UNIVERSITE DE LUBUMBASHI
Faculté des Sciences Sociales, Politiques et
Administratives
Département des Relations
internationales
Mémoire présenté et
défendu en vue de l'obtention du titre de licencié en Relations
internationales
Par ETOYI ESELA Fidèle
Juillet 2012
EPIGRAPHE
« Une action violente est dénommée
terroriste, lorsque ses effets psychologiques sont hors de proportion avec ses
résultats purement physiques.»
Raymond Aron
IN MEMORIAM
A toutes les victimes du 11 septembre et ceux qui sont
tombés sous le coup du djihad radical d'Al-Qaïda urbi et
orbi
Fidèle ETOYI
DEDICACE
A l'Eternel Dieu tout puissant qui a été pour
nous un rempart durant cet itinéraire quinquennal caillouteux ;
A Papa Daniel ESELA et Maman ANNE AKAMAHOVO dont nous ne
savons mesurer la minceur de notre gratitude à la grandeur de leur amour
et leur soutient pareil aux béquilles durant notre trajectoire
estudiantine.
A Paul AKAYA, Claudine OKAPENGE, Richard DENDE, Joël
ESELA, DIOMBA RENE qui ne cessent d'émettre des pensées positives
à notre égard ;
Fidèle
ETOYI
AVANT PROPOS
Afin de se conformer à notre l'alma mater et respectant
la coutume académique et universitaire, nous sommes tenu de nous
apparier en confectionnant un travail scientifique témoignant ainsi le
sens apocalyptique de la trajectoire quinquennale réalisée
à l'université de Lubumbashi.
Le cas échéant, nous disons merci à
Elohim pour son incommensurable Amour et pour s'être manifesté de
manière idoine comme une pierre angulaire dans nos études.
En effet, méconnaitre l'apport tonique et tonitruant
des Professeurs de la Faculté des Sciences Sociales Politiques et
Administratives en général et ceux des Relations internationales
singulièrement, que nous considérons comme des oiseaux de
minerve, serait de notre part un témoignage ingrat. De ce fait, pour
avoir distillé la science en nous qui désormais nous sert de
sautoir dans notre cursus professionnel, nous leur disons simplement merci.
Sur cette même lancée, nous remercions
particulièrement le professeur ordinaire KADONY NGUWAY KPALAINGU qui a
accepté d'être le gouvernail de cet opus scientifique et surtout
pour ses conseils savants lors de la rédaction de ce dernier. Nous ne
saurons oublier de saluer la magnanimité du codirecteur Chef de Travaux
KAKEZ KAYEB Dieudonné qui s'est inlassablement dévoué
à nous adresser des remontrances idoines.
Nous remercions de façon titanesque tous les membres
familiaux qui ont formé une synergie afin de nous soutenir
financièrement, matériellement et spirituellement. Nous citons
Maman DEMBO HELENE, maman PHILO MONDJA et papa MOTE, papa Adolph ONAMBOYA et
maman MADE, papa Paul DJONDO et maman Sandrine DEKO, maman mamie et papa Jean
bosco ESAMBO, Maman Nathalie JUHE. A cette grande famille s'ajoute aussi Dr
fabien LOKOLE, Maitre Jean Paul TSHEKO, Cathy WANINA, Papa Albert LUSUMBE.
Nos remerciements s'avèrent infinitésimaux face
au grandiose apport qu'ont réalisé ces personnes pendant notre
parcours qui d'ailleurs a été teinté d'embuches et
fatalités. Nous citons PAPA ESAI LWAMBA, JOSEPH NDALA, Passy Patience
TSHIBANDA, PAPY BANZALA, OLIVIER WEZELE, Deborah Claudine EMONGO, AIMEKA KABWE,
junior MUPOPO, Cathy KITETE.
Aux amis et combattants de lutte dont les joins
d'amicalité, de collégialité et de fraternité ne
devinent aucune fissure, ni moins aucune fente d'altercation, nous vous savons
sincèrement gré. Il s'agit d'Héritier EKOTO, Freddy
NDJOLO, honorable MAZAMBA Gaby, KOMICHELO KABEDI, Patrick MUKENDI, Thomas
ENDUKA, Albert KOLO, Eric RUSUNGU Laurent OKITAKATSHI, Roger ESONGO, Good
NDJATE, Jean Paul KANGOWALE, SHAKO DANGA, Marron LOIKONDJO, MUGITETE Augustin,
Thésy NGALULA NTUMBA, Louise EKANGA.
Fidèle
ETOYI
INTRODUCTION
1. Problématique et
hypothèse
a. Problématique
Après la période clausewitzienne où la
guerre pouvait opposer les Etats entre eux dans le concert des nations, le
monde s'est vu submergé dans un moment teinté d'un climat de non
guerre indissociable à la dissuasion nucléaire, appelé
autrement un moment de ni paix ni guerre ; C'est La Guerre Froide.
Celle-ci fut une période d'affrontement stratégique et politique
qui se développa après la Deuxième Guerre Mondiale entre
les États-Unis et ses alliés de l'Europe de l'Ouest sur un
côté et l'Union des Républiques Socialistes
Soviétiques et les pays communistes de l'autre.
En effet, à l'aube de la dernière
décennie, notamment celle des années 90 où
l'idéologie et la géopolitique soviétique avaient
été vaincues, une nouvelle donne vient défigurer la nature
des relations internationales. C'est le tournant historique, celui des
Attentats du 11 septembre 2001 perpétrés par le réseau
Al-Qaïda qui laisse et traîne dernière elle, la
brutalité doublée d'incertitude et d'ambiguïté.
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, qui ont
basculé les USA dans le chaos et l'horreur, Al-Qaïda et son
dirigeant emblématique, Oussama Ben Laden, deviennent l'ennemi N°1 des
Etats-Unis d'Amérique et sont au centre des préoccupations de la
communauté internationale, garante de la sécurité dans le
monde. La nébuleuse terroriste prône l'unité de l'islam,
sorte d'universalisme musulman, le djihad contre les "judéo
croisés" et la restauration du califat. Pourtant, Al-Qaïda, dans sa
genèse et sa structure, son idéologie et sa stratégie, son
financement et ses techniques de recrutement, reste une organisation
transnationale méconnue.
La guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis
a détruit les bases d'Al-Qaïda en Afghanistan depuis la chute des
talibans, régime hôte de ces "nouveaux martyrs d'Allah". Mais,
délogée de ses anciens fiefs, l'organisation reste
opérationnelle à l'échelle planétaire et a
commandité plusieurs actes terroristes. Bien qu'affaiblie, Al-Qaïda
reste une menace pour la paix dans le monde, notamment dans les pays
occidentaux contre lesquels Ben Laden a lancé la guerre sainte mais
aussi contre la présence occidentale dans certains pays. Les attentats
de Madrid, le 11 mars 2004, faisant 191 morts et près de 2 000
blessés, et ceux de Londres, le 7 juillet 2005, avec plus de 50 morts et
des centaines de blessés, montrent qu'Al-Qaïda peut frapper au
coeur de l'Europe occidentale et qu'une réponse coordonnée des
Etats européens est nécessaire.1(*)
En effet, après une décennie de lutte sans merci
contre le terrorisme d'Al-Qaeda menée par les USA, le leader du
réseau sera finalement tué la nuit du
2
mai
2011 vers 1 h 30, heure locale
dans la ville d'Abbottâbâd au
Pakistan dans une
coûteuse résidence fortifiée (compound), construite en
2005 et surveillée par
les services de renseignement américains depuis août 2010.
Soulignons en effet que la question des réseaux
terroristes imprime une nouvelle réalité en Relations
internationales, celle de la guerre asymétrique. Si même certains
arrivent à se poser la question de savoir si cette forme de guerre est
devenue une norme, c'est en raison de ce que les historiens et les pomologues
appellent la transformation de la guerre. Jusqu'en 1945 régnait à
la surface de la planète la guerre entre les Etats, fruit du monde
multipolaire des empires européens. A partir de 1989 l'effondrement de
l'URSS met fin à la bipolarité et consacre l'avènement de
l'uni polarité, dernière l'hyper puissance américaine. Le
monde est alors dominé par une Amérique sans rivale,
régnant sur un système international lui-même
contrôlé par les Etats nations. Face à une telle
concentration de la puissance, il n'existe que deux moyens de contester la
répartition mondiale du pouvoir il faut soit tenter de se doter
des attributs de puissance (nucléaire militaire capacité de
projection militaire, indépendance énergétique par
diversification des approvisionnements, poids dans les instances
internationales...), soit renoncer à cette quête classique en
tentant de brûler les étapes par le contournement des cadres
politiques, juridiques et stratégiques courants. Au regard de la
faiblesse de certaines entités politiques et que la quête de la
puissance st longue, fastidieuse et incertaines, que les méthodes des
guerres asymétriques, les guérillas, le terrorisme
séduisent et pullulent la surface du globe.2(*)
Par ailleurs, nous n'avons aucune prétention d'affirmer
qu'on est premier à mener des réflexions profondes sur cette
question car bien d'autres chercheurs nous ont précédés.
Pour ce faire, après une lecture profonde de plusieurs travaux qui ont
tablé sur la question, quelques uns ont retenu notre attention :
Jean Pierre DUPUY parle de la désacralisation de la victime ou de la
preuve de Ben Laden.
Dans son énoncé, Jean Pierre DUPUY fait le lien
entre l'affirmation d'un anthropologue américain et les propos de Ben
Laden et les débats théoriques sur l'échange de biens qui
est au centre de la réflexion anthropologique depuis Marcel Mauss et
Claude Levi-Strauss. Eric, professeur à Los Angeles a écrit dans
un texte qui a connu un écho aux Etats-Unis que le 11 septembre a mis
fin au « ressentiment victimaire qui a inauguré pour
reprendre son expression après guerre en raison de
l'holocauste ». Le 11 septembre y aurait mis fin en attribuant
au terroriste le statut de victime, c'est là dire en faisant en sorte
que l'acteur terroriste s'approprie le statut de la victime à la place
de ceux qui ont été victimes effectives de l'attentat.
Depuis le discours antiaméricain de Ben Laden on a
semblé banaliser cette idée du 11/septembre et pourtant ces
attentats traduisent la réponse des victimes de l'empire
américain à leur oppresseur. Quant à ben Laden, il
improvise par une cassette interposé, une réflexion sur la
réciprocité.3(*)
IBONGA DEKUDE, émet une cogitation sur l'Etat en
faillite et le terrorisme en Relations internationales contemporaines, cas de
l'Afghanistan. Dans son mémoire, IBONGA observe que les siècles
qui ont suivis, le terrorisme existait mais il n'a jamais été
aussi dévastateur qu'aujourd'hui. Il trouve que le terrorisme vise les
non combattants et recoure à la violence pour choquer les esprits :
« faire naître la peur en faisant plus de victimes et des
dégâts. » en abordant largement cette question, il
trouve qu'il aya quelques années encore, suite à la faillite de
l'Etat et par manque de mesure de sécurité à la
frontière et dans d'autres endroits, le terrorisme en fait trop de
victime. Cette faillite s'explique par le fait que l'Etat a produit une
logique du pouvoir qui n'est pas sensé à résoudre les
problèmes de la société et le pouvoir est cherché
pour un simple profit des dirigeants.
IBONGA n'a manqué de parler en substance
l'Al-Qaïda en épinglant sa naissance, son organisation et son
organisation stratégique.4(*)
En abordant la question du terrorisme et les Relations
internationales, Jean François GUILHAUDIS note : En frappant New
York, en s'attaquant d'une manière aussi formidablement agressive
à l'hyperpuissante et à l'Occident, Al-Qaïda entendait se
placer d'emblée au centre des relations internationales.5(*) En choisissant de lui
répondre par la «guerre au terrorisme», Washington et ses
alliés ont accrédité cette ambition et commencé
à co-construire la relation terroriste. La relation terroriste de type
11 septembre réunit maintenant les conditions nécessaires pour
qu'on puisse dire qu'elle est au centre des relations internationales, sous la
forme de la guerre. Qu'il en soit ainsi pose évidemment la question de
savoir comment sortir de la guerre du terrorisme.
Il ajoute en affirmant que Le terrorisme peut être
constamment présent, voire omniprésent, cela ne signifie pas
qu'il soit, au sens vrai du terme, au centre des relations internationales.
La centralité désigne une position
particulière, stratégique : le terrorisme ne peut être
considéré comme étant au centre des relations
internationales que s'il touche à la structure, au système
international, à l'ordre international, aux grands équilibres ou,
au moins, est susceptible de le faire. Il semble que la centralité peut
être évaluée, à partir de deux variables : le point
sur lequel s'exerce une influence significative et l`étendue de cette
influence. Ces observations sont plus facilement perceptibles quand on
considère rapidement la place de la relation terroriste dans les
relations internationales, de la Seconde Guerre mondiale aux années
2000.6(*)
Dans un article portant intitulé `'Al-Qaïda, un
réseau terroriste planétaire'' les rédacteurs étale
de façon claire et détaillée la genèse
d'Al-Qaïda, son organisation, le principe de la nébuleuse, son
financement, ses stratégies, son recrutement et ses objectifs.7(*)
En effet, au regard de ce qui précède, nous
ferons remarquer que ce qui nous démarque de nos
prédécesseurs est le fait que leurs réflexions portaient
sur Al-Qaïda pendant que son leader charismatique était en vie.
Mais nous tournons nos cogitations sur Al-Qaïda post ben Laden.
Il sied en tant qu'investigateur scientifique de lever un
interrogatoire qui naturellement constituera notre point de repère
durant toutes nos investigations scientifiques.
Sur cette même lancée, notre étude
gravitera autour de la question suivante : la disparition de
Ben Laden nous oriente-t-elle vers un renforcement du terrorisme
d'Al-Qaïda ou bien au contraire vers son déclin
?
b. hypothèse du travail
L'hypothèse étant comme une conséquence
de nos postulats théoriques est donc une affirmation que nous soutenons
de leur exactitude.8(*)
Elle est en fait une réponse anticipée aux questions
soulevées par le chercheur qui se pose au début de son projet.
Bien formulée, l'hypothèse oriente l'ensemble de l'édifice
et facilite le choix du dispositif méthodologique.9(*)
De ce fait, après avoir posé une question qui
semble être le contenu de notre travail, il nous est impérieux
d'apporter quelques éléments précurseurs. Il est vrai que
la mort de ben Laden a constitué comme un coup de massue dans le camp
arabo musulman et pour cette raison, il est normal qu'ils ils se livrent
à court terme dans des actes attentatoires témoignant ainsi leur
vengeance et cela grâce à la foultitude de ses branches.
En revanche, sur le moyen et le long terme, il est clair que
c'est le début de la fin de la mouvance Al-Qaïda. Pour deux
raisons. D'abord parce qu'elle a perdu sa tête, et ensuite parce que sur
le fond, elle a perdu la bataille idéologique, en ce sens que Ben Laden
et tous ses lieutenants dans le monde avaient toujours appelé à
la violence et à la terreur pour
abattre
les régimes en place. Or, on constate que c'est l'action populaire et
pacifique qui a eu raison de ces régimes
D'ailleurs, l'organisation ne sait plus comment se
positionner
par rapport à ces mouvements populaires. Ce qui fait que sur le long
terme, et à moins d'une adaptation idéologique profonde, je pense
qu'Al-Qaïda a signé le début de sa fin.
2. Choix et Intérêt du
sujet
A. Choix du sujet
Le choix de ce sujet n'est pas un
acte aléatoire d'autant plus qu'il est tributaire de la pertinence que
le sujet porte sur le monde qui subit des soubresauts des actes terroristes
du réseau Al-Qaïda et vit dans une mouvance des guerres
asymétriques. Notons que depuis une décennie, cette question
devient de plus en plus préoccupante suite à l'ampleur des actes
terroristes à travers le monde et également suite à la
perte d'un leader emblématique du réseau Al-Qaïda.
B. Intérêt du sujet
· Intérêt scientifique
Notre sujet imprime un caractère scientifique dans la
mesure où il nous permet de comprendre les nouvelles
réalités des relations internationales dont l'importance
croissante des acteurs non étatiques à l'instar des organisations
internationales, les réseaux etc.
La scientificité de notre sujet se dégage
également lorsque nous l'identifions à la théorie
libérale ou transnationaliste où l'Etat n'est plus qu'un acteur
parmi tant d'autres à coté des organisations diverses, au sein
desquelles les individus (du touriste au terroriste) sont susceptibles
d'engager des actons collectives en vue de voire leurs besoins et
intérêts satisfaits.10(*)
· Intérêt académique
Conformément aux us et coutumes de l'université
de Lubumbashi, UNILU en abrégé, il est vivement recommandé
à tout étudiant ayant réalisé un itinéraire
quinquennal de faire une production scientifique sanctionnant de ce fait la fin
de ce cycle de licence.
Au regard de cet état de chose, il nous est important
de rédiger un travail scientifique à partir duquel nous serons
évalué.
· Intérêt social ou
pratique
L'intérêt que revêt notre sujet n'est pas
à prendre avec banalité d'autant plus que
l'insécurité qui sévit la communauté internationale
est inquiétante car bien de personnes innocentes perdent leur vie.
Au regard de ce qui précède, il s'avère
nécessaire de cogiter sur l'avenir du réseau Al-Qaïda
après la perte d'une figure de taille, auteur de plusieurs actes
terroristes de grande envergure.
Notons également que ce travail constituera une
référence ou un horizon aux futurs chercheurs.
3. Object d'étude
Notre objectif est de cerner l'avenir l'Al-Qaïda
après la perte d'un leader charismatique, Oussama Ben Laden.
4. Méthodes et techniques
a) Méthode de travail
Afin que notre travail puisse revêtir un
caractère métrologique lui garantissant une évolution
minutieuse et un aboutissement fiable, il nous importe d'utiliser une
méthode.
Ainsi Sans pour autant revenir sur les brillantes
définitions de la méthode développées par
différents auteurs, nous allons sous appesantir sur celle de PINTO ET
GRAWITZ qui la considère un ensemble d'opérations intellectuelles
par lesquelles une discipline cherche à atteindre les
vérités qu'elle poursuit, les démontre, les
vérifie.11(*)
A la lumière de ce qui précède, nous
usons dans le cadre de nos investigations la méthode analytique qui a la
spécificité de présenter ou de décrire notamment
dans une perspective critique les faits ou les réalisations d'un Etat,
d'une organisation internationale gouvernementale, d'une ONG, d'une
société multinationale ou de tout autre acteur.12(*) Pour ce faire, nous aurons
à analyser scrupuleusement ce que deviendra Al-Qaïda après
une perte énorme d'un homme si charismatique qui fut parmi l'un des
fondateurs de ce réseau.
B) Technique de recherche
Les techniques sont des mis à la disposition de la
recherche et organisées par la méthode dans ce but.13(*)
Pour ce faire, nous recourons à la technique
documentaire qui nous permet de réaliser des investigations minutieuses
et une collecte massive des données à travers les sources
documentaires diverses (Internet, ouvrages, journaux...).
5. Délimitation spatio
temporelle
a) délimitation spatiale
Un chercheur qui mènerait une étude sans borne
n'est pas différend d'un navigateur sans itinéraire ou sans
timing.
Ce faisant, notre étude qui porte sur l'avenir du
réseau Al-Qaïda après la mort de ben Laden gravite autours
du réseau Al-Qaïda, car c'est ce dernier qui est au coeur de nos
recherches.
b) Délimitation temporelle
Dans le cadre de ce travail, nos recherches s'étendront
dans une durée commençant de 2001 où Al-Qaïda sous
l'égide de son leader emblématique en la personne de ben Laden a
perpétré un attentat terroriste spectaculaire aux Etats unis
d'Amérique jusqu'à 2011 date à laquelle la traque de ben
Laden a sonné le glas.
6. Subdivision du travail
Nos recherches scientifiques que nous menons sur un sujet qui
porte sur « l'avenir du réseau Al-Qaïda après la
mort de ben Laden » graviteront autours de quatre chapitres.
Le premier chapitre qui porte sur les considérations
générales procédera à une circoncision de certains
concepts ayant trait avec notre sujet. Le deuxième chapitre qui
s'intitule : le réseau Al-Qaïda : une nouvelle donne en
relations internationales nous permet d'étaler la scientificité
notre sujet en l'identifiant par rapport une des théories des relations
internationales. Le troisième chapitre pour sa part parle des Etats
Unies d'Amérique dans la lutte contre le terrorisme d'Al-Qaïda
où nous évaluons l'administration Bush et Obama sur cette
lutte.
Le quatrième chapitre in fine dégage les
réflexions sur la mort de ben Laden et l'Al-Qaïda post ben Laden.
CHAPITRE I : LE TERRORISME
INTERNATIONAL
Dans
ce chapitre qui porte sur le terrorisme international nous tacherons de mener
une étude se basant sur des approches définitionnelles, approches
typologiques, sur les causes du terrorisme. Il sera également question
de relever les corrélations entre le terrorisme et la guerre
asymétrique, terrorisme et relations internationales.
SECTION I : LE
TERRORISME
Nous allons tout au long de cette
séquence nous allons émettre une étude en menant une
approche définitionnelle, typologique et ressortir les causes du
terrorisme.
§1. Approches définitionnelles
1.1. Historique
Le terrorisme est un phénomène historiquement
récurent, commun à toutes les sociétés et à
toutes les cultures. Il existe depuis que l'homme a décidé de
tuer son frère l'homme, en le poignardant dans le dos, dans le but de
changer les données d'une situation ou pour des raisons de vengeance14(*). Aussi vieux que l'humanité, le terrorisme
appartient à tous les temps, tous les continents et toutes les
confessions les oubliettes de l'histoire renferment des périodes ou
terrorisme et angoisse se confondirent. Ainsi le 24 juin 1984, un
immigré italien anarchiste Caserio, tue le président
français Sadi Canot et cet attentat marque l'apogée d'une
série perpétrée, en France15(*).
1.1.1. Le terrorisme
sous sa forme moderne.
· Le terrorisme jusqu'au début
du XXe siècle
C'est avec la propagation des idéologies
séculières et du nationalisme, après la Révolution
française, que le terrorisme dans sa forme moderne, s'est
considérablement développé. Partisans et adversaires des
valeurs révolutionnaires s'engagent, en effet, dans le terrorisme au
lendemain des guerres napoléoniennes.
Au Japon, le nationalisme pro-impérial qui conduit
à la restauration de Meiji en 1868, s'accompagne de nombreuses attaques
terroristes contre le Shogunat Tokugawa.
Dans le sud des Etats-Unis, le Ku Klux klan se constitue
après la défaite des Etats confédérés
pendant la guerre de sécession (1861-1865), dans le but de terroriser
les anciens esclaves, ainsi que les représentants des administrations
responsables de la reconstruction imposée par le gouvernement
fédéral.
En Europe, à la fin du XIXe siècle, les
partisans de l'anarchisme lancent des attaques terroristes contre de hauts
fonctionnaires ou contre de simple citoyens, (dont la victime la plus
célèbre reste l'impératrice : Elisabeth,
épouse de François-Joseph 1er en 1998). Avant la première
guerre mondiale, le mouvement révolutionnaire russe a aussi une forte
connotation terroriste.
· Le terrorisme jusqu'à la
seconde guerre mondiale
Au XXe siècle, des groupes tels que l'organisation
révolutionnaire macédonienne, les oustachis croates, et
l'Armée républicaine (Irish Republican Army, IRA) ont, souvent,
exporté leurs activités terroristes en dehors des
frontières nationales16(*).
Par ailleurs, fascisme et communisme ont l'un et l'autre fait
du terrorisme le principal instrument de leur politique.
Dans les années vingt et trente, l'instabilité
politique fait une large place à l'activité terroriste. Mais dans
l'ensemble, ce phénomène a fini par disparaître dans le
conflit de plus grande ampleur qu'a été la seconde guerre
mondiale.
1.1.2. Le terrorisme
d'après-guerre.
Au milieu des années soixante se développe la
plus spectaculaire manifestation du terrorisme. Elle est portée par les
progrès de la technologie, la diffusion d'armes légères et
efficaces, ainsi que par la publicité qui vient désormais
accompagner tout acte terroriste.
Par ailleurs, plusieurs zones ont été
frappé par le terrorisme : le Proche-Orient, l'Allemagne, l'Italie,
le japon, l'Irlande, l'Espagne, la France. Et bien sûr les Etats-Unis
d'Amérique, dont l'épisode terroriste le plus
célèbre et le plus meurtrier est la série d'attentas du 11
septembre 2001. Dès lors, la lutte contre le terrorisme est devenue un
principe majeur du droit international !17(*)
Notons en effet que dans les phrases qui vont suivre, nous
tacherons de faire une approche typologique.
§2. Approches typologiques
Nous pensons que c'est à travers les actions, les
objectifs et les idéologiques que la classification ou la typologie
à été rendue possible.
2.1. Le terrorisme d'Etat
Il se développe pendant la guerre froide.
Essentiellement mis en oeuvre dans les pays latino américains alors
soumis à des dictatures mais aussi à des pays comme la
Grèce de 1967 à 1974, ou encore l'Indonésie et la
Corée du sud, le terrorisme d'Etat constitue l'un de plus important car
il consiste en une mobilisation générale de la
société dans une guerre contre l'ennemi intérieur, la
sécurité nationale qui constitue l'ossature idéologique du
terrorisme d'Etat, trouve son origine dans des doctrines comme celle de Maroc
ou de Truman.
Cela débouche une politique de contre insurrection,
dont les mouvements les plus forts sont des coups d'Etats fomentés avec
l'aide d'autres Etats puissants. En guise d'exemple, nous pouvons parler de
l'intervention américaine contre les régimes progressistes
d'Arvenz ou Guatemala (1954), et de Isaac Goulart au Brésil (1964), de
Salvador Allende au Chili (1973 et contre les régimes instables
d'Uruguay (1973) avec guérilla des Tupa Maros) et d'Argentine (1976).
18(*)
Le terrorisme d'Etat, consistant en l'anéantissement
des opposants par des méthodes et des groupes apparemment distincts de
l'Etat, mais en réalité manipulé par lui.19(*)
2.2. Le terrorisme religieux
Nouvellement apparu dans l'actualité de cette fin de
siècle, le terrorisme d'inspiration religieuse est en fait l'une de plus
anciennes manifestations du terrorisme. Entre 66 et 77 avant Jésus
Christ, en Palestine, les étoiles combattirent l'occupation romaine avec
des méthodes relevant du terrorisme en employant du poison pour
empoisonner les puits, assassinat et massacrant la population.
