1
INTRODUCTION GÉNÉRALE
Notre étude traite du discours comme enjeu du marketing
religieux. Il s'agit de la communication pastorale faite par l'Archevêque
de Kinshasa lors de sa prise officielle des fonctions à la tête de
l'Église Catholique de Kinshasa.
Cependant, l'objet de notre recherche, qui s'inscrit dans le
cadre de notre travail de fin d'études en Communication des
Organisations, est de ressortir les liens possibles ou les rapports
d'articulation entre le discours et le marketing religieux. Le « marketing
religieux » est certes un assemblage inhabituel des concepts, mais il
mérite d'être pensé au regard de l'espace congolais dans
lequel émergent divers courants religieux dans un climat
général d'hyper-religiosité.
1. PROBLÉMATIQUE
L'essentiel de la présente recherche se résume
dans l'intitulé de cette étude : « Le discours comme
enjeu du marketing religieux : Analyse du discours d'intronisation de
l'Archevêque de Kinshasa ».
En effet, notre étude porte sur l'analyse du discours
d'intronisation de l'Archevêque de Kinshasa prononcé lors de la
célébration eucharistique au Stade Omnisport des Martyrs de la
Pentecôte, le 3 Février 2008. Il marquait ainsi le début
officiel de son mandat à la tête de l'archevêché de
Kinshasa.
Le but de l'étude est d'apprécier la
démarche marketing utilisé par l'Archevêque de Kinshasa au
cours de cette cérémonie.
Cette prise officielle des fonctions de l'Archevêque se
situe dans un environnement constitué d'éléments suivants
:
i. Depuis quelques temps, l'Église Catholique fait
face à une concurrence accrue en raison de la montée en
puissance des églises de réveil ;
ii. L'âpreté de cette concurrence, qui laisse
croire que les jeunes églises sont mieux fondées pour
opérer des miracles et des promesses ;
iii.
2
L'état de pauvreté de la population dans son
ensemble et à Kinshasa en particulier, où le climat social est
détérioré ;
iv. La cohésion interne de l'Église Catholique
de Kinshasa affectée par la controverse entretenue de l'ancien
Archevêque de Kinshasa, le feu Cardinal Etsou, sur la
crédibilité des résultats des élections
générales de 20061.
C'est dans un tel environnement et dans un contexte aussi
confus que se situe l'Église Catholique de Kinshasa lors de
l'intronisation du nouvel Archevêque de Kinshasa. D'où
probablement, un choix délibéré pour un type de discours
qui mobilise les troupes (adeptes) et, en même temps, un langage
destiné à décourager les concurrents mal
intentionnés de l'Église Catholique.
Par ailleurs, l'Archevêque de Kinshasa voulait aussi
sceller sa « renaissance politique », en se faisant passer pour
« une voix controversée » par rapport au centre du pouvoir et
au centre de décisions. Ses déclarations alors font mouche.
Comme on peut le voir, la communication pratiquée par
l'Archevêque de Kinshasa tend à déborder le cadre du Verbe
pour s'étendre sur le champ de l'action. C'est cette extension du
discours qui nous pousse à réaliser une analyse
systématique des propos du prélat catholique lors de son
intronisation.
De ce qui précède, nous formulons la question
générale de recherche suivante :
- Comment un discours de communication pastorale peut-il se
positionner comme un élément déterminant du marketing
religieux ?
Cette question générale s'accompagne d'une
préoccupation subsidiaire qui est liée non seulement à la
difficulté de situer un discours comme un élément
déterminant du marketing religieux.
Cette interrogation donne lieu à la question
spécifique suivante :
1 Nous nous référons ici à
l'interview donnée par le feu cardinal ETSOU, alors Archevêque de
Kinshasa et Cardinal sur les antennes de la Radio France Internationale (RFI),
répondant aux questions « piégées » de la
Journaliste Gislaine Dupont.
3
- La communication pastorale de l'Archevêque de Kinshasa
assure-t-elle sa propre promotion ou celle de l'Église en
général ?
2. ÉTAT DE LA LITTÉRATURE
Certains aspects de notre recherche ont fait l'objet des
maintes études menées aussi bien par des chercheurs catholiques
que ceux d'autres obédiences.
A ce titre, nous nous rapportons à l'étude
menée par Elite Ipondo2 qui a
présenté un rigoureux inventaire de l'état de
littérature subdivisé en trois thèmes majeurs :
- La doctrine sociale et l'engagement politique de
l'Église ;
- Les prises des positions politiques des évêques
congolais ; - Les théories du langage et l'analyse du discours
politique.
En conclusion à cette revue de la littérature
inventoriée par l'auteur précité, il ressort que les
tentatives des prises de positions de l'épiscopat congolais demeurent le
thème carrefour de la plupart des études de cette sphère.
Nous entendons dépasser cet aspect « habituel » des prises de
positions axées sur la dénonciation du mal pour nous focaliser
sur l'analyse du discours de l'Archevêque de Kinshasa comme
démarche purement marketing qui s'inscrivant dans le champ religieux.
Mettant en exergue la dyade Église-démocratie,
Elite Ipondo se sert de l'approche sémio-pragmatique en vue
d'étudier à fond sa problématique de recherche,
ramenée en une triple question : Quelle (s) idéologie (s) les
évêques congolais véhiculent-ils dans leurs messages et
déclarations ? Comment fonctionne (nt) cette (ces) idéologie (s)
à travers la surface textuelle ? Le discours politique de
l'épiscopat tel que présenté contribue-t-il à la
promotion de la démocratie en RD. Congo ?
En guise d'hypothèse, Elite Ipondo propose la
réponse suivante : « dans un contexte de crise, toute organisation
sociale de grande dimension, à l'exemple de
2 ELITE, I. E., Église et
démocratie : Analyse du discours politique de l'épiscopat
catholique du Congo : approche sémio-pragmatique, Kinshasa,
thèse de doctorat, IFASIC, 2006.
4
l'épiscopat catholique de la RD. Congo,
développe des positions idéologiques ambiguës qui
contrarient la réalisation de l'objet de quête, en l'occurrence la
démocratie »3.
La démarche pragmatique a permis à Elite de
parvenir à la conclusion selon laquelle « les évêques
interviennent sur la scène politique avec des arguments du monde
religieux ; l'épiscopat condamne le principe de conflictualité et
de polémique qui constitue une substance de la pratique politique, car
toute compétition suppose la divergence des méthodes, des
objectifs et des valeurs »4.
Cette vision démocratique de l'épiscopat
catholique congolais se caractérise par sa partialité et par son
exclusivité, c'est-à-dire, qu'elle est porteuse d'exclusion. A
vrai dire, l'action discursive envisagée par l'épiscopat
congolais est inappropriée car les paroles ne pourront apporter des
réponses directes à la souffrance du peuple.
Elite Ipondo souligne, en définitive, que non seulement
les évêques ne veulent pas aborder de fond les problèmes
politiques, mais encore ils se refugient derrière l'Être
suprême pour faire part de leur engagement politique, en tant que groupe
structuré de la société civile.
3. HYPOTHESE
En termes d'hypothèse, nous affirmons ce qui suit : le
discours de la communication pastorale de l'Archevêque de Kinshasa est
caractérisé par l'apologie des mérites de l'Église
Catholique dans le but de la « re-positionner » face aux concurrents.
Aussi, le prélat catholique s'est évertué, lors de sa
prise de paroles, à se donner une bonne image comme acteur-participant
(leader) de ce repositionnement.
4. CADRE THÉORIQUE
Pour nous aider à vérifier notre hypothèse,
nous recourons à trois théories : a- La théorie du
marketing, en particulier la théorie de lutte contre les concurrents
;
3 ELITE, Ipondo, G., Op. cit., p. 8.
4 Idem, p. 331.
b-
5
La théorie des marques de subjectivité
(l'énonciation) de Catherine Kerbrat-Orecchioni portant sur la
subjectivité dans le langage ;
c- La théorie du K.-O. verbal, défendue par Uli
Windisch.
5. MÉTHODES ET TECHNIQUES
L'analyse concrète des textes s'opérera suivant
la démarche sémio-pragmatique de la communication. Une telle
démarche présente les caractéristiques suivantes :
- La facilité de se projeter dans le texte par la prise en
compte du contexte général ; - La possibilité de concevoir
le discours comme un acte de communication ;
- La possibilité également d'intégrer
dans cette analyse les différents aspects des recherches sur la
linguistique de la parole (les actes de langage, l'énonciation,
l'argumentation, les fonctions de langage, etc.) ;
- Approche de tout texte comme exercice sémiotique,
c'est-à-dire la recherche de la signification.
Cela étant, cette recherche devra déboucher sur
la signification sous-jacente véhiculée par le discours
d'intronisation de l'Archevêque de Kinshasa. Cela permettra
d'établir sa démarche marketing.
Les techniques d'analyse qui aideront pour le recueil des
données empiriques
sont :
- L'analyse de contenu : il sera question d'analyser le
contenu du discours prononcé par l'Archevêque de Kinshasa afin de
dégager les différents énoncés et traces de
subjectivité, d'identifier les différentes traces ou
séquences de discours qui se portent directement aux réalisations
de l'Église Catholique.
- L'analyse pragmatique nous permettra d'identifier tous les
éléments utilisés par l'Archevêque pour vanter les
mérites de l'Église Catholique et assurer sa promotion.
Les techniques d'interview, d'analyse documentaire et
d'observation sont également venues en appui à cette
démarche méthodologique.
6
6. INTÉRÊT DE LA RECHERCHE
Cette recherche revêt pour nous un intérêt
perçu sous trois dimensions :
Primo, sur le plan théorique, cette
problématique complète les réflexions faites sur le
marketing de l'Église Catholique, principalement sur la critique de la
Commission des communications sociales de l'Archevêché de
Kinshasa5.
Secundo, sur le plan pratique, le service que cette
étude pourrait rendre aux acteurs de l'Église Catholique,
précisément du point de vue de l'organisation de leurs relations
publiques, ou une quelconque activité publique, etc.
Concrètement, l'étude pourra aider à mieux élaborer
un plan stratégique de communication qui tienne compte des enjeux, des
objectifs finaux à atteindre, du budget adéquat, des cibles
visés et d'autres ingrédients nécessaires.
Tertio, du point de vue personnel, cette étude est une
occasion et un prétexte pour roder nos connaissances acquises en
communication des organisations, particulièrement en marketing. Pour ce
cas précis, cette formation nous dote des instruments requis pour
l'élaboration et l'établissement des cahiers des charges de la
démarche marketing adaptée au champ religieux.
7. DÉLIMITATION DU TRAVAIL
Notre étude subit deux limitations liées au
temps et à l'espace, dans un contexte général qui lui
offre tout son sens.
5 La Commission des communications sociales de
l'Archevêché de Kinshasa fait partie de dix-sept commissions que
coordonne le Centre Pastoral Lindonge. Plusieurs auteurs ont
révélé dans leurs recherches que « la pastorale de la
communication sociale au sein de l'Archidiocèse de Kinshasa ne marche
pas comme on l'aurait souhaité. Il existe des problèmes de
collaboration entre les principaux agents pastoraux impliqués dans cette
pastorale. Cette absence de collaboration cause un grave préjudice
à cette pastorale/ pourtant la Commission pontificale pour les
communications sociales donne des instructions assez précises à
ce sujet : « le dynamisme des organismes catholiques et des institutions
ecclésiales d'apostolat de communication sociale est une condition
indispensable à la collaboration efficace et à la
coopération constructive, ainsi qu'une garantie pour la sauvegarde du
message catholique dans sa totalité. A tous les niveaux de l'apostolat
catholique des communications sociales, il est indispensable de
développer la formation des capacités professionnelles,
théologiques et technologiquement avancées des communicateurs
appartenant à l'Église catholique » (COMMISSION PONTIFICALE
POUR LES COMMUNICATION SOCIALES, Critères de collaboration
oecuménique et interreligieuse dans les communications, 1989,
n° 21).
7
Du point de vue temporel, cette recherche porte sur le
discours de l'Archevêque de Kinshasa prononcé le Dimanche, 3
Février 2008. Pour l'Église Catholique Universelle, ce discours
rentre dans le cadre du quatrième dimanche ordinaire de l'Année
A.
Sur le plan spatial, ce discours d'intronisation du
Prélat Catholique a été réalisé au Stade
Omnisport des Martyrs de la Pentecôte de Kinshasa, et destiné
à l'ensemble des fidèles catholiques habitant la Province
ecclésiastique de Kinshasa.
8. STRUCTURE DU TRAVAIL
Outre une introduction et une conclusion
générales, notre travail se structure en trois principaux
chapitres.
Le chapitre premier rend compte des approches conceptuelles et
théoriques. Nous avons ainsi organisé cette subdivision de
l'étude en deux sections. La première section traite des
approches conceptuelles. Cela a permis l'opérationnalisation des
concepts suivants : la communication pastorale, le marketing religieux et le
discours-enjeu.
La deuxième section quant à elle, est relative
à notre cadre théorique. Nous exposons dans cette partie
l'arsenal méthodologique propre à l'analyse du discours de
l'Archevêque de Kinshasa. A ce niveau aussi, nous avons bâti ce
segment de travail en trois points portant sur la théorie du marketing
axée la lutte contre les concurrents ; la théorie de
l'énonciation ou des marques de subjectivité de Catherine
Kerbrat-Orecchioni et la théorie du K.-O. verbal de Uli Windisch.
Le chapitre deuxième se rapporte à la
présentation de l'Archevêché de Kinshasa. En clair, il sera
question de mettre en exergue la structuration, l'organisation et le
fonctionnement de cette entité ecclésiale en mettant en
évidence son environnement.
Notre attention porte aussi sur l'organisation de la
communication de l'Archevêché et des services qui s'y
rattachent.
8
Enfin de compte, le troisième chapitre portera sur
notre analyse critique du discours pastoral de l'Archevêque de Kinshasa.
Nous le ferons en trois sections : le protocole méthodologique sur
l'approche sémio-pragmatique de l'étude, découpée
en analyse du contenu et en analyse pragmatique ; ensuite, l'analyse des
résultats ; et enfin, la synthèse critique de l'analyse de ce
discours.
9
CHAPITRE PREMIER : CADRE CONCEPTUEL ET THEORIQUE
Cette étape de notre recherche porte sur les approches
conceptuelle et théorique qui sous-tendent la présente
étude. Nous y ferons d'abord l'opérationnalisation des concepts
clés et, ensuite, un inventaire des théories de base applicables
dans la perspective de cette recherche. Il s'agit essentiellement de : la
théorie des marques de subjectivité de Catherine
Kerbrat-Orecchioni portant sur la subjectivité dans le langage ; la
théorie du K.-O. verbal d'Uli Windisch relative à la
communication conflictuelle ; et enfin, la théorie de lutte contre les
concurrents en marketing.
Section 1 : CADRE CONCEPTUEL
Dans cette section, nous procédons à la
définition des concepts de base de notre étude : la communication
pastorale, le marketing religieux et le discours-enjeu.
1. 1. LA COMMUNICATION PASTORALE
Le concept de « communication » a déjà
fait l'objet des maintes définitions. Ce mot souffre d'une
polysémie notionnelle au point que beaucoup d'auteurs n'ont pas
hésité de décrier ce fait. C'est le cas de Daniel
Bougnoux qui parle d'un champ empirique devenu si diffus et si
orphelin6.
Étymologiquement, le mot communication renvoie à
l'action de « rendre commun, d'être en relation avec, l'action de
communiquer, la chose communiquée, les moyens et les techniques de
communiquer... ». Et depuis son existence, ce terme connaît des
différentes mutations de sens.7
En réalité, la communication connaît
actuellement un vif intérêt de la part des organisations et de
leurs dirigeants. Cela est certainement dû au fait que les organisations
produisent et traitent un flux sans cesse accru d'informations, à tel
point que celles-ci sont devenues quasiment la ressource fondamentale de
l'organisation. C'est cette denrée
6 Lire à ce sujet : EKAMBO, D., J.-C.,
L'information et la communication. Du chronique à l'uchronique,
Paris, L'Harmattan, 2009.
7 EKAMBO, D., J.-C., « Nature(s) de la
communication » in Cahiers congolais de la communication, vol.
2, 1, Kinshasa, IFASIC, 2002.
10
qui détermine l'adéquation d'une organisation
afin de réussir dans un environnement concurrentiel.8
En règle générale, la communication
consiste en un échange de messages entre deux pôles :
l'émetteur et le récepteur. La communication est un processus par
lequel une information est transmise d'un émetteur à un
récepteur.9 Elle concerne un ensemble d'actions visant
à transmettre des messages à différents publics dans le
but de modifier leur niveau de connaissance, leurs attitudes ou leurs
comportements.10
En effet, la communication, en tant que telle, peut s'exercer
à plusieurs niveaux ou, du moins, répondre à plusieurs
types de situation. L'on distingue ainsi : la communication verbale! non
verbale ; la communication intra-personnelle! interpersonnelle ; la
communication de masse ou médiatisée ; la communication pastorale
; la communication d'entreprise appelée aussi communication
institutionnelle.11
Cela étant, notre vision de la communication sera
orientée vers la communication pastorale, particulièrement la
communication telle que développée par l'Église Catholique
de Kinshasa.
En tant que communication de la foi chrétienne, la
communication pastorale vise à communiquer à la manière du
Verbe de vie. Car Jésus - Christ a communiqué en parole et en
actes. Sa communication déborde la Parole tout en l'incluant. Pour lui,
communiquer c'est plus qu'exprimer des idées ou des sentiments : c'est
« s'exprimer » soi-même, c'est faire don de soi par
amour.12 La communication pastorale est expression et transmission
de l'expérience religieuse par les membres de la communauté
partageant les mêmes croyances et le même langage.
8 SFEZ, L., Dictionnaire critique de la
communication, Paris, PUF, p. 473.
9 GONGRAND, L'information dans les entreprises et
les organisations, Paris, 1990, p. 353.
10 PONS, C.M. , La communication : historique
d'une pratique et d'une science, in WILLET, G. , La Communication
modélisée. Une introduction aux concepts, modèles et aux
théories, Ottawa, éd. de renouveau pédagogique, 1994,
p. 48.
11 POMBO N., Notes de cours de Stratégies
de communication des organisations, cours inédit deuxième
licence, IFASIC, Communication des organisations, 2008.
12 Voir à ce sujet MUGARUKA, M. R., «
Évangile comme communication et Évangile de communication
», dans Revue Africaine des Communications sociales, Kinshasa,
Facultés Catholiques de Kinshasa, Vol. 1, n°1, 1996, p.
13-29.
11
Cela dit, le plus important à souligner est qu'en tant
que procès de communication, la transmission de la foi. Elle est
susceptible d'analyse scientifique, relève des règles
fondamentales et générales de la pragmatique sociale
objectivement observable et descriptible. Cette communication exige de la part
du Destinateur (locuteur) une certaine autorité (l'ethos), une
capacité à émouvoir (le pathos) et une force
d'argumentation (le logos). Pour exercer une influence réelle
sur son interlocuteur et le convaincre, il faut donc lui plaire,
l'émouvoir et l'instruire.
A ces atouts intrinsèques exigés du locuteur,
dus aux éléments psycholinguistiques et anthropologiques, il faut
prendre en considération le fait que communiquer c'est donc tenir compte
de son interlocuteur. A ce niveau, la communication, fut-elle pastorale ou non,
ne doit plus être considérée comme une action monodrone
allant du destinateur vers le destinataire. Car communiquer c'est créer
un espace interlocutif où l'interlocuteur devient co-auteur du discours.
Il n'est de communication, estime Richard Mugaruka, que dans cette dialectique
prenant en compte le feed-back, c'est-à-dire la réaction du
destinataire. Ce rapport est constitutif de la
discursivité.13
Cet aspect concernant le discours sur la communication
pastorale sera largement abordé au niveau de la section consacrée
au discours-enjeu.
Sur le plan historique, il faut retenir que depuis 1971, date
de la promulgation de l'instruction pastorale « Communio et Progressio
», les moyens de communication sociale ont consolidé leur
effectivité au sein de l'Église. S'est ainsi renforcée
l'application des techniques du marketing social en vue de viabiliser la
communication interne/ externe de l'Église. Cette communication se donne
néanmoins le devoir d'intégrer et de recevoir de la
«catéchèse des principes éthiques et des indications
concrètes susceptibles de l'humaniser et de la mettre davantage au
service de la vérité et de la promotion de la paix, d'un dialogue
respectueux entre les hommes et d'un monde plus juste et plus fraternel
».14
13 MUGARUKA, M., R., Catéchèse et
homilétique dans le champ de la communication. Pragmatique de la
communication de la foi, Kinshasa, éd. Paulines, 2004, pp. 190
-194.
14 MUGARUKA, M., R., Op. cit. p. 195.
12
Par ailleurs, comme communication institutionnelle, la
communication pastorale met en oeuvre des techniques et des moyens les plus
appropriés pour donner de l'organisation une image positive, attrayante
et valorisante à ses différents publics. Pour ce faire, elle a
recours à la fois aux techniques des hors média, et aux
médias traditionnels. Dans cette perspective, elle combine des
échanges formels et informels d'informations entre les acteurs qui
inter-agissent dans cette institution.
Cela étant, il devient utile de faire remarquer que
toute organisation, quoiqu'elle soit marchande ou non marchande, publique ou
privée, religieuse ou non, s'imposer d'intégrer l'esprit
marketing dans son fonctionnement. L'institution se considère ainsi
comme « un produit » qu'on offre dans un marché de
référence.
