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Enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la forêt classée de Dida (Burkina-Faso)( Télécharger le fichier original )par Steve Dimitri PARE Université de Kinshasa RDC - Diplôme d'études supérieures spécialisées (DESS) en aménagement et gestion intégrés des forêts et territoires tropicaux 2013 |
28 2.3.3. Collecte des donnéesLa collecte des données a concerné deux (02) types de données : les données secondaires qui sont des rapports de missions, d'Assemblées Générales (AG), des archives, de communications, qui ont été trouvés à la Direction Régionale de l'Environnement et du Développement Durable (DREDD), au Service Départemental de l'Environnement et du Développement Durable (SDEDD), dans certains services comme le Service Départemental de l'Agriculture ou sur internet; et les données primaires qui ont été collectées par les outils de collecte de données. Pour la collecte des données primaires, quatre (04) types d'outils ont été utilisés: L'observation directe: QUIVY et CAMPENHOUDT (1995) entendent par observation directe « celle où le chercheur procède directement lui-même au recueil des informations sans s'adresser au sujet concerné ». Pour BERTHIER (2006), l'observateur se rend sur le terrain pour étudier un groupe naturel. Il regarde ce qui se passe, interroge des informations et essaie de contrôler leurs dires par des vérifications. Elle a concerné les ressources exploitées dans la réserve qui peuvent être les terres emblavées, les modes de culture pratiqués, les Produits Forestiers Non Ligneux (PFNL), les différents usages faits des types de ressources disponibles dans la réserve et surtout l'ampleur de leur exploitation. Elle s'est aussi si les modes d'habitation, de vie, intégrant principalement la culture et les systèmes de valeur spécifiques à la zone d'étude. Le questionnaire: nous a permis de collecter un ensemble de données surtout quantitatives sur les ménages. Le questionnaire était constitué de questions fermées et de questions ouvertes. Le guide d'entretien: a permis de faire des échanges avec les personnes ressources et les autorités coutumières. Il était constitué de questions semi-directives c'est-à-dire qui donnent aux enquêtés une grande marge de manoeuvre dans la réponse aux questions posées. Le focus group: est une méthode d'enquête qui permet de regrouper plus d'une catégorie d'acteurs pour des échanges directs, qui sont enregistrés à l'aide d'un dictaphone. L'avantage de cette méthode dans le cas échéant a été de permettre des causeries-débats qui permettront de ressortir les grandes problématiques dans la gestion de cette forêt. 29 Photo 1 : Focus group dans le hameau de culture de Wonkoro (PARE, 2013) 2.3.4. Techniques de traitement et d'analyse des donnéesLa diversité des techniques utilisées a imposé une diversité des techniques d'analyse des données. Les résultats de l'observation directe ont été intégrés dans la présentation et l'analyse des résultats. Pour le guide d'entretien et le focus group (après transcription), nous avons procédé à une analyse du contenu des informations recueillies. Quant aux données recueillies à l'aide du questionnaire, elles ont été traitées à l'aide du tableur Excel, afin d'être présentées sous forme de graphiques et de tableaux. 2.4. Difficultés rencontrées et limites de l'étudeCette étude ne s'est pas menée sans difficultés. En effet, la phase de collecte des données sur le terrain s'est déroulée du 10 février au 15 mars 2013, à une période où les populations étaient dans une angoisse de déguerpissement imminent annoncé par les autorités forestières. De plus, depuis la marche organisée le 14 mars 2012 sur le Gouvernorat, où des revendications ont été posées aux autorités administratives, de nombreuses enquêtes ont été menées dans la FC sans que les populations ne reçoivent le « feed-back ». Ce qui a créé une situation de suspicion et de méfiance envers toute personne étrangère à la FC de Dida, entravant durement la bonne tenue des enquêtes. Dans beaucoup de villages et de hameaux de cultures, nous avons été soupçonnés d'être un gendarme ou un forestier infiltré en quête d'informations sur les populations. Aussi, le village de Sassamba est réputé pour son leadership dans la contestation populaire. Dans ce village, malgré les précautions prises à l'avance en contactant les leaders d'opinion, 30 les responsables politiques et coutumiers, les enquêtes individuelles n'ont pu se faire. Nous avons été confrontés au refus catégorique des populations, les leaders au premier rang. Dans cette atmosphère délétère où les villages communiquent entre eux, notre recherche a été victime de l' « effet Sassamba ». Dans tous les autres villages et hameaux de culture où nous nous sommes rendus par la suite, nous nous sommes vus simplement éconduire. C'est ainsi nous n'avons pu mener nos entretiens dans les hameaux de cultures de Goté, Moussokantou, Karweogo, Birré1 et Kambelekodougou comme initialement prévu. Aussi, avions nous constamment essayé d'adapter la méthodologie de notre enquête en fonction de toutes ces difficultés. Malgré ces difficultés, la triangulation de certaines informations reçues ailleurs permet de comprendre davantage la situation de certaines localités où les enquêtes n'ont pu être menées. A ce titre, nous pensons que cette recherche présente assez fidèlement la physionomie générale de la situation de la FC de Dida. Nous admettons aussi, que la rétention d'informations a été assez importante dans la mesure où la crainte des populations est restée vivace tout au long de cette recherche. Il est fort probable que des spécificités propres à certaines zones n'aient pas été assez prises en compte. CHAPITRE 3 : RESULTATSCe chapitre est essentiellement consacré à la présentation des résultats obtenus sur le terrain à partir des enquêtes menées auprès du groupe cible, des entretiens individuels menés avec les personnes ressources et des focus groups réalisés dans les villages et hameaux de cultures. Il aborde les caractéristiques des exploitants et/ou occupants de la FC de Dida, les enjeux économiques et de pouvoir liés à l'exploitation des ressources, mais aussi les perspectives pour une gestion durable de cette forêt classée. 3.1. Caractéristiques des enquêtésParler de caractéristiques des enquêtés revient à fournir des informations relatives à l'âge, au niveau d'instruction, à l'appartenance ethnique et à la structure des ménages qui ont fait l'objet des enquêtes de terrain. 3.1.1. Age des chefs de ménageL'enquête ayant porté sur les ménages, seuls les chefs desdits ménages ont été soumis au questionnaire. Sur le total des cinquante huit (58) ménages, tous sont dirigés par des hommes, à l'exception d'un seul dans le hameau de culture de Bougoudeni dirigé par une veuve de quarante (40) ans. La moyenne d'âge2 des chefs de ménage est de quarante six (46) ans alors que l'âge médian3 est de quarante quatre (44) ans. Le plus jeune chef de ménage a trente un (31) ans, tandis que le plus âgé en a quatre vingt (80). Les enquêtés ont été regroupés par tranche d'âge d'intervalle de dix et les résultats sont présentés dans la figure 6 suivante: 31 2 La moyenne d'âge des chefs de ménage représente la somme des âges sur le nombre total de ménage. 3 L'âge médian représente l'âge qui divise la distribution en deux parts égales 22% 10% 4% Tranche d'âge 33% 31% [30-40[ [40-50[ [50-60[ [60-70[ [70 et plus[ Figure 6 : Répartition des enquêtés selon la tranche d'âge La majorité des chefs de ménage a entre quarante (40) et cinquante (50) ans. Elle représente 33% des enquêtés contre 31 % pour la tranche d'âge comprise entre trente (30) et quarante (40) ans, et seulement 4 % pour la tranche d'âge de plus de soixante dix (70) ans. En fréquences cumulées, ces deux tranches d'âges (30 à 50 ans) représentent plus de la moitié des exploitants de la FC de Dida (63,8 %). 3.1.2. Niveau d'instruction des chefs de ménageDeux (02) niveaux d'instruction prédominent dans l'ensemble des villages et des hameaux de cultures. Il s'agit des personnes n'ayant aucun niveau d'instruction qui représentent 67 % des 24 % de la enquêtés et , des chefs de ménage ayant fréquentés l'école coranique estimés à
24% 4% 3% Niveau d'instruction 2% 67% Alphabetisé Aucun niveau Coranique Primaire Secondaire 32 Figure 7 : Répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction 33 En dehors du fait que les enquêtés majoritairement ont un faible niveau d'instruction, on constate aussi le manque ou l'éloignement des infrastructures scolaires de la zone. En dehors des villages de Sassamba, Lafia et de Kpalan qui ont des écoles primaires à trois classes, les autres villages et hameaux de culture ne possèdent pas d'écoles. Mais, Mado et le hameau de culture Goté possédaient des écoles coraniques qui ont fermé suite aux opérations de déguerpissement de 2003. Les distances à parcourir pour les rares élèves qui partent à l'école sont longues. Ceux de Bougoudeni et Kangodian vont à Diarakorosso à environ une dizaine de kilomètres de leur village, tandis que les élèves de Wonkoro vont à Kpalan. L'ensemble des enfants des ménages ayant l'âge obligatoire d'aller à l'école (au moins sept ans et au plus douze ans) est de cent quatre vingt deux (182) enfants. Sur ce total, seulement 40,65% (soit 74 élèves) y vont. Ce taux brut de scolarisation4 est nettement en deçà de la moyenne de la Région des Cascades qui est de 53,4 % (LOYE et al., 2009). 3.1.3. Ethnie des ménages et zones de provenanceLes autochtones de la FC de Dida sont les Dogossè et les Komono. Selon les focus groups réalisés dans les villages et hameaux de cultures, d'autres groupes ethniques, des migrants, sont fortement représentés et majoritaires dans bon nombre de villages. Il s'agit principalement des Mossé, venus principalement du plateau central et installés depuis des années, ou de la Côte d'Ivoire à la faveur de la crise ivoirienne de 1999. On les retrouve majoritairement dans les villages de Lafia, Wonkoro, Sassamba, Pelgo et Goté, et concurrencent les Dogossè à Diaradougou5 et à Mado. Les Lobi, Toussian, Dagari, et Birifor venus de la commune voisine de Djigouè dans la Région du Sud-ouest se sont installés pour former les villages de Birré 1 et 2, de Moussokantou, de Karwedjan et de Kanbelekodougou. Avec ces principaux groupes ethniques, cohabitent les peulhs, les Bobo, les Bwaba, les Dafing, les Samo, les Goin, les Samogo, les Senoufo et les Tiéfo, etc. La répartition des groupes ethniques enquêtés sur le terrain est présentée par la figure 8 : 4 Le taux brut de scolarisation au primaire est le rapport (en pourcentage) du nombre d'enfants (tout âge confondu) fréquentant l'école primaire au moment de l'enquête sur le nombre d'enfants âgés de 7 à 12 ans (INSD, 2003) 5 Le village de Diaradougou est composé des hameaux de culture de Bougoudeni et de Kangodjan Effectifs 25 20 15 10 0 5 Ethnies Ethnies Série1 34 Figure 8 : Répartition des enquêtés selon l'ethnie Les ethnies majoritaires rencontrées sont les mossis, au nombre de vingt deux (22) ménages, soit 37,9 % de notre échantillon. Viennent ensuite les Dogossè (25,9 %), les Peulhs et les Lobi (13,8 %). Les autres ethnies de l'échantillon sont minoritaires. Cette situation est assez représentative des peuples que l'on retrouve dans la FC de Dida. Pour les localités de provenances, elles sont diverses. Beaucoup sont venus de la République de Côte d'Ivoire (RCI) à la faveur des évènements de Tabou en 199 9. Cette crise ivoirienne avait occasionné le retour de nombreux burkinabè. Le mot d'ordre des autorités gouvernementales à l'époque avait été d'aider à la réinsertion des rapatriés de la RCI. Bon nombre de ces refugiés se sont installés à Goté et dans beaucoup d'autres hameaux de cultures. Les mossis pour certains viennent du plateau central, des provinces du Passoré et du Yatenga. Les groupes ethniques minoritaires (Lobi, Dagari, Toussian) proviennent eux de la Région du Poni, contigüe à la FC. A Sassamb a particulièrement, la présence de déguerpis de la Forêt Classée de Comoé/Leraba et de celle de Boulon/Koflandé, concédées à des associations (AGEREF) ont été signalés. Cette diversité d'horizon des exploitants de la FC de Dida en fait aujourd'hui un lieu de brassage ethnique. 3.1.4. Structure des ménages.La conception du ménage dans le cadre de cette étude en tant qu'unité de consommation, de production et de résidence a permis de regrouper les ménages selon leur taille par intervalle de dix (10). La plus petite unité de production et de consommation est composée de deux (02) personnes alors que la plus grande compte jusqu'à trente un (31) individus. La valeur 35 moyenne de nombre d'individus par unités de production et de consommation est de treize (13) personnes. Des situations différentes se présentent si l'on tient compte de l'entité village, comme le montre la figure 9 : Effectifs 10 4 8 0 6 2 Taille des ménages Villages ou hameaux de culture ]0-10[ [10-20[ [20-30[ [30 et +[ Figure 9 : Taille des ménages selon le village Dans les villages ou hameaux de cultures de Mado et Kangodian, la tranche dominante est celle de ménages de moins de dix (10) personnes, et représente respectivement 88,9 % et 55,5% des ménages. Mado est l'un des tout premiers villages installés dans son emplacement actuel, des années avant que la zone ne devienne une forêt classée. C'est aussi l'un des villages les moins peuplés, comptant une cinquantaine de ménages. Comme Kangodian, ce village est majoritairement peuplé d'autochtones qui sont les Dogossè et les Karaboro. A l'opposé, Wonkoro, Lafia et Pelgo sont majoritairement peuplés de Mossis, et la taille des ménages varie entre dix (10) et dix neuf (19) personnes, donc jugée beaucoup plus grande. Si l'on considère uniquement les ménages de grandes tailles c'est-à-dire de plus de neuf (09) personnes, on constate qu'ils représentent 87,5 % des ménages de Wonkoro, 78,6 % de ceux de Lafia, et 100% de ceux de Pelgo (Annexe 1). Cependant, on note une forte propension d'enfants dans les ménages, comme le montre la figure 10: Proportion des enfants par ménage