Selon les terroristes religieux, la violence est d'abord avant
tout un acte ou un impératif religieux ou théologique. Ici, le
terrorisme comporte une dimension transcendantale, et c'est pourquoi ses
auteurs ne sont pas affectés par des contraintes politiques, morales qui
peuvent atténuer l'aspect aveugle de leur action. 20(*)
La caractéristique du terrorisme religieux est qu'il
s'inscrit dans une référence non temporelle. Ses objectifs ne se
situent pas au niveau de la société mais plutôt au niveau
des idées, de la morale ou de la spiritualité.
Le terrorisme religieux évolue dans un système
complexe des valeurs d'ordre moral ou spirituel, face auquel la vie humaine n'a
qu'un poids limité. C'est une sorte de croisade contre l'infidèle
qui se veut porteur d'un message religieux, il se rapproche du terrorisme
politique mais n'en distingue par l'intensité des actes.
2.3. Le terrorisme politique
Il se situe dans un processus révolutionnaire mais
juste en amant d'un conflit ouvert. Il constitue l'outil armé des partis
politiques extrémistes, dont ils exploitent le soutient populaire pour
se légitimer. C'est le cas de l'Irish République Army (IRA).
Le terrorisme nord irlandais en dépit de la violence
entre les communautés catholiques et protestantes n'est pas un
terrorisme d'inspiration religieuse il est le moyen choisi pour changer une
situation politique et sociale issue d'une époque ou appartenant
à l'une ou l'autre communauté.
Le terrorisme politique, même s'il est meurtrier, fait
souvent preuve de retenue car il a pour objectif le plus souvent de
démontrer la capacité à tuer, une capacité de
conserver l'initiative et est ainsi d'avantages une manifestation de la
puissance. 21(*)
2.4. Le terrorisme de droit commun
C'est l'image de la terreur promouvoir une activité
criminelle lucrative. Le terrorisme de droit commun ne s'intègre pas
dans un processus révolutionnaire et cherche à mettre la pression
sur l'Etat afin de garantir sa liberté d'action face au pouvoir
politique, son soutient populaire peut être relativement important au
niveau local et c'est le genre de soutien Accordé aux narcoterroristes
qui, de facto, assurent une certaine prospérité à la
région.
2.5. Le terrorisme anarchique ou de contestation
Le terrorisme anarchique institue la terreur en visant
d'objectif d'affaiblissement de l'ordre socio politique ou
socioéconomique sans repère idéologique précis et
dont le potentiel de violence se reconstitue à partir des
phénomènes d'expulsion, de marginalisation ou de pauvreté
excessive que l'on retrouve dans le milieu d'extrême gauche ou
d'extrême droite.
On peut citer en occurrence les brigades rouges en
Italie, la France, armée rouge en Allemagne.
2.6. Le terrorisme nationaliste
Il est largement utilisé durant toute la période
de décolonisation depuis 1945, notamment en Algérie, les
rébellions Siklis et Tamoules au faite une armée redoutable ainsi
que les barques, les Palestiniens...
2.7. Le terrorisme bactériologique, chimique et
nucléaire
C'est l'utilisation ou la mémoire d'utilisation d'un
virus bactéries, champignon, toxines ou micro-organismes dans le but de
provoquer une maladie ou le décès d'être humains, d'animaux
ou des plantes. 22(*)
Il semble qu'aux yeux des terroristes, les armes biologiques
présentent de l'intérêt pour un certains nombre des
raisons : la toxité la puissance létale des agents
biologiques, les quantités nécessaires sont moindres et donc
possible de réduire le coût et la complexité de leur
production ou de leur acquisition par d'autres moyens ce qui revient à
dire qu'il n'est pas nécessaire de disposer d'une importante
infrastructure de personnel et d'installations et cela est avantageux du point
de vue de la sécurité et permet aux terroristes de ne pas
être repérer facilement. 23(*)
En général, les agents chimiques et biologiques
sont considérés comme moins chers et plus faciles à
produire où à obtenir que les termes nucléaires.
Néanmoins, nous constatons la vente des matières fissibles
spéciales sur le marché noir au cours des dernières
années puisqu'en quantité insuffisantes suffit pour qu'il soit
possible de construire un dispositif nucléaire explosif, a
conféré une nouvelle crédibilité à la menace
que le terrorisme nucléaire pourrait lui aussi représenter.
Le plus grand sujet de préoccupation en cette
matière est sans doute la sécurité des matières
fissibles pouvant être utilisée à des fins militaires qui
sont conservées dans les instituts de recherche. Ainsi, les
matières radioactives qui pourraient utilisé à des fins
terroristes se trouvent dans une vaste gamme d'installation relativement peu
sûre comme les hôpitaux, laboratoires de recherche, les
universités... 24(*)
2.8. Le terrorisme informatique
La criminalité informatique est un vaste domaine, dont
les frontières ne sont pas faciles à définir et chaque
pays a une législation différente à ce sujet, le
terrorisme informatique est le fait de détruire ou de corrompre de
systèmes informatiques, dans le but de déstabiliser un pays ou de
faire pression sur un gouvernement. Mais, il est vrai que les attentats
informatiques restent limités car la majorité des
activités reflètent l'occidentalisation de leur pays et par
conséquent, la technologie avec elle.
2.10. Le terrorisme et les médias
Dans le monde où l'informatique et la communication
jouent un rôle clé, les terroristes cherchent à utiliser
l'impact médiatique qui peut avoir une action terroriste. Les medias
étant le milieu vecteur de communication auprès de l'opinion
publique, il est aujourd'hui facile de se faire entendre que le cause
défendue soit juste ou non.
Ainsi, la rapidité des moyens de transmission
(réseaux satellites, câbles, Internet), les choix en terme
d'information (CNN, Al J'azurai, BBC...) offrent une couverture unique et
presque illimitée aux terroristes.
Les détournements d'avoir notamment ceux
perpétrés par les organisations palestiniennes sont connu un
formidable impact médiatique au niveau mondial de même que les
images assez irréelles passant en direct où des avions de ligne
s'écrasent sur les tours jumelles du World Trade Center. Nous estimons
que les medias ne doivent plus être utilisés comme relais pour le
terrorisme mais plutôt comme instrument de lutte antiterroriste.
Après une étude typologique, nous allons par la
suite ressortir les faits générateurs du terrorisme.
§3. Les causes du terrorisme
Selon qu'il existe plusieurs catégories du terrorisme,
nous pouvons assurer qu'il existe aussi des causes multiples de ce
fléau.
3.1. Les causes religieuses
Les fondamentalistes et intégristes religieux sont
motivés par des idéologies religieuses et cherchent à
infliger ou imposer leurs convictions et croyances religieuses par des actes de
violence contre les non croyances religieuses par des actes de violence contre
les non croyants. 25(*)
3.2. Les causes économiques et sociales
Ce sont les anarchistes qui instituent la terreur pour
affaiblir l'ordre socio économique établi, leur violence trouve
la justification dans les phénomènes d'exclusion, de
marginalisation ou de pauvreté excessive que l'on retrouve chez les
femmes pauvres désoeuvrées et chômeurs, proies des
filés terroristes.
3.3. Les causes politiques
Le sentiment d'autodétermination des groupes
identitaires ou minoritaires contre l'hégémonie d'une puissance
territoriale, le totalitarisme politique et les motivations politiques telles
que la création d'un parti ou la recherche de la justice face à
une oppression perçue de la part de l'Etat cible qui opprime et
anéanti tous les opposants.
3.4. Les causes culturelles
La revendication d'identité culturelle : un
repère du renouveau islamique (territorial, autonomiste et
indépendant) par exemple, les systèmes des valeurs occidentales
fondées sur la morale judéo chrétienne dont les Arabes
contestent ce modèle en répondant à leur propre
système basé sur l'islam, le coran, disent ils est le
système politique idéal et nous constatons qu'il met l'accent sur
des causes civilisationnelles. 26(*)
En effet, après une profonde étude sur les
notions liées au terrorisme international, nous pourront par la suite
relever accointances qui existent entre le terrorisme et la guerre
asymétrique.
SECTION II : LE TERRORISME ET LA GUERRE ASYMETRIQUE
Afin
de bien relever les corrélations existant entre la guerre
asymétrique et le terrorisme, cette section va primo définir la
guerre asymétrique, secundo présenter le fonctionnement de la
guerre asymétrique et tertio exhiber les enjeux actuels de la guerre
asymétrique dans le système international.
§1. La guerre
asymétrique quid ?
1. définition
Une guerre asymétrique est une
guerre qui oppose la force
armée d'un
État à des
combattants matériellement insignifiants, qui se servent des points
faibles de l'adversaire pour parvenir à leur but souvent politique ou
religieux. Les guerres asymétriques englobent notamment le
terrorisme ou la
guérilla et se
distinguent des guerres entre États.
Soldats estoniens de la
coalition
internationale en
Irak en train d'effectuer une
patrouille dans les rues de Bagdad (
février
2005). Le conflit asymétrique ayant émergé de l'
occupation de l'Irak
les confronte à une
opposition
difficile à débusquer puisque mêlée à la
population la plupart du temps.27(*)
Le concept de guerre asymétrique fut analysé et
détaillé par
Sun Zi au
Ve siècle
av. J.-C., dans son célèbre ouvrage
L'Art de la
guerre.
Le concept fut ensuite répandu par
Wesley Clark,
général
américain
lors de l'intervention de l'
OTAN
au
Kosovo, dans un article
traitant de la
seconde Intifada,
écrit pour
Time Magazine.
D'une façon générale, une guerre
asymétrique est une guerre du faible au fort, avec une cible
collatérale faible et sans défense, comme le fils pour le
père ou la population et l'administration civile pour une
autorité contestée avec ses forces policières et
militaires. Ce qui la différencie d'une
guerre
dissymétrique, du fort au faible, avec des cibles militaires dans
des opérations militaires.
La guerre asymétrique est mieux
représentée par le couple
terrorisme et
propagande.
Ce sont soit les institutions gouvernementales et leurs
représentants qui sont visés (comme la
Résistance
en France durant l'occupation allemande ou encore l'
indépendantisme
basque), soit dans certains cas, la population civile visant le pays en
position de supériorité militaire (comme les
Palestiniens en
Israël).
Les guerres asymétriques ne sont pas forcément
délimitées à la surface d'un État, mais peuvent
englober le monde entier, partout où le pays visé est
représenté.28(*)
Le but fondamental consiste à trouver le moyen
d'éviter la supériorité militaire de la partie adverse.
L'asymétrie rend souvent les confrontations armées d'aujourd'hui
plus brutale et il semble qu'elle laisse peu d'espace à la règle
de droit.29(*)
Après toutes les considérations
développées précédemment, nous notons dans les
lignes qui suivent comment fonctionne la guerre asymétrique.
§2. Fonctionnement de la
guerre asymétrique
Tous les efforts de théorisations partent d'un
même constat : la présence d'un différentiel de
puissance. De ce constat est tiré un enseignement : la
nécessité de transformer les faiblesses de l'ennemi en forces.
Pour l'entité faible, il s'agit de jouer sur la lourdeur de l'appareil
militaire ennemi, d'agir psychologiquement sur les troupes adverses ainsi que
sur l'opinion publique de l'entité affrontée, en portant la
morale dans la guerre et la guerre dans les esprits, en développant chez
l'ennemi un sentiment d'ubiquité de la menace, en ne l'affrontant que
sporadiquement, en s'abritant au sein des populations civiles...
Le faible essaye à contourner la puissance du fort. Il
attaque par surprise, refuse le combat direct, se cache parmi les civils,
recourt à des engins explosifs improvisés... Occupant un
métier ou une fonction civile le jour, il guerroie la nuit et
harcèle le fort. Enfin, le faible bénéficie d'un
sanctuaire (Etat frontalier, zone géographique escarpée,
populations civiles) pour se replier et se ravitailler. Son but est d'obtenir
la victoire par usure et découragement.
Pour l'entité puissante, cela consiste à
synthétiser les méthodes de la guérilla et de la guerre
révolutionnaire, à en isoler les failles, et à en
retourner les outils. Il faut dès lors gagner le soutien des populations
civiles (soins médicaux, instruction, lutte contre la corruption...),
couper la guérilla du substrat socio-économique sur lequel elle
se greffe, quadriller le théâtre des opérations, recueillir
et exploiter le renseignement... L'enjeu est de parvenir à gagner le
soutien de la population tout en menant des actions militaires.
La lutte contre cette forme de guerre procède sur le
terrain militaire par encerclement de l'insurrection, étouffement des
approvisionnements, division des factions combattantes, destructions
ciblées des têtes de l'organisation ennemie et action
socio-économique sur les populations civiles afin qu'elles stoppent tout
soutien aux insurgés.
En effet, soulignons par ailleurs qu'après le
fonctionnement de la guerre asymétrique, les lignes qui suivent
tourneront sur les enjeux de la guerre asymétrique.
§3. Enjeux actuels de la
guerre asymétrique
Si cette forme de guerre est aujourd'hui devenue la norme
(jusqu'à quand ?), c'est en raison de ce que les historiens et les
polémologues appellent la transformation de la guerre. Jusqu'en 1945,
régnait à la surface de la planète la guerre entre Etats,
fruit du monde multipolaire des empires européens.30(*)
De 1945 à 1989, la conjonction de facteurs tels qu'un
monde divisé entre Est et Ouest, la crainte d'une Troisième
guerre mondiale puis d'un holocauste nucléaire, ainsi que la
décolonisation, ont produit une multiplication des guerres
asymétriques. La peur mutuelle des deux supergrands américains et
soviétiques, détenteurs du feu nucléaire, leur interdisait
de s'affronter directement, a fortiori après la violence de la Guerre de
la Corée. Ceux-ci se sont alors affrontés par le truchement de
guérillas nationales et régionales, permettant ainsi de leur
éviter toute mise en cause directe.31(*)
A partir de 1989, l'effondrement de l'URSS met fin à la
bipolarité et consacre l'avènement de l'unipolarité,
derrière l'hyper puissance américaine. Le monde est alors
dominé par une Amérique sans rivale, régnant sur un
système international lui même contrôlé par les Etats
nations. Face à une telle concentration de la puissance, il n'existe que
deux moyens de contester la répartition mondiale du pouvoir. Soit tenter
de se doter des attributs de la puissance (nucléaire militaire,
capacités de projection militaire, indépendance
énergétique par diversification des approvisionnements, poids
dans les instances internationales...), soit renoncer à cette
quête classique en tentant de brûler les étapes par
contournement des cadres politiques, juridiques et stratégiques
courants. C'est parce qu'il existe de nombreuses entités politiques
faibles, et que la quête classique de la puissance est longue,
fastidieuse et incertaine, que les méthodes de guerres
asymétriques, qu'il s'agisse de guérillas ou de terrorismes
séduisent et pullulent à la surface du globe. Tel est le
défi contemporain des Etats détenteurs de la puissance. Mais le
retour de la multipolarité, avec l'érosion de la puissance
américaine, le retour de la Russie, la montée de la Chine, de
l'Inde, du Brésil, de l'Iran... sonne peut être le glas des
guerres asymétriques comme norme et le retour des guerres
interétatiques.32(*)
A ces bouleversements du système international s'ajoute
le poids de la transition démographique. Il s'agit du
phénomène par lequel une société, passe de taux de
natalité et mortalité élevés, à des taux de
natalité et de mortalité faibles. Une telle transition, à
l'issue de laquelle les cellules familiales font moins d'enfants et les
sociétés humaines sont moins confrontées à la mort
- qu'il s'agisse des enfants morts en couche, des épidémies, des
guerres... - modifie radicalement le rapport des hommes à la mort, et
par voie de conséquence à la guerre. 33(*)Relativement acceptable avant
la transition démographique, la mort et la guerre deviennent
inacceptables au sein des sociétés modernes et pacifiées
ayant effectué cette transition. Pour les Occidentaux, la prise de
conscience du changement de rapport à la mort, intervient par sauts
successifs. Alors que la Seconde Guerre mondiale avait été
gagnée au prix (entre autres) de la mort d'environ 400 000 soldats
américains et 200 000 soldats français, la France perd
l'Algérie avec 24 000 morts, les Etats-Unis perdent le Vietnam avec
58 000 morts, les paras français et les marines américains se
retirent du Liban avec 301 morts lors des attentats du Drakkar et de
l'aéroport de Beyrouth, les Etats-Unis quittent la Somalie avec 18
morts... Actuellement, l'ISAF déplore 1147 morts en Afghanistan et la
coalition 4612 morts en Irak.
En Irak, c'est par la lecture répétée des
ouvrages des militaires Français David Galula et Roger Trinquier, que le
général David Petraeus est parvenu à réduire la
violence et a éviter la guerre civile. La stratégie de Petraeus a
consisté à accroître les troupes, à obliger les GI's
à vivre au sein de la population, à acheter les
différentes tribus sunnites pour les retourner contre Al-Qaïda
ainsi qu'à réaliser une campagne d'assassinats ciblés
contre les têtes de l'insurrection, tout en tentant de contrôler
strictement l'information, du champ de bataille à l'opinion publique
américaine, voire occidentale. Sur le terrain, de telles méthodes
semblent avoir payé.
Mais c'est aussi sur le
« théâtre » des opinions publiques des Etats
puissants, en l'occurrence et actuellement, les démocraties
occidentales, que doivent se gagner de nombreuses batailles des guerres
asymétriques. Dans le cas américain, le contrôle de
l'information en provenance du champ de bataille irakien n'a pas suffit. Des
contre-feux se sont allumés très tôt dans l'opinion,
souvent en lien avec d'autres opinions publiques en Occident, permettant ainsi
de retranscrire, en plus des faux motifs de guerre, la réalité
des combats, la violence, la peur ressentie par les troupes, les dommages
collatéraux, les exactions...34(*)
Si les variables technologiques et matérielles peuvent
être plus ou moins aisément contrôlées, il en est
autrement des variables humaines. A l'heure de l'Occident démocratique
et pacifié, bénéficiant de l'Etat de droit, l'enjeu
principal des guerres asymétriques réside dans le rapport
à la mort de ses sociétés, qui de plus en plus,
s'avèrent difficilement capables de subir la violence comme de
l'exercer.35(*)
Par ailleurs, soulignons que les lignes qui suivent pourront
nous éclairer sur le rapport les rapports existant entre le terrorisme
et les Relations internationales.
SECTION III. LE TERRORISME ET LES RELATIONS INTERNATIONALES
Cette section va s'articuler, va
s'articuler sur la guerre au terrorisme, les conventions internationales
portant sur le terrorisme et l'évènement du 11 septembre.
§1. La guerre au terrorisme : guerre longue, guerre sans
fin
A première vue, il peut sembler qu'on est dans une
impasse : comment venir à bout des kamikazes - qui est plus libre et
imperméable à toute influence ou toute menace que celui qui a
admis de sacrifier sa vie ? Ben Laden, réfugié dans un
sanctuaire à l'abri de toutes les opérations militaires, vivant
une vie spartiate, mais toujours susceptible de communiquer et orientant encore
l'action de la nébuleuse, du réseau Al-Qaïda, paraît
aussi hors d'atteinte. De plus, à supposer qu'on parvienne à
l'abattre, comme ce fut le cas d'Al Zarkaoui, on sait bien qu'il sera
inéluctablement remplacé et que les actions terroristes se
poursuivront : en Iraq, la mort d'Al Zarkaoui n'a pas réduit le
terrorisme.
Partant de là, la prévision pour l'avenir est
bien celle d'une guerre longue, voire d'une guerre sans fin ou d'une mission
impossible, puisqu'il semble n'y avoir pas d'autre issue que de
débusquer et d'abattre tous les terroristes, un par un. 36(*)
Pour apercevoir un horizon moins sombre, il faut
s'intéresser à l'autonomie et à la dépendance de la
relation terroriste : l'autonomie rend tout effort à des fins
thérapeutiques difficile, la dépendance est en revanche un moyen
de peser sur la relation terroriste. Cela conduit inévitablement
à songer aux «causes» du terrorisme. Ce traitement est
classique. Il y a longtemps qu'il est préconisé et il s'agit
indubitablement d'une approche efficace - on a pu le constater pour le
terrorisme lié aux situations coloniales ou pour le terrorisme
sponsorisé par l'URSS, le premier ayant fini avec la
décolonisation, le second avec la fin de l'URSS. Cependant, si traiter
les causes est relativement facile dans le cas d'une situation coloniale ou
d'une revendication sécessionniste, la tâche est beaucoup plus
difficile face au terrorisme du 11 septembre, qui oppose à l'Occident un
contre modèle. Il y a pourtant un point où manifestement l'effort
devrait être appliqué, il s'agit du conflit
israélo-palestinien. Trois raisons au moins poussent à le
désigner comme point d'application d'un effort nécessaire : il
fait partie de la revendication d'Al Qaïda; on a pu constater que, pendant
que se déroulait le Processus de Madrid et d'Oslo, le terrorisme avait
cessé - il n'a repris qu'au début des années 2000,
après le refus par le gouvernement Sharon de reprendre les
négociations au point atteint en janvier 2001; quoique les
autorités israéliennes s'acharnent à affirmer qu'il n'y a
aucun lien entre la question israélo-palestinienne et le terrorisme du
11 septembre, il ne fait aucun doute que, dans l'esprit des Palestiniens comme
des masses arabes et musulmanes, une solution à ce problème est
un test pour la restauration de la crédibilité des Occidentaux.
Le conflit israélo-palestinien est vraisemblablement l'une des clefs
d'un retournement de la guerre à la paix. Il y a, en tout cas, assez
d'indices en ce sens pour qu'un effort sérieux soit entrepris.37(*)
Selon l'expression utilisée pour le titre de son
livre, publié au Seuil en 2004, par Bruno Tertrais, qui introduit une
comparaison avec la guerre de Trente Ans, Jean-François guilhaudis
L'avenir de la relation terroriste dépend encore, évidemment, de
ce qu'on peut appeler la mouvance islamiste, de ce vivier où le
terrorisme recrute et se renouvelle, c'est-à-dire aussi des pays arabes
et musulmans et de l'évolution de l'Islam en général.
Cette remarque renvoie à des considérations telles que la
démocratisation des pays arabes et la modernisation de l'Islam. Il
dépend enfin, beaucoup d'analystes en sont convaincus, du
développement de la misère et de l'oppression qui frappe de
nombreux peuples et minorités ou de leur résorption, de ce qu'on
appelle le «terreau» dans lequel vit et se fortifie la plante
terroriste. 38(*)
Le fait que la relation terroriste de type 11 septembre soit
une coproduction n'est pas non plus indifférent du point de vue des
solutions permettant de sortir de la guerre. Cela signifie qu'une bonne partie
de l'effort à cette fin peut être accomplie par les Occidentaux :
il s'agit d'arrêter d'alimenter, enrichir, instrumentaliser ou coproduire
la relation terroriste.
Un observateur suggérait récemment aux
Etats-Unis de déclarer la «victoire contre le terrorisme». Ce
conseil est sans doute difficile à suivre dans la période
actuelle, mais certainement judicieux, parce qu'il conduirait aussitôt
à renoncer aux ambitions démesurées et au messianisme et
à réduire la part du traitement militaire du terrorisme. A
supposer que les Etats-Unis, même affaiblis, refusent cette
évolution et décident d'en rester au langage de la guerre, il y a
une place ici pour des initiatives européennes : il existe certainement
un créneau pour un leadership européen sur la voie conduisant
à la sortie de la relation terroriste du 11 septembre, de la zone de la
guerre.39(*)
Il y a donc encore place pour un certain optimisme, le chaos
n'est pas inéluctable. L'absence d'autonomie désigne des
relations susceptibles de jouer dans les deux sens. Les facteurs auxquels sont
liés le terrorisme et la relation terroriste sont autant de points sur
lesquels on peut tenter d'agir pour infléchir l'évolution. On
peut ainsi rêver d'une politique américaine moins
hégémonique, d'une moindre instrumentalisation du terrorisme,
d'une guerre plus mesurée, de politiques d'intégration plus
efficaces dans les pays qui accueillent de fortes communautés musulmanes
immigrées, d'un effort réel pour imposer une paix juste aux
Israéliens et aux Palestiniens, d'une lutte contre la pauvreté
plus déterminée. Beaucoup de ces mesures interpellent les
Européens et sonnent pour eux comme un défi : ils doivent
notamment s'interroger sur leur modèle de société. Cette
proposition a été faite par James Fallows, dont l'article paru
dans The Atlantic Monthly, a été en partie reproduit dans Le
Courrier international, n° 827, 2006. Londres comme Paris ont pu en faire
l'expérience douloureuse en 2005. Cf. sur ce point les réflexions
très pertinentes de Jean-Marie Colombani («Vivre avec le
terrorisme», Le Monde, 27 janv. 2005) émises avant les
événements. Sur le problème du multiculturalisme, cf.
l'article, très intéressant, de Gilles Kepel, «Fin du
Londonistan, fin du communautarisme», Le Monde, 23 août 2005.
terrorisme et relations internationales après le 11 septembre 65 Tahar
Ben Jelloun, dans «Contre le terrorisme, le sens de la justice», pose
que «l'Occident doit changer radicalement sa vision du monde arabe et
musulman» et appelle de ses voeux la venue d'un grand homme d'Etat,
visionnaire, exceptionnel . Si, dans les efforts pour déconstruire la
relation terroriste, la part de travail à accomplir par les Occidentaux
est essentielle, il faut aussi que, du côté arabe et musulman, on
sorte d'un confortable «c'est la faute à la colonisation, à
l'impérialisme américain, etc.» et d'un repli identitaire
sur le passé et la religion, qui est une impasse. Peut être le
monde arabe et musulman doit-il aussi changer la vision qu'il a de
lui-même et des autres. Ce n'est pas en ressassant les malheurs du
passé, en désignant sans cesse des coupables ailleurs ou en
cherchant à obtenir des gestes de repentance qu'on construit
l'avenir.
Par ailleurs, la communauté internationale n'est pas
restée taciturne face à ce fléau. Le cas
échéant différentes conventions ont été
signées sur la question du terrorisme. Dans le paragraphe suivant nous
tacherons de nous appesantir là dessus. 40(*)
§2. Les conventions relatives au terrorisme
· CONVENTION INTERNATIONALE CONTRE
LA PRISE D `OTAGES.
