REGARD DES ACTEURS DE
TERRAIN SUR LES
CONDUITES
ADDICTIVES
DES JEUNES
Représentations sociales, pensée
sociale
et logiques d'accompagnement
Sous la direction de
M. LO MONACO Grégory
Marise Miraglia-Delmas « Dialogue
»
BOUSSOCO Julie
N° étudiant : 20802570
Master
II Psychologie Sociale de la Santé
Année 2011-2012
M.
APOSTOLIDIS - M. DANY
Laboratoire de Psychologie Sociale Association Tremplin
Université de Provence Tremplin de Docs
29, Avenue Robert Schuman 60 bvd du Roy René
13621 Aix en Provence Cedex 1 13100 Aix en Provence
« L'humanité s'installe dans la monoculture
;
elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la
betterave.
Son ordinaire ne comportera plus que ce plat.
»
(Claude Levi-Strauss, 1955)
Remerciements
Je tiens à remercier :
· Les acteurs locaux pour leur accueil et leur
participation aux entretiens.
· Nos référents de mémoire, Mr
Grégory Lo Monaco et Mr Lionel Dany pour leur écoute, leur
disponibilité et leurs conseils.
· Mes référentes de stage, Mme Aurore
Borras et Mme Brigitte Buffard, et également Mlle Sabrina Saïad,
pour leur investissement et leur intérêt porté à
cette recherche. Mais aussi pour leur écoute, leur attention et leur
éclairage professionnel.
· Nos professeurs, pour leur éclairage
théorique et méthodologique.
· Mr Serge Mori, pour son apport clinique et sa
supervision.
· L'ensemble de la promo M2 psychologie sociale de la
santé pour son entraide et son soutien mutuel.
· Et dans le désordre, Marie, Leslie,
Jérôme, Éva, Aude, Aurore, Mathias, Clément, Stef...
et d'autres encore, tout autant pour leur soutien que pour le temps
consacré à relire ce mémoire.
Sommaire
INTRODUCTION 6
CONTEXTUALISATION DE LA RECHERCHE 7
1. QU'EST-CE QU'UN JEUNE ? UN OU PLUSIEURS JEUNES ? 7
2. QU'EST-CE QU'UNE CONDUITE ADDICTIVE ? 8
4 De la toxicomanie aux conduites addictives 8
4 Prises de risques, conduites à risque, et conduites
addictives... Une question d'usages 8
3. QUELS SONT LES CHIFFRES DES CONDUITES ADDICTIVES DES JEUNES ?
10
4 Des consommations de substances psychoactives en
région PACA, proches des
moyennes nationales. 10
4 Des usages différenciés selon les jeunes
10
4 Les addictions sans produit 11
4. QUI INTERVIENT SUR LES CONDUITES ADDICTIVES DES JEUNES ?
12
4 Jeunes, politiques publiques et prise en charge locale
12
4 Acteurs locaux publiques identifiés dans
l'accompagnement des conduites addicitves
des jeunes et leurs missions 13
5. QUELS TRAVAUX NOUS ÉCLAIRENT SUR LES CONDUITES
ADDICTIVES DES JEUNES ? 14
5.1 Facteurs centrés sur l'interaction jeune/conduite
addictive : déni du risque ; Ordalie 15 5.2 Facteurs
centrés sur l'interaction jeune/autrui : formation de l'identité
; choix
rationnels ; recherche d'espaces transitionnels 15
5.2 Facteurs centrés sur les normes sociales, la
culture : normes et déviances 17
4 Médicalisation de l'existence, normes sanitaires et
déviance 18
4 Conduite addictives, de la déviance primaire à la
déviance secondaire 19
4 Le « travail social » et la prévention comme
instances du contrôle social ? 20
4 Théories sociologiques de la transgression 21
4 Une
conduite pas si déviante que ça... une question de regard sur la
déviance et sur le
risque 22
6. L'APPROCHE DES REPRÉSENTATIONS SOCIALES 23
6. 1 Représentations sociales et conduites addicitves
23
6. 1 Les conduites addictives, un objet de
représentations sociales pour les acteurs de terrain 25
PROBLEMATIQUE ET STRATEGIE GENERALE DE RECHERCHE
27
METHODE 29
1. TRIANGULATION 29
2. PARTICIPANTS 29
4 PLAN D'OBSERVATION : 29
4 Plan d'échantillonnage : 29
4 Population : 29
3. MATÉRIEL 30
4 Techniques choisies : 30
4 Élaboration des outils : Guide d'entretien semi directif
30
4. PROCÉDURE 30
5. ÉTHIQUE ET DÉONTOLOGIE 32
RESULTATS 33
1. L'ANALYSE THÉMATIQUE DESCRIPTIVE 33
1.1. Éléments de représentation de
l'addiction 33
1.2. Éléments sur la représentation des
jeunes 35
1.3. Éléments de représentation du
contexte associé à l'addiction 36
1.4. Éléments de représentation des
consommations 39
1.5. Éléments de la pratique professionnelle
41
1.6. Éléments sur l'orientation 43
1.7. Éléments sur le positionnement des parents
44
1.8. Éléments sur les Attentes 44
2. ANALYSE STRUCTURALE GÉNÉRALE 47
2.1. Lien entre les différents éléments
de la représentation de jeunes et addictions 47
2.1. Lien entre les différents éléments
de la représentation de jeunes et addictions et la pratique des
professionnels 48
3. IMPLICATION DES CARACTÉRISTIQUES
SOCIODÉMOGRAPHIQUES 51
3.1. Catégorie 1 : Les professionnels acteurs de
prévention 51
3.2. Catégorie 2 : Les professionnels relais
51
3.2. Catégorie 3 : Les professionnels de
l'accompagnement 52
DISCUSSION 53
1. RÉSUMÉ DES RÉSULTATS 53
2. RÉSULTATS FACE AUX HYPOTHÈSES 54
3. DISCUSSION DES RÉSULTATS 54
LIMITES ET PERSPECTIVES 57
PRECONISATIONS 59
1. FORMES D'APPROCHES 59
1.1. Travailler sur les représentations sociales des
professionnels et des parents 59
1.2. Créer du lien social 59
1.3. Approche communautaire et holistique 59
2. MODALITÉS PRATIQUES 60
2.1. Rendre les informations claires et accessibles
60
2.2. Former, informer sur les addictions 60
2.3. Dégager du temps et des moyens 60
2.4. Donner des expériences à vivre aux jeunes
61
2.5. Organiser des temps de rencontres mixtes 61
3. POURSUIVRE LA RECHERCHE 61
BIBLIOGRAPHIE 62
GLOSSAIRE 67
ANNEXES 68
Annexe 1 : Cahier des charges projet 69
Annexe 2 : Organisation des acteurs de la prise en charge
santé locale 73
Annexe 3 : Fiche signalétique 76
Annexe 4 : Caractéristiques de notre échantillon
76
Annexe 5 : Guides d'entretien 78
Annexe 6 : Épidémiologie des usages
problématiques des nouvelles technologies 79
Annexe 7 : Analyse thématique de l'ensemble des entretiens
80
Annexe 8 : Exemple de schémas individuels d'organisation
du lien représentation sociale/pratique. 107
RESUME 110
Introduction
Ce mémoire répond à une demande de
diagnostic pour l'Atelier Santé Ville (ASV) d'Aix en Provence. Les ASV
ont pour but de réduire les inégalités sociales de
santé à un niveau local. Selon Joubert, Chauvin et Richard
(2010), les diagnostics locaux sont l'un des outils clés des ASV. Ils
servent à explorer des facteurs de vulnérabilité de la
population (ici les jeunes) et les facteurs facilitateurs. Cette année,
la thématique « addictions » précédemment
gérée de façon indépendante, est ajoutée au
champ d'intervention de l'ASV. Il est donc nécessaire de recueillir des
données locales. La demande de diagnostic est intégrée au
cadre de l'action RAAP (Réseau Adultes-Acteurs de Prévention des
conduites à risque des jeunes) du Contrat Urbain de Cohésion
Sociale de la ville d'Aix en Provence, menée par le PAEJ et TREMPLIN
(Annexe 1). Ainsi, le diagnostic portera sur la thématique « jeunes
et addictions », en consultant les acteurs de proximité en charge
de la population jeune du territoire sur leurs représentations de la
situation, leurs besoins et attentes en terme de prévention des
conduites à risque. L'accent étant particulièrement mis
sur les comportements addictifs : alcool, tabac, substances illicites et
addictions « sans produits » (jeux, nouvelles technologies).
Nous proposons donc de répondre à cette demande
en nous appuyant sur des théories de la psychologie sociale de la
santé. Selon Morin et Apostolidis (2002, p.465), « La Psychologie
Sociale de la Santé propose un ensemble de savoirs dans le domaine de la
santé et de la maladie s'appuyant à la fois sur les outils
théoriques et méthodologiques de la Psychologie (Psychologie
Sociale, Psychologie de la Santé, Psychologie Clinique) et sur les
approches des Sciences Sociales (Épidémiologie, Sociologie,
Économie, Anthropologie, ...). Elle est centrée sur
l'étude et la résolution des problèmes de santé
dans les différents contextes sociaux et culturels dans lesquels ils se
manifestent. »
Nous nous sommes donc appuyés méthodologiquement
sur la triangulation et sur une approche psychosociale des conduites addictives
des jeunes. Grâce à ces concepts, nous nous proposons d'apporter
un éclairage sur l'approche des professionnels au sujet des conduites
addictives des jeunes sur le territoire Aixois.
Contextualisation de la recherche
1. Qu'est-ce qu'un jeune ? Un ou plusieurs jeunes ?
C'est entre la fin XIXe et le début du XXe
siècle, avec le développement de l'enseignement secondaire, que
l'on a vu apparaître, chez les jeunes de milieux aisés, une
période de transition entre l'enfance et l'âge adulte. Naît
la notion d'adolescence. Cette période de transition va ensuite,
après la seconde guerre mondiale, se répandre progressivement,
avec la massification de l'enseignement, à l'ensemble des couches
sociales. Dans son appréhension, l'adolescent est alors
psychologisé, marginalisé. En effet, limitées à cet
aspect pubertaire, les études du XIXe siècle sur l'adolescence se
sont attelées à déceler les « troubles causés
par la puberté » (goût du viol, agitateur politique, etc.)
afin d'essayer d'y remédier. L'approche psychologique de la
première moitié du XXe siècle va continuer dans cette
direction en focalisant sur la « crise d'adolescence », ou
« crise d'originalité juvénile » (Hall, 1905
& Debesse, 1941, cités par Evart-Chmielnski, 1958, p.419). Dans
l'entre deux guerres, avec Parsons (1942 cité par Galland, 2002),
naît la sociologie de la jeunesse aux États-Unis
et il faut attendre la fin des années 60 pour que cette
appréhension réductrice de « période de crise »,
soit remise en question. Avec Edgar Morin, (1962, 1965, cité par
Galland, 2011) la jeunesse est appréhendée sous un angle
culturaliste : la jeunesse comme sous-culture. Puis, en 1980, Bourdieu, propose
une vision idéologique : « la jeunesse n'est qu'un mot. »
(p.143). La catégorie jeunesse est analysée comme l'enjeu et le
résultat de luttes de pouvoir et de classement entre les
générations. Mais les visions fonctionnalistes, culturalistes ou
idéologiques ne satisfont pas les nouveaux sociologues français
qui, comme Galland (2011), proposent de définir la jeunesse autrement.
En effet, la jeunesse est souvent abordée selon des tranches d'âge
(Le garrec, 2002). Ainsi, d'après la psychologie, les sciences de
l'éducation et les enquêtes de santé publique, la jeunesse
peut être plus ou moins découpée en trois âges, selon
trois critères : préadolescence (vers 11 ans, capacités
à raisonner ), adolescence (vers 15 ans, évolutions
physiologiques) et post-adolescence (vers 25 ans, indépendance
assumée). Pour Galland (2011), la jeunesse serait un passage entre un
âge et un autre, comme un « temps » dans le cycle de vie.
Percevoir la jeunesse comme ce moment de transition entre la période
d'identification aux parents (l'enfance) et celle où
les individus ont construit leur propre identité et
leurs propres normes (l'adulte), implique pour la sociologie de la jeunesse
d'en faire un « processus de socialisation » et non
plus une simple « catégorie ». Cette approche est
critiquée par les tenants d'une approche « identitaire » de la
jeunesse, tel De Singly (2000).
2. Qu'est-ce qu'une conduite addictive ?
4 De la toxicomanie aux conduites
addictives
La « toxicomanie », les « dépendances
», puis les « usages de drogues », ont d'abord
été
considérés comme un « fléau social
» (Vaille & Stern, 1955, cités par Beck, 2010, p.517), comme un
marqueur de marginalité sociale, de déviance. Mais, à
partir des années 1980, afin d'endiguer la propagation de
l'épidémie du SIDA, le phénomène a
été vu différemment, et une stratégie de
prévention et de santé publique a été mise en
place. La consommation de drogues a commencé à être
considérée comme une pathologie individuelle. La notion
d'addiction, apparaît à la fin des années 1980 dans le
monde médical et est largement reprise dans les politiques de
santé publique.
4 Prises de risques, conduites à risque, et
conduites addictives... Une question d'usages.
Avec l'application plus systématique du « paradigme
épidémiologique » (Peretti-watel,
2004, p.103) à l'étude des comportements humains
et la « médicalisation de l'existence » (Gori, 2006), on
assiste à la prolifération de la notion de
risque. Elle s'attache aussi bien aux grandes menaces
planétaires (destruction de la couche d'ozone, effet de serre...) qu'aux
comportements individuels qui ponctuent notre quotidien (tabagisme, conduite
automobile...). Derrière la prise de risque chez les jeunes, nous avons
une multitude de comportements dont « le trait commun consiste dans
l'exposition de soi à une probabilité non négligeable de
se blesser ou de mourir, de léser son avenir personnel ou de mettre sa
santé en péril. » (Jeffrey, Le Breton & Josy
Lévy, 2005, p.18). Cependant, ces comportements ne sont
pas listés une fois pour toutes et la liste s'allonge avec les nouvelles
données épidémiologiques. Ainsi,
dès qu'un facteur de risque découvert correspond à un
comportement, ce dernier devient une conduite à risque. Et, comme le
soulève Przygodzki-Lionet (2009), peu importe que l'individu ait ou non
le sentiment de prendre un risque, c'est à l'expert de déterminer
« objectivement » si sa conduite comporte ou non des
risques pour sa santé. Peretti-watel et Moatti (2009, p.18), parlent de
« mise en risque » du monde. Pour faire reculer
l'éventualité de la maladie, la mort, il devient
nécessaire de traquer le risque, quitte à stigmatiser ceux qui
transgressent « ce culte de la santé » (p.26) ; et ceci par le
biais la prévention.
Selon Dessez (2006), il faut différencier « Prises
de risques » et « Conduites à risque ». Il le fait selon
la fréquence des comportements. En effet, les «
prises de risques » seraient des comportements qui se
caractérisent par la mise en danger (de soi, de sa santé, de sa
vie, etc.). Les comportements d'essai ou d'expérimentation de substances
psychoactives font partie des prises de risques. Elles surviennent souvent dans
des « temps à côté » (Le garrec, 2002), les
temps de loisir à caractère festif ou amical,
quand se produisent des relâchements du contrôle social des
conduites et que de nouveaux rites individuels apparaissent. Tandis que «
Les conduites à risque » seraient des
comportements répétés de prises de risques qui
correspondent à une recherche de plaisir et au soulagement d'un malaise
intérieur. Elles se présentent sous des formes diverses qui sont
déterminées par les identités sexuées, les
contextes sociaux, les histoires de vie et les états psychopathologiques
: violences itératives, scarifications multiples, conduites suicidaires,
troubles des conduites alimentaires, addictions. Dany (2010), ajoute à
la prise de risques, la notion de perception consciente
(même si elle peut être inexacte) des probabilités non
souhaitées associées au comportement à risque ainsi qu'une
estimation de la gravité des évènements non
souhaités.