Enfants de moins Enfants de moins de 7ans de 18 ans 36 Figure 10 : Proportion des enfants par ménage Si l'on considère seulement les ménages où le nombre d'enfants de moins de sept (07) ans dépasse 50 % de l'effectif total du ménage, ils représentent 13,8 % des ménages. Par contre, si l'on tient compte des enfants de moins de dix huit (18) ans6, 63,8 % des ménages compte des jeunes n'ayant toujours pas atteint la majorité. Cependant, les enfants prennent une part active à la production des biens et services du ménage. 3.1.5. Principaux biens et valeurs des ménagesLes principaux biens et valeurs représentent les acquis des enquêtés en termes d'équipements, d'animaux ou de superficies exploitées. 3.1.5.1. Types d'habitatsLa forme de l'habitat est bien souvent caractéristique de l'ethnie. Chez les peuples autochtones, l'habitat le plus répandu est de type traditionnel. Construit de briques adobes, la toiture est faite d'Andropogon gayanus , une herbe prélevée dans la forêt. Pour les peuples du sud-ouest (lobi, birifor , Toussian) , le même matériau est utilisé, à la différence que les maisons sont des cases rondes, tout comme chez les peulhs. L'option des tôles comme toiture est chez l'ensemble des occupants un signe extérieur d'une certaine assise économique. 6 Au Burkina-Faso, selon le code des personnes et de la famille, la majorité est fixée à 18 ans Panneau de matérialisation de la FC de Dida 37 Photo 2 : Habitat traditionnel et habitat semi-moderne dans la FC3.1.5.2. Superficies exploitéesl'ordre de Les superficies exploitées par les populations dans la FC de Dida vont d'un hectare à soixante (60) hectares par ménage. Les occupants de la forêt ont estimé exploiter quarante deux mille deux cent quatre vingt douze (42 292) hectares. Ce qui représenterait 56, 4 % de la superficie totale de la FC. L'évaluation des superficies exploitées est faite de façon empirique sans instrument de mesure par les producteurs. Ce qui pose le problème de l'exactitude des chiffres avancés. Une expérience réalisée sur cinq (05) producteurs a consisté à leur demander la superficie de leur exploitation et à l'aide du GPS Garmin 62 à procéder à une mesure effective sur le terrain. On a abouti dans trois (03) cas à une surestimation des superficies de 150 % et dans deux (02) cas à une sous-estimation de l'ordre de 30 %. La tendance globale étant donc à la surestimation, les résultats sur les superficies ne présentent qu'une idée et non une situation exacte. Cette situation est présentée dans la figure 11: Effectifs 30 20 10 0 Tranche de superficies Superficies Série1 Figure 11 : Superficies des exploitations des ménages 38 La majorité des exploitations familiales oscille entre dix (10) et vingt (20) hectares. Elle représente 41,4 % (24 ménages) contre 31,03% pour les exploitations de moins de dix (10) hectares (18 ménages). Ces deux modalités représentent cumulativement 72,4 % des exploitations. Une mise en corrélation des exploitations familiales avec le statut de résidence donne les résultats dans le tableau 2: Tableau 2 : Superficies exploitées en fonction du statut de résidence
En termes de superficies de moins de dix (10) ha, 32,6 % (soit 14 ménages sur 43) des allochtones répondent à cette modalité contre 26,66% (soit 4 ménages sur 15) pour les autochtones. Pour les superficies comprises entre 10 et 20 ha la distribution donne 39,5 % (soit 17 ménages sur 43) pour les allochtones contre 46,7 % (soit 7 ménages sur 15) pour les autochtones. Quant aux superficies de plus de 40 ha, 2,3 % des allochtones (soit un ménage sur 43) contre 6,7 % des autochtones (soit un ménage sur 15) les possèdent. Vraisemblablement, le statut de résidence n'est pas déterminant dans la superficie des exploitations familiales, tout comme ne l'est pas la taille du ménage. Des ménages de petites tailles possèdent de grandes superficies et vice versa. Qu'en est-il de l'ancienneté, c'est-à-dire le nombre d'années passées à pratiquer l'agriculture dans la FC ? Le tableau 3 nous donne les résultats suivants : Tableau 3 : Superficies exploitées en fonction du nombre d'années de résidence dans la FC
Selon les résultats du tableau 3, environ 75 % des ménages ayant moins de dix (10) ans 39 d'ancienneté ont moins de dix ( 10) hectares comme superficie. Aussi 70,8 % des résidents qui ont entre 10 et 20 ans d'ancienneté ont plus de 10 ha exploitées, de même que 87,5 % des résidents de 20 à 30 ans, 72,2 % des résidents de plus de trente (30) années. Plus on passe du temps dans la FC, plus les superficies s'accroissent. Ce qui parait bien normal si tant il est que la famille s'agrandit et le nombre de consommateurs et de producteurs suit la même tendance. D'ailleurs, la plupart des ménages à leur installation débute avec des superficies de deux (02) hectares la première année, avant de les augmenter au fil des années. Aussi, le mode de production pourrait jouer un rôle prépondérant dans la taille des superficies exploitées par les ménages. En effet, le ménage qui exploite une superficie donnée pour la culture des céréales y plante la même année des anacardiers (Anacardium occidentale). Au bout de trois (03) années, les anacardiers grandissants, ces superficies sont progressivement abandonnées pour un nouveau défrichage. Il n'est donc pas étonnant que la plupart des exploitations soit des champs d'anacardes comme le montre la figure 12: 23% 6% 8% 3% 5% Speculations 55% Anacarde Maïs Sorgho Sésame Arachide Haricot
Plusieurs types de cultures sont pratiqués dans la FC. Les cinq (05) principales sont l'anacarde qui représente 55 % des superficies exploitées, 23 % pour le maïs et moins de 10% pour chacune des spéculations comme le sorgho (Sorghum bicolor), le sésame (Sesamum indicum), l'arachide (Arachis hypogaea) ou le niébé ( Vigna ungiculata). En plus de ces principales spéculations, le riz est produit dans certains bas-fonds. Il en est de même pour le 40 mil (Pennisetum Americanum) produit par certains producteurs, le coton, et l'igname dans les villages majoritairement lobi. 3.1.5.3. Cheptel des ménagesAu Burkina-Faso, agriculture et élevage vont de paire. Il est communément admis qu' « un bon cultivateur est un bon éleveur ». Les types d'animaux chez les enquêtés sont les poulets, les canards pour la volaille, les chèvres et les moutons pour les petits ruminants, et les boeufs pour les gros ruminants. Le ménage possédant le plus grand nombre de têtes de boeufs en a trois cents (300) et soixante dix (70) pour le ménage possédant le plus grand nombre de têtes de moutons/chèvres. Les ménages possédant des boeufs ont été regroupés en tranches de têtes de 50, tandis que pour les petits ruminants des tranches de têtes de 25 ont été considérées. Les résultats sont consignés dans le tableau 4 : Tableau 4 : Nombre de boeufs en fonction du nombre de moutons /chèvres des ménages
Au regard du tableau, seulement deux (02) ménages ne possèdent ni boeufs, ni mouton, ni chèvres. La tranche la plus représentative est celle des ménages possédant à la fois moins de cinquante (50) têtes de boeufs et moins de vingt cinq (25) têtes de moutons/chèvres (21 ménages soit 36,2 %). En s'intéressant uniquement aux gros ruminants, en corrélation avec le statut de résidence, on aboutit aux résultats suivants présentés dans le tableau 5 : Tableau 5 : Nombre de boeufs en fonction du statut de résidence
41 Au regard du tableau, 16,27% des ménages (soit 7 sur 43) contre 33,33% (soit 5 sur 15) ne possèdent pas de boeufs. Pour les ménages possédant plus de cinquante (50) têtes, les allochtones représentent 25,58% contre 13,33% pour les autochtones. Contrairement aux superficies emblavées où autochtones et allochtones s'équivalent, la possession du bétail est dominée par les allochtones. La présence des peulhs, grands éleveurs, pourrait être en partie l'explication à cette situation. Des résultats il est ressorti que bien d'agriculteurs ont plus de boeufs que les éleveurs. 3.2. Problèmes inhérents à la FC de DidaLa FC de Dida revêt de nombreuses difficultés de gestion liées à de nombreuses ambigüités liées à son appartenance administrative et à ses limites. 3.2.1. Appartenance administrativeLa forêt de Dida a été classée par décision n°1744/FOR du 13 juin 1955. Parmi les consignateurs de ce Procès Verbal (PV) de décision, figurent les chefs des villages de Noumoukiedougou, Diarakorosso, Mouroukoudougou, Farakorosso et de Tiebata, tous originaire de l'actuelle commune rurale de Mangodora. Quand on observe de près les Plans Communaux de Dévéloppement (PCD) des communes de Mangodara et de Ouo, cette forêt a été reprise pour le compte de la commune rurale de Ouo, sans tenir compte des faits historiques. Elle figure en bonne place dans les préoccupations de la commune avec en prévision l'élaboration d'un plan d'aménagement. Dans les faits, seulement deux (02) villages de la FC appartiennent à cette commune: Sassamba et Mado. Le village de Diaradougou et les hameaux de cultures de Pelgo, Wankoro, Komborgo, Dorpo et Lenguemouwoukou relèvent de Mangodara. Goté, Birré 1 et 2, Mossokantou, Kambelekodougou, Karwédougou, Ibibouré, Beredo et Karamogodjan relèvent de la commune de Djigouè. De façon schématique, Dida est une forêt concédée par les chefs de terre de la commune de Mangodara, qui relève aujourd'hui de la commune de Ouo et habitée par des populations majoritairement venues de la commune de Djigouè. Pour le maire de Mangodara, même si aujourd'hui dans les faits personne ne contexte à Mangodora l'appartenance de cette forêt, il reste nécessaire que la vérité soit rétablie pour éviter d'éventuels quiproquos futures. A cette question d'appartenance administrative de la FC, se pose aussi celle de ses limites pour les populations. 