Adoptée par l'assemblée générale
le 17 décembre 1979. Cette convention regroupe 39 Etats signataires et
103 Etats parties. La Convention s'applique à l'infraction de prise
d'otages que commet quiconque s'empare d ` une personne ou la
détient et menace de la tuer, de la blesser ou de continuer à la
détenir afin de contraindre un Etat, une organisation internationale
intergouvernementale, une personne physique ou morale a accomplir un acte
quelconque ou a s'en abstenir en tant que condition explicite ou implicite de
la libération de l'otage.41(*)
· CONVENTION INTERNATIONALE POUR LA REPRESSION DU
FINANCEMENT DU TERRORISME.
Adoptée par l'assemblée générale
le 9 décembre 1999. Cette Convention s'applique à 132 Etats
signataires et a 18 Etats partis. La convention s'applique à
l'infraction commise par toute personne qui, directement ou indirectement,
illicitement et délibérément, fournit ou réunit des
fonds dans l'intention de les voir utilises ou en sachant qu'ils seront
utilises, en tout ou partie, en vue de commettre un des actes de terrorisme.
· RESOLUTION 1373 DU CONSEIL DE
SECURITE
Adoptée le 28 septembre 2001. La résolution
1373,fait suite aux attentats du 11 septembre et exprime sa
détermination a prévenir tout acte terroriste.
Elle considère que les Etats se doivent de
compléter la coopération internationale, en matière
d'enquête criminelle, en matière d'échange d'information
sur les réseaux et mouvement terroriste. Par ailleurs tous les Etats
doivent prévenir et réprimer le financement de tels actes.
La résolution rappelle les liens étroits entre
le terrorisme et la criminalité transnationale (drogue, blanchiment
d'argent...).Enfin la résolution crée un comite du conseil de
sécurité charge de suivre l'application e la
résolution.42(*)
En effet, le paragraphe suivant, pourra de façon
laconique développer les considérations sur les attentats du 11
septembre.
· CONVENTION DE L'OUA SUR LA PREVENTION ET LA
LUTTE CONTRE LE TERRORISME
Convaincus que le terrorisme constitue une violation grave des
droits de l'homme, en particulier des droits à l'intégrité
physique, à la vie, à la liberté et à la
sécurité, et qu'il entrave le développement
socio-économique en déstabilisant les États, les Etats
membres de l'OUA, ont résolus à éliminer le terrorisme
dans toutes ses formes et manifestations. Pour l'OUA Est « Acte terroriste
» tout acte ou menace d'acte en violation des lois pénales de
l'État
Partie susceptible de mettre en danger la vie,
l'intégrité physique, les libertés d'une personne ou d'un
groupe de personnes, qui occasionne ou peut occasionner des dommages aux biens
privés ou publics, aux ressources naturelles, à l'environnement
ou au patrimoine culturel, et commis dans l'intention.43(*)
· CONVENTION ARABE RELATIVE A LA REPRESSION DU
TERRORISME
Cette convention a été signée au Caire
le 22 Avril 1998, en vigueur depuis 7 mai 1999. Cette convention a
été adoptée par tous les Etats de la ligue Arabe qui
émettent le voeu de promouvoir leur coopération mutuelle aux
fins de la répression des infractions terroristes, qui menacent la
sécurité et la stabilité de la nation arabe et mettent en
péril ses intérêts vitaux.
Les Etats de la ligue arable considère que "Terrorisme"
s'entend de tout acte ou menace de violence, quels qu'en soient les motifs ou
les buts, qui serait l'instrument d'un projet criminel individuel ou collectif,
et viserait à semer la terreur dans la population, à lui inspirer
de la peur, en lui portant préjudice ou en mettant sa vie, sa
liberté ou son indépendance en péril, à causer des
dommages à l'environnement, ou à une installation ou un bien,
tant public que privé, à occuper ces installations ou ces bien ou
à s'en emparer, ou à mettre en danger une ressource nationale.
. En effet, "Infraction terroriste" s'entend de toute
infraction ou tentative d'infraction commise à des fins terroristes dans
un Etat contractant, ou contre les ressortissants, les biens ou les
intérêts de cet Etat, et qui est punissable par son droit interne.
Sont également considérées comme infractions terroristes
les infractions visées dans les conventions ci-après, sauf si ces
dernières n'ont pas été ratifiées par les Etats
contractants, ou si lesdites infractions sont exclues de la loi interne de ces
Etats. De ce qui précède, Les Etats contractants s'engagent
à ne pas organiser, ni financer ou perpétrer des actes de
terrorisme, ni en être complice de quelque façon que ce soit.
Fermement résolus à prévenir et à réprimer
les infractions terroristes, dans le respect de leurs lois et procédures
internes, ils entreprendront.44(*)
Soulignons par ailleurs que le paragraphe suivant va essayer
de démonter comment l'action terroriste de ben Laden
réalisée le 11 septembre a remis en cause
l'unipolarité.
§3. Le 11 septembre 2001 : La remise en cause de
l'uni polarité
A la fin des années 90, la stabilité du monde
paraît assurée par la puissance des Etats-Unis mais cette
domination provoque sa contestation par des mouvements islamistes, en
particulier Al-Qaïda, qui vont utiliser l'arme du terrorisme contre les
Américains. Ces derniers vont réagir à la remise en cause
de leur puissance.
Depuis la fin de la guerre froide, il était convenu
qu'il ne restait qu'une seule puissance, les Etats-Unis. L'aptitude de l'Europe
des Quinze, de la Chine ou de la Fédération de Russie à
concurrencer la puissance américaine et à mettre fin à
cette hégémonie reste discutée. Avec les attentats du
11 septembre, la menace contre la puissance nous amène à
relativiser cette hégémonie, même si les discours
politiques internationaux n'en ont pas fait état. Cette menace qui a
frappé le puissant n'épargne personne : c'est une puissance
diffuse qui choisit ses cibles selon une logique qui n'est pas perceptible et
rationalisable.
La globalité de la menace a inspiré
l'ambassadeur français aux Nations Unies dans la riposte
institutionnelle qu'il a organisé. En effet, c'était le tour de
présidence de la France en septembre dernier. C'est donc le diplomate en
charge de la mission française qui a pris l'initiative de la
Résolution 1368 [S/RES/1368 (2001)] adoptée à
l'unanimité par les membres du Conseil de sécurité.
45(*)Cette réponse
institutionnelle s'inscrit dans une réaction humaine et instinctive,
sans conséquence fondamentale sur le droit, contrairement à ce
que les tenants mêmes ont pu affirmer. Ainsi l'ambassadeur Levitte a pu
affirmer selon le correspondant du Monde aux Nations Unies (New York) :
« Nous avons estimé, à l'unanimité, que 6.000
personnes - chiffre avancé le 12 septembre - par des avions civils
devenus des missiles n'est plus un acte de terrorisme mais une véritable
agression armée » ajoutant que le paragraphe 3 de la
Résolution 1368 « représente une véritable
avancée juridique permettant au Conseil de sécurité
d'étendre la lutte contre l'acte du terrorisme au-delà des
terroristes, à ceux qui les aident ou les financent ; c'est ce
paragraphe qui a autorisé les Etats-Unis à riposter contre
l'Afghanistan, ou plutôt contre les talibans ».46(*)
· CONVENTION DU CONSEIL DE L'EUROPE POUR LA
PREVENTION DU TERRORISME
Conscients de la situation précaire à laquelle
se trouvent confrontées les personnes du fait du terrorisme et
réaffirmant, dans ce contexte, leur profonde solidarité avec les
victimes du terrorisme et avec leurs familles, le conseil de l'Europe par la
présente Convention cherche à améliorer les efforts des
Parties dans la prévention du terrorisme et de ses effets
négatifs sur la pleine jouissance des droits de l'homme et notamment du
droit à la vie, à la fois par des mesures à prendre au
niveau national et dans le cadre de la coopération internationale, en
tenant compte des traités ou des accords bilatéraux et
multilatéraux existants, applicables entre les Parties. Cette convention
fut adoptée en 2005 à Varsovie.47(*)
1. La montée en puissance de l'islamisme.
L'islam est une religion pratiquée par un milliard de
fidèles, dont 200 millions d'Arabes. L'islamisme est l'utilisation
politique de l'islam. Il est né au XIXe siècle, en
réaction à la colonisation européenne, pour «
réveiller » la civilisation musulmane. Il peut prendre des formes
très diverses : certains veulent moderniser l'islam, d'autres voient au
contraire dans la tradition une alternative à la modernité
occidentale. En 1979, l'Afghanistan est envahi par l'armée
soviétique. Des islamistes viennent aider la résistance afghane :
c'est la naissance du jihadisme et la création d'Al-Qaïda par le
milliardaire saoudien Ben Laden en 1987. Jusqu'en 1989, l'islamisme est
utilisé contre l'URSS par les Etats-Unis et leurs alliés :
l'Arabie Saoudite et le Pakistan. La guerre du Golfe bouleverse la donne. De
nombreux islamistes sont sensibles aux discours de Saddam Hussein contre «
les infidèles qui souillent les lieux saints de l'islam ». Ben
Laden rompt alors avec l'Arabie Saoudite. Il s'en prend aux Etats-Unis,
restés la seule superpuissance après la disparition de l'URSS et
accusés de mener une « croisade » contre l'islam. Dans cette
lutte, il s'appuie sur Al-Qaïda, un réseau fortement
structuré. L'hégémonie américaine provoque
l'opposition de mouvements islamistes qui vont chercher à remettre en
cause cette domination en recourant au terrorisme.48(*)
2. L'arme du terrorisme.
Les anciens d'Afghanistan portent le jihad dans d'autres pays.
Al-Qaïda devient un réseau terroriste, basé au Soudan, puis
en Afghanistan après l'arrivée au pouvoir des talibans en 1996.
Le premier attentat important qui lui est attribué touche, le 7
août 1998, les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie (229
morts). Mais, dès 1993, un attentat islamiste avait été
commis contre le World Trade Center provoquant la mort de six personnes et 1
042 blessés. Les Etats-Unis s'estiment alors en guerre contre le
terrorisme. Mais, ce sont surtout les attentats du 11 septembre 2001 qui
marquent le début de cette guerre. Ce jour-là, deux avions
percutent les tours du World Trade Center à New York. Un
troisième avion s'écrase sur le Pentagone, le ministère de
la Défense, près de Washington. Enfin, un quatrième avion,
qui visait peut-être la Maison-Blanche, s'écrase en Pennsylvanie.
Ces attentats tuent 2 995 personnes dont les 19 terroristes. Diffusé en
direct par les télévisions du monde entier, l'attentat de New
York crée la stupeur. Les Etats-Unis se révèlent
vulnérables sur leur propre sol. Les terroristes ont
démontré leur capacité de nuisance technologique et
médiatique. L'ampleur et la méthodicité de la
préparation font parler d'« hyper terrorisme ». Les guerres
classiques entre Etats ne sont plus la menace majeure. D'autant que
certains redoutent de voir des armes non conventionnelles tombées aux
mains des terroristes. Des mouvements islamistes vont utiliser l'arme du
terrorisme pour remettre en cause la domination américaine mais la
gravité des attentats du 11 septembre va avoir d'importantes
conséquences sur la politique des Etats-Unis.49(*)
3. Les conséquences du 11 septembre.
L'ONU appelle immédiatement à intensifier la
lutte internationale contre le terrorisme. Le président
américain, George W. Bush, lance dès octobre 2001 une
opération militaire en Afghanistan, avec l'aval de l'ONU et le soutien
de l'OTAN.
C'est, en effet, dans ce pays que s'est établi
Al-Qaïda et son chef Ben Laden. Le régime des talibans est
renversé. Des centaines des jihadistes sont transférés
dans la base américaine de Guantanamo (Cuba). Ils y sont détenus
dans des conditions contestées avec le statut de « combattants
illégaux » défini par l'USA Patriot Act. L'Irak est envahi
en mars 2003, George W. Bush affirmant sans preuves claires que Saddam Hussein
est lié à Al-Qaïda et qu'il détient des armes non
conventionnelles. Cette opération, menée sans l'accord de l'ONU
et malgré l'opposition de certains alliés comme la France,
alimente les critiques contre les Etats-Unis. Elle nourrit donc le terrorisme,
qui est loin d'avoir disparu comme le montrent les attentats commis à
Madrid en 2004 (191 morts) ou à Londres en 2005 (56 morts). A
près les attentats du 11 septembre, la vision américaine des
relations internationales a durablement changé. George W. Bush a
rapidement invoqué la légitimité d'une guerre
préventive contre le terrorisme et contre l'« Axe du mal »,
c'est à- dire les Etats soupçonnés d'aider les
organisations terroristes. Les attentats ont accentué la tendance
unilatérale américaine de la fin des années 90. 50(*)La politique américaine
mêle ainsi défense de la démocratie, défense de la
sécurité et des intérêts américains et le
droit d'ingérence préventif. La lutte entre le terrorisme
islamique et les Etats-Unis fait rentrer les relations internationales dans une
nouvelle dynamique où ce ne sont plus des Etats qui s'affrontent entre
eux mais des mouvements informels à des Etats. L'étude successive
de la guerre du Golfe, du siège de Sarajevo et des attentats du 11
septembre montre une évolution dans le fonctionnement des relations
internationales depuis la chute du communisme jusqu'à
aujourd'hui.51(*)
Conclusion
Retenons grosso modo que le terrorisme est une question
à résonnance planétaire d'autant plus que ses effets se
rependent dans tous les confins du monde. Devenant ainsi comme un fléau
du siècle, la communauté internationale s'est lancée dans
une lutte sans merci et tous azimutes afin de l'éradiquer. Nous retenons
aussi que le terrorisme est un recours illégitime à la violence
visant à instaurer un climat de peur et d'insécurité
à des fins politiques. Soulignons mêmement que Le terrorisme
n'est pas synonyme de "guérilla" même s'il y a
des regroupements dans les objectifs et dans les méthodes. La
guérilla est une stratégie militaire qui se rapproche des
principes de la guerre régulière. Au contraire, les terroristes
toujours clandestins maintiennent leur caractère de petit groupe
secret.
Nous tenons aussi à préciser que le chapitre
suivant va nous présenter de façon large la nébuleuse
Al-Qaïda.
CHAPITRE II : LE RESEAU
AL-QAÏDA
Depuis les attentats du 11 septembre 2001, Al-Qaïda et
son dirigeant emblématique, Oussama Ben Laden, sont au centre des
préoccupations de la communauté internationale, garante de la
sécurité dans le monde. La nébuleuse terroriste
prône l'unité de l'islam, sorte d'universalisme musulman, le
djihad contre les "judéo-croisés" et la restauration du califat.
Pourtant, Al-Qaïda, dans sa genèse et sa structure, son
idéologie et sa stratégie, son financement et ses techniques de
recrutement, reste une organisation transnationale méconnue.
La guerre contre le terrorisme menée par les Etats-Unis
a détruit les bases d'Al-Qaïda en Afghanistan depuis la chute des
talibans, régime hôte de ces "nouveaux martyrs d'Allah". Mais,
délogée de ses anciens fiefs, l'organisation reste
opérationnelle à l'échelle planétaire et a
commandité plusieurs actes terroristes. Bien qu'affaiblie, Al-Qaïda
reste une menace pour la paix dans le monde, notamment dans les pays
occidentaux contre lesquels Ben Laden a lancé la guerre sainte mais
aussi contre la présence occidentale dans certains pays. Les attentats
de Madrid, le 11 mars 2004, faisant 191 morts et près de 2 000
blessés, et ceux de Londres, le 7 juillet 2005, avec plus de 50 morts et
des centaines de blessés, montrent qu'Al-Qaïda peut frapper au
coeur de l'Europe occidentale et qu'une réponse coordonnée des
Etats européens est nécessaire.52(*)
SECTION I : GENESE DU
RESEAU
Pour une chronologie
étapiste de l'histoire du réseau Al-Qaïda, cette section
tachera de parler de la guerre contre l'armée rouge, de la guerre de
l'Arabie Saoudite et de l'Islam contre la décadence des judéo
croisés.
§1. De la guerre contre
l'armée rouge à la guerre civile
Dans les années 1970, des groupes d'intellectuels de
tendance islamiste - salafistes, wahhabites et Frères musulmans -
émergent en Afghanistan et déclarent le djihad contre les
"impies" communistes à la tête du pays. En décembre 1979,
pour écraser la menace islamiste, le régime communiste de Babrak
Karmal appelle l'armée rouge à la rescousse. Les troupes
soviétiques se heurtent aux moudjahidins et aux Etats-Unis. Parmi les
moudjahiddins, Oussama Ben Laden, équipé par la CIA, s'allie au
Pachtoune Gulbuddin Hekmatyar et se distingue lors de la bataille dite de la
"tanière du lion", où il résiste pendant sept jours aux
forces ennemies, en novembre 1987. C'est l'acte de naissance d'Al-Qaïda.
En 1989, au moment du retrait soviétique, Al-Qaïda soutient les
islamistes regroupés sous l'égide de Gulbuddin Hekmatyar, qui
renverse le régime du président Najibullah en 1992.
Les deux tendances islamistes au pouvoir - les radicaux du
premier ministre, Gulbuddin Hekmatyar, et les modérés de Massoud
- s'affrontent. Pour mettre un terme à la guerre civile, Al-Qaïda
s'appuie sur les talibans, qui émergent en 1994. D'origine pachtoune et
issus des écoles coraniques, ces fondamentalistes prennent Kaboul en
1996. Al-Qaïda est assurée de leur soutien idéologique et
matériel. Oussama Ben Laden se rapproche de leur chef, le mollah Omar,
qui refuse de l'extrader comme le demandent les Etats-Unis.
De cette guerre, Al-Qaïda s'est également
livré à la lutte sans merci contre les envahisseurs de l'Arabie
Saoudite. Le cas échéant, le paragraphe suivant tachera de nous
montrer comment Ben Laden s'est opposé au président saoudien qui
a fait venir les américains afin de chasser les envahisseurs.53(*)
§2. La lutte contre les
envahisseurs de l'Arabie Saoudite
Pendant la guerre menée par l'URSS en Afghanistan,
Oussama Ben Laden et les Etats Unis ont en commun de vouloir chasser les
Soviétiques du pays : l'un veut lutter contre les envahisseurs, les
autres sont motivés par la guerre froide. Cette entente objective prend
fin au début des années 1990, lors de l'invasion du Koweït
par l'Irak. En Arabie saoudite, Oussama Ben Laden tente de convaincre le roi
Fahd de ne pas faire appel aux soldats occidentaux et propose de mettre
à disposition ses propres légions. La proposition se heurte au
pacte de Quincy de 1945 sur la coopération entre l'Arabie saoudite et
les Etats-Unis : l'Arabie saoudite assure aux Etats-Unis un quasi-monopole du
pétrole contre une protection militaire. En vertu de ce même
pacte, dix mille militaires américains se rendent sur le sol arabe et y
stationnent après la guerre du Golfe. Oussama Ben Laden accuse alors
l'Arabie saoudite d'avoir accepté sur son territoire ceux qu'il
considère comme des envahisseurs. 54(*)En 1995, il est soupçonné d'être
le responsable des attentats de Riyad dirigés contre des ressortissants
américains. En 1996, il déclare la guerre "aux
Américains qui occupent les deux lieux saints", leur reprochant
d'avoir brisé l'inviolabilité de la péninsule Arabique,
d'intervenir dans la vie politique de l'Arabie saoudite et surtout dans le mode
de vie saoudien. En 1998, il élargit cette fatwa à tous les
Américains, laquelle se traduit bientôt par des attentats
perpétrés dans le monde entier.
Après cette lutte, les judéo croisés ont
connu une décadence à outrance et les lignes qui suivent vont le
démonter.
§3. L'islam contre la
décadence des judéo-croisés
Al-Qaïda joue sur deux tableaux, celui de la guerre et
celui de la prédication. Lorsque l'organisation traque les
Américains, elle dénonce les valeurs de l'Occident et y oppose
les principes fondamentaux de l'islam. Son objectif est de recréer la
communauté religieuse des origines de l'islam, l'oumma. Al-Qaïda
souhaite une application à la lettre du Coran, et donc le respect de
moeurs extrêmement strictes, telles que les cinq prières
quotidiennes, l'interdiction absolue de consommer de l'alcool, de s'adonner aux
chansons, aux jeux, au théâtre. Elle impose le port obligatoire de
la barbe et de la robe traditionnelle pour l'homme et celui du voile pour la
femme, qui doit demeurer à la maison.
Elle s'oppose aux "judéo-croisés" (Etats-Unis,
Grande-Bretagne, France, Israël), en référence à
l'époque où les chrétiens occupaient Jérusalem.
Elle rejette tout compromis avec ces non-musulmans et refuse tout emprunt
à leur civilisation. 55(*)La démocratie et les droits de l'homme
pervertissent les moeurs ; Occident rime avec décadence. Oussama Ben
Laden utilise ce rejet global de la civilisation occidentale comme
dénominateur commun de l'unité du monde arabe. Cette conception
manichéenne du monde est la base de son panislamisme, qui s'était
autrefois illustré sous Abdul Hamid II, sultan de l'Empire ottoman, peu
avant la première guerre mondiale.56(*)
En effet, il va sans dire que la prochaine section gravitera
à fond sur l'organisation du réseau Al-Qaïda.
SECTION II : ORGANISATION
Dans la présentation de
l'organisation du réseau Al-Qaïda, cette section parlera sur le
modus operandi dans le recrutement, des principes de la nébuleuse et son
financement.
§1.Recrutement
organisé
· Des écoles coraniques au service
d'Al-Qaïda
Le premier foyer de recrutement d'Al-Qaïda se fait par
l'intermédiaire de madrasas, écoles coraniques qui prêchent
un islam radical. Historiquement et stratégiquement, l'université
d'Islamabad au Pakistan est, pour Al-Qaïda, le plus important de ces
établissements. Elle a été fondée par le prince
saoudien Turki Ibn Fayçal l'année de l'invasion de l'Afghanistan
par les troupes soviétiques. Cette école forme un grand nombre
d'islamistes et servirait de paravent pour faire venir des combattants arabes.
Dès son ouverture, l'université a employé Abdallah Azzam,
maître à penser de Ben Laden et instigateur de la légion
islamique composée de volontaires venus de tout le Proche-Orient.
L'hébergement et la canalisation des militants formés dans les
autres madrasas se fait par l'intermédiaire du "Bureau des services"
(Maktab Al Khedamat) fondé par Abdallah Azzam à
Peshawar, puis repris par Ben Laden à partir de 1989. Le système
est calqué sur le schéma que suivaient traditionnellement les
talibans, anciens étudiants des réseaux de madrasas
situées sur la frontière afghane-pakistanaise. Al-Qaïda se
sert également de l'ensemble des écoles coraniques
disséminées à travers le monde pour recruter ses nouvelles
générations de militants dont les "cadres", ceux qui dirigeront
les attentats en Occident, sont sélectionnés à l'issue de
contacts individuels dans des mosquées européennes, comme ce fut
le cas pour Zacarias Moussaoui.
· à la sortie des mosquées
occidentales
Dans son recrutement, Al-Qaïda puise dans un milieu de
jeunes souvent très occidentalisés mais qui ont trouvé
dans l'islam la théorisation d'une contestation de l'ordre établi
et la réponse à une mondialisation impulsée par les
Etats-Unis. En Europe, ce recrutement touche le plus souvent les jeunes
désoeuvrés des quartiers difficiles : il se fait par
l'intermédiaire de mouvements salafistes dont l'essor inquiète
les pouvoirs publics. Certains groupes, comme le Groupe salafiste de
prédication et de combat (GSPC), implanté en Algérie, et
le Takfir, originaire d'Egypte, critiquent les gouvernements et prêchent
la révolte et la désobéissance civile. Une organisation de
ce type existerait à Sartrouville (France). Mais les plus radicaux
partent à Londres, pour rejoindre le cheikh Abou Hamza.
En France, le salafisme est devenu véritablement
visible en 1995. Aujourd'hui, il est présent dans toute
l'agglomération parisienne et en province. Les plus extrêmes se
réclament du Takfir. Sa branche européenne a adhéré
en 1999 à la mouvance internationale d'Oussama Ben Laden.57(*)
Les salafistes ne gèrent pas de mosquées,
à quelques exceptions près comme celles de La Duchère et
des Mureaux (Yvelines). Le plus souvent, ils jettent leur dévolu sur un
lieu de culte et abordent les jeunes à la sortie de la
mosquée.
Quelques filières du djihad vers l'Irak, la
Tchétchénie ou d'autres terres de la guerre sainte ont
été démantelées en France ou ailleurs dans le
monde, notamment dans les pays occidentaux.
· La formation aux techniques
militaires
Les recrues d'Al-Qaïda reçoivent un même
type de formation basée sur l'apprentissage de techniques militaires.
Tous transitent par le Pakistan pour gagner des camps d'entraînement
afghans. Abou Zoubeyda, qui appartient à l'état-major
opérationnel d'Al-Qaida, est chargé de la réception des
volontaires. Il accepte ou rejette les candidatures, s'occupe des
dépenses dans les camps ainsi que des arrivées et des
départs. Les élus - 50 à 100 par camp - sont
classés en trois catégories : ceux qui combattent en Afghanistan,
ceux qui sont renvoyés en Occident pour y monter des réseaux
terroristes, et ceux qui dirigeront les attentats.
Le séjour en Afghanistan dure de cinq à six
mois. Les recrues subissent à la fois un conditionnement intellectuel et
religieux, un entraînement physique puis un apprentissage de techniques
militaires : maniement d'armes, gestion des explosifs et des moyens de
communication. L'enseignement porte principalement sur les méthodes de
la guérilla urbaine et le sabotage. Ceux qui reviennent en Occident se
retrouvent souvent dans de petites cellules avec des combattants aussi
expérimentés qu'eux. D'où la naissance d'un fort sentiment
de solidarité.
Depuis la guerre en Irak, de nouveaux foyers d'Al-Qaida ont
été créés un peu partout sur le territoire irakien.