Qu'à cela ne tienne, la communication est un art qui se
réinvente chaque jour. Certes les codes de communication n'ont pas
changé, cependant il y a eu une nette évolution dans la
manière de les exprimer. Cela est dû en majeure partie à
l'avènement des Technologies de l'Information et de la Communication
ainsi que des exigences de plus en plus complexes des cibles marketing. Cette
dynamique pousse les organisations, particulièrement l'Église
à innover en matière de communication institutionnelle pour
pouvoir se démarquer des concurrents.
1. 2. LE MARKETING RELIGIEUX
En République Démocratique du Congo, les
nouvelles églises dites de « réveil » font leur
entrée en jeu dans une concurrence ardente avec les églises
traditionnelles. Ces églises de réveil utilisent les
médias traditionnels pour véhiculer leurs messages ; quelques
unes ont cependant recours aux nouvelles formes du marketing.
Pour une église, ce marketing permet d'assurer et
surtout de faciliter sa visibilité pour une meilleure lisibilité
de son action. Cela conduit aussi à s'attirer un climat de sympathie et
de confiance.
En fait, le marketing émerge dans les années 30
aux États-Unis. Depuis, le concept a vu son champ d'application
s'élargir et de nouvelles orientations sont apparues. Au marketing
segmenté, visant un agrégat social déterminé, se
superpose aujourd'hui la
13
notion de marketing individualisé. C'est-à-dire
personnalisé. Il est donc nécessaire de repenser la communication
publicitaire en adéquation avec l'évolution de la cible. Il
importe désormais, non seulement de capter son attention, mais
également d'établir une relation avec cette cible.
Selon Christelle Eyeguele, le marketing peut-être
défini comme le « processus du management qui permet aux
entreprises et organisations d'identifier leurs clientèles, actuelle et
potentielle, de communiquer avec elles pour cerner leurs besoins et influencer
leurs désirs et motivations au niveau local, régional, national
ou international afin de formuler et adapter leurs produits en vue d'optimiser
la satisfaction client et maximiser leurs objectifs organisationnels
»15.
C'est dans ce cadre que s'inscrit le marketing religieux comme
possible solution pour une communication globale plus adaptée au champ
religieux.
Le marketing est l'affaire des organisations, qu'elles soient
marchandes ou non. Il cherche à adapter la politique de ces
organisations à un environnement par nature changeant. Il a
fondamentalement un rôle d'influence et de persuasion ce qui conduit ses
critiques à n'y voir que manipulation et propagande. Les publics
visés par le marketing peuvent pouvant être très
variés : consommateurs, entreprises clientes, pouvoirs publics,
électeurs, adeptes...
En effet, le marketing sert à définir, concevoir
et promouvoir profitablement dans un contexte concurrentiel, des biens ou
services adaptés en permanence aux besoins et attentes de la
clientèle. Il s'emploie à développer une relation durable
avec le public, et à la fidéliser au maximum, à augmenter
la notoriété du bien ou service.
Quant au marketing religieux, orienté vers le secteur
non marchand, il intègre les nouvelles approches du marketing
alternatif, particulièrement le street marketing, le buzz marketing, le
marketing viral et la guérilla marketing.
15 SETH GODIN, Permission Marketing, p. 12
cité par EYEGUELE, C., Le marketing alternatif: la solution pour une
communication plus créative au Sénégal, Dakar,
Institut Supérieur de Management de Dakar/ Master en
Marketing-Management, 2007, p. 11.
14
Le marketing alternatif, a vu le jour dans les années
90 et ne cesse, dans les pays développés, de prendre le pas sur
les formes de la publicité classique qui semblent en perte
d'efficacité et de créativité.
Par marketing alternatif, il faut entendre un ensemble
constitué d'une multiplicité de nouvelles formes de marketing qui
ont toutes pour but de créer de véritables connexions
émotionnelles avec la cible.
Il combine les supports média plus
créatifs, opérations de terrain et
interactivité. Cette tendance permet aux annonceurs de se
rapprocher des consommateurs par des actions de proximité. En plus, les
solutions alternatives demandent généralement moins
d'investissements que les campagnes classiques, pour un coût contact
largement supérieur.
Les formes les plus fréquentes du marketing alternatif
sont les suivantes :
a. Le Street marketing
Le street marketing est « toute opération de
communication promotionnelle organisée hors des canaux et des points de
vente usuels ». Le plus souvent dans la rue, comme son nom l'indique.
A mi-chemin entre l'événementiel et la simple
distribution de tracts ou d'échantillons, la technique a pour vocation
de valoriser une marque ou un message en développant une animation.
b. Le marketing viral
Ce marketing emploie la stratégie de
développement du virus : d'abord, il se fait discret au début, il
vit dans le secret, ensuite il se répand de plus en plus par
l'utilisation de vos ressources. Le marketing viral est une forme de
publicité dont le consommateur contribue à la diffusion.
15
Le marketing viral a comme principale
spécificité que « les consommateurs deviennent les
principaux vecteurs de la communication de la marque. Par intérêt,
curiosité ou amusement, ils diffusent l'information à leur
réseau de connaissance.
c. La Guérilla marketing16
Les opérations de guérilla marketing sont des
événements ponctuels dont l'objectif est d'amuser,
étonner, intriguer, surprendre et de susciter la conversation autour
d'une marque ou d'un produit. C'est aussi l'occasion de créer une
relation plus proche et moins formelle entre la marque et sa cible.
Cependant, la guérilla marketing s'appuie
essentiellement sur le street marketing et le marketing viral. Pour qu'elle
fonctionne, il faut qu'elle soit suffisamment innovante, créative et
originale pour que la cible adhère à la campagne. Toute la
réussite d'une
16 Selon Christelle EYEGUELE, le terme
Guérilla Marketing a été lancé par le
livre éponyme de Jay Conrad Levinson, publié avec succès
en 1984. Il décrit un marketing non conventionnel à petit budget.
Le terme est passé dans le langage pour décrire aussi les
méthodes agressives et non conventionnelles de marketing.
Jay Conrad Levinson est l'auteur-innovateur de
"Guérilla Marketing," une collection de plus d'une trentaine de
best-sellers dans l'histoire du marketing, vendus à plus de 20 millions
d'exemplaires dans le monde entier. Son concept de »guérilla
marketing» a influencé le marketing de façon si profonde
qu'aujourd'hui ses livres sont traduits dans 54 langues et font officiellement
partie de nombreux programmes de MBA Marketing dans le monde. Jay est le
Président de Guerrilla Marketing International, partenaire marketing
officiel de Adobe et Apple. Il a également fait partie du Microsoft
Small Business Council. Guerrilla Marketing, c'est une série de livres,
de cassettes audio et vidéo, CD-ROM, un site Internet : »The
Guerrilla Marketing Association» - un système interactif de support
et d'assistance marketing pour les TPEs/PMEs.
Jay a enseigné le «guérilla marketing»
pendant 10 ans à l'Université de Berkeley en Californie et il a
été promoteur du concept aux États-Unis - en tant que
Senior Vice-Président au sein de J. Walter Thompson, et en Europe, en
tant que Directeur de Pub et membre du Conseil de Leo Burnett Advertising.
Il a écrit régulièrement une colonne dans
Entrepreneur Magazine, des articles pour Inc. Magazine, ainsi qu'une
contribution régulière publiée mensuellement sur le site
web de Microsoft. Il a également écrit une colonne pour plusieurs
autres sites web : Netscape, America Online, Fortune Small Business et
Hewlett-Packard (
www.wikipedia. Com/le
guérilla marketing).
16
opération de guérilla réside dans la
créativité du concept car c'est son caractère exceptionnel
et surprenant qui va marquer les esprits.
d. Le Buzz marketing
Le « buzz » est une forme de communication qui
permet de faire parler d'un produit, d'une marque sans utiliser les techniques
traditionnelles. Il s'impose comme une nouvelle manière d'aborder le
consommateur.
Le principe d'approche est simple : il s'agit de mettre en
place un dispositif multicanal de communication qui emmène le
consommateur à entendre parler de la marque par différentes
sources d'influenceurs : les journalistes, les amis, les blogs et internet, les
leaders d'opinion...
C'est-à-dire que le buzz marketing consiste donc
à créer une dynamique de marque qui s'appuie sur une histoire, un
imaginaire cohérent, une aventure dans laquelle les personnes
visées jouent un rôle déterminant et qui les valorise.
Ainsi, le consommateur ne subit plus la publicité : il devient acteur
dans la communication de la marque.
Pour mieux cerner la pertinence de tout ce qui a
été évoqué ci-haut, à propos du marketing
religieux, il est nécessaire de se placer à la hauteur de notre
perception faisant de l'Église catholique, particulièrement celle
de Kinshasa un produit qu'on amène dans un marché de
référence. Dans ce cas précis, ce « produit »
est confronté à une concurrence agressive, parfois à des
contestations venant de l'intérieur.
D'où la nécessité de cette comparaison
entre le produit religieux, qu'est l'Église avec un bien ou service que
l'on offrirait dans un marché, souvent sans aucune scrupule. Cette
affirmation de notre point de vue est confortée par la thèse de
Catherine Dupuis17, qui dit que « faire du
marketing religieux, c'est vendre différemment l'image de la religion.
Parlant de l'application du marketing religieux au niveau de la religion
catholique, l'auteure évoque l'expérience d'un prêtre
brésilien, le Padre Marcelo Rossi
17 Catherine Dupuis, « De la "religion
marketing" vers le marketing "religieux" », in Marketing
Magazine, n°64 du novembre 2001/
www.
padremarcelorossi.org.br
17
qui, à chacune de ses messes à Sao Paulo attire
100 000 fidèles. Sa recette, estime notre auteure : beaucoup de chants
et une messe dynamique avec des sermons modernes. Les enfants ont une place
privilégiées pendant l'office et participent beaucoup en chantant
et en dansant.
Ainsi, le marketing religieux, c'est en fait rendre le produit
« religieux » plus vendable de façon à faire le plus
possible de clients, de remplir les caisses de l'église et de rendre
plus puissants les États théocratiques. En clair, comme les
autres produits, la religion et Dieu n'échappent plus à la
communication publicitaire. D'où la nécessité de sortir
des sentiers battus.
e. Les média tactiques
Par « média tactiques », il faut entendre les
« Médias de contact direct et privilégié avec le
consommateur qui, parce qu'ils sont parfaitement intégrés dans
son quotidien, permettent de capter son attention dans un moment propice
à la communication, dans le cadre d'un marketing ciblé,
affinitaire et de proximité »18.
Les média tactiques sont des supports de communication
de dernière génération. Ces médias sont modernes et
parfois étonnants. Et ont comme particularité de proposer un
contact direct et privilégié avec les consommateurs.
Du point de vue de Eyeguele, les « média tactiques
» sont « issus de la créativité média qui s'est
notamment développé dans les années 80, où tout
était permis, puis dans les années 90, où les agences et
annonceurs occidentaux cherchaient des solutions pour faire face aux
contraintes réglementaires et législatives ».
Toujours d'après Eyeguele, les supports tactiques ne
sont pas des média de masse, ils agissent sur des cibles
qualifiées. Ce sont avant tout des médias d'affinité, de
proximité et d'efficacité qui accompagnent les modes de vie
modernes (Mobilité, immédiateté, communauté) afin
de proposer aux marques émergence et visibilité ».
19
18 Définition de
Lexicom.
www.lexicom.free.fr
19 EYEGUELE, Op. cit., p.7.
18
Les conditions pour qu'un médias intègre le
label « tactique » consistent à réunir plusieurs
critères à savoir :
i. L'affinité sur la cible : L'audience d'un
média tactique doit être quantifiable sur les critères
sexe, âge et/ou catégorie socioprofessionnelle ;
ii. Un média de contexte : Adéquation
entre le média, son audience et le contexte afin de renforcer
l'efficacité publicitaire ;
iii. Un réseau publicitaire : Afin d'offrir
la possibilité de campagnes récurrentes ;
iv. Transparence et traçabilité :
Être en mesure de fournir des listings de pose ou de diffusion au
client ;
v. Une couverture significative : Se décliner
au moins en un réseau national, sans perdre ses
spécificités d'une région à une autre ;
vi. Existence avérée.
En paraphrasant Eric Jaffrain20,
nous posons quant à l'avenir de l'Église Catholique de Kinshasa
que nous sommes en face d'un discours public qui ne répond plus aux
besoins, aux attentes des cibles. Parce que, partant du
principe de dynamique du marketing, offre - demande, la question
soulevée ici est de savoir si l'offre chrétienne répond
aux besoins du public. Et en particulier dans ce propos, de savoir si les
initiatives publiques de certains dirigeants chrétiens sont pertinentes
ou non. Comme la plupart des secteurs non-marchand (politique, humanitaire ou
social par exemple) le religieux n'échappe pas à cette
adéquation qui est de répondre au besoin du consommateur. Cette
vision peut choquer, mais il reste autant vrai que le marketing religieux peut
apporter un regard différent sur la
façon dont ses acteurs s'adressent au public.
Eric Jaffrain croit que si l'Evangile est pour beaucoup de
Chrétiens une réponse à ceux qui sont "perdus", d'autres
en revanche veulent voir son efficacité par une construction
évangélique de la société, voir une constitution
évangélique. Certaines idées et prises de position de
l'Eglise Catholique, particulièrement celles de certains tenants,
semblent se former davantage pour influencer la société par
l'affirmation de leurs idées,
20 Eric JAFFRAIN, Marketing religieux : Une pub
pour Dieu ou une pub pour l'église ?, article électronique
publié le 24 février 2009.
19
persuader qu'ils reflètent une tendance lourde de la
communauté chrétienne, moins pour apporter des réponses
concrètes aux attentes de nos concitoyens.
C'est-à-dire on reste focaliser au niveau des discours
idéologiques en lieu et place d'affronter en face la concurrence accrue
des églises dites de « réveil » et de développer
des stratégies de contournement, de mieux positionner le discours de
leadership. Ce phénomène « églises de réveil
» fortement financées et dont les principaux leaders accroissent
quotidiennement leurs atouts langagiers est une réalité avec
laquelle composer.
Venons-en à présent à circonscrire le
tableau de la pratique du marketing religieux à Kinshasa.
1.2. 1. Pratique du marketing religieux à
Kinshasa21
On assiste donc en République Démocratique du
Congo, particulièrement à Kinshasa à un nouveau «
genre religieux » qui émerge dans la sphère publique. Sur
terrain, on remarque l'émergence des nouveaux cultes
caractérisés par des nouveaux styles d'adoration, des nouvelles
manières d'être chrétien ou tout simplement d'être
spirituel. Manifestement, ces églises « nouveau paradigme »,
prennent leurs origines dans le pentecôtisme charismatique, prenant
origine à leur tour, dans les pays anglo-saxons, particulièrement
aux États-Unis.
Bien d'indicateurs démontrent qu'en milieux urbains
congolais, des nombreux chrétiens construisent désormais leurs
systèmes de croyance, non seulement à partir du répertoire
des symboles qui leurs sont traditionnellement offerts dans le cadre des
Églises historiques, mais aussi ils puisent dans le forum des nouvelles
sources spirituelles en vogue. Une analyse flottante du phénomène
dans la mégapole de Kinshasa, porte à croire que les
médias seraient les principaux protagonistes de cette «
révolution religieuse ». On assiste donc à un vrai
phénomène des modes. Ces églises apportent un
21 Nous nous référons pour ce faire
à un article publié par le Professeur KAMATE MBUYIRO, Enseignant
aux Facultés Catholiques de Kinshasa intitulé «
Médias et propagande religieuse à Kinshasa : prospective sur le
rôle du télévangélisme dans la transformation des
systèmes de croyance », dans Revue Africaine de
Communication Sociale, vol. II, n°11, 2007.
20
message nouveau basé sur la Vérité et la
mise à nu des réalités quotidiennes des
congolais22.
Sur le plan matériel, un des indicateurs
évidents du progrès des Eglises des miracles au Congo, est la
monopolisation de l'espace médiatique, par des transmissions en semaine
et de manière particulière le dimanche, selon l'adage «
à chaque Eglise sa TV, à chaque TV son Eglise ».
Grâce à leur approche positive à la
technologie de la communication, les messages des Eglises de Réveil,
« réveillent » des masses y compris les fervents des
Églises historiques. Dans un langage commun, au cours des transmissions
télévisuelles et des croisades d'évangélisation sur
les places publiques, les prédicateurs médiatisent un discours
adapté aux milieux urbains en crise focalisé sur une
thématique plurielle : délivrance, onction, mariage, miracles,
prospérité, semence, élection divine, dîme, visa,
voyage, etc.
Comme l'atteste bien d'observateurs, « Il s'agit
là surtout d'un phénomène urbain, c'est l'effervescence
des Eglises dites "évangéliques", "pentecôtistes" ou
"charismatiques." Elles ont toutes les caractéristiques de ce qu'on
appelle le "néo-pentecôtisme" à savoir : 1) l'exploitation
maximale des ressources médiatiques et financières ; 2) l'accent
mis sur l'offre de délivrance des démons qui habitent les corps
et les esprits ; 3) l'investissement de l'espace public et politique au service
de la guerre spirituelle contre les forces du mal. »
A vrai dire, ce phénomène religieux se fonde en
raison de la désarticulation de l'ordre sociopolitique,
économique, culturel, voir religieux au Congo. Car en effet, au cours de
ces deux dernières décennies, on observe une crise de sens chez
des personnes, surtout en milieux populaires urbains. Sur terrain, bien des
personnes sont portées à la recherche des systèmes de
croyance, qui puissent répondre plus adéquatement à leurs
aspirations.
1.2.2. Le contexte social de prolifération des
Églises de Réveil
Au cours de ces deux dernières décennies, la
République Démocratique du Congo a amorcé une
véritable descente aux enfers, et le moins que l'on puisse dire est que
le
22 Entretien avec le Pasteur François MALEBA
Mpankia MAY, Président-Représentant Légal de l'Eglise
Baptiste de l'Esprit de Vérité (EBEV), entretien tenu le 20
février 2009 à Kinshasa.
21
commun du peuple ne sait plus à quel saint se vouer.
Aux crises sociales, militaires et politiques, s'est greffée une
sévère crise économique dont les issues demeurent loin
d'être perceptibles. L'ouverture ressente du pays au système
démocratique, ayant débouché sur l'installation des
institutions issues des premières élections libres et
démocratiques, ne génère pas encore des signaux forts
susceptibles de servir d'indicateurs d'un véritable changement social.
C'est dans un tel contexte de crise chronique que prolifère les cultes
dans les bidonvilles de la plupart des milieux urbains au Congo.
En réalité, le terrain s'avère plus que
jamais réceptif à toute nouveauté. Dans ce contexte, les
innovations à caractère religieux rencontrent de manière
particulière bien d'interlocuteurs surtout dans les cercles des jeunes
dans la mesure où elles apportent des réponses aux attentes de
cette clientèle, ne serait-ce sur le plan discursif.
Dans la mégapole de Kinshasa, on perçoit la
perte des repères familiaux, l'ébranlement des valeurs de
l'organisation paysanne, le chômage déguisé, le
célibat prolongé, la prolifération des fléaux comme
le sida, la fièvre typhoïde, la tuberculose, l'entrée sur
scène du phénomène « enfants de la rue », «
enfants-sorciers », « enfants soldats », « kuluna
», « mpomba », etc. Le rêve d'exode vers
l'eldorado européen ou sud africain, demeure au centre des
préoccupations de la nouvelle génération, dans presque
toutes les villes du pays.
Sur le plan pédagogique, il se développe donc un
« discours tragi-comique des télévangélistes qui
répond à la naïveté désespérée
des fidèles »23.
Des nouvelles églises, fruits d'un croisement hybride
de pentecôtisme "born again" à l'américaine et de
croyances traditionnelles africaines. A leur tête, les "pasteurs",
"prophètes" ou "apôtres" messianiques distillent des promesses de
guérison de maladies incurables, d'obtention de visa pour l'Eldorado
européen, ou encore de prospérité immédiate. Pour
ce faire, certains ont même mis sur pied leur propre chaîne de
télévision,
23 Le cinéaste belge Gilles
Remiche, Marchands de Miracles (film) est en
réalité un périple à la découverte de cet
univers ahurissant, où la violence des cultes reflète celle de la
misère; où le discours tragi-comique des
télévangélistes, répond à la
naïveté désespérée des fidèles.
Marchands des miracles décrit tant mieux que mal le contexte de
christianisation au quotidien en milieux urbains congolais.
http://www.cinergie.be/film.php?action=display&id=1081
(visité le 13/05 /2009).
22
au succès sans cesse croissant. Ainsi, les
églises du réveil séduisent aujourd'hui la majorité
des Congolais.
Visiblement, bien des frustrations sont alternées par
les structures des Eglises de Réveil notamment les temples, les groupes
de prière, les amphithéâtres, les cliniques de
Jésus, les messages véhiculés par la musique
chrétienne contemporaine, les films religieux, les prédications
médiatisées, les campagnes d'évangélisation,
etc.