42 3.2.2. Limites de la forêtParler de remise en cause des limites de la forêt classée de Dida pour les autorités forestières ou aux personnes ressources relève d'une «fuite en avant» des populations acculées par la hantise du déguerpissement. D'ailleurs pour le chef de SDEDD, cette question est une préoccupation bien nouvelle parce que l'arrêté de classement donne toutes les précisions. La FC de Dida, officiellement, a une superficie de soixante quinze mille ( 75 000) hectares. La délimitation faite par le projet cartographique financé par l'Agence Japonaise pour la Coopération Internationale (JICA) en 2000 lui donne une superficie de 79 906,72 hectares. Pour une meilleure compréhension des problèmes de limites, les points allant de A à K ont été placés sur la figure 13 ci-dessous : Figure 13 : Limites de la FC de Dida, vues par les autorités et par les populations Pour le chef de SDEDD, initialement la forêt était de quatre vingt mille (80 000) hectares et commençait au point A, à Noumoukiedougou. Les véritables contestations ont commencé avec la pause des plaques de matérialisation de la FC. A plusieurs endroits, notamment à l'ouest les limites sont remises en cause par les populations : Aux points B et C: l'une des premières plaque de matérialisation de la FC est situé au point C et marquée «entrée de la forêt classée de Dida », sur la route de Sidéradougou. Elle a été 43 installée depuis longtemps par le Ministère de l'Environnement et du Cadre de Vie (MECV), actuel MEDD. Avec le projet de l'Agence Japonaise pour la Coopération Internationale (JICA), une nouvelle plaque a été plantée au point B à trois (03) kilomètres de la première (voir photo des deux plaques ci dessous). Pour les populations de Lafia, il ne s'agit ni plus ni moins que d'une modification (extension) des limites de la FC, de sorte qu'elle intègre dorénavant les superficies qu'elles exploitent entre les points B et C. Photo 3 : Deux panneaux de matérialisation de l'entrée de FC Dida (la 1ère plantée au point C par le Ministère, la 2ème au point B grâce au projet JICA) (PARE, 2013) Au point E : le village de Sassamba n'a jamais reconnu être dans la FC. Mais selon l'adjoint au maire de Ouo et le chef de SDEDD, ce village se serait d'abord installé de l'autre coté de la rivière Kéleworo qui constitue une limite naturelle de FC, avant de se déplacer dans la FC suite à un problème lié aux traditions qui a occasionné des décès. Après consultation des oracles, pour conjurer le mauvais sort, le village aurait quitté son ancien emplacement, pour se retrouver à son emplacement actuel. Au point J : Pour le chef de terre de Diarakorosso, la matérialisation de la FC s'est faite sans participation des parties prenantes, de sorte que même le champ du chef de terre de Diarakorosso, co-signateur du PV de classement, se trouve aujourd'hui dans la FC. L'erreur pour lui est venue du repère au point J. Pour lui, « le repère comme indiqué dans le PV est la piste de Diarakorosso à Tiékéta. Or il existe deux pistes. La première qui existait bien avant 1980 au point K et la seconde créée après 1980 au point J ». Ces deux points sont distants de trois kilomètres. Pour le chef de terre de Diarakorosso, plutôt que le point J, le repère du PV est situé au point K, puisque c'est cette route qui existait au moment du classement de la forêt (photo 4). 44 Aux points A et E : pour les populations de Mado et Wankoro, la route régionale Mangodara-Sidéradougou n'existait pas au moment du classement (cette version est remise en cause par le chef de Noumoukiedougou). La route partait alors de Noumoukiedougou au point A en passant par Mado et Wonkoro pour aller vers Sassamba au point E (encore appelée « Fanga sara » ou « route des travaux forcés », aujourd'hui abandonnée comme le montre la photo n°5. Par conséquent, pour les populations de ces deux villages, Mado et Wonkoro ne figuraient pas dans la FC au moment de son classement, comme le laissent penser les agents du MEDD. Photo 4 : Limite selon les populations Photo 5 : Route des travaux forcés de A à E, de Djarakorosso au point K plutôt que J limites selon les populations de Mado et (PARE, 2013) Wankoro (PARE, 2013) Toute la question se pose en terme de savoir quel crédit accorder aux dires de ces populations ? « Aucun » à en croire la DREDD. Pour un responsable ayant participé à la levée topographique des limites de la FC, « ce sont les éternelles remises en cause des limites des forêts classées par les populations ». La carte de la FC élaborée en 1955 aurait permis de situer les limites d'alors. Mais cette archive importante de la FC n'a pu être trouvée, ni au MEDD, ni à la DREDD, encore moins à la Direction des Forêts (DIFOR), ou à la Direction de l'Environnement, de l'Economie et des Statistiques (DEES). De toute évidence, il reste que les limites de la FC ne sont pas claires pour bon nombre d'acteurs. D'ailleurs, la matérialisation de ces limites, financée par la JICA laisse le « goût» d'un travail inachevé. Entre le point E et le point G, en passant par le point F, il n'existe aucune pancarte. Pourtant, la loi n° 006197/ADP du 31 janvier 1997 portant code forestier au Burkina-Faso en son article 27 est sans ambiguïté: « Tout acte de classement donne lieu à des opérations matérielles de délimitation et de signalisation sur le terrain, dans les conditions précisées par les textes d'application du présent Code ». 45 3.2.3. InfrastructuresPour une forêt classée, Dida semble bien fournie en infrastructures sociales et plus précisément en forages. Les villages de Mado, Sassamba, Goté, Lafia, Kangodian, Moussokantou et Birré1 possèdent tous des forages à l'intérieur de la forêt. Certains relèvent des initiatives des communes comme ceux de Birré1, Moussokantou qui ont été réalisés par la commune de Djigouè, ou celui de Mado réalisé par la commune de Ouo, et d'autres grâce à l'appui de projet comme ceux de Goté ou de Kangodjan réalisés par le Projet d'Appui au Développement Local des Provinces de la Comoé/Leraba/ Kénédougou (PADL/CLK) avec le financement de la Banque Africaine de Développement (BAD). Il existe aussi un marché à Goté, hameau de culture situé au coeur de la FC de Dida et, qui attire du monde venu des quatre coins de la forêt, et même au-delà, tous les cinq (05) jours (voir Photos 6 et 7). Photo 7 : Forage de Kangodjan réalisé Photo 6 : Jour de marché à Goté, en par le PADL/CLK (PARE, 2013) plein coeur de de la FC (PARE, 2013) Comment de telles infrastructures ont-elles pu être réalisées dans une forêt classée au vu et au su de tous? Pour les maires de Djigouè, Mangodara et de Ouo, s'il est vrai que certaines de ces infrastructures ont été réalisées bien avant le processus de décentralisation entamé véritablement en 2006, c'est aussi la preuve d'un manque de coordination et de concertation dans les interventions des différents acteurs. Pour le chef du SDEDD, pendant longtemps, la forêt n'avait pas constitué une préoccupation majeure pour le service de l'environnement au point que certaines actions ont pu s'y mener avec la plus grande simplicité. Cela peut s'avérer d'autant vrai que l'école de Sassamba, dont les travaux ont été arrêtés en 2005 par le SDEDD, se situe à l'intérieur de la forêt, et son Centre de Santé et de Promotion Sociale (CSPS) se trouve à moins de quatre cent (400) mètres, comme le montre les photos n°8 et n°9 : 46 Photo 8 : Ecole de Sassamba dont les à Photo 9 : CSPS de Sassamba à moins de l'intérieur de FC Dida dont les travaux ont 400 m de la FC de Dida été arrêtés en 2005 Pour le cas du CSPS, le conseiller de Sassamba soutient: «Tenant compte du fait que les travaux de l'école ont été bloqués sous prétexte que c'est dans la forêt classée, nous avons fait appel au responsable du SDEDD de Quo, au Préfet et au Maire. Ce sont eux qui ont fait le choix du site ». Toutefois, il reste évident qu'aucune Etude d'Impact Environnemental et social (EIES) n'a été faite avant le début des travaux de cette infrastructure. 3.3. Enjeux économiques liés à la gestion des ressources de la forêtSi la FC présente un enjeu économique pour un acteur donné, cela sous-entend qu'il y tire les moyens de subsistance en y menant un certain nombre d'activités économiques. Cette partie sera essentiellement consacrée à ces activités, aux moyens de production dont disposent les populations, mais aussi aux revenus que peuvent générer l'exercice de ces activités. 3.3.1. Activités économiques réalisées dans la forêtL'occupation principale des occupants de la FC de Dida est l'agriculture. Elle est pratiquée par 82% des ménages, contre 18% pour l'élevage qui, pour l'ensemble des agriculteurs constitue une activité secondaire, et vice-versa. En dehors de l'agriculture, la FC de Dida procure aux ménages l'essentiel des biens et services indispensables à leur existence. Les femmes y collectent le bois de chauffe, les Produits forestiers Non Ligneux (PFNL), les hommes y trouvent le bois d'oeuvre pour les besoins de construction ou prélèvent les plantes médicinales. Le SDEDD parle de pratiques de carbonisation et de chasse, même si les populations n'ont pas reconnu ces faits. 47 Des focus groups, il ressort que la collecte de plantes médicinales, de bois d'oeuvre et du bois de chauffe se font toute l'année, selon les besoins du moment et, toutes les quantités prélevées sont autoconsommées. Rarement les quantités prélevées sont évaluées par les ménages. Mais pour le bois de chauffe, il est admis qu'un ménage d'une dizaine de personne consomme deux (02) à trois (03) charretées de bois de chauffe par mois pour la cuisson des aliments. Presque tous les ménages utilisent les foyers à trois pierres qui engendrent peu d'économie d'énergie. Le traitement des fleurs d'anacardiers débute le plus souvent dans le mois de janvier et s'achève avec la fin de la récolte des noix courant avril. Enfin, quant à l'agriculture, elle commence en mai par le défrichage pour se terminer en décembre avec les récoltes. 3.3.2. Moyens de productionLe premier moyen de production des ménages est la main d'oeuvre familiale composée des enfants et surtout des femmes. Pour la moitié des enquêtés, la main d'oeuvre des femmes représente la moitié de la force de production. En sus de cette force de production principale, les ménages utilisent la force bovine à l'aide des charrues pour le labour, le sarclage et le buttage. Cependant, environ 20,7 % des ménages ne possèdent pas de boeufs de trait. Cette catégorie fait recours à la location à raison de quinze mille (15 000) FCFA par hectare. Le dynamisme de la production en milieu paysan est fonction du renforcement des capacités à travers les regroupements dans des mouvements associatifs. L'appartenance à un groupement de producteurs est peu développée dans la zone et, 79,3 % des ménages n'appartient à aucune association ou groupement. Il n'existe pratiquement pas de groupements de producteurs en dehors des groupements de riziculteurs, ou des Groupements de Producteurs de Coton (GPC) pour les quelques rares ménages qui pratiquent ces cultures. Il n'est pas étonnant que la plupart des ménages n'ait jamais reçu de formation dans un domaine quelconque. Les producteurs ont aussi peu accès au crédit. Ils sont 86,2 % à ne même pas posséder de compte. La Caisse Populaire de Mangodara est l'une des rares institutions de finance existante, mais éloignée des villages de la FC de Dida. A cela s'ajoute le fait que les rares chefs de ménages à posséder un compte ne prennent jamais de crédit, trouvant le taux d'intérêt de 20 % élevé. Malgré la richesse relative des sols de la FC de Dida, comparativement à la majeure partie des sols au Burkina, on note une utilisation des engrais chimiques et des pesticides. Face à la pression foncière, le temps de jachère est une donne qui, au cours du temps, s'est beaucoup modifiée. Ils sont 77,6 % les ménages qui ne pratiquent plus de jachère. Même si on note une utilisation de la fumure organique (55,1 % des ménages), l'engrais reste un mode 48 d'accroissement de la productivité qui prend de l'ampleur. Ces engrais, Le NPK et l'urée, acquis aux coûts variant de seize mille (16 000) francs CFA à dix huit mille (18 000) francs CFA le sac de 50 kg , sont surtout utilisés pour le maïs, le sésame, rarement pour les autres spéculations. Les marchés des communes voisines sont les lieux d'approvisionnement, les quantités livrées par les services départementaux de l'agriculture étant limitées. Quant aux produits phytosanitaires, les principaux utilisés sont Adwuma wura, Roundup, Gramoxe, Topstoxin, Gramaquat, Glyphader, au prix d'environ quatre mille (4000) francs CFA la boîte de 4kg . Ces produits venus de la RCI ou du Ghana voisin sont souvent de qualité douteuse. Ils sont utilisés aussi bien pour les céréales que pour le traitement des anacardiers. La figure 14 ci-dessous montre le degré d'utilisation de ces produits chimiques. 33% Engrais 40% 27% beaucoup pas du tout un peu 24% 43% Pesticides 33% beaucoup pas du tout un peu Figure 14 : Degré d'utilisation des engrais et pesticides par les ménages Les engrais ou les pesticides sont jugés utilisés beaucoup quand le producteur utilise les quantités requises par hectare. Ce sont 27 % des ménages pour les engrais (deux sacs de NPK et un sac d'urée par hectare) et 33 % pour les pesticides (quatre boîtes par hectare) qui atteignent les quantités requises, contre respectivement 33 % et 24 % qui ne les atteignent pas. Tout de même, 60 % des ménages utilisent les engrais, et 57 % les pesticides, sans aucun contrôle, avec les conséquences en termes de pollution des eaux et des sols de la FC de Dida.