Le chef d'orchestre de ce réseau irakien d'Al-Qaïda a longtemps
été Abou Moussab Al-Zarkaoui, un jordanien, abattu le 8 juin 2006
par les forces américaines.58(*)
· Mutation permanente au sommet
Recherchée par tous les services de renseignement
américains et européens, la direction d'Al-Qaïda est
amenée à se déplacer, à évoluer et à
s'adapter en fonction de contextes mouvants. De nombreux membres du
réseau terroriste agissent dans l'ombre des chefs jusqu'à ce
qu'ils prennent la relève. Morts, blessés ou en fuite, Ben Laden
et ses lieutenants sont "apparemment" dans l'incapacité de diriger les
opérations. De plus, le second de Ben Laden, Ayman Al-Zawahiri, est
vivement contesté en interne depuis que les islamistes ont
été mis en échec en Afghanistan par les Etats-Unis
après les attentats du 11 septembre 2001.
Selon le Washington Post, la relève du
directoire serait assurée par un groupe de six hommes dispersés
dans différentes régions du monde arabe : deux Egyptiens, dont
un ancien des forces spéciales de l'armée égyptienne, Saif
Al-Adeletun, et un financier, Abdullah Ahmed Abdullah ; un Indonésien,
Riduan Islam Uddin, chargé de toute la région du Sud-Est
asiatique et qui pourrait être impliqué dans l'attentat de Bali ;
un Jordanien, Abou Moussab Zarquaoui, chargé de la planification des
attentats ; un Saoudien ou Yéménite, Taoufik Ben Atash,
également planificateur d'attentats, et Rahim Al-Nashri, coordinateur
opérationnel. La force de l'organisation : les membres peuvent sans
cesse se renouveler, indépendamment d'un état-major
central.59(*)
En dehors du recrutement qui s'effectue de manière
organisée, le réseau est guidé par un principe que nous
présentons dans les lignes qui suivent.
§2. Le principe de la nébuleuse
Contrairement aux mouvements terroristes des années
1970 et 1980, Al-Qaïda n'est pas organisée en cellules ou en
structures pyramidales. Littéralement, Al-Qaïda signifie "la base".
Ce terme désigne en fait un camp dans les environs de Jalalabad, en
Afghanistan, dans lequel étaient entraînés des volontaires
issus de la mouvance islamiste en guerre contre les
Soviétiques.60(*)
Al-Qaïda est devenue une organisation structurée
en 2000-2001. Elle a à sa tête un chef, Oussama Ben Laden,
à qui ne revient pas forcément tout le pouvoir
décisionnaire. Il s'appuierait sur d'autres membres influents.
Dépendant de ce chef, un conseil consultatif religieux (majlis al-shura)
se compose des responsables chargés de débattre et
éventuellement d'approuver les actions politiques d'Al-Qaïda, comme
les attentats, au regard des préceptes stricts du Coran.
A un troisième niveau, se trouveraient quatre
comités soumis au majlis al-shura : le comité militaire
(recrutement, entraînement), le comité financier
(développement de structures matérielles et financières),
le comité juridique et religieux (qui théorise et justifie les
prises de décision et les actions) et le comité d'information
(relations publiques et diffusions internes). Cette hiérarchisation
décisionnaire est probablement plus complexe et soumise à des
luttes internes.
· Des membres présents dans une
cinquantaine de pays
Le réseau d'Al-Qaïda est présent dans
environ cinquante Etats. L'Afghanistan, la Grande Bretagne, l'Allemagne,
l'Espagne ou le Danemark servent de bases arrière, alors que les
Etats-Unis, l'Inde, la France sont plutôt des pays cibles, qui abritent
souvent des cellules dormantes. Al-Qaïda est aussi reliée à
la chaîne mondiale d'organisations islamistes et dispose d'une
réserve de combattants importante, tous préparés à
l'action terroriste. Dans l'espace arabo-musulman, les organisations islamistes
du réseau Al-Qaïda sont parfois abritées par des Etats ou
zones en guerre (voir carte). Elles mènent aussi d'autres combats dont
Al-Qaïda n'est pas l'instigateur.
En Europe, la Grande-Bretagne est considérée
comme la plaque tournante de l'islamisme radical. La France abrite deux
organisations fortement soupçonnées d'être liées
à Al-Qaïda : le Talaa Al-Fath et le groupe de Roubaix. Leur action,
différente de celle des organisations du Proche-Orient,
procéderait plus du réseau de propagande que de
l'entraînement militaire, technique plus adaptée aux mouvements
implantés au Proche-Orient et en Asie. En 2001, 2 700 membres
présumés d'Al-Qaïda ont été
arrêtés avec l'aide de quelque 90 pays.61(*)
· Les organisations islamistes du réseau
AL-Qaida dans l'espace arabo musulman
62(*)
Soulignons en effet que la suite nous expliquera comment
Al-Qaida trouve les brèches de financement.
§3. Financement
· Un réseau largement financé par
les ONG islamiques
Dans le monde arabe, de nombreuses organisations à but
humanitaire et social financent le réseau Al-Qaïda. Leur rôle
officiel est de construire des mosquées et de soutenir des projets
d'infrastructure ou de développement. La plupart sont implantées
en Arabie saoudite. La plus importante est la Ligue islamique mondiale,
créée à La Mecque en 1962, et chargée de
défendre les minorités islamistes contre l'Occident. La fondation
Al-Haramein est basée à Riyad et son objectif premier est de
lutter contre l'invasion des non-musulmans.
Deux banques privées, la Maison de l'argent islamique
et la banque musulmane Dallah Al-Baraka, ont permis la création d'une
vingtaine d'ONG installées au Pakistan. Deux d'entre elles sont
particulièrement mises en cause aujourd'hui. La première, l'IIRO
(International Islamic Relief Organization) est une filiale de la Ligue
islamique, qui aide les musulmans touchés par des guerres ou des
catastrophes naturelles. Elle est financée par les dons des familles
saoudiennes et par la zakat, un impôt dicté par le Coran,
inséparable de la prière, censé soutenir les
progrès de la foi. La seconde est l'ISRA (Islamic Relief Agency). Toutes
ces ONG ont des bureaux en Europe et aux Etats-Unis, et sont donc difficilement
contrôlables. Elles détourneraient l'argent destiné
à l'islam afin de financer le terrorisme d'Al-Qaïda.63(*)
· Fortune personnelle et sociétés
internationales
Le financement d'Al-Qaïda provient de la fortune
personnelle d'Oussama Ben Laden, évaluée à 30 millions de
dollars, selon l'ONU. Elle est issue en partie de l'héritage de son
père, mort en 1967, un entrepreneur d'origine yéménite
travaillant pour la famille royale saoudienne et qui aurait laissé
à son fils 11 milliards de dollars. Oussama Ben Laden a également
bénéficié de l'aide des familles fortunées d'Arabie
saoudite mais aussi du Pakistan, sans oublier les Etats-Unis, qui l'ont
financé lors de la guerre menée par les Soviétiques en
Afghanistan.
L'ONU chiffre également ses investissements
immobiliers, notamment en Europe, à des centaines de millions de
dollars. Ben Laden est aussi à la tête de nombreuses
sociétés du bâtiment et de travaux publics. A travers son
association Beit Al-Ansar ("la maison des compagnons"), il fait construire des
infrastructures en Afghanistan dans les années 1980, puis il investit
dès 1991 dans l'agriculture et dans le réseau routier du Soudan,
où il implante Akik, une société de BTP. Il y crée
aussi une banque, la banque Al-Chamal. Ben Laden se trouve ainsi à la
tête d'une nébuleuse financière aux ramifications
internationales, qui sert à financer ses activités terroristes et
alimente la révolution islamiste dans le monde entier. Ben Laden est
aussi le bailleur de fonds du Groupe islamique armé (GIA) en
Algérie, du Djihad islamique en Egypte et des organisations islamistes
en Indonésie, en Malaisie, en Thaïlande et aux
Philippines.64(*)
· Transferts d'or et trafic de drogue
Al-Qaïda utilise le système de l'hawala
("transfert" en arabe), qui consiste à faire des transactions d'un pays
à un autre sans passer par les banques. Les fonds sont fournis dans un
pays et remboursés dans un autre. L'achat et le stockage d'or sont
également prisés par l'organisation, car ces transactions ne sont
pas repérables par les banques. Un autre réseau souterrain est
celui de la drogue.
En 1982, lors de son séjour en Afghanistan, Oussama Ben
Laden rencontre Gulbuddin Hekmatyar, un Pachtoune, à la tête de la
culture du pavot dans la province de Helmand.
Oussama Ben Laden développe un trafic d'opium
destiné aux pays occidentaux, ainsi qu'un trafic d'héroïne
que reprennent ensuite les talibans. Ils autorisent toutefois l'organisation
à prélever des taxes sur la production d'opium. Au lendemain des
attentats du 11 septembre 2001, la priorité des Etats-Unis était
de lutter contre cet argent sale. 65(*)L'ONU a établi une liste de personnes et de
groupes suspects : la "quête verte" (Green Quest) impose à toute
personne quittant le territoire américain avec plus de 10 000 dollars de
les déclarer à la douane. Après un an de traque, le
Trésor américain a annoncé que 112 millions de dollars
avaient été gelés. Mais selon un rapport de l'ONU
daté de septembre 2002, la fortune du réseau Al-Qaïda reste
importante - et vague : entre 30 et 300 milliards de dollars. L'organisation
recevrait encore aujourd'hui environ 16 millions de dollars de dons par
an.66(*)
De ce qui précède, remarquons que le
réseau Al-Qaida regorge une organisation si étonnante
confectionnant des stratégies de guerre que nous verrons dans les lignes
suivantes. 67(*)
SECTION III : STRATEGIE DE LA
TERREUR
Cette section qui parle sur la stratégie de la terreur
présente les stratégies utilisées par la
nébuleuse, ses objectifs et le fondamentalisme.
§1. Les stratégies
· La légitimation de la
violence
Le djihad est l'équivalent musulman du concept de
guerre sainte. Il comprend deux acceptations. Le grand djihad désigne
l'effort individuel fourni contre ses propres pulsions et tentations. Le petit
djihad s'inscrit dans la défense et l'expansion de l'islam, seul recours
légitime à l'action armée dans la religion musulmane. A
l'origine, il s'agissait d'obtenir la conversion à l'islam ou la
soumission à l'autorité musulmane. Hassan Al-Tourabi, une figure
importante de l'islamisme, considère comme légitime un tel
recours à la violence contre tout pouvoir politique incompétent,
dans le respect de la religion et "en évitant que les
débordements intervenus sous l'influence de la colère affectent
les étrangers et les innocents". 68(*)Ce type d'action est principalement dirigé
contre les régimes des pays musulmans. Oussama Ben Laden, qui
prône une lutte offensive, considère que ce djihad doit, en outre,
être mené contre les pays occidentaux. L'incitation au djihad a
été utilisée à différents moments de
l'histoire des peuples musulmans, comme lors de la décolonisation, dans
les années 1950-1960, ou encore en réponse à la
présence des troupes américaines sur le territoire saoudien
depuis les années 1990. C'est dans ce contexte que s'inscrit la fatwa
rédigée le 23 février 1998, qui appelle au djihad pour la
libération des lieux saints musulmans.69(*)
· Privilégier les coups d'éclat
très meurtriers
L'action d'Al-Qaïda ne se démarque pas à
proprement parler des autres formes de terrorisme : comme de nombreux groupes
extrémistes, l'organisation a adopté l'attentat à
l'explosif, le détournement d'avion ou les actes suicidaires. Elle en
améliore plutôt les techniques et se distingue par le
caractère spectaculaire des résultats. Il semble toutefois
qu'avec les attentats du 11 septembre 2001, Al-Qaïda se soit
engagée vers de nouvelles méthodes, celle des
"avions-suicides".
Chaque attentat est en fait le résultat d'un plan
d'action défini longtemps à l'avance. Depuis quelques
années, Al-Qaïda aurait déterminé environ 150 cibles
à travers le monde et les prochaines vagues d'attentats seraient
déjà théoriquement élaborées.
La mise en route d'un attentat relève d'une
véritable division du travail. A l'origine, l'ordre est donné par
un décideur en Afghanistan. Les opérations sont ensuite
structurées localement de manière autonome, mais dirigées
par un cadre passé par l'Afghanistan. Cette phase de préparation
est relativement longue, ce qui explique en partie le faible nombre
d'attentats. Le but est de marquer les esprits : le coup d'éclat est
préféré à une quantité de petites actions.
Dans la même optique, Al-Qaïda privilégie les pertes humaines
aux dégâts matériels : le nombre de victimes des attentats
du 11 septembre 2001 (près de 3 000 morts) en est un exemple flagrant.
Enfin, l'organisation ne revendique pas systématiquement ses
actions.70(*)
· Maîtrise de la communication
Al-Qaïda a eu recours aux chaînes de
télévision pour diffuser des vidéos circulant par ailleurs
au sein des mosquées. La chaîne de télévision
qatarie Al-Jazira a joué un rôle-clé en diffusant au
compte-gouttes ces messages du mollah Omar ou d'Oussama Ben Laden, fournis par
la société Mouassate Essihab ("les nuages"), véritable
"cellule vidéo" d'Al-Qaida.
Quelques années auparavant, le cheikh Youssef
Al-Qardhawi, auteur d'une émission consacrée à la
prédication sunnite sur Al-Jazira, confiait que l'action armée
"n'aplus de sens aujourd'hui où l'on dispose d'Internet et de la
télévision par satellite, la propagation et l'expansion de
l'islam, le prosélytisme pouvant s'y dérouler sans violence".
Al-Qaïda sait se servir des médias, vitrines du djihad, et le
réseau utilise l'information comme un moyen de propagande et de terreur.
Al-Jazira, qui entretiendrait des liens privilégiés avec
Al-Qaïda, a bénéficié de l'exclusivité de ses
révélations et profité de sa situation
privilégiée, à Kaboul, sous les raids américains.
Les vidéos peuvent également contenir des messages codés
destinés au lancement d'actes terroristes à travers le monde.
Internet permet par ailleurs aux extrémistes musulmans de diffuser leur
idéologie, par des messages camouflés dans des photos, des
morceaux de musique ou des vidéos.
En dehors de l'organisation qui parait fracassante et une
organisation remarquable, Al-Qaïda fonctionne partant d'un principe qui
est le fondamentalisme. 71(*)
§2. Le fondamentalisme
· Les deux piliers de l'islamisme
d'Al-Qaïda
Fondé par Mohammed Ibn Abd Al-Wahhab (1703-1792) au
XVIIIe siècle, le wahhabisme prône un retour à
la pureté originelle de l'islam et s'impose en Arabie saoudite
grâce à l'alliance des descendants d'Ibn Abd Al-Wahhab et de ceux
d'Ibn Séoud, fondateur du premier royaume saoudien. L'islam wahhabite
est codifié et part d'une lecture très littérale du Coran
où la loi (la charia) est interprétée dans toute sa
rigueur. Il condamne le culte des saints, prohibe l'alcool et le tabac, et
maintient des châtiments comme la lapidation des femmes adultères.
72(*)Cette lecture stricte
exclut toute interprétation ou évolution culturelle
ultérieure même venue du monde musulman. C'est ce refus
catégorique en vertu duquel Al-Qaïda appelle au djihad (guerre
sainte). Emanation du sunnisme, le salafisme se forge au milieu du
XIXe siècle. Ce courant de pensée, porté entre
autres par Jamal Addin Al-Afghani (1838-1897), se réfère aux
premiers siècles de l'islam, véritable âge d'or de la
religion musulmane. Il analyse le déclin du monde musulman et cherche
les voies d'une modernité arabo-musulmane. Cette vision salafiste sera
réinterprétée par certains vétérans de la
guerre contre les Soviétiques en Afghanistan pour lesquels le djihad
doit combattre l'ensemble des "infidèles", au sens le plus vaste. Le
"salafisme djihadiste" dérive dans le terrorisme d'Al-Qaïda.
· La reconstitution de l'oumma
universelle
L'idéologie radicale d'Al-Qaïda est
fondamentalement transnationale. Cette forme d'islamisme rejette le concept
d'Etat-nation, considéré comme une hérésie, et
prône celui de l'oumma, c'est-à-dire d'une communauté
rassemblant les fidèles du monde entier, comme au temps des
prophètes. Une communauté qui, pour beaucoup de musulmans, est
une manière de désigner universellement ceux qui partagent leur
religion mais existe de façon abstraite. Les actions d'Al-Qaïda se
réalisent, elles, au nom de la véritable restauration ou
réalisation de cette grande nation musulmane.
Pour Al-Qaïda, le retour à cet islamisme premier
passe par une purification de tous les apports humains qui l'ont
détourné de sa voie initiale. Dans cette optique, le renversement
de la culture dominante - l'occidentalisme sous sa forme américaine -
est nécessaire à la reconstitution de l'oumma
universelle.73(*)
A l'heure de la mondialisation, ce néo-fondamentalisme
s'est compliqué en se fondant également sur les contestations
anti-impérialistes traditionnellement laïques et tiers-mondistes.
La portée globale de ces deux idéologies permet à
Al-Qaïda de s'adresser, au-delà des frontières, aux
musulmans qui ne se reconnaissent ni dans un territoire ni dans un Etat
donné. Tout se passe comme si Al-Qaïda avait islamisé et
radicalisé la mondialisation en la considérant comme le premier
acte de la restauration de l'oumma universelle.
· L'islam réduit à un
code
L'idéologie néo-fondamentaliste dont se
réclame Al-Qaïda encourage un véritable
phénomène de déculturation. Elle refuse tout compromis
religieux mais aussi culturel, de sorte que l'art, la musique, la
littérature, la philosophie ainsi que tous les emprunts aux autres
cultures sont bannis. Selon l'organisation traditionnelle de l'islam,
l'interprétation de la loi et l'enseignement sont confiés aux
oulémas. Lorsque l'ouléma est d'obédience wahhabite, ou
que l'enseignement est "wahhabisé", le savoir se réduit à
une version littérale et rigoriste des textes sacrés. Les grandes
cultures du monde musulman sont marginalisées au profit d'un contenu
pédagogique restreint aux codes de comportement et à la
dévotion. Avec cet endoctrinement, l'islam se réduit à un
code, complété par des fatwas, des ordonnances sur ce qui est
licite ou illicite. Certaines fatwas sont même injonctives et
Al-Qaïda a parfaitement su les utiliser.
Ce radicalisme islamique "prêt à l'emploi" est
aisément diffusable sur Internet, et peut être inculqué par
de jeunes oulémas. Un processus facilite les méthodes de
recrutement d'Al-Qaïda. Progressivement coupé de toute structure
sociale ou étatique, le futur terroriste n'a d'autres
références que celle de l'obéissance stricte à la
charia, renchérie de fatwas qui sont autant d'appel au djihad. La place
de l'oumma universelle conduit à terme à la restauration du
califat.
Il est important de souligner que lutte mener par le
réseau n'est pas aléatoire, nonobstant, elle se fait suivant des
objectifs qui nous seront éclairer dans les phrases suivantes.74(*)
§3. Objectifs
· Le grand califat, un mythe
fédérateur
Al-Qaïda reprend le mythe du grand califat pour
développer ses réseaux à un niveau international. Le temps
des quatre califes qui succédèrent au Prophète, entre 632
et 661, avait vu le message de l'islam se répandre rapidement à
travers le Proche-Orient et le Maghreb, par la conquête et la conversion.
Depuis, cette période est renversée par de nombreux mouvements
islamistes comme le seul moment de l'histoire islamique où une
véritable société musulmane a existé.75(*)
Dans ses dernières déclarations, Ben Laden
appelle à la restauration de cette période mythique pour redonner
vie à la notion d'oumma, la communauté des croyants. Le but est
de toucher l'ensemble du monde musulman. L'autre objectif est de mobiliser cet
ensemble contre les Etats-Unis, sans tomber dans le piège du
nationalisme comme l'Iran l'a fait durant les années 1980 en instaurant
l'islamisme dans un seul pays. Cette position confirme une évolution
certaine des chefs d'Al-Qaïda du wahhabisme vers le salafisme. Ben Laden a
tourné le dos à sa période "saoudienne" au début
des années 1990 et le concept du califat, refusé au
XVIIIe siècle par Mohammed Ibn Abdel-Wahhab, occupe une place
importante dans le discours salafiste.76(*)
Si Al-Qaïda est une mouvance clairement
internationaliste, elle ne développe aucun programme sur ce que serait
une société entièrement islamique
· Libérer les lieux saints
L'antiaméricanisme d'Al-Qaïda voit le jour au
début des années 1990. Ben Laden reproche à ses anciens
protecteurs saoudiens d'avoir permis aux Américains de fouler le sol
sacré de l'Arabie saoudite et d'y faire stationner leurs troupes depuis
la guerre du Golfe (1990-1991). Le leader d'Al-Qaïda, jusque-là
hostile à Saddam Hussein et à sa politique laïque et
hégémonique, change d'attitude à l'égard du chef
d'Etat irakien et mène campagne contre le Satan
américain.77(*)
Le 23 août 1996, Ben Laden, hôte des talibans,
lance depuis l'Afghanistan une "Déclaration de guerre aux
Américains qui occupent les deux lieux saints [La Mecque et
Médine]".
Dans une fatwa du 23 février 1998, Al-Qaïda
élargit le domaine de la lutte en appelant à "tuer les
Américains partout dans le monde". Rédigée par le
Front islamique mondial pour le Djihad contre les juifs et les croisés,
et signée par Ben Laden et Al-Zawahri (l'idéologue
d'Al-Qaïda), la fatwa est publiée quelques mois avant les deux
attentats contre les ambassades américaines de Tanzanie et du Kenya en
août 1998. Al-Qaïda a ensuite systématiquement visé
des cibles américaines (le destroyer USS Cole en 2000, le World
Trade Center en 2001), avant de s'en prendre aux ressortissants des pays
proches des Américains : l'attentat de Djerba, le 11 avril 2002, visait
des touristes allemands en Tunisie, celui de Karachi, le 14 juin 2002, des
Français et celui de Bali, le 12 octobre 2002, des touristes australiens
notamment.
Les revendications de Ben Laden portent aussi sur la
libération de Jérusalem et sur l'élargissement du cheikh
Omar Abdel Rahman, emprisonné aux Etats-Unis pour le premier attentat
contre le World Trade Center en 1993.78(*)
· La fabrication de bombes "sales" et le
contrôle des pipe-lines
L'un des objectifs d'Al-Qaïda est l'acquisition d'armes
dissuasives telles que l'arme nucléaire. De sérieuses sources
avancent qu'Al-Qaïda aurait tenté, ces dix dernières
années, de se procurer des bombes "perdues" ou "égarées"
lors de la chute de l'empire soviétique. Toutefois, le scénario
le plus redouté par les Occidentaux n'est pas la possession ou la
fabrication de telles armes : ce travail réclame des moyens financiers
considérables et nécessite des compétences, des
équipes et des infrastructures qu'Al-Qaïda n'a pas.
En revanche, Al-Qaïda est soupçonnée de
vouloir mettre au points des bombes "sales", engins classiques remplis de
déchets radioactifs qu'elle se procurerait au Pakistan ou en Afrique du
Sud. En 2002, de l'uranium aurait même été découvert
dans une ancienne base d'Al-Qaïda en Afghanistan : la quantité
était suffisante pour fabriquer une bombe "sale". 79(*)L'autre priorité
d'Al-Qaïda est la maîtrise des ressources énergétiques
comme le contrôle des pipe-lines et gazoducs en Afghanistan, passage
obligé de la distribution des ressources d'Asie centrale. Elle
étend également ses réseaux à l'intérieur
d'Etats
Producteurs de pétrole en Afrique (Soudan), au
Proche-Orient (Iran, Irak, Arabie saoudite...), dans le Caucase
(Tchétchénie, Azerbaïdjan) et en Asie centrale. Le
fossé grandissant entre les Etats-Unis et l'Arabie saoudite sert
très exactement ce dessein, le gisement saoudien étant l'un des
plus riches du monde.80(*)
Conclusion
Sommairement nous retiendrons que la nébuleuse
exaltant ainsi le djihadisme radical se fait impressionner par son
organisation et son déterminisme basé sur le fondamentalisme. Ses
actions sur la scène internationale viennent de plus en plus renforcer
la notion de la guerre asymétrique et l'importance que revêt un
acteur non étatique sur la scène internationale. Partant d'une
bonne organisation Al-Qaïda sait planifier des actions attentatoires
menaçant la paix et la sécurité internationale.
Par ailleurs, notons que le chapitre suivant tiendra à
circonscrire de manière détaillée la mort de Ben Laden.
CHAPITRE III : LA MORT DE BEN LADEN
Ce
chapitre va essentiellement gravité autour de la mort de ben Laden qui
survient à l'âge de 54 ans, à
Bilal dans la
périphérie d'Abbottâbâd au
Pakistan le
2
mai
2011
2. Lors
d'un raid de 40 minutes, les
forces
spéciales des États-Unis d'Amérique tuent le leader d'
Al-Qaïda,
recherché par le
département
d'État et le
FBI
pour son implication dans plusieurs attentats, notamment
ceux du
11 septembre 2001.
SECTION I: OUSSAMA BEN LADEN
Cette
section qui mène une profonde étude sur la personne de ben Laden
s'articulera sur sa biographie, ses motivations et son patrimoine.
§1. Biographie
1.
Jeunesse
Issu d'une riche
famille
saoudienne
originaire du
Yémen, son
père fonde le Bin Laden Construction group, entreprise de
bâtiment
et travaux publics détentrice de nombreux contrats
d'exclusivité avec le gouvernement saoudien. La fortune de la famille
est estimée à 5 milliards de dollars US. Oussama ben Laden aurait
hérité entre 25 et 30 millions de dollars US. La proximité
avec la
famille royale
d'Arabie Saoudite participe à la fortune de l'entreprise qui,
devenue une des premières entreprises de construction au monde, se
diversifie et devient le
Sadi Binladen
Group, aux nombreuses ramifications. Parmi elles, la Bin Laden
Télécommunications, devenue depuis
1999 la Baud Telecom Compagnie
(BTC Networks.
Oussama ben Laden a 53 demi-frères et demi-soeurs, son
père
polygame s'étant
marié avec 22 femmes différentes. Lui-même a une vingtaine
d'enfants dont Omar marié à une Britannique, Jane
Félix-Brown, devenue Zaina Karkar ben Laden.81(*)
Le jeune homme fait des études commerciales et
techniques à l'
université
du roi Abdelaziz de
Djeddah de 1974 à
1978, puis intègre le groupe familial vers le milieu des
années
1970.
