Chapitre II : LA REVUE DE LITTERATURE ET LE CADRE DE
REFERENCE THEORIQUE
2.1. La revue de littérature
2.1.1. La notion de passage de Van Gennep à
Coulon
2.1.1.1. Les rites de passage de Van Gennep (le sens
anthropologique)
Van Gennep (2004) définit les rites de passage comme
« des rites qui accompagnent chaque changement de lieu, d'état, de
position sociale et d'âge ». Il décompose ces rites en trois
ensembles spécifiques à savoir : « les rites de
séparation, les rites de marge et les rites d'agrégation »
(Van Gennep, 2004 : 95).
Les rites de séparation marquent la rupture de
l'individu avec son groupe d'appartenance. Lors de ces rites, on coupe quelque
chose de manière plus ou moins symbolique (cheveux, mutilations
diverses) pour signifier cette séparation. Ce cérémonial
s'apparente à une mort symbolique de son état
antérieur.
Ensuite, vient la période de marge (rites de marge).
C'est une phase de transition, l'individu se situe entre deux statuts. Il est
séparé de son ancien monde mais pas encore agrégé
à son nouveau groupe social. La marge est une période, plus ou
moins longue, en fonction du rite, durant laquelle l'individu se retrouve par
exemple, reclus et soumis aux ascèses des anciens.
Enfin, l'initié s'agrège (rites
d'agrégation) à sa nouvelle communauté, principalement par
le biais d'un cérémonial autour d'un repas ou d'un échange
d'objets. Il renaît symboliquement car il devient membre à part
entière de la nouvelle communauté. Il est à présent
de nouveau reconnu socialement. Il acquiert une nouvelle identité
sociale, un nouveau statut, qui est supérieur à l'ancien (Van
Gennep, 2004).
27
2.1.1.2. L'application du concept de passage au
système universitaire
selon Coulon
Coulon (2005) reprend la notion de passage
développé par Van Gennep (2004) et l'applique au domaine
universitaire. Il considère l'entrée à l'université
comme un passage : le passage du lycée à l'enseignement
supérieur, qui comprend trois temps : « le temps de
l'étrangeté, le temps de l'apprentissage et le temps de
l'affiliation » (Coulon, 2005 : 5).
D'abord, « le temps de l'étrangeté »
désigne le moment où le lycéen entre à
l'université. Il passe du statut d'élève à celui
d'étudiant. Il quitte bien souvent son foyer familial, sa ville
d'origine, voire parfois sa région. Il se sépare d'un milieu qui
lui est familier qui est le lycée, pour pénétrer dans un
environnement inconnu qui est l'université. Durant cette phase, il se
détache de son passé et quitte ses repères. Le passage au
statut d'étudiant confronte par ailleurs, l'ancien lycéen
à un nouveau métier : « le métier d'étudiant
» (Coulon, 2005 : 7).
Ensuite, vient le « temps de l'apprentissage »,
moment où l'étudiant « n'a plus de passé mais
pas encore de futur » (Coulon, 2005 : 10). Là aussi,
l'étudiant se situe entre le temps de l'apprentissage et le temps de
l'affiliation. Durant cette période d'apprentissage, il se familiarise
davantage avec l'université et devient progressivement un membre de la
communauté estudiantine. Il cherche à s'adapter à son
nouvel environnement et passe de l'étudiant novice à l'apprenti
(Coulon, 2005).
Enfin, l'étudiant s'affilie « le temps de
l'affiliation », c'est-à-dire qu'il est parvenu à
acquérir les outils institutionnels et intellectuels indispensables
à la maîtrise de son métier d'étudiant. Coulon
(2005) définit donc l'affiliation comme « la démarche par
laquelle quelqu'un acquiert un statut social nouveau » (Coulon, 2005 : 2).
L'ancien lycéen a acquis un nouveau statut qui est celui
d'étudiant. Il est maintenant familiarisé avec son nouvel
environnement.
28
Coulon (2005) postule qu'un étudiant de première
année non-affilié abandonne ou échoue aux examens car il
n'est pas parvenu à s'intégrer à l'université
durant les premiers mois de son entrée. En d'autres termes, il n'est pas
parvenu à apprendre son métier d'étudiant. C'est la raison
pour laquelle on note beaucoup d'échecs surtout dans le 1er
cycle universitaire.
|