L'avenir du réseau Al- Qaà¯da après la mort de Ben Laden( Télécharger le fichier original )par Fidèle ETOYI Université de Lubumbashi RDC - Licence en relations internationales 2012 |
INTRODUCTION1. Problématique et hypothèsea. ProblématiqueAprès la période clausewitzienne où la guerre pouvait opposer les Etats entre eux dans le concert des nations, le monde s'est vu submergé dans un moment teinté d'un climat de non guerre indissociable à la dissuasion nucléaire, appelé autrement un moment de ni paix ni guerre ; C'est La Guerre Froide. Celle-ci fut une période d'affrontement stratégique et politique qui se développa après la Deuxième Guerre Mondiale entre les États-Unis et ses alliés de l'Europe de l'Ouest sur un côté et l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques et les pays communistes de l'autre. En effet, à l'aube de la dernière décennie, notamment celle des années 90 où l'idéologie et la géopolitique soviétique avaient été vaincues, une nouvelle donne vient défigurer la nature des relations internationales. C'est le tournant historique, celui des Attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par le réseau Al-Qaïda qui laisse et traîne dernière elle, la brutalité doublée d'incertitude et d'ambiguïté. Depuis les attentats du 11 septembre 2001, qui ont basculé les USA dans le chaos et l'horreur, Al-Qaïda et son dirigeant emblématique, Oussama Ben Laden, deviennent l'ennemi N°1 des Etats-Unis d'Amérique et sont au centre des préoccupations de la communauté internationale, garante de la sécurité dans le monde. La nébuleuse terroriste prône l'unité de l'islam, sorte d'universalisme musulman, le djihad contre les "judéo croisés" et la restauration du califat. Pourtant, Al-Qaïda, dans sa genèse et sa structure, son idéologie et sa stratégie, son financement et ses techniques de recrutement, reste une organisation transnationale méconnue. La guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis a détruit les bases d'Al-Qaïda en Afghanistan depuis la chute des talibans, régime hôte de ces "nouveaux martyrs d'Allah". Mais, délogée de ses anciens fiefs, l'organisation reste opérationnelle à l'échelle planétaire et a commandité plusieurs actes terroristes. Bien qu'affaiblie, Al-Qaïda reste une menace pour la paix dans le monde, notamment dans les pays occidentaux contre lesquels Ben Laden a lancé la guerre sainte mais aussi contre la présence occidentale dans certains pays. Les attentats de Madrid, le 11 mars 2004, faisant 191 morts et près de 2 000 blessés, et ceux de Londres, le 7 juillet 2005, avec plus de 50 morts et des centaines de blessés, montrent qu'Al-Qaïda peut frapper au coeur de l'Europe occidentale et qu'une réponse coordonnée des Etats européens est nécessaire.1(*) En effet, après une décennie de lutte sans merci contre le terrorisme d'Al-Qaeda menée par les USA, le leader du réseau sera finalement tué la nuit du 2 mai 2011 vers 1 h 30, heure locale dans la ville d'Abbottâbâd au Pakistan dans une coûteuse résidence fortifiée (compound), construite en 2005 et surveillée par les services de renseignement américains depuis août 2010. Soulignons en effet que la question des réseaux terroristes imprime une nouvelle réalité en Relations internationales, celle de la guerre asymétrique. Si même certains arrivent à se poser la question de savoir si cette forme de guerre est devenue une norme, c'est en raison de ce que les historiens et les pomologues appellent la transformation de la guerre. Jusqu'en 1945 régnait à la surface de la planète la guerre entre les Etats, fruit du monde multipolaire des empires européens. A partir de 1989 l'effondrement de l'URSS met fin à la bipolarité et consacre l'avènement de l'uni polarité, dernière l'hyper puissance américaine. Le monde est alors dominé par une Amérique sans rivale, régnant sur un système international lui-même contrôlé par les Etats nations. Face à une telle concentration de la puissance, il n'existe que deux moyens de contester la répartition mondiale du pouvoir il faut soit tenter de se doter des attributs de puissance (nucléaire militaire capacité de projection militaire, indépendance énergétique par diversification des approvisionnements, poids dans les instances internationales...), soit renoncer à cette quête classique en tentant de brûler les étapes par le contournement des cadres politiques, juridiques et stratégiques courants. Au regard de la faiblesse de certaines entités politiques et que la quête de la puissance st longue, fastidieuse et incertaines, que les méthodes des guerres asymétriques, les guérillas, le terrorisme séduisent et pullulent la surface du globe.2(*) Par ailleurs, nous n'avons aucune prétention d'affirmer qu'on est premier à mener des réflexions profondes sur cette question car bien d'autres chercheurs nous ont précédés. Pour ce faire, après une lecture profonde de plusieurs travaux qui ont tablé sur la question, quelques uns ont retenu notre attention : Jean Pierre DUPUY parle de la désacralisation de la victime ou de la preuve de Ben Laden. Dans son énoncé, Jean Pierre DUPUY fait le lien entre l'affirmation d'un anthropologue américain et les propos de Ben Laden et les débats théoriques sur l'échange de biens qui est au centre