Il étudie à cette période les textes
principaux du
salafisme, principale
école de
droit musulman en
Arabie saoudite, comme le font la plupart des étudiants
saoudiens.82(*)
a) 1979-1989, la
guerre contre les soviétiques
En
1979, alors que des membres de
sa famille sont impliqués dans la
prise
de la Grande Mosquée de la Mecque, il est approché par le
prince Turki Al Fayçal, alors chef des services secrets de l'Arabie
saoudite (de
1977 à
2001), ambassadeur d'
Arabie saoudite
à
Londres, et fils de l'ancien
roi saoudien
Fayçal
ben Abdelaziz Al Saoudo (de
1964 à
1975). À
l'époque, le régime du
shah d'Iran vient d'être
renversé
par une révolution qui porte à sa tête l'ayatollah
Khomeiny, tandis
que l'
URSS
envahit
l'Afghanistan quelques mois plus tard. L'
islamisme commence
à devenir une force géopolitique importante, remplaçant
peu à peu le
marxisme et le
panarabisme comme
principale
idéologie
populaire au
Moyen-Orient. De
nombreux
moudjahid viennent
combattre en Afghanistan contre l'URSS, soutenus par l'
Arabie saoudite qui
y voit une possibilité de diffusion du
wahhabisme, le
Pakistan via son
Interservices
Intelligence qui se verrait à terme à la tête d'une
future internationale islamique.
Officiellement, la
CIA a
commencé à soutenir les
moudjahid en 1980, mais
selon
Robert Gates, les
services secrets américains ont commencé à les aider 6
mois plus tôt. Selon
Zbigniew
Brzeziñski, le président Carter aurait signé la
première directive sur leur assistance clandestine le 3 juillet 1979,
sans avoir pour but d'entraîner une intervention militaire des
Soviétiques mais en sachant que cette aide la rendait plus probable. Le
24 décembre 1979, l'armée soviétique a envahi
l'Afghanistan.83(*)
Le prince saoudien Turki demande à Ben Laden
d'organiser le départ des volontaires pour l'Afghanistan et leur
installation à la frontière pakistanaise. En arrivant sur place,
le jeune homme découvre des militants motivés, mais très
peu organisés. L'amateurisme règne. Ben Laden aurait
coordonné l'arrivée des militants à
Peshawar via une
organisation appelée « Bureau des services ». Il
aurait mis en place une véritable organisation et assuré la
formation militaire et idéologique des combattants (camps
d'entraînement, mosquées, écoles, etc.) ainsi que
l'approvisionnement en armes. Peu à peu, il aurait pris en charge les
familles. Il se serait occupé de veuves et de l'éducation
religieuse d'enfants. D'après
Noami Chomsky, les
moudjahids aurait en fait
été entraînés, armés et organisés par
la CIA, les services de renseignement français, l'Égypte, le
Pakistan, etc. pour livrer une guerre sainte aux Soviétiques.
C'est ainsi que le jeune homme timide prend de l'assurance,
tandis que son
prestige grandit. On dit
que sa rencontre avec un ressortissant indien extrémiste au pseudonyme
de M. Fantôme aurait été en partie déterminante dans
l'évolution de sa personnalité et de sa détermination. Il
aurait lui-même participé à quelques combats. En 1989, son
mentor et ami, le Palestinien Abdallah Yousef Azzam, est assassiné.
Oussama ben Laden se retrouve alors à la tête de l'organisation.
Elle est la base d'
Al-Qaida, qui se transforme
bientôt en logistique du
djihadisme international,
certains vétérans d'Afghanistan partant ensuite combattre sur
d'autres fronts (en
Tchétchénie,
en
Yougoslavie, etc.)
Durant toute cette décennie, Ben Laden rend régulièrement
compte au prince Turki, effectuant de nombreux voyages en Arabie
saoudite.84(*)
L'organisation de Ben Laden ne reste néanmoins,
à l'époque, que l'une des nombreuses factions existant en
Afghanistan, pays obéissant davantage à des logiques tribales
qu'idéologiques. Alors que dans beaucoup de régions afghanes, une
version modérée de l'islam est respectée, beaucoup de
moudjahidines se méfient de la venue d'étrangers
véhiculant le
salafisme. Le
commandant
Massoud, notamment, refuse toute alliance. Oussama ben Laden se rapproche
alors de
Gulbuddin
Hekmatyar, un chef fondamentaliste local et « principal
bénéficiaire, selon
Noam Chomsky, des 3,3
milliards de dollars d'aide (officielle) des États-Unis aux rebelles
afghans (un montant à peu près équivalent étant,
dit-on, fourni par l'
Arabie
saoudite) »
23.
Hekmatyar est aussi, à l'époque, soutenu par le
Pakistan qui voudrait le
voir à la tête du pays après le départ des
Soviétiques.
En février 1989 les Soviétiques annoncent leur
retrait d'Afghanistan. Les djihadistes veulent poursuivre le combat
jusqu'à la prise du pouvoir à
Kaboul. Cependant, les
États-Unis qui ont atteint leur objectif, et l'Arabie saoudite, stoppent
le financement et le soutien logistique massif en 1990.85(*)
b) 1989-1993, la
rupture avec l'Arabie saoudite
Oussama ben Laden retourne en Arabie saoudite, il est
considéré comme un héros. Il organise des
conférences dans les mosquées, dans les écoles, à
l'université sur son « djihad » contre l'
armée
soviétique.
Lors de la
guerre
du Golfe (1990-1991), Oussama ben Laden propose au
roi Fahd
d'utiliser sa milice pour défendre le pays contre une éventuelle
invasion des troupes
irakiennes. Ce dernier refuse
et préfère ouvrir son territoire à l'
armée
américaine, prêtant ainsi le flanc à l'accusation selon
laquelle il aurait autorisé les «
infidèles »
à « souiller le sol sacré » de l'Arabie
saoudite. Ben Laden se fait alors de plus en plus critique vis-à-vis de
la famille royale, et va jusqu'à accuser les princes de corruption.
Il choisit de s'allier à des opposants au régime
wahabite installés en Iran et en Syrie. Riyad lui attribua notamment la
responsabilité d'un attentat contre son ambassadeur au Pakistan ainsi
qu'une tentative avortée de détournement d'un avion saoudien
effectuant la liaison Karachi-Djeddah. Au début d'avril 1994, l'Arabie
Saoudite le prive de sa
nationalité.
Interdit de séjour en Arabie saoudite, il vit alors
à
Khartoum, au
Soudan, de 1992 à
1996. Il y est accueilli par
Hassan al-Tourabi,
qui dirige le Front national islamique soudanais (FNI). Il s'installe dans le
pays, y investit et fait quelques affaires (routes, exportations agricoles,
acquisitions foncières, activités bancaires en accord avec les
principes de la
banque
islamique).
Il reste cependant en relations discrètes avec certains
membres du régime saoudien (la famille royale est en effet peu
unie).86(*)
c)
1993-février 1996, les années troubles
Entre 1992 et 1995, Ben Laden finance et arme les moudjahid
bosniaques, notamment via l'organisation « humanitaire »
autrichienne
Third
World Relief Agency (TWRA). Il aurait alors rencontré
Alija
Izetbegoviæ et reçu un passeport bosnien en 1993 ce que nie le
gouvernement de Bosnie-Herzégovine.
Ben Laden suit et finance les moudjahidine islamistes les plus
radicaux revenus après la guerre d'Afghanistan dans leur pays d'origine
(ils y sont surnommés « les Afghans »). Il finance
également des camps d'entraînement. Dès décembre
1992 un groupe financé
par Ben Laden est responsable d'un attentat au
Yémen contre les
soldats américains en route pour l'opération
Restore
Hope en
Somalie.
La même année, un attentat touche le
World Trade
Center, et fait 6 morts. Un groupe lié à Oussama ben Laden
est soupçonné.
Oussama ben Laden profite en effet de la politique d'une
partie de l'administration
Clinton, soutenue par
le
lobby pétrolier.
Celle-ci a plusieurs objectifs : le soutien à des régimes
stables en
Asie centrale afin de
permettre l'acheminement du pétrole, la
lutte
contre l'influence russe dans la région et une politique
résolument engagée contre l'
Iran
chiite. La poursuite de ce
dernier objectif passe par un soutien à l'
islamisme
sunnite notamment
présent au
Pakistan et en
Arabie saoudite.
C'est pourquoi Oussama ben Laden n'est pas perçu uniquement comme une
menace. Cette stratégie est cependant infléchie dans les derniers
temps du mandat de
Bill Clinton.87(*)
Suite à la campagne d'attentats du
Groupe
islamique armé en
France en 1995, la
police belge
découvre des documents de ce groupe dédicacé à Ben
Laden.
Le 26 mai 1995, Al-Qaida est soupçonné d'avoir
participé à une tentative d'assassinat contre le président
égyptien
Mohammed Hosni
Moubarak.
En février 1996, Oussama ben Laden lance un appel
à attaquer les intérêts américains partout dans le
monde. Il devient dès lors un ennemi officiel des États-Unis, qui
obtiennent son expulsion du
Soudan. Il se réfugie
alors en
Afghanistan,
passé sous contrôle des
talibans depuis
1996.
d) 1996-mai 2011,
le terrorisme de masse, traque et communication
Image satellite du camp d'entraînement de Zhawar Kili
visé par les frappes américaines de 1998
Le premier
mandat
d'arrêt international lancé sur sa personne date de mi-avril
1998 ; il émane d'
Interpol à la
demande du gouvernement de la
Jamahiriya
arabe libyenne, suite à l'assassinat en
1994 sur le sol libyen d'un
couple de citoyens allemands, les Becker, des agents secrets de l'
Office
fédéral de protection de la constitution (Bundesamt für
Verfassungsschutz/BfV). Depuis lors, l'
Espagne et les
États-Unis ont également demandé des notices rouges sur
lui à Interpol.88(*)
e) Ben Laden en 2010.
Les
États-Unis le
tiennent pour responsable des
attentats
à la bombe dirigés contre les ambassades américaines
de
Nairobi au
Kenya (213 morts dont huit
Américains) et de
Dar es Salam en
Tanzanie (onze morts, tous
Tanzaniens) le
7 août
1998. Suite à ceux-ci,
le gouvernement américain met sa tête à prix pour 5
millions de dollars en octobre 1998.
Une preuve tangible de la forte présence de l'
ISI en
Afghanistan a été donnée par la protestation officielle
pakistanaise lors du
bombardement
américain de représailles par missiles de croisière
contre les camps dirigés par Ben Laden le
12 août
1998 qui tua cinq officiers de
ce service.
En
1999, deux colonels de l'
armée
chinoise le citent abondamment dans leur livre La Guerre hors limites
où il est désigné comme un grave péril futur
32. Il
est placé en juin de la même année sur la liste des
Dix
fugitifs les plus recherchés du FBI.
En août
2001, le
Groupe
islamique combattant marocain fait allégeance à Oussama ben
Laden, en particulier via des gens présents en Afghanistan, et qui vont
par la suite vivre en Belgique.
En août
2001, le prince Turki est
limogé par le régime saoudien.
Épaulés par le Pakistan, les États-Unis
négocient avec les talibans, qui tergiversent. Les
attentats
du 11 septembre 2001 stoppent brutalement cette
négociation.89(*)
Oussama ben Laden est considéré comme le
principal responsable des
attentats
du 11 septembre 2001 contre le
World Trade
Center et le
Pentagone.
Il a lui-même reconnu une implication dans les attentats contre le
World Trade
Center du 11 septembre 2001, en avouant en être l'instigateur
(« Je vous le dis, Allah sait qu'il ne nous était pas venu
à l'esprit de frapper les tours. Mais après qu'il fut devenu
insupportable de voir l'oppression et la tyrannie de la coalition
américano-israélienne contre notre peuple de Palestine et du
Liban, j'ai alors eu cette idée ») et s'est
félicité de leur tenue.
Après les
attentats
du 11 septembre 2001, le président des États-Unis
George W. Bush
déclenche une
guerre
en Afghanistan dans le but déclaré d'anéantir
Al-Qaida.
Le 13 décembre 2001, le gouvernement américain
porte 25 millions de dollars son offre pour toute information conduisant
directement à sa capture, et une prime additionnelle de deux millions de
dollars est offerte conjointement par la «
Air Line
Pilots Association » et la « Air Transport
Association ». À chaque agression, Ben Laden se réjouit
des attentats, mais ne les revendique pas. À partir de ce moment, les
États-Unis veulent officiellement Ben Laden « mort ou
vif ».
Malgré des recherches qui ont continué jusqu'en
janvier 2002, Ben Laden n'a pas été retrouvé lors de la
bataille de Tora
Bora. Des chefs de guerre afghans, comme
Zaman Ghamsharik,
sont soupçonné de l'avoir laissé s'enfuir.
Des mesures
diplomatiques pour le
contrer sont prises depuis la fin des
années 1990,
notamment la création d'un
Comité
des sanctions contre Al-Qaida et les Taliban (créé par la
résolution 1267 en 1999, appelé aussi Comité 1267), les
résolutions
du Conseil de sécurité des Nations unies 1377 du 12 novembre
2001 et 1390 du 16 janvier 2002 reliées à la position de l'
Union
européenne.
La chaîne qatarie
Al Jazeera publie le
12
novembre
2002 un message sonore reconnu
par les autorités des États-Unis comme provenant d'Oussama ben
Laden. Celui-ci met en garde et menace plusieurs
pays
occidentaux de nouveaux attentats s'ils continuent à soutenir
« le gang des bouchers de la
Maison-Blanche ».90(*)
Le
30
octobre
2004, une vidéo
diffusée par la chaîne d'information en arabe Al-Jezira quatre
jours avant les élections présidentielles aux États-Unis
tendrait à montrer qu'Oussama ben Laden est toujours en vie au moment de
l'enregistrement malgré les rumeurs persistantes de décès
dans les montagnes à la frontière de l'Afghanistan et du
Pakistan. Ce dernier renvoie dos à dos les deux candidats et annonce de
futurs attentats. Il affirme que contrairement à la thèse de
dirigeants américains, son but n'est pas de lutter contre la
liberté, auquel cas il se serait attaqué à des
États nordiques. Il estime que les attaques contre le
World Trade
Center sont une mesure de rétorsion contre les
« tueries » organisées par les militaires
américains.
Le
27
décembre
2004, la chaîne de
télévision
Al Jazeera a
diffusé un enregistrement audio, attribué à Oussama ben
Laden, désignant le Jordanien
Abou Moussab
Al-Zarqaoui comme son adjoint en
Irak et appelant à un
boycott des élections
prévues le
30
janvier
2005.91(*)
Le
19
janvier
2006, après un an de
silence, Al-Jezira diffuse un nouvel enregistrement audio où Oussama ben
Laden annonce la préparation de nouvelles opérations terroristes
et propose une « trêve » en échange d'un
retrait des troupes américaines en Iraq et en Afghanistan :
« Nous n'avons pas d'objection à vous offrir une trêve
(hudna) de longue durée dans des conditions justes que nous
respecterons, parce que nous sommes une nation à laquelle Dieu interdit
la traîtrise et le mensonge ». Une trêve aussitôt
refusée par la
Maison-Blanche.
L'absence d'images alimente de nouvelles spéculations selon lesquelles
Oussama ben Laden serait malade ou blessé et peut-être même
mort.92(*)
Dans un autre enregistrement audio diffusé le
23 avril, Oussama ben Laden
évoque pour la première fois la situation au
Soudan en appelant ses
partisans à « se préparer à une guerre de longue
durée au
Darfour ».
Deux nouveaux enregistrements audio attribués à
Oussama ben Laden sont diffusés le
23 mai et le
30 juin : le premier
disculpe
Zacarias
Moussaoui après sa condamnation à perpétuité
dans le cadre des
attentats
du 11 septembre 2001 et le second rend hommage à
Abou Moussab
Al-Zarqaoui tué dans un raid américain à
Bakouba le
7
juin
2006.
Le
7
septembre
2007, la chaîne
Al Jazeera diffuse,
quelques jours avant le sixième anniversaire des attentats du 11
septembre 2001, des extraits d'une vidéo d'Oussama ben Laden, la
première depuis près de trois ans. Le chef d'Al-Qaida, dont la
voix a été officiellement identifiée par les services de
renseignements américains, s'adresse aux
États-Unis et
évoque la situation actuelle en Irak. Ben Laden y mentionne les noms du
président français
Nicolas Sarkozy,
élu en mai 2007, ainsi que du Premier ministre anglais
Gordon Brown qui a
succédé à
Tony Blair en juin de la
même année.93(*)
Le
30
novembre
2009, le
Comité
des affaires étrangères du Sénat des États-Unis
rend public un rapport révélant qu'Oussama Ben Laden aurait pu
être capturé ou tué alors qu'il séjournait dans la
région montagneuse de
Tora Bora aux alentours du
16
décembre
2001 si l'armée
américaine avait mobilisé massivement plusieurs milliers d'hommes
dans la région au lieu d'opter pour une approche commando appuyés
par les miliciens afghans et des frappes aériennes.
Le
6
décembre
2009, le secrétaire
américain
à la Défense
Robert Gates
déclare que les autorités militaires américaines n'ont pas
eu, depuis des années, le moindre indice sur la localisation de Ben Laden
45.
Oussama ben Laden regarde la télévision dans son
complexe d'
Abbottabad au
Pakistan.94(*)
En
2010, il échappe
toujours à ses poursuivants. La CIA pense qu'il se cache dans les
régions
tribales du
Waziristan, au nord-ouest
du
Pakistan. En fait, selon la
sénatrice américaine
Dianne Feinstein,
présidente de la commission des Renseignements au Sénat, Ben
Laden avait quitté ces montagnes depuis 2005 ou 2006 pour rejoindre un
complexe
fortifié à
Abbottabad pour plusieurs
raisons : souffrant d'une grave infection amibienne intestinale, il
pouvait être plus facilement soigné en ville ; devant
l'efficacité des drones américains,
Ayman al-Zawahiri,
n°2 d'
Al-Qaida, estimait que sa
sécurité rapprochée n'était plus assurée
dans ces zones reculées ; il pouvait y rencontrer facilement de
nouveaux responsables d'Al-Qaida, notamment
Ilyas
Kashmiri
(en),
son protégé et dont il voulait en faire le fer de lance de son
mouvement.
Le
24
janvier
2010, dans un nouvel
enregistrement audio, Ben Laden revendique la responsabilité de la
tentative d'attentat du
25
décembre
2009 sur un vol
Northwest
Airlines reliant
Amsterdam à
Détroit, et
menace les
États-Unis de
nouvelles attaques.95(*)
2. Mort
La nuit du
2
mai
2011 vers 1 h 30, heure locale,
Oussama ben Laden a été tué dans la ville d'
Abbottabad au
Pakistan dans une
coûteuse résidence fortifiée (compound), construite en
2005 et surveillée par
les services de renseignement américains depuis août 2010,
à environ 50 kilomètres d'
Islamabad et à
moins de 140 kilomètres des
régions
tribales, lors d'une opération militaire au sol ordonnée par
le
président
américain
Barack Obama et
menée par une vingtaine de
SEAL (commandos de l'
US Navy). Au
moins quatre autres personnes, des membres de sa famille (un de ses fils et des
collaborateurs, -- deux messagers), auraient été tués lors
de l'affrontement. Son corps a été récupéré
par les forces spéciales américaines qui l'auraient ramené
en
Afghanistan, avant d'
immerger sa
dépouille en
haute mer. Le
président des États-Unis a commenté la mort du terroriste
lors d'une allocution le soir même, à 5 h 36 heure
française, déclarant que « justice est
faite ». Il a également salué la coopération des
autorités pakistanaises à cette opération.
L'annonce a provoqué plusieurs manifestations
patriotiques spontanées à travers le pays, notamment au coeur de
New York, près de
Ground
Zero et à
Times Square, et au
centre de
Washington
DC, sur la
Place
Lafayette, près de la
Maison-Blanche.
L'ancien président américain
George W. Bush, est
sorti du silence qu'il observe depuis son départ de la présidence
pour saluer une « grande victoire pour les
États-Unis »96(*).
Trois jours avant l'élimination de Ben Laden, le
président Obama a annoncé un remaniement de son équipe de
renseignement et de défense, entraînant notamment le départ
de
Robert Gates,
Secrétaire
de la Défense des États-Unis nommé par
George W. Bush, et
son remplacement par
Leon Panetta, directeur
de la CIA depuis le 5 janvier 2009, date de l'accession de
Barack Obama à
la
Présidence
des États-Unis.97(*)
Leon Panetta a admis
que la
torture par l'eau
(waterboarding) autorisée par George W. Bush et appliquée en
particulier à
Khalid Cheikh
Mohammed, à 183 reprises pendant le mois de mars 2003, a permis de
récupérer des informations qui ont conduit à la cache de
Ben Laden
55, en
particulier le nom d'
Abu Ahmed
al-Kuwaiti.
La
haut
commissaire de l'ONU aux droits de l'homme,navi pilar souligne que les
opérations antiterroristes devaient respecter le droit international
mais considère que Ben Laden avait assumé la pleine
responsabilité pour ses actes, incluant des massacres de civils pouvant
être qualifiées de
crime
contre l'humanité.98(*)
Le 5 mai 2011, le président Obama a rendu à
Ground
Zero un hommage solennel aux victimes des
attentats
du 11 septembre. Il avait invité son prédécesseur
George W. Bush
à se joindre à lui, mais ce dernier a décliné
l'invitation.
Al-Qaida a confirmé,
le vendredi 6 mai 2011, la
mort
d'Oussama ben Laden dans un communiqué diffusé sur les sites
islamistes. Le
Tehrik-e-Taliban
Pakistan avait promis dès le
2 mai de venger la mort du
dirigeant d'Al-Qaida. Le mouvement revendique l'
attentat
du 13 mai 2011 à Shabqadar au nord-ouest du
Pakistan qui tue plus de 91
personnes, surtout de jeunes recrues d'un groupe paramilitaire de police, et
précise que l'attaque constitue une vengeance pour la mort de ben
Laden.
Suite à son décès, la justice
fédérale des États-Unis a formellement mis fin aux
poursuites engagés contre lui le vendredi 17 juin 2011.
2.1. Légalité de
l'opération
Oussama Ben Laden était officiellement recherché
par le Département d'État des États-Unis et le FBI suite
aux attentats du 11 septembre 2001 perpétrés contre le World
Trade Center et le Pentagone, ainsi que ceux perpétrés à
la bombe le 7 août 1998 contre les ambassades des États-Unis
à Dar es Salaam, en Tanzanie et à Nairobi, au Kenya
4. Pour
certains son élimination est légalement justifiée alors
que pour d'autres sa mort s'apparente à un assassinat
perpétré au mépris du droit. Cette diversité des
points de vue vient des interprétations différentes de la mort de
Ben Laden en terme juridique (qualification d'« exécution
extrajudiciaire » difficile car il n'y a pas en l'occurrence de
juridiction commune, jurisprudences variées sur l'
assassinat
ciblé
(en)) et des
régimes juridiques auxquels elle s'applique :
droit
international des droits de l'homme et
droit de la
guerre (dont le
droit
international humanitaire applicable dans les conflits armés
internationaux et celui dans les conflits armés internes). Cette
diversité émane aussi de la notion de
doctrine de
la guerre juste.
· Selon le droit américain
Suite aux
attaques
du 11 septembre 2001, le
Congrès
des États-Unis a voté une loi intitulée
Autorisation
de l'usage de la force militaire contre les terroristes autorisant le
président
des États-Unis à recourir à « la force
nécessaire et appropriée contre les nations, les organisations ou
les personnes » qu'il détermine comme étant
impliquées dans l'attentat du 11 septembre, ou qui pourraient mener des
attaques à venir contre les États-Unis. Cette disposition
justifie un tel usage de la force, considéré comme
légitime défense « pour prévenir tout acte futur
de terrorisme international » contre les États-Unis.
John
Bellinger III
(en) qui
était chargé des questions juridiques au Département
d'État pendant le second mandat de
George Bush en tant
que président, considère l'opération comme
légitime.
« Le fait de tuer n'est pas interdit par
l'interdiction d'assassinat politique formulée de longue date par l'
ordre
exécutif 12333
(en)
[signé en 1981], parce que l'action était une action militaire
dans le conflit armé en cours des États-Unis contre
Al-Qaida, et qu'il n'est
pas interdit de tuer tel ou tel chef d'une force ennemie. L'interdiction
d'assassinat politique ne s'applique pas non plus au fait de tuer en situation
de légitime défense. »99(*)
David Scheffer, directeur du Centre pour les droits humains
internationaux à la
Northwestern
University School of Law
(en),
déclare que le fait que Oussama ben Laden ait été
inculpé par la
District
Court de Manhattan
(en)
en 1998 pour conspiration en vue d'attaquer les installations de défense
américaines rendait la situation plus complexe :
« Normalement, lorsqu'un individu est inculpé, le but est de
capturer cette personne pour l'amener devant la justice pour le juger... Le but
n'est pas de procéder à une exécution sommaire s'il est
inculpé. »
Selon Steven Ratner, professeur de droit à l'
université
du Michigan :
« Beaucoup de choses dépendent de savoir si
l'on pense qu'Oussama ben Laden était un combattant dans une guerre ou
un suspect de meurtres de masse. Selon la théorie selon laquelle le
gouvernement [des États-Unis] était en guerre contre
Al-Qaida - ce qui est la
position retenue par l'administration Obama - alors on peut soutenir que le
meurtre de ben Laden était légal. Qu'il ait alors
été armé ou non n'a en réalité pas
d'importance, car on a le droit de tuer des combattants en toute
légalité. »
Deux experts s'accordent à dire que, selon la
législation américaine, il est important de déterminer si
la mission était de capturer ben Laden ou simplement de le tuer. Si les
SEALS de la Marine avaient pour
instruction de tuer ben Laden sans chercher tout d'abord à le capturer,
ceci pourrait alors constituer une « violation des idéaux
américains, à défaut du droit
international ».
· Selon le droit international
La légalité de l'opération
américaine a pu être mise en cause pour avoir agi
unilatéralement, sans le
Pakistan. Le
ministère des Affaires étrangères du Pakistan exprime
ainsi une « grave préoccupation » devant cette
« action unilatérale non autorisée ».
L'ancien chancelier de l'
Allemagne de
l'Ouest
Helmut Schmidt
déclare de son côté à la télévision
allemande qu'« il s'agit très clairement d'une violation de la
loi internationale ».