Les conduites addictives ont été définies
par Goodman, en 1990, comme « processus par lequel un comportement,
pouvant permettre à la fois une production de plaisir et écarter
ou atténuer une sensation de malaise interne, et employé d'une
façon caractérisée par l'impossibilité
répétée de contrôler ce comportement et sa
poursuite, en dépit de la connaissance de ses conséquences
négatives » (p.1403). Depuis quelques années on entend
parler de plus en plus d'addictions sans substances (mobiles,
consoles de jeux...), de cyberaddictions : par l'intermédiaire
d'Internet à travers les jeux d'argent en ligne, les jeux vidéo
massivement multijoueurs (World of Warcraft, Dofus...), les réseaux
sociaux (Facebook, Tweeter...). Les nouvelles technologies ont rejoint le banc
des conduites à risque. Notamment pour les risques de perturbation du
sommeil, d'isolement social et financiers... Ainsi, selon le Plan de prise en
charge et de prévention des addictions 2007-2011, la notion de conduite
addictive couvre aujourd'hui :
- Les conduites de consommation de substances psychoactives,
quelque soit le statut légal de la substance.
- Les addictions dites comportementales, ou addictions sans
drogues, qui correspondent à des comportements compulsifs, notamment le
workaholisme (les « accros » au travail), la dépendance aux
moyens de communication (Internet et e-mail, téléphone
portable...), le jeu pathologique...
La notion de conduite addictive s'inscrirait dans un continuum
de comportements d'usage. Ainsi, d'après les définitions de
l'Organisation mondiale de la santé (CIM 10) et de l'Association
américaine de psychiatrie (DSM IV), on distingue trois
catégories de Comportements d'usage : usage
simple (qui n'entraîne pas de dommages et peut être
expérimental, occasionnel ou régulier), l'usage
nocif/à risque (consommation qui implique, ou peut impliquer,
des dommages sanitaires, sociaux ou juridiques) et la
dépendance/conduite addictive
(comportement psychopathologique présentant des caractéristiques
biologiques, psychologiques et sociales ). Les principaux critères
contribuant à la définition de la dépendance sont le
désir compulsif de produit, la difficulté du contrôle de la
consommation, la prise de produit pour éviter le syndrome de sevrage, le
besoin d'augmenter les doses pour atteindre le même effet et la place
centrale prise par le produit dans la vie du consommateur.
3. Quels sont les chiffres des conduites addictives des
jeunes ?
4 Des consommations de substances psychoactives en
région PACA, proches des moyennes nationales.
Selon les derniers chiffres de l'État des lieux des
conduites addictives des jeunes (16-25
ans) en région PACA (CIRDD PACA, 2009, p.3),
(recueillis lors de la journée défense citoyenneté,
anciennement JAPD), les usages de substances psychoactives des jeunes de
Provence-Alpes-Côte d'Azur ne se distinguent pas fondamentalement de la
moyenne métropolitaine. Mais l'usage de substances illicites est
cependant plus diffusé en région qu'ailleurs.
Ainsi, concernant l'alcool, les jeunes
présentent une consommation de type occasionnelle, mais souvent
excessive et sont plus de 90% à l'avoir expérimenté
à 17 ans. En effet, les ivresses et les consommations abusives (plus de
5 verres en une occasion) ont beaucoup progressé ces dernières
années. La consommation de tabac des jeunes continue de
baisser, de façon plus importante en région qu'en National.
Néanmoins, encore 30% des jeunes de 17 ans sont en 2008 fumeurs
quotidiens. En 2005, plus de la moitié (53%) des jeunes de 17 ans de la
région a déjà fumé du cannabis et
12% en font un usage régulier, prévalence supérieure
à la moyenne nationale (respectivement 49% et 11%). Depuis 2002, la
consommation de cannabis s'est stabilisée, puis a fléchi, parfois
de façon prononcée. Enfin, la consommation des autres
substances psychoactives (essentiellement les drogues illicites) est
plus fréquente en région qu'en métropole ; et ce,
particulièrement pour certains produits : la cocaïne (deux fois
plus d'expérimentateurs en région qu'en moyenne : 4,6% vs 2,5%),
le poppers (7,5% vs 5,5%), l'ecstasy (4,7% vs 3,5%), les amphétamines
(3,1% vs 2,2%). Les expérimentations des drogues illicites ont tendance
à augmenter en France entre 2005 et 2008 et à se stabiliser en
région.
4 Des usages différenciés selon les
jeunes
Une analyse des modes de consommation permet de faire
émerger des profils d'usagers :
- Près d'un quart des jeunes de 17 ans ne consomme
aucune des principales drogues et 28% sont des usagers ponctuels. Ainsi,
plus de la moitié (52%) des jeunes présente une
consommation nulle ou exceptionnelle.
- Un tiers des jeunes a une consommation de type festif,
c'est-à-dire qu'ils utilisent des substances psychoactives plus
régulièrement que les ponctuels, mais dans le cadre de
sociabilités amicales.
- Enfin, 15% des jeunes ont un usage excessif ou «
à risque » des drogues.
Des déterminants sociaux permettent de rendre compte
des différences observées. Ainsi, les usages de substances
psychoactives sont significativement associés :
- Au parcours scolaire : les jeunes sortis du
système scolaire, qui ont redoublé ou qui sont dans certaines
filières professionnalisantes sont plus souvent des
expérimentateurs ou des usagers réguliers.
- À la situation familiale : nous
trouve des niveaux d'usage supérieurs chez les jeunes qui vivent dans un
contexte familial où le cadre parental est moins prégnant, comme
résidant en internat ou ceux dont les parents sont
séparés.
- À la sociabilité : plus les
jeunes passent du temps avec des amis, au domicile ou dans des
établissements privés (bar/pub/café), plus leurs niveaux
d'usage sont élevés.
- Au milieu social : les jeunes issus de
milieux favorisés présentent des niveaux d'usage
supérieurs à ceux de milieux plus modestes, en raison notamment
des ressources matérielles et financières des parents.
Ainsi, les jeunes en apprentissage, les
travailleurs saisonniers et les jeunes sans
emploi en situation d'insertion professionnelle présentent des
niveaux d'usage supérieurs aux jeunes du même âge.
Les étudiants sont au contraire
caractérisés par des niveaux d'usage légèrement
inférieurs à la moyenne de la tranche d'âge
considérée.
4 Les addictions sans produit
Selon Minotte (2010), elles entrent dans la catégorie
des addictions depuis les années quatre-vingt dix, « Nous pensons
notamment à Otto Fenichel et la notion de "toxicomanies sans drogues"
proposée dans la "Théorie psychanalytique des névroses"
(1949), ou à Stanton Peele et son observation des dépendances
affectives, ou encore à "l'addiction positive" de Glasser qu'il
développe au départ de l'observation de sportifs "accros"
à l'effort (1976). Ces auteurs ont eu le mérite de faire
évoluer la représentation classique des toxicomanies,
centrées sur les produits et leurs propriétés
"addictogènes", vers une approche centrée sur les conduites du
sujet ». (p.42). Cependant, pour Tisseron et Gravillon (2008, p.150),
« Bien sûr, beaucoup de parents aimeraient que les pouvoirs publics
- et des experts remboursés par la Sécurité Sociale ! -
règlent à leur place les errances et les
dérèglements provoqués chez leurs rejetons par les
nouvelles fascinations technologiques. Mais ce choix, confortable à
court terme, s'avèrerait catastrophique à long terme. Il
équivaudrait à déléguer encore un peu plus les
tâches parentales, au risque de médicaliser
complètement l'adolescence ».
Selon l'expertise de l'Inserm (2008, p.252), «
Malgré une grande disparité de niveau selon les pays, la
prévalence du jeu "pathologique" en population générale
semble s'établir dans une majorité d'entre eux autour de 0,5
à 1% auquel on peut ajouter une prévalence de 1 à 2% de
joueurs "problématiques" ». Il est aussi indiqué que la
France est presque un des seuls grands pays développés à
ne pas s'être doté de ce type d'enquête. Selon Minotte
(2010, p.121), « Les usages (problématiques ou non) des
Technologies de l'information et de la communication ne sont pas le monopole
d'une catégorie sociale (les jeunes !), ils concernent
toutes les catégories de population. » De plus, les
différences statistiques dans les consommations de produits
technologiques entre hommes et femmes tendent à
l'uniformisation. Pour ce qui est de l'usage problématique des nouvelles
technologies, les chiffres semblent fort contrastés (Annexe 6). Les
grilles diagnostic ne posent pas de limite quantitative, mais font plutôt
référence à la notion d'envahissement de la vie de la
personne. La fréquentation assidue des mondes virtuels est
généralement associée à une volonté plus ou
moins consciente d'échapper à la réalité. « La
présence d'une co-morbidité et/ou de facteurs contextuels
inconfortables est souvent soulignée. Fréquemment, il
est constaté que le sujet dit "accro au net" souffre (avant tout) de
dépression, d'anxiété, d'une psychose, etc. ou encore se
trouve confronté à des situations délicates comme un
divorce, des difficultés scolaires, un stress professionnel, etc. »
(p.85).
4. Qui intervient sur les conduites addictives des
jeunes ?
4 Jeunes, politiques publiques et prise en charge
locale
Il existe actuellement au niveau national, un plan santé
des jeunes 16-25 ans 2008-2010,
dont le premier axe est de lutter contre les
comportements à risque (notamment les pratiques addictives et
les déséquilibres alimentaires), un plan pour la prise en charge
et la prévention des addictions 2007-2011 et un plan gouvernemental de
lutte contre les drogues et les toxicomanies 2008-2011, dont un des axes est :
la prévention doit être développée tout
particulièrement en direction des personnes vulnérables et des
situations à risques au moyen d'actions de proximité,
prévention ciblée vers les adolescents.
Au niveau local, sur la ville d'Aix en Provence, le PRSP en
est à la phase de diagnostic pour la thématique des conduites
addictives des jeunes. La prise en charge et la prévention de
celles-ci s'organisent autour du scolaire (notamment le
programme MILDT, des stands et des interventions ponctuelles) et hors scolaire
(consultations jeunes consommateurs, consultations d'aide et de soutien,
stands, formations). Comme le préconise Sommelet (2006), dans le Rapport
de mission sur l'amélioration de la santé de l'enfant et de
l'adolescent, la santé n'est pas seulement l'affaire du domaine
sanitaire. Quels sont alors les acteurs locaux (institutionnels,
associatifs...) qui, travaillant au plus prés des jeunes, contribuent
à la politique territoriale de santé ?
4 Acteurs locaux publiques identifiés dans
l'accompagnement des conduites addicitves des jeunes et leurs
missions.
En s'inspirant des schémas (Annexe 2) et des
connaissances de l'Atelier Santé Ville, nous avons établi un
inventaire des structures en contact avec les jeunes sur Aix en Provence.
Ainsi, (figure 1), nous obtenons 4 secteurs différents : Judiciaire,
Social/Insertion, Éducation Nationale et Sanitaire/Psychologique.
SOCIAL/INSERTION EDUCATION NATIONALE
SANITAIRE/
PSYCHOLOGIQUE JUDICIAIRE
PAEJ
CSAPA
CMP
CAARUD
École des parents
Centres sociaux
ADDAP
BIJ
Foyer Jeunes Travailleurs Organismes de
formation
Universités Collèges Lycées
CFA
MGI
Police Foyers PJJ
Figure 1 : Structures en contact avec les jeunes,
organisées pas secteur.
Selon Ravon (2003), le « travail social
» constitue un ensemble très
hétérogène de professionnels (assistants sociaux,
éducateurs, animateurs, conseillers en insertion, agent de
développement...) dans différentes structures (foyers, centres
d'hébergement, dispositifs d'accompagnement et de suivi,
établissement d'éducation spécialisée, missions
locales, ...) regroupant de multiples activités
spécialisées qui tendent à résoudre ou,
tout au moins à accompagner les problèmes de
personnes ou de groupes confrontés à des
difficultés
sociales importantes (personnes
handicapées, dépendantes et/ou sans emploi, jeunes
délinquants, familles monoparentales...). Ces activités,
conduites par des professionnels (les travailleurs sociaux), dans des
structures publiques ou privées de nature associative, peuvent prendre
plusieurs formes (assistance, éducation, soutien, prévention,
médiation...).
Pour ce qui relève du secteur
sanitaire/psychologique, ses missions sont la prévention et la
prise en charge des problèmes de santé. L'éduction
nationale, quant à elle, a pour mission, d'après le
programme quinquennal de prévention et d'éducation pour la
santé des élèves : repérer et suivre les
problèmes de santé des élèves en milieu scolaire,
mieux connaître, mieux repérer et prendre en compte les signes de
souffrances psychiques des enfants et des adolescents. Elle a pour objectif
d'assurer tout au long de la scolarité la continuité des actions
d'éducation à la santé. Enfin, concernant le
secteur judiciaire, il a pour mission la
répression mais pas uniquement. Il est notamment en lien avec
la protection judiciaire des jeunes (PJJ) et a pour objectifs : l'insertion, la
permanence éducative au tribunal, le suivi des mineurs détenus et
la prévention, et ce par des mesures telles que : l'investigation, la
prise en charge éducative, la sanction éducative, les mesures de
probation et peines, les aménagements de peine.
5. Quels travaux nous éclairent sur les conduites
addictives des jeunes ?
Nous nous proposons de présenter les différents
travaux sous une perspective psychosociale, Moscovici (1984), pour ensuite les
développer.
Jeune (Individuel et social)
|
|
Autrui(Famille,
pairs, groupes, autorité)
|
Formation de l'identité
(parents/
réseau social)
Recherche d'espaces transitionnels
Choix
rationnel
Conduites
addictives
Déviance (Normes,
transgression,
stigmatisation,
étiquetage, contrôle social)
Facteurs
culturels ; Insertions
sociales ; Conditions
d'existence
Déni du risque (biais
de
supériorité, optimisme
irréaliste,
illusion
d'invulnérabilité)
Ordalie
Figure 2 : Représentation ternaire sur les conduites
addictives des jeunes
5.1 Facteurs centrés sur l'interaction jeune/conduite
addictive : déni du risque ; Ordalie
Peretti-Watel (2000) parle de déni du
risque lorsque les personnes interrogées sur leur
perception des risques (cancer, accident de la route...) estiment
en général le risque « pour soi » inférieur au
risque « pour autrui ». On distingue principalement trois biais dans
la littérature :
- Le biais de supériorité ou la
sur-confiance (Klein & Kunda, 1993, cités par PerettiWatel,
2000) : lors d'une comparaison à autrui, la plupart des gens s'estiment
supérieurs. Ce résultat est retrouvé lors de
l'étude menée par Dany (2010), auprès de lycéens,
sur les logiques comparatives dans l'évaluation des conduites à
risque. Ceci peut aussi être considéré comme une
stratégie de présentation positive de soi plus qu'un
dénigrement d'autrui (McKenna et al., 1991 cités par
Peretti-Watel, 2000).
- L'optimisme irréaliste et l'illusion de
contrôle (Rumar, 1988 cité par Peretti-Watel, 2000) : les
gens s'estiment, en général, moins exposés aux risques
qu'autrui ; une certaine surestimation de son aptitude personnelle à
faire face aux risques et une perception plutôt pauvre des
capacités d'autrui à les gérer.
- L'illusion d'invulnérabilité
(Perloff, 1983 cité par Peretti-Watel, 2000) : tendance à se
percevoir comme moins susceptible qu'autrui, de subir les conséquences
néfastes d'un évènement négatif. L'absence
d'expérience directe de l'accident renforce cette tendance : «
immunisation » ; « illusion de l'expérience ».