La FC de Dida ne présente pas sur le plan économique le même intérêt pour l'ensemble des exploitants. En termes de capacité de production, on rencontre des producteurs de moins d'un sac d'anacarde par an, à des producteurs de mille deux cents (1200) sacs par an. Pour le maïs, les productions vont de moins d'un sac à des productions de deux cent soixante quinze (275) 49 sacs pour un ménage7. On peut classer les producteurs en trois (03) catégories. Les grands producteurs, les producteurs moyens et les petits producteurs. En considérant seulement les deux productions phares (anacarde et maïs), nous avons considéré comme un grand producteur d'anacardes, un ménage qui produit par an plus de cent (100) sacs d'anacardes, un producteur moyen entre vingt cinq (25) et cent (100) sacs et un petit producteur moins de vingt cinq (25) sacs. Est considéré comme un grand producteur de maïs, un ménage qui produit plus de cent (100) sacs de maïs par an, un producteur moyen un ménage qui récolte entre vingt cinq (25) et cent (100) sacs, un petit producteur moins de cinquante (50) sacs. La situation de production des ménages est présentée dans le tableau 6 : Tableau 6 : Catégorie de producteur en fonction de la production d'anacarde et de maïs
Au regard des données du tableau 6, on peut dire que sur les 58 ménages, seulement 20 ménages sont de petits producteurs aussi bien d'anacardes que de maïs. Tous les dix (10) éleveurs de l'échantillon se retrouvent aussi dans cette catégorie, pour qui l'intérêt pour la FC s'évalue en termes de pâturage. C'est dire que de façon plus exacte, seulement 17,2 % des ménages (10 ménages) tire peu de profit de la FC, contre 51,7 % qui en tire un grand profit (cette catégorie regroupe l'ensemble des 10 éleveurs, des 11 grands producteurs de maïs et des 9 grands producteurs d'anacardes). Un sac d'anacarde se négocie entre vingt cinq mille (25 000) et trente mille (30 000) francs CFA, celui du maïs autour de dix huit mille (18 000) francs CFA selon les producteurs. Au regard de ces prix, un grand producteur de maïs et d'anacardes, en vendant toute sa production, peut gagner au minimum quatre millions trois cent mille (4 300 000) francs CFA (équivalent de 100 sacs d'anacardes et 100 sacs de maïs), un producteur moyen entre un millions cinq cent vingt cinq (1 525 000) et quatre millions trois cent mille 4 300 000 francs CFA. C'est dire que les 51,7 % des ménages ont un revenu brut évaluable à plus de un millions cinq cent vingt cinq (1 525 000) francs CFA par an, ce qui montre l'intérêt 7 Un sac d'anacarde correspond à environ 85 kg de graines d'anacardes, tandis que le sac de maïs vaut 100 kg. 50 économique que présente cette FC pour ces populations locales. D'ailleurs les occupants de la FC à leur marche du 14 mars 2012 au Gouvernorat des Cascades n'avaient-ils pas soutenu: « Comme nous arrivons à nous réaliser par nos travaux, à nous acheter de grosses motos et à nous marier à deux ou trois femmes, l'Etat, pris de jalousie, nous demande de quitter ».8 Cependant, cette analyse de la situation présente de nombreuses limites, n'ayant pas intégré bien d'aspects : Premièrement, il est peu évident que les producteurs aient véritablement fourni l'information réelle sur leurs productions. Il est fort probable que la réalité soit au delà des estimations fournies, en ce sens que ces types d'informations relèvent souvent d'une « chasse gardée» que l'on ne saurait porter à la connaissance du premier venu. Deuxièmement, en ne tenant compte que des deux principaux types de production, le modèle sous-estime les autres productions comme le sésame, l'arachide, le sorgho, les PFNL, qui engendrent pourtant des revenus supplémentaires considérables pour les ménages. Cela est d'autant plus vrai que le sac de 100 kg de sésame se négocie entre soixante mille (60 000) et cent mille (100 000) francs CFA, le sac d'arachide autour de vingt sept (27 000) francs CFA, de même que le sac de niébé, et le sac d'amande de karité entre cinq mille (5000) et sept (7000) francs CFA. Troisièmement, les coûts de production non pris en compte en termes d'engrais ne sont pas marginaux comme on pourrait avoir tendance à le penser. Toutefois, il est évident que la réalité soit au delà des montants avancés. Aussi, tenant compte de la taille variable des ménages, la capacité de production d'un ménage en elle-même n'a de sens que si elle intègre la part autoconsommée par ledit ménage. Toute la production n'est pas destinée à la consommation directe des ménages. La totalité de la production de l'anacarde, du coton, du sésame et de l'arachide est vendue sur place à des commerçants, tandis qu'une partie du maïs, du haricot, et du sorgho est consommée par le ménage. Quelle peut donc être la part autoconsommée de ces trois produits? La question a été posée aux producteurs et les résultats sont présentés dans la figure 15 : 8 http://www.lepays.bf/?FORET-CLASSEE-DE-DIDA, consulté le 08 avril 2013 35% Pourcentage autoconsommé 19% 14% 32% 100% autoconsommé 25% autoconsommé 50% autoconsommé 75% autoconsommé 51 Figure 15 : Répartition des ménages à partir de la proportion de production autoconsommée On constate que 35 % des ménages consomme la quasi-totalité des produits issus de la terre. Or, l'agriculture n'est pas l'activité principale de tous les exploitants. Les éleveurs représentent 18 % de la population enquêtée. Ces éleveurs consomment la totalité des produits vivriers. En proportions réelles, ce sont seulement 17 % des agriculteurs qui consomment la totalité de leurs productions, contre près de la moitié (46 %) qui consomme à peine la moitié de la production annuelle, le reste étant destiné à la vente. Cette situation dénote de la rentabilité de la production pour les ménages et corrobore le fait que 51,7 % ont des intérêts économiques certains dans l'exploitation des ressources de la FC de Dida. 3.4. Enjeux de pouvoir liés à la gestion des ressources de la forêtL'usage des ressources de la FC de Dida par différents agents économiques engendre des rivalités entre eux. Ces enjeux de pouvoir sont perceptibles au regard des modes d'accès aux ressources, et surtout dans l'analyse des externalités liées à l'appropriation de ces ressources. 3.4.1. Modes d'accès à la terreLes autochtones sont les propriétaires terriens qui disposent du «droit éminent» sur les terres et ses ressources. Ils accordent les espaces agricoles aux migrants qui acquièrent alors le «droit d'usufruit ». L'accès à la terre est conditionné par le payement du droit traditionnel qui, généralement, est composé d'un poulet et d'une chèvre. Ce droit est perçu par les chefs de terre des villages de Noumoukiedougou, Mouroukoudougou, ou Diarakorosso. Mais, à ces premiers détendeurs de droits traditionnels s'est substituée une deuxième catégorie de propriétaires terriens, issus des premiers occupants des espaces agricoles. Ces nouveaux 52 propriétaires, composés d'autochtones et parfois de migrants, perçoivent en lieu et place des anciens propriétaires les droits traditionnels. Il faut noter que la question foncière est de nos jours en mutation dans la zone d'étude. Même si les propriétaires terriens se refusent à admettre une monétarisation des droits traditionnels, on assiste de plus en plus à une vente des terres, à en croire les propos de certains enquêtés : « les propriétaires terriens vendent les terres (...) j'ai un ami qui a acquis ses terres au prix de quinze mille (15 000) francs CFA l'hectare dans la forêt classée ». Nous relate ce jeune de trente deux (32) ans. Quant aux femmes, elles ont accès à la terre par le biais de leurs maris mais elles ne peuvent toutefois prétendre au statut de propriétaire terrien. Elles exploitent des lopins de terre qui leur sont accordés pour des cultures dites secondaires : légumes, arachide, voandzou, niébé, sésame. Ces lopins de terre sont généralement de superficies moyennes. Les espaces forestiers sont aussi source de rivalité entre acteurs dans son usage. Ils opposent de plus en plus les agriculteurs et les éleveurs, dans la mesure où les zones de pâturage sont progressivement occupées par les champs et les espaces cultivés font l'objet de dégâts des animaux. 3.4.2. Conflits liés à l'appropriation des ressourcesOn distingue deux types de conflits dans l'appropriation des ressources de la FC de Dida. Le premier type oppose l'ensemble des exploitants aux services forestiers. Quant au deuxième type, il oppose exploitants entre eux, notamment les agriculteurs aux éleveurs. En effet, l'appropriation des ressources est sources d'externalités positives et négatives pour les acteurs en compétition dans la mesure où la FC est un espace de « non-exclusion ». Dans le cas de la FC de Dida, les activités des agriculteurs présentent des externalités négatives et positives pour les éleveurs et vice-versa. En effet, les éleveurs perçoivent la FC comme une zone de pâturage en régression qui se transforme de plus en plus en espaces agricoles et de plantation d'anacardiers. Comme externalité positives pour les éleveurs, les résidus agricoles des agriculteurs comme la paille, les feuilles (arachide, mil, sorgho et niébé) sont appétés par les animaux. A l'opposé, les déchets des animaux contribuent à enrichir les champs des agriculteurs. A ce titre, certains propriétaires n'hésitent pas à retirer au bout d'une ou de deux années les aires de 53 parcage des boeufs à des fins agricoles. Le reproche fait aux actions des troupeaux des éleveurs est la destruction des champs aussi biens de céréales que d'anacardes. De plus, l'encroûtement du sol dû au passage des animaux raréfie l'accès à l'Andropogon gayanus, herbe utilisée pour la toiture des habitations. Tous les acteurs sont unanimes qu'il existe des conflits dans la gestion des ressources. Les points de vue n e divergent légèrement que quand il s'agit d'en déterminer l'ampleur. La figure 16 ci-dessous illustre bien cet état de fait. 48% Fréquence de conflits 5% 47% Rares Fréquents Très fréquents Figure 16 : Perception de la fréquence des conflits par les enquêtés Ils représentent seulement 5% les ménages qui estiment que les cas de conflits entre agriculteurs et éleveurs sont rares, contre 47 % qui les estiment fréquents et 48 % très fréquents. Toute la problématique de la question des conflits réside dans leur mode de résolution. Les acteurs ne savent à quel «saint se vouer ». Quand les cas de conflits sont portés devant les préfectures, tribunaux départementaux, les acteurs se voient orientés vers les SDEDD. Là aussi, ils sont renvoyés dos à dos, les forestiers considérant agriculteurs et éleveurs en situation illégale, car s'adonnant à des activités illicites dans une FC. Et cette situation qui semble bénéficier aux éleveurs apparait aux yeux des agriculteurs comme une accointance entre éleveurs et forestiers, au détriment de leurs intérêts. A cela s'ajoutent les propos de certains éleveurs pour qui « ils ne peuvent payer la forêt et aussi payer les champs » , parce qu'ayant pris une autorisation de pâturage dans la FC, ils se disent alors être dans leurs droits. Par conséquent, à défaut de trouver une solution à l'amiable, à l'aide de machettes, les agriculteurs s'en prennent aux boeufs des éleveurs quand des cas de dégâts dans leurs champs sont constatés. Ces animaux blessés sont alors vendus le plus souvent au marché de Goté. Cette situation exacerbe les conflits entre éleveurs et agriculteurs et, les propos de 54 certains agriculteurs ne présentent nullement de bons augures. «Ces éleveurs là, nous allons les chasser d'ici » a laissé entendre le chef du village de Mado. On pourrait cependant se demander entre agriculteurs et éleveurs qui a le plus d'impacts négatifs sur la FC ? Pour le SDEDD, il n'y a aucun doute que ce soit les espaces agricoles et notamment les plantations d'anacardes et la culture d'igname qui ont tendance à uniformiser le paysage de la FC. Pour le chef du SDEDD, « on a longtemps pris pour cible les éleveurs alors que ce sont les agriculteurs qui détruisent plus la forêt ». Quand le débat est porté devant les acteurs eux-mêmes, il donne les résultats suivants présentés par la figure 17: 2% 94% Agriculteurs 4% Agriculture Elevage Pareils 10% Eleveurs 90% Agriculture Elevage Figure 17 : Activité ayant le plus d'impacts négatifs sur FC en fonction des acteurs Pour 94 % des agriculteurs, c'est l'élevage qui a un impact négatif sur la forêt. Il en est de même pour 90 % des éleveurs qui estiment que ce sont les agriculteurs qui sont responsables de la destruction constatée. Il apparait clairement que les acteurs se rejettent mutuellement la responsabilité de la dégradation des ressources de la FC. Il n'est pas étonnant que comme solution à cette situation, la proposition de chaque catégorie d'acteurs aille dans le sens de la consolidation de ses acquis, tout en interdisant pour l'autre. Dans cette situation de compétition, d'enjeux socio-économiques, quelles peuvent être les perspectives pour une gestion durable des ressources de la FC de Dida? 3.5. Perspectives de gestion durable de la Forêt Classée de DidaAucune perspective viable de gestion de la FC de Dida n'est possible si elle n'intègre pas un certain nombre de considérations liées essentiellement à la perception des ressources de la 55 forêt de la part des acteurs en présence, de leurs rôles et aussi du mode de gestion souhaité par la majorité des parties prenantes. 