L'ancien président du Pakistan
Pervez Musharraf
déclare que l'opération a été « une
violation de la souveraineté du pays »100(*).
Cependant, selon Scott Silliman, professeur de l'école
de droit de l'
université
Duke, la loi internationale sur les conflits armés permet à
un gouvernement étranger d'accomplir une opération militaire sur
le sol d'un pays d'accueil lorsque celui-ci n'a ni la volonté ni les
moyens de traiter lui-même le problème.
La résolution 1368 adoptée par le
Conseil
de sécurité des
Nations
unies le lendemain des attentats du 11 septembre, appelait (alinéa
3) « tous les États à travailler ensemble de toute
urgence pour traduire en justice les auteurs, organisateurs et commanditaires
de ces attaques terroristes. » Si l'opération du 2 mai avait
pour objectif de le capturer vivant ben Laden afin de le traduire en justice,
elle pourrait être considérée comme légale au regard
de la résolution 1368, si elle visait l'assassinat, elle est
illégale au regard de la résolution.
Selon John Bellinger, l'exécutif peut
« soutenir que l'action était permise d'après la loi
internationale, aussi bien en tant qu'usage de la force autorisé dans le
conflit armé opposant les États-Unis à
Al-Qaida qu'en tant qu'acte
de légitime défense, étant donné que ben Laden
planifiait évidemment de nouvelles attaques. » Selon
Eric Holder, l'actuel
procureur
général des États-Unis (U.S. Attorney General), le
raid américain est légal « en tant qu'acte de
légitime défense de la nation », et que ben Laden
« était le chef d'Al-Quaida, l'organisation responsable des
attaques du 11 septembre. Il est légal de cibler un commandant ennemi
sur le terrain101(*). »
Selon
Geoffrey
Robertson, un juriste
britannique né en
Australie, la mort de ben
Laden risquait de saper le droit, écrivant dans
The
Independent :
« Le
Conseil
de sécurité aurait pu mettre sur pied un tribunal ad hoc
à
La Haye, avec des juges
internationaux (y compris des juristes musulmans), pour mener un procès
équitable et un verdict circonstancié. Ç'aurait
été la meilleure manière de démythifier cet homme,
en dégonflant sa cause, et en remédiant au
lavage de cerveau
de ses sectateurs. » 102(*)
Pour Louise Doswald-Beck, une ancienne responsable juridique
de la
Croix-Rouge, ben Laden
n'était clairement pas un combattant ennemi : « Il
était essentiellement le chef d'un réseau terroriste criminel, ce
qui veut dire que la législation applicable n'est pas celle des conflits
armés, mais d'une action visant à tuer un dangereux
criminel. »
Human Rights
Watch déclare de son côté que les principes
régissant la mise en oeuvre de la loi (law enforcement principles)
auraient dû s'appliquer.
Nous tenons a signaler par ailleurs que le prochain paragraphe
tiendra à préciser les motivations du djihadisme radical de Ben
Laden.
§2. Motivations
Ben Laden condamne l'évolution de la
civilisation
islamique depuis la disparition du
califat (le dernier
calife était le sultan
ottoman jusqu'en 1924)
66. Cet objectif
passe par un renversement des gouvernements arabes «
laïcs » et
«
impies »
protégés par les États-Unis qu'il considère comme
les «
croisés
occidentaux ». Lors de son interview
67 par le
journaliste
Robert Fisk en
1996, il avait notamment
déclaré :
« Le peuple comprend maintenant les discours des
oulémas dans les
mosquées, selon
lesquels notre pays est devenu une
colonie de l'
empire
américain. Il agit avec détermination pour chasser les
Américains d'
Arabie saoudite. La
solution à cette crise est le retrait des
troupes
américaines. Leur présence militaire est une insulte au
peuple saoudien. »103(*)
Pour Oussama ben Laden, les bases militaires présentes
en
Arabie saoudite et
au
Moyen-Orient
considérés comme des territoires sacrés (avec les lieux
saints
Médine et
La Mecque)
représentent un
sacrilège car
ces bases américaines devaient être provisoires, le temps de
remporter la guerre contre
Saddam Hussein. Lors
de la dernière guerre en
Irak. Selon
Leonide
Chebarchine, ancien directeur adjoint du
KGB, Al-Qaida serait une
création des États-Unis et Oussama Ben Laden n'aurait jamais
cessé d'être un agent de la CIA.
En effet, il sied de faire remarquer que l'étape
suivante nous faira part du patrimoine financier de Ben Laden.
§3. Patrimoine financier
Ben Laden aurait une fortune de 300 millions de dollars. Ce
chiffre avait été cité en 1996 par un chargé de
recherches du département d'État, qui a d'abord divisé les
actifs globaux du
Groupe
Ben Laden, qu'il évaluait à 5 milliards de dollars, par le
nombre des fils de la famille, qu'il estimait à vingt. Il aboutissait
ainsi à 250 millions de dollars, arrondis ensuite à 300 millions
81. Ce chiffre a
été démenti par la publication en avril 2004 du
Rapport
final de la commission nationale sur les attaques terroristes contre les
États-Unis. Plusieurs chercheurs spécialisés dans le
Moyen-Orient (
Ibrahim
Warde, professeur associé à l'
université
Tufts, ou
Alain Gresh) jugent
cette estimation fantaisiste.
Selon
Seymour Hersh,
journaliste du
The New Yorker et qui
avait déjà fait éclater le scandale de la
prison d'Abou
Ghraib, dans une conférence au
Caire émet l'opinion
que
Dick Cheney,
Elliott Abrams et le
prince saoudien
Bandar
Ben Saoud continuent de financer des membres du réseau
Al-Qaïda, dans des opérations secrètes au
Liban et en
Iran (deux pays à
majorité
chiite, le sunnisme n'est
pas reconnu comme minorité religieuse en Iran), visant à
déstabiliser ces deux pays en poussant à des luttes
interconfessionnelles. Ils pousseraient également l'Iran à une
manoeuvre qui donnerait une raison à son attaque par les
États-Unis.104(*)
Par ailleurs comme tout être vivant Ben Laden naquit,
grandit et maintenant il est mort après un itinéraire riche en
couleur. C'est ainsi que la section suivante traitera spécialement de sa
mort.
SECTION II : LA MORT DE BEN LADEN
Au
cours de cette section, il sera question de dégager les circonstances de
la mort, de retracer les réactions internationales après la mort
de ben Laden et les conséquences stratégiques après la
mort de ben Laden.
§1. Les circonstances de la mort de Ben Laden
Les circonstances de la mort de ben Laden se sont
précisées au cours de la journée, lundi 2 mai 2011. On
sait désormais que le chef d'al-Qaïda a
été tué d'une balle dans la tête par des forces
spéciales de la marine américaine alors qu'il se trouvait dans
une villa fortifiée, à 80 km au nord-ouest de la capitale
pakistanaise. Son corps aurait ensuite été immergé en mer,
selon des responsables américains.
Ce sont des troupes d'élite américaines, les
Navy Seals (acronyme de sea, air, land soit mer, terre, air), qui ont
tué d'une balle dans la tête Oussama ben Laden. Ces hommes sont
employés pour des missions antiterroristes de reconnaissance ou de
guerre non conventionnelle et peuvent être mis au service de la CIA comme
cela a été le cas dans la nuit du dimanche 1er au lundi 2 mai
pour supprimer le chef terroriste d'al-Qaïda.
« La responsabilité de l'opération
revenait à Leon Panetta (le directeur de l'Agence de renseignement,
NDLR) et elle a été exécutée par des Navy
Seals », a indiqué à l'AFP un responsable
américain. Lors de cette intervention armée, les Etats-Unis
semblent avoir fait cavalier seul. Ils n'ont prévenu aucun pays ni
même les autorités pakistanaises, ou du moins au dernier moment,
justifiant la violation de la souveraineté nationale par
« l'obligation légale et morale d'agir », selon les
termes d'un haut responsable de l'administration Obama.
Le raid, qui se voulait « chirurgical », a
duré 40 minutes. Il s'est déroulé dans la villa où
se cachait ben Laden, à la périphérie d'Abbottabad, ville
touristique abritant une académie militaire, à 80
kilomètres au nord-ouest d'Islamabad.
Occupant un terrain huit fois plus grand que les autres
maisons, la résidence était surprotégée par des
murs hauts de 5,5 m et des barbelés. Le seul accès possible se
faisait par « deux portails sécurisés ». Ben Laden et
sa famille vivaient là sans internet ni téléphone. Avant
de déclencher toute intervention, les vérifications et les
recoupements ont duré neuf mois.
Pour assurer l'assaut, deux à trois
hélicoptères ont été envoyés sur place,
transportant une « petite équipe ». Mais l'un des appareils a
été perdu dans des circonstances encore non
élucidées. En appui, des troupes au sol ont été
également déployées.105(*)
Une fusillade a ensuite éclaté. Cinq personnes
ont été tuées « peu après minuit »,
a précisé le ministre pakistanais des Affaires
étrangères : Oussama ben Laden, l'un de ses fils, une femme et
deux frères présentées comme étant les messagers
que pistait la CIA. Deux femmes ont été aussi blessées.
Retransmise en direct au siège de la CIA à
Langley en Virginie, l'opération s'est avérée
« particulièrement dangereuse », selon des
responsables américains mais aucun membre du commando n'a
été touché.107(*)
Soulignons en passant que la dépouille de ben Laden a
été immergée en mer dans un lieu non
précisé, selon un des responsables américains, s'exprimant
sous couvert de l'anonymat. Et une cérémonie funéraire
aurait eu lieu sur le pont du porte-avion américain Carl-Vinson, en mer
d'Oman. Le corps du chef d'Al-Qaïda a été lavé puis
placé dans un linceul blanc, lui-même déposé dans un
sac lesté, a encore précisé ce responsable
américain. Après la lecture d'un texte religieux lu par un
officier et traduit par un interprète en arabe, le corps a
été basculé dans l'océan.
Dans l'après-midi, les Etats-Unis ont annoncé
qu'une analyse ADN confirmait bien la mort d'Oussama ben Laden.
L'échantillon, prélevé sur le corps qui avait
été récupéré par les forces
spéciales, a été analysé et comparé aux
échantillons génétiques dont les Etats-Unis disposaient
depuis longtemps. Résultats formels, indique-t-on dans l'entourage du
président Obama.
Après la mort de ben Laden plusieurs réactions
ont été enregistrées et le paragraphe suivant pourra nous
donner la substance.
§2. Les réactions internationales après la
mort de ben Laden
George W. Bush, qui avait proclamé chercher
Oussama ben
Laden mort ou vif après les attentats du 11 septembre 2001, a
qualifié de "réussite capitale" dimanche le
décès du chef d'
Al-Qaïda. "La
lutte contre le terrorisme continue, mais ce soir, l'Amérique a
envoyé un message évident: quel que soit le temps que cela
prend, la justice finit par être rendue", a
déclaré l'ancien président américain dans un
communiqué.
La Russie loue le "succès" de Washington "Le Kremlin
salue le succès important obtenu par les Etats-Unis dans la guerre
contre le terrorisme international", a déclaré le Kremlin
cité par les agences russes. "La Russie est l'un des premiers pays
à avoir fait face à la menace posée par le terrorisme
global", ajoute la présidence russe en référence aux
attentats qui ont touché le pays en 1999. "Un événement
majeur" pour l'Elysée "L'annonce (...) de la mort d'Oussama ben Laden
à la suite d'une remarquable opération de commando
américaine au Pakistan, est un événement majeur de la
lutte mondiale contre le terrorisme", a commenté la présidence de
la République dans un communiqué. "La France salue la
ténacité des Etats-Unis qui le recherchaient depuis 10
ans".108(*)
Pour le chef de la diplomatie française, Alain
Juppé, la mort d'Oussama ben Laden est "une victoire de toutes les
démocraties qui se battent conte ce fléau abominable qu'est le
terrorisme". Son collègue de la Défense, Gérard Longuet, a
estimé pour sa part sur RTL que la mort du chef d'Al-Qaïda
pouvait jouer "positivement" sur le sort des journalistes français
otages en Afghanistan. Quant à la ministre de l'Economie Christine
Lagarde, elle a estimé que cette mort allait permettre aux
Etats-Unis de "cicatriser" la blessure du 11 septembre 2001.
David
Cameron : "un grand soulagement" pour le monde "La nouvelle de la mort
d'Oussama ben Laden est un grand soulagement pour les peuples dans le monde.
Oussama Ben Laden était responsable des pires atrocités
terroristes dans le monde : le 11 septembre (2001) et tant d'autres attentats,
qui ont coûté des milliers de vies, dont de nombreuses
Britanniques", a déclaré le Premier ministre britannique,
cité dans un communiqué de ses services. 109(*)
Une "grande victoire" selon le Premier ministre
pakistanais "Nous sommes contre le terrorisme, nous ne laisserons personne
utiliser notre sol pour des actes terroristes contre un quelconque autre pays
et, par conséquent, j'estime qu'il s'agit d'une grande victoire", a
déclaré le Premier ministre pakistanais Yousuf Raza Gilani.
"Je ne connais pas le détail de l'opération", a-t-il admis, mais
"c'est un succès et je félicite (les Etats-Unis) pour ce
succès".
Le Vatican évoque la "responsabilité" de ben
Laden Pour le Vatican, ben Laden a eu "une très grave
responsabilité" dans la diffusion de "la division et de la haine entre
les peuples". 110(*)
§3. Les conséquences stratégiques de la
mort de ben Laden
L'élimination de Ben Laden, dans la nuit du 1er mai,
par les services américains modifie le paysage stratégique. Il ne
le révolutionne pas.
La mort de Ben Laden est un événement important
mais il ne change pas fondamentalement les structures de l'ordre
international.
C'est incontestablement une victoire dans la lutte contre le
terrorisme. Ce n'est pas la fin du terrorisme. Celui-ci risque même, par
un effet de rémission, de frapper de nouveau très fortement,
à la fois pour venger la mort de la figure emblématique de Ben
Laden et pour montrer que la mouvance Al-Qaida peut encore frapper.
Al-Qaida était déjà affaiblie depuis
quelques temps, et la disparition de son leader va accentuer cet
affaiblissement. Mais elle n'est pas morte. Elle sera particulièrement
affaiblie dans la zone Afghanistan-Pakistan mais reste vivace au Yémen,
dans la zone Irak et au Maghreb, sans préjuger de l'avenir de la
Libye.
Barack Obama sort manifestement renforcé par la
disparition de Ben Laden. Il a réussi là où George W. Bush
avait échoué. II a eu par ailleurs l'intelligence d'associer son
prédécesseur à cette victoire, en ne tirant pas la
couverture à lui. 111(*)Il a élargi sa victoire politique.
Accusé de faiblesse dans le domaine sécuritaire comme tous les
présidents démocrates, Barack Obama a eu la fermeté de
lancer un « executive order» permettant l'élimination de Ben
Laden. Il est cependant trop tôt pour dire qu'il a d'ores et
déjà gagné l'élection de 2012. Nous sommes trop
loin de l'échéance pour avoir des certitudes. Mais il saura
rappeler ce succès lors de la campagne électorale.
Les conditions de l'élimination de Ben Laden vont
renforcer la théorie du complot. Il ne fallait pas s'attendre à
ce que celui-ci se laisse passer les menottes aux poings ou sorte de sa maison
en agitant un drapeau blanc. L'assaut mené contre lui ne pouvait
probablement que conduire à sa mort. Washington n'avait sans doute pas
envie d'un long procès qui aurait offert une tribune mondiale à
Ben Laden. L'immersion de son corps a empêché qu'il y ait un lieu
où des nostalgiques puissent honorer sa mémoire. Mais
parallèlement, les partisans de la théorie du complot, qui vont
déclarer qu'il n'est pas mort ou que les États-Unis l'ont
éliminé parce qu'ils étaient complices, vont pouvoir
diffuser plus facilement leur idéologie.
Coïncidant avec le « printemps arabe », ce
décès devrait réduire le champ politique du terrorisme. La
mort de Ben Laden et le «printemps arabe» sont des coïncidences
de calendrier mais les deux vont dans le même sens. Ils réduisent
l'espace politique du terrorisme. Le schéma que proposait Ben Laden, la
violence aveugle pour renverser des régimes, a échoué. La
pression populaire et démocratique a réussi en Egypte et en
Tunisie. Ailleurs, elle est réprimée mais gagne du terrain. Et,
surtout, les forces politiques islamistes ont la perspective d'être
intégrées dans le jeu politique, notamment en Egypte et en
Tunisie. Cela permet de briser l'amalgame entre terroristes et islamistes, qui
souvent s'élargissaient à un amalgame entre islamistes et
musulmans. L'intégration des partis islamistes par les urnes est
préférable à celle de la répression par les armes,
et plus efficace.112(*)
Les talibans sont renforcés. Il sera désormais
plus facile médiatiquement et politiquement de négocier avec eux
en mettant en avant des talibans «modérés». La mort de
Ben Laden ne rend pas Hamid Karzaï plus crédible, mais elle permet
aux Occidentaux de se retirer d'Afghanistan sans perdre la face.
Le monde se porte mieux, il ne va pas encore très bien.
Il faut travailler pour éliminer non seulement les chefs terroristes,
mais aussi les causes du terrorisme : conflits non réglés,
injustices sociales, corruptions, etc. Et dans ce domaine, la tâche n'est
pas finie par une quelconque organisation occulte. La rapidité de la
propagation de l'embrasement est due, très simplement, à la
mondialisation, à la pratique du téléphone portable et
à la banalisation d'Internet. L'information et les appels à la
révolte ont eu d'autant plus de succès que les motifs et les
sujets de révolte étaient communs à l'ensemble du monde
arabo-musulman est en question la gouvernance de tous ces pays. Tous sont
dirigés par des dictatures de fait. La corruption, la
prévarication et le népotisme règnent en maître
à tous les échelons de l'administration gouvernementale, du chef
de l'État jusqu'au préposé municipal derrière son
guichet. Rien ne peut se faire sans bakchich, sans pot-de-vin. Tout est
réalisable, y compris dans le domaine illégal, à condition
de payer en proportion. Les richesses naturelles, minérales ou fossiles
du pays, ainsi que celles du tourisme, disparaissent au profit des gouvernants
et au détriment d'une population qui reste
désespérément misérable. La marmite du diable
bouillait depuis longtemps. L'explosion avait besoin de n'importe quelle
étincelle : ce fut l'immolation par le feu de Tarek Bouazizi,
à cause de la saisie d'une charrette de légumes.113(*)
En effet, après avoir circonscrit tout ce qui a trait
à la mort de ben Laden, nous voulons voire dans la section suivante
comment l'administration Obama a-t-elle gérer le trépas de ben
Laden
SECTION III : L'ADMINISTRATION OBAMA ET LA MORT DE BEN
LADEN
Cette section décrit primo l'assaut américain
dans la villa de ben Laden, secundo, elle montre comment la mort de Ben Laden
constitue un succès diplomatique pour OBAMA et tertio elle explique
l'implication pakistanaise dans la mort de ben Laden.
Nous voulons dans les phrases qui suivent connaitre
effectivement comment l'opération a été
réalisée jusqu'à son aboutissement.
§1. Le raid américain contre Ben Laden
L'opération contre le complexe sécurisé
où vivait le chef d'Al-Qaïda a duré moins de 40 minutes et a
été menée par les forces spéciales de l'US Navy. Au
cours de celle-ci, Ben Laden se serait servi d'une de ses épouses comme
bouclier humain.
Abbottâbâd, nord du Pakistan, 01h15 du matin heure locale
dans la nuit de dimanche à lundi. Des hélicoptères
survolent
un
complexe sécurisé de 3000 m², tandis que des troupes
commandos s'approchent du bâtiment. L'assaut final pour capturer Oussama
Ben Laden a commencé.
«Un grand nombre de commandos a encerclé le
complexe (...) Tout à coup, des tirs ont éclaté en
provenance du sol et en direction des hélicoptères. Il y a eu des
échanges de tirs intenses», raconte un habitant. Au sol, des
membres des Navy Seals, l'unité d'élite de la Marine
américaine. Dans le ciel, quatre hélicoptères. L'un des
appareils aurait eu une panne technique, forçant tous les membres du
commando à prendre place dans l'autre appareil utilisé pour cette
opération. Officiellement, il n'y aurait eu aucun blessé dans les
rangs américains. Un habitant a vu un appareil «chuter».
L'opération était coordonnée par la CIA,
depuis le siège de l'organisation à Langley, en Virginie.
Léon
Panetta, directeur de l'organisme, a suivi l'attaque en temps
réel.
Moins de 40 minutes plus tard,
Oussama
Ben Laden est mort. Après un échange de feu nourri, auquel le
chef d'Al-Qaïda a lui-même participé, ce dernier est mort
atteint d'une balle en pleine tête. Dans la bataille, quatre autres
personnes trouvent la mort : l'un des fils de Ben Laden, deux hommes -
probablement des messagers -, et une femme.114(*)
Selon John Brennan, principal conseillé de Barack
Obama pour l'antiterrorisme, il s'agirait de l'une des épouses de Ben
Laden que ce dernier aurait lui-même utilisé comme bouclier
humain. «Lorsque Ben Laden a été en position d'être
atteint, elle était placée d'une façon qui indique qu'elle
a été utilisée comme un bouclier», a poursuivi
Brennan, qui ne pouvait préciser si elle avait été ainsi
placée par Ben Laden, son fils, ou si elle l'a fait elle-même.
Deux autres femmes ont été blessées dans
l'opération.
Le corps du commanditaire des attentats du 11 septembre 2001,
tué à la fin du raid, est emmené par le commando
américain. Les détenus ont été livrés aux
autorités pakistanaises. Des prélèvements ADN ont
été effectués afin de permettre une identification
formelle. La dépouille mortelle a ensuite été
immergée en haute mer
selon
les télévisions américaines.
Les services de renseignement américains étaient
sur une piste sérieuse quant à la localisation du chef
d'Al-Qaïda depuis août 2010. «Il a fallu plusieurs mois pour
remonter ce fil»,
a
expliqué le président Barack Obama lors de son allocution
à la télévision américaine. C'est le 14 mars
dernier qu'Obama a tenu la première d'une série de cinq
réunions avec ses conseillers, où les plans d'action ont
été passés en revue et approuvés. «Et
finalement, la semaine dernière, j'ai déterminé que nous
avions suffisamment de renseignements pour agir, et ai autorisé une
opération destinée à capturer Oussama Ben Laden et
à le présenter devant la justice.» Selon un haut responsable
américain, le feu vert a été donné vendredi dernier
à 8h20 du matin par le président des Etats-Unis, lors d'une
réunion à la Maison-Blanche avec son conseiller pour la
sécurité nationale, Thomas Donilon, et son conseiller
antiterroriste, John Brennan.
Les forces américaines
avaient
fait le lien entre Ben Laden et un de ses messagers il y a six ans, selon
un haut responsable américain. Ben Laden semblait lui faire une
entière confiance. Son pseudonyme avait été
révélé par des prisonniers de Guantanamo. Il faudra quatre
ans aux services de renseignement américains avant de trouver son vrai
patronyme, et encore deux ans pour savoir qu'il opérait au Pakistan. En
août 2010, les services secrets américains finissent par trouver
le complexe d'Abbottabad, où le messager et des frères d'armes
vivaient.
«Lorsque nous avons vu ce complexe, nous avons
été plus que surpris - ce complexe est réellement
unique», a expliqué
le
haut responsable américain. Avec ses murs de 5 mètres de haut
surmontés de barbelés, le complexe disposait de deux accès
sécurisés. Le bâtiment principal, composé de trois
étages, avait peu de fenêtres donnant vers l'extérieur, et
une terrasse protégée des regards indiscrets grâce à
un mur de deux mètres. Autre fait intriguant, le complexe ne disposait
ni du téléphone, ni d'Internet. En outre, les habitants
brûlaient eux-mêmes leurs déchets. La
propriété est estimée à près d'un million de
dollars, et se situe dans une ville militaire abritant trois régiments
de l'armée pakistanaise. Une académie militaire se situe à
700 mètres du complexe.
Pour les services de renseignement américains, il ne
fait plus guère de doute que le complexe cache quelqu'un de très
important. Plusieurs mois d'investigation seront encore nécessaires
avant que les autorités américaines n'aient la certitude qu'il
s'agit d'Oussama Ben Laden.
L'information restera confidentielle jusqu'au début de
l'opération. Aucun pays étranger n'a été mis dans
la confidence. Au sein du gouvernement américain, seul un petit groupe
était au courant de l'opération à venir.115(*)
Ben Laden poursuivi par les américains depuis
l'administration Bush, vient de tomber sous le coup de l'administration Obama
et les lignes qui suivent tacherons d'expliquer comment la mort de Ben Laden
est le succès diplomatique d'Obama.
§2. La mort de Ben Laden : un succès
diplomatique de Barack Obama
Le succès de la politique de la main tendue de Barack
Obama vis-à-vis du "monde musulman a été
développé lors du discours du Caire.
La smart diplomacy initiée par Barack Obama dès
janvier 2009 est effectivement en partie à l'origine d'un succès
comme celui-ci, même s'il ne faut pas négliger le travail des
services de renseignement, qui se sont d'une certaine manière
rachetés de leur déroute à l'occasion des attentats du 11
septembre 2001, et dans la décennie de déconvenues dans la plus
grande chasse à l'homme de l'histoire qui suivit.
La smart diplomacy stipule une plus grande coopération
entre les Etats-Unis et ses partenaires, et surtout une plus grande
responsabilité de la part des uns et des autres. Washington ne veut plus
ainsi se contenter d'imposer ses vues, mais cherche à s'imposer en
ravivant le soft power très présent dans les années
1990.
Le contexte international ayant depuis évolué,
il était impossible pour l'administration Obama de revenir en
arrière sans tenir compte de la nécessité de maintenir une
main ferme sur certains dossiers, et c'est ainsi que cet équilibre entre
hard et soft power fut trouvé.
En d'autres termes, les Etats-Unis s'efforcent
désormais d'attaquer le mal à la racine, plutôt que de
renforcer leur impopularité sur le terrain en agissant de manière
trop brutale.116(*)
Dans le même temps, cette plus grande souplesse ne doit
pas être assimilée à une faiblesse, et c'est pourquoi elle
s'accompagne de mesures de fermeté. C'est grâce à cette
redéfinition de la politique étrangère américaine
que les Etats-Unis sont parvenus à reprendre pied au Pakistan, et nous
pouvons considérer que c'est grâce à cet effort de
coopération qu'un succès comme la mort de Ben Laden fut rendu
possible.
