B- La commission de développement du delta du
Niger ou l'illustration de l'échec des stratégies de
développement fédérales :
La Commission de Développement du Delta du Niger
est une solution tout aussi problématique. Créée en
remplacement de l'OMPADEC (oil minerals producing areas
development) jugée inefficace, elle n'a pas donné des
résultats plus satisfaisants. Les moyens financiers mis à sa
disposition n'ont pas encore eu l'impact souhaité sur le
développement des régions pétrolières. La
commission, qui a fait l'objet d'une enquête gouvernementale
récente, est souvent soupçonnée de corruption et de manque
de transparence dans les procédures d'octroi des marchés publics.
Il lui est aussi reproché d'entreprendre de nombreux travaux qui
finalement ne sont pas menés à terme. Un des reproches
récurrent à cette agence est, sans doute, le faible encrage de
ses projets de développement dans les besoins réels des
populations et sa dépendance vis-à-vis des lobbies de la
construction.308 Une des raisons avancées pour justifier le
manque d'efficacité de la NDDC est qu'elle a reçu un mandat et
d'importants moyens financiers (47 milliards de Naira entre 2001 et 2003), sans
toutefois avoir les pouvoirs politiques de les mettre en
place.309
S'il existe une preuve de l'inadéquation de l'oeuvre de
la NDDC avec les besoins de la région c'est sans conteste son
incapacité à améliorer durablement les conditions de vie
des habitants. Le delta du Niger est une région essentiellement
fluviale. Il s'y produit alors de manière régulière des
inondations qui viennent priver les populations de leurs moyens de subsistance,
et de leurs habitations. Or, la commission n'a pas encore véritablement
initié un projet d'aménagement global en matière
hydraulique. Cette situation de précarité vient s'ajouter au
relatif enclavement de la région, qui ne bénéficie pas
d'un réseau routier à la mesure de sa richesse. En outre, le
manque de coordination avec les autres opérateurs de
développement, les ONG et les organisations internationales en
particulier,310 ne permet pas un impact social suffisant à
son action. La Commission de Développement du Delta du Niger
vient alors échouer là où l'OMPADEC n'avait pas non
plus réussie.
L'Etat fédéral se montre alors incapable, par
ses innovations institutionnelles, d'apaiser les tensions dans les
régions pétrolifères. Il donne par ce fait des arguments
supplémentaires à ceux qui pensent qu'il ne peut y avoir de
développement que s'il est mis sur pied un véritable
fédéralisme fiscal. La création d'institutions
gouvernementales, chargées d'assurer le développement de la
région, relève d'une « surcharge bureaucratique », peu
propice à l'amélioration des conditions de vie des habitants du
delta du Niger. La centralisation de la gestion de la rente
pétrolière, qui
308 -Idem.
309 - Sylvie Fanchette, « le delta du Niger
(Nigéria). Rivalités de pouvoir, revendications territoriales et
exploita-tion pétrolière ou les fervents de la violence. »,
Hérodote n° 121, la Découverte, 2 e
trimestre 2006.
310 - Idem.
Noah Noah Fabrice, Science po 5, Université de
Yaoundé II-Soa. Page 70
Enjeux énergétiques et insécurité
dans le golfe de Guinée : contribution à l'étude des
menaces liées a la ruée vers le pétrole au
Nigéria.
fait de l'Etat fédéral le juge de
l'opportunité et de l'étendue des projets de développement
dans le delta, se révèle être une erreur majeure. Le
pétrole qui est perçu comme une propriété exclusive
de l'Etat devient une source de convoitises et surtout le but de
stratégies de pouvoir porteuses d'insécurités diverses.
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