3.5.1. Perceptions liées aux ressources de la forêtPour la SDEDD, la FC de Dida est un écosystème en danger, menacé de disparition par des occupants illégaux qui y mènent des activités proscrites dans une forêt classée. Le titre de l'article paru dans le Journal le Pays N°5333 du lundi 08 Janvier 2012 illustre bien cette vision: « SOS pour la forêt classée de Dida ». Pour les autorités communales et régionales, Dida est une « forêt à problèmes » et surtout une question sensible tant sur le plan politique que social. Pour les héritiers des responsables coutumiers d'alors ayant signés l'acte de classement de la forêt, Dida reste la terre de leurs ancêtres sur laquelle ils ont perdu aujourd'hui tout contrôle. A l'image du chef du village de Mado, la FC de Dida représente pour les autochtones la terre qui les a vus naitre et sur laquelle ils souhaitent vivre et mourir. Quant aux allochtones, Dida est leur terre d'accueil, à laquelle ils doivent tout. Ces perceptions diffèrent aussi avec l'activité. Pour les agriculteurs, la FC de Dida est une terre exploitable et riche où la production est optimale. C'est pour les éleveurs un espace de pâturage idéal pour le bétail. Au delà de ces représentations par rapport à eux-mêmes, les acteurs ont des représentations différentes dès qu'il s'agit faire cette représentation par rapport à un autre acteur. Pour les occupants de la forêt, Dida est une manne financière pour les services forestiers. Ils n'hésitent pas à parler de « Banque Mondiale » pour les agents des eaux et forêts eût égard aux nombreuses verbalisations dont ils sont tout le temps victimes. En effet, 78 % des enquêtés ont déjà eu affaire au moins une fois aux services des eaux et forêts (voire annexe 2) et ont été verbalisés. Même si selon les Plans Communaux de Développement (PCD) de Ouo et de Mangodara la FC de Dida relève de Ouo, ce sont les agents de Mangodara qui interviennent le plus dans la forêt. Cependant, une mise en relation de l'activité menée et le fait d'avoir été verbalisé nous donne les résultats suivants consignés dans le tableau 7 : Tableau 7 : Situation de verbalisation des ménages en fonction de l'activité menée
56 On constate que tous les éleveurs (100 %) enquêtés ont été au moins une fois verbalisés par les services forestiers contre 72,9 % des agriculteurs. Cette catégorie d'acteurs affirme avoir eu le plus de démêlés avec les services de l'environnement. Les amendes payées ont varié entre cinquante mille (50 000) francs CFA et cinq cent mille (500 000) francs CFA. Le reproche qui leur est fait est le pâturage sans autorisation en forêt classée ou la coupe de certaines espèces végétales (Khaya senegalensis, Pterocarpus erinaceus, Afzelia africana) pour l'alimentation du bétail. La variation même du montant des infractions est jugée subjective par les populations. Pour le chef de poste du SDEDD, les amendes ont pourtant toujours été fixées en références au code forestier. En son article 259, ce code stipule: « sont punis d'une amende de cinquante mille francs à cinq cent mille francs (50.000F à 500.000F), et d'un emprisonnement de trois mois à deux ans ou de l'une de ces deux peines seulement, ceux qui procèdent à des défrichements non autorisés dans les forêts classées; ceux qui procèdent à la destruction d'essences forestières protégées ». L'article 260 du même code prévoit une amende de vingt mille francs à deux cent mille francs (20.000 F à 200.000 F) et d'un emprisonnement d'un mois à un an ou de l'une de ces deux peines seulement ceux qui laissent divaguer les animaux dans les forêts non ouvertes à leur pâturage. En ce qui concerne le pâturage, le SDEDD de Mangodara souligne qu'il est permis aux éleveurs sur une distance de 150 m à la périphérie des forêts classées sur autorisation. Une corrélation semble établie entre le fait d'être autochtone ou allochtone et celui de se faire verbaliser par les forestiers, comme le montre le tableau 8 ci dessous. Tableau 8 : Situation de verbalisation en fonction du statut de résidence
Il ressort du tableau 8 que 83,7 % (36 personnes sur 43) des allochtones ont déjà été verbalisé par les services forestiers contre 60 % des autochtones (9 personnes sur 13). En dehors du fait que les allochtones soient les plus nombreux dans la FC de Dida, il ya que ce sont eux qui disposent des grandes superficies exploitées. 57 3.5.2. Mode de gestionA la question de savoir comment ils trouvent la gestion actuelle de la FC de Dida, la quasi totalité des acteurs trouve qu'elle est mauvaise. Ils sont aussi tous unanimes qu'à ce rythme, dans une dizaine voir une quinzaine d'années, la forêt aura complètement disparue. Quand on interroge chaque catégorie d'acteurs sur le rôle joué par les autres acteurs, la tendance est à la remise en cause du rôle des autres. La position de l'administration forestière est sans ambiguïté: «Si la forêt est mal gérée c'est la faute des populations, installées en toute illégalité dans une forêt classée, et particulièrement des agriculteurs qui font des défriches pour les champs de céréales, de tubercules et d'anacardes ». Les communautés, quant à elles, estiment que ce sont les forestiers qui ont manqué à leur devoir qui devrait être de les accompagner de sorte que leurs activités aient moins d'impacts sur la forêt plutôt que de les verbaliser. Pour les personnes ressources, c'est l'Etat qui a failli dans son devoir d'assurer une gestion durable de cette forêt. Mais à la question de savoir quel devrait être le mode de gestion de cette forêt, les personnes
24% Mode de gestion 53% 14% 2% 7% AAC AC Coutumiers EAAC Etat Figure 18 : Mode de gestion souhaité par les enquêtés Cinq (05) modes de gestion au choix ont été proposés aux enquêtés. La gestion par l'Etat, la gestion par les coutumiers, la gestion associant les autochtones et les coutumiers (AC), celle associant autochtones allochtones et coutumiers (AAC) et enfin celle associant l'Etat, les coutumiers, les autochtones et les allochtones (EAAC). Plus de la moitié (53 %) s'est prononcé pour une gestion communautaire, contre 24 % pour une gestion par l'Etat et 14 % pour une gestion associant coutumiers, autochtones et allochtones. On peut en déduire que la 58 gestion actuelle, même décriée par l'ensemble des populations, est tout de même le mode de gestion souhaité par 24% d'entre eux. Une corrélation avec le statut de résidence permet de comprendre d'avantage ce choix, tel que présenté par la figure 19: Mode de gestion en fonction du statut
de
Etat C AC AAC EAAC total Mode de gestion Figure 19 : Mode de gestion souhaité en fonction du statut de résidence Il ressort du graphique que les allochtones sont les plus favorables à une gestion communautaire ou une gestion par les services de l'Etat, c'est-à-dire les services de l'environnement. En termes de proportions, 60,46% des allochtones sont favorables à une gestion communautaire contre 33,33% des autochtones. De même, ce sont 27,9% des allochtones qui souhaitent une gestion par l'Etat, contre seulement 13,33% des autochtones. 26,66% des autochtones penchent pour une gestion par les coutumiers ou par les coutumiers et les autochtones seuls. Ce qui peut être tiré comme information de ces données, c'est une tendance à la consolidation des acquis en termes de monopole sur la gestion des ressources par les autochtones. Par contre, les migrants se plaisent plus dans des schémas les intégrant davantage dans la gestion des ressources, ou à défaut, que la gestion incombe aux structures étatiques, ce qui apparait pour eux comme le moindre mal. Qu'en est t-il de la corrélation entre l'occupation principale et le mode de gestion souhaité? Les résultats sont présentés dans le tableau 9 : Tableau 9 : Relation entre le mode de gestion souhaité et occupation principale
59 On constate que 62,5 % des agriculteurs est pour une gestion communautaire (soit 30 sur 48), contre seulement 10 % des éleveurs (soit 1 sur 10). La moitié des éleveurs (50 %) est pour une gestion par les services de l'Etat, contre 18,8 % des agriculteurs. Une corrélation semble bien établie entre le mode de gestion et l'occupation principale des exploitants de la FC de Dida. Il apparait clairement que les éleveurs se plaisent bien dans le schéma actuel de gestion régie par les services des eaux et forêts car leur permettant de trouver avec cette catégorie d'acteurs des situations de compromis. Toutefois, quelque soit le mode de gestion souhaité par l'ensemble des acteurs, la gestion de la FC de Dida passe par l'épineuse question de son occupation pour laquelle il faudra bien trouver une alternative. 3.5.3. Alternative souhaitéePlusieurs tentatives de déguerpissement des « occupants illégaux» de la FC de Dida ont été entreprises ces dix (10) dernières années et se sont tous soldées par des échecs. Les premières tentatives réelles ont débuté en 2003 quand les services de l'environnement ont tenté de déguerpir mani militari les occupants de la FC. Cette date du 03 mai 2003, le chef du village de Mado s'en souvient: « ils sont venus nous chasser sans même nous prévenir. Ils ont brulé sous mes yeux le toit de ma maison. Pendant des jours, nous étions obligés de dormir dehors (...) sous la pluie ». D'autres actions seront entreprises en 2007 et 2009. En 2013, des délais de déguerpissement pour le 31 janvier et le 28 février 2013 ont été annoncés et sont restés sans suite. Pour mieux comprendre ce statu quo, il faut remonter à janvier et février 2012 où, les dernières missions de sensibilisation en vue d'inciter les occupants au départ volontaire ont été entreprises. Le 14 mars de la même année, environ trois cents (300) occupants prennent d'assaut le Gouvernorat des Cascades9. Ils sont reçus en entretien par le Gouverneur des Cascades qui leur demande de formuler leurs doléances à lui transmettre. Après une assemblée générale tenue à Goté le 25 mars, plusieurs doléances sont formulées par les occupants : (i) la détermination d'un site pour l'ensemble des occupants; (ii) l'indemnisation des population à concurrence de un million (1 000 000) de francs CFA par hectare d'anacardes, deux cent mille (200 000) francs CFA pour les maisons en tôles, cinquante mille 9 Journal Le Pays N°5073 du 19 mars 2012 60 (50 000) francs CFA pour les cases en chaume ou en paille; (iii) l'octroi d'un délai de trois (03) mois minimum à compter de la date du versement effectif de ces indemnités. Par ailleurs, les occupants souhaitent l'arrêt et ce jusqu'à la décision définitive sur leur sort par l'état, des exactions, des spoliations, des brimades, de la terreur, des tortures et des emprisonnements abusifs infligés aux populations par les agents du SDEDD, sous peine de révolte populaire aux conséquences imprévisibles10. Dans le même rapport, les occupants estiment la population de seulement quatre villages (Wankoro, Goté, Sassamba et Mado) à vingt trois mille quatre vingt quatorze (23 094) habitants et les superficies exploitées dans la forêt à quarante deux mille deux cent quatre vingt douze (42 292) hectares, comme présenté dans le tableau 10 : Tableau 10 : Situation des populations et superficies exploitées dans la FC de Dida