Le discours du Caire d'Obama, appelant à un regain de
dialogue avec le monde musulman, est symbolique de cette volonté de
tendre la main, et de ne plus apparaître comme une puissance
hégémonique qui cherche à imposer ses vues. Sans cette
redéfinition de la relation de Washington avec ses alliés, il est
possible que Ben Laden ait encore longtemps bénéficié du
soutien de responsables politiques pakistanais.118(*)
§3. L'implication pakistanaise dans la mort de Ben
Laden
Soulignons en fait que les Etats-Unis ne pouvaient pas
repérer Ben Laden sans la collaboration des services pakistanais. C'est
un élément fondamental. Au Pakistan, rien d'important ne se
produit sans qu'ils ne soient au courant. Barack Obama a d'ailleurs
lui-même déclaré dans son discours qu'il n'aurait pu
arriver à ce résultat sans leur aide.
Il faut savoir que les services de renseignements pakistanais
sont très puissants, c'est un Etat dans l'Etat. Il regrouperait
près d'un million d'agents. Alors il peut parfois y avoir des
collaborations avec certaines personnes de ce service, qui possèdent des
contacts avec les talibans ou avec certains éléments
d'Al-Qaïda. C'est une réalité. On peut donc donner
crédit à ses deux ou trois versions qui ne sont pas du tout
contradictoires.
Le Pakistan est pourtant un allié des Etats-Unis. Les
relations entre le Pakistan et les USA sont extrêmement
compliquées. On parle souvent de double-jeu. Le Pakistan est le pays
où l'anti-américanisme est le plus fort: environ 80% de l'opinion
pakistanaise est en effet anti-américaine. Mais d'un côté,
les Etats-Unis ont besoin du Pakistan dans la lutte contre le terrorisme.
Depuis maintenant deux ou trois ans, il y a par exemple des attaques de drones
dans les zones tribales contre des éléments d'Al-Qaïda. A
chaque fois qu'il y a une telle opération, le Pakistan proteste. Mais
tout le monde sait que les Américains coordonnent ces attaques avec les
Pakistanais. Les autorités essaient de jouer ce double jeu pour ne pas
donner d'argument aux extrémistes pakistanais, et surtout au mouvement
taliban, pour lancer des attentats-suicides contre le Pakistan.119(*)
L'intérêt qu'a le Pakistan de son coté est
que depuis deux ans, les USA et l'Otan essaient de provoquer des
négociations politiques entre Kaboul et les talibans, excluant
jusqu'à présent le Pakistan des discussions. Mais depuis peu, on
assiste à une certaine amélioration des relations entre
l'Afghanistan et le Pakistan. Les deux gouvernements ont mis en place une
commission commune, avec des pouvoirs énormes, qui a pour mission de
mener à bien les négociations entre les talibans et le
gouvernement de Kaboul. Le Pakistan est admis dans ce jeu. Le Pakistan
défend ainsi ses intérêts : éviter un gouvernement
hostile en Afghanistan et créer un partenariat avec les Etats-Unis, qui
ont jusque là choisi l'Inde comme partenaire stratégique dans la
région.120(*)
Maintenant, on peut effectivement discuter sur la
planification ou la présentation de cette action aux autorités
pakistanaises.
Toutefois, vu que 80% de l'opinion pakistanaise est
anti-américaine Washington n'aurait pas parlé de
l'opération aux Pakistanais de peur qu'ils alertent Ben Laden. Cela
aurait été possible.
Notons par ailleurs, la gestion du corps de Ben Laden a
été à la base des tumultes dans le monde musulman et le
paragraphe suivant va nous donner beaucoup d'éclaircissements.
§4. L'administration Obama dans la gestion du corps de
Ben Laden et la diffusion des images de sa dépouille mortelle
La dépouille de Ben Laden embarquée sur le
porte-avions
USS Carl
Vinson, placé à l'intérieur d'un sac lesté, a
été immergée en
mer d'Arabie le 2 mai
à 2 h (
Heure de l'Est,
soit 6 h
UTC)
après une préparation de 50 minutes, au large des côtes
pakistanaises, environ 9 heures et 30 minutes après sa mort, la
tradition islamique exigeant un délai court entre le décès
et l'enterrement.121(*)
Le corps a été placé sur une planche qui
fut ensuite inclinée afin que celui-ci glisse dans la mer. Une
inhumation en mer permet de ne laisser aucune trace de la localisation
précise du corps, évitant ainsi que la sépulture puisse
devenir un sanctuaire, objet d'une vénération. En outre, selon
l'US Navy, aucun pays n'aurait accepté de recevoir la
sépulture.122(*)
Toutefois, d'après la
Grande
Mosquée de Paris, la pratique de l'immersion « serait
totalement contraire aux règles sacro-saintes de l'islam ».
Celle-ci rappelle que, selon la religion musulmane, « le corps d'un
défunt doit d'abord être lavé avec de l'eau savonneuse,
puis de l'eau claire et enfin avec de l'eau mêlée de
camphre, avant d'être
entouré de trois pièces d'étoffe ».
« L'inhumation se fait en terre, sans cercueil. La dépouille
doit être placée parallèlement à
la Mecque, la tête
du défunt légèrement tournée vers la droite pour
que son visage soit tourné vers la
Kaaba, le sanctuaire
sacré de la Mecque ». La
sépulture
en mer n'est permise uniquement que lorsque le décès est
survenu à bord d'un bateau.123(*)
Le 4 mai 2011, Barack Obama affirme qu'il renonce à
publier les photos de Ben Laden mort, de peur de choquer le public
Conclusion
De ce qui précède, retenons que le responsable
des attentats du 11 septembre contre le World Trade Center et pentagone, Ben
Laden a été traqué comme ennemi n°1 par les Etats Unies
d'Amérique. Durant toute une décennie, Ben Laden était
introuvable et ne cessait de menacer d'occasionner une autre action
attentatoire contre les américains.
En effet, l'avènement de Barack Obama à la
tête des USA vient changer la donne en montant une unité
spéciale des commandos qui réussi à tuer Ben in situ la
nuit du 02 mai 2011. Soulignons que cette mort a fait couler beaucoup d'encre
et salive car beaucoup de réactions ont été
enregistrées.
Sur cette même lancée, le chapitre suivant
mènera une analyse perspective sur la vie de la nébuleuse
Al-Qaïda post Ben Laden.
CHAPITRE IV : L'AVENIR D'Al-Qaïda POST BEN
LADEN
L'annonce de la mort d'Oussama Ben Laden suscite nombre
d'hypothèses sur l'avenir de la mouvance terroriste. Géo
stratèges, journalistes, chercheurs, et spécialistes du
renseignement s'interrogent sur les conséquences de cet
évènement. De ce fait ce chapitre tachera de soulever certaines
matières conduisant à la compréhension d'un Al-Qaïda
post ben Laden.
SECTION I : LA POLITIQUE AMERICAINE AU MOYEN ORIENT APRES LA MORT DE BEN LADEN
Cette section gravitera sur la diplomatie américaine
à l'égard du monde musulman après ben Laden, de la
projection militaire post ben Laden au moyen orient et des relations
américano pakistanaises post ben Laden.
§1. La diplomatie américaine à
l'égard du monde musulman après Ben Laden
Le printemps arabe est plus lourd de conséquences sur
la politique américaine au Moyen-Orient que la mort de Ben Laden. Ce
personnage était en effet rejeté par une grande partie de la
population de ces pays, et accusé d'incarner le terrorisme transnational
et de donner une image négative de l'Islam. Sa mort ne modifie pas cette
situation, à l'exception d'un nombre limité - mais actif - de
sympathisants qui pourraient en représailles s'attaquer aux
autorités politiques des pays du Moyen-Orient.
Mais dans leur majorité, les musulmans avaient tout
intérêt à prendre leurs distances avec le chef
d'Al-Qaïda afin de ne pas être assimilés à son
radicalisme. Sa mort dans un isolement visiblement marqué - et
malgré les soutiens dont il bénéficiait
nécessairement - est symptomatique de la difficulté du fondateur
d'Al-Qaïda à se positionner comme un véritable chef de
guerre. Il n'était devenu rien d'autre qu'un fugitif, et ce depuis sans
doute le début de l'opération militaire en Afghanistan.
Sur le théâtre d'opérations en
Afghanistan, la mort de Ben Laden peut avoir deux effets sur le court et moyen
terme.
D'un côté, les insurgés talibans peuvent
être démoralisés par la disparition de celui en qui ils
voyaient une sorte de guide, même si leur lien avec Ben Laden reste
incertain.
De l'autre, par vengeance, il est possible que la mort de Ben
Laden entraîne un regain de violence, un peu à la manière
de ce qui s'est produit en Irak après l'exécution de Saddam
Hussein.
En tout état de cause, la mort de Ben Laden ne marque
pas la sécurisation totale de l'Afghanistan, et ne doit pas changer la
nature de l'engagement militaire. Il sera simplement indispensable pour les
alliés engagés de rappeler que la présence n'était
pas uniquement justifiée par la traque d'un homme, mais aussi - et
surtout - par la nécessité de reconstruire une
société meurtrie par des années de guerre civile et le
régime absurde des talibans, sans quoi les opinions publiques pourraient
exiger un retrait rapide, et sans avoir préparé
l'après.124(*)
Il va sans dire que les américains ont une autre vision
par rapport à la projection militaire au moyen orient.
§2. La projection militaire post Ben Laden au moyen
orient
La mort d'Oussama Ben Laden le 1er mai vient renforcer au
Congrès les partisans d'une réduction de l'engagement et des
dépenses américaines en Afghanistan. A la Maison-Blanche aussi,
la disparition du chef terroriste conforte ceux qui prônent un retrait
rapide d'une partie des forces américaines. Plusieurs membres du
gouvernement ont toujours préféré une approche s'appuyant
davantage sur l'élimination ciblée de chefs insurgés,
plutôt que la stratégie de lutte anti-insurrectionnelle, gourmande
en effectifs, que le président Barack Obama avait fini par approuver.
Dans les débats qui s'annoncent, la fin du numéro un
d'Al-Qaïda sera sans doute citée comme preuve que le
contre-terrorisme est une tactique plus efficace et plus rentable pour la
prochaine phase d'une guerre qui dure depuis près de dix ans.125(*)
Déjà, avant la mort de Ben Laden, certains
affirmaient - compte tenu du lourd endettement du pays, de la perspective de la
présidentielle de 2012 et des développements sur le terrain
- que les projets américains de reconstruction de l'Afghanistan
allaient bien au-delà d'une mission consistant à garantir la
sécurité des Etats-Unis. Les dépenses actuelles, de
l'ordre de 10 milliards de dollars par mois, sont «fondamentalement
intenables» et il est urgent que le gouvernement définisse
clairement quels sont ses objectifs, et son plan pour sortir de l'Afghanistan,
a déclaré le sénateur démocrate du Massachusetts
John Kerry. Un haut responsable américain impliqué dans la
politique afghane des Etats-Unis soutient cependant qu'il «n'est pas
question de revenir» sur la stratégie qui a amené le
déploiement de 30 000 soldats et des centaines de diplomates
supplémentaires dans la zone de guerre depuis le début de l'an
dernier. «Nous nous sommes engagés dans une voie clairement
définie par le président,» a-t-il dit. Mais il a reconnu que
la mort de Ben Laden «pourrait avoir un impact significatif sur la mise en
place d'objectifs et le rythme» du retrait des troupes américaines,
qui devrait commencer en juillet et se terminer à la fin de 2014.
Des membres de l'équipe gouvernementale soulignent sous
couvert d'anonymat qu'Obama et ses conseillers à la
sécurité nationale n'ont pas encore abordé la question du
retrait, pas plus que les militaires n'ont formulé de suggestions. Mardi
10 mai, lors d'une audition devant la Commission du Sénat sur les
Affaires étrangères qu'il préside, John Kerry a
précisé qu'il ne défendait pas un «retrait
unilatéral et précipité» des forces
américaines. Mais «je pense que nous devrions nous efforcer de
réduire au maximum notre présence», a-t-il
indiqué.126(*)
John Kerry est un ami de longue date et un ancien
collègue au Sénat du vice-président Joe Biden, chef de
file de la faction qui, au sein du gouvernement, estime que le
contre-terrorisme est une tactique plus fiable et moins coûteuse contre
Al-Qaida. Les interventions du sénateur du Massachusetts sont souvent un
bon indicateur des réflexions en cours à la Maison-Blanche. La
secrétaire d'Etat Hillary Rodham Clinton et le secrétaire
à la Défense Robert M. Gates dont les ministères sont
chargés de mener la stratégie anti-insurrectionnelle --
étaient cependant tous les deux en faveur de la décision
annoncée en décembre 2009 par Obama d'envoyer de troupes
supplémentaires en Afghanistan.
A la Maison-Blanche, un haut responsable signale que rien ne
dit que le décès de Ben Laden creusera un fossé entre les
talibans et Al-Qaida. «Mais sa mort rend ce scénario plus probable,
ce qui pourrait faciliter les efforts de réconciliation entre les
talibans et le gouvernement afghan.» 127(*)L'impatience n'en est pas moins grandissante dans les
rangs des parlementaires. Dans les dix jours qui se sont écoulés
depuis la mort de Ben Laden, de nombreux législateurs ont demandé
une accélération du retrait d'Afghanistan, en commençant
par les troupes qu'Obama a prévu de rapatrier cet été,
sans en spécifier le nombre. Tant à la Maison-Blanche qu'au
Capitole, on considère presque unanimement que des succès
militaires substantiels ont été remportés cette
année contre les talibans. Mais les autres facettes de la
stratégie comme l'amélioration de la situation économique
et politique font l'objet d'évaluations moins positives.
Beaucoup remettent en question la faisabilité de plans
qui prévoient le recrutement et la formation de près de 400 000
Afghans dans les forces de sécurité, chargées de remplacer
les unités étrangères après leur départ. On
estime que l'entretien des forces afghanes coûte chaque année
jusqu'à 10 milliards de dollars, alors que les revenus fiscaux
perçus par Kaboul se limitent à environ 2 milliards. «Donc,
qui va payer la facture si l'on ne veut pas que ces soldats et ces policiers
soient les moteurs de la prochaine insurrection ?», demande John Kerry.
Obama attend les recommandations du général David Petraeus,
commandant en chef des forces de la coalition, au sujet d'un retrait en
juillet. De source militaire, on affirme : «Du point de vue de
l'armée, il n'est pas question de relancer le débat sur la
stratégie. On nous a confié une mission. Pour nous, c'est une
stratégie qui fonctionne et qui est délimitée dans le
temps.»
La hiérarchie militaire américaine en
Afghanistan appelle au maintien d'opérations agressives contre les
talibans, et à un retrait plus modeste à court terme. «La
menace d'Al-Qaida est maintenant amoindrie. Or, c'était le principal
argument du gouvernement en faveur de la présence en Afghanistan,
constate un diplomate occidental en poste à Kaboul. Ce qui ne peut que
pencher en faveur de l'idée qu'il est temps d'entamer le
retrait.128(*)»
Par ailleurs, soulignons qu'après l'opération
menée par les commandos américains qui a conduit à
trépas le coryphée d'Al-Qaïda, les relations
américano pakistanaises semblent se détériorer.
§3. Les relations américano pakistanaise
après la mort de Ben Laden
Le Pakistan a dénoncé mardi 3 mai le raid
américain engagé sur son sol pour éliminer
Oussama Ben
Laden, deux jours après la mort du chef d'
Al-Qaïda, tandis
que les Etats-Unis avouaient avoir tenu leur allié à
l'écart de l'opération par crainte qu'il ne donne l'alerte.
"Le Pakistan exprime sa vive préoccupation et ses
réserves sur la manière dont le gouvernement américain a
mené à bien cette opération sans information ni
autorisation préalables du gouvernement pakistanais", a fait savoir le
ministère pakistanais des Affaires étrangères. Des
relations déjà difficiles d'autant plus que une telles "actions
unilatérales non autorisées" ne doivent pas devenir la
règle", y compris pour les Etats-Unis, a martelé la diplomatie
pakistanaise, estimant que de tels raids "minent la coopération et
représentent parfois aussi une menace pour la paix et la
sécurité internationales".
L'élimination du chef d'Al-Qaïda tend des
relations déjà difficiles entre les deux alliés.
Les Etats-Unis n'ont pas informé le Pakistan de
l'opération contre Ben Laden car ce pays "aurait pu alerter" le chef
d'Al-Qaïda de l'imminence du raid, a déclaré le directeur de
la CIA, Leon Panetta, dans un entretien au magazine Time.129(*)
Par ailleurs, dans les lignes qui suivent, nous allons
présenter la nouvelle stratégie américaine dans la lutte
anti terroriste.
SECTION II : LA NOUVELLE STRATEGIE AMERICAINE DE LUTTE
CONTRE LE TERRORISME APRES LA MORT DE BEN LADEN
Cette section nous présente la vision nouvelle des
Etats Unies d'Amérique dans la lutte anti terroriste après la
mort de ben Laden. De ce fait elle tournera autour de la lutte de propagande
sur internet et de la politique des drones prônée par
l'administration OBAMA
§1. Une Lutte de propagande sur Internet
En plein coeur de l'été et de la crise
économique, 9 ans et onze mois après le 11 septembre 2001, la
Maison Blanche a publié jeudi 4 août un document intitulé
«
Renforcer
le pouvoir des partenaires locaux pour lutter les violences extrémistes
aux Etats-Unis ».La nouvelle stratégie de l'administration
Obama s'appuie donc sur les communautés locales pour contrer la
stratégie de propagande des organisations extrémistes qui
sévissent sur le sol américain ou depuis l'étranger.
Avec au premier rang, Al-Qaïda qui, selon le document,
cherche activement à recruter et à influencer des musulmans
Américains pour mener des attaques « depuis l'intérieur
». Et la Maison Blanche souhaite la création d'un réseau
fédéral des communautés locales unies et mobilisées
contre les menaces de violence extrémiste.130(*)
Le document de la Maison Blanche évoque
également la cyber guerre idéologique avec Al-Qaïda et les
autres mouvements islamistes. Le document souligne la prolifération des
discours de propagande terroristes en langue anglaise sur internet, qui se
répandent notamment via les forums et les réseaux sociaux. «
Nous devons activement et agressivement contrer ces idéologies
extrémistes violentes qui visent à recruter des individus »,
indique la Maison Blanche qui parle d'une lutte des « narratives » ou
comment le « story telling », l'art de raconter des histoires et de
les répandre, devient un enjeu stratégique majeur de la lutte
contre le terrorisme. Dix ans après le 11 septembre 2001, les Etats-Unis
mènent sur internet un nouveau front de guerre contre la radicalisation
violente et le terrorisme. Avec le soutien et l'appui des grandes entreprises
de la Silicon Valley.
· De la diplomatie traditionnelle à la
diplomatie digitale
D'ailleurs, cette année est marquée par un
rapprochement certain entre les géants de l'innovation californiens et
le département d'Etat. Google, Twitter, Facebook sont désormais
étroitement associés à la diplomatie américaine.
Sous Hillary Clinton, le département d'Etat a adopté la
théorie dite du « savoir-faire du 21ème siècle »
qui consiste en un usage subtil de l'innovation technologique au service de la
politique étrangère américaine. Les américains
appellent cela la diplomatie digitale. 131(*)
Et « la défense de la liberté d'internet
» est désormais placée au coeur de cette diplomatie et de sa
stratégie de lutte contre al-Qaïda notamment. «Les Etats-Unis
ne laisseront pas internet et les territoires digitaux aux mains des
terroristes ou de régimes autoritaires qui censurent le
réseau», avertit Alec Ross, conseiller à l'innovation
d'Hillary Clinton et l'un des architectes de cette diplomatie digitale.
· Google et la lutte contre le
terrorisme
Signe de ce rapprochement entre Washington et la Silicon
Valley, le géant Google a créé en septembre dernier une
nouvelle unité de recherche, un laboratoire à idées. Son
nom : Google Ideas. Ce think tank est dirigé par Jared Cohen, 29 ans,
qui a quitté en septembre 2010 son poste de diplomate digital au
département d'Etat pour prendre la tête de Google Ideas.
Spécialiste de contre-terrorisme, ce jeune diplomate
iconoclaste a organisé, fin juin à Dublin, le premier sommet de
Google Ideas qui a rassemblé une cinquantaine de terroristes repentis et
d'activistes ultra-violents du Hezbollah, d'al-Qaïda, des Farc colombiens,
des chefs de gang de Los Angeles, d'anciens néo-nazis scandinaves...
En tout, 80 ex-terroristes ont été
invités en Ecosse par Jared Cohen pour conter leurs expériences
et réfléchir sur les processus de recrutement et de
radicalisation devant un parterre composé notamment de chef d'Etat et de
fonctionnaires du département d'Etat. Une approche privatisée du
contre terrorisme ou quand Google s'attaque à la résolution d'une
problématique jusque là réservée aux agences d'Etat
et devient un élément de la diplomatie américaine.
Cette expérience de Google Ideas a largement
inspiré et nourri le rapport que vient de publier la Maison Blanche. Et
dans la continuité du discours du Caire de 2009, la Maison Blanche a
pour objectif, dans le cadre de la guerre contre le terrorisme islamiste «
de contrer la propagande d'al-Qaïda pour qui les Etats-Unis sont en guerre
contre l'Islam »132(*)
§2. Les drones d'Obama
Les drones ou la «doctrine Obama» Il y a un an, Ben
Laden était tué au Pakistan. Des milliers de documents
révèlent sa vision du monde. Ce succès a renforcé
le président américain dans sa conviction d'utiliser des
drones.
Profitant de la commémoration du premier anniversaire
de la mort d'Oussama ben Laden tué par les forces spéciales de la
Marine américaine, les Navy Seals, le 2 mai 2011 dans son repaire
d'Abbottabad au Pakistan, beaucoup s'interrogent sur la stratégie de la
Maison-Blanche dans la lutte contre le terrorisme. Dépeint par les
républicains comme un commandant en chef des armées pacifiste,
prêt à prôner l'apaisement avec l'Iran, sans
expérience militaire, Barack Obama véhicule une image
trompeuse.133(*)
Dans une tribune libre parue dimanche dans le New York Times,
le spécialiste de la sécurité nationale Peter Bergen est
le premier à contester cette réputation. Le président est
un «guerrier en chef». Il a dépassé le «syndrome
du Vietnam» qui a pourtant marqué plusieurs
générations de démocrates devenus très anti-guerre,
même s'il a ordonné le retrait d'Irak et qu'il prévoit de
sortir les troupes américaines d'Afghanistan en 2014. En 2011,
l'Amérique d'Obama était impliquée dans six conflits se
déroulant dans six pays musulmans différents: Irak, Afghanistan,
Pakistan, Somalie, Yémen et Libye. Pour Peter Bergen, le
président noir ressemble davantage à Teddy Roosevelt qu'à
Jimmy Carter. En comparaison, Bill Clinton n'avait pas voulu intervenir au
Rwanda après la débâcle somalienne de 1993. Il
n'était intervenu en Bosnie qu'en derniers recours. Il n'aura en
revanche fallu que quelques semaines à Barack Obama pour s'engager, avec
l'OTAN, à renverser le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.134(*)
En entrant à la Maison-Blanche, le président
démocrate avait pourtant vite annoncé la couleur: finie la
rhétorique belliqueuse qui a charpenté la politique
néoconservatrice des premières années Bush. Finie aussi la
lutte tous azimuts contre la terreur et retour au multilatéralisme (ONU)
ainsi qu'à la transparence. L'administration américaine a
désormais un ennemi prioritaire: Al-Qaida et ses affiliés. Ce
n'est qu'une facette incomplète de la réalité. L'autre
facette, c'est ce que les experts appellent la «doctrine Obama».
Vice-conseiller à la sécurité nationale, Ben Rhodes
définit le concept dans le magazine Foreign Policy: la doctrine Obama
sur l'usage de la force consiste à embrasser le multilatéralisme
quand cela s'avère nécessaire, mener des frappes à l'aide
de drones, maintenir une présence légère sur le terrain
comme en Libye, au Pakistan et au Yémen. C'est aussi prendre en compte
les coupes budgétaires dans la Défense et mettre sur pied des
unités militaires plus souples et plus mobiles et les déployer en
Asie, dans le Pacifique et au Moyen-Orient.135(*)
L'utilisation massive de drones dans les zones tribales du
Pakistan, au Yémen ou en Somalie constitue l'élément le
plus controversé de la doctrine, même si l'un d'eux, le RQ-170
Sentinel a permis de localiser Ben Laden à Abbottabad. Le Pentagone n'en
avait que 50 voici dix ans. Il en possède maintenant plus de 7500. Ces
avions sans pilote servent à mener des «frappes
ciblées» pour éliminer des dirigeants d'Al-Qaïda et de
mouvements terroristes affiliés. Depuis 2009, plus de 2000 personnes
sont tombées sous leurs missiles. Mais leur utilisation est
restée jusqu'ici très secrète. Au Pakistan, c'est la CIA
qui se charge d'opérer les avions sans pilote et l'administration
américaine lui accorde une latitude sans précédent pour le
faire.136(*)
Si les drones permettent des attaques beaucoup plus
précises et impliquent moins de moyens, ils posent plusieurs
problèmes. Au début, ils étaient employés pour
cibler un dirigeant d'une organisation terroriste. Désormais, la CIA
n'hésite pas à mener des frappes sur des groupes suspects. Une
manière de «tuer au lieu de capturer» et de ne pas
s'embarrasser des questions de détention restées ouvertes
après l'incapacité du président Obama de fermer la prison
de Guantanamo. Les bavures ont coûté la vie à des centaines
de civils au Pakistan ou au Yémen. L'agence de renseignement, dont les
effectifs pakistanais ont été fortement renforcés, reste
très opaque. Human Rights Watch met en garde. La CIA, qui semble
évoluer dans une zone grise, doit agir en conformité avec le
droit international. L'usage massif de drones par l'agence de renseignements
pose un autre problème, démocratique celui-là: le
président américain ne juge pas nécessaire de passer par
le Congrès pour obtenir le feu vert pour des frappes au moyen de
drones.
