
Figure 13 : Limites de la FC de Dida, vues par les
autorités et par les populations
Pour le chef de SDEDD, initialement la forêt
était de quatre vingt mille (80 000) hectares et
commençait au point A, à Noumoukiedougou. Les
véritables contestations ont commencé avec la pause des plaques
de matérialisation de la FC. A plusieurs endroits, notamment à
l'ouest les limites sont remises en cause par les populations :
Aux points B et C: l'une des premières plaque
de matérialisation de la FC est situé au point C et
marquée «entrée de la forêt classée
de Dida », sur la route de
Sidéradougou. Elle a été
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installée depuis longtemps par le Ministère de
l'Environnement et du Cadre de Vie (MECV), actuel MEDD. Avec le projet de
l'Agence Japonaise pour la Coopération Internationale (JICA), une
nouvelle plaque a été plantée au point B à trois
(03) kilomètres de la première (voir photo des deux plaques ci
dessous). Pour les populations de Lafia, il ne s'agit ni plus ni moins que
d'une modification (extension) des limites de la FC, de sorte qu'elle
intègre dorénavant les superficies qu'elles exploitent entre les
points B et C.
Photo 3 : Deux panneaux de matérialisation de
l'entrée de FC Dida (la 1ère plantée au point C
par le Ministère, la 2ème au point B grâce au
projet JICA) (PARE, 2013)
Au point E : le village de Sassamba n'a
jamais reconnu être dans la FC. Mais selon l'adjoint au maire de Ouo et
le chef de SDEDD, ce village se serait d'abord installé de l'autre
coté de la rivière Kéleworo qui constitue une limite
naturelle de FC, avant de se déplacer dans la FC suite à un
problème lié aux traditions qui a occasionné des
décès. Après consultation des oracles, pour conjurer le
mauvais sort, le village aurait quitté son ancien emplacement, pour se
retrouver à son emplacement actuel.
Au point J : Pour le chef de terre de
Diarakorosso, la matérialisation de la FC s'est faite sans participation
des parties prenantes, de sorte que même le champ du chef de terre de
Diarakorosso, co-signateur du PV de classement, se trouve aujourd'hui dans la
FC. L'erreur pour lui est venue du repère au point J. Pour lui, «
le repère comme indiqué dans le PV est la piste de
Diarakorosso à Tiékéta. Or il existe deux pistes. La
première qui existait bien avant 1980 au point K et la seconde
créée après 1980 au point J ». Ces deux points
sont distants de trois kilomètres. Pour le chef de terre de
Diarakorosso, plutôt que le point J, le repère du PV est
situé au point K, puisque c'est cette route qui existait au moment du
classement de la forêt (photo 4).
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Aux points A et E : pour les populations de
Mado et Wankoro, la route régionale Mangodara-Sidéradougou
n'existait pas au moment du classement (cette version est remise en cause par
le chef de Noumoukiedougou). La route partait alors de Noumoukiedougou au point
A en passant par Mado et Wonkoro pour aller vers Sassamba au point E (encore
appelée « Fanga sara » ou « route des
travaux forcés », aujourd'hui abandonnée comme le
montre la photo n°5. Par conséquent, pour les populations de ces
deux villages, Mado et Wonkoro ne figuraient pas dans la FC au moment de son
classement, comme le laissent penser les agents du MEDD.
Photo 4 : Limite selon les populations Photo 5 : Route des
travaux forcés de A à E,
de Djarakorosso au point K plutôt que J limites selon les
populations de Mado et
(PARE, 2013) Wankoro (PARE, 2013)
Toute la question se pose en terme de savoir quel
crédit accorder aux dires de ces populations ? « Aucun
» à en croire la DREDD. Pour un responsable ayant
participé à la levée topographique des limites de la FC,
« ce sont les éternelles remises en cause des limites des
forêts classées par les populations ». La carte de la FC
élaborée en 1955 aurait permis de situer les limites d'alors.
Mais cette archive importante de la FC n'a pu être trouvée, ni au
MEDD, ni à la DREDD, encore moins à la Direction des Forêts
(DIFOR), ou à la Direction de l'Environnement, de l'Economie et des
Statistiques (DEES). De toute évidence, il reste que les limites de la
FC ne sont pas claires pour bon nombre d'acteurs. D'ailleurs, la
matérialisation de ces limites, financée par la JICA laisse le
« goût» d'un travail inachevé. Entre le point E
et le point G, en passant par le point F, il n'existe aucune pancarte.
Pourtant, la loi n° 006197/ADP du 31 janvier 1997 portant code forestier
au Burkina-Faso en son article 27 est sans ambiguïté: «
Tout acte de classement donne lieu à des opérations
matérielles de délimitation et de signalisation sur le terrain,
dans les conditions précisées par les textes d'application du
présent Code ».
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