Manifestement, les nouvelles communautés religieuses
offrent des structures pour l'établissement des nouveaux réseaux
sociaux, comme semble le décrire Nkeni : « le concept Eglise de
Réveil prend le sens de regroupement de personnes qui sont
indépendantes et qui se disent qu'ils sortent d'un sommeil quand elles
étaient dans les Eglises traditionnelles qui sont leurs Eglises
mères. Et pour montrer à l'opinion ce réveil, les adeptes
prient à haute voix, consacrent la majorité de leurs temps aux
activités de l'Eglise. C'est ce qui explique la grande animation des
adeptes perturbant parfois la quiétude psychologique des voisins avec
des instruments musicaux. »24 Ces activités sont
facilités grâce à la montée en puissance de ce que
nous qualifions à la suite du phénomène « le
télévangélisme »25
Tout ce matraquage médiatique s'apparente sur le plan
marketing, à des stratégies d'agressivité visant
l'élargissement de la demande primaire et de la fidélisation de
celle-ci. Puisque ces nouvelles églises tendent à parvenir
à une demande égalée vis-à-vis des églises
traditionnelles.
De ce qui est du contenu des prédications des Pasteurs,
Prophètes et archi-bishops des églises de réveil
reprennent dans leurs cultes des versets de la Bible, interprétée
à la manière d'un code de droit civil : on' y puise des
réponses à toutes les préoccupations d'ordre tant social
que spirituel. Comme le soulignent bien d'observateurs, « le recours
à la Bible dans les sectes consiste à chercher des passages
adaptés à la situation du requérant. En tant que livre de
recours et source d'inspiration, la Bible donne lieu non pas à une
lecture scientifique, mais à une lecture fondamentaliste et
24 NKENI, M., « Le phénomène
des sectes à Kinshasa. Essai d'une analyse anthropologique ».
Université de Kinshasa, Faculté des Sciences Sociales, 1999-2000.
pp. 12-13.
25 BEN BARKA, un des spécialistes mondialement
reconnus des médias religieux nord américains, nous livre la
nature même du télévangélisme : « Le terme
"télévangélisme", désigne à strictement
parler, l'activité des prédicateurs les plus souvent
fondamentalistes ou pentecôtistes, lors d'émissions religieuses
à la télévision américaine. Mais pris au sens
large, ce terme englobe l'ensemble des programmes radiodiffusés et
télévisés, comprenant aussi bien des émissions
purement cultuelles : sermons et prières, talk shows, spectacles de
variétés, bulletins d'information, films, feuilletons,
séries comiques, etc. »
23
littéraire. La Bible est alors
interprétée d'après les situations. A leurs yeux tout ce
qui vient de la Bible est sacré, est parole de Dieu et peu importe
l'interprétation qu'il faut en tirer. »26
Selon KAMATE MBUYIRO, une analyse rigoureuse (et froide)
permet de constater que l'interprétation de la Bible est une
activité taillée sur mesure. A propos, une analyse flottante de
quelques thèmes, qui constituent le centre de gravitation du discours
des leaders des nouvelles Églises, est susceptible de favoriser la
perception de cette réalité.
1. La semence au
quotidien
Face à la désarticulation du contexte social, le
besoin ardent de se défendre contre les mauvais esprits, les
envoûtements, les enfants sorciers, la désoccupation, le
célibat prolongé, le sida, etc., demeure le mobile principal de
la célébration des cultes des miracles. La volonté de
« domestiquer » Dieu comme rempart, bouclier, forteresse sûre,
reste vraisemblablement le centre de gravitation des groupes de prière.
Au cours des cultes, des campagnes d'évangélisation, des
réveillons de prière, les femmes amadouent Dieu, en
déposant au pied du lutrin des objets de luxe : bijoux, gourmettes,
colliers, bracelets, bagues en or, téléphone mobile, appareils
électroménagers, etc.
Bien des cultes des Églises de Réveil,
rappellent l'épisode biblique du veau d'or dans le livre d'Exode. A
Kinshasa, les cultes de Réveil célèbrent une
divinité « gentille », courtoise, facilement
fréquentable, peu conflictuelle, un ami, un collègue, un
frère, bref un Dieu congolais !
Ce qui justifie que le Dieu vanté par ces
églises de « réveil » perçoit sa dîme, sa
semence ; à son tour, il réagit par la réalisation des
prodiges au centuple : onction, travail, mariage, visa, voyage,
prospérité, etc. Le Dieu d'Abraham et de Moïse réagit
par des oracles, des châtiments, inonde la terre de déluge, promet
le feu éternel ; alors que le « nouveau Dieu » porte ses
enfants sur ses bras, les caresse sur les genoux. On le remercie par des cultes
chaleureux : adoration, louange, invocations, témoignages, cantiques
populaires, cris, slogans, danses exubérantes au rythme du tam-tam, ou
à la guitare électronique27.
26 KONDE N., Les nouveaux mouvements :
Évangélisation et Développement, Kinshasa,
Facultés Catholiques de Kinshasa, 1997, p. 24.
27 Dans les nouveaux cultes, l'image du Christ est
celui d'un guérisseur, faiseur des miracles, un Christ-Solution, le
« Lion de la tribut de Juda ». Dans l'imaginaire des adeptes des
cultes des miracles à Kinshasa, ce titre très
médiatisé rappelle la bravoure d'un commandant sur le champ de
batail. Celui-ci, combat pour
24
Dans l'acception des adeptes des Eglises de Réveil, si
dans une communauté, existe des chrétiens qui récoltent
très peu, c'est signe qu'ils ne sèment pas en suffisance. Il est
question surtout de prendre en charge le « serviteur de Dieu », si on
souhaite une récolte abondante, celle-ci est donc proportionnelle
à la semence. Souvent, on sème des biens matériels en les
déposants au pied du lutrin du pasteur ; la récompense pour le
semeur viendra sous forme de travail obtenu, célibat brisé,
stérilité anéantie, visa accordé, etc.
2. Bâtir pour le Seigneur
On fait croire aux adeptes qu'il faut participer activement,
c'est-à-dire financièrement, matériellement, même
psychologiquement à la construction des édifices pour « Dieu
». Bien que pour la plupart, ces sites sont des propriétés
privées des Dirigeants de ces églises ; et en outre que ces
constructions ne sont pas réalisées avec ces finances
récoltées auprès de leurs adeptes, mais plutôt avec
des appuis financiers des organisations nord-américaines dont les
motivations sont pour la plupart hégémoniques, culturelles,
pourquoi pas politiques que caritatives. On citera par exemple le cas du
Ministère amen avec le Pasteur Motombo Kalombo, de l'Evêque Mukuna
de l'Assemblée Chrétienne de Kinshasa (ACK), du
général Sony Kafuta Rockman de l'Eglise de l'Armée de
l'Eternel. Ce dernier qui à lancé depuis longtemps les travaux de
construction d'un temple gigantesque au croisement des avenues Sendwe et
Kasa-Vubu, au coeur de la mégapole de Kinshasa.
Pour lui, après avoir bénéficié
des prodiges de l'Eternel au cours des croisades et campagnes religieux, les
participants doivent soutenir les travaux de finissage de ce temple du
siècle. Selon article de presse du « Quotidien Society
», le général Sony Kafuta Rockman dit souvent ceci
à ses adeptes : « Vous êtes mon investissement. Si
j'échoue, je perds, et vous devenez des criminels économiques
pour l'Eglise, car vous empêchez la réalisation du temple de
l'éternel »28.
3. Campagne de Semence pour le salut du
Congo
Il reste pourtant vrai dans les pratiques courantes de ces
églises que si le jeûne est une technique de purification
spirituelle, la semence s'avère plutôt une technique
protéger son peuple contre le célibat, le
chômage, l'envoûtement, les enfants sorciers, les maladies.
L'offrande reste le moment privilégier pour attirer la sympathie de Dieu
qui réagit par des bénédictions au centuple.
28 Quotidien Society, Kinshasa, février
2006.
25
privilégiée de captation de ressources
matérielles auprès des fidèles. Preuves faites par les
prêches de la plupart des pasteurs et autres dirigeants des
églises de réveil. On citera pour ce faire, le prophète
des nations, le pasteur Denis Lessie de l'Eglise « Arche de Noé
», le pasteur Mbiye de la « Cité Bethel » de Kinshasa.
Les exemples à ce sujet sont légions où l'on observe la
montée en puissance de ce qu'il convient de qualifier de la «
théologie de la prospérité et de la semence
».
4. Les aveugles voient, les sourds attendent, les
boiteux marchent
La visitation est également un des thèmes en
vogue, dans les enseignements des Eglises des miracles à Kinshasa. On y
rapporte que la Bible est jalonnée d'épisodes de visites de Dieu
à son peuple, comme qui dirait que l'histoire du salut est avant tout
une histoire de visitation. L'on croit qu'au cours de chaque culte et surtout
à l'occasion des croisades évangéliques, que Dieu visite
« en chair et en os », chaque fidèle pour le bénir au
centuple. C'est ainsi que pendant les multitudes campagnes
d'évangélisation dans les stades et autres lieux publics, Dieu
intervient de manière spéciale pour opérer des prodiges :
les aveugles voient, les boiteux marchent, les chaînes du chômage
et du célibat sont brisées, des visa accordés, etc.
Disons au terme de cette analyse de la pratique du marketing
religieux par les églises que ces exemples de discours constituent ce
que nous qualifions au niveau de notre étude de « nouveau paradigme
» des prédications inaugurés par les Eglises de la
prospérité. Des telles transmissions prennent la part du lion
dans les médias évangéliques, qui déferlent sur
Kinshasa et ses environs. Il devient plus que tout nécessaire de
recentrer nos efforts sur ce nouveau phénomène religieux qui
apparaît pour un Congo en marche vers sa nouvelle renaissance, un facteur
d'a-normativité.
Pour s'en convaincre, il importe de se placer dans cette
thèse de José MVUEZOLO BAZONZI qui souligne : « les «
églises de réveil » au Congo sont un phénomène
récurrent et impressionnant, et une réalité
prégnante liée à la mondialisation par le biais du
mouvement néo-pentecôtiste. A mi-chemin entre l'Eglise
traditionnelle protestante et le courant pentecôtiste originel, ces
églises, sous la direction exemplaire de leaders locaux pugnaces et
entreprenants - au sens de l'entrepreneurship américain - se
sont forgé leur propre credo, credo parfois inqualifiable, insaisissable
et proche de la dérive mercantiliste et fondamentaliste. Leur
présence sur l'espace public congolais, avec l'implication de
26
leurs médias respectifs, procède d'un
nivellement et d'une déconstruction culturels inédits dans
l'histoire religieuse du pays.
C'est pourquoi, étant donné l'impact de ces
églises sur le corps social de Kinshasa et partant du Congo, il semble
nécessaire qu'elles soient intégrées dans le processus de
développement social, politique et économique durable du pays, en
tant que partenaires et acteurs valables. En effet, ces structures religieuses
réunissent en leur sein des fidèles nantis et dynamiques capables
de soutenir des actions de développement communautaire. En outre, elles
reçoivent d'une manière ou d'une autre le soutien des Eglises
pentecôtistes et évangéliques américaines.
Enfin, l'esprit de lucre et du gain instantané qui
caractérise les leaders de ces églises ainsi que leurs adeptes,
la tendance à une dérive vers l'intolérance et la loi du
moindre effort, et la propension vers une culture fétichiste de la vie
chrétienne, devraient interpeller l'autorité et toute la
société congolaise » 29.
D'où la nécessité de corriger pour ne pas
dire d'encadrer le fonctionnement de cette nouvelle façon de vivre-Dieu
et de servir-Dieu qui peut se poser comme un réel obstacle au
développement intégral et intégré de la
République Démocratique du Congo. Car sensiblement, le travail
source de prospérité est entrain de céder la place
à une prospérité divine. Cette
théâtralisation de la vie quotidienne et religieuse peut
malencontreusement hypothéquer les acquis de cette nouvelle renaissance
sus-évoquée. Cela dans la perspective des efforts pour la
reconstruction du pays que dans la sphère d'une cohabitation
réelle inter-églises.
En réalité, les églises traditionnelles,
particulièrement Catholique sont loin de comprendre, mais surtout
d'appliquer (ne serait-ce après reformulation) ce marketing religieux.
On ne cessera de se dire, dans la configuration actuelle de l'espace religieux
congolais et dans l'intérêt de protéger mieux de conserver
leurs positions historiques, d'encadrer leurs oins, les églises
traditionnelles à Kinshasa sont dans l'obligation de pratiquer ce
nouveau concept : le marketing religieux. C'est-à-dire, d'avoir
à l'esprit l'idée que leurs églises est à comparer
à un produit qu'on emmène sur un marché de
référence. Ce qui exige de celui-ci de se conformer au mix
marketing : penser à une politique de
29 Lire à ce sujet : José MVUEZOLO
BAZONZI, Les « églises de réveil » de Kinshasa
à l'ombre du mouvement néo-pentecôtiste mondial : entre
nivellement et déconstruction culturels, Kinshasa, Centre d'Etudes
Politiques (CEP)/ Université de Kinshasa/ RD Congo, article
électronique. Pdf
27
produit, à une politique de distribution, une politique
de communication et enfin, à une politique du prix.
Nous en venons à présent à circonscrire
le profil du discours-enjeu nécessaire afin d'assurer la
viabilité et la vitalité d'une organisation : son contours
sémantique et sa nature.
1.3. LE DISCOURS-ENJEU
Après avoir défini les concepts clés de
communication pastorale, de marketing religieux et de médias tactiques,
nous en arrivons à l'opérationnalisation du groupe de mots
susmentionné, à savoir le discours-enjeu.
Nous allons ici nous focaliser pour l'essentiel sur les
recherches menées tour à tour par Richard Mugaruka30
et Uli Windisch31, respectivement sur la catéchèse
dans le champ de la communication et le K. - O. verbal comme
expression et pratique de la communication conflictuelle.
Le discours-enjeu est un discours
stratégique32. Il permet de parvenir à
l'institutionnalisation de l'organisation, c'est-à-dire à
confronter cette dernière sur différents plans :
- celui des mentalités (comme avec les
représentations du rôle de l'entreprise et de ses liens avec la
société) ;
- celui des discours ;
- celui des pratiques (comme celles qui sont
spécifiques, par exemple, à la formation de la stratégie)
;
- celui des institutions (comme celles qui participent
à la formation des managers, celles qui « font émerger
» des normes institutionnalisantes (...) et celles qui légitiment
comme,
30 Prêtre et Professeur des universités
et instituts supérieurs au Congo et dans la sous région des
grands lacs africains, Richard MUGARUKA est Docteur en
Théologie, Licencié en Philologie biblique et Philologie et
Histoires Orientales de l'Université Catholique de Louvain. Sur le plan
scientifique, principalement dans le champ de la communication, cet auteur se
fixe comme objectif « de monter, d'une part, comment s'articule la
connexion entre catéchèse et communication sociale, et d'autre
part, en quoi ces deux disciplines autonomes peuvent s'enrichir de leurs
spécificités du point de vue théorique et pratique »
(cf. Catéchèse et homilétique dans le champ de la
communication. Pragmatique de la communication de la foi, Kinshasa,
éd. Paulines, 2004).
31 Uli Windisch est Professeur à
l'Université de Genève...
32 Lire à ce sujet : La stratégie et
l'institution, « 3. Le discours stratégique comme
modalité d'institutionnalisation de l'organisation », AGISTR,
pp. 30-33. PDF.
28
par exemple, les différents « regroupements »
qui prônent des normes en matière de gouvernance) ;
- celui des mythes et des rites soit du fait d'outils de
gestion dont la validation est considérée comme nécessaire
(un plan stratégique, par exemple), soit du fait de pratiques
spécifiques constitutives de la culture et de l'identité
organisationnelles
;
- celui des savoirs (comme sur la compréhension, par
exemple, de l'environnement stratégique). 33
Le discours stratégique repose alors sur des consensus
non discutables :
- l'adaptation permanente de l'organisation par la
mobilisation des moyens vers l'accomplissement de buts, dans les contours d'une
idéologie progressiste, mais sans avoir véritablement de
théorie du temps qui permette de situer l'avant et l'après ;
- l'exécution du processus de combinaison des moyens
vers les buts par des agents dont la dimension politique de sujet est
ignorée ;
- l'interaction de l'organisation avec d'autres
sous-systèmes tels que les institutions au travers d'une
réflexion rationnelle sur les buts attribués aux autres
sous-systèmes ;
- l'existence de logiques d'action dont la
répétition constitue le gage de l'existence et la garantie
légitime de leur énoncé sous forme de lois à
vocation « scientifique » et de discours à vocation
institutionnalisante ;
- l'organisation comme agent élémentaire de
l'économie et de la société, donc d'une «
société » constituée d'organisations. L'organisation
peut alors être considérée comme institutionnalisation de
rapports économiques et sociaux entre sujets par référence
à une structure hiérarchique en comblement du déficit des
« mécanismes » de marché ;
- l'organisation repose sur des concepts
générateurs (la hiérarchie, la délégation,
la coordination, etc.) et/ou sur des opérateurs (avec, par exemple, la
trilogie « stratégie - structure - comportement ») ;
- l'organisation est éternelle et
hégémonique car anachronique, synchronique et diachronique
à la fois : anachronique car « hors » du temps, synchronique
car globalisante
33 HATCHUEL A., « Quel horizon pour les sciences
de gestion ? Vers une théorie de l'action collective», in
DAVID A. & HATCHUEL A. & LAUFER R. (Eds.), Les nouvelles
fondations des sciences de gestion - Éléments
d'épistémologie de la recherche en management, Vuibert,
collection « FNEGE »,
Paris, 2000.
29
à la fois de ses éléments et de son
emprise sur le monde et diachronique car les sociétés
disposeraient des organisations de leur époque, d'où la
perspective évolutionniste qui pourrait leur être
appliquée. Éternité ambiguë car elle pose le
problème de savoir s'il y a une vie en dehors des
organisations.34
L'organisation recherche ainsi à assurer sa
pérennité en tant qu'objet et en tant que
téléologie. Les organisations se « battent » toutes en
tant que telles pour survivre.
Cela dit, le discours-enjeu est susceptible d'être
calqué sur la rhétorique classique, celle-ci étant
perçue comme art de convaincre reposant sur trois facteurs de persuasion
qui contribuent à la qualité du discours : l'autorité de
l'orateur (l'ethos), l'argumentation du discours (le logos)
et les émotions qu'il suscite dans l'auditoire (le
pathos)35.
Ainsi, le discours-enjeu doit prévoir un plan et se
constituer en un agencement d'arguments. C'est l'argumentation. Car pour
soutenir son point de vue, l'auteur doit produire des arguments qui peuvent
être soit de nature inductive et procéder en recourant à
des exemples ; soit ils peuvent être déductifs.
Pour Uli Windisch, l'enjeu de la lutte verbale est à
coup sûr, fonction de la capacité de faire valoir des
activités et des stratégies verbales. Sans gros capital
argumentatif et sans maitrise langagière, point de victoire aux mots.
C'est-à-dire que l'argumentation quotidienne consiste :
-en l'énonciation d'assertions visant à
instaurer un discours et une place de maitre de la joute verbale ;
-à développer des stratégies discursives
qui ont pour objet d'augmenter la crédibilité du discours et de
la place (sociale, politique ou autre) du locuteur ;
-en la mise en oeuvre d'un important travail argumentatif
effectué par le biais du langage36.
Pour passer de l'argumentation quotidienne à
l'argumentation conflictuelle via l'argumentation logique, on procède
à des évaluations bons/mauvais et ces dernières ont pour
objet de s'en prendre non seulement au discours de l'adversaire, mais à
sa place. Au stade de l'argumentation conflictuelle, la question du langage ne
peut plus rester centrée sur le seul sujet, émetteur ou
énonciateur ; elle nécessite la prise en compte de la nature
34AGISTR : La stratégie et
l'institution, « 3. Le discours stratégique comme
modalité d'institutionnalisation de l'organisation », AGISTR,
pp. 30-33. PDF.
35 MUGARUKA, R., Op. cit., p. 23.
36 WINDISCH, U., Le K.-O. verbal. La communication
conflictuelle, Genève, L'Age de l'homme, 2004, p. 68.
30
des relations que ce dernier entretient avec l'interlocuteur
et les représentations sociales que l'émetteur a de son
adversaire.
Dans son travail argumentatif, visant à
crédibiliser son discours et sa place, le sujet parlant-le sujet
manipulateur- ne peut pas ne pas tenir compte de l'adversaire et du public
visé. Il doit s'interroger sur le point de vue, la vision du monde, les
représentations sociales et l'identité sociale...
Cela étant dit, il sied de noter que l'action oratoire
doit s'exercer sur trois niveaux :
1) La voix : elle se rattache
à la fois au logos, au pathos et à l'ethos. En outre, elle n'est
pas un véhicule neutre du discours : elle est signifiante. Elle est
l'expression de bien des choses avant d'agir comme porteuse de messages
particuliers. Ce qui justifie la nécessité d'en faire bon usage.
La mesure de la voix s'effectue à deux niveaux : de son volume (fort,
moyen ou faible) et de son timbre (clair ou voilé, dur ou doux, plein ou
grêle, etc.) Enfin, l'emploi de la voix est approprié quand elle
se conforme à quatre lois suivantes : la clarté, la
variété, la convenance et la mesure).