Pour Le Breton (2002), les conduites à risque ont
souvent une fonction ordalique. L'ordalie est la
manière dont chacun va interroger, par les sensations extrêmes, la
mort ou le danger, pour vérifier la possibilité et le droit
d'exister. Alors qu'autrefois, l'ordalie était vécue au cours de
rituels collectifs de passage et ponctuait la succession de cycles de vie et
l'appartenance à une classe d'âge (de l'adolescence à
l'âge adulte par exemple). Aujourd'hui, la recherche de sensations est
vécue de manière individuelle et se présente sous la forme
de prises de risques et de conduites à risque.
5.2 Facteurs centrés sur l'interaction jeune/autrui
: formation de l'identité ; choix rationnels ; recherche d'espaces
transitionnels
Selon Coslin (2003), les raisons des conduites addictives, chez
les jeunes, peuvent être
« liées à des caractères
-psychologiques- inhérents à cette période de la vie
». (p.2). En effet, pour Erikson (1979, cité par Assailly, 2003),
les principales tâches développementales de l'adolescence sont la
résolution de la crise de l'adolescence et la
formation de l'identité personnelle qui supposent des
expérimentations, des conduites d'essais et d'erreurs, à propos
des styles de vie. Braconnier (1998) stipule d'ailleurs que l'adolescent doit
faire face à quatre
ruptures majeures dans son développement :
l'acceptation de la sexualité, la fin des liens de dépendance
à ses parents, la projection dans l'avenir, la maîtrise de ses
émotions et de ses affects. L'adolescence est donc une
période de transition entre l'enfance et l'âge adulte au
cours de laquelle se construit l'identité du jeune.
Construction combinant, selon Tap (1980, cité par Favresse, 2011), le
développement individuel et social qui va amener le jeune à se
différencier et se singulariser pour devenir un être unique, et
à s'identifier, à s'intégrer et à se
référer aux autres pour devenir un être social. Pour
Favresse (2011) « Dans ce processus dialectique entre le moi et les
autres, la relation développée avec les parents
et avec le réseau amical est fondamentale. » En
effet, dans son processus de singularisation, le jeune va
se confronter aux prescrits parentaux et dans son
processus d'identification, le jeune va se confronter
aux autres jeunes parmi lesquels il va se constituer un réseau
amical et des symboles identitaires (vêtements, goûts musicaux,
manières de parler, etc.). Et, les consommations de produits
psychoactifs peuvent, dans une certaine mesure, faire partie de ce processus
parce qu'elles permettent au jeune de tester ses limites, d'exprimer son
autonomie envers ses parents, et parallèlement, son rapprochement envers
ses pairs.
Bergeron (2009), dans son ouvrage La sociologie de la drogue,
spécifie qu'« il y a donc tout intérêt à
regarder la toxicomanie au travers du prisme particulier de la
théorie "choix rationnel" plutôt que de le faire sous
l'angle de la "pathologie individuelle ou sociale". » (p.49). Ainsi, les
comportements sont causés par les raisons qu'ont les acteurs d'agir
comme ils le font, et résultent d'un calcul stratégique
d'optimisation de l'utilité personnelle. Cette approche permettrait en
outre d'expliquer pourquoi dans un contexte similaire, deux individus ne
choisissent pas forcément la même conduite. Par exemple,
d'après Favresse (2011), l'échec scolaire
favorise le rapprochement du jeune vers des pairs connaissant les mêmes
problèmes scolaires. Ils constituent en quelque sorte une «roue de
secours» (p.3) en lui permettant, entre autres, d'avoir un groupe
d'appartenance, d'obtenir une reconnaissance sociale et de se construire, ou
reconstruire une image positive. En contrepartie, le jeune va s'adapter et se
conformer aux normes et modes de vie de ce groupe (Pavis et al., 1999, Favresse
et al., 2011).
Matuszak (2010), étudie les liens entre les
médias et les jeunes. Ainsi, cette appropriation des
technologies de l'information et de la communication par les jeunes entrerait
plus largement dans le désir d'autonomisation par rapport aux parents
(Metton, 2006). Cependant, l'utilisation massive des réseaux
sociaux pose question en terme de construction identitaire, que ce
soit pour les stratégies de mise en scène de soi tendant vers des
comportements d'exposition, ou pour la possibilité de changer
d'identité virtuelle en permanence. Mais c'est surtout « la
focalisation sur l'instant immédiat » (Geroges, 2009,
cité
par Matuszak, 2010) qui laisserait présager une
construction identitaire problématique. Pour ce qui relève des
jeux « massivement multi-joueurs », Janssen et
Tortolano (2010) pointent que les exigences de notre société sont
telles que l'individu souffre de sa subjectivité. Selon le sociologue
Ehrenberg (1995, cité par Janssen & Tortolano, 2010, p.75), à
partir des années 80, l'individu « n'allait [...] devoir
[son épanouissement] qu'à lui-même ». Il
précise encore : « le «nouvel» individualisme signale
moins un repli généralisé sur la vie privée que la
montée de la norme d'autonomie : se comporter en individu signifie
décider de sa propre autorité pour agir par soi-même, avec
les libertés, les contraintes et les inquiétudes qu'une telle
posture implique ». Ainsi, les individus, pour échapper à
ces normes, se réfugient dans un monde virtuel
où « le moi peut se prendre pour le moi idéal »
(Janssen & Tortolano, 2010, p.75). Mais si les mondes virtuels ne
garantissent pas le maintien à la fois du lien et de la
séparation (au sens d'une différenciation) de ces deux
réalités, l'investissement de ces mondes par des individus
psychiquement fragilisés (par structure, traumatisme ou via la
confrontation à un environnement trop défaillant) peut engendrer
de réelles difficultés.
5.2 Facteurs centrés sur les normes sociales, la
culture : normes et déviances
Pour Maisonneuve (2009), les normes sociales correspondent
à des règles comportementales ou de jugements, partagées
par un collectif d'individus en interaction. Elles sont plus ou moins
implicites et fournissent un cadre de référence commun au groupe.
Les normes supposent l'attribution d'une valeur reconnue par les membres du
collectif. Il existe les normes de comportements qui
impliquent des conduites, et les normes de jugement
correspondant aux attitudes, opinions et croyances. On distingue aussi les
normes formelles (lois, codes, règlements) des normes informelles. Si la
norme n'est pas respectée, les individus l'ayant enfreinte peuvent faire
l'objet de réprobation voir de sanction. On parle alors de
déviance.
En effet, selon Mucchielli (1999), la déviance est un
fait social qui n'existe qu'en regard de la normalité. C'est l'existence
des normes qui fait apparaître les transgressions. « Les
groupes sociaux créent la déviance en instituant des
normes dont la transgression constitue la déviance, en appliquant ces
normes à certains individus et en les étiquetant comme des
déviants. De ce point de vue, la déviance n'est pas une
qualité de l'acte commis par une personne, mais plutôt
une conséquence de l'application, par les autres, de normes et de
sanctions à un "transgresseur". Le déviant est celui auquel cette
étiquette a été appliquée avec succès et le
comportement déviant est celui auquel la collectivité attache
cette étiquette ». (Becker, 1985, p.33). La société
institue des normes à travers ses « entrepreneurs de
morale» , c'est-à-dire
ceux qui élaborent et ceux qui font appliquer les
normes auxquelles les déviants ne se conforment pas (seules les
catégories dotées d'un certain pouvoir économique et
politique sont capables, en pratique, d'obliger les autres à accepter
leurs normes) : « Les différences dans la capacité
d'établir des normes et de les appliquer à d'autres groupes sont
essentiellement des différences de pouvoir (légal ou
extra-légal). Les groupes les plus capables de faire appliquer leurs
normes sont ceux auxquels leur position sociale donne les armes et du pouvoir.
Les différences d'âge, de sexe, de classe et d'origine ethnique
sont toutes liées à des différences de pouvoir. C'est
cette relation qui explique les différences de degré dans la
capacité des groupes ainsi distingués à établir des
normes pour les autres » (Becker, 1985, p.171).
La transgression peut revêtir des formes multiples,
lesquelles seront considérées comme plus ou moins graves :
transgressions des usages, des coutumes et/ou des normes juridiques. Pour
Mucchielli (1999), ce sont les sanctions et la sévérité
avec laquelle elles sont appliquées qui permettent de mesurer
l'effectivité des normes et de distinguer le degré de
tolérance à l'égard de certains comportements
déviants.
4 Médicalisation de l'existence, normes sanitaires
et déviance
Selon les chercheurs (Saint-Germain, 2005 ; Saint-Onge, 2005 ;
Beaulieu, 2005 ; Cohen & Breggin, 1999 ; Conrad, 1995, cités par
Suissa, 2008), la médicalisation est un processus par lequel on en vient
à définir et à traiter des problèmes non
médicaux, principalement sociaux, comme des problèmes
médicaux, voire pathologiques. Certains facteurs contextuels auraient
favorisé l'apparition de la médicalisation comme mode de gestion
des problèmes sociaux : un certain déclin de la religion, une foi
inébranlable dans les sciences, l'individualisme grandissant, un
affaiblissement des liens sociaux, la rationalité et le progrès
et enfin, le pouvoir et le prestige grandissants de la profession
médicale.
Selon Gori (2006), « L'homo psychologicus après
s'être transformé en homo medicus devient un homo
économicus partenaire d'un échange dont le paradigme est celui du
marché. [...] Informé loyalement et de manière
éclairée, l' "homo medicus" ne pourrait plus que se soumettre
librement aux injonctions de l'hygiène et de la santé publique
dont il intériorise les normes pour mieux se surveiller dans ses
conduites en se comportant comme il faut pour bien se porter ».
(p.79).
Par exemple, dans son article sur la
dépressivité et l'usage de drogues à l'adolescence, en
2004, Peretti-Watel met en évidence que l'attention portée par
les psychologues, les sociologues et les épidémiologistes
à la relation supposée entre mal-être et usages de drogues,
illustre
l'obsession contemporaine de la normalité.
Comme le dit l'auteur, « Dans cette société
oüchacun risque à tout instant de glisser vers
l'anormalité, et ce dès la naissance, les sciences
humaines et médicales sont mises à contribution
pour assurer une surveillance permanente du corps social. Cette surveillance
viserait à hiérarchiser les individus selon leur
normalité, pour en disqualifier certains puis essayer de les corriger
une fois le diagnostic établi ». (p.107). Il dénonce aussi,
en 2009, dans son ouvrage « Le principe de prévention, culte de la
santé et ses dérives », la stigmatisation des
conduites à risque.
Ainsi, l'évolution des normes sanitaires conduit aussi
à considérer comme hors normes toute conduite non conforme
à la recherche de la santé optimale. Ainsi, les conduites
addictives sont considérées comme pathologiques et
déviantes par les experts de santé. Et nous observons la
pénalisation de certaines pratiques très répandues comme
l'acte de fumer. Aujourd'hui, celui qui allume une cigarette dans un lieu
public est un délinquant puisqu'il enfreint la loi, alors qu'il y a
à peine quelques années, dans la même situation, il
était un individu parfaitement normal. Certes, le contrôle social
est encore assez souple pour le moment : le « délinquant » est
simplement prié d'éteindre sa cigarette. Mais il est probable
que, dans vingt ou trente ans, il en sera de même que pour le
contrôle de la conduite en état d'ébriété.
4 Conduite addictives, de la déviance primaire
à la déviance secondaire
Selon Tenaerts (2011), Edwin Lemert, dans les années
1950 propose une classification binaire de la déviance : déviance
primaire et déviance secondaire. La déviance
primaire correspond à la transgression de normes sociales, mais
n'a pas d'effet sur la structure psychique des individus et n'affecte pas leur
rôle social. La déviance secondaire concerne la
réaction à la reconnaissance et la qualification de cette
déviance par une instance de contrôle social. Cette
dernière entraîne une restructuration du psychisme du
déviant qui intériorise le stigmate et s'identifie au rôle
déviant qui lui est assigné. L'intérêt de cette
classification réside dans la compréhension du processus de
passage de l'une à l'autre. Un comportement relevant de la
déviance primaire peut être suivi ou non de comportements relevant
de la déviance secondaire. Selon Dessez (2003), les conduites addictives
prennent place également au sein d'un continuum
temporel quant à la fréquence de leur manifestation : la
majorité des adolescents en restera au stade de
l'expérimentation, une minorité s'engagera dans des
répétitions de l'usage ou des pratiques qui les conduiront vers
la marginalisation.
C'est ce qu'illustre Becker (1985), avec son concept de «
carrière déviante ». Selon Becker (1985) et Goffman (1977),
la déviance n'est ainsi qu'un rôle endossé par celui qui
est victime de la stigmatisation des autres. Et, s'il persiste, ce rôle
peut entraîner une modification de la personnalité de l'individu
ainsi qu'une modification de ses relations sociales. Il entre alors
progressivement dans une " carrière " de
déviant. L'entrée en déviance est un processus
qui comporte un certain nombre d'étapes :
- Commettre une première
transgression.
- Être pris et désigné comme
déviant, « probablement l'une des phases les plus
cruciales du processus de formation d'un mode de comportement déviant
stable », aboutissant à une redéfinition de son
identité par les autres.
- Cette nouvelle définition peut entraîner
une amplification de la déviance.
- Enfin, le déviant intègre un groupe
déviant organisé : rationalisation des pratiques,
justifications théoriques, juridiques, psychologiques...
Système d'autojustification.
Dans son étude sur les fumeurs de marijuana, Becker
distingue 3 phases de la carrière déviante qui correspondent
à une modification du rapport entretenu par le fumeur avec les codes
sociaux de la société et du milieu dans lequel il utilise la
marijuana (chaque fois, passage à un niveau supérieur) :
- débutant : fume pour la première fois.
- utilisateur occasionnel : consommation sporadique
dépendant de circonstances aléatoires. - consommateur
régulier : pratique devenue systématique et
régulière.
Becker (1985) avance que pour voir apparaître un
comportement déviant il faut une défaillance du
contrôle social. Et, pour qu'il y ait passage d'un niveau
d'utilisation à un autre il faut que les différents types de
contrôles sociaux perdent de leur efficacité. À l'inverse,
s'ils conservent leur efficacité, cela peut empêcher
l'évolution ultérieure. Dans ce sens, Dessey (2003),
relève que les expérimentations de substances psychoactives
s'accroissent au cours des périodes historiques
dominées par un affaiblissement des repères et des
normes collectives, et dans les situations oüles substances
sont aisément accessibles.
4 Le « travail social » et la prévention
comme instances du contrôle social ?
Le contrôle social vise à assurer le respect des
règles qui régissent la vie en société et à
lutter contre les comportements déviants. Au sens large du terme, il
consiste à créer des normes sociales et juridiques fondées
sur un ensemble de valeurs et à les faire respecter. De ce point de vue,
la socialisation des individus au sein d'un groupe ou d'une
société fait parti du contrôle social et de
nombreuses institutions en sont les agents (la famille, l'école, la
justice...). Il existe un contrôle social interne et externe
(formel ou informel).
Ainsi, Peretti-Watel, dans son ouvrage « la
société du risque », (2001), nous suggère que la
prévention serait une forme de contrôle social : « une
conduite déviante médicalisée est redéfinie comme
pathologique, la médecine devient alors le principal agent du
contrôle social pour cette conduite, les médecins étant
chargés de définir et prescrire des traitements pour la soigner.
» (p.96). Selon Autès (1999), dans les années 70,
apparaît un courant de pensée selon lequel, les travailleurs
sociaux seraient des agents du contrôle social. Ce
courant apparaît
profondément influencés par les travaux de
Foucault (1975), qui considérait l'extension du pouvoir normalisateur
comme une caractéristique profonde de nos sociétés :
« Les juges de normalité sont présents partout. Nous sommes
dans la société du professeur juge, du médecin juge, du
travailleur juge, du travailleur social juge. Tous font régner
l'universalité du normatif ; et chacun au point où il se trouve y
soumet le corps, les gestes, les comportements, les conduites, les aptitudes,
les performances. » (Foucault, 1975, cité par Autès, 1999,
p.35).