La multiplication des frappes par le biais d'avions sans
pilote a aussi causé un fort ressentiment dans les populations du
Pakistan et du Yémen. Dans ce dernier pays, on estime que le nombre de
combattants d'Al-Qaïda dans la péninsule Arabique est passé
de 300 en 2009 à 1000 aujourd'hui en raison des frappes. Au Pakistan,
97% des Pakistanais sondés par le Pew Research Center en 2011 estimaient
que l'usage massif de drones dans leur pays était une mauvaise
chose.137(*)
La doctrine Obama peut-elle être la base d'une politique
à long terme? Des militaires à la retraite cités par
Foreign Policy en doutent. Les drones ont certes permis d'affaiblir
sensiblement Al-Qaïda. Mais dans le même temps, ils ont causé
une haine contre l'Amérique qui se traduit notamment par un renforcement
des talibans. Ils ne remplacent pas, selon eux, la nécessité de
soutenir les autorités locales dans leurs efforts de marginaliser les
terroristes. Ils ne contribuent pas non plus à renforcer
l'économie, à combattre la corruption et à
améliorer les institutions. Barack Obama est arrivé hier soir
à Kaboul pour une visite surprise au cours de laquelle il devait signer
un accord de partenariat stratégique avec son homologue afghan Hamid
Karzaï. (AFP)138(*)
En effet, après avoir compris la nouvelle
stratégie confectionnée par l'administration Obama dans la lutte
anti terroriste, nous menons des cogitations approfondies sur les
problèmes et perspective du réseau Al-Qaïda.
SECTION III : LE RESEAU AL-QUAIDA : PROBLEMES ET
PERSPECTIVES
Cette section qui porte sur les différents
problèmes que rencontre le réseau après le coup de massue
qu'il a reçu et surtout son devenir post ben Laden. Le cas
échéant cette section gravitera sur l'arrivée de Zawiri et
l'avenir du réseau Al-Qaïda, Le rejet d'Al-Qaïda par les
musulmans et l'avenir d'Al-Qaïda post ben Laden.
§1. L'arrivée de Zawiri et l'avenir du
réseau Al-Qaïda
Al-Qaïda a un nouveau chef. L'Égyptien Ayman
al-Zawahiri, 60 ans, succède à Oussama Ben Laden,
tué
début mai par un commando américain au Pakistan, selon la
chaine de télévision Al-Arabiya qui a reçu un
communiqué de l'organisation terroriste.
Dans ce communiqué, Al-Qaïda s'est engagé
à poursuivre, sous la direction de son nouveau chef, «le jihad
contre les apostats qui agressent la terre d'islam, et à leur tête
l'Amérique croisée et son acolyte Israël».
Le nouveau patron d'Al-Qaïda n'a pas le charisme
d'Oussama Ben Laden. Sombre intellectuel à grosses lunettes, Ayman
al-Zawahiri semble traîner le poids de sa faute. Arrêté
après l'assassinat du président égyptien Anouar el-Sadate
en 1982, condamné à trois ans de prison, il a subi la torture et
l'humiliation dans les geôles de Hosni Moubarak. Et il a parlé. Il
a dénoncé son mentor et ami Issam el-Qamari, qui sera
arrêté.
Al-Zawahiri est alors l'un des dirigeants du Djihad
égyptien, fusion de plusieurs groupes, dont le sien. Ce fils de notable
cultivé était d'abord passé par les Frères
musulmans avant de s'engager dans une idéologie plus radicale. Lors du
procès de l'assassinat de Sadate, il s'affirme comme un leader. Son
discours véhément, clamé du box, reste dans les
mémoires : «Nous sommes le vrai front islamique contre le
sionisme, le communisme et l'impérialisme ! Nous avons subi des
traitements inhumains ! Nous n'oublierons jamais !» 139(*)
Dès sa libération, il quitte
définitivement son pays pour se rendre au Pakistan, où il rejoint
un jeune et riche Saoudien, Oussama Ben Laden, qui a fondé un
«bureau» d'aide aux combattants afghans antisoviétiques,
précurseur d'Al-Qaïda. Ayman al-Zawahiri place ses hommes dans
l'entourage de Ben Laden. Il va probablement jusqu'à éliminer le
précédent mentor du chef islamiste, le Jordanien Abdallah Azzam,
tué dans un attentat à la voiture piégée. Un
attentat raté contre Hosni Moubarak en 1995. C'est surtout l'argent
de Ben Laden qui intéresse al-Zawahiri. À l'époque, il
cherche un financement pour poursuivre la lutte contre le pouvoir
égyptien, qui reste son principal objectif. Ben Laden ne l'entend pas
ainsi. Il prêche un djihad mondial centré sur les
États-Unis. Mais c'est toujours l'Égypte qui préoccupe
al-Zawahiri quand il suit Ben Laden au Soudan, en 1992. De Khartoum, il
organise des attentats contre le pouvoir égyptien, dont celui,
raté, contre Moubarak lors d'une visite en Éthiopie en 1995,
ourdi en collaboration avec le Groupe islamique égyptien. Il quitte le
Soudan en 1996 avec Ben Laden, mais ne le suit pas en Afghanistan. Toujours
obsédé par le projet d'un régime islamique en
Égypte, al-Zawahiri parcourt le monde, de l'Europe à
l'Indonésie, pour lever des fonds supplémentaires. Il
échoue et rejoint alors Ben Laden en Afghanistan. Où il
opère un changement radical. Il se rallie à la guerre sainte
mondiale du Saoudien. Il signe avec lui, le 26 février 1998, le
manifeste d'Al-Qaïda, annonçant la création du «Front
islamique mondial contre les Juifs et les Croisés». Ayman
al-Zawahiri devient alors l'idéologue d'Al-Qaïda et l'un des
principaux organisateurs de ses attentats.
Il publie en 2001 un livre programme, Cavaliers sous
l'étendard du Prophète, où il prône la violence et
s'en prend aux islamistes réformistes, principalement les Frères
musulmans. Il affirme que le pouvoir n'appartient qu'à Dieu. Ayman
al-Zawahiri devient alors le double plus terne mais plus présent
d'Oussama Ben Laden. C'est lui qui menace la France, traite Obama de
«nègre domestique» ou dénonce l'action de l'Otan en
Libye. On ne sait pas très bien où il se trouvait ces derniers
mois ni s'il pourra garder la même influence que Ben Laden sur les
«franchisés» d'Al-Qaïda, au Maghreb, en Irak ou dans la
péninsule arabique.140(*)
Un ancien d'Al-Qaïda lui avait prédit début
mai un avenir à la tête de la nébuleuse islamiste. En
Jordanie, Houthayfa Azzam a annoncé qu'al-Zawahiri allait «mener
des opérations de vengeance.» Selon lui, c'est al-Zawahiri qui
était devenu le véritable patron depuis plusieurs années.
«Al-Qaïda était tombée dans la main de fer d'Ayman
al-Zawahiri», a-t-il déclaré ; ces propos, il est vrai,
doivent être pris avec précaution. Houthayfa Azzam n'est autre que
le fils d'Abdallah Azzam, le premier maître à penser d'Oussama Ben
Laden. L'homme qu'Ayman al-Zawahiri avait dénoncé comme un
«agent de la CIA» avant la mort d'Azzam dans un mystérieux
attentat.141(*)
§2. Le rejet d'Al-Qaïda par les musulmans
Outre les problématiques structurelles et
organisationnelles actuelles, Al-Qaïda rencontre aussi opposition de
taille dans son propre camp, ce qui ne contribue qu'à enclaver un peu
plus l'organisation dans l'impasse que nous lui connaissons. Les
principales, les plus nombreuses et les premières victimes du mouvement
restent les musulmans. Que le groupe islamiste soit parmi les organisations
terroristes les plus traquées, diabolisées et rejetées par
l'occident, cela peut se comprendre. Mais là où Al-Qaïda
diffère d'autres groupuscules islamistes (Hamas ou Hezbollah), c'est
qu'elle est aujourd'hui en grande partie rejetée par les populations
musulmanes du Moyen-Orient et du Maghreb. Non pas que le Hamas ou Hezbollah
soient plus intégrés dans l'esprit des musulmans (le nombre de
victimes musulmanes est tout aussi patent), mais ces derniers proposent une
dimension nationaliste. Thème fondamental dans une région en
perpétuelle mutation qui séduit un plus large panel de
volontaires.
Pour Jean-Pierre Filiu, l'hermétisme des
sociétés musulmanes face à ce qu'elles perçoivent
comme un détournement de l'Islam et de ses valeurs a acculé
Al-Qaïda dans son impasse stratégique actuelle. La vision
sélective, et donc mensongère, de l'Islam vu par l'organisation,
et sa lecture sélective du texte sacrée, font que le groupe,
déjà en guerre contre l'occident, est aussi en guerre contre
l'Islam réel tel est pratiqué par 1.5 milliards de personnes. Une
fatwa contre le terrorisme et les attentats suicides est même sur le
point d'être publié à Londres par le Dr Tahir Al-Qadri,
érudit soufiste et influant spécialiste de la loi islamique. Son
avis juridique de 600 pages rappel que l'Islam interdit le massacre de citoyens
innocents et les attentats suicides, tout en discréditant
l'idéologie violente du groupe Al-Qaïda.
Ainsi l'organisation terroriste a renforcé son ennemi
beaucoup plus qu'il n'a aidé la cause du peuple musulman, en offrant la
vitrine d'un Islam radicalisé justifiant le bienfondé de toute
intervention armée étrangère. Cet ennemi, ancien
allié tant que le groupe islamiste s'occupait de la lutte utile contre
le communisme, lui a d'ailleurs bien rendu en l'hypertrophiant, le sacralisant.
L'erreur, ou la prouesse, ultime de l'occident en lutte contre Al-Qaïda,
fut d'associer le chiite religieux Ben Laden au sunnite laïque Saddam
Hussein. Le tout associé à quelques armes imaginaires permit
à la coalition américaine de retourner se dégourdir en
Irak creusant l'incompréhension entre les deux.142(*)
§3. L'avenir d'Al-Qaïda
Le 29 Janvier 2009 lors d'un entretien au Sénat, Alain
Chouet, ancien directeur du service de sécurité de la DGSE
affirmait qu'Al-Qaïda était « morte sur le plan
opérationnel ». Sur les 400 membres actifs en 2001, moins d'une
cinquantaine ont réussi à s'échapper dans des zones
reculées, avec des conditions de vies précaires et des moyens de
communication incertains. Cela offre un dispositif insuffisant pour coordonner
à l'échelle planétaire un réseau de violence
politique. Aucun des terroristes post 11 septembre qui ont agit dans les
attentats de Madrid, Londres et autres, n'auraient eu de contact avec le noyau
de l'organisation. Quand aux revendications de Ben Laden ou Zawahiri elles
n'impliquent aucunes liaisons fonctionnelles et opérationnelles entre
ces terroristes et les « vestiges » de l'organisation.
Toutefois, à force de l'invoquer en permanence, le
mouvement qui ne serait pourtant plus qu'un cadavre s'est vu sacralisé.
C'est dans cette ligne de pensée que nous l'avons qualifié
d'organisation « hyper » terroriste, non pas en rapport avec sa
puissance mais parce quelle s'est attaquée à l'hyper puissance
américaine. Cette obstination à invoquer l'organisation
mythique Al-Qaïda aura eu au moins deux effets pervers:
Premièrement, tout contestataire violent dans le monde musulman, quel
que soit ses motivations, a rapidement compris qu'il devait se réclamer
d'Al-Qaïda s'il voulait être pris au sérieux, entourer son
action d'une légitimité reconnue par les autres et ainsi lui
donner un retentissement international.
Deuxièmement, tout les régimes du monde
musulman, vertueux ou non, ont compris que leur intérêt
était de faire passer leurs opposants pour des membres d'Al-Qaïda
s'ils voulaient pouvoir les réprimer en toute tranquillité, si
possible avec l'assistance des occidentaux. D'où une
prolifération d'Al-Qaïda soit disant auto proclamé (au
Pakistan, au Yémen, en Somalie, au Maghreb...)143(*)
Le résultat de cette dialectique est évidement
le renforcement du mythe d'une organisation omniprésente, tapie
derrière chaque musulman, prête à l'instrumentaliser pour
frapper l'occident en général, et les États-Unis en
particulier. Vision qui génère, en autre, des ripostes totalement
inadaptées. En désignant Al-Qaïda comme l'ennemi
permanent contre lequel il faut mener une croisade militaire et
sécuritaire totalement inadaptée à sa forme réelle,
les dégâts collatéraux sont non seulement patents comme on
peut le constater au quotidien en Irak, Afghanistan, Somalie, mais
l'efficacité laisse aussi à désirer. Sans oublier que ce
cycle de violence indéfini a alimenté le vivier des volontaires
malgré une base opérationnellement affaiblie, d'où la
mutation d'une organisation centralisée à une organisation de
réseaux.
D'après Monsieur Chouet, Al-Qaïda serait morte
entre 2002 et 2004. Mais avant de mourir elle a été
engrossée par les erreurs stratégiques de l'occident et les
calculs de certains pays Islamistes. La question est désormais de savoir
si nous referons les mêmes erreurs avec ces nouveaux groupuscules en
alimentant un cycle indéfini de violence ou si, comme laisse à le
suggérer les thèses de M. Filiu, nous laisserons ces reliquats se
désintégrer seuls.144(*)
Alors que depuis neuf ans, l'occident frappe sans grand
discernement en Irak, en Afghanistan, dans les zones tribales du Pakistan, en
Somalie, et bien sûr en Palestine; nous nous proposons maintenant
d'intervenir au Yémen et pourquoi pas en Iran. Pourtant, aux yeux des
musulmans, comme des occidentaux, Ben Laden court toujours au nez de la plus
puissante armée du monde tandis que le régime Islamiste d'Arabie
saoudite reste sous la protection absolue de l'Amérique. Les erreurs
stratégiques de la coalition occidentale ont de plus alimentées
depuis des années un vivier de volontaires qui, additionné
à l'affaiblissement progressif de ses dirigeants, a engendré une
mutation structurelle du groupe terroriste. L'Al-Qaïda centrale -
Al-Qaïda al Oum - que nous connaissions n'est aujourd'hui plus qu'un
vestige. Elle a toute fois su influencer des groupes plus jeunes et plus
violent comme Al-Qaïda au Maghreb Islamique (proclamé en 2007) qui
s'étend désormais à la région du Sahel.
L'affaiblissement indéniable de la Base semble marquer
l'avènement d'un djihadistes sans leader.
Ayman al-Zawahiri, le nouveau chef d'Al-Qaïda depuis la
mort d'Oussama ben Laden, a hérité d'une organisation assaillie
de toutes parts. Lui et les autres dirigeants du réseau doivent redouter
de connaître
le même sort que Ben
Laden. Pire encore, ses excès valent à Al-Qaïda
d'être condamnée dans les cercles islamistes, et elle risque
d'être mise sur la touche dans le contexte du Printemps arabe. Pourtant,
Al-Qaïda est aussi le groupe terroriste le plus célèbre du
monde, et ses membres restent forts. Quelles sont ses perspectives d'avenir?
Le défi le plus immédiat que
Zawahiri doit relever est interne. S'il est depuis longtemps reconnu comme
le poulain de Ben Laden et qu'Al-Qaïda dans la péninsule arabique
(AQPA)
s'est
engagée à lui être loyal, unifier la très
fissipare communauté djihadiste est une tâche ardue. Zawahiri n'a
pas le charisme de Ben Laden, et c'est une personnalité qui divise
l'opinion.
Il est particulièrement difficile d'atteindre
unité et coopération quand une pluie de missiles de drones
américains complique tout rassemblement ou même communication
entre dirigeants terroristes.
Zawahiri doit aussi affronter les séismes politiques
qui secouent le Moyen-Orient. Les événements en Tunisie, en
Égypte, au Yémen, en Libye et dans d'autres pays mettent en
question le message d'Al-Qaïda selon lequel seule la violence
anti-américaine peut apporter le changement à la
région.145(*)
Par ailleurs, par rapport aux questions financières Ben
Laden ne finançait plus Al-Qaïda depuis 2002. Tous ses avoirs ont
été gelés, toutes les transactions financières de
tout son clan et de tous les gens proches de lui ont été
scrutés. Donc on peut
dire
que le coup dur aux finances d'Al-Qaïda a déjà
été porté il y a huit ans, ce n'est pas nouveau.146(*)
Conclusion
Après les différentes considérations
développées durant ce chapitre, nous avons pu découvrir
les corolaires stratégiques qu'on a eu à observer après le
trépas de ben Laden, la politique américaine vis-à-vis du
moyen post Ben Laden. Nous avons eu à monter comment le raid
américain sur le sol pakistanais mina quelque peu la
coopération-américano pakistanaise post Ben Laden.
En effet, suite à l'avancée sécuritaire
réalisée par OBAMA en tuant le chef Al-Qaïda, nous avons
remarqué une politique nouvelle confectionnée par
l'administration OBAMA fondée sur une politique digitale et une option
des drones.
CONCLUSION
De manière abrégée, nous retiendrons que
l'avenir du réseau Al-Qaïda post ben Laden a été la
toile de fond de nos cogitations durant nos investigations scientifiques.
En effet, après maintes recherches, nous avons pu
considérer qu'Al-Qaïda est face à un avenir incertain. Les
soubresauts insurrectionnels dans le monde arabe et la mort d'Oussama Ben
Laden laissent présager un nouvel affaiblissement de l'organisme
terroriste. Beaucoup dépend cependant du déroulement
ultérieur des révoltes et révolutions en Afrique du Nord
et au Proche-Orient.
Soulignons en effet, que nous avons fragmenté ces
argumentaires en quatre chapitres. Le premier a servi d'un cadre nous
permettant d'éplucher les contours du terrorisme international, le
deuxième pour sa part nous a permis de faire l'esquisse des
considérations internes et externe touchant au réseau
Al-Qaïda, le troisième chapitre nous a pareillement permis
d'épiloguer sur la mort de l'emblématique leader d'Al-Qaïda,
dans le quatrième chapitre enfin, nous avons soulevé une
perspective sur l'avenir du réseau après le trépas de ben
Laden sans oublier les différents problèmes qui l'assaillent.
De ce fait, remarquons que l'assassinat de Ben Laden par une
unité spéciale américaine le 2 mai 2011 ne doit pas non
plus forcément se solder par un affaiblissement décisif
d'Al-Qaïda comme on largue de temps à autre. Il n'y a certes aucun
doute que sa mort représente un coup dur pour Al-Qaïda. Ben Laden a
été pendant plus de deux décennies le chef
incontesté de l'organisme, qu'il avait créé lui-même
en 1988. Il a défini les objectifs stratégiques d'Al-Qaïda,
garanti la justification religieuse de sa tactique violente, fait en sorte
qu'elle puisse continuer à se développer et a dirigé en
personne quelques-uns de ses attentats les plus dévastateurs. Même
pendant les dernières années, Ben Laden semble avoir
été beaucoup plus impliqué dans la planification des
opérations du réseau central que ne le soupçonnaient
beaucoup d'experts en terrorisme.
L'avenir d'Al-Qaïda est également incertain parce
que les querelles intestines et les luttes entre les différents courants
au sein de l'organisme pourraient s'intensifier après la mort de Ben
Laden. Sans l'autorité et le charisme de Ben Laden, Al-Qaïda sera
considérablement plus difficile à diriger à l'avenir. A
cela vient s'ajouter l'évidence démoralisante pour les membres
d'Al-Qaïda que les Etats-Unis continuent à ne reculer devant aucune
dépense pour combattre l'organisme et ses cadres. L'administration Obama
a en effet annoncé fin juin 2011 vouloir démanteler l'ensemble de
la direction d'Al-Qaïda dans les années à venir.
Il ne faut cependant pas surestimer l'importance de Ben Laden
pour l'Al-Qaïda actuelle. Comme elle l'a elle-même souligné
dans sa prise de position par rapport à la mort de ce dernier, «le
cheik Oussama n'a pas construit une organisation qui puisse disparaître
avec lui ». D'autres figures dirigeantes importantes d'Al-Qaïda et de
ses alliés, comme Az-Zawahiri, Abu Yahya Al-Libi, Nasier Al-Wihayschi et
Anwar Al-Awlaqi, continueront de répandre le message de Ben Laden et
l'idéologie d'Al-Qaïda. En nommant rapidement son nouveau chef,
Az-Zawahiri, Al-Qaïda a prouvé sa capacité d'agir. S'ajoute
à cela le fait que les alliés régionaux d'Al-Qaïda au
Yémen, en Irak, en Afrique du Nord et en Somalie ont déjà,
ces dernières années, agi dans une large mesure
indépendamment du réseau central. Ils planifieront aussi des
attentats terroristes sans Ben Laden.
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17. news.com.au.
TABLE DES MATIERES
EPIGRAPHE......................................................................................................................................................I
IN
MEMORIAM................................................................................................................................................II
DEDICACE.......................................................................................................................................................III
AVANT
PROPOS..........................................................................................................................................IV
INTRODUCTION
1
1. Problématique et
hypothèse
1
a. Problématique
1
b. hypothèse du travail
5
2. Choix et Internet du sujet
6
a. Choix du sujet
6
b. Intérêt du sujet
6
3. Object d'étude
7
4. Méthodes et techniques
7
5. Délimitation spatio
temporelle
8
a) délimitation spatiale
8
b) Délimitation temporelle
8
6. Subdivision du travail
9
CHAPITRE I : LE TERRORISME INTERNATIONAL
10
SECTION I : LE TERRORISME
10
§1. Approches définitionnelles
10
1.1.1. Le terrorisme sous sa forme
moderne.
10
1.1.2. Le terrorisme d'après-guerre.
11
§2. Approches typologiques
12
§3. Les causes du terrorisme
16
SECTION II : LE TERRORISME ET LA GUERRE
ASYMETRIQUE
18
§1. La guerre asymétrique
quid ?
18
§2. Fonctionnement de la guerre
asymétrique
19
§3. Enjeux actuels de la guerre
asymétrique
20
SECTION III. LE TERRORISME ET LES RELATIONS
INTERNATIONALES
23
§1. La guerre au terrorisme : guerre
longue, guerre sans fin
23
§2. Les conventions relatives au
terrorisme
26
§3. Le 11 septembre 2001 : La remise
en cause de l'uni polarité
29
Conclusion
33
CHAPITRE II : LE RESEAU AL-QAÏDA
34
SECTION I : GENESE DU RESEAU
34
§1. De la guerre contre l'armée
rouge à la guerre civile
34
§2. La lutte contre les envahisseurs de
l'Arabie Saoudite
35
§3. L'islam contre la décadence des
judéo-croisés
36
SECTION II : ORGANISATION
37
§1.Recrutement organisé
37
SECTION III : STRATEGIE DE LA TERREUR
45
§1. Les stratégies
45
§2. Le fondamentalisme
47
§3. Objectifs
50
Conclusion
52
CHAPITRE III : LA MORT DE BEN LADEN
53
SECTION I: OUSSAMA BEN LADEN
53
§1. Biographie
53
§2. Motivations
68
§3. Patrimoine financier
68
SECTION II : LA MORT DE BEN LADEN
69
§1. Les circonstances de la mort de Ben
Laden
69
§2. Les réactions internationales
après la mort de ben Laden
71
§3. Les conséquences
stratégiques de la mort de ben Laden
73
SECTION III : L'ADMINISTRATION OBAMA ET LA
MORT DE BEN LADEN
75
§1. Le raid américain contre Ben
Laden
76
§2. La mort de Ben Laden : un
succès diplomatique de Barack Obama
78
§3. L'implication pakistanaise dans la mort de
Ben Laden
79
§4. L'administration Obama dans la gestion du
corps de Ben Laden et la diffusion des images de sa dépouille
mortelle
81
Conclusion
82
CHAPITRE IV : L'AVENIR D'Al-Qaïda POST
BEN LADEN
83
SECTION I : LA POLITIQUE AMERICAINE AU MOYEN
ORIENT APRES LA MORT DE BEN LADEN
83
§1. La diplomatie américaine à
l'égard du monde musulman après Ben Laden
83
§2. La projection militaire post Ben Laden au
moyen orient
84
§3. Les relations américano
pakistanaise après la mort de Ben Laden
87
SECTION II : LA NOUVELLE STRATEGIE AMERICAINE
DE LUTTE CONTRE LE TERRORISME APRES LA MORT DE BEN LADEN
88
§1. Une Lutte de propagande sur Internet
88
§2. Les drones d'Obama
90
SECTION III : LE RESEAU AL-QUAIDA :
PROBLEMES ET PERSPECTIVES
93
§1. L'arrivée de Zawiri et l'avenir du
réseau Al-Qaïda
93
§2. Le rejet d'Al-Qaïda par les
musulmans
95
§3. L'avenir d'Al-Qaïda
97
Conclusion
100
CONCLUSION
101
BIBLIOGRAPHIE
103
TABLE DES MATIERES
106
* 1
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* 6 GUILHAUDIS J.F,
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* 7«
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* 12 NSABUA T..,
Séminaire de méthodologie de recherche scientifique en
relations internationales, UNILU, Sciences sociales, 2010-2011, P.34
* 13 PINTO, R. et
GRAWITZ, M., Ibidem
* 14 Voir le
coran, surates : Alma-ida, versets : 27- 31
* 15 Coolsac
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* 22
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* 23 Idem
* 24 JANATI
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* 25 Mahdi El
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* 54
« Le réseau Al-Qaeda dans le monde »
art.cit
* 55
ROY O,
op.cit., P.14
* 56
« Le réseau Al-Qaeda dans le monde » art.cit
* 57
« Le réseau Al-Qaeda dans le monde »
art.cit
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* 63 GUIDERE, M.,
op.cit. , P.8
* 64 RODIER A.,
op.cit., P.15
* 65 Idem
* 66
« Le terrorisme » art.cit
* 67 Idem
* 68 Ibidem
* 69
LABEVIERE,R. Les coulisses de la terreur, SL, Grasset,
2003, P.25
* 70
« Le terrorisme » art.cit
* 71 « Le
réseau Al-Qaeda dans le monde » art.cit
* 72 Idem
* 73
NAFEEZ
MOSADDEQ A., « La Guerre contre la
vérité », Ed. Demi-lune, 2006, p. 48-78
* 74
NAFEEZ
MOSADDEQ A., artcit, p. 78
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