Sources: Rapport AG du 25 mars 2012 Nonobstant l'inexactitude de l'effectif total du nombre d'habitants qui devrait être de 23054 (dû à certainement une erreur de calcul pour un travail fait à la hâte), et le fait que ces chiffres ne représentent que la situation dans seulement deux villages et deux hameaux de cultures, ils sont loin de refléter la réalité. D'abord, pour qui connait Goté et Sassamba, la simple observation permet d'en déduire que le second est bien plus peuplé que le premier. Or, dans cette évaluation telle que présenté, Goté fait près de dix fois le village de Sassamba. Paradoxalement, le ratio superficie exploitées par nombre d'habitant est de 11.24 à Sassamba, 0,90 à Goté, 1 à Mado, et 1,31 à Wankoro. Si l'on considère la moyenne du nombre de personnes par ménage au regard des données de terrain, chaque ménage de quatorze (14) personnes à Sassamba posséderait environ cent cinquante sept (157) ha toutes cultures confondues contre seulement 12 ha à Goté. Lors de la rencontre avec le conseiller du village de Sassamba, ce dernier reconnaitra que cette évaluation a certes été faite à la hâte, mais, reste certain qu'elle peut être en deçà des réalités mais pas le contraire. A la DREDD, on estime que ces chiffres sont loin d'être une 10 Rapport AG du 25 mars 2012 61 réalité dans la mesure où la population de l'ensemble des habitants installés dans la FC de Dida est estimée à 8164 habitants11. Pour le chef de poste du SDEDD, le laxisme de l'Etat et le manque de fermeté ont poussé les populations à durcir davantage leur position et à exiger des conditions, et ce depuis que toute action de la part des services forestiers sans autorisation préalable du Gouverneur des Cascades dans la FC de Dida leur a été formellement interdite. A la question de savoir quelles seraient les conditions préalables à leur départ de la forêt classée, la position des occupants n'a pas vraiment varié. Ils estiment que dédommagement et délocalisation vont de paire à l'image de cette veuve de quarante (40) ans dans le village de Diaradougou: « même si on me montre un coin aujourd'hui pour aller, quels moyens j'ai pour pouvoir construire un autre logement en dehors de ce que mon mari défunt a laissé ? ». A défaut de pouvoir bénéficier des deux options, majoritairement les exploitants optent pour la délocalisation comme le montre la figure 20: 83% Préalable à l'apurement de la FC 17% Dédommagement Délocalisation Figure 20 : Option voulue par les populations pour libérer la FC de Dida Environ 83% des enquêtés optent pour la délocalisation, contre seulement 17% pour le dédommagement. Elle reflète une volonté de pouvoir trouver un endroit et continuer les activités. Cet agriculteur originaire de la Région du Yatenga (une zone sahélienne du Burkina) et installé dans la FC de Dida depuis 1983 explique: « même si on me donne aujourd'hui de l'argent et que je dois retourner chez moi, je ne pourrai pas produire parce que j'ai quitté à 11 Communication DR de janvier 2013 62 cause de la sécheresse. (...) si la situation là-bas ne s'est pas empirée depuis que j'ai quitté, je suis sûr que ca ne s'est pas non plus amélioré ». Cependant, il reste aussi évident que le choix du dédommagement est une option choisie par d'autres occupants. Un examen du profil de ceux qui feraient cette option permet de comprendre davantage leur position comme le montre le tableau 11 : Tableau 11 : Option d'apurement de la FC en fonction du statut de résidence
Ce tableau montre que le dédommagement est souhaité pour 40% des autochtones contre 9,3% seulement des allochtones. Cela implique la possibilité que certains occupants, notamment les autochtones, contrairement à ce qu'ils font croire, ont des possibilités de pouvoir se réinstaller dans leur villages d'origine. C'est du reste cet avis que partage le chef de service de la DDEDD pour qui « beaucoup d'occupants ont des champs et des résidences ailleurs ». Ceci pourrait être vrai pour certains autochtones comme cet homme de quarante deux (42) ans installé à Wankoro et disposant de terres cultivables mais non exploitées, pour dit-il « parer à toute éventualité ». Quant aux allochtones, le tableau a montré que très peu sont favorables au dédommagement. Ceux qui le sont se sont avérés être tous des peulhs qui mènent comme activité principale l'élevage. Peuples nomades au Burkina et constamment en quête de pâturage pour leurs animaux, il est bien probable qu'une sédentarisation ne soit pas une bonne option pour eux. D'ailleurs, la plupart d'entre eux s'est installée dans la FC de Dida entre 2000 et 2010 en provenance de localités voisines comme Dissin, Banfora, Sidéradougou ou la Côte d'Ivoire. Cet éleveur installé dans le village de Mado depuis 2010 en provenance de Sidéradougou et disposant de vingt (20) boeufs n'a pas caché son intention de se retrouver en Côte d'Ivoire si le déguerpissement devrait être une réalité. La difficulté liée à la délocalisation est de savoir où réinstaller les occupants de la FC de Dida. Pour la DREDD, cette question ne doit pas être d'actualité puisque « chacun est supposé avoir un lieu de provenance ». La situation est d'autant plus complexe qu'aucun enquêté ne s'est véritablement prononcé sur la question, considérant qu'il appartient à l'Etat de faire des 63 propositions, mais aussi attrayant que les terres fertiles de la FC de Dida. Les propriétaires terriens des villages de Diarakorosso, Noumoukiedoudou, Mourkoudougougou et Tiebata dans la commune de Mangodora ont unanimement émis de sérieuses réserves quant à leurs capacités d'accorder des espaces cultivables aux éventuels déguerpis. « Y a plus de terre. Où on va les mettre?»: se demande le chef de terre de Mourkoudougou. Dans la perspective du déguerpissement manqué de 2009, des concertations avaient été entreprises avec l'ensemble des villages riverains pour l'accueil des déplacés, avec échos favorables de la part des propriétaires terriens. Mais le manque de suivi, selon le chef du SDEDD, n'avait pas permis d'entériner cette alternative. Il est bien possible qu'avec le temps certains soient amenés à se rétracter si un véritable plaidoyer n'est pas entrepris auprès de ces garants de la tradition. Du coté des mairies c'est le même scepticisme est parfois affiché. Le Maire de la commune de Mangodara, l'Adjoint au Maire de la commune de Ouo et le Maire de Djigouè se disent peu enclins à trouver des espaces pour les occupants de la FC de Dida, mais considèrent qu'il y'a nécessité d'aborder la question avec l'ensemble des acteurs pour en étudier la faisabilité. Or, la densité12 des communes de Mangodara, de Ouo et de Djigouè sont respectivement de 18,71 hbts/km2, 8,14 habitants/km2 et 20,97 habitants/km2 pour une moyenne nationale de 51,4 habitants/km2. C'est dire que de façon théorique, les possibilités sont grandes, surtout dans le département de Ouo qui est le moins dense. Pour autant tous les problèmes de la FC de Dida ne seront pas résolus avec la délocalisation ou le déguerpissement. Il conviendrait de se pencher sur les perspectives d'une gestion à long terme de cette forêt. 3.5.4. Perspectives de gestion durableLa problématique de la gestion durable de la FC Dida va au-delà de la simple question de son apurement. Elle se pose en terme de savoir quelle stratégie mettre en place pour permettre une gestion durable de ce potentiel? Même si l'ensemble des acteurs s'est prononcé en majorité pour une gestion visant une implication de tous, plusieurs goulots d'étranglements doivent être pris en compte au regard de la complexité de la question. En effet, la situation de Dida se présente comme suit: une forêt aux limites imprécises concédée par des propriétaires terriens de la commune de Mangodora, qui relève 12 Ces densités ont été obtenues sur la base des données du RGPH 2006, en divisant la population totale sur la superficie de la commune 64 administrativement de la commune de Ouo, occupée par des populations majoritairement venant de la commune de Djigouè et contiguë au Parc National de la Comoé (PNC) en Côte d'Ivoire, lui aussi occupé par des populations. Cinq (05) paramètres dont il faut absolument tenir compte dans une perspective de gestion durable. C'est en cela qu'une approche systémique du problème est la seule option viable. De plus, les autorités ivoiriennes ont entrepris le déguerpissement mani militari des occupants (des burkinabè pour la plupart) du PNC, qui à la faveur du statu quo actuel dans la résolution de la question de Dida, pourraient trouver en cet espace un point de chute. Quant à la gestion proprement dite, elle ne peut se faire que dans le respect des règles édictées par la loi forestière mais dans une perspective d'analyse des avantages comparatifs. Au Burkina-Faso, trois (03) formes de gestion existent aujourd'hui pour les aires classées : la gestion en régie par les services forestiers en concertation avec les populations, la mise en concession au profit d'opérateurs privés et la mise en concession au profit d'opérateurs communautaires (associations ou groupements) (MECV, 2004). Trois (03) scenarii peuvent donc être envisagés avec leurs avantages et leurs inconvénients. Scenario 1 : gestion en régie par les services forestiers en concertation avec les populations. Ce scenario part déjà avec le désavantage d'être le mode de gestion actuel de la FC de Dida tant décrié par l'ensemble des acteurs. Son avantage majeur serait d'assurer le droit régalien de l'Etat en matière de gestion des ressources forestières et d'engendrer des recettes pour le trésor public. Mais la possibilité pour l'Etat d'assurer cette gestion au regard de ses capacités est loin d'être une évidence. La surveillance et le contrôle des aires classées du pays requièrent des moyens humains et logistiques importants en raison de leur nombre relativement élevé. Le manque de moyens humains, financiers et matériels constitue un handicap sérieux. Pour preuves, le SDEDD pour la gestion n'a que six (06) agents, trois (03) motos et un véhicule hors d'usage, et seulement quatre (04) motos fonctionnels. Comme moyens financiers, il reçoit du trésor public par trimestre des bons de carburants d'une valeur de sept mille cinq cents (7500) francs CFA (pourtant le contrat d'objectif assigné à ce service est de dix (10) millions de francs CFA par an). En absence de tout financement, la surveillance, le contrôle de cette forêt sera difficile. Le SDEDD affirme être en phase d'élaboration d'un projet de près de deux cents (200) millions francs CFA à soumettre aux bailleurs de fonds. Il est peu probable que l'Etat puisse disposer de ressources pour financer 65 un tel projet. Le « Projet d'ouverture de la limite péricentrale de la Forêt Classée de Dida située dans la province de la Comoé » d'un montant de six millions deux cent six mille quatre cent cinquante (6 206 450) francs CFA de 2011, celui de l' « apurement de la FC de Dida » d'un montant de cinquante trois millions huit cent dix neuf mille six cent quatre vingt douze (53 819 692) francs CFA élaboré en 2013 n'ont encore pas reçu d'écho favorable. Le contexte international est aussi peu favorable aux financements accordés aux institutions étatiques. C'est dire qu'une gestion par les services forestiers, quelque soient les garantis d'implication des communautés locales manquera de capacités de mobilisation des ressources financières pour une gestion de la FC de Dida. Scenario 2 : mise en concession au profit d'opérateurs privés. Les concessions privées abondent au Burkina-Faso. Elles sont, au sens du Décret 97-054/PRES/PM/MEF, des périmètres sylvicoles aménagés faisant l'objet d'un titre de propriété ou de jouissance au nom d'une personne physique ou morale de droits privé (MEDD, 2011). Elles ont vu le jour à la faveur de la politique de concession d'un certain nombre d'aires protégées aux acteurs du secteur privé et des Organisations de la Société Civile (OSC) en 1997. En effet, l'article 33 du code forestier stipule que « les personnes physiques ou morales de droit privé sont propriétaires des forêts qu'elles ont légalement acquises ou qu'elles ont légalement plantées. Les personnes physiques ou morales de droit privé ne peuvent être propriétaires des forêts que moyennant la détention d'un