4 Théories sociologiques de la
transgression
Nous nous proposons d'aborder ici deux types d'approches des
théories sociologiques de la transgression :
? Les approches culturalistes
- La désorganisation sociale. Apparue
au début du XXe siècle, cette notion est reprise par Dubet (1987,
cité par Coslin, 2003) dans sa description de la «
galère » (p.87), situation dans laquelle se retrouvent les
jeunes au sein des banlieues et des grandes villes. « Un univers gris et
terne, sans cohérence et sans but ». La décomposition de
leur univers social s'organise autour de trois principes : la
désorganisation sociale (absence de normes et de valeurs,
désinsertion des milieux familiaux et scolaires, difficulté, voir
impossibilité à communiquer avec les autres), l'exclusion et la
rage.
- Le conflit de cultures. En 1938, Thorsten
Sellin (cité par Mucchieli, 1999) systématise la notion de
conflit de cultures (c'est à dire conflit de normes). La déviance
proviendrait de l'existence d'une culture valorisant ou tolérant une
pratique interdite par l'autre culture. Albert Cohen (1950, cité par
Mucchieli, 1999) ajoute à cette notion la sous-culture adolescente.
Cette théorie explique le fait qu'un jeune commette un acte interdit par
la culture dominante et/ou par la culture traditionnelle tant qu'elle est
valorisée par la sous-culture adolescente.
- L'éducation déviante. Pour
Edwin Sutherland (1930, cité par Mucchieli, 1999), la déviance ne
résulte pas d'un manque ou d'un conflit mais tout simplement d'un
apprentissage. Cette théorie peut être appliquée au milieu
du deal, les jeunes ont été éduqués à cette
pratique par leurs aînés : organisation du deal (guetteur,
revendeur... règles du trafic...).
? L'approche inégalitariste
Merton (1946, cité par Mucchielli) est l'un des
premiers à s'intéresser au décalage entre les aspirations
à la réussite sociale (encouragée par l'idéologie
individualiste des sociétés modernes) et la réalité
des inégalités sociales (et raciales) qui
n'offrent pas les moyens d'y parvenir à chacun. Par exemple Galland
(2011), pointe qu'il existe, parmi les jeunes, des différences
liées à l'appartenance sociale et au niveau d'études.
Nous parlons de
polarisation : tendent vers un pôle,
ceux qui ont des diplômes et les moyens de repousser le moment des
engagements et de diversifier leurs expériences sociales et, tendent
vers l'autre pôle, ceux qui n'en ont pas et qui sont soumis à des
risques croissants de marginalisation professionnelle et sociale. En même
temps, un phénomène
d'homogénéisation tend à rapprocher les
valeurs, les normes culturelles et de consommation, et les aspirations de
l'ensemble des jeunes. Ainsi, la frustration, plus grande pour les
catégories de jeunes « sans diplômes », pourrait les
pousser à utiliser des méthodes illicites afin d'avoir
accès à ce qu'ils désirent et n'obtiennent pas par des
moyens licites.
4 Une conduite pas si déviante que ça...
une question de regard sur la déviance et sur le risque
« Reste à savoir si les jeunes sont myopes parce
qu'ils ne voient pas le danger ou si les observateurs sont presbytes parce
qu'ils ne parviennent pas à discerner la rationalité des
pratiques des adolescents qu'ils scrutent. »
(Peretti-Watel, 2001)
Pour Favresse (2011), les valeurs et les
normes véhiculées dans la société vont aussi
participer au façonnage des conduites à l'adolescence :
performance, dépassement de soi, hédonisme, réalisation
personnelle... Ou comme le dit le proverbe : « Qui ne risque
rien, n'a rien ». Ces valeurs se retrouvent dans les
conduites de consommation de produits psychoactifs qui peuvent devenir pour les
jeunes un moyen de se mesurer entre eux, de s'affirmer et de se
dépasser. Comme le mentionne Le Breton (2002), « le fait de "tenir
l'alcool" suscite l'admiration et permet d'exister dans le regard des autres
». Le risque peut donc lui-même se révéler être
un enjeu de compétition. Ainsi les conduites à risque seraient en
cohérence avec certaines valeurs de notre société.
De plus, comme le note Becker (1985, p.195), « nous ne
pouvons comprendre les situations et les processus sans donner leur pleine
importance aux différences entre les points de vue des deux
groupes impliqués ». Comme le précise Le
Garrec (2002), les représentations sociales des jeunes sur les «
conduites addictives » ne correspondent pas du tout aux
représentations des politiques publiques. Ainsi, le sens donné
aux conduites addictives par les jeunes n'est pas tant vu en terme de risques
que de bénéfices. De plus, dans la catégorisation des
conduites, semblent aussi entrer en compte les modalités et les
contextes. Par exemple, selon Dany et Apostolidis (2002, p.341),
« ce n'est plus la seule consommation de cannabis qui fait du consommateur
un drogué, mais les modes (fréquence, consommation matinale,
avant le travail) et les contextes (Seul versus Groupe) de consommation ».
Lo Monaco, Gaussot, et Guimelli (2009), ont validé la régulation
contextuelle et normative de la perception du consommateur de vin, de
manière expérimentale. Ces auteurs ont aussi montré en
2010 que le « boire seul » chez
les jeunes constituait un acte contre-normatif et le «
boire collectif » un acte pro-normatif à travers l'identité
sociale et l'effet brebis galeuse. (Lo Monaco, Piermattéo, Guimelli
& Ernstvintila, 2010).
Comme le monte Kouabenan (2006), la perception du risque serait
le résultat de nombreuses caractéristiques du sujet percevant
:
Figure 3 : Perception des risques selon Kouabenan
(2006)
6. L'approche des Représentations Sociales
Joffe, en 2003, dans l'analyse des risques sanitaires,
préconise une approche en terme de «Représentations
sociales» plutôt qu'en termes de «Cognition sociale» ; et
ainsi de « Considérer les deux processus de construction d'une
représentation dans le sens commun, l'objectivation et l'ancrage »
plutôt que d'« Évaluer le sens commun sur la base des
standards du raisonnement rationnel et à partir d'une conception
déficitaire de l'activité cognitive ».
6. 1 Représentations sociales et conduites
addicitves
Comme nous l'avons précédemment, les conduites
additives ne sont pas seulement une
question sanitaire. Le comportement d'usage est un comportement
social, étroitement lié à la
relation aux pairs,
à la famille et à l'institution scolaire, inscrit dans un
processus de
socialisation. En effet, là où les sciences
exactes (physiologie, épidémiologie...) voyaient du «
comportement d'usage », nous voyons finalement des pratiques sociales et
là où on parlait de « déviance », nous nous
questionnons sur les représentations sociales ainsi que la place des
acteurs de terrain et des entrepreneurs de morale dans cette stigmatisation.
Cette notion de représentations sociales est née
de la notion de représentation collective (Durkheim,
1895) et a été conceptualisée par Moscovici à
l'occasion de son étude princeps sur la psychanalyse en 1961. Pour
Moscovici, les représentations seraient des données relevant de
l'activité cognitive des groupes et des individus dans des contextes
particuliers, et non pas, comme pour Durkeim, des données collectives
mentales qui s'imposeraient aux personnes.
En effet, les représentations sociales désignent
« l'élaboration d'un objet social par une communauté avec
l'objectif d'agir et de communiquer ». (Moscovici, 1961). Selon Jodelet
(1989), elles sont reliées à des systèmes de pensée
plus larges (idéologiques ou culturels), à un état des
connaissances scientifiques, comme à la condition sociale et à la
sphère de l'expérience privée et affective des individus.
Ce ne sont donc pas les caractéristiques objectives des objets qui font
de ceux-ci des objets sociaux, mais la relation que les
personnes entretiennent avec ceux-ci. Ainsi, il n'y a pas de
représentation sociale en soit, « toute représentation
sociale est représentation de quelque chose et de quelqu'un ».
(Jodelet, 1984, p.71).
Les représentations sociales sont une forme de
connaissance courante, dite de sens commun, caractérisées par les
fonctions suivantes :
- Savoir : elles permettent de comprendre et
d'expliquer la réalité.
- Orientation des conduites et des comportements
: le comportement des individus serait déterminé par
quatre composantes de leur représentation de la situation :
représentation de soi, du contexte, de la tâche et des autres. Ces
composantes agissent sur la signification de la situation pour les sujets et
induisent donc les comportements (Doise, 1969). L'individu se servirait donc
des représentations comme d'un mode d'emploi du monde,
en les appliquant localement, tel un guide pour l'action.
« Les représentations sociales décrivent, expliquent et
prescrivent. Elles fournissent un mode d'emploi pour interpréter la
réalité, maîtriser notre environnement et nous conduire en
société ». (Jodelet, 1993, p.22).
- Constitution et renforcement de l'identité :
elles définissent l'identité et permettent la sauvegarde
de la spécificité des groupes. La représentation est
générée collectivement et partagée par les
individus de ce groupe. Lorsque l'objet de la représentation est en
relation directe avec des pratiques importantes pour le groupe, la
représentation joue un rôle essentiel dans la constitution d'une
identité sociale et la réduction d'éventuels conflits
identitaires.
- Justification des comportements et des prises de
décisions : la représentation peut par exemple permettre
au groupe de se donner bonne conscience. Par exemple, la représentation
négative de l'autre groupe justifie l'hostilité du comportement
adopté à l'égard de celui-ci. (Doise, 1969).
Moscovici a mis en évidence deux processus qui rendent
compte de la façon dont le social transforme une connaissance en
représentation et de la façon dont cette représentation
transforme le social : l'objectivation et l'ancrage.
L'objectivation est le processus par lequel le groupe va
naturaliser un concept abstrait (ex : addiction). Ce processus relève
très directement de la pensée sociale qui simplifie les
éléments de l'information qui provient de l'objet, qui
concrétise les notions (et pour cela, les résume à grands
traits) à partir d'une logique interne au groupe. Dans le cas d'un objet
complexe comme une théorie, l'objectivation comporte plusieurs phases :
sélection perceptive et décontextualisation.
L'ancrage, quant à lui, permet l'enracinement de la
représentation sociale dans le système de pensée
pré-existant. On va accrocher quelque chose de nouveau à quelque
chose qui est ancien et on pourra ainsi « rendre familier ce qui est
étrange ». L'ancrage va consister dans l'intégration
d'éléments nouveaux dans un réseau de catégories
plus familières déjà existantes pour le groupe,
déjà signifiantes.
6. 1 Les conduites addictives, un objet de
représentations sociales pour les acteurs de terrain
Selon Moliner (1993), les objets qui apparaissent sous
différentes formes dans notre société sont ceux qui sont
le plus susceptibles de produire une activité représentationnelle
dans les groupes. Les conduites addictives constituent ainsi un objet de
représentation, notamment parce que, comme le souligne Jauffret-Roustide
(2009), elles suscitent des débats tant en ce qui a trait à sa
conceptualisation qu'en ce qui touche ses pratiques (Doise, 1986) :
« Si l'univers de dangerosité auquel les
toxicomanes sont associés persiste encore aujourd'hui dans l'opinion
publique et plus particulièrement dans le champ répressif, les
usagers de drogues font l'objet d'un changement sémantique à
l'intérieur du champ du soin aux toxicomanes. En effet, dans le cadre de
l'adoption du référentiel de réduction des risques au
début des années 1990, le toxicomane qualifié de malade et
de délinquant par la loi de 1970 a tendance à changer de
dénomination, il est de plus en plus fréquemment
désigné usager de drogues. Cette évolution
sémantique est révélatrice du changement en cours des
pratiques et des catégories légitimes, mais elle reste encore
aujourd'hui un enjeu de lutte de légitimité, les deux types de
catégorisations toxicomane et usager de drogues pouvant coexister
actuellement. » (p.114).
Suissa Amnon et Bélanger (2001) ajoutent que :
« La sociologie des professions nous enseigne
également que chaque formation sociale aura sa propre version du concept
de dépendance. Les pharmaciens auront tendance à comprendre le
phénomène comme une suite de réactions aux substances et
de la tolérance croissante du corps au produit, les physiologistes comme
un dysfonctionnement des organes et du métabolisme, les
généticiens comme une carence d'un gène spécifique,
les psychiatres comme un désordre biomédical ou une carence
neurochimique, les psychologues comme un symptôme de problèmes
sous-jacents ou d'estime de soi, les sociologues comme une réaction au
processus de régulation sociale et des contraintes inhérentes aux
rapports sociaux, etc. » (p.67).
Pour Abric (1976), les représentations sociales sont un
guide pour les pratiques sociales et celles-ci sont un facteur de
transformation des représentations sociales. « Les agents sociaux
-institutionnels et professionnels- dont le rôle et la fonction sont de
mettre en oeuvre des pratiques préventives ou d'intégration face
à l'exclusion sont bien entendu eux-mêmes porteurs de
représentations. [...] Chaque agent social par son expérience et
son système de valeurs, dispose d'une forme de connaissance de l'Autre,
donc d'une représentation qui fonctionne pour lui comme un
supposé savoir, qui va agir directement sur ses pratiques et le mode de
relation qu'il entretien avec le groupe concerné. » (Abric, 1996,
pp.17-18). En ce sens, connaître les représentations sociales
permet donc de mieux comprendre les pratiques et éventuellement les
modifier.
Problernatique et
strategie generale de recherche
Comme nous l'avons remarqué en amont, la jeunesse
serait d'avantage appréhendée comme une phase de transition que
comme une catégorie d'âge. Et dans cette période, la
question de l'institution scolaire comme participant au processus de
socialisation, entraînant l'apparition de deux catégories de
jeunes, se pose (jeunes diplômés ou non). Concernant la notion de
conduites addictives, nous voyons qu'elle découle de la
médicalisation de l'existence (avec notamment l'augmentation de la
réflexion en terme de risque). Elle est définie par rapport aux
comportements d'usages des jeunes (simple, nocif, addictif). D'après les
données épidémiologiques, il n'y a quasiment pas de
conduites addictives, seulement des usages, plus ou moins à risque. Et,
les usages de substances psychoactives sont significativement associés
à une sortie du système scolaire, à une situation
familiale où le cadre parental est moins prégnant, à un
temps important passé avec les pairs, à un milieu social
favorisé. Ainsi, les jeunes en apprentissage, les travailleurs
saisonniers et les jeunes sans emploi présentent des niveaux d'usage
supérieurs à la moyenne ; les étudiants étant, au
contraire, caractérisés par des niveaux d'usage
légèrement inférieurs à la moyenne de la tranche
d'âge considérée. A propos de l'usage des nouvelles
technologies, il serait associé à une volonté
d'échapper au virtuel. L'État a mis en place des mesures
nationales et locales pour prévenir et prendre en charge les conduites
addictives des jeunes. Cependant, ces conduites ne seraient pas uniquement
l'affaire des acteurs de terrain du domaine sanitaire/psychologique mais aussi
des domaines insertion/social, éducation nationale et judiciaire.
Nous avons remarqué que les conduites addictives
pouvaient être expliquées par des biais cognitifs ou par la
fonction ordalique ; qu'elles pouvaient être liées à la
phase de transition de l'adolescence, ou vues en terme d'action
raisonnée. Elles pourraient également être
identifiées comme des déviances et expliquées en terme de
désorganisation sociale, de « galère », de sous culture
adolescentes, ou enfin, en terme d'éducation déviante. Nous avons
aussi soulevé le fait que le travail social et la prévention
pouvaient être dénoncés comme des acteurs du contrôle
social. De plus, les conduites à risque peuvent être
étudiées comme une application des valeurs de notre
société ; et la notion de risque relativisée par les
jeunes.
Nous avons ensuite constaté que l'étude des
représentations sociales nous permettait de comprendre, comment un objet
passait dans la pensée sociale d'un groupe afin de devenir une
représentation sociale, et comment elles orientaient ensuite les
conduites. Nous avons admis que
les conduites addictives des jeunes pouvaient être un
objet de représentations sociales. Cet objet ayant varié dans le
temps et pourrait être actuellement envisagé différemment
selon les professions.
