Essai sur les élites traditionnelles au Maroc( Télécharger le fichier original )par El Mostafa AAOURDOU Université Moulay IsmaàŻl Meknes - Maroc - Master en science politique 2012 |
Section2 : l'hérédité et le développement sociétalDe part sa qualité, de système d'encastrement du social dans le politique, l'hérédité lève le paternalisme en dogme. Elle est un précepte général d'autorité et d'exploitation, et symbolise un ensemble structuré de relations sociales et économiques. Elle découle de l'autorité affective irrésistible à la famille patriarcale. Le père sert de modèle de reproduction de cette autorité, à tous les niveaux, où les héritiers tiennent les rennes du pouvoir. Ils inculquent l'obéissance aveugle, l'allégeance, la vassalité et le respect du statuquo. Leur vertu est l'anéantissement de toute contestation sociale sur l'origine du pouvoir des gouvernants et de leur autorité. En contre partie, l'hérédité provoque la formation de reflexes, de peur et d'obéissance186(*). La bourgeoisie des affaires et tous les grands corps de l'Etat, tentent d'assurer leur stabilité et leur pérennité. Leur comportement, génère la dégradation de tout ce qu'il y'a de vif dans la dynamique économique (Paragraphe II) et politique du pays (Paragraphe I). Paragraphe I : maturation politique étoufféeLa montée des technocrates, héréditaires du pouvoir, préside à l'affaiblissement et à la marginalisation des partis politiques. Ils agissent seuls, sans la participation du grand nombre à l'exercice du pouvoir même indirectement. Le problème, c'est qu'ils ne peuvent pas être à la fois au service d'une élite de classe et de la communauté nationale toute entière. Le rôle de la première est économique, celui de la seconde est politique. En confondant les rôles et les idéologies, ils commettent des erreurs de langage, de conception et de stratégie. Pour déstabiliser leurs adversaires, ils prônent la défection et l'émergence des majorités silencieuses187(*). La défection, c'est la fuite, retraite, désaffectation, retranchement, désertion. Au niveau social et politique, elle se traduit par des mouvements d'abstention de masse, c'est-à-dire de la dépolitisation, de désyndicalisation et de déssocialisation. Il en provient un désintéressement de la part des citoyens et spécialement les jeunes de s'investir, ni dans la vie associative, ni dans les activités politiques et syndicales. Cette auto-marginalisation dérive de l'écart économique et social très grand entre les classes privilégiées et le reste de la population et des chances d'ascension quasiment nulles des non privilégiés. Cette situation crée un sentiment d'aspiration à la rupture avec l'espace d'appartenance, il s'accompagne d'un projet de départ hors des frontières qui, faute de perspectives d'avenir, reflète une tentative d'échapper à la marginalité et une volonté de précipitation. Au Maroc, l'émigration vers l'Europe n'est plus perçue comme un projet économique, mais plutôt un rêve de réalisation de soi188(*). Au Maroc, les jeunes ne sont attachés à la société que dans la mesure où celle-ci leur apporte ce qu'ils demandent. Dans le cas contraire, ils se défont de l'habitude qui les lie à la loi, à l'autorité et à l'organisation. Mais ils ne cherchent ni à influencer le pouvoir par l'action idéologique, ni par le civisme, ils deviennent passives. Les élites se servent de toutes les méthodes, de tous les maux de la société pour enraciner des convictions d'obéissance, de servitude voire de passivité, peu importe le sort de la société et celui de son développement. Elles craignent l'ouverture, qui risque de leur faire perdre leurs privilèges. Elles agissent d'une manière qui indique, que l'essentiel pour ces élites, c'est de se maintenir au pouvoir au prix de l'ajournement du développement économique. * 186 - Ali Benhaddou, op. cit, p.177. * 187 - Ali Benhaddou , op. cit, p . 129. * 188 -Belguendouz Abdelkrim, « le phénomène migratoire : bilan de 30 ans » in revue PJES, Faculté de droit Rabat, 1991. |
|