titre régulier de jouissance sur le sol ». L'ensemble de ces concessions privées sont d'intérêt cynégétique. On peut citer entre autres les concessions de chasse de Pama (275 474 ha), de Pangou-Tandougou (35 000 ha), de Singou (177 394 ha), de Konkoumbouri (65 000 ha), de Kondio (51 000 ha), etc. (voire carte en annexe 3). Dans ces concessions, se pratiquent la chasse et le tourisme de vision. Les espèces fauniques présentes sont les éléphants (Loxodonta africana), les hippotragues (Hippotragus equinus), les bubales (Alcelaphus buselaphus major), les cobs rudunca, les cobs défassa (Kobus ellipsiprymnus defassa), les céphalophes (Cephalophus rufilatus), les ourébis (Ourebia ourebi), les phacochères (Phacochoerus africanus) et les singes (UICN-PAPACO, 2012). Par conséquent, pour qu'un privé puisse s'intéresser à la FC de Dida, il faudrait prouver sa rentabilité, notamment sa richesse faunique. Or, dans le cas présent, aucune véritable étude n'a été menée dans ce sens. De plus, à l'état actuel d'anthropisation de cette forêt, et au regard des entretiens réalisés sur le terrain, tous les grands mammifères susceptibles d'intéresser le secteur privé ont totalement disparu. La reconstitution de cette 66 biodiversité faunique nécessitera des années, avec un investissement colossal. La probabilité à l'heure actuelle que le secteur privé s'intéresse à la FC de Dida est très mince. Scenario 3 : mise en concession au profit d'opérateurs communautaires Le troisième scenario possible dans le cas de la FC de Dida est sa mise en concession au profit d'operateurs communautaires. C'est l'option souhaitée par la grande majorité des populations riveraines de la FC. Avec la loi n°055/2004/AN du 21 décembre 2004 portant Code Général des Collectivités Territoriales (CGCT), le processus de décentralisation au Burkina-Faso est en marche. Cette option pourrait être envisageable dans le cas de la FC de Dida. En effet, pour le Secrétaire Exécutif de l'AGEREF/CL, « ce sont les communautés qui ont plus à gagner dans la conservation des ressources naturelles ». Par conséquent, plus elles seront intégrées dans la gestion des ressources, mieux elles pourront adhérer au processus. Aussi, cette option a l'avantage d'avoir l'onction d'éventuels bailleurs de fonds capable d'accompagner ces populations sur cette voie. La proximité d'expériences comme celles des Associations Inter villageoise de Gestion des Ressources Naturelles et de la faune de la Comoé Léraba (AGEREF/CL) et de Boulon/Koflandé (AGEREF/BK) peuvent être utiles. En effet, la Forêt Classée et Réserve Partielle de Faune de la Comoé Léraba (FCRPF/CL), pour ne parler que de celle-là, d'une superficie de cent vingt cinq mille (125 000) hectares est, au Burkina-Faso, la première expérience de forêt concédée à une association inter villageoise par contrat de concession de gestion n°2001-01/737/MEE/SG/DGEF du 25 octobre 2001. Grâce à l'appui financier de partenaires nationaux et internationaux, l'AGEREF/CL reste de nos jours un modèle en matière de gestion communautaire des ressources naturelles. Cependant, ce modèle de gestion communautaire a pour faiblesse majeure la capacité technique des structures villageoises à assurer cette gestion. De plus, en tant qu'entités composites, il y'a bien à craindre que les acteurs en présence aient des intérêts divergents qui pourraient dangereusement compromettre ce mode de gestion. Quelque soit le scenario adopté pour une gestion durable de la FC de Dida, il se doit de tenir compte de la situation frontalière de cette forêt. Des concertations doivent être entreprises avec la partie ivoirienne pour une synergie d'action. Mais de toute évidence, de tous les scenarii proposés, la gestion communautaire apparait comme la mieux adaptée aujourd'hui à la FC de Dida, à condition que le renforcement des capacités des acteurs locaux constitue un principe de base. 67 CHAPITRE 4 : DISCUSSIONL'étude menée sur la FC de Dida met en relation des acteurs guidés par des motivations complexes et orientées surtout vers la protection de leurs intérêts et le renforcement de leur mainmise sur les ressources naturelles. La problématique de cette forêt pourrait s'articuler autour de trois thématiques : la pression sur les ressources comme source de revenus, la question du respect des lois et la gouvernance environnementale dans le contexte de la décentralisation. ? La pression sur la forêt comme source de revenus Des résultats de cette étude, il ressort que l'existence des populations aussi bien installées dans la FC de Dida que riveraines dépend étroitement des ressources de la forêt, par la pratique surtout de l'agriculture itinérante et du pâturage. Ces populations sont attirées par les terres de la forêt classée comme l'a tantôt affirmé MALDAGUE (2003). Il est indéniable que les revenus tirés par ces populations locales de ces ressources sont substantiels. C'est cette rentabilité relative qui est à la base du degré actuel d'anthropisation de cette forêt, et des échecs répétitifs des tentatives de son apurement. Le mode de culture en lui même, associant cultures vivrières et cultures de rente (anacardes) tend à une sédentarisation des populations, préjudiciable à l'espace forestier, et engendrant une uniformisation de la biodiversité floristique. De plus, la dynamique des exploitants en termes de pression sur les ressources, combinant intensification à travers l'utilisation des engrais chimiques, et extensification par l'emblavement quasi annuel de nouvelles superficies, compromet dangereusement l'existence même de ce massif. Dans le cas d'un autre pays pauvre, la République Démocratique du Congo (RDC), BAMBA (2010) soutient que la forêt constitue un moyen de subsistance, une source de revenus financiers, une source d'activités économiques et d'investissements et un réservoir de terres arables pour l'agriculture itinérante. Dans cette situation, se pose le dualisme entre les enjeux économiques des populations et la conservation des ressources forestières. Cette vision corrobore celle de HUYBENS et TCHAMBA (2012) pour qui il est malheureusement à craindre que, dans le contexte actuel, l'aspiration légitime des peuples au développement économique et à l'amélioration de leurs conditions de vie aille à l'encontre de la préservation de nos dernières forêts, avec la disparition corollaire des services économiques et environnementaux qu'elles parviennent encore tant bien que mal à nous procurer. Il est aussi évident que les populations locales perçoivent peu la rentabilité de la sauvegarde des espaces forestiers, pourtant propice à l'agriculture. Cette forêt empiète, de leur point de vue, 68 sur leurs activités agricoles. Elle « dérange ». D'où une remise en cause constante de ses limites. Elle dérange d'autant plus qu'elle est souvent perçue comme ayant une valeur moindre que celle que peut générée une conversion en terres agricoles. Il y a alors nécessité de trouver un juste milieu pour permettre à ces espaces forestiers de remplir leurs fonctions écologique, économique et social. C'est pourquoi KARSENTY (2008) estime que la gestion des espaces forestiers ne peut alors se faire indépendamment de celle des espaces agricoles car tous deux obéissent à la même logique et, doivent participer aux mêmes objectifs de développement durable. ? Le respect de règles de gestion en question Dida pose aussi la question de l'établissement des règles et de leur respect par l'ensemble des acteurs. Le code de l'environnement est assez explicite en matière de gestion des forêts classées. Il stipule entre autre la matérialisation des forêts ayant fait l'objet de classement, l'élaboration d'un plan d'aménagement et la participation des populations dans la gestion. Dans notre cas, aucune de ces règles n'a véritablement été respectée par les structures étatiques. Pour KONE et al. (2012), (citant LAUGINIE, 2007) bien souvent, « les cadres législatifs sont solides et les causes de mauvaise gestion sont à rechercher au niveau de l'application des lois ». Elles seraient donc consécutives soit à la méconnaissance de ces lois, soit à leur violation délibérée par les individus. Les villages et hameaux de cultures illégalement installés dans la FC de Dida dépeignent cette situation. Aussi, les questions liées à la concertation des acteurs contribuent aux difficultés de l'apurement de la forêt. Dans la FC de Dida, la réalisation des infrastructures hydrauliques (forages) et même des écoles est assez illustrative. Dans une étude en RCI menée par KONE et al. (2012), la même situation est constatée. Pour eux, alors que le ministère en charge de l'environnement s'évertuait à exfiltrer les populations installées dans certaines aires protégées, le ministère en charge de l'éducation nationale y soutenait la construction d'écoles et y affectait des fonctionnaires. Il importe donc d'élaborer et de mettre en oeuvre une bonne stratégie de communication et des stratégies d'action plus cohérentes qui fédèrent toutes les institutions concernées. ? La gouvernance environnementale dans le contexte de décentralisation Dans une perspective de gestion durable de la FC de Dida, les personnes rencontrées sont unanimes sur la nécessité d'y impliquer l'ensemble des acteurs. Au regard aussi des différents 69 scenarii présentés, cette option demeure l'une des meilleures pistes envisageables. Mais pour que cette cogestion soit efficace, elle se doit d'être basée sur une forme d'entente officielle, qui édicte clairement l'élaboration de politique, la planification, l'établissement de règles, l'investissement, la répartition des revenus, le suivi et l'exécution des règlements, l'arbitrage des conflits, et le suivi des mesures (RIZZOTTI, 2012). Cela implique que les responsabilités et les devoirs de chacun soient définis et validés par une structure étatique et officielle, afin de transférer la légitimité de la gestion aux communautés. C'est dans ce sens qu'il est impératif dans le cas échéant d'élaborer un plan d'aménagement pour la FC de Dida. Les difficultés liées à la gestion de la FC de Dida interviennent aussi dans un contexte national de décentralisation. En reconnaissant aux collectivités territoriales le droit de s'administrer librement et de gérer les affaires locales en vue de leur développement, la loi a ouvert la voie à la gouvernance locale des ressources naturelles communes. Pour RDB (2008), Ce n'est qu'un juste retour des choses car les populations se sont toujours considérées comme les propriétaires légitimes de ces ressources. Même si dans le cas du Burkina le transfert des ressources naturelles aux collectivités territoriales n'est pas encore effectif, cette décentralisation pourrait vite se trouver à l'épreuve de la gouvernance environnementale. Un des handicaps majeurs des communes rurales en particulier est l'absence de compétences. Les collectivités territoriales manquent de ressources humaines dotées d'expertise suffisante pour la gestion des compétences transférées. Pour RDB (2008), si ce processus peut constituer une opportunité pour une bonne gestion, il pourrait, si on n'y prend garde, receler des obstacles et des pièges susceptibles d'hypothéquer la gestion durable des ressources renouvelables. En effet, pense LEFEE (2005), en terme de gestion de ressources naturelles, l'enjeu de pouvoir se focalise principalement sur la question de savoir qui va contrôler les ressources. La mise en place d'une gestion locale dans le cadre de la décentralisation va redéfinir donc le système de pouvoir dans son ensemble, ce qui déclenchera de fait un processus de redistribution des modes d'autorités. Ce processus suscite d'autant plus d'intérêts qu'il a pour objet central les ressources forestières, leur gestion étant perçue comme une opportunité de contrôle. Cette situation pourrait alors conduire à la « tragédie des communs» de HARDIN (1968) cité par YELKOUNI (2005), pour qui, la conjugaison des propriétés de « non-exclusion» d'une ressource collective et de rivalité dans son usage par les agents économiques peut conduire à sa ruine. C'est pourquoi pour KOUAGIO (2012), la gouvernance décentralisée pose des défis et des opportunités pour le renforcement des 70 capacités. Les communautés locales ont besoin de connaissances techniques