Essai sur les élites traditionnelles au Maroc( Télécharger le fichier original )par El Mostafa AAOURDOU Université Moulay IsmaàŻl Meknes - Maroc - Master en science politique 2012 |
A- répression et domestication de la société civileA l'image du système patronal et héréditaire, les réseaux associatifs sont des canaux d'accès au pouvoir, leur efficacité est éprouvée. Poussé par son éternel souci, de préserver les institutions en place, le pouvoir se sert de son appareil répressif contre les organisations échappant à son contrôle. La répression s'exprime en termes d'interdiction à caractère administratif d'activités ou le refus de remise du récépissé du dossier. De même, l'Etat peut interdire l'organisation d'une activité, l'emprisonnement, les poursuites judiciaires et la persécution139(*). L'appareil répressif de l'Etat fonctionne pour contrecarrer toute menace de concurrence, lors de la mise en vigueur de la décision sociopolitique. Le maintien de la tension et de la violence continue de traverser la société civile, le pouvoir n'a pas encore abandonné ses anciens dérivés. Il s'attache à son rôle protecteur de l'immobilisme en faveur d'une élite contrôlée dans sa majorité par des héritiers, riches et cultivés, qui ont transgressé toutes les principes libéraux, pour satisfaire leur soif du pouvoir. Mais le contexte international, rejette ces agissements. Ainsi pour embellir son image devant la société internationale, le makhzen a compris qu'il est plus indéniable de recourir à la politique de domestication et de concurrence. B- domestication et concurrence de la société civileSi la société civile en occident est l'émanation de la dynamique de la société toute entière, au Maroc, l'Etat a largement contribué à la formation d'une grande partie de cette société. « L'encouragement du multipartisme et la constitution d'associations régionales, constituent des exemples de l'ingérence du pouvoir dans les affaires de la société civile, en vue de maintenir l'équilibre politique. Par la suite le pouvoir, perçoit qu'il lui est utile d'intégrer les réseaux associatifs dans sa stratégie. Un processus de domestication et d'intégration de nombreuses structures de la société civile fut lancé. Le makhzen, soucieux d'assurer sa présence au niveau des différentes structures de la société, conteste tout partage de compétence au niveau social »140(*). Par la suite il concurrence la société civile, par la création, en parallèle, d'une autre plus docile. Celle-ci annonce son appartenance à la sphère de la société, alors qu'elle est ralliée aux intérêts du makhzen et ceux de tous les détenteurs du pouvoir et de la fortune. L'Etat a réussi à transpercer toutes les espaces d'action et de réflexion de l'individu, pour élargir le domaine du politique au détriment de la société. Le soutien étonnant de l'Etat aux associations concurrentes a réduit le rôle de la société civile. Ainsi l'Etat a pu simplifier au néant le dynamisme des acteurs de la société civile. De ce fait le pouvoir a réussi à limiter les ambitions de cette société, pour être capable de guider et diriger sans la moindre contestation ou opposition. Si la société civile a été facilement pénétrée, cela signifie que ses structures sont perméables. Elle intériorise des tendances tribales, confrériques et familiales. Les débris des différentes appartenances traditionnelles, survivent à l'intérieur des institutions. La persistance des facteurs segmentaires, facilite l'intervention du makhzen, qui la simplifie à un corps manipulable. L'avènement d'une société civile imperméable aux interventions étatiques est tributaire de sa capacité de dépasser les modes de production traditionnels entachant sa naissance et désorientant ses tendances sociétales141(*). * 139 - ?EI C????? C?????- ??C?E C??IEE EC??U?E? ??O??CE I?CE? ???E ?U? C??II:9? ?: 124 * 140 -Abdellah Saaf, « aperçu sur les élites politiques marocaines », in la société civile au Maroc, éditions Maghrebines, 1994, p. 24. * 141 - Ibid, p. 25. Voir aussi Jean François Bayart « permanence des élites traditionnelles et nouvelles formes du pouvoir », in revue cahiers de la méditerranée, Novembre 1981, p. 74. |
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