de la réflexion anthropologique depuis Marcel Mauss et Claude Levi-Strauss. Eric, professeur à Los Angeles a écrit dans un texte qui a connu un écho aux Etats-Unis que le 11 septembre a mis fin au « ressentiment victimaire qui a inauguré pour reprendre son expression après guerre en raison de l'holocauste ». Le 11 septembre y aurait mis fin en attribuant au terroriste le statut de victime, c'est là dire en faisant en sorte que l'acteur terroriste s'approprie le statut de la victime à la place de ceux qui ont été victimes effectives de l'attentat. Depuis le discours antiaméricain de Ben Laden on a semblé banaliser cette idée du 11/septembre et pourtant ces attentats traduisent la réponse des victimes de l'empire américain à leur oppresseur. Quant à ben Laden, il improvise par une cassette interposé, une réflexion sur la réciprocité.3(*) IBONGA DEKUDE, émet une cogitation sur l'Etat en faillite et le terrorisme en Relations internationales contemporaines, cas de l'Afghanistan. Dans son mémoire, IBONGA observe que les siècles qui ont suivis, le terrorisme existait mais il n'a jamais été aussi dévastateur qu'aujourd'hui. Il trouve que le terrorisme vise les non combattants et recoure à la violence pour choquer les esprits : « faire naître la peur en faisant plus de victimes et des dégâts. » en abordant largement cette question, il trouve qu'il aya quelques années encore, suite à la faillite de l'Etat et par manque de mesure de sécurité à la frontière et dans d'autres endroits, le terrorisme en fait trop de victime. Cette faillite s'explique par le fait que l'Etat a produit une logique du pouvoir qui n'est pas sensé à résoudre les problèmes de la société et le pouvoir est cherché pour un simple profit des dirigeants. IBONGA n'a manqué de parler en substance l'Al-Qaïda en épinglant sa naissance, son organisation et son organisation stratégique.4(*) En abordant la question du terrorisme et les Relations internationales, Jean François GUILHAUDIS note : En frappant New York, en s'attaquant d'une manière aussi formidablement agressive à l'hyperpuissante et à l'Occident, Al-Qaïda entendait se placer d'emblée au centre des relations internationales.5(*) En choisissant de lui répondre par la «guerre au terrorisme», Washington et ses alliés ont accrédité cette ambition et commencé à co-construire la relation terroriste. La relation terroriste de type 11 septembre réunit maintenant les conditions nécessaires pour qu'on puisse dire qu'elle est au centre des relations internationales, sous la forme de la guerre. Qu'il en soit ainsi pose évidemment la question de savoir comment sortir de la guerre du terrorisme. Il ajoute en affirmant que Le terrorisme peut être constamment présent, voire omniprésent, cela ne signifie pas qu'il soit, au sens vrai du terme, au centre des relations internationales. La centralité désigne une position particulière, stratégique : le terrorisme ne peut être considéré comme étant au centre des relations internationales que s'il touche à la structure, au système international, à l'ordre international, aux grands équilibres ou, au moins, est susceptible de le faire. Il semble que la centralité peut être évaluée, à partir de deux variables : le point sur lequel s'exerce une influence significative et l`étendue de cette influence. Ces observations sont plus facilement perceptibles quand on considère rapidement la place de la relation terroriste dans les relations internationales, de la Seconde Guerre mondiale aux années 2000.6(*) Dans un article portant intitulé `'Al-Qaïda, un réseau terroriste planétaire'' les rédacteurs étale de façon claire et détaillée la genèse d'Al-Qaïda, son organisation, le principe de la nébuleuse, son financement, ses stratégies, son recrutement et ses objectifs.7(*) En effet, au regard de ce qui précède, nous ferons remarquer que ce qui nous démarque de nos prédécesseurs est le fait que leurs réflexions portaient sur Al-Qaïda pendant que son leader charismatique était en vie. Mais nous tournons nos cogitations sur Al-Qaïda post ben Laden. Il sied en tant qu'investigateur scientifique de lever un interrogatoire qui naturellement constituera notre point de repère durant toutes nos investigations scientifiques. Sur cette même lancée, notre étude gravitera autour de la question suivante : la disparition de Ben Laden nous oriente-t-elle vers un renforcement du terrorisme d'Al-Qaïda ou bien au contraire vers son déclin ? * 1 « Al-Qaïda, un réseau terroriste planétaire » in www.lemonde.fr consulté le 15/01/2012 * 2 BAD J., et Christine LORIN de Gardmaison, la guerre asymétrique ou la défaite du vainqueur, Paris, Ed. du Rocher, 2003, P.15. * 3 DUPUY, J.P., Les Relations internationales in « le 11 septembre »Ouvrage collectif, SD, Paris, 2006 PP.77-80 * 4 IBONGA DEKUDE A. M., Etat en faillite et terrorisme en Relations internationales contemporaines, cas de l'Afghanistan, Mémoire de licence, faculté des sciences sociales, Relations internationales, 2008-2009. * 5 GUILHAUDIS J.F, « Le terrorisme et les Relations internationales », Libération, 10 août 2005. P.18, 19 * 6 GUILHAUDIS J.F, op.cit., P.20 * 7« Al-Qaïda, un réseau terroriste planétaire »,art.cit. |
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