Au regard de l'ensemble de ces fait et de l'objectif de cette
recherche (étudier les représentations, attentes et besoins des
acteurs de terrain par rapport aux conduites addictives des jeunes, afin d'en
améliorer localement la prise charge), nous nous posons plusieurs
questions : à quelles normes les acteurs de terrains se
réfèrent-ils ? Dans quel système de valeurs inscrivent-ils
leurs pratiques ? Comment catégorisent-ils les jeunes ? Nous pouvons
alors nous demander quelles sont les représentations sociales des
acteurs de terrain sur les conduites addictives des jeunes. Et ainsi,
dans quelle mesure les représentations sociales nous permettent
de saisir les logiques qui régulent l'accompagnement et l'orientation
des jeunes pour des thématiques d'usages (avec ou sans
produit).
Notre recherche étant exploratoire, nos
hypothèses resterons générales. Elles concernent
l'influence du secteur d'activité sur les logiques d'accompagnement et
d'orientation. Nous nous attendons en effet à une logique d'avantage
axée, sur l'accompagnement pour le secteur sanitaire/psychologique et,
sur l'orientation pour les autres secteurs. Une autre hypothèse a trait
à l'influence de la profession sur les logiques d'accompagnement et
d'orientation. On s'attend à une logique plus axée sur
l'accompagnement pour les assistantes sociales, les infirmières, les
psychologues et les éducateurs/éducatrices
spécialisés et, à une logique basée sur
l'orientation pour les autres professions.
Méthode
« Les modes d'intervention choisis par le psychologue
doivent pouvoir faire l'objet d'une explicitation
raisonnée et d'une
argumentation contradictoire de leurs fondements théoriques et de leur
construction ».
(Code de déontologie des psychologues,
1996, actualisé en 2012)
Nous avons choisi d'utiliser une méthode
descriptive qualitative sous forme d'enquête
car elle semble être la plus adaptée à notre
problématique de recherche.
1. Triangulation
Nous nous sommes aussi inspirés du dispositif de
triangulation méthodologique (Apostolidis, 2003) visant à
conférer aux démarches qualitatives, non seulement de la
validité mais aussi de la rigueur, de l'ampleur et de la profondeur.
Nous avons donc essayé d'utiliser la triangulation à
différents niveaux :
- Triangulation des données : utilisation de
données historiques, sociologiques, psychologiques et
épidémiologiques.
- Triangulation du chercheur : la recherche a été
supervisée par un enseignant chercheur et une psychologue
praticienne.
2. Participants
4 Plan d'observation :
Nous avons réalisé une enquête
transversale, car l'intention est de décrire un
phénomène à un moment donné : la
représentation sociale des conduites addictives des jeunes.
4 Plan d'échantillonnage :
L'échantillon est non
représentatif, car nous n'avons pas les moyens d'utiliser un
échantillon représentatif. Nous utiliserons cependant la
méthode des unités type : les participants sont
sélectionnés selon leur localisation géographique et leur
domaine d'exercice (secteur éducatif, social/insertion,
sanitaire/psychologique) afin d'avoir un panel assez proche de l'ensemble des
professionnels encadrant les jeunes sur le territoire d'Aix en Provence.
4 Population :
La population est composée de professionnels en contact
avec les jeunes d'Aix en Provence. Nous avons essayé de diversifier au
maximum les profils individuels selon certains critères (secteur de
travail, poste occupé, sexe, âge, âge des jeunes
côtoyés, formés ou non aux
addictions...). L'échantillon est composé de 25
professionnels, 2 spécialistes des conduites addictives (CSAPA, ANPAA)
et 23 non spécialistes (7 du secteur éducatif, 13 du secteur
social/insertion, 3 du secteur santé).
3. Matériel
4 Techniques choisies :
Comme le suggère Negura (2006), « Comme la
communication est au coeur du processus de formation des représentations
sociales (Moscovici, 1976), l'entretien peut constituer, selon nous, un outil
pertinent pour repérer sa dynamique. » (p.2). Nous utiliserons
des entretiens semi-directifs à visée
exploratoire, dans le but de laisser une certaine liberté au sujet tout
en ayant un minimum de comparabilité, un certain nombre de thèmes
étant abordés systématiquement dans chaque entretien. Le
guide d'entretien sera différent pour les professionnels
spécialistes des addictions et les professionnels non
spécialistes car ils n'ont pas la même mission auprès de
jeunes. Il comportera cependant les mêmes catégories :
représentations sociales, positionnement, connaissances, attentes. Dans
les attentes, nous questionnerons « l'idéal type »
car, comme l'expliquent Lheureux, Rateau, et Guimelli (2008), «
à partir du moment où les individus prennent conscience qu'ils
ont à comparer ces deux "types" d'intelligence, les réponses
deviennent massivement différentes. Ainsi, dès lors que l'enjeu
de la situation a évolué d'un enjeu définitoire à
un enjeu classificatoire (donc différenciateur), la
représentation exprimée s'en trouve profondément
changée, révélant ainsi l'existence d'un
système de catégories qui reste latent tant que la situation ne
l'a pas activé ». (p.53).
4 Élaboration des outils : Guide d'entretien
semi directif
A la suite d'une phase de recherche bibliographique et de
l'observation de trois groupes d'échanges de pratiques sur les conduites
addictives des jeunes, nous avons élaboré deux guides
d'entretiens, un pour les spécialistes des conduites addictives et un
pour les non spécialistes. L'observation a permis de rajouter le
thème de la « connaissance » au guide d'entretien. Et nous
avons différencié les guides sur ce thème, ajoutant pour
les spécialistes : qui vous oriente des jeunes ? (voir Annexe
5).
4. Procédure
La campagne des entretiens s'est déroulée en
plusieurs étapes : inventaire des structures en contact avec des jeunes,
sélection de différents types de structures pour favoriser la
diversité
des lieux de prise de contact (lycées, collèges,
centres sociaux, BIJ, foyers d'hébergement, centres de formation, CMP
adolescents, CSAPA, PAEJ...), présentation de l'enquête aux
responsables de structures, aux professionnels et demande de participation (25
structures sollicitées). Les participants ont été
contactés par mail, puis, en cas de non réponse, par
téléphone. Un rendez-vous pour un entretien a alors
été fixé avec les professionnels ayant accepté de
participer à la recherche, selon leurs disponibilités, la plupart
du temps sur leur lieu d'exercice et pendant leur temps de travail. Les
entretiens ont été réalisés dans 18 structures
différentes (1 foyer, 2 CSAPA, 2 centres sociaux, 1 université, 1
lycée, 2 collèges, 3 organismes de formation, 1 mission locale, 1
CMP adolescents, 1 PAEJ, 1 BIJ, et 2 ADDAP). Le recrutement a été
opéré de façon progressive et ciblée afin de
diversifier les profils individuels selon certains critères : le poste
(animateurs, éducateurs, conseillers, infirmières, psychologues)
et le sexe (16 femmes et 9 hommes). Nous n'avons eu aucun refus de
participation à l'enquête. Par contre, au bout de 3 non
réponses à un appel téléphonique avec message, la
relance était abandonnée et un autre professionnel avec des
caractéristiques proches était choisi. Nous avons compté 1
non réponse, au niveau de la PJJ. Les entretiens ont été
réalisés sur une période de 4 mois : de mi mars à
fin juin.
Lors de la rencontre avec le professionnel pour l'entretien,
la recherche a été présentée comme ceci : «
Bonjour, actuellement stagiaire à Tremplin, et en partenariat avec
l'Atelier Santé Ville, je réalise une enquête sur les
« Représentations, attentes et besoins des professionnels sur les
conduites addictives des jeunes ». Pour cela, j'ai besoin d'avoir l'avis
de professionnels en contact avec des jeunes. Je n'attends pas de
réponse particulière, il n'y a pas de bonne ou mauvaise
réponse, c'est vraiment ce que vous pensez qui m'intéresse.
L'entretien sera enregistré pour que je puisse le retranscrire et ne pas
oublier d'informations importantes. Êtes-vous d'accord ? »
L'entretien commençait alors par l'évocation spontanée et,
à la fin de l'entretien, les thèmes du guide non abordés
étaient introduits. Leur durée moyenne est d'une heure et dix
minutes.
Les entretiens ont été retranscrits
intégralement et nous avons réalisé une analyse de contenu
thématique sur l'ensemble du corpus, au niveau vertical et horizontal :
descriptif (classification thématique et décompte
fréquentiel) et structural (lien entre les différents
éléments). Nous avons ensuite étudié l'implication
des caractéristiques socio-démographiques. Comme le
suggère Negura (2006), « pour rendre le matériel recueilli
par cette méthode [l'entretien] lisible, compréhensible et
capable de nous apporter des informations sur la dynamique d'une
représentation sociale, nous faisons appel à l'analyse de
contenu. ». Elle ajoute que, l'analyse thématique est un outil
classique pour l'étude des opinions par la
catégorisation des énoncés dans des
thèmes d'analyse. L'analyse des fréquences et co-occurrences
permet de saisir la force de l'élément dans la
représentation. Enfin, l'analyse des conditions de production du
discours nous permet d'étudier l'ancrage de la représentation.
5. Éthique et déontologie
« La recherche en psychologie vise à
acquérir des connaissances de portée générale et
à contribuer si possible à l'amélioration de la condition
humaine. Toutes les recherches ne sont pas possibles ni moralement acceptables.
Le savoir psychologique n'est pas neutre. La recherche en psychologie implique
le plus souvent la participation de sujets humains dont il faut respecter la
liberté et l'autonomie, et éclairer le consentement. Le chercheur
protège les données recueillies et n'oublie pas que ses
conclusions comportent le risque d'être détournées de leur
but. »
(Code de déontologie des psychologues, 1996, 2012)
Pour réaliser cette recherche, nous nous sommes
efforcés de respecter les exigences de la psychologie sociale
appliquée de Delhomme et Meyer (2002) :
· Exigence méthodologique : elle a pour
finalité de d'explorer et décrire les représentations,
attentes et besoins des professionnels sur les conduites addictives des jeunes.
Nous avons, pour cela, réalisé une enquête exploratoire
qualitative, dans une démarche inductive. Nous avons
réalisé des entretiens semi-directifs sur un échantillon
de 25 professionnels.
· Exigence pragmatique : afin de répondre
à la demande de l'ASV, nous avons pu faire faire un état des
lieux sur l'accompagnement et l'orientation des jeunes pour des conduites
addictives, ainsi que sur les attentes des professionnels. De plus nous avons
pu mettre en lien les représentations et les pratiques ; ce qui a permis
d'accéder à une analyse différente de celles
réalisées auparavant. Le tout a permis d'établir des
précarisations.
· Exigence théorique : nous nous sommes
principalement basés sur la théorie des représentations
sociales.
· Exigence déontologique : nous avons
respecté le code de déontologie des psychologues, dont le
principe du consentement éclairé et de l'anonymat. Ainsi, les
sujets ont été informés des tenants et aboutissants de la
recherche et les entretiens ont été anonymés. De plus nous
prendrons en compte les entretiens non traités dans ce mémoire
pour le rapport final de l'ASV.
Résultats
Dans le cadre de cette recherche, nous avons traité
les discours des sujets par la technique de l'analyse de contenu. A l'issue
d'une analyse thématique verticale de chaque entretien et horizontale,
sur l'ensemble des entretiens (Annexe 7), divers thèmes ont pu
être dégagés.
1. L'analyse thématique descriptive
1.1. Éléments de représentation de
l'addiction
Ce thème regroupe différents sous-thèmes
qui développent une définition de l'addiction. Nous y retrouvons
les modalités de consommation, les effets de l'usage, la place de
l'usage, le mécanisme, la temporalité et le fait que ce soit
multifactoriel.
4 En ce qui concerne les modalités d'usage, nous avons pu
repérer :
· La fréquence (77%) «
Quand le produit devient, enfin est utilisé suffisamment
régulièrement pour devenir une addiction »
(n°1)
· L'opposition festif/solitaire (72%)
« Des temps festifs c'est occasionnel, c'est entre copains, l'addiction
c'est quelque chose en solitaire » (n°8)
· L'opposition
géré/impuissance (88%) « C'est une
dépendance, dans le sens où ils peuvent pas s'en empêcher
» (n°5)
· L'opposition plaisir/souffrance
(61%) « L'addiction je l'associe vraiment à quelque chose qui
est de l'ordre de la souffrance. » (n°8)
· Le continuum consommation/addiction
(44%) « c'est difficile à déterminer quand
c'est une addiciton » (n°3)
L'addiction est donc assimilée à un usage
fréquent, solitaire, non contrôlé, avec une souffrance sous
jacente. Et la limite entre addiction et consommation n'est pas évidente
à poser.
4 Pour ce qui est des effets de l'usage, nous relevons :
· Les effets psychologiques (83%), dont
:
- L'angoisse à la prise de conscience de son
état « je pense que quand on s'aperçoit que
quand on ne contrôle plus ce qu'on peut ressentir, vivre, ou
voilà. Je pense qu'à un moment donné ça peut
être psychologiquement très dangereux » (n°1)
- La perte de la
réalité « très très dangereux
d'ailleurs y'en a qui se sont suicidé comme ça hein des jeunes.
Parce qu'y sont pris dans leur leur histoire et puis ben y s'ont finit comme le
héros, y se sont tués puis y croyaient qu'ils étaient
immortels, qu'y s'allaient renaître » (n°17)
· Les effets sociaux
(67%), dont :
- L'isolement social « c'est
ça qui est important, l'addiction, c'est il y a même plus d'amis,
quand un jeune il a des addictions mais qu'il a encore des collègues,
des copains... c'est surtout ça qui est grave, c'est quand il y a un
isolement social total. » (n°22b)
- Le risque social « les parents
sont venus se plaindre tout les deux parce que les deux petits s'insultaient
sur internet. Et les gros mots fusaient. Nous on était pas au courant
parce que c'est sur facebook. » (n°5)
· Les effets physiques (83%), comme :
- L'effet psychoactif « la
consommation quand elle devient trop importante pour ce que supporte le corps
du jeune ben ça conduit à l'addiction » (n°17)
- Les risques pour la santé «
ça peut être les agressions sexuelles, ça peut être
aussi tout ce qui est accident de la route, le coma éthylique, ça
peut être » (n°3)
L'addiction présente donc des risques au niveau
psychologique, social et physiologique. 4 Pour la place de l'usage, nous
mettons en évidence :
· La nécessité
d'accompagnement (55%) « forcément une personne comme
ça doit être accompagnée » (n°12)
· La visibilité de l'usage
(44%) « quand je vois qu'il y a beaucoup d'absences, qu'ils
sont fatigués, qu'ils sont mous, pas forcément les yeux rouges,
mais les yeux rouges aussi, enfin je me pose maintenant la question: " est ce
qu'il consomme ou pas? " » (n°7)
· Le fait que ça empiète sur le
cadre de travail (44%) « moi je constate par rapport à
leur fatigue et au décrochage scolaire, donc quand on voit par exemple
par rapport au décrochage scolaire, leur fatigue, bon ça commence
par la baisse des notes, fatigue, y viennent par exemple le matin ou retard
scolaire, etc » (n°9)
· L'addiction comme signe (50%) «
c'est souvent l'arbre qui cache la forêt » (n°20)
L'addiction est visible et empiète sur le cadre de travail. Elle
est vue comme un signe de malêtre, nécessitant de l'aide.