2) Le geste doit répondre
aux règles qu'il importe d'éclaircir :
- La sincérité réside dans la
concordance entre gestes, regard et pensée ;
- La synchronie : l'adaptation du moyen non verbal
à l'idée ;
- La netteté : la bonne exécution du
geste ;
- La diversité : éviter de
paraître artificiel et mécanique ou monotone ;
- La sobriété : il
s'agit de laisser à la porte toute sa force.
Toutefois, les gestes corporels sont à ajuster au sujet
traité et aux effets et sentiments qu'on veut exprimer et faire
partager. On s'en tiendra particulièrement à la tête, la
physionomie ou visage, les yeux, les sourcils, les narines, les lèvres,
le cou, les épaules et enfin les mains et parfois les pieds...Obligation
sera faite aussi à une meilleure coordination avec la parole. Mugaruka
renseigne à ce sujet que cette bonne coordination amplifie la parole ;
par contre, un désaccord entre ces éléments et la parole
la disqualifie.
Aussi, la personne qui prononce un discours-enjeu doit tenir
compte des circonstances de temps, de lieu, du contexte social et
anthropologique ainsi que du sujet et du contenu de son discours pour y adapter
une multitude d'éléments non verbaux qui font partie du
procès de toute communication.
31
3) La tenue vestimentaire à
porter lors d'un discours-enjeu influe toujours sur ses
performances rhétoriques ou communicationnelles. Elle
tiendra donc des gouts et des convenances en la matière dans le milieu
des destinataires. C'est dire que la tenue vestimentaire doit être en
conformité avec les habitudes et les mentalités du
public-témoin ; bref, s'accorder avec le contexte général
de la cible.
Selon la plupart d'auteurs et de créateurs de modes,
pour un discours-enjeu officiel et solennel (en public), « une tenue et
des couleurs sobres, sombres (bleu, noir, gris...) et classiques, semblent les
mieux indiquées »37.
Certes, un discours-enjeu est de l'avis de Windisch un
discours conflictuel. Un discours conflictuel est « un discours qui
s'oppose à un autre discours : contre-discours, puisque
l'activité principale de l'auteur d'un discours conflictuel consiste
à reprendre, dans son propre discours, le discours de son adversaire
pour le rejeter, le nier, le réfuter, le disqualifier
»38.
Ainsi, l'auteur d'un tel discours adresse son discours
à deux cibles (interlocuteurs différents) :
- Son adversaire certes, mais aussi et surtout
- au public-témoin, le public-témoin du conflit.
L'objectif d'une telle démarche poursuivie par l'auteur
d'un discours conflictuel est de (3) :
i. Combattre les idées, les thèses émises
par son adversaire ;
ii. Faire triompher ses propres idées et thèses
;
iii. Les faire partager au public-témoin, au public
visé et concerné par les enjeux du conflit (les électeurs,
les adeptes d'une église, par exemple).
Le destinataire principal ou premier d'un discours conflictuel
est multiple. Dans sa démarche, l'auteur d'un tel discours poursuit
comme objet de séduire, de rendre complice et prendre à
témoin le public. Cela fait que le discours conflictuel doit presque
automatiquement revêtir un air de mise en scène, un aspect
spectaculaire, théâtral et parfois ludique. S'imposer, c'est aussi
séduire, et il est connu que les chemins de la séduction sont
innombrables. Dans cette théâtralisation, « l'adversaire est
un faire-valoir,
37 MUGARUKA, R., Op. cit., p. 29.
38 WINDISCH, U., Op. cit., p. 25.
32
malgré les virulentes attaques dont il peut faire
l'objet et l'acharnement mis en oeuvre pour contester et disqualifier ses
propos39.
Section 2 : LE TABLEAU RÉCAPITULATIF DE
L'OPÉRATIONNALISATION DES
CONCEPTS
|
Concepts
|
Dimensions du concept
|
Composantes des dimensions
|
Indicateurs des composantes
|
1.
|
La communication pastorale
|
La communication verbale/ non-verbale ; la communication
digitale/ analogique
|
Gestes, la proxémique, la posture, l'habillement, le
regard et le contact visuel, le rythme respiratoire, le bâillement,
etc.
|
|
2.
|
Le marketing religieux
|
-le marketing direct ; -le marketing alternatif
|
La publicité, la promotion des activités, les
relations publiques ;
Le buzz marketing, le street marketing, la guérilla
marketing et le
|
Les campagnes religieuses, les émissions audiovisuelles,
des meilleures homélies, le partage de la Parole de Dieu de
porte-à-porte (modèle utilisé chez les Témoins
|
|
39 WINDISCH, U., Op. cit., p. 25.
33
|
|
|
marketing viral
|
de Jéhovah, les prédications bibliques par avenue
(modèle CVB à l'Eglise Catholique)
|
3.
|
Le discours-enjeu
|
-le discours stratégique ; -le discours affectif-
conflictuel40
|
-Les textes argumentatifs, -les marques discrètes,
-les marques graphiques, -les marques de subjectivité
|
-Les acquiescements, -les applaudissements, les sourires, etc.
|
Dans le cadre de notre recherche, le discours d'intronisation
de l'Archevêque de Kinshasa peut être qualifié de
discours-enjeu. Une analyse plus fine permettra alors d'en ressortir les
éléments intelligibles.
Section 3 : CADRE THEORIQUE
A partir de nos théories de base, nous allons
bâtir une méthodologie propre et mieux adaptée pour cette
étude.
En fait, notre cadre théorique s'appuie sur un certain
nombre d'auteurs. Il y a d'abord le suisse Uli Windisch qui estime que la
communication est un processus conflictuel qui vise à mettre
l'interlocuteur ou le cible hors-jeu et K.-O., le «foutre» hors
40 Discours affectif-conflictuel chez Uli Windisch
renvoie à un discours véhément, au processus de
disqualifications en chaine. Aussi, aux relations souhaitées,
imaginaires ou purement fantasmatiques. Il s'en prend aux
représentations sociales que l'adversaire veut donner de lui-même.
C'est-à-dire il vise la destruction de leur identité sociale.
Dans la communication conflictuelle, le but poursuivi est que le public
haïsse et déteste ces représentations sociales. Sur le plan
pratique, ce discours est fait des messages courts.
34
lui, afin qu'il adhère sans contestation au message de
son partenaire, en rejetant sa propre thèse ou ses idées.
Ensuite, notre second soubassement théorique est la
théorie des marques de subjectivité de Catherine
Kerbrat-Orecchioni. Elle consiste à décrire les traces de
l'inscription du sujet parlant dans l'énoncé. Car pour cette
auteure « parler, ce n'est sûrement pas échanger librement
des informations qui « passent » harmonieusement,
indifférentes aux conditions concrètes de la situation
d'allocution et aux propriétés spécifiques des partenaires
de l'échange verbal »41.
Cela veut dire qu'à côté de la conception
informationnelle de l'échange verbal, il faut dorénavant compter
avec la pragmatique ou « la théorie des forces illocutionnaires, la
praxématique de Robert Laffont42, ou la «
sémanalyse » de Julia Kristeva. Tous ces auteurs, comme Orecchioni,
estiment que « dire », c'est en même temps « faire ».
Et, quelle que soit l'ambiguïté des termes employés, il
s'agit d'assimiler le langage à une « pratique », une «
praxis », une production, un « travail ».
Telle est notamment la thèse initiée par le
philosophe anglais John L. Austin (1911-1960).43 Il souligne que
« la pragmatique quitte le terrain des structures de la langue pour
s'intéresser à la parole et à ses effets dans le cadre
d'une communication. Pour elle, les actes de langage désignent des
énoncés en tant qu'ils agissent sur les autres ».
A part ces théories précitées, notre
étude va s'appuyer également sur la théorie de lutte
contre les concurrents en marketing. Elle est axée sur les efforts
d'auto-défense du leader en vue de se protéger par la mise en
place d'une double stratégie défensive. Car quand il se sent
attaquer dans ses positions traditionnelles, le leader peut, soit demeurer
41 KERBRAT-ORECCHIONI C., L'énonciation.
De la subjectivité dans le langage, Paris, Armand Colin, 2002, p.
10.
42 La praxématique, développée
par R. Laffont (1973) et son équipe à partir de 1970, se veut un
modèle dynamique de la production du sens qui tient compte de la tension
entre la pulsion communicative des sujets et la stabilisation d'un sens social.
(CHARANDEAU, Patrick et MAINGUENEAU, Dominique (sous dir.), Dictionnaire
d'analyse du discours, Paris, éd. du Seuil, 2002, p. 460.)
43 AUSTIN, L., J., Quand dire c'est faire,
Paris, Seuil, 1970, 1ere éd. 1960 cité par MUGARUKA, M., R.,
Op cit.
35
sur des positions fixes (défenses fixes), soit se
prémunir en bougeant (défenses mobiles).44
3.1. La théorie du K.-O. verbal d'Uli Windisch
Cette théorie développée par Uli Windisch
consiste à examiner comment un interlocuteur s'emploie à
disqualifier à la fois le discours et la personne ainsi que
l'identité de l'adversaire. Cette théorie laisse ainsi s'opposer,
dans un discours conflictuel deux interlocuteurs. Il y a toujours deux
interlocuteurs, chacun avec un contre-discours et tous les deux
développent un discours dirigé vers le public-témoin.
En effet, les objectifs poursuivis sont de combattre les
idées/ thèses émises par l'adversaire, faire triompher ses
propres idées/ thèses et les faire partager au
public-témoin.
Par ailleurs, dans un premier temps, le discours
développé par l'adversaire est modifié, faussé et
disqualifié. A ce niveau, le K.-O. verbal est provisoire parce que
l'autre va répondre. C'est-à-dire que le discours conflictuel
appelle une réponse, l'autre étant dans l'obligation de
répondre. On se trouve donc dans une perspective de conflit
discursif.
Cela dit, cette communication est conflictuelle aussi parce
qu'elle est définie par des rapports inégalitaires et
hiérarchiques. D'où l'émergence d'une relation de
domination. Cette production discursive du manipulateur, nous met devant une
double activité de disqualification par son discours : la
disqualification de la personne et celle de son discours. Cela veut dire qu'il
s'agit de la contestation et de la disqualification du discours rival, de la
place ou de la position défendue par l'adversaire et de la personne
même de l'adversaire.
En outre, le sujet manipulateur peut :
-Faire porter au sujet qu'il manipule la responsabilité
d'un discours que ce dernier n'a pas tenu ;
44 POMBO, N. A., Notes de cours de Promotions des
ventes, cours inédit deuxième Licence Communication des
Organisations, IFASIC, Kinshasa, 2009.
36
-Le mettre dans une place qui le met mal à l'aise et qui
n'est pas celle qu'il veut occuper.
Toutefois, il importe de noter que toute lutte pour une place
ou un discours oscille entre : l'autodéfense et l'attaque de l'autre.
Sur le plan pratique, cette théorisation d'Uli Windisch
nous met devant la nécessité d'éclaircir les formes du
discours conflictuel ainsi que le fonctionnement général du
discours conflictuel.
A. les marques discrètes : ce sont
les moyens de présenter les discours adverses tout en s'en distanciant.
S'intéresser à la forme extérieure du discours constitue
donc l'aspect statique de la démarche. On se focalisera par exemple sur
:
- Le lexique : vitupérants (termes injurieux,
dévalorisants, péjorés), les verbes déclaratifs,
les verbes de jugement (il est faux de dire que..., il est absurde
d'affirmer...), diverses formes de la négation, les propos non
assumés (soi-disant, prétendu, présenté comme,
contraire à, en apparence), les restrictifs (certes...mais), parfois
aussi les intonations45.
- Les marques graphiques : les guillemets, les
tirets, les parenthèses, les points d'exclamation, les points
d'interrogation, les points de suspension, les virgules, les majuscules, etc.
C'est-à-dire que la fréquence et l'apparition simultanées
de plusieurs d'entre elles exposent à une grande probabilité de
discours conflictuel. Le discours conflictuel intègre et rejette
à la fois. Il faut repérer sa dynamique, ses mécanismes de
fonctionnement interne.
B. Les stratégies discursives : ce
sont les moyens de traiter le discours adverse, l'intégrer en le
transformant et le manipulant. Par rapport à ces stratégies
discursives, on se trouve donc devant neuf cas de figures en termes de
manipulation au niveau du discours adverse.
45 WINDISCH, U., Op cit, p. 31.
37
- Le discours rapporté direct ou la citation
:
a) la citation d'une autorité
légitimée permet de mettre l'accent sur le renforcement de
sa position. Cela signifie que la légitimité du dire du sujet
manipulateur va grandissant et simultanément contribuer à
illégitimer le dire de l'adversaire. Il y a possibilité de
recourir à une sous-stratégie tendant à marquer la
citation (guillemets) tout en l'annulant (en supprimant les deux points) pour
mieux l'intégrer à son discours.
b) La citation d'une autorité illégitime
(affaiblissement de la position du rival) : on tente par un tel geste
d'assimiler le discours manipulé à un discours rejeté, et
par le rival ainsi que la très large majorité du
public-témoin. Il faut veiller à ce que l'assimilation ne soit
pas jugée excessive, sinon elle sera rejetée en même temps
que l'auteur par le public-témoin.
- Le discours rapporté indirect
:
On rapporte ce que l'adversaire semble avoir dit et non
comment il l'a dit. Reprendre le discours de l'autre sans le citer permet de le
disqualifier plus aisément. D'abord, recourir à l'utilisation des
verbes neutres (dire, déclarer, penser...) et ensuite, les marques plus
conflictuelles : prétendre, soi-disant...
- Les différentes formes de négation et de
réfutation :
a) La rectification : on cherche à rectifier
un contenu précédemment asserté par un rival.
b) La réfutation propositionnelle : on
cherche à réfuter un énoncé adverse ; cela
s'accompagne d'une justification ou d'une explication.
c) La réfutation prépositionnelle
porte sur les présupposés de l'énoncé
contesté. Ici, l'auteur ne désire même pas
pénétrer les arguments de l'adversaire ; il conteste les
fondements mêmes du discours adverse. Tout se passe comme si le locuteur
voulait éviter d'entrer dans le jeu de l'adversaire. En témoigne
l'expression « de toute façon » (quelque...que).
d)
38
Le démasquage : le but est de porter le
non-dit de l'adversaire au su du public. On veut rétablir la
vérité qu'on affirme, vérité occultée par le
discours adverse.
e) Le masquage consiste à chercher à
supprimer ou taire, voire masquer les aspects de son idéologie qui ne
correspondent pas à la sensibilité du moment.
f) La concession, c'est l'adhésion apparente
et initiale à quelques énoncés adverses, avant la
manipulation. Le but à ce niveau est de ravir le public rival, en
faisant semblant de défendre ses arguments. On fait dire, en conclusion,
le contraire aux énoncés adverses. Il est possible de recourir
à deux formes de concessions : la concession très brève,
mais portant sur un contenu essentiel du discours adverse ; et ensuite, des
véritables assauts contre tous les arrangements de l'adversaire. Ces
assauts sont un élément fondamental car la concession n'est
qu'une stratégie.
g) Ironie et simulation : le but de ces deux figures
est de ridiculiser la personne du rival et son discours. On ne cherche pas
à contre-argumenter. On fait donc apparaître les autres comme
étant stupides, ridicules. Alors on se montre soi-même comme
intelligent. Ceci s'appelle coup double. C'est une constante dans le discours
conflictuel.
h) La représentation fantasmatique, c'est la
conclusion par une sorte de condensé péjoratif (transformation de
l'autre en être monstrueux). C'est-à-dire on reconstruit l'image
de l'Autre qui n'a plus rien à voir avec son discours. Le locuteur
véhicule de l'adversaire l'image qu'on veut de lui.
i) La stratégie de la guerre invisible : la
cible de l'attaque, l'adversaire n'apparaît jamais explicitement. Le
discours prend une forme didactique et se présente comme purement
informatif. Il faut là encore une connaissance du contexte et de la
situation extralinguistique46.
Qu'à cela ne tienne, à propos du fonctionnement
général du discours conflictuel, il est évident que l'on
s'intéresse à l'homme tel qu'il se comporte réellement en
société et au langage tel qu'il est effectivement parlé et
pratiqué dans la vie de tous les jours.
46 WINDISCH, U., Notes succinctes de l'ouvrage :
le K. O. verbal. La communication conflictuelle.
39
L'homme est sujet-acteur-social. D'où la notion de la
causalité circulaire développée par Uli Windisch. Faire
référence au quotidien, aux groupes sociaux et réseaux.
De ce qui précède, nous affirmons que la
théorie d'Uli Windisch porte sur l'énonciation et
cherche à repérer dans le langage :
- les traces, les marques sociales, culturelles, politiques...
que le sujet parlant (sujet de l'énonciation) laisse dans son
discours et qui permettent de le reconnaître ; le sujet parlant n'est pas
extérieur au texte, mais s'inscrit en son sein.
- le type de relation que le sujet parlant entretient avec son
propre discours ; le sujet parlant peut assumer ou non son discours, prendre de
la distance ou non.
- le récepteur qui est omniprésent dans
l'énoncé de l'émetteur. Il réalise une
écoute productive. Ce récepteur n'est pas passif, car
l'émetteur tient compte de son écoute pour modeler son message en
fonction d'elle. Dans l'énoncé de l'émetteur s'inscrit le
récepteur, qui motive le message du sujet énonciateur. L'on parle
alors de la construction du sens collectif sur la base des acteurs plutôt
individuels. C'est cela la Co-création du sens par l'émetteur et
le récepteur47.
Dans cette perspective, l'approche théorique d'Uli
Windisch se laisse compléter celle développée par
Catherine Kerbrat-Orecchioni. Portant sur
l'énonciation.
3.2. La théorie des marques de subjectivité
de Catherine Kerbrat-Orecchioni48
Dans cette théorie, l'auteur tente de décrire
systématiquement, à partir d'exemples concrets, les traces de
l'inscription du sujet parlant dans l'énoncé, c'est-à-dire
« la subjectivité dans le langage ».
Au niveau de cette théorie, l'auteure met l'accent sur
quelques-uns des lieux d'inscription du langage : les «
déictiques » ou « shifters
»49 et les subjectivèmes, « affectif
» et « évaluatif », axiologiques et modalisateurs.
47 EKAMBO, D., J.-C., Nouvelle Anthropologie de la
communication, Kinshasa, IFASIC éditions, 2006, p. 174.
48 KERBRAT-ORECCHIONI C., L'énonciation. De
la subjectivité dans le langage, Paris, Armand Colin, 1999.
40
1) LES DÉICTIQUES
Définis provisoirement comme « une classe de mots
dont le sens varie avec la situation »50, les déictiques
posent problème au niveau d'une définition précise. Ils
font appel aux différents types de mécanismes
référentiels : c'set la fonction référentielle du
langage. Par référence, il faut entendre, selon la conception
partagée par Orecchioni et les autres auteurs de son école, le
processus de mise en relation de l'énoncé au
référent, c'est-à-dire l'ensemble des mécanismes
qui font correspondre à certaines unités linguistiques certains
éléments de la réalité extralinguistique.
Cette fonction référentielle peut se
présenter schématiquement comme suit :
Sé
Sa --------- ------- référent
(dénoté, denotatum) (réel ou imaginaire)
Ce triangle sémiotique doit être orienté dans
le sens : référent Sé Sa.
Encodage : la perception du dénoté et
l'identification en son sein de certaines propriétés
linguistiquement pertinentes permettant d'associer à cet objet
extralinguistique un concept abstrait.
Le décodage : « la perception acoustique ou
visuelle du signifiant -plus précisément l'extraction dans la
substance d'expression des traits distinctifs qui le constituent. Cela renvoie
le récepteur à un certain signifié qu'il identifie
grâce à sa compétence lexicale ».
Catherine Kerbrat-Orecchioni affirme que « ce soit
à l'encodage ou au décodage, le sujet utilise conjointement trois
types de mécanismes référentiels, que nous appellerons
49 Ce terme est généralement traduit par
« embrayeurs » par Jakobson. Il a aussi d'autres
équivalents terminologiques « index » (Peirce) et
« indexical expression » (Bar-Hillel).
50 Cf. O. JESPERSON, Language, Londres, 1922,
p. 123-124 cité par KERBRAT-ORECCHIONI C., Op. cit., p. 39.
41
respectivement : référence absolue/
référence relative au contexte linguistique (cotexte)/
référence relative à la situation de communication, ou
référence « déictique ».51
Enfin de compte, notre auteure définit les
déictiques comme « les unités linguistiques dont le
fonctionnement sémantico-référentiel (sélection
à l'encodage, l'interprétation au décodage) implique une
prise en considération de certains des éléments
constitutifs de la situation de communication. On relève à ce
sujet deux types des démonstratifs :
- ceux constitués à l'aide des particules
-ci/-là : leur répartition se fait selon l'axe
proximité/éloignement du dénoté par rapport au
locuteur. On peut y assimiler le cas des adverbes de lieu.
Là (neutre)
Ici (proximité) là-bas (éloignement)
- Le cas de démonstratif simple : qui a valeur
temporelle et valeur spatiale.52.
Cette localisation s'effectue en français grâce
au double jeu des formes temporelles de la conjugaison verbale, et des adverbes
et locutions adverbiales.53
a) Les désinences verbales :
problème de l'emploi des « temps » : le choix
d'une forme de passé/présent/futur est de nature
évidemment déictique.
b) Adverbes et locutions adverbiales
: en ce moment, hier, demain, aujourd'hui, à ce
moment-là, la veille, le lendemain, un autre jour ...
c) Prépositions temporelles
: depuis..., à partir de...,
d) Adjectifs temporels : actuel,
modernité, futur, prochain, etc.
51 KERBRAT-ORECCHIONI C., Op. cit., p. 40.
52 Ce démonstratif est indirectement
déictique ; et on parle alors de deixis par ostension.
Nous empruntons ici deux exemples à Orecchioni pour expliquer ce
concept, parce qu'avec certains mots appelés déictiques, le geste
(le geste imitatif ou allégorique) est absolument requis : « «
le poisson que j'ai pêché était de cette taille-ci
(écart entre les mains) ; voilà la rivière
en question ; vous franchirez ici (geste de l'index sur carte).
53 KERBRAT-ORECCHIONI C., Op. cit., p.
51-52.
42
- Le cas de démonstratif simple qui a valeur
spatiale. Il faut ici envisager ces
déictiques en termes des sous-segments :
- Ici/là/ là-bas ; celui-ci, celui-là
;
- Près de y/ loin de y ;
- Devant/derrière : « x est
devant/ derrière y » ;
- À droite/ à gauche ;
- Les verbes aller/ venir54.
2) LES SUBJECTIVEMES
Ce sont autant de marques de subjectivité. Il y a deux
types de subjectivèmes :
- Axiologiques : ce sont les éléments du
discours qui manifestent la subjectivité en terme des jugements de
valeur par le sujet ;
- Modalisateurs : ils nuancent la certitude de l'auteur
vis-à-vis de ce qu'il parle, sa position vis-à-vis de ce qu'il
dit.
Par ailleurs, il existe des subjectivèmes sous forme
d'adjectifs évaluatifs. Les évaluatifs reflètent la
subjectivité d'un énonciateur, celui de dernière instance
qui prend en charge la totalité de la séquence de
l'énoncée55.
54 On note ici l'utilisation des verbes de mouvement.
Le verbe « aller » s'emploie dans toutes les situations, à
l'exception du cas où x se déplace (dans le passé, le
présent ou le futur) vers l'endroit où se trouve le locuteur au
moment du procès d'énonciation. Le verbe « venir »
s'emploie exclusivement dans le cas où x se déplace vers un
endroit où se trouvent le locuteur et/ou l'allocutaire, soit à
l'instant de l'énonciation, soit au moment où se réalise
le procès (KERBRAT-ORECCHIONI C., Op. cit. p. 59.)
55 KERBRAT-ORECCHIONI C., Op. cit., p.
106-107.
43
Schématiquement, les adjectifs subjectifs dans
l'énonciation se présentent et apparaissent comme suit :
Adjectifs
Objectifs. Ex.
célibataire/marié subjectifs Adjectif de
couleur
male/femelle évaluatifs
(d) Affectifs. Ex. Non-axiologiques Axiologiques
Poignant grand bon
(a) Drôle (b) loin (c) beau
Pathétique chaud bien
Nombreux
3.3. La théorie de lutte contre les concurrents en
marketing56
En marketing direct, lorsqu'on est en face d'un marché
multipolaire, c'est-à-dire dans lequel il y a une concurrence accrue
entre un leader et ses concurrents (challenger et les suiveurs), le leader
dispose des mécanismes propices pour se prévenir de toute attaque
surprise.
Dans le cas d'un produit, il devient nécessaire de
jouer sur les appuis (moyens) marketings pour conquérir, conserver et
développer sa clientèle. Ce cas de figure est fréquent
lorsque le leader est en phase de sa maturité. Il a donc son choix dans
le
56 LAMBIN, J-J et CHUMPTAZ, R., Marketing
stratégique et opérationnel. Du marketing à
l'orientation-marché, Paris, 5éd. Dunod, 2002, pp.
275-278.
44
marketing mix (bon produit, un bon prix, une
bonne distribution, une communication impeccable - la
publicité, les relations publiques, la promotion des ventes- La
promotion des ventes vise à ce niveau à fidéliser mieux
d'entretenir la fidélité de la clientèle.
Cependant, toutes ces précautions permettront au
produit de s'entourer d'une bonne image (voulue, crue et perçue). Cette
stratégie d'image entre dans un ensemble des moyens ou des politiques
pour promouvoir l'image que l'on veut avoir auprès de gens. Ces moyens
sont le positionnement et la communication du positionnement.
Positionner un produit c'est lui donner une différence
dans l'esprit des consommateurs de manière à le distinguer des
produits concurrents. Et la communication du positionnement
soulève la question des supports de cette communication axée
sur le positionnement : le choix des médias, les hors-médias et
éventuellement les autres moyens du marketing alternatif
évoqués ci-haut.
Concrètement, cette théorie de lutte contre les
concurrents se fonde sur les comportements qui animent le leader de se
prémunir d'instruments cohérents faisant objet d'une
stratégie réfléchie et réalisable pour affronter
les attaques des concurrents. Il doit à son actif développer une
stratégie défensive. Celle-ci consiste soit à demeurer sur
des positions fixes (défense fixe) soit se défendre en bougeant
(défense mobile). Cela lui permet d'être, soit en position
d'attaque frontale vis-à-vis du leader, basée sur son
point le plus fort, soit d'attaque latérale centrée sur
ses côtés. Ainsi, le leader se prépare-t-il contre
l'attaque surprise c'est-à-dire le contournement ou
l'encerclement du leader.
Rappelons que le recours à cette application purement
mercantile dans une étude qui ne l'est à proprement pas se
justifie par l'usage d'un concept évocateur, le « marketing
religieux », qui autorise d'observer l'Église catholique de
Kinshasa comme un produit sur le marché.
Conclusion partielle
Nous venons d'aborder dans ce chapitre finissant les approches
conceptuelles et théoriques en rapport avec notre étude sur
« le discours comme enjeux du marketing
45
religieux ». Ce segment du travail nous a permis donc
d'opérationnaliser les concepts de base dont : la communication
pastorale, le discours-enjeu et le marketing religieux.
Ensuite en second lieu, nous avons étalé les
approches théoriques qui ont sous-tendues cette recherche : la
théorie des marques de subjectivité développée par
Catherine Kerbrat-Orecchioni ; la théorie du K.-O. verbal et de la
Communication conflictuelle d'Uli Windisch et la théorie de lutte contre
les concurrents. Il nous paraît impérieux de circonscrire le cadre
spatio-temporel de notre étude qui est l'archevêché de
Kinshasa.
46
CHAPITRE DEUXIÈME : PRÉSENTATION DE
L'ARCHIDIOCÈSE DE KINSHASA
2.1. INTRODUCTION
Au niveau de ce chapitre, notre préoccupation sera
centrée sur la description de l'archevêché de Kinshasa : de
son organisation, son fonctionnement et de son historique. Nous accorderons
notre attention particulière sur l'articulation des communications et
des moyens des communications.
En effet, l'Archidiocèse de Kinshasa est un
diocèse et un archidiocèse de la République
démocratique du Congo. C'est le plus important archidiocèse du
pays. Il compte plus de 7,5 millions d'habitants, dont environ une
moitié de catholiques, 125 paroisses, 991 prêtres et 2 818
religieux. L'archidiocèse inclut 8 diocèses. Kinshasa est
également le siège de la province religieuse du Congo.
L'archidiocèse trouve son origine dans la mission religieuse ouverte sur
le site en 1886. Il devient le Vicariat Général de
Léopoldville en 1888, puis l'Archidiocèse de Léopoldville
en 1959, renommé Archidiocèse de Kinshasa en 1966.
Cependant, la province religieuse du Congo comprend les
archidiocèses suivants :
1. Archidiocèse de Kinshasa (Léopoldville)
2. Archidiocèse de Bukavu
3. Archidiocèse de Kananga (Luluabourg)
4. Archidiocèse de Kisangani (Stanleyville)
5. Archidiocèse de Lubumbashi (Élisabethville)
6. Archidiocèse de Mbandaka-Bikoro (Coquilhatville)
2. 2. HISTORIQUE
Vicariat Apostolique du Congo Belge le 11 mai 1888, englobant
la République Démocratique du Congo actuelle, à
l'exception de la partie située à l'Est du Lualaba (haut fleuve
Congo), déjà confiée aux Pères Blancs en 1886.
Divisé successivement :
47
le 8 avril 1892 (Mission indépendante du Kwango), le 21
septembre 1897 (Mission des Stanley Falls), le 12 mai 1898, (Préfecture
Apostolique de l'Uélé), le 26 février 1899 (Mission de
Matadi), le 26 juillet 1901 (Mission indépendante du Kasaï), 1905
(Mission de la Lopori-Maringa - Basankusu), 1907 (Mission de Kindu-Kongolo), le
26 janvier 1910 (Mission de l'Ubangi), le 5 août 1910 (Préfecture
Apostolique du Katanga).
Le 3 avril 1919, le Vicariat Apostolique du Congo Belge est
scindé en Vicariat Apostolique de Nouvelle-Anvers et Vicariat
Apostolique de Léopoldville, dont seront encore détachés
:
le 26 février 1934 (Vicariat Apostolique de Boma) ; le 22
juin 1951 (Préfecture Apostolique de Kole) ; le 29 juin 1953 (Vicariat
Apostolique d'Inongo).
Le Vicariat Apostolique de Léopoldville fut
érigé en Archidiocèse le 10 novembre 1959 et pris le nom
de Kinshasa le 30 mai 1966.
Il y eut d'abord la construction de l'Eglise St Léopold
en 1902, suivie de la cérémonie de la pose de la première
pierre de la nouvelle église Ste Anne qui deviendra la Cathédrale
à la date du 15 juin 1913.
Le 2 octobre 1932 a eu lieu la pose et la
bénédiction de l'église St Pierre situé le long de
l'avenue Kasa-Vubu. En 1938, Mgr Six crée la paroisse St François
de Sales destinée aux chrétiens de la Commune de Kintambo.
Pendant la guerre, il fait réserver deux terrains aux
extrémités de la cité de Kinshasa; cela qu'après la
guerre 40-45 seront construites les paroisses St Paul dans la Commune de
Barumbu et Notre-Dame du Congo en bordure de la Commune de Lingwala. Un
troisième terrain est acquis ultérieurement dans la Commune
actuelle de Kasa-Vubu où sera érigée la paroisse du
Christ-Roi. Le 20
48
juillet 1947, Mgr Six bénie la première pierre
de l'église Notre-Dame du Congo, qui devient plus tard la
Cathédrale de l'Archidiocèse de Kinshasa.
En 1953, à l'arrivée de Mgr F. Scalais, «
le Vicariat Apostolique de Kinshasa compte une population d'environ 280.000
habitants dont 97.000 ont reçu le sacrement de baptême. Pour
être exact, il faut encore ajouter une population de quelques milliers
d'âmes, qui habite dans les villages situés en bordure du Chenal,
entre la Capitale et Kwamouth, et ceux situés sur la rive gauche du
Kasaï ».
En ce moment, la ville est divisée en sept paroisses :
Ste Anne, St Léopold, St Pierre, St François de Sales, St Paul,
Notre-Dame du Congo et Christ-Roi.
A partir du juillet 1960, l'afflux des populations de
l'intérieur vers la Capitale, qui avait commencé quelques mois
auparavant devient considérable ; forte de quelques 400.000 habitants au
moment de l'indépendance, la population de Kinshasa atteint 1964 environ
1.000.000 d'habitants. On peut estimer le nombre des catholiques à
environ 500.000.
Pendant l'arrivée de ces nouvelles ouailles,
l'Archevêché a entrepris un important effort pour ouvrir des lieux
de cultes supplémentaires dans les quartiers qui surgissent à la
périphérie de l'ancienne agglomération, sur les terrains
avoisinant la ville. Depuis le mois de juillet 1960 jusqu'en 1964 dix sept
nouvelles églises sont construites à Kinshasa, toutes en
matériaux définitifs, quoique de facture simple.
Pour desservir ce million d'hommes, la ville dispose de 31
paroisses et de 6 chapelles de secours, le tout groupé en cinq
doyennés. Rappelons qu'il avait 7 paroisses en 1953 et 20 paroisses en
1960 ; ces chiffres donnent une idée de ce qui a été
réalisé57.
Aussi, la Cathédrale qui en avait été
fixée à Sainte Anne en 1959 fut transférée à
Notre-Dame du Congo par Décret du 11 décembre 1971.
57 DE SCHAETZEN, A., Evangélisation
à Kinshasa (1893-1964), dans L'Eglise catholique au Zaïre. Un
siècle de croissance (1880-1980), Kinshasa, édition du
Secrétariat Général de l'Episcopat, 1981, p. 203-230.
49
Des noms des Responsables (Vicaires apostoliques,
archevêques et évêques auxiliaires) qui se sont
succédé à la tête de l'archidiocèse de
Kinshasa depuis ses débuts, on peut citer les personnalités dont
les noms suivent.
A. Vicaires Apostoliques :
1. Camille VAN RONSLÉ (1896-1916)
2. Natalis (Noël) DE CLEENE C.I.C.M. (1916-1933)
3. Louis DE CLERCQ (Administrateur Apostolique) (1932-1934)
4. Georges SIX C.I.C.M. (1933-1952)
5. Félix SCALAIS C.I.C.M. (1953-1964)
B. Archevêques :
1. Félix SCALAIS C.I.C.M. (1959-1964)
2. Cardinal Joseph MALULA (1964-1989)
3. Cardinal Frédéric ETSOU NZABI BAMUNGWABI
C.I.C.M (1990-2007)
4. Laurent MONSENGWO PASINYA (2008-
C. Profil de quelques Vicaires Apostoliques et
Archevêques :
a- Camille Van Ronslé
Né à Lovendegem, le 18 Septembre 1862 et mort
à Rome, le 15 Novembre 1938. Il a fait ses études de philosophie
à Saint Nicolas et de théologie à Gand, en Belgique.
Ordonné prêtre : le 18 Décembre 1886.
Il fut élève du Séminaire Africain de
Louvain puis passa à la Congrégation des Pères de Scheut.
Profès : 29 Juin 1885 ; arriva au Congo en 1893. Nommé
Évêque de Tymbrium et Vicaire Apostolique du Congo : 5 Juin 1896.
Ordonné Évêque à Bruxelles : 2 Février 1897.
Retour au Congo. Démission en 1925 et fut remplacé par son
auxiliaire, Mgr Natalis De Cleene.
b- 50
Natalis De Cleene
Né en Belgique à Nieuwkerken, le 15
Février 1870 et mort en 1933. Il fut vicaire Apostolique de Kinshasa de
1924 de 1933.
c- Félix Scalais,
Né le 6 décembre 1904 à Burdinne
(Belgique) et décédé le 17 août 1967 était un
prêtre missionnaire scheutiste, dernier archevêque belge de
Léopoldville (plus tard appelée Kinshasa). Il démissionna
en 1964.
Missionnaire scheutiste Félix Scalais est
ordonné prêtre le 17 août 1930. Le 29 juin 1953 il est
nommé Vicaire apostolique de Léopoldville, alors la capitale du
Congo belge. Lorsque la structure hiérarchique est érigée
au Congo, Scalais devient le premier archevêque de Léopoldville,
le 10 novembre 1959. Il vit la difficile transition du pouvoir colonial belge
à l'indépendance de la république du Congo (30 juin
1960).
Quatre ans après l'indépendance, Scalais estime
que les temps sont murs pour passer la main à un évêque
congolais. Il démissionne le 7 juillet 1964, alors qu'il n'a que 60 ans.
Joseph-Albert Malula, plus tard Cardinal, le remplace sur le siège de
Léopoldville.
d- Cardinal Joseph-Albert Malula
Ce pasteur a vu le jour, un certain 17 décembre 1917
à Léopoldville, aujourd'hui Kinshasa, dans une famille d'un
couple des chrétiens : Papa Remacle Ngalula et Maman Marie Josée
Bolumbu.
Comme les enfants éveillés de son époque,
il a fait ses études primaires à l'école catholique de
Léopoldville et entre en 1931 au Petit séminaire de Mbata-Kiela
au Mayumbe où il achève ce cycle de formation religieuse en 1936.
L'année suivante, c'est au Grand séminaire de Kabwe au Kasaï
qu'on va retrouver le jeune Malula obnubilé par la
passion de devenir un prêtre. Son rêve s'est
réalisé le 9 juin 1946, au stade reine Astrid (actuellement stade
Cardinal Malula), lors de la cérémonie grandiose de son
ordination en tant que prêtre. Ordonné prêtre, il est
successivement Professeur au Petit Séminaire de Bokoro au Mai-Ndombe,
51
Vicaire, puis Curé à la Paroisse Saint Pierre et
à celle de Christ-Roi. 13 ans plus tard, c'est une promotion fulgurante
qui commence avec son sacre en qualité d'évêque Auxiliaire
le 22 septembre 1959 et Archevêque de Kinshasa en 1964. Rome qui suivait
ses activités pastorales et tenait à responsabiliser les pasteurs
pour mieux conduire les millions des brebis, l'élèvera en 1969 au
rang de cardinal.
Dès le début de son ministère, il a
commencé à réfléchir sur les problèmes du
pays, réflexion qui a abouti par après à la
rédaction du Manifeste de la Conscience Africaine en 1956.
On retiendra de lui, et dans sa foi en Dieu, un grand coeur et
un sens élevé de générosité envers ses
semblables : handicapés, personnes âgées, malades,
prisonniers, tous ces laissés pour compte, abandonner par la
société. Ce faisant, il a construit un monument non de briques,
mais d'amour pour les handicapés avec l'oeuvre diocésaine de
Villages Bondeko. Cet esprit de partage l'a rendu accessible à toutes
les couches de notre population. Grâce à ses talents particuliers,
le Cardinal Joseph-Albert Malula s'est
intéressé également à
l'éducation et à la santé. Rappelons-le, sa mort
était intervenue le 14 juin 1989 aux Cliniques universitaires St
Raphaël de Louvain en Belgique.
e- Cardinal Frédéric ETSOU NZABI
BAMUNGWABI
Son Éminence le Cardinal ETSOU NZABI Bamungwabi
Frédéric, C.I.C.M. Il est né le 3 décembre 1930
à Mazalanga dans la Province de l'Équateur et meurt à
Bruxelles, le 6 Janvier 2006. Il a été ordonné
Prêtre le 13 juillet 1958. Archevêque Coadjuteur avec droit de
succession le 9 août 1976. Il est sacré Évêque
à Mbandaka, le 7 novembre 1976 par la Cardinal MALULA. Il sera
transféré à Kinshasa, le 14 août 1990, et
intronisé le 18 novembre 1990. C'est le 28 juin 1991 qu'il a
été créé Cardinal par Sa Sainteté le Pape
Jean-Paul II à Rome.
f- Monseigneur Laurent Monsengwo
Pasinya
Né le 7 octobre 1939 à Mongobele (Diocèse
d'Inongo) dans le Bandundu. Ordonné Prêtre le 21 décembre
1963 ; nommé Evêque Titulaire de " l'Acque Nuove di Proconsolare"
le 13
52
février 1980. Ordonné Evêque le 4 mai 1980
à Kinshasa, des mains de sa Sainteté le Pape Jean-Paul II.
Evêque auxiliaire d'Inongo en 1980 ; Evêque auxiliaire de Kisangani
(19811988). Nommé Archevêque de Kisangani le 1er septembre 1988,
intronisé le 20 septembre 1988. Président de la Conférence
Episcopale du Zaïre de 1984-1992, et élu pour la deuxième
fois, Président de la Conférence Episcopale Nationale du Congo,
le 28 juin 2004, fonction qu'il occupe jusqu'à ce jour.
Mgr Monsengwo a derrière lui une brillante
carrière académique et professorale qui lui vaut aujourd'hui
l'appartenance à plusieurs sociétés savantes d'Afrique et
du monde. En 1971, il est reçu docteur ès Sciences bibliques
à l'Institut Biblique Pontifical de Rome, après avoir
passé à l'Institut Biblique de Jérusalem et l'Ulpan Etzion
(Jérusalem). Il est le premier Africain Docteur en
Exégèse.
Il ressort de cette présentation de Vicaires
Apostoliques et Archevêques qui se sont succédé à la
tête de l'Archevêché de Kinshasa que la plupart d'entre eux,
à l'exception de Monseigneur Laurent Monsengwo Pasinya et Joseph Albert
Malula, sont issus de la Congrégation des Pères Scheuts
(actuellement Congrégation du Coeur Immaculé de Marie,
C.I.C.M.).
En fait, les Scheutistes (C.I.C.M.) furent la première
Congrégation Belge a foulé le sol de
l'État Indépendant du Congo58 (E.I.C)
et le Père Camille Van Ronslé de la seconde de la seconde
caravane missionnaire sera le premier Vicaire Apostolique du Vicariat du faite
dans un esprit Congo nouvellement créé59.
58 État Indépendant du Congo,
E.I.C (1885-1908) : En 1876, en fondant l'Association internationale africaine,
le roi stimule la politique d'exploration de l'Afrique et donne écho
à une conviction clef : le refus de la traite des noirs. L'association
charge Henry Morton Stanley d'explorer le Congo, que Léopold colonise
à titre personnel. En février 1885, le congrès de Berlin
reconnaît officiellement sa souveraineté sur « l'État
indépendant du Congo » (actuelle République
démocratique du Congo), qu'il lègue à son pays. À
sa mort, le 17 décembre 1909, son neveu lui succède sous le nom
d'Albert Ier
(Microsoft ® Encarta ® 2009. (c) 1993-2008
Microsoft Corporation. Tous droits réservés).
