![]() |
Essai sur les élites traditionnelles au Maroc( Télécharger le fichier original )par El Mostafa AAOURDOU Université Moulay IsmaàŻl Meknes - Maroc - Master en science politique 2012 |
Section II : les maux parlementaires et ministérielsL'institution prend la forme d'un organisme, doté de moyens humains et matériels pour assurer ses missions. L'élément humain reste primordial pour la réalisation de sa tâche. Les qualités socioprofessionnelles, quelles soient celles des députés ou des ministres influencent l'efficacité, l'enracinement et le degré de la satisfaction des demandes de la masse. Mais les constances du jeu politique désorientent cette élite. La principale caractéristique du jeu politique local, c'est qu'il évacue totalement les questions de développement, de croissance et de compétition entre les territoires. Les campagnes électorales restent marquées par des thèmes liés aux équipements de base ou de proximité ou encore de promesses de diverses natures difficiles à tenir. Les relations clientélistes décident de la réussite électorale. Rares sont les députés qui gagnent leur siège en se présentant seulement comme un développeur ou en faisant prévaloir leurs capacités entrepreneuriales. Les moeurs politiques restent encore frapper par leur caractère archaïque, clientéliste et foncièrement vénal. Le poste de député n'est souvent gagné qu'à la suite de multiples tractations où se combinent relations partisanes, relations familiales, notabiliaires, clientélistes. « Ce qui génère des groupes de parlementaires simplifiant la relation avec cette institution en une source d'enrichissement personnel, chose qui présente des signes pathologiques de l'élite »109(*). Quels sont alors ses symptômes ? Ainsi que ses répercussions au niveau du parlement et du gouvernement ? Paragraphe 1 : institutions vassales du pouvoirLe parlement est l'expression de la volonté populaire, la souveraineté nationale s'exprime par le biais des parlementaires. Mais, cette institution est souvent manipulée d'une manière qu'elle parait comme un organisme de façade, si elle n'est pas purement et simplement dissolue. Le Maroc, en fournit un exemple en 1965 avec la dissolution du parlement, et la restitution de tous les pouvoirs par le roi. Après, la reprise de la vie parlementaire, celle-ci était manoeuvrée par une administration qui se considérait comme le gardien du temple de l'ordre établi110(*). L'essentiel du pouvoir est désormais entre les mains du roi (A), les parlementaires se livrent à des pratiques portant atteinte à leur représentation, comme à l'institution elle-même (B). A- la problématique des compétencesLe makhzen est le centre de gravité du pouvoir, toutes les activités politiques se déroulent sous le contrôle méticuleux de son appareil. Il ne tolère l'évolution d'aucun pouvoir hors de sa conception, le rôle du parlement est réduit d'une institution de conception et d'initiative à un corps de rengaine des politiques du makhzen. Soustrait de l'essence de son existence qui, la représentation de la nation, le parlement est un représentant du second degré, le roi est représentant suprême de la nation. Le pouvoir au Maroc est unique et indivisible. Celui du roi est un pouvoir original alors que l'autorité du parlement est déléguée. De ce fait le pouvoir du souverain est suprême, et intervient par conséquent dans tous les domaines. Le parlementaire n'est autorisé qu'à jouer le rôle de médiateur et de conseiller. Son autorité ne peut rivaliser avec le pouvoir du monarque, il n'exerce que des obligations législatives qui consistent à soutenir le roi dans sa mission111(*). Celui-ci exerce un contrôle constitutionnel sur les travaux du parlement comme il dispose du pouvoir de sa dissolution. Toutes les institutions au Maroc, ont été implantées dans un environnement spécial. Le régime a procédé à un dressage politique de l'élite, par la cooptation de ces membres et leur remodelage, selon des mesures conformes au pouvoir112(*). Une élite docile a été formée, totalement dépendante du régime, dépourvue du pouvoir de décision et de la volonté du travail et d'initiative. La pratique au sein de cette institution, renferme l'élite dans un cercle où la monarchie constitue le commencement et la fin. Les choix du parlement ne peuvent être que ceux du roi. * 109 -Makhoukhi Abdelhamid, le parlement à l'épreuve de la tradition, thèse d'Etat, droit public, FSJES de Marakech, 1997, p. 63. * 110 -Lahcen Brouksy, La mémoire du temps, op.cit, p. 35. * 111 -Ben dorourou Omar, l'exécutif au Maroc. * 112 -Makhoukhi Abdelhamid, le parlement à l'épreuve de la tradition, thèse d'Etat, op. cit, p. 313. |
|