4 À propos des mécanismes de l'addiction, nous
identifions :
· Un mécanisme humain (44%)
« Ben après il y a des gens qui sont capable de prendre sur
eux, il y a des gens qui ont besoin de courir, il y a des gens qui ont besoin
de taper dans un... dans un punching-ball. Et voilà, il peut y avoir des
gens qui ont besoin de consommer, enfin, alcool, drogue ou truc comme
ça. » (n°18)
· Une adaptation logique face au contexte
(55%) « les réponses et les transgressions, les prises
de risques sont à la hauteur de ce que l'on impose aux gens »
(n°10)
· L'addiction comme une création de
liens (55%) « chercher à travers une beuverie avec
trois mecs de leur étage, ils vont chercher à se recréer
une vie sociale, rapidement, et puis
à sympathiser, finalement leurs moyens de, de rentrer
en communication était l'apéros » (n°10)
· L'addiction comme médicament
(77%) « c'est-à-dire, en fonction de ses carences, de ce qui a
fait son manque, et ce que ce produit est venu combler comme vide, et bien il
va y rester, et il va faire un parcours avec, parce qu'il a trouvé LA
solution pour répondre au mal-être intime »
(n°13)
· La conscience du mécanisme
(27%) « c'est quand même assez énorme, ils ont
parfaitement conscience ... conscience de quel est cet objet, à quelle
place il vient se mettre. Ils l'utilisent vraiment consciemment »
(n°21)
· Une adaptation ratée (67%)
« quand ce n'est plus l'humain qui choisit où, quand, comment,
mais que le fait d'avoir une consommation d'un produit ou de plusieurs
produits, oblige l'individu à retourner à cette consommation et
à cette pratique, c'est à dire quand a devient nécessaire,
quand le produit devient nécessaire à être, à se
sentir, dans un état normal. Donc quand la consommation s'impose
à l'humain quoi » (n°13).
L'addiction est donc vue comme un mécanisme raté
(mais humain) d'adaptation ayant pour but
de créer du lien ou compenser une souffrance.
4 Relativement à la conditionnalité, nous
pouvons noter :
· La conditionnalité temporelle
(72%) « Je pense qu'on a tous des moments de, où on est bien,
des moments où on est plus fragile parce qu'on évolue quoi enfin
je veux dire. On évolue hein. » (n°9)
· Le croisement de différents facteurs
(55%) « la rencontre d'un problème
avec une personnalité dans un moment socio-historique donné
» (22b)
L'addiction serait donc réversible et liée
à plusieurs facteurs.
1.2. Éléments sur la représentation
des jeunes
Pour ce qui est de la représentation des jeunes, nous
relevons deux sous-thèmes :
· La souffrance (77%) « j'en
ai quand même vu au moins quatre ou cinq qui ne sont pas bien, ce n'est
pas juste la crise d'adolescence où ils se cherchent, non, ils sont pas
bien » (n°7) ; « des jeunes en difficulté »
(n°10)
· La volonté d'accompagnement
(44%) « ces situations addictives, qui finalement peutêtre,
conviennent très bien à certains » (n°1) ; « On va
pas faire pour eux, on va pas faire à leur place, mais.... On est dans
une mise en route où l'autre... Faut qu'il soit dans le désir
» (n°8)
Ainsi la souffrance et la volonté d'accompagnement
semblent être un point d'intérêt dans la
catégorisation des jeunes.
1.3. Éléments de représentation du
contexte associé à l'addiction
Ce thème regroupe différents sous-thèmes
qui donnent une représentation du contexte associé à
l'addiction. On y retrouve l'adolescence (83%), l'environnement/sous-culture
(72%), la société (56%), les normes sociétales (88%),
l'interaction (94%) et les facteurs individuels (100%).
4 Concernant le contexte de l'adolescence, nous
distinguons :
· Le risque/ordalie (44%) «
ça peut aller très loin j'ai dit justement, jusqu'au ben ben
à tenté de de s'automutiler, de se de se détruire de se
détruire, pour voir jusqu'où ça va aller»
(n°17)
· Le rapprochement des pairs/l'éloignement
des parents (61%) « par exemple, il y a une pub, où
ils disent, dis moi qu'on sera jamais comme nos parents... »
(n°22b)
· L'expérimentation (56%)
« à ce moment là de la vie, et qui parmi peut-être
les différentes expériences, expérimentations de ...un
peu...quitter l'enfance, aller s'expérimenter en tant que adultes, etc,
bon euh, l'expérience de certains produits, enfin de certaines
consommations peut exister chez certains jeunes »
(n°16)
· L'imitation des grands (22%) «
des fois, ils se comportent comme des jeunes qu'ils voient dans les
téléréalités, » (n°5)
· L'interdit/provocation (39%) «
alors, voilà, ils sont jeunes, ils vont prendre des trucs un peu plus
illicites, pour transgresser, machin » (n°22b)
· L'étape/la souffrance à
surmonter (27%) « ce n'est pas surprenant qu'a un moment de
l'adolescence, qu'au moment de fermer les yeux, de se... que ça
travaille, que ça ça .. Et justement c'est déjà pas
facile mais important d'avoir ces moments de doutes, de questionnements
même de peurs, de tout ça. Je crois qu'il faut les affronter.
» (n°7)
· La capacité de rebondir (22%)
« le jeune il peut, en lui et autour de lui potentiellement solliciter
plus de ressources, » (n°20)
Les conduites addictives semblent donc être
associées à cette période de passage de l'adolescence,
tant pour la prise de risque, la transgression, que pour tester son
identité en s'éloignant de ses parents et se rapprochant des
pairs. De plus l'attitude face à ces conduites semble positive
« C'est qui est bien normal pour des ados » (n°13) ; «
ce mouvement d'expérimentation, c'est aussi quelque chose de positif
à ce moment là, » (n°16). Et les adolescents sont
vus comme étant capables de rebondir.
4 Relativement aux sous-cultures et à
l'environnement, nous repérons :
· L'accessibilité du produit (56%)
« Le produit est trop facilement accessible » (n°23)
La communication positive sur les drogues
(27%) « Parce que quand on vous promet le paradis, on a envie
de, d'y aller quoi, voilà » (n°1)
Les sous-cultures comme :
- La sous-culture de la cité (27%)
« quand quand je parle du contrat d'apprentissage à certains
jeunes ben y me regardent en rigolant " 300 euros par mois mais non mais
ça va pas, moi c'est ce que je gagne en une soirée quoi", ben oui
» (n°17)
- La sous-culture « jeune déviant
» (11%) « Bien souvent quand on est à la marge,
ils ont du mal à s'inscrire dans, dans le monde des adultes »
(n°8), « ça fait un petit peu peur d'aller vers
l'étranger, euh vers l'employeur qui est un mec un peu bizarre, et
qu'est ce qu'il veut, il a pas les mêmes codes que moi. »
(n°18),
- La sous-culture familiale/régionale
(44%) « par exemple on a des jeunes qui arrivent des DOM-TOM,
euh culturellement leurs rapports avec l'alcool et avec le rhum euh il est
assez particulier » (n°10)
- Les normes du groupe (72%)
« Et il faut rentrer un peu dans la norme du groupe et si la norme du
groupe c'est prendre des risques, si la norme du groupe c'est de boire, si la
norme du groupe c'est de consommer des produits alors, au moins, on va
être amenés à le fairei (n°21)
Ainsi, les conduites addictives seraient liées
à l'environnement proche tel que l'accessibilité au produit et la
confrontation à la communication positive sur l'usage ; mais aussi en
lien avec les normes de la sous culture à laquelle le jeune
appartient.
4 A propos de la société, nous notons
:
La crise/l'individualisme (39%) «
c'est bon la religion ça n'existe peu ou très peu, enfin j'dirais
moi, pour moi tant mieux mais tout les verrous ou limites, la morale pure, sans
même parler de religion,... ben voilà, c'était des choses
qui à mon avis étaient plus confortables. Bien ou pas j'en sais
rien mais plus confortables. Ils avaient plus ce sens de, du bien et du mal
entre guillemets. On est dans une société individualiste »
» (n°7) « , là on est en pleine crise, y subissent tous
les problèmes sociaux de la société, que la
société leur renvoie, » (n°10)
La société de consommation (16%)
« Donc les jeunes y sont comme les adultes hein, y sont consommateurs
» (n°5)
L'évolution selon les époques
(27%) « des modes de consommations qui ont aussi
évolué dans le temps. » (n°10)
Ainsi, la société aurait son rôle dans les
conduites addictives, de par la situation de crise, l'individualisme et
l'incitation à la consommation. Ceci est notamment relevé par
l'évolution des usages.
4 Sur le thème des normes sociétales, nous
notons :
· La médicalisation (22%)
« c'est plus facile en fait de donner des médicaments à
consommer que d'approfondir les trucs, quand on approfondit les causes du
problème ça prend beaucoup de temps et on consacre pas du temps
» (n°9)
· La marginalisation/la stigmatisation
(61%) « dans la mentalité de la société en
général, on considère qu'un C.A.P si on l'obtient pas
c'est qu'on est vraiment, on est à la limite de la
débilité. Tandis qu'un bac, c'est mieux. Voilà. Donc les
élèves qui préparent des C.A.P, souvent si en plus y
réussissent pas quand y préparent leur C.A.P en deux ans c'est
que vraiment, c'est foutu pour eux quoi. Y feront jamais rien de leur vie quoi.
» (n°9)
· La légalité/la répression
en question (50%) « comme si on ne pouvait y répondre
qu'en mettant tous ces gens a l'écart en les considérant comme
des délinquants, c'est pas des délinquants, c'est toi et moi, je
veux dire c'est des gens même des chefs d'entreprise, des gars
réinsérés, ils ont une consommation de produit donc euh,
voilà, c'est pas une question de délinquance c'est une question
de société maltraîtante et de comment on y répond
à ça, quoi. Il faut voir la consommation d'anxiolytiques et
d'anti-dépresseurs » (n°13) « disons que c'est tellement
courant, ça fait partie, c'est comme manger une glace »
(n°7)
· La subjectivité des normes (39%)
« on est toujours sur et convaincu que ce que l'on sait
individuellement c'est la panacée, c'est universel »
(n°23)
Ainsi, le regard de la société sur les
conduites addictives serait stigmatisant, définissant tantôt
l'addiction comme maladie (médicalisation) tantôt comme
délinquance lors d'usages illicites. Cependant la laxivité de la
répression et la banalisation des conduites sont matière à
questionnements. La subjectivité des normes est aussi introduite.
4 Pour ce qui est de l'interaction entre le jeune et les
autres groupes, institutions nous relevons :
· La rupture (27%) « jeunes en
difficulté en rupture sociale, familiale, professionnelle »
(n°10)
· Les adultes (33%) « il faut
tout un village pour élever un enfant. » (n°1)
· La famille, tant dans le cadre que dans la
communication (50%) « s'il arrive pas à communiquer en
famille, si y se sent pas en sécurité, s'il est pas trop bien
parce que chez lui c'est pas génial etc, ben y va se regrouper avec des
jeunes avec qui y va avoir des affinités on va dire, qui risquent de le
comprendre et de l'aider » (n°9)
· L'école/le boulot (83%)
« au niveau de leur avenir donc si y sont très inquiets par
rapport à ça, surtout si par exemple souvent y a les parents qui
mettent un peu la barre haute hein c'est-à-dire y a encore le mythe de
l'orientation en scientifique où c'est les plus
intelligents » (n°9)
· Les pairs et les relations amoureuses
(39%) « Des relations affectives, des relations de
communications avec ses pairs compliquées » (n°8)
Ainsi, les ruptures dans l'interaction humaine ou scolaire, ou
encore la difficulté d'insertion professionnelle seraient en lien avec
les conduites addictives.
4 En ce qui concerne le contexte individuel, nous avons
mis en évidence :
· L'histoire de vie (56%) « il
se passe quelque chose de grave, on a perdu le grand père, et donc on se
pose des questions existentielles. Y'a le divorce, y'a ceci cela. Là le
gamin, c'est sur le pauvre que ça va être très
compliqué pour lui » (n°23)
· Le soucis de soi (16%) «
Après je ne fais pas de mal à mon corps, euh, tu vois, »
(n°3)
· La personnalité (33%)
« manque de personnalité, manque de confiance en soi, »
(n°18)
· Les biais (22%) « Où je
me sens pas responsable ni de moi même ni des autres, c'est le Mektoub ,
Inchallah tu sais, rho c'est écrit c'est comme ça »
(n°23)
· Le manque de connaissances (11%)
« quelqu'un qu'a compris, qu'est averti, normalement est plus
méfiant et tombe moins dans l'addiction que quelqu'un... qui est
plus...euh... moins moins averti et surtout qui... à qui on a pas
beaucoup expliqué ou qu'a rien compris à ce qu'on lui avait
expliqué. » (n°17)
· La physiologie (16%) « Chaque
personne n'accepte pas la drogue de la même façon »
(n°12)
· Le projet de vie (83%) « C'est
un jeune, il savait pas quoi faire de sa vie et tous, la plus part, ils sont
comme ça » (n°5)
Ainsi, les variables personnelles seraient en lien avec les
conduites addictives ; que ce soit dans la souffrance causée par
l'histoire de vie, dans une absence du souci de soi, par des biais, un manque
de connaissance ou de projet de vie absent ; ou encore par la
personnalité ou la physiologie.
1.4. Éléments de représentation des
consommations
Ce thème regroupe différents sous-thèmes
qui donnent une représentation des produits associés à
l'addiction. Nous y retrouvons les produits/sans produits, la classification et
la place du produit.
4 A propos des usages avec produits ou sans produits,
nous notons divers éléments :
Nous distinguerons le fait de citer le produit et le fait de le
rencontrer dans sa pratique. Les produits sont cités par 100% des
sujets, tandis que les sans produits, le sont pour 83% ; avec
une majorité pour les nouvelles technologies (77%). Les
produits auxquels se retrouvent confrontés les professionnels sont :
le shit (100%), l'alcool (78%), le tabac (61%), les
jeux/virtuels (44%), les réseaux sociaux, les médicaments et la
cocaïne, respectivement (22%) chacun et l'alimentation (11%). On note
aussi l'alimentation, le sport, la sexualité et l'addiction comme un
mode de vie « moi, les jeunes que je reçois, ils sont addicts
aux conneries, ils ont un comportement, comme ça, renvoyés des
établissements scolaires, voilà, la moindre connerie c'est pour
eux... j'ai pas envie de dire délinquance, mais que des conneries quoi,
voilà tout est mis un peu en échec... et je dis addict, parce que
ils peuvent pas s'en empêcher, donc ça va durer 2, 3 ans »
(n°22a). Et nous observons des poly-consommations
(28%) « et souvent les consommations, elles sont liées, ils
fument et ils boivent » (n°3)
Ainsi, le shit, l'alcool, le tabac et les jeux virtuels sont les
plus cités. Et les conduites addictives pourraient être vues plus
comme un mode de vie à rattacher à l'adolescence.
4 Pour ce qui est de la classification des usages, nous
avons mis en évidence :
Le prix (22%) « ouais de la
bière parce que c'est pas cher, » (n°11)
La distinction drogue dure/drogue douce (28%)
« c'est le shit, et les drogues plus ou moins dures »
(n°1)
La hiérarchie des produits dangereux
(33%) « Donc comme je dis toujours: " il vaut mieux
être addict du sport, que...". Mais le tricot aussi!! j'veux dire, ben
voilà, les grandmères qui tricotent du matin au soir, elles
fuient aussi autre chose, elles fuient la solitude, l'ennui, enfin bon. Sauf
que ça fait moins de mal de tricoter, si ce n'est d'avoir les doigts un
peu crochus, faire trop de sport, ça fait un peu des tendinites, enfin
voilà. Les conséquences ne sont pas les mêmes. »
(n°7)
La légalité (33%) « Je
vous ai pas parlé de cigarette parce que pour le coup c'est
légal. » (n°18)
La notion de tabou et de banalisation
(22%) « alors moi je constaterai beaucoup d'alcool, mais ils
en parlent pas... j'ai l'impression qu'ils parlent moins facilement de l'alcool
que de, que du pétard, c'est marrant » (n°7) ; « les jeux
vidéos c'est plus caché » (n°3) ; « Beh, là
pour l'alcool, c'est vrai que pour nous, on a une population, euh, a 90%
magrébine, donc pour eux l'alcool ça reste tabou »
(n°5)
Ainsi, les produits sont classés selon le prix, (donc
plus ou moins abordables par des jeunes), la différenciation dure/douce,
leur risque en terme de dépendance plus ou moins rapide et nocive, leur
légalité, leur tabou (l'usage régulier de shit
étant moins tabou dans les moeurs que l'alcool ou le jeu
vidéo).