59 KAVENADIAMBUKO, Ngemba Ntima, La
méthode d'Évangélisation des Rédemptoristes Belges
au Bas-Congo (1899-1919). Étude historico-analytique, Roma,
Editrice Pontificia Universita Gregoriana, 1999, p. 55.
53
Selon Bontinck, l'implantation de l'Église au Congo
n'était pas une colonie au sens strict. Elle s'est faite par un
personnel missionnaire exclusivement belge. Cette évangélisation
s'est faite dans un esprit anti-protestant et antiesclavagiste60.
Il faut en outre savoir que le Vicariat Apostolique du Congo
ainsi créé, englobait tout le territoire de l'E.I.C à
l'exception du Vicariat Apostolique du Haut-Congo crée
déjà par la décision pontificale du 30 décembre
1886 et confié aux Pères Blancs du Cardinal
Lavigerie61.
Le bref pontifical d'érection et qui garantissait la
juridiction de Scheut sur ce territoire est un document promulgué en
bonne et due forme par le Pape62.
D. Evêques Auxiliaires
:
5. Eugène MOKE Motsuri : 1970-1991
6. Administrateur diocésain : 1989-1990
7. Tharcisse TSHIBANGU : 1970-1993
8. Evêque de Mbuji-Mayi : 1993-
9. Daniel NLANDU MAYI : 2000-
10. Administrateur Apostolique : 2007-
11. Edouard KISONGA : 2000-
12. Dominique BULAMATARI : 2000-
2.3. LES STRUCTURES DE L'ARCHIDIOCÈSE DE
KINSHASA
Au centre de l'action apostolique, il y a
l'Archidiocèse qui est composé d'un certains nombres des services
d'aide au travail de l'Archevêque de Kinshasa. Ces services sont
pilotés par des personnalités qui concourent à la
communication générale de cette institution ecclésiale.
L'Archidiocèse est donc constitué de :
- Des Administrateurs apostoliques
60 BONTINCK, F., Le conditionnement, 135.
61 DE JONGHE, E., « Les missions religieuses
», pp. 1-24.
62 Lire LEONIS XIII, Lettere Quae Catholico
nomini, du 11 mai 1888, pp. 196-198.
54
- Les Évêques auxiliaires - Le Vicaire judiciaire -
Le Secrétaire chancelier - Les Conseils
- L'Economat diocésain
Ensuite, l'Eglise de Kinshasa dispose des services appelés
des OEuvres diocésaines dont :
- Le Bureau Diocésain des OEuvres Médicales ;
- Le Bureau Diocésain Caritas-Développement ;
- Pro Familia Dei ;
- Solidarité et Partage ;
- Les Villages Bondeko ;
- Les Foyers Sociaux ;
- La Radio Elikya ;
- Le Centre Etincelle ;
- Le Centre Bokolisi ;
- Les OPM
- Éducation à la vie ;
- La Conduite de la fécondité ;
- Les Centres d'Accueil ;
- La Coordination diocésaines des Ecoles
Conventionnées Catholiques ;
- Le Centre Pastoral Diocésain Lindonge.
Nous parlerons spécifiquement du Centre Pastoral
Diocésain Lindonge qui constitue et abrite le Bureau Administratif de
l'Archevêque de Kinshasa.
2.3.1. Centre Pastoral Diocésain Lindonge
Le projet de créer un Centre Pastoral Diocésain
a été formulé pour la première fois dans une
allocution de l'ex-archevêque de Kinshasa, le Cardinal Malula, à
l'occasion des échanges de voeux de Nouvel An, le 31 décembre
1980.
Ce projet, qu'il appelle "déjà ancien" à
ce moment-là, il l'exprimait de la manière suivante : "Dans le
cadre de 'animation de tous les agents de l'évangélisation et en
vue de
55
promouvoir une meilleure coordination de toutes les
activités pastorales pour l'ensemble de l'archidiocèse, nous
envisageons de créer un Centre Pastoral Diocésain où
toutes les Commissions diocésaines auront leur bureau de travail et
où l'on pourra trouver et
consulter toute documentation nécessaire et utile
»63. En juillet 1983, le Frère architecte Dequeker
établit l'avant-projet du complexe à construire, et en janvier
1984 les plans définitifs. Le 22 septembre 1984 le Cardinal Malula
bénit la pierre d'honneur qui orne l'entrée du
Centre. En juillet 1986, l'équipe de construction du Frère
Gérard Stulens achève le chantier et remet la
responsabilité du bâtiment à l'équipe d'animation
pastorale du Centre qui doit le
meubler et l'équiper. Le 7 décembre 1986,
enfin, le Centre est officiellement inauguré. Le Centre Pastoral
diocésain Lindonge est un organe pastoral de coordination qui aide
l'Evêque dans la mise en oeuvre de l'action pastorale dans l'ensemble du
diocèse et qui
coordonne l'action de toutes les commissions
diocésaines. Outre un certain nombre de services nécessaires
à sa fonction de coordination et d'animation pastorale, librairie,
service de secrétariat, etc., le Centre Pastoral coordonne et anime
l'action de dix-sept (17) commissions pastorales diocésaines suivantes
:
1) Commission des Communautés Ecclésiales Vivantes
de Base (C.E.V.B.),
2) Commission de la Formation Permanente des Laïcs,
3) Commission des Ministres Laïcs,
4) Commission de la pastorale du mariage et de la famille,
5) Commission de la catéchèse,
6) Commission de la liturgie,
7) Commission des intellectuels,
8) Commission des jeunes,
9) Commission de l'éducation scolaire,
10) Commission des vocations,
11) Commission des communications sociales,
12) Commission des implantations pastorales,
63 L'allocution du Cardinal Malula lors de
l'échange des voeux le 31 Janvier 1980.
13)
56
Commission des mouvements d'adultes,
14) Commission du développement,
15) Commission Caritas,
16) Commission justice et paix,
17) Commission de l'animation missionnaire.
Dans son fonctionnement le Centre Pastoral diocésain
Lindonge comprend les organes suivants :
- Le Conseil de direction,
- L'Equipe d'animation pastorale,
Sur le plan de son découpage géographique,
l'Archidiocèse de Kinshasa comprend la Ville de Kinshasa et la Rive
gauche du Congo jusqu'au Kasaï. (Voir Carte)
57
Carte de l'Archidiocèse de Kinshasa
58
Enfin, l'Eglise de Kinshasa regroupe un certain nombre des
Paroisses reparties en trois régions apostoliques (la Région
Apostolique de Kin Centre, la Région Apostolique de Kin-Est, la
Région Apostolique de Kin-Ouest) et un Vicariat aux armées.
Notre étude décrit en première
étape, toutes ces régions apostoliques et le vicariat aux
armées. De poursuivre la description de ces régions, en se
focalisant sur le découpage en doyenné des paroisses de
l'Archidiocèse de Kinshasa. Ensuite, nous allons fournir toutes les
cartographies situant ces sites.
i. Région Apostolique Kin - Centre -
Doyenné Saint Pierre
1. St Pierre (1933)
2. St Anne (1913)
3. St Paul (1946)
4. Notre-Dame du Congo (1948)
5. Notre-Dame de Fatima (1955)
6. St André (1964)
7. St Eloi (1964)
8. Sacré-Coeur (1965)
9. St Rombaut (1966)
10. St Muzeyi (1970)
11. St Kiwanuka (1980)
- Doyenné Saint Joseph
1. St Joseph (1956)
2. Christ-Roi (1951)
3. St Pie X (1956)
4. Ste Marie Goretti (1959)
5. St Antoine (1963)
6. St Vincent de Paul (1965)
7. St Jean-Baptiste (1967)
8. St Clément (1970)
9.
59
Kristu Mobikisi (1980)
10. Ste Claire (1990)
11. Ste Agathe (2003)
- Doyenné Saint Gabriel
1. St Gabriel (1955)
2. St Dominique (1958)
3. St Raphaël (1958)
4. St Augustin (1959)
5. St Mathias (1961)
6. St Adrien (1962)
7. St Félix (1962)
8. Ste Christine (1963)
9. St Laurent (1971)
10. St Benoît (1992)
11. Notre-Dame d'Afrique (1993)
12. St Amand (2001)
- Doyenné Saint Alphonse
1. St Alphonse (1954)
2. St Esprit (1959)
3. St Etienne (1962)
4. St Kizito (1965)
5. Bon Pasteur (1968)
6. St Thomas (1970)
7. Ste Marie-Madeleine (1970)
8. Ste Trinité (1979)
9. Résurrection (1980)
10. St Jean Apôtre (1981)
11. Nativité (1985)
12. St Cyrille (1985)
13. St Gonza (1986)
14.
60
Ste Bernadette (1987)
15. St Bernard (1992)
16. Ste Félicité (1992)
17. St Ambroise (1993)
61
Carte de la Région Apostolique Kin -
Centre
62
ii. Région Apostolique Kin - Est
- Doyenné Sainte
Thérèse
1. Ste Thérèse (1954)
2. St Martin (1963)
3. Ste Famille (1963)
4. Ste Agnès (1964)
5. St Mbaga (1966)
6. Coeur Immaculé de Marie(1980)
7. Ste Monique (1985)
8. St Timothée (1985)
9. St François Xavier (1990)
10. Divin Maître (2000)
11. Ste Marie Auxiliatrice (2004)
- Doyenné Saint Marc
1. St Marc (1961)
2. St Théophile (1963)
3. Ste Croix (1975)
4. St Boniface (1980)
5. St Frédéric(1980)
6. St Kibuka (1980)
7. Mama wa Boboto (1980)
8. St Barthélemy (1985)
9. Mama wa Bosawa (1985)
10. St Athanase (1990)
11. Bisengo Mwambe (1991)
12. St Hilaire (2001)
13. St Banabakintu (2004)
- Doyenné Saint Jacques
1. St Jacques (1961)
2. St Matthieu (1956)
3.
63
St Ngondwe Pontien (1980)
4. Ste Marie Mère de l'Eglise (1982)
5. St Eugène (1990)
6. Ste Marthe (1990)
7. Ste Angèle (1991)
8. Bienheureux Bakanja (1991)
9. St Yves (1993)
10. Ste Lucie (1999)
11. Notre-Dame du Bon Secours (2003)
64
Carte de la Région Apostolique Kin -
Est
65
iii. Région Apostolique Kin - Ouest -
Doyenné Saint Cyprien
1. St Cyprien (1970)
2. St Mukasa (1974)
3. St Gyavira (1980)
4. St Tharcisse (1985)
5. St Léonard (1989)
6. Don Bosco (1990)
7. Ste Elisabeth (1993)
8. Ste Perpétue (1993)
9. St Damien (1995)
10. St Maurice (2000)
- Doyenné Saint François
1. St François de Sales (1939)
2. St Léopold (1899)
3. St Michel (1955)
4. St Charles Lwanga (1961)
5. St Luc (1964)
6. St Philippe (1969)
7. St Albert (1989)
- Doyenné Saint Mawaggali
1. St Mawaggali (1974)
2. Notre-Dame de la Sagesse (1954)
3. Kristu Molobeli (1980)
4. St Pierre Claver (1984)
5. St Maximilien Kolbe 1985)
6. Reine des Apôtres (1988)
7. St Norbert (1988)
66
- Doyenné Saint Sacrement
1. St Sacrement (1958)
2. St Christophe (1960)
3. Ntombwa ya Maria (1980)
4. Bienheureuse Anuarite (1980)
5. St Léon (1981)
6. St Ignace (1982)
7. St Camille (1988)
8. Notre-Dame de Grâce (1989)
9. Ste Catherine (1992)
10. Martyrs de l'Ouganda (2002)
11. St Edouard (2005)
67
Carte de la Région Apostolique Kin -
Ouest
68
iv. Vicariat aux armées
a. FORCES ARMEES DE LA R.D.C (FARDC)
1. Ste Barbe (Camp Kokolo)
2. St Sébastien (Camp Tshatshi)
3. St Michel Archange (Camp CETA)
4. St Corneille (Camp des Officiers - Badiadingi)
5. Ste Jeanne d'Arc (Camp Loano)
6. Notre-Dame du Rosaire (Camp Mbaki - Ndolo)
b. POLICE NATIONALE CONGOLAISE (PNC)
1. St Serunkuma (Camp Lufungula)
2. St Georges ( Camp Ecole - Matete)
69
2.4. ORGANISATION DE LA COMMUNICATION PASTORALE
DANS
L'ARCHIDIOCESE DE KINSHASA
L'essentiel de la communication pastorale de
l'archidiocèse est assurée par le Centre Pastoral Lindonge qui a
à sa charge la coordination des activités et l'animation
pastorale.
Pour ce faire, le Centre Pastoral Lindonge renferme au total
dix-sept commissions qui lui permettre de prendre en charge les questions
générales de l'archidiocèse allant des problèmes
liés au développement durable passant par les droits humains
jusqu'aux questions purement rattachées à la propagation de
l'Evangile par les mass-médias.
Disons que cette volonté de recadrer les communications
publiques et la visibilité de l'action catholique au Congo est à
attribuer à la personnalité du Cardinal Malula qui a lancé
le 31 décembre 1980, son projet de créer un Centre Pastoral
Diocésain a été formulé pour la première
fois dans une allocution de l'ex-archevêque de Kinshasa, le Cardinal
Malula, à l'occasion des échanges de voeux de Nouvel An.
Ce projet s'inscrit dans le cadre de 'animation de tous les
agents de l'évangélisation et en vue de promouvoir une meilleure
coordination de toutes les activités pastorales pour l'ensemble de
l'archidiocèse, nous envisageons de créer un Centre Pastoral
Diocésain où toutes les Commissions diocésaines auront
leur bureau de travail et où l'on pourra trouver et consulter toute
documentation nécessaire et utile.
La carrure et l'attachement de ce prélat catholique aux
questions sociopolitique de la Nation ont été les leitmotivs qui
ont sous-tendu ce projet dans le but de consacrer la mission sociale de
l'Eglise vis-à-vis des questions vitales du pays au plan politique,
social, économique, etc. L'Eglise va, à partir de ce centre
pastoral, émettre ses principales prises des positions ; et tenir des
réunions et assises sur l'évangélisation et les questions
des communications sociales.
Mais l'usage récurrent du concept fourre-tout de
communication dans les textes publiés par l'Eglise, l'organisation des
sessions dites des communications sociales, la mise
70
en place d'abord d'une radio catholique suivie de
l'installation d'une télévision catholique ; qui plus est,
l'érection au sein des Facultés Catholiques de Kinshasa, d'une
Faculté des communications sociales, etc. tout cela ne permet toujours
pas à l'Eglise de se tisser une « image stratégique »
qui assure sa visibilité au plan interne/ externe. Surtout de la
manière dont la présente étude conçoit la
communication des organisations religieuses. En clair, ce constat amer d'une
communication pastorale désarticulée, ne s'appuyant sur aucune
base stratégique réaliste du marketing religieux.
Car comme nous le soulignons toujours : « avoir des
moyens de masse et disposer d'un budget de communication allongé est une
bonne chose, mais faire une utilisation stratégique du marketing et de
son pendant la communication à moindre coût en est du
professionnalisme ».
Il est question dans cette perspective stratégique de
la communication de faire une association intelligible des moyens de marketing
en élaborant au préalable un plan stratégique de
communication censé servir des boussoles à l'église en
lieu et place d'actions au coup-à-coup. C'est la solution pour une
communication globale plus adaptée au champ religieux. Le terme
marketing religieux regroupe plusieurs nouvelles formes de marketing ;
notamment le street marketing, le buzz marketing, le
marketing viral.
Dans le cas précis de l'église catholique, cette
approche de communication est censée être non seulement
axée sur l'impérieuse nécessité de publier des
informations sur ce qu'on fait, mais intégrer des actions d'appui
à l'image de marque : les salaires payés aux agents, les couleurs
signifiantes qui servent l'identité visuelle de l'institution, l'accueil
des chrétiens dans les différents centres pastoraux, la gestion
efficace et efficiente des ressources et logistique, la communication pastorale
(le discours homilétiques), etc. Car l'image d'une institution influe
sur les attitudes et comportements du grand public. Et celle-ci
s'élabore de l'intérieur comme de l'extérieur.
Tout ce qui est susmentionné atteste la place
prépondérante du marketing religieux dans la phase de
maturité que traverse l'église de Kinshasa qui fait face à
deux situations, à savoir : d'une part, il y a la rude et agressive
concurrence que lui impose les nouveaux mouvements religieux
néo-pentecôtistes menées pour le cas de la RD. Congo
71
par des églises dites de « réveil »
qui s'usent volontiers de l'entrepreneurship religieux anglo-saxon.
Et de l'autre côté, on note des
incohérences internes sur la production d'un discours religieux capable
de drainer, de conserver et de répondre aux attentes des fidèles
d'un nouveau insigne religieux. Il ne faudrait pas également minimiser
des contestations internes, des remises en question. C'est pratiquement la
tâche que se donne notre troisième chapitre qui consiste à
relever les indices et indicateurs du marketing religieux dans le discours
d'intronisation prononcé par l'archevêque de Kinshasa.
Conclusion partielle
Le chapitre que nous venons d'évoquer ci-haut s'est
donné comme mission principale de faire une description de
l'Archevêque de Kinshasa en éclairant son organisation, son
fonctionnement et ses structures de base.
Notre recherche s'est orientée également vers
l'organisation des services de la communication pastorale, non plus comme
simple publication des informations ou pour la propagation de l'Evangile, mais
surtout dans une perspective de communication institutionnelle globale et
stratégique.
Le constat et les résultats de cette analyse de
l'exercice de la communication dans le sens des exigences du marketing
religieux, permet de baliser le chemin en vue d'une analyse critique froide du
discours cible de l'Archevêque de Kinshasa. Particulièrement de
s'assurer si ce discours s'est affiché indispensable pour le marketing
religieux de l'église catholique de Kinshasa. Telle sera l'orientation
que prendra notre analyse du discours à partir d'un protocole
méthodologique propre.
72
CHAPITRE TROISIÈME : ANALYSE CRITIQUE DU CONTENU
DU DISCOURS D'INTRONISATION DE L'ARCHEVÊQUE DE KINSHASA
3.1. Introduction
Au terme de notre étude sur le discours comme enjeu du
marketing religieux, notre troisième chapitre s'intéresse
à l'analyse critique du discours-phare dont il est question pour cette
recherche.
Section 1 : Approche méthodologique
Nous allons nous référer à deux analyses
: du contenu et pragmatique qui vont cimenter le protocole
méthodologique approprié de cette étude.
1. Analyses de contenus et Pragmatique - ANALYSE DE
CONTENU
C'est une technique de recherche qui permet la description
objective, systématique et quantitative du contenu du discours pastoral
de l'Archevêque de Kinshasa. Nous relèverons les différents
usages applicables à celle-ci.
En effet, ces usages suivent donc le modèle de
communication classique : l'émetteur ; le processus d'encodage, le canal
; le récepteur.
A côté de ces facteurs classiques de la
communication, notre étude devra en outre ressortir les trois domaines
liés aux usages du message, ses antécédents et ses
conséquences.
i. les caractéristiques du message :
constituent les réponses à plusieurs
questions fondamentales :
a. le quoi ? : vise à chercher à
connaître les variations dans le temps d'un contenu ; les relations
entre les valeurs connues (idéologiques, cachées) et le contenu
manifeste du texte ; confronter les normes ou les critères
d'évaluation connu du message pastoral étudié. Il sera
question de confronter les fonctions de communication émise lors de ce
discours avec
73
l'objectivité dévolue à tout discours de
prise officielle des fonctions (qui est censé être
programmatique).
b) Le comment ?: va permettre de relever la forme et le
style de ce message.
c) À qui ?: cette question vise à
mettre en exergue les récepteurs de ce message. L'idée de base
ici est qu'un « texte peut refléter intentionnellement les
attitudes, les comportements ou encore la culture du récepteur.
ii. Les antécédents du message :
permettent de sous-entendre la question « pourquoi a- t-on
écrit ? ». cela exhume les intentions avouées ou non-
avouées de l'auteur de ce discours, l'Archevêque de Kinshasa,
Monseigneur Laurent MONSENGWO Pasinya.
iii. Les conséquences du message : l'analyse
répond à la question : « quels sont les effets de cette
communication ? ». A ce propos, il importe de se rappeler que ces effets
prévus ne sont pas toujours ou en définitive ceux auxquels on
s'attend.
Cette recherche prendra en outre un volet purement pratique au
niveau des différentes étapes de cette analyse du contenu : la
préanalyse, la catégorisation, le codage et comptage,
l'interprétation.
1. La préanalyse
En se référant à Okomba,
nous dirons que la préanalyse est « l'analyse flottante parce
qu'à ce niveau, le chercheur sait ce qu'il a à faire en terme
d'orientation. Il sait où il veut aboutir, ce qu'il ne sait pas
pourtant, c'est ce que doit constituer le matériau de sa recherche
»64.
Cependant, la préanalyse aboutit à la
constitution du corpus de la recherche. Celle-ci consiste à une certaine
réorganisation des documents spécifiques sur lequel va s'appuyer
l'analyse et qui va permettre de répondre à la question de la
recherche au niveau de la problématique.
64 OKOMBA, W., Op. cit., p. 10.
74
Il est recommandé que les séries des documents
qui feront partie du corpus soient complètes, qu'elles soient
adaptées à l'objet de la recherche ; et qu'elles soient
homogènes.
2. La catégorisation
C'est le traitement qu'on va appliquer au corpus afin de
dégager les significations pertinentes. Okomba relève cinq
exigences au stade de la catégorisation, à savoir :
a) Les catégories doivent répondre à la
question de la recherche ou l'objectif de l'étude.
b) Les catégories doivent être objectives,
c'est-à-dire rigoureusement construites avec toutes les règles
possibles. Elles doivent permettre à d'autres chercheurs dans les
mêmes conditions que nous de parvenir à construire les mêmes
catégories.
c) Les catégories doivent être exhaustives :
tous les éléments du corpus doivent pouvoir être
classés quelque part.
d) S'en tenir à l'exclusivité complète :
un élément ne peut être classé dans une et une seul
catégorie.
e) Chaque catégorie doit respecter un seul principe de
classification pour chaque élément (typologie).
D'où la formulation d'éléments qui aident
à faire la catégorisation : la substance du sujet (la
matière traitée), la forme d'expression (le ton utilisé :
fort, modéré), l'intensité du sujet traité.
3. Le codage et comptage
C'est le recours à trois unités qui permettent de
capturer le contenu. Ces unités
sont :
- L'unité d'enregistrement qui est la plus
petite de l'analyse de contenu que le chercheur va utiliser et examiner. Elle
n'est pas constante. C'est-à-dire
75
qu'elle varie selon l'objet de la recherche. Pour notre
étude, l'unité d'enregistrement est le mot et le thème.
- L'unité de contexte : c'est la plus grande
unité dans laquelle s'insère l'unité d'enregistrement.
Nous nous référerons pour notre cas au paragraphe (§).
- L'unité de numérotation est
l'unité que l'on utilise pour compter les unités
d'enregistrement. D'habitude, on confond l'unité de numérotation
à l'unité d'enregistrement parce que celui-ci implique
nécessairement celui-là.
4. L'interprétation
Il est question à cette étape de l'analyse du
contenu de dégager les conséquences de l'analyse. Il s'agit
d'évaluer les résultats grâce à une opération
logique et en tirer les conclusions. Il y a une notion d'inférence qui
est fondamentale, c'est une conséquence que l'on tire de l'analyse de
contenu en prenant en considération d'autres critères.
Pour notre étude, notre préoccupation portera
sur la comparaison entre l'objet de la recherche (contenu) et d'autres
contenus.
L'analyse globale de ce discours nous conduit à relever
dans ce message d'autres éléments significatifs nous permettant
de vérifier de quelle manière le discours de l'Archevêque
de Kinshasa assure sa promotion et/ ou celle de l'Eglise catholique toute
entière.
Au delà des étapes traditionnelles de l'analyse
du contenu de discours, nous allons nous appuyer sur des recherches des deux
auteurs, Uli Windisch et Catherine Kerbrat-Orecchioni, qui ont mis en valeur
certains éléments marquant la subjectivité de l'auteur
d'un discours.
Pratiquement cela va se réaliser de la manière
suivante :
Tout d'abord, nous allons mettre en exergue les personnes :
les pronoms personnels, les adjectifs possessifs, les pronoms possessifs, les
pronoms et adjectifs démonstratifs, etc.
76
Ensuite, les adverbes du type ici/ maintenant comme les
adverbes de lieu, de temps et certains compléments circonstanciels. Les
temps verbaux seront également épinglés : le
présent, le passé composé, le futur (le futur
antérieur), l'imparfait, le plus-ce-que parfait.
En dernier lieu, notre attention sera orientée vers les
subjectivèmes axiologiques, les modalisateurs -d'approximation et de
certitude- et les déictiques.
Cela dit, par rapport à Catherine Kerbrat-Orecchioni,
notre recherche entend relever dans ce discours de référence :
-les déictiques, les subjectivèmes, alors que
Uli Windisch fait appel à des marques discrètes ? On peut centrer
notre travail sur le lexique en mettant en évidence si possible, les
termes injurieux, dévalorisants, péjorés
(vitupérants) ; les verbes déclaratifs ; les verbes de jugement ;
les diverses formes de négation ; les propos non assumés, les
restrictifs.
Uli Windisch nous invite aussi à nous intéresser
de manière particulière aux marques graphiques : les guillemets,
les tirets, les parenthèses, les points d'exclamation, les points
d'interrogation, les points de suspension, les virgules, les majuscules, les
parties du discours « en gras », etc.
Aussi, cet auteur insiste-t-il sur les stratégies
discursives dont le plus importantes vont de la « citation d'une
autorité légitimée, à la citation d'une
autorité illégitimée » dans ce cas du discours
rapporté direct ou la citation. Pour le discours rapporté
indirect, il convient de prêter attention à la reformulation des
propos adverses. Et enfin, ré-qualifier les différentes formes de
négation et de réfutation.
- Les différentes formes de négation et de
réfutation :
c. La rectification : on cherche à rectifier
un contenu précédemment asserté par un rival.
d. La réfutation propositionnelle : on
cherche à réfuter un énoncé adverse ;
elle s'accompagne d'une justification ou d'une explication.
e.
77
La réfutation prépositionnelle porte
sur les présupposés de l'énoncé contesté.
Ici, l'auteur ne désire même pas pénétrer les
arguments de l'adversaire ; il conteste les fondements mêmes du discours
adverse. Tout se passe comme si le locuteur voulait éviter d'entrer dans
le jeu de l'adversaire, l'expression « de toute façon »
(quelque...que) en témoigne.
f. Le démasquage : le but est de porter le
non-dit de l'adversaire au su du public. On veut rétablir la
vérité qu'on affirme, vérité occultée par le
discours adverse.
g. Le masquage consiste à chercher à
supprimer, taire, voire masquer les aspects de son idéologie qui ne
correspondent pas à la sensibilité du moment.
h. La concession, c'est l'adhésion apparente
et initiale à quelques énoncés adverses, puis
manipulation. Le but à ce niveau est de ravir le public rival, en
faisant semblant de défendre ses arguments. On fait dire, en conclusion,
le contraire aux énoncés adverses. Il est possible de recourir
à deux formes de concessions : la concession très brève,
mais portant sur un contenu essentiel du discours adverse ; et ensuite, des
véritables assauts contre tous les arrangements de l'adversaire. Ces
assauts sont un élément fondamental car la concession n'est
qu'une stratégie.
i. Ironie et simulation : le but de ces deux figures
est de ridiculiser la personne du rival et son discours. On ne cherche pas
à contre-argumenter. On fait donc apparaître les autres stupides,
ridicules et on se montre soi-même intelligent. Ceci s'appelle coup
double. C'est une constante dans le discours conflictuel.
En effet, il sied de retenir que la transformation ironique
s'opère à différents niveaux :
- Sens général du discours de l'autre ;
- Sens de certains mots-clés ;
- Forme du discours ;
- Transcription de certains phénomènes
d'intonation. Par exemple, dans le champ politique, dans une perspective
électorale, on peut dire d'un candidat qu'il est « un génie
politique !», « la force tranquille ! ». Tel est le cas du
Président Kabila Joseph lors des élections
générales en 2006.
En général, il y a des marques graphiques :
«... », !,... qui font appel à la simulation du discours
adverses dans le but avoué de l'intégrer. Mais il faut une
connaissance du
78
contexte et de la situation extralinguistiques. On fait comme
si on était d'accord avec l'adversaire, mais ce n'set que pour mieux le
rejeter, en faisant rire.
j. La représentation fantasmatique, c'est la
conclusion par une sorte de condensé péjoratif (transformation
en un autre monstrueux). C'est-à-dire on reconstruit l'image de l'Autre
qui n'a plus rien avoir avec son discours. Le locuteur véhicule de
l'adversaire l'image qu'on veut de lui.
k. La stratégie de la guerre invisible : la
cible de l'attaque, l'adversaire n'apparaît jamais explicitement. Le
discours prend une forme didactique et se présente comme purement
informatif. Il faut là encore une connaissance du contexte et de la
situation extralinguistique.
- ANALYSE PRAGMATIQUE
Cette analyse voit ses débuts avec John L. Austin
(1970). Il s'opposait à la vériconditionnalité du
descriptivisme, qui consiste à considérer un énoncé
dans le rôle de déscription de l'état de chose sous le
prisme du critère du vrai et du faux. Il distingue alors deux types
d'énonciation :
- Les énonciations constatives
- Les énonciations performatives.
Selon Lukunku65, une
énonciation est constative si elle ne tend qu'à décrire un
événement. Elle est performative si elle décrit une action
du locuteur et surtout si l'énonciation accomplit par elle-même
cette action. C'est le cas de promettre, léguer, baptiser, ordonner
(prêtre) à, aimer, haïr...
En fait, c'est le contexte d'énonciation qui permet
aussi de distinguer les constatives des performatives.
Austin estime en effet que tout énoncé est un
acte de langage. D'où la définition de la pragmatique
linguistique « comme étant l étude de l'usage des
énoncés que font les locuteurs. Elle vise à
déterminer ce que l'on peut faire en se servant de la parole.
65 LUKUNKU, M., V., Notes d'Analyse du
langage, Kinshasa, Cedesurk-IFASIC, 1eres licences, 2008, pp.55-68.
79
Toutefois, il faut admettre à la suite de Lokunku, une
tripartition originale de l'acte de langage en :
- L'acte locutoire ou le fait de dire quelque chose ;
- L'acte illocutoire ou l'acte effectué en disant
quelque ou valeur de ce qu'on fait en disant quelque chose ;
- L'acte perlocutoire ou obtention de certains effets par la
parole.
Chaque acte de langage comprend à son tour trois
degrés : phonétique (production des sons particuliers
des phones), phatique (production des messages dans un code
linguistique donné) et rhétique (production d'un
énoncé ayant un sens, une référence plus ou moins
déterminée.
Cependant, notre étude va relever dans ce discours de
l'Archevêque de Kinshasa, les actes de langage selon la classification de
Searle. Celui-ci définit une taxonomie comprenant cinq classes
générales : les assertifs, les directifs, les promissifs, les
expressifs et les déclaratifs.
En fait, John Searle (1972) propose d'analyser les actes de
langage par rapport aux dimensions de variation significative : le but
illocutoire, la direction d'ajustement entre les mots et le monde,
l'état psychologique exprimé
- Le but illocutoire est l'intention qu'a le locuteur
d'accomplir par sa énonciation, telle ou telle acte illocutionnaire.
- La direction d'ajustement entre les mots et le monde
: il y a un double mouvement qui s'y produit : l'illocution qui rend les
mots conformes au monde (les croyances : assertions, l'affirmation, les
postulations, etc.) ; et il y a d'autre part, l'illocution rendant le monde
conforme aux mots (l'intentionnalité : promettre, menacer, prêter
serment, s'engager, etc.)
- L'état psychologique exprimé : le
locuteur exprime à ce niveau une certaine attitude à
l'égard du contenu proportionnel de son énoncé. Lukunku
affirme que cet état psychologique correspond à la condition de
sincérité de l'acte (ordre, requête, commandement, demande,
prière, supplication).
80
John Searle classifie les actes illocutionnaires en :
1) Assertifs
-But : engager la responsabilité du locuteur
(à des degrés divers) sur l'existence d'un état de chose,
sur la vérité de la proposition exprimée.
-Direction : des mots au monde
-État exprimé : la croyance que (p)
est vraie.
2) Directifs
-But : tenter (à des degrés
variés), de la part du locuteur de faire quelque chose par
l'auditeur.
-Direction : du monde aux mots
-Etat exprimé : la volonté que
l'auditeur accomplisse une action définie par le contenu
professionnel.
3) Promissifs
-But : obliger le locuteur (toujours à des
degrés variés à adopter une certaine conduite future.
-Direction : va du monde aux mots
-Etat exprimé : l'intention de la part du
locuteur d'effectuer l'acte décrit par le contenu proportionnel.
4) Expressifs
-But : exprimer un état psychologique dans
les conditions de sincérité à propos d'un état de
chose spécifié par le contenu proportionnel.
-Direction : presque la vérité est
présupposée.
-Etat exprimé : les divers états
psychologique que l'on exprime en accomplissant les actes illocutoires de cette
classe (remercier, féliciter, s'excuser, déplorer, se plaindre,
etc.).
5) Déclaratifs
-But : mettre en correspondance le contenu
proportionnel avec la réalité l'accomplissement réussi
garantissant que le contenu proportionnel correspond au monde.
81
-Direction : tentative de rendre conforme au monde.
-Etat exprimé : il y a l'intention du locuteur
de rendre par l'énonciation la transformation immédiate.
C'est-à-dire la responsabilité partagée par et le locuteur
et l'interlocuteur quant à la réalisation de l'état de
chose. Par exemple : baptiser, bénir, déclarer, marier.
Actuellement nous allons procéder à
l'application de cette méthodologie sur notre cadre de
référence, le discours de l'Archevêque de Kinshasa lors de
sa prise de possession canonique.
Section 2 : ANALYSE DES RESULATS
2.1. Résultats de l'Analyse de contenu
- L'émetteur : Mgr Laurent MONSENGWO Pasinya
- Le Récepteurs : les fidèles catholiques
de la Province apostolique de Kinshasa.
? Les caractéristiques du message
:
Ce discours entend de protéger les fidèles
catholiques de la Province apostolique de Kinshasa contre la montée en
puissance des jeunes églises qui tentent de « vider », par
leurs enseignements pratiques, les églises traditionnelles. Aussi, de
les mettre à l'abri des antivaleurs et des vices qui minent notre monde
et les érige en système. Ces jeunes églises qui,
semble-t-il, professent un Evangile matérialiste et de bonheur, oubliant
ainsi la vertu chrétienne de la pauvreté prêchée
dans « les Béatitudes ». Car « la recherche
effrénée des biens de ce monde, nous amène à
l'écrasement des plus faibles, dans leur dignité, leur être
et leur avoir... »66.
En outre, cette communication pastorale fait une sorte de
rappel à l'ordre général ou de « mot d'ordre »
dépassant les bornes. Car l'Archevêque de Kinshasa sen prend
à la quasi-totalité des catégories socioprofessionnelles
du pays (Médecins, infirmiers, Politiciens, etc.).
66 MONSENWO, P., L., Homélie lors de la
célébration eucharistique au stade des Martyrs, à
Kinshasa, le 03-022008.
82
Pour accomplir cette finalité de sa communication
pastorale, l'Archevêque de Kinshasa exploite à volonté
l'opposition manifeste entre deux visions du monde : d'un côté, la
vision chrétienne du monde prise en charge dans ce discours par «
les Béatitudes » et la vision païenne du monde
caractéristique du monde actuel et de la société
congolaise en particulier (spécifiquement, le prélat catholique
s'acharne sur les Kinois : « Kinshasa, teleme ongenge na mwinda mwa
Kristu » -Kinshasa, lève-toi et resplendis de la lumière du
Christ-). Il fonde son affirmation par l'existence « d'un monde en
quête de puissance et de pouvoir... ; un monde où règnent
la fourberie, la tromperie, la réussite des malicieux et des filous,
etc.
Pour ce faire, l'Archevêque utilise un style plus
familier au système axiologique kinois afin de donner plus de chance
à son message de passer, mais aussi de produire des effets. On note par
exemple l »utilisation des mots : BI, madesu ya bana,
etc. qui ont une connotation propre dans notre pays.
L'essentiel de son discours, avons-nous susmentionné,
s'adresse aux fidèles catholiques en vue d'accroître leur taux de
fidélité, leur participation et d'engagement à la vie de
l'Eglise Catholique et à la Nation. Mais ce message accorde une large
part à des divers allocutaires : les politiciens, les jeunes
églises, les gouvernants, les Parlementaires...
? Les antécédents du message : ce
discours est prononcé dans un contexte de crise au sein de l'Eglise
Catholique et dans la classe politique Congolaise dont le centre
opérationnel est la Capitale Kinshasa. Il vient ainsi modérer les
attitudes et les comportements des fidèles catholiques. D'autant plus,
protéger ceux qui sont encire à la « maison » et
d'inviter ceux qui ont convergé vers les jeunes églises de
retourner au bercail. Aux gouvernants, l'Archevêque, par cette
communication pastorale les invite aux meilleures pratiques de gestion du
pays.
En définitive, ce message réalise un rappel
à l'ordre, un appel au changement de mentalités tant
auprès de ses ouailles qu'à la classe politique. Et aussi, de
leur dire « dorénavant, je suis à côté de
vous, comptez avec moi ».
? Comme conséquences du message du
prélat catholique, il y eut une réelle palpitation effervescence
auprès des cibles et de la communauté en
général.
Par rapport à la préanalyse, le matériau
de cette analyse de contenu est le texte intégral de l'homélie de
l'Archevêque de ce 3février 2008, prononcée lors de sa
prise officielle des fonctions. Un texte fait en lingala et en français,
bâti autour de l'Evangile de Mathieu sur « les Béatitudes
». Cet extrait contient en tête un slogan : « Kinshasa,
lève-toi et resplendis de la lumière du Christ ».
Quant à l'analyse proprement dite, il importe de
rappeler que l'unité d'enregistrement est le thème (T), et
l'unité de contexte est le paragraphe (§).
Cela étant, nous avons relevé de ce discours 27
paragraphes et chacun insiste sur un ou plusieurs thèmes majeurs.
Ainsi dans le but de respecter l'esprit d'opposition entretenu
dans ce discours, nous formulons des thèmes en se référant
également à cette disposition spatiale ou logique fondamentale. A
côté du thème positif, s'accole un thème
négatif.
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
La conversion
§1 Le changement des mentalités
La fidélité
le statu quo
le statu quo
l'infidélité
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
La pauvreté de coeur
§2 La justice
La douceur
L'humilité
83
l'embourgeoisement, l'opulence l'injustice, l'impunité
la violence
l'orgueil
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
Le respect des engagements
§3 La détermination
La perfection
la fourberie, la tromperie la versatilité
la médiocrité
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
La Paix
§4 La réconciliation
La tolérance
L'acceptation des autres
les conflits, la guerre
l'équilibre des forces, la domination
l'intolérance
le rejet, l'indifférence, le tribalisme
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
§5
|
|
La miséricorde
La patience
|
la violence
la jungle
|
|
|
|
|
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
Le don de soi
§6 L'abnégation
Le service
84
la jouissance
l'empressement
l'oppression, la répression
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
§7
|
|
Les valeurs du Royaume de Dieu
La lumière de la vie
|
les actes ignobles de l'enfer, du Satan
l'obscurité, la concupiscence
|
|
|
|
|
Proclamation de l'Evangile
§8 L'unité de l'Eglise
Le sens des responsabilités
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
l'affairisme religieux la division dans l'Eglise
l'abandon des responsabilités
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
La conciliation
§9
la coopération
les divergences des vues
la singularité
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
Etre modèle
§10
le Guide, le Bon Pasteur
l'irresponsabilité
un Suiveur, un Mondain
La sobriété
§11
la dignité
l'opulence
la méfiance
85
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
Le leadership
§12
la transparence
la mollesse
l'opacité de gestion
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
L'honnêteté
§13
le partage
le vol
l'égoïsme
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
la corruption
la partialité
L'égalité
§14
la défense
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
La bonne gouvernance
§15
le développement durable
la dictature
le sous-développement
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
La traçabilité
§16
l'équité
86
la confusion
le souci des autres
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
Le respect des textes
§17
Le respect de la hiérarchie
l'illégalité
la désorganisation
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
La Justice distributive
§18
L'impartialité
l'arbitraire
la partialité
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
La rentabilité
§19
La transparence
les dépenses excessives
l'opacité
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
§ 20 Le commerce équitable
|
les bénéfices illicites
|
|
|
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
Le travail bien fait
§21
La disponibilité
87
l'oisiveté
l'égocentrisme
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
Les soins de santé de qualité
§22
Le respect de la vie humaine
négligence des soins
négligence de malades à petites bourses
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
La protection de la famille
§23
Bonne Education des enfants
Abandon des foyers
le laisser-aller des enfants
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
La créativité
§24
Le respect des bonnes moeurs
l'oisiveté
la dépravation des moeurs
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
Participation à la Paix
§25
La Négociation
88
l'incurie
l'affrontement d'opinions
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
La Sécurité Nationale
§26
La véracité des faits publiés
la porosité des frontières
les allégations gratuites, les chantages
Paragraphes Thème-on /
Thème-off
La défense de la Patrie
§27
Le sacrifice
le retranchement des troupes
l'auto-défense
89
En guise d'interprétation à cette analyse de
contenu, il est nécessaire de noter que l'Archevêque de Kinshasa a
réalisé un message apologétique. C'est-à-dire, une
apologie de la vision chrétienne du monde en opposition à la
vision païenne du monde.
C'est pourquoi, pour donner à son texte un
caractère purement proche du contexte spatio-temporel des cibles, il
centre cette opposition manifeste sur les points des axiologiques
mélioratifs et axiologiques péjoratifs.
En définitive, cette analyse du discours nous a permis
également de ressortir des éléments suivants dans ce texte
:
La Personne
|
-Pronoms personnels : nous (nous
majestatif qui amplifie le « je » (l'Archevêque
de Kinshasa) en personne solennelle ; nous (moi+vous : forme
inclusive ; vous (vous : processus de généralisation et extension
de « tu » ; il/ elle : la non-personne (la
personnification).