et de compétences pour une gestion durable de leurs forêts. Quant à SEYNI (2012), s'appuyant sur des études d'ANDERSON et al. (2006), AGRAWAL ET OSTROM (2001), et AGRAWAL et RIBOT (1999), l'auteur en arrive à la conclusion que plusieurs études ont souligné les vertus de la décentralisation, considérée comme un moyen de donner aux populations locales plus de droits sur les ressources et aussi comme un processus de redistribution du pouvoir. Cette vision optimiste des choses est cependant remise en cause par AUBERTIN et al. (2008). Pour ces auteurs, les attentes suscitées par la participation locale ont souvent été déçues, remettant en cause les approches communautaires. Une critique d'essence politique a montré que pour des raisons à la fois propres aux structures sociopolitiques locales, aux influences politiques nationales et aux réseaux économiques internationaux, la conservation basée sur l'intéressement local est souvent un échec. De ce fait, la présentation des milieux locaux comme meilleure organisation politique de gestion de la biodiversité s'apparente, pour AUBERTIN et al. (2008), « plus à une construction rhétorique qu'à une réalité de terrain ». Dans le cas spécifique de Dida, cette forêt, se situant à cheval entre plusieurs communes va nécessiter alors d'imaginer et de construire une gestion concertée de ses richesses par deux ou plusieurs collectivités territoriales, pour réduire les risques de conflits entre populations, collectivités territoriales ayant en partage lesdites ressources. C'est à juste titre qu'il faudra soutenir avec TREFON (2008) que des efforts significatifs en matière de prise de conscience, de communication, de renforcement des capacités et du renforcement de la société civile seront nécessaires si l'on veut véritablement espérer que tous les acteurs acceptent et mettent en pratique les principes énoncés dans le cadre d'une probable gestion participative. 71 CONCLUSION ET RECOMMANDATIONSLe taux de déforestation dans la FC de Dida est passé de 4,57% en 1992 à 34,75% en 2002. De 2002 à nos jours, cette tendance semble s'être poursuivie et au regard de la disparition de la quasi-totale de la biodiversité faunique, sans risque de se tromper, on peut dire que cette unité de conservation de la faune, aujourd'hui, n'existe en réalité que de nom. Premièrement, l'absence de propositions concrètes pour une délocalisation probable des populations au sein de cette forêt a contribué à renforcer l'intensification et surtout l'extensification des activités agricoles mais aussi pastorales. Ce sont désormais de grandes superficies qui sont mises en culture dans la forêt, ce qui corrobore notre première hypothèse de recherche. Deuxièmement, la situation conflictuelle est fortement présente et en dehors de cadres légaux de règlement des différends entre acteurs, chacun dorénavant se rend justice, contribuant à rendre malsain l'environnement social. Les conflits selon les acteurs eux-mêmes sont fréquents, et même très fréquents, une hypothèse que nous avons aussi émise en début de recherche. Enfin troisièmement, l'ensemble des parties prenantes trouve la nécessité d'avoir une approche communautaire dans une perspective de gestion durable de la forêt, comme nous le supposions. Il y'a nécessité absolue aujourd'hui d'agir dans l'urgence, parce que Dida est un patrimoine en péril. La perspective de sa gestion durable ouvre la voie à des recommandations à l'endroit des autorités politico-administratives dont la mise en oeuvre doit être un processus qui passe par les étapes suivantes : - la mise en place d'un cadre permanent de concertation impliquant l'ensemble des parties prenantes (chefs de terres, autorités des communes riveraines, autorités politico-administratives, coutumières et religieuses, conseillers et chefs des villages et hameaux de cultures, etc.) en vue de rétablir le dialogue et d'entreprendre des négociations pour une délocalisation des exploitants de la FC de Dida ; - le recensement de l'ensemble des exploitants de la forêt pour avoir une réelle idée des effectifs des exploitants de la forêt; - la désignation des sites potentiels d'accueil des occupants dans les communes de Mangodara, Ouo et Djigouè, en collaboration avec les occupants de la FC ; 72 - la délimitation complète et participative des limites de la FC, comme souhaité par la plupart des enquêtés, et l'ouverture mécanique des pistes périmètrales ; - le renforcement de l'accompagnement des producteurs dans l'appropriation de nouvelles techniques agricoles et leur accompagnement dans la mise en oeuvre d'activités génératrices de revenus; - le renforcement de la sensibilisation et de l'éducation environnementale pour l'ensemble des populations des villages riverains de la FC et des populations déplacées; - le renforcement de l'accompagnement des populations déplacées par la réalisation d'infrastructures socio-sanitaires (écoles, forages, CSPS) ; - le renforcement des capacités humaines et matérielles des SDEDD des communes riveraines de la FC (communes de Ouo, Mangodara et de Djigouè) ; - l'élaboration du plan d'aménagement pour la FC de Dida. - dans une approche de gestion intégrée, redynamiser la concertation avec la partie ivoirienne et y intégrer les acteurs des forêts communautaires environnantes (AGEREF/CL et AGGEREF/BK). Cela aura pour avantage de favoriser les contacts institutionnels entre les responsables des aires protégées des deux pays, et fournira aussi un cadre juridique et politique qui peut déboucher sur des initiatives communes. De toute évidence, la mise en oeuvre de toutes ces recommandations va nécessiter un investissement humain, matériel et financier. C'est pourquoi, il est du ressort de l'Etat de trouver les sources de financement pour permettre la mise en oeuvre effective du processus. La mise en oeuvre du processus REDD+ pourrait représenter une opportunité de financement intéressante pour ce massif forestier dont l'importance pour le Burkina-Faso n'est plus à démontrer. 73 BibliographieAUBERTIN C. et RODARY E., 2008. Aires protégées, espaces durables ?, Institut de Recherche pour le Développement, Marseille, France. 276p. AUBERTIN C., PINTON F. et RODARY E., 2008. 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78% Porportion ayant été verbalisée 22% Non Oui Annexe 2 : Proportion des enquêtés ayant déjà été verbaliséeAnnexe 3 : Les aires de conservation du Burkina-Faso Concession de chasse du Deli Concession de chasse de Pama centre - nord Concession de chasse de Ougarou --anch de gibier du Singou Reserve Sylvo-pastorale et partielle du Sahel Concession de chasse de Say Sourou Foret classee des deux Bale Foret classee de Pa Reserve de la Biosphère Reserve de faune de Bontioli Foret classee de la sissili Concession de chasse de Pagou - Tandougou Concession de chasse de Tapoa-Djerma arc National du W Concession de chasse de la Kourtiagou Concession de chasse de Koakrana Foret classee Reserve totale de faune d'Arli Concession de chasse de Pama centre - sud Concession de chasse de Pama sud Foret classe et ranch de Nazinga Parc National Kabore Tambi Concession de chasse de Konkombouri Foret classee de la Comoe Leraba Foret classee du Kou bi Source = IJIGN 2009 Armel Saidou 3AKAYOKO Février 2013 LEGENDE Localisation des aires fauniques Plan d'eau Limite administrative III Dida IV Questionnaire ménage Ce questionnaire a été élaboré dans le cadre de la recherche intitulée « enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la Forêt Classée de Dida (FCD) » Village : N° du Ménage 1. Caractéristiques sociodémographiques du ménage (en temps qu'unité de résidence et de consommation) 1.1. Nom et Prénom(s) du chef de ménage 1.2. Age (ou date de naissance) 1.3. Sexe : M F 1.4. Religion: 1.5. Ethnie: 1.5. Situation matrimoniale Célibataire sans enfant Célibataire avec enfant Marié Monogame Marié Polygame Divorcé Veuf/Veuve 1.6. Niveau d'instruction Aucun niveau Primaire Secondaire Supérieur Coranique Alphabétisé
V 1.8.Nombre de personnes dans le ménage (ne considérer que les résidents permanents)
1.9. Statut de résidence Autochtone allochtone Si allochtone localité de provenance Date . Raisons : 2. Forces et moyens de production du ménage 2.1. Activité principale : . 2.2. Activités secondaires agricoles ? . A quelle distance se trouvent vos champs? 2.4.Quelle sont les superficies agricoles emblavées ces cinq (05) dernières années
2.5. Cinq principales cultures
VI 2.6.Pour chacune des cinq cultures quelle est la part autoconsommée ?
2.7.Activités réalisées dans la forêt
2.8.Pour les produits vendus, où les rendez-vous ? 2.9. Utilisez-vous les forces de production suivante pour l'agriculture? Asine coût par ha Bovine : coût par ha Tracteur : coût par ha 2.10. Utilisez-vous des feux comme moyens dans vos pratiques culturales? Oui Non 2.11. Associez-vous l'agriculture avec la foresterie (agroforesterie) dans vos différents champs? Oui Non Si oui quelles sont les essences forestières que vous utilisez pour le reboisement? VII 2.12. Quel est le temps de jachère de vos différents champs agricoles ? 2.13. Quelles sont les difficultés majeures auxquelles les exploitants agricoles sont confrontés? 2.14. Appartenez -vous à une association ou à un groupement? Si oui que fait l'association ou le groupement ? 2.15. Avez-vous déjà reçu une formation dans n'importe quel domaine? Si oui quel type de formation ? 2.16. Existe-t-il des projets ou des ONG qui vous appuient dans vos activités agricoles? Oui Non Si oui énumérez-les et décrivez le type d'appui : Disposez-sous d'un compte dans une institution de micro-finance ? Avez-vous accès au crédit agricole ? Si oui quelles sont les conditions ? 3. Gestion durable de la forêt classée 3.1.Que représente la forêt classée pour vous ? Qui est chargé de sa gestion actuelle ? 3.2. Quel rôle joue l'Etat ? Comment appréciez-vous ses actions ? 3.4. Quel est le rôle que jouent les autorités coutumières ? Comment appréciez-vous leurs actions ? 3.5. Quel est le rôle joué par la communauté ? Comment appréciez-vous ses actions ? VIII 3.6. Quel doit être selon vous le mode de gestion de cette forêt? Etat seul Coutumiers seuls Autochtones + coutumiers Autochtones + allochtones + coutumiers Etat+ Autochtones + allochtones + coutumiers 3.7. Vos activités ont-elles des impacts négatifs sur les ressources naturelles de cette forêt? Oui Non Si oui lesquels? Et quelles sont les ressources qui sont le plus touchées par ces activités 3.8. Quelles solutions proposez-vous pour réduire les impacts négatifs des activités anthropiques sur la forêt ? 3.9. Quel type de rapport entretenez-vous avec les forestiers ? 3.10. Que pensez-vous de la gestion des ressources de FCD? 3.11. Que doit-on faire pour améliorer cette gestion? Et par qui ? 3.12. Existe-t-il souvent des conflits liés à la gestion des ressources dans votre communauté? Oui Non Rare fréquent très fréquent Quels sont les catégories d'acteurs qui sont le plus souvent opposées ? Comment sont-ils résolus ? IX 4. Alternatives à l'exploitation des ressources de la forêt 4.1.Quelle catégorie d'acteurs a le plus d'impacts sur les ressources de la forêt? Agriculteurs éleveurs Exploitants forestiers autres (à préciser) 4.2.Pour une gestion durable des ressources, quels types d'activités faut-il interdire?
4.3. Quelles alternatives devraient être mise en place pour les exploitants? Dédommagement montant (pour votre ménage) Délocalisation lieu Autre (à préciser) : 4.4. Quelle action êtes-vous prêt à entreprendre pour restaurer la forêt? Reboisement conditions : Mise en défens conditions : Comment voyez-vous le devenir de cette forêt ? X Guide d'entretien réservé aux autorités coutumières Ce guide d'entretien a été élaboré dans le cadre de la recherche sur les « enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la forêt classée de Dida » Numéro d'ordre
XI
XII Guide d'entretien réservé aux structures administratives, ONG ou Associations Ce guide d'entretien a été élaboré dans le cadre de la recherche sur les « enjeux socio-économiques et conservation des ressources naturelles: dynamique des populations et perspectives de gestion durable de la forêt classée de Dida » Numéro d'ordre
XIII
gestion de cette forêt ?
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