4 Pour ce qui relève de la place du produit dans
la consommation, nous remarquons :
· L'usage (50%) « sûr
c'est pas une drogue en soi, ou n'importe quelle drogue, c'est en fonction de
la personne et du moment etc, de plein de choses, il ne faut pas non plus
tomber, non plus dans le, ça fait pas de mal de boire un verre de vin
quoi.» (n°12),
· L'effet (22%) « peu importe
le mélange de produits mais il faut que ça aille vite, il
faut
que ce soit fort » (n°10 ) ; « pour la
première fois que j'ai bu un wisky, j'ai jamais vu
quelqu'un dire :"ohohoh, c'est super bon!". C'est amer,
c'est, c'est, c'est agressif » (n°7) Ainsi, l'addiction n'est
pas uniquement liée au produit, mais à l'usage que l'on en fait
et à l'effet recherché. Nous pourrions alors distinguer ceux qui
consomment pour le goût du produit et de façon
modérée, de ceux qui consomment pour l'effet et de façon
plus excessive.
1.5. Éléments de la pratique professionnelle
Ce thème regroupe différents sous-thèmes
qui donnent une représentation de la pratique associée aux
conduites addictives. Nous y retrouvons le cadre professionnel, l'attitude, les
valeurs de la rencontre et le cadre personnel.
4 A propos du cadre personnel, nous avons mis en
évidence :
· Les missions que ce soit :
- L'insertion (39%) « Il y a un jeune,
on l'a aidé a préparer son Bafa, j'ai appelé la CAF pour
savoir si elle pouvait lui prendre en charge... » (n°5)
- L'éducation (22%) « un peu
des adultes tampons, des adultes substituts, qui vont renvoyer aussi une
règle » (n°1)
- L'accompagnement psychologique (39%)
« que nous, en tant qu'assistantes sociales, c'est un peu ce qu'on
peut prendre comme temps avec les élèves avec lesquels la
question se pose, de pouvoir parler un peu autour de cette consommation »
(n°13)
- La santé (33%) « ce que
demande comme chiffre l'OMS » (n°23)
· Le fait de ne pas sortir de ses missions
(78%) « Nous, cette problématique on le travaille
à la ... Mais après... Chacun a un champ bien précis et
on, on, on essaie d'être humble, » (n°8)
· La difficulté du rôle
(17%) « la drogue, je le vois comme vraiment
quelque chose de fort et de difficile à soigner. »
(n°12)
4 En ce qui concerne l'attitude, nous avons
pointé différents sous-thèmes :
· Parler d'addiction/aller vers (56%)
« Alors j'en parle avec les jeunes et je provoque le débat quand
j'anime les ateliers santé, une fois toutes les 3 semaines ça
dépend du
rythme et de ma disponibilité. »
(n°21)
· Faire de la prévention (61%)
« à mon niveau du avant, avant qu'il y ait quelque chose qui
bascule » (n°1)
· Faire de l'éducation par les
pairs (11%) « surveillez toujours qu'il n'y en ait pas un qui
fasse un comas éthylique » (n°3)
· Faire de la réduction des risques
(44%) « ça ne les empêchera peut-être pas
de consommer, tous, mais consommer au moins avec un petit truc dans le
crâne en disant bon c'est pas top, au moins ça quoi. »
(n°7)
· Adopter une relation d'aide
(100%) « ça me préoccupe par rapport à ce qui
vous arrive à vous » (n°20) ; « on leur demande, mais
pourquoi tu bois, pourquoi tu... »
(n°3)
· Faire prendre conscience (56%)
« j'essaie de faire réfléchir les gens sur leur
comportement vis à vis des utilisations de produits ou de leur
comportement addictif » (n°23)
· Dédramatiser (39%) «
... moi c'est ce que j'lui disais, moi franchement ta consommation ne
m'inquiète pas. Parce que je savais que il allait un jour décider
de s'arrêter quoi voilà, parce que dans sa façon de me
parler, de m'expliquer des trucs, ses projets tout ça je savais que il
arrêterait sa consommation quoi. Donc moi je pense que le but c'est de
pas dramatiser et ne pas dramatiser et soutenir quoi, mais soutenir en
équipe et faire en sorte que l'élève réussisse sa
scolarité. » (n°9)
· Cadrer (39%) «
déjà lui rappeler aussi le cadre de fonctionnement et donc qu'il
s'est mis en faute » (n°10)
· S'appuyer sur le réseau
(94%) « il faut que j'arrive à trouver, donc là
on cherche, hein régulièrement, des activités, des groupes
de parole, des endroits où, effectivement, ça peut se jouer avec
d'autres adultes, » (n°1)
· Avoir un discours commun (11%)
« une attitude commune quoi, qu'il n'y en ait pas un qui dise un truc et
que l'autre dise l'inverse » (n°12)
· Se questionner sur la
confidentialité (44%) « scolaire ici, on fait vraiment
attention à la confidentialité, ce que nous disent les
élèves n'est pas forcément reporté aux prof »
(n°7)
Ainsi, les modalités d'action face à
l'addiction pourraient varier (aller vers, prévention, éducation
par les pairs, réduction des risques). La relation d'aide et l'appui sur
les équipes semblent être des attitudes primordiales.
4 Pour ce qui est des valeurs de la rencontre, nous
avons relevé comme sousthèmes:
· La libre adhésion (39%)
« Selon le principe de la libre adhésion... Ça, c'est
quelque chose qui nous est cher » (n°8)
· La confiance (33%) « instaure
une relation de confiance avec les jeunes pour pouvoir faire un travail avec
eux. » (n°18)
· Le temps de la relation (33%) «
Et tout ça, c'est vraiment, toute la relation humaine, elle demande du
temps. » (n°1)
· L'écoute (55%) «
ça se passe, pourquoi, comment, l'écoute, l'écoute,
l'écoute, » (n°10)
· La place du Sujet (72%) « Ce
qui m'intéresse plus c'est pas forcément le produit, à la
place où je suis, c'est le phénomène, l'attitude, ce qui
amène. » (n°1)
4 Concernant le cadre personnel, nous avons mis en
évidence :
· La conception de la vie (17%) «
Ça c'est parce que j'ai une notion, conception de la vie qui est celle
là, en tout cas, c'est très personnel » (n°1)
· La différence
professionnel/personnel (22%) « Après, c'est pas mes
enfants, peut-être que je m'affolerais aussi. » (n°21)
· L'expérience (72%) « moi
je vais leur parler plus par rapport à mon expérience à
moi quoi, par rapport à ce que j'ai vécu »
(n°5)
· La cohérence discours comportement
(17%) « si nous les adultes on était plus
cohérents, moins ambivalents, je pense qu'en tout cas, dans nos messages
de prévention, on serait plus performants » (n°23)
· Le fait de se questionner sur soi (44%)
« que, ils ne restent pas sur leur à priori et sur leurs dogmes
» (n°10)
1.6. Éléments sur l'orientation
Tremplin et le PAEJ sont cités par l'ensemble des
professionnels interviewés : « je parles pour les addictions,
en général oui on les envoie chez Tremplin. Enfin on les envoie,
on leur propose d'aller, on leur propose d'aller. En général ils
y vont. Des fois ça met un peu de temps pour qu'y se décident
mais en général ils y vont. Ou Centre, euh, Point Écoute
Jeunes pardon » (n°9). Le CMP et CAP 48 ainsi que l'Elf, la
Villa Floréale, Montperrin sont aussi mentionnés très
ponctuellement.
1.7. Éléments sur le positionnement des
parents
Les attitudes des parents face aux conduites à risque
sont diverses : la réduction des risques, le déni,
l'inquiétude, la demande d'aide... Les causes de ces attitudes, le sont
également : les problèmes personnels ou le fait d'être
démuni. Ainsi, des professionnels se sont demandés si
l'information était accessible aux parents : « est ce qu'ils
savent que ces structures existent, c'est ça c'est la visibilité
de ce type de ce job. Est ce que tout le monde sait ? »
(n°18)
1.8. Éléments sur les Attentes
Ce thème regroupe différents sous-thèmes
qui donnent une représentation des attentes associées aux
conduites addictives. Nous y retrouvons les attentes auprès des
professionnels eux-mêmes (78%), auprès des parents (28%),
auprès des jeunes (100%), auprès des politiques (83%), et
auprès de la société (33%).
4 Pour ce qui concerne les attentes auprès des
professionnels, nous relevons :
la formation, que ce soit
:
- Sur les produits (22%) «
connaissance technique des produits qui m'a intéressé le plus
mais en allant un peu plus loin sur aussi quel produit annule quoi quand on
prend tel truc, qu'est-ce qui, qu'est-ce qu'on voit arriver »
(n°10)
- Sur où orienter (33%) « quoi
faire de l'élève qu'on suppose ou même qu'on est sûr
qu'il est addict. "qu'est ce qu'on en fait, où on l'envoie?" »
(n°7)
- Sur des outils (11%) « avoir les
bons outils pour leur parler » (n°5)
- Sur les représentations des
équipes (44%) « Donc nous une formation, oui, mais
obligatoire aussi, pour tous les gens qui sont en contact avec des jeunes quoi,
même les prof, j'veux dire,» (n°7)
Le réseau (72%) «
on avait mis en place des petits déjeuner avec des
professionnels qui venaient, euh dans de la santé, euh donc un
professionnel et un conseiller par exemple, qui étaient sur la structure
d'accueil et qui discutaient librement autour d'un petit déjeuner »
(n°18)
La supervision (17%) « une
supervision, des échanges avec d'autres professionnels qui font la
même chose » (n°21)
Ainsi, les attentes auprès des professionnels se
centreraient sur de la formation (les produits et les relais potentiels), de
l'échange de pratique, et de l'uniformisation des pratiques
d'équipe.
4 Pour ce qui est de le formation auprès des
parents, nous notons :
La formation (17%) « c'est les
parents qui ne sont pas du tout formés, faudrait en même
temps que la sensibilisation, à la rentrée.
» (n°7)
L'inclusion à la prise en charge du jeune
(17%) « tout le monde s'intéressait à son cas
mais en fait y a pas eu de... comment dire... de travail d'équipe, pas
de travail avec la famille » (n°9)
4 Quant aux attentes auprès des jeunes, nous
relevons :
Les principes, tels que, pour les plus
cités :
- Ouvrir sur autre chose (50%) «
Après c'est, qu'est-ce qu'on propose ailleurs, ha ben c'est des trucs
qui vont me détruire, mais en même temps, il y aurait d'autres
propositions, je pense qu'ils iraient » (n°1)
- Créer du lien avec les autres (39%)
« En leur donnant la capacité à, à, à
être inscrit dans quelque chose parce que bien souvent quand on est
à la marge, ils ont du mal à s'inscrire dans, dans le monde des
adultes » (n°8)
- Former/informer sur les addictions
(33%) « il faudrait un minimum d'info avec des piqûres de rappel
quand même, pas juste les deux heures de SVT, en je ne sais pas combien,
en quatrièmei (n°7)
- Éduquer tôt à prendre une
décision (28%) « qu'il faut en discuter bien avant la
préadolescence, tu vois, à l'age de raison, vers 8, 8-10 ans il
faut commencer ce genre de discussions » (n°23)
La forme, avec notamment :
- L'aller-vers (44%) « avec un
système avec des pairs, d'actions un peu citoyennes, tutorat, un peu des
...sur de la prév.. sur..., faire en sorte que... se saisir de choses
comme ça » (n°20,)
- Des formes adaptées (28%) «
Des lieux qui sont adaptés à la réalité »
(n°8)
- Des formes ludiques/artistiques (28%)
« c'est sous un autre aspect, c'est un peu ludique, c'est collectif,
on peut se cacher derrière les autres.... voilà, je pense que
ça a un gros intérêt aussi mais sur pas mal de sujet, pas
que sur l'addiction, sur pas mal de trucs seraient intéressant. De
petits débats comme ça!!! .... » (n°7)
Les outils, tels que :
- Le théâtre forum, psychodrame...
(22%) « du photo langage. Et on y va, on écrit, on
parle, on est vivant. » (n°1)
- Mixer les types de jeunes (17%) « des
jeunes qui sont déjà dans cette difficulté là.
Pourquoi ne pas leur faire rencontrer des jeunes qui n'y sont pas »
(n°1)
- Le vécu d'un addict (17%) «
nous on avait fait se rencontrer des plus vieux et des jeunes, au CFA, des
vieux qui expliquaient au jeunes en quoi ça les emmerdait d'être
addicts, parce qu'ils avaient des trou de mémoire, qu'ils pouvaient pas
dormir sans leur pétard... » (n°22b)
- Les besoins primaires (11%) « le
nombre de jeunes qui ont des problèmes de vue, d'audition, donc
voilà je pense que y'a la santé au sens large du terme qui est
pas suffisamment prise en compte » (n°20)
4 A propos des attentes auprès des politiques,
nous avons mis en évidence :
· Les moyens temporels et matériels
(67%) « Tout le travail qui peut être fait n'a rien
à voir quand on est là depuis longtemps, sur la connaissance du
terrain que l'on a, l'histoire du terrain qu'on connaît, le lien avec les
gens qui existent, la confiance qui a pu se mettre en place »
(n°1)
· Le fait de donner la parole à « ceux
qui sont dedans » (28%) « faire des groupes
d'échange avec les jeunes » ( n°22a)
· Moins d'hypocrisie par rapport aux produits
(17%) « enfin l'addiction à la consommation clairement
c'est pas culturel, c'est pas naturel, c'est un truc qui est
créé, ouais c'est un mécanisme économique pour moi,
si tu laisses un produit en vente, tu crée de l'addiction, voilà
!» (n°12)
· La modification de l'organisation de
l'éducation nationale (22%) « de souplesse dans les
dans les échanges, dans les entrées de partenaires,... dans les
dans les établissements scolaires, dans les... surtout dans les
établissements scolaires hein. C'est bien beau de faire passer le le
code de la route... enfin donner des tas de diplômes mais bon un
diplôme de prévention à certaines choses ce serait aussi
intéressant j'trouve. » (n°17)
4 En ce qui concerne les attentes auprès de la
société, nous pouvons relever :
· La place des jeunes (28%) «
faire confiance aux jeunes un peu » (n°22b)
· La législation (11%)
« La loi, quand on est dans une consommation qui est aussi
générale, euh quotidienne, visible, banalisée,... comme on
allume un clope, les gamins allument des joints... c'est que la loi elle est
obsolète, quand on la piétine comme ça »
(n°13)
2. Analyse structurale générale
Après l'étude des liens entre les thèmes
pour chaque entretien (Annexe 8), nous pouvons résumer ces liens dans
les schémas ci-dessous.
2.1. Lien entre les différents
éléments de la représentation de jeunes et addictions
On peut schématiser les liens entre les différentes
composantes de la représentation sociale de jeunes et addictions ainsi
:
Adolescence
Environnement /Sous-cultures
Jeune en souffrance
Combler / fuir
Souffrance
Société
Contexte
Interaction
Individuel
Usage
« normal »
Produit : illégal et risqué
Se tester
Créer du lien
Usage
« addict »
Addiction = Usage : Visible, Fréquent, Solitaire, Non
géré et Risqué (Biopsycho-social)
Figure 4 : Organisation de la représentation sociale
de l'addiction.
On remarque que l'usage serait dichotomique : l'usage «
normal » et l'usage « addict ». L'usage « normal
» serait lié à l'adolescence
ou à l'environnement, dans le but de
se tester ou de créer du lien. Ce serait un
usage associé au festif, au
contrôle et au plaisir. Quant à
l'usage « addict », il serait lié au
contexte, créant de la souffrance. Ainsi le jeune
serait représenté comme ayant un mal-être.