-Adj. Possessifs : notre, ses, votre ;
|
90
|
-Pron. Possessifs : le tien ;
-Pronoms démonstratifs : celui, celles.
|
Adverbe du type ici/
maintenant
|
-De lieu : où, près, ailleurs ;
-De temps : plutard, avant ;
-Certains Compl. Circ. : Dimanche ordinaire de l'Année
A
|
Temps verbaux
|
Le présent, l'imparfait, le futur simple, le
Plus-ce-que
Parfait, le passé composé
Remarque :
-Forte dominance du temps présent car il s'agit de
quelqu'un, l'Archidiocèse de Kinshasa qui s'engage
comme locuteur dans ce qu'il dit en portant sa
responsabilité entièrement. C'est le sens
de responsabilité.
-l'impératif domine en second parce qu'il s'agit dans ce
discours de la mise en pratique du mot d'ordre de l'Archevêque de
Kinshasa.
|
Par rapport à Uli Windisch,
on peut relever quelques éléments
significatifs
i. Sur le plan lexical :
|
-les vitupérants : filous, monde,
malicieux, fourberie, la tromperie, flatteurs, BI, etc.
-Diverses formes de négation : rien non
plus...
-Les restrictifs : ...car les
chrétiens est dans le monde, mais n'est pas de ce
monde...
-Les guillemets (« ... ») : leur utilisation
fréquente dans ce discours vise à insister et encadrer des
citations d'autorité. Exemple : « Convertissez-vous, et
croyez à l'Evangile » ;
«Kinshasa, lève-toi et resplendis de la
lumière du
|
i. Sur le plan des marques graphiques :
i. Sur le plan formes de négation :
91
Seigneur» ; «Mettez-vous
à mon école, car je suis doux et humble de coeur»,
etc.
-Les parenthèses () : encadre certains
éléments qui viennent renforcer l'explication, mais qui sont de
seconde importance. Elles viennent également situer l'originalité
de certaines références.
-Les points de suspension intègrent
l'idée de continuité. Exemple : « Vous êtes le
sel de la terre »...
- Les virgules visent à marquer une courte
pause soit encore, une énumération ou pour encadrer une
incise.
- Les majuscules marquent la précision. Par
exemple : « CELEBRATION EUCHARISTIQUE AU STADE DES MARTYRS
».
- Les concepts en gras sont
ceux sur lesquels reposent les fondements de cette
célébration eucharistique ; et que l'Archevêque veut qu'ils
restent graver dans les mémoires des cibles. Là se trouvent ses
attentes. On remarquera par illustration son mot d'ordre (slogan):
Kinshasa, lève-toi et resplendis de la lumière du
Seigneur ; les Béatitudes ; Programme
de vie, Paix, Réconciliation,
etc.
-La rectification : l'Archevêque rectifie les
enseignements des jeunes églises « Que votre langage soit
« oui ? oui », non ? non. Ce qu'on dit de plus vient du Mauvais
» ;
- La réfutation propositionnelle : Pour
réfuter ou minimiser cette « Evangile de Bonheur »
prêchée dans la plupart des
jeunes églises, l'Archevêque de Kinshasa propose
« la perfection fondée sur l'Evangile de Jésus
Christ et des valeurs du Royaume de Dieu ». Il justifie sa
thèse par cette proposition « Heureux ceux qui ont faim et
soif de la justice (...) la justice nouvelle « qui surpasse celle des
scribes et des pharisiens ».
-La réfutation prépositionnelle : par
cette assertion, « Que votre langage soit « oui ? oui »,
non ? non. Ce qu'on dit de plus vient du Mauvais »,
l'Archevêque de Kinshasa lance une invitation sévère
à ses fidèles catholiques pour abandonner l'esprit de
versatilité : tantôt à l'église catholique,
tantôt dans les jeunes églises montantes.
Ici, il refuse de pénétrer ou de critiquer
clairement les fondements théologiques des enseignements de ces jeunes
églises, mais appelle à l'ordre les fidèles catholiques
afin de rester attacher à leur premier amour : l'Eglise Catholique. Cela
est prouvé par exemple avec ce passage : « Vous donc, vous
serez parfaits, comme votre Père Céleste est parfait »
(Mt 5, 45).
-Le masquage-démasquage : l'Archevêque
de Kinshasa critique cette Evangile de Bonheur prêchée
par les jeunes églises comme Evangile de facilité du Bonheur par
des appels à la pauvreté de coeur (A un monde
enlisé... pharisiens). Cela masque aussi les faibles
investissements que l'Eglise Catholique met en jeu par son budget de
communication, lors des campagnes, activités publiques par rapport
à ceux consacrés par les jeunes églises pour les
activités du même genre.
-La concession : en fait, en critiquant des
campagnes
|
93
publiques menées par la plupart de ces jeunes
églises, l'Eglise Catholique de Kinshasa recourt de plus en plus aux
mêmes méthodes. Cela est démontré par cette
célébration eucharistique où le Stade des Martyrs a
été sélectionné pour abriter cette prise de
possession canonique du nouvel archevêque. Comme aussi, le
décor.
-L'ironie et simulation : en évoquant par
exemple dans son homélie : « A un monde où
règnent la fourberie, la tromperie, la « réussite des
malicieux et des filous... », l'Archevêque de Kinshasa ne
vise pas un rappel à l'ordre ou un mot d'ordre. Mais il attaque la
personnalité même des prédicateurs et autres dirigeants
« irresponsables » des jeunes églises et politiques, dont les
profils et personnalités sont douteux, avec des connaissances
approximatives sur la Bible. Il attaque également les mentalités
de toute une société qui fonctionne à l'envers, à
la dérive : « ...un monde enclin à ériger le
vice en système...».
-La représentation fantasmatique :
« A un monde où chacun veut être la dernière
instance... A un monde où tout se mesure par l'équilibre des
forces », Monseigneur Monsengwo attaque à travers cet
extrait non seulement les jeunes églises, mais aussi les dirigeants
avides qui « piétinent » les droits fondamentaux des petits
peuples, des plus faibles au détriment de leurs avantages individuels
mesquins. C'est ce qu'il nomme « ...l'écrasement des plus
faibles ...»
-La guerre invisible : en clair, ce discours de
l'Archevêque de Kinshasa, nous plonge dans ce qu'il convient d'appeler
à la suite d'Uli Windisch, la
guerre invisible. Car la stratégie de la guerre invisible
consiste à ne pas faire apparaître explicitement la cible de
l'attaque. Parce qu'en s'adressant aux fidèles catholiques
(destinataires), ce discours attaque également les jeunes églises
et les acteurs politiques (allocutaires).
Les subjectivèmes
|
dialogue, la fraternité, la miséricorde,
le Royaume, la lumière, l'Héritage, la poule, les poussins, la
volonté, l'entente, la coopération, etc.
-Péjoratifs (dévalorisants): les
assoiffés, les filous, les malicieux, la fourberie, la tromperie, les
flatteurs, les intrigants, la paille, la poutre, BI, l'infamie, le pouvoir, la
pauvreté, la puissance, la médiocrité l'oppression, le
monde, la jouissance, les scribes, les pharisiens, la répression,
l'écrasement, la corruption, etc.
2. Les adjectifs subjectifs
-Les adjectifs affectifs : chers, fidèles,
etc.
-Les adjectifs non-axiologiques : Auxiliaires,
visible, intégrale, individuelle, métropolitain, ultime,
élémentaire, périssables, grande, fondamental,
providentiel, nouvelle, justes, bonne, vraie, etc.
-Les adjectifs évaluatifs axiologiques :
Assoiffé, heureux, foncière, apparente, hypocrite,
formelle, allergique, enclin, parfaits, définitifs, péremptoires,
irrévocables, miséricordieux, ignobles, etc.
3. Les adverbes subjectifs : solennellement,
purement, généralement, faussement, notamment, seulement,
beaucoup, par surcroit, etc.
|
95
Les déictiques
|
-Les adverbes et locutions adverbiales : de
plain-pied, etc. -Les propositions temporelles : le
quatrième dimanche
|
ordinaire de l'Année A, la conversion de coeur, le
changement des mentalités.
-Les désinences verbales (emplois des temps): cf. supra
les temps verbaux.
- Les adjectifs temporels : Actuels, modernité,
futur, prochain, éphémère, etc.
-La localisation spatiale : de près, les
verbes de mouvement : ...lève-toi et resplendis...
|
96
2.2. Résultats de l'Analyse pragmatique
Nous allons relever à partir de cette analyse, les
actes de langage en nous servant de la taxonomie de Searle. Cet auteur
classifie au total cinq actes illocutoires.
1) Assertifs
- Les Béatitudes, le Carême, le Programme de vie
;
- Car le chrétien est dans le monde, mais il n'est pas de
ce monde ;
- La pauvreté est la condition foncière de l'homme
: il n'amène rien sur cette
terre ; il n'en emporte rien non plus ;
- La Bonne Nouvelle de Jésus Christ ;
- Le Royaume est une valeur telle qu'il mérite qu'on lui
consacre sa vie et ses
énergies ;
- Le Royaume, en définitive c'est Jésus Christ
;
- ... ce sont les valeurs qui seront les repères de notre
vie individuelle et en
société ; ce sont elles qui seront la
lumière de nos pas.
2) Directifs
- Kinshasa, lève-toi et resplendis de la lumière du
Christ ; - Convertissez-vous et croyez à l'Evangile ;
97
- Que votre langage soit « oui ? oui », « Non ?
non ». ce qu'on dit de plus vient du Mauvais ;
- Chercher d'abord le Royaume et sa justice... par surcroit.
3) Promissifs
- Les Recommandations de l'Archevêque.
4) Expressifs
- ...un monde où règnent la fourberie, la
tromperie, la « la réussite » des malicieux et des filous...
;
- ...un monde enlisé dans la médiocrité,
qui... à ériger le vice en système ;
- Un monde où se mesure et se règle...de
domination et de force ;
- ...un monde où chacun veut être la
dernière instance... de vie et de mort ; - ...un monde où tout
est prétexte à l'oppression, à la répression,
à
l'écrasement des plus faibles, dans leur
dignité, leur être et leur avoir...
devenues des idoles.
5) Déclaratifs
- Vous êtes la lumière du monde ;
- Vous donc, vous serez parfaits, comme votre Père
Céleste est parfait.
Au terme de cette analyse des résultats, il importe,
dans le souci d'élaborer une analyse globale de ce discours, de la
compléter avec la structure de signification du mot d'ordre de
l'Archevêque de Kinshasa : « Kinshasa, lève-toi et
resplendis de la lumière du Christ » :
Recommandation de l'Homélie : métanoa
Kinshasa, lève-toi,
|
Kinshasa, tais-toi,
|
|
|
(+) (-)
Kinshasa, resplendis de Kinshasa, sombre dans le chao,
la lumière du Christ dans les hérésies,
etc.
98
(+) (-)
Section 3 : SYNTHÈSE CRITIQUE
3.1. Interprétation des Résultats
En guise d'interprétation à cette analyse de
contenu, il ressort que l'Archevêque de Kinshasa a réalisé
un message apologétique. Il fait l'apologie de la vision
chrétienne du monde en opposition à la vision païenne du
monde.
En fait, il refuse de critiquer les fondements
théologiques des enseignements de ces jeunes églises, mais
appelle à l'ordre les fidèles catholiques afin de rester
attachés à leur premier amour : l'Eglise Catholique.
L'Archevêque de Kinshasa ne fait pas de rappel à l'ordre. Mais il
attaque la personnalité même des prédicateurs et autres
dirigeants des jeunes églises et politiques, dont les profils et
personnalités sont douteux, avec des connaissances approximatives sur la
Bible. Il attaque également les mentalités de toute une
société qui fonctionne à l'envers.
Son discours constitue donc un bel exemple de ce qu'il
convient d'appeler à la suite d'Uli Windisch, la guerre invisible. Cette
stratégie de guerre invisible consiste à ne pas faire
apparaître explicitement la cible attaquée. Ainsi remarque-t-on
que, en feignant de s'adresser aux fidèles catholiques (destinataires),
ce discours attaque également les jeunes églises et les acteurs
politiques (allocutaires).
Sur le plan lexical, l'Archevêque de Kinshasa recourt
à l'usage des vitupérants non pas par manque de courtoisie, mais
pour discréditer ses adversaires (les jeunes églises et les
acteurs politiques) auprès du « public-témoin ». Ainsi,
l'archevêque formule sa recommandation en faveur des meilleures
pratiques, l'abandon de la versatilité affichée
par certains chrétiens catholiques. Il s'en prend sans
détours à d'autres catégories socioprofessionnelles de la
Nation.
Conclusion partielle
Ce troisième et dernier chapitre de notre étude
a porté sur l'analyse de contenu et l'analyse pragmatique. Ce traitement
a permis de comprendre que l'église catholique passe pour être
sanctuaire de la Vérité ; et lui-même, l'Archevêque
de Kinshasa, comme acteur de ce renouveau religieux de l'église
catholique de Kinshasa.
99
CONCLUSION GÉNÉRALE
Notre recherche a porté sur l'intitulé « le
discours comme enjeu du marketing religieux : Analyse du discours
d'intronisation de l'Archevêque de Kinshasa ». Notre
préoccupation consistant à vérifier comment un discours de
communication pastorale peut se positionner comme un élément
déterminant du marketing religieux. Cette
100
question générale s'est spécifiée
avec une sous-question : De quelle manière le discours pastoral de
l'Archevêque de Kinshasa assure-t-il sa promotion ou celle de
l'Église ?
Pour ce faire, nous avons opté pour l'hypothèse
selon laquelle le discours de la communication pastorale de l'Archevêque
de Kinshasa est caractérisé par l'apologie des mérites de
l'Église Catholique dans le but de la « re-positionner
» face aux concurrents.
Au plan méthodologique, nous avons recouru à la
démarche sémio-pragmatique de la communication. L'approche
sémiologique a permis de dégager les structures linguistiques du
texte que nous avons classées et expliquées. L'approche
pragmatique s'est axée sur l'examen des actes de langage et du statut de
l'énonciateur dont il est question dans cette production discursive.
Au terme de l'application de ce protocole
méthodologique, il ressort que le discours de communication pastorale
donne à l'Eglise Catholique une ligne de démarcation par rapport
à d'autres dans la mesure où il lui dote d'éléments
différentiels. En clair, le discours de communication pastorale est donc
le soubassement du marketing religieux.
Ce discours de l'Archevêque de Kinshasa, prononcé
lors de la prise de possession canonique, le 3 février 2008 au Stade des
Martyrs, a permis de « re-positionner » l'Église. Parce qu'il
présente l'Église comme conscience sociale et morale de la Nation
et sanctuaire de la Vérité. Et lui-même, l'Archevêque
de Kinshasa, il est présenté comme acteur de ce renouveau
religieux de l'église catholique de Kinshasa.
Comme suggestion, l'Église Catholique de Kinshasa est
en phase de maturité. Vu sous cet angle, elle a trois options marketings
pour assurer sa promotion : la lutte contre la concurrence. Car elle fait face
à une demande irrégulière, manifestée par une
baisse de fréquentation de ses adeptes qui virent vers les
églises de « réveil » qui pullulent. Elle doit
défendre son leadership67.
67 NDEKE, Notes de cours de Promotion des
ventes, cours inédit deuxième licence Communication des
Organisations, IFASIC, Kinshasa, 2009.
C'est-à-dire, outre la contextualisation des messages
pontificaux qui obéirait ainsi à la logique de l'inculturation
dont l'Église catholique au Congo s'est fait le fer de lance, la
communication sociale, cette communication stratégique ne doit pas
être réduite à l'usage des médias. Elle
nécessite un travail de fond qui transcende la dimension de l'usage.
D'où la nécessité pour la commission
diocésaine de communication sociale ainsi que tous les acteurs, agents
impliqués de se refocaliser sur la communication perçue comme
« instance de transmission, d'élaboration et de transformation de
la pensée sociale ». En d'autres termes, nous voulons dire que
« dans ses modalités pratiques comme dans ses fonctions effectives,
la communication reflète l'organisation des rapports sociaux
»68.
En définitive, nous recommandons à
l'Église catholique de Kinshasa de se tisser une « image
stratégique » qui assure sa visibilité au plan interne/
externe.
Cette stratégie de la communication portera sur une
association intelligible des moyens de marketing, en vue d'une communication
globale plus adaptée au champ religieux.
Dans le cas précis de l'église catholique, cette
approche de communication est censée être une
nécessité dans le but d'intégrer ses actions à
l'image de marque.
101
BIBLIOGRAPHIE
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sociale, Paris, Dunod, 1998, p. 6.
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Secrétariat Général de l'Épiscopat, 1981.
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8ème édition, Paris, éd. Nouveaux Horizons,
1997.
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l'orientation-marché, Paris, 5ème éd.
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communication de la Foi, Kinshasa, éd. Paulines, 2004.
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2. OKOMBA, W., Notes de cours de Méthodes de
Recherche en communication, Kinshasa, inédit, premières
Licences, Année académique 2008-2009.
3. POMBO, N., Notes de cours de Stratégies de
communication des organisations, Kinshasa, inédit, deuxième
licence Communication des Organisations, IFASIC, année académique
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4. POMBO, N., Notes de cours de Promotion des ventes,
Kinshasa, inédit deuxième licence Communication des
Organisations, IFASIC, 2009.
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3. NKENI, M., « Le phénomène des
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IV. THÈSE DE DOCTORAT
1. ELITE, I. E., Église et démocratie :
Analyse du discours politique de l'épiscopat catholique du Congo :
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V. REVUES ET AUTRES ARTICLES
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(CEP)/ Université de Kinshasa/ RD Congo, article électronique.
PDF.
VI. WEBOGRAPHIE
1.
Www. wikipedia. Com
2. www.lexicom.free.fr/ Définition de Lexicom.
3.
www.cinergie.be/film.php?action=display&id=1081
(visité le 13/05 /2009). Film de Gilles Remiche, Marchands de
miracles
4.
www.
padremarcelorossi.org.br
5.
www. archiKinshasa.org
6.
www.google.com
VII. PERSONNES INTERVIEWÉES
1. Entretien avec le Pasteur MALEBA MPANKIA-May, Responsable de
l'Eglise Baptiste de l'Esprit de Vérité (EBEV), à Matete,
le 20-02-09.
2. Le Vicaire Judiciaire de l'Archevêché de
Kinshasa.
104
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE i
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
INTRODUCTION GENERALE .......................................
................ 1
CHAPITRE PREMIER : CADRE CONCEPTUEL ET
THEORIQUE..................... 9
Section 1 : Cadre
Conceptuel....................................................... 9
1.1. La Communication Pastorale.................................
...... ....... 9
1.2. Le Marketing Religieux
...................................................................... 12
1.3. Le
Discours-enjeu................................................
|
............... 27
|
Section 2 : Le Tableau Récapitulatif de
l'opérationnalisation des concepts.. 32
Section 3 : Cadre
Théorique...........................................................
33
3.1. La théorie du K.-O. verbal d'Uli
Windisch.......................................................35 3.2. La
théorie des marques de subjectivité de Catherine
Kerbrat-Orecchioni...............39 3.3. La théorie de lutte contre les
concurrents en marketing....................................43
Conclusionpartielle...............................................................
44
CHAPITRE DEUXIEME : PRESENTATION DE L'ARCHIDIOCESE
DE
KINSHASA.....................................................................
.. 46
2. 1. Historique
.................................................................. ... 46
A. Vicaires Apostoliques
|
.........................................................
|
. 49
|
105
B. Archevêques
.................................................................. . 49
C.
106
Profil de quelques Vicaires Apostoliques et
Archevêques...................49
D. Evêques Auxiliaires
................................................................ .
53
2.2. Les structures de l'Archidiocèse de
Kinshasa............... ............. 53
2.3.1. Centre Pastoral Diocésain
Lindonge..........................................54
........................ 62
i. Région Apostolique Kin - Centre.........
.................................... 58
ii.Région Apostolique Kin - Est.....................
iii. Région Apostolique Kin -
Ouest..................... .................. .. 65
iv.Vicariat aux armées
|
......................................................
|
... 68
|
2.4. Organisation de la communication pastorale dans
l'Archidiocèse de
Kinshasa...............................................................
.......... 69
Conclusion
partielle.....................................................................
71
CHAPITRE TROISIÈME : ANALYSE CRITIQUE DU CONTENU DU
DISCOURS
D'INTRONISATION DE L'ARCHEVÊQUE DE
KINSHASA...........................72
Section 1 : Approche
méthodologique.................................... ..... 72
1.1. Analyses de contenus et Pragmatique..................
................... 72
- Analyse de contenu................
.......................................72
- Analyse pragmatique................
|
..................
|
|
........ 78
|
|
Section 2 : Analyse des
résultats.......................................... .. 81
2.1. Résultats de l'Analyse de
contenu........................ ................. 81
107
2.2. Résultats de l'Analyse
pragmatique....................................... 96
Section 3 : Synthèse
critique........................................... ..... 98
3.1. Interprétation des Résultats ......
|
...........................
|
|
..... 98
|
|
Conclusionpartielle.....................................................................98
CONCLUSION
GENERALE................................................... .... 100
BIBLIOGRAPHIE...............................................................
.... 102
ANNEXE
|
..................................................................
|
|
|
|
...105
|
|
|
|
CARTES...................................................................................111
TABLE DES
MATIÈRES............................................. ...............
114
|