Et le mécanisme en jeu consisterait à combler
cette souffrance. L'usage « addict » serait
basé sur une représentation de l'addiction alliant plusieurs
critères : la fréquence,
l'impuissance, la solitude, la
visibilité et les risques associés. La
représentation du produit jouerait aussi sur la représentation de
l'usage comme addict, si c'est un produit « à risque
» et si c'est un produit
illégal.
Et cette différence normal/addict semble
également être intégrée par les
jeunes « Si d'un coup à une soirée, y'en a un
qui se pointe avec de la coke ou commence à s'injecter, j'aimerais voir
la réaction des autres autour quoi. Peut-être que là il
sera plus comme, ...déviant » (n°21), notamment par
rapport au tabou de l'addiction « en collectif, il
n'y a personne qui parle de son mal-être, c'est, ouais c'est trop bien
les soirées » (n°3). Ce tabou est
particulièrement mis en avant pour l'alcool «
alors moi je constaterais beaucoup d'alcool, mais ils en parlent pas... j'ai
l'impression qu'ils parlent moins facilement de l'alcool que de, que du
pétard, c'est marrant » (n°7) et les jeux vidéos
« les jeux vidéos c'est plus caché » (n°3).
On note aussi une peur de la stigmatisation «
[Tremplin] qu'est-ce que c'est ? Voilà quelle image ça renvoie ?
Est-ce que c'est au vu des autres ? Est-ce que c'est un lieu où on peut
aller discrètement ? » (n°11)
2.1. Lien entre les différents
éléments de la représentation de jeunes et addictions et
la pratique des professionnels
On peut schématiser les liens entre les différentes
composantes de la représentation sociale de jeunes et addictions et la
pratique professionnelle ainsi :
PREVENTION
Cadre personnel : Connaissances,
expériences
Attentes auprès des jeunes, des parents et des
politiques
Usage nul ou
« normal » : géré
+
plaisir + festif
Demande du jeune
RS de
|
RS du
|
RS du
|
l'addiction
|
produit
|
jeune
|
Impossibilité
d'accompagnement ORIENTE
D'ACCOMPAGNEMENT
PROPOSITION
Usage « addict » : fréquent + non
géré + seul + mal-être + produit à risque
Normes groupe
RS de l'usage
« normal » vs
« déviant »
Demande
d'un tiers
Normes médicales, sociales,
scolaires,
culturelles
RS du contexte
Demande du jeune
Hors compétences/ cadre
RS Cadre
Professionnel
Individuel
Interaction
Adolescence
Attentes auprès des
professionnels, des politiques
Société
Figure 5 : Organisation du lien entre représentation
sociale de l'addiction et pratique
Ainsi, la représentation sociale du
contexte influencerait les représentations de l'addiction et
les représentations du produit. Nous notons
d'ailleurs que les produits les plus cités sont ceux qui sont
illégaux (shit) et qui causent des risques pour la santé (alcool
: coma éthylique). Le tabac est moins cité (légal et
risques à long terme). Le contexte influence aussi la
représentation du jeune. Et, ces
représentations auraient elle-même un impact sur la
représentation de l'usage : « normal » ou « addict
». Enfin, la représentation de l'usage « normal
» entraînerait le plus souvent une pratique de
prévention tandis qu'une représentation de l'usage comme
déviant guiderait la pratique vers une proposition
d'accompagnement ou une orientation. Et, ces pratiques seraientt
modulée par le cadre personnel, le cadre professionnel et la demande du
jeune ou d'un tiers.
La pratique serait donc liée
à cette représentation de l'usage. Ainsi, le professionnel
tâcherait de repérer l'usage « addict
», « que j'essaie de savoir s'ils le font plutôt
en groupe, ou si c'est isolé, si c'est parce qu'il est
déprimé ou au contraire parce qu'il est content, ce genre de
questions qui va me permettre d'évaluer le risque ou le danger du
côté de sa sociabilité, de sa capacité à
continuer à avoir une vie d'ado quoi. Voilà ». (n°13)
« quand je vois qu'il y a beaucoup d'absences, qu'ils sont
fatigués, qu'ils sont mous, pas forcément les yeux rouges, mais
les yeux rouges aussi, enfin je me pose maintenant la question: est ce qu'il
consomme ou pas? » (n°7) ou de l'objectiver lorsque les
jeunes sont envoyés par un tiers « Souvent ils sont
adressés en disant, il a un problème, non, non pas
forcément, il est pas alcoolique, c'est pas parce qu'il a
été, qu'il a bu, qu'il s'est retrouvé à
l'hôpital qu'il est alcoolique. Donc c'est à nous de trouver quel
est le rapport avec ce produit » (n°22a). Les acteurs de terrain
pratiqueraient de la prévention quand l'usage ne pose pas
problème « Alors j'en parle avec les jeunes et je
provoque le débat quand j'anime les ateliers santé, une fois
toutes les 3 semaines ça dépend du rythme et de ma
disponibilité. » (n°21). Mais lorsque l'usage est
repéré comme « addict », il est proposé un
accompagnement, « j'essaie de faire réfléchir
les gens sur leur comportement vis a vis des utilisations de produits ou de
leur comportement addictif » (n°23) ; « tout notre travail c'est
d'essayer de... d'inverser la machine » (n°11) ou
une orientation « Et
généralement, si c'est vraiment un problème d'addiction et
que y'a cette demande, je vais l'orienter vers Tremplin ou voilà, vers
un partenaire pour ça. » (n°21).
Le cadre professionnel jouerait aussi
sur la pratique au niveau de la liberté d'action
«[l'usage] tant que ça empiète pas sur la sphère
dans laquelle on se rencontre avec le jeune, à savoir la vie
professionnelle, dans la citoyenneté, voilà,
l'intégration, l'insertion pour être plus
précis » (n°18 ), des
compétences « je vais pas plus loin, parce que je suis
pas formée pour ça, » (n°1), et des
missions « après, on est pas un service pour ça
non plus » (n°3).
Le cadre personnel ainsi que
l'expérience joueraient aussi un rôle dans le lien entre pratique
et représentation. « Quand on dit quelque chose, on le dit
à la lumière d'un, certainement de l'observation. Les
observations qui sont... Sur le temps d'une expérience, »
(n°8) ; « Mais c'est vrai que l'inconnu fait peur aussi, donc c'est
vrai que l'héroïne ça peux faire super peur quand même
pour le coup. Que mon petit fils me dit qu'il consomme de l'héro
hé ben je me dit dans trois mois il va faire mon sac »
(n°18).
La demande du jeune influerait
également sur la pratique « On va pas partir de la demande de
la personne, il faut travailler... L'histoire, l'histoire, l'histoire
familiale, l'histoire personnelle, une demande personnelle. Euh... Histoire de
la demande » (n°8) ; « il voulait arrêter une consommation
de shit qui était quand même importante et qui lui avait
coûté pas mal de déboires, c'est clair que ce jeune se
retrouve dans une situation où il lutte contre luimême à
longueur de journée, c'est très difficile, parce qu'il ne faut
pas rêver, ça a un effet aussi apaisant, désangoissant...
Lui, je l'ai orienté vers le CMP de la Torse » (n°13)
Les attentes seraient aussi
liées aux représentations et aux pratiques. Ainsi
l'impossibilité d'accompagnement dans la pratique
entraîne des attentes auprès des
professionnels « Oui parce qu'à part Tremplin
qu'est-ce qu'on trouve? Concernant les addictions? Sur Aix? » (n°9) ;
« serait une aide immédiate, enfin une aide dont j'aurais besoin
peut-être là oui, effectivement, pour que, passer le relais »
(n°1), auprès des politiques « on
aimerait développer quelque chose mais c'est une organisation, on a pas
trouvé encore comment s'organiser » (n°3), ou
auprès de l'éducation nationale « De souplesse
dans les dans les échanges, dans les entrées de partenaires,...
dans les, dans les établissements scolaires, dans les... surtout dans
les établissements scolaires hein. C'est bien beau de faire passer le..
le code de la route... enfin donner des tas de diplômes mais bon un
diplôme de prévention à certaines choses se serait aussi
intéressant j'trouve. » (n°17). Pare ailleurs, la
représentation du contexte influencerait les attentes,
notamment auprès des jeunes « de
prévention oui chez les tout petits, le prendre très, très
tôt » (n°11) « En leur donnant la capacité
à, à, à être inscrit dans quelque chose parce que
bien souvent quand on est à la marge, ils ont du mal à s'inscrire
dans , dans le monde des adultes » (n°8), auprès
des parents « qu'on arrive à travailler au
niveau d'un parent, au niveau des parents » (n°1)
ou auprès de la société «
qu'on parle des jeunes, pas forcément les conduites addictives »
(n°22a).
3. Implication des caractéristiques
sociodémographiques
Selon le lien pratique/représentations et les
caractéristiques sociodémographiques, nous distinguons 3
catégories de professionnels : les acteurs de prévention, les
professionnels relais et les professionnels de l'accompagnement.
3.1. Catégorie 1 : Les professionnels acteurs de
prévention
Cette catégorie représente les entretiens
1, 3, 5, 4 et 23.1
Elle est caractérisée par la rencontre de
jeunes, principalement en intervention collective. Les
professionnels font de la prévention primaire ou
secondaire « les filles, vous avez une mission là. Par
rapport au comportement d'abruti de nous les garçons, parce que nous
faut qu'on fasse les beaux, les coqs, ben c'est à vous de nous,
peut-être plus nous .... .de nous cadrer, temps en temps un peu de nous
casser, parce que ça permet de nous faire réfléchir quand
on fait un peu trop les coqs et qu'on prend un peu trop de risques »
(n°23) et orientent peu individuellement,
mais donnent des informations collectives « nous ce
qu'on aimerait c'est que celui qui est dans le mal-être, il trouve, il
ait vraiment toutes les cartes en main pour pouvoir essayer de se soigner quoi
» (n°3). Ils sont principalement animateurs de
formation. Le public jeune n'est pas forcément en
difficulté « Je reçois des classes, avec leurs
professeurs » (n°3), ni consommateur «
Je vous dit, je suis pas confrontée à la consommation
forcément, parce que moi j'ai des enfants plus jeunes, des enfants qui
n'y vont pas » (n°1).
3.2. Catégorie 2 : Les professionnels relais
Cette catégorie représente les entretiens
2b, 6, 7, 10, 12, 17, 18, 19 et 20.
Elle est caractérisée par la rencontre de jeunes
principalement en intervention collective et individuelle
« quand ils m'en parlent que ce soit dans le cadre des groupes de paroles
sur l'atelier santé thématique, mono-thématique ou
multi-thématique ou dans le cadre des entretiens » (n°20).
Le suivi des jeunes est régulier, voir
quotidien « on va vivre un temps de vie avec eux, le temps de
leur séjour chez nous» (n°10) ; ceci dans un cadre
d'accompagnement à l'insertion/la scolarité
(sous-thème missions)2 « l'accompagnement, c'est de
la gestion d'équipe et du suivi de projet quoi, ça n'a rien
à voir avec de l'éducatif, »
1 Nous avons représenté par un code
couleur les secteurs auxquels sont associés les entretiens (rose/orange
: insertionsocial ; vert : sanitaire/psychologique, bleu : éducation
nationale). Ce code couleur est repris dans le tableau d'analyse
thématique (annexe 8). Il en est de même pour les codes couleur
des sous-thèmes.
2 Nous avons cité entre parenthèse les
sous-thèmes dans lesquels, quantitativement, la catégorie de
professionnels était fortement représentée. Par exemple,
le sous-thème « empiète ou pas sur le cadre de travail
» est exclusivement cité par les professionnels de la
catégorie 2.
(n°12). L'usage à risque est
incompatible avec la pratique professionnelle (sous-thème
empiète ou pas sur le cadre de travail) « tant que ça
empiète pas sur la sphère dans laquelle on se rencontre avec le
jeune, à savoir la vie professionnelle, dans la citoyenneté,
voilà, l'intégration, l'insertion pour être plus
précis » (n°18) ; « ... tous les midis ils
allaient au bar à chicha et l'après-midi, ils suivaient
plus» (n°17). Le public jeune rencontré
présente des difficultés « j'en ai quand
même vu au moins quatre ou cinq qui ne sont pas bien, ce n'est pas juste
la crise d'adolescence où ils se cherchent, non, ils sont pas bien
» (n°7) ; « on a quand même des gens qui sont
fragilisés quand ils viennent ici » (n°10).
Les professionnels repèrent la pratique
(sous-thème visible, sous-thème comportement) et
orientent « qu'on arrive des fois à déceler des
comportements à risque et donc à travailler dessus après,
de manière individuelle en tentant d'orienter sur des gens qui ont plus
de compétences sur le sujet que nous » (n°10). Il pensent
qu'il serait intéressant de former les équipes à
la question de l'addiction.
3.2. Catégorie 3 : Les professionnels de
l'accompagnement
Cette catégorie représente les entretiens 2a,
8, 9, 11, 13, 14, 15, 16, 21, 22a, 22b.
Elle est caractérisée par la rencontre de jeunes
principalement en entretien individuel, ceci dans un cadre
de mission psychologique/santé (sous-thème
missions). Le jeune a été orienté ou vient de sa propre
initiative pour être accompagné « des
jeunes qui viennent parce que l'école ou les parents, ou des adultes
autour d'eux, s'interrogent sur certaines consommations qu'ils ont»
(n°16), ou pour dédramatiser le problème
(sous-thème dédramatiser). Le public jeune est rencontré
pour ses difficultés et l'usage à risque fait partie de
la pratique professionnelle. « moi, les jeunes que je
reçois, ils sont addicts aux conneries, ils ont un comportement, comme
ça, renvoyés des établissements scolaires, voilà,
la moindre connerie c'est pour eux... j'ai pas envie de dire
délinquance, mais que des conneries quoi, voilà tout est mis un
peu en échec... et je dis addict, parce que ils peuvent pas s'en
empêcher, » (n°22a). L'orientation se fait à la
demande du jeune ou lorsque la dépendance physiologique est trop
présente « Et généralement, si c'est
vraiment un problème d'addiction et que y'a cette demande, je vais
l'orienter vers Tremplin ou voilà, vers un partenaire pour ça
» (n°21). La place des jeunes
(sous-thèmes place des jeunes et législation) et
la stigmatisation de la conduite addictive sont questionnées
(sous-thème continuum) « sortir de l'étiquette
addiction, pour aller sur autre chose» (n°22b). Le
niveau de connaissance des professionnels sur les addictions est «
bon ».
Discussion
1. Résumé des résultats
Au niveau descriptif, on distingue donc l'usage simple de
l'addiction sur ces différents critères. L'addiction est
assimilée à une utilisation fréquente, solitaire, non
contrôlée, avec une souffrance sous jacente et qui présente
des risques pour la santé. Une addiction serait un mécanisme
d'adaptation raté (cependant humain) à la souffrance mais
réversible. Ainsi, elle nécessite de l'aide. De plus, elle est le
résultat du croisement de différents facteurs. Le jeune serait
catégorisé selon sa souffrance et sa volonté dans la
démarche d'accompagnement. Concernant le contexte, les conduites
addictives seraient en lien avec la société actuelle et ses
normes, mais aussi avec les sous cultures et leurs normes, également
avec les interactions avec les autres individus, les variables personnelles et
la période adolescente. Cette dernière, contrairement aux autres
facteurs, est considérée comme un contexte assez positif. Les
usages les plus cités sont le shit, l'alcool, le tabac et les jeux
virtuels. Les conduites addictives pourraient être vues plus comme un
mode de vie à rattacher à l'adolescence, qu'une véritable
addiction. Les produits sont classés selon le prix, leur risque en terme
de dépendance plus ou moins rapide et nocive, leur
légalité, leur tabou (l'usage régulier de shit
étant moins tabou dans les moeurs que l'alcool ou le jeu vidéo).
On pourrait également distinguer ceux qui consomment pour le goût
du produit, de façon modérée et ceux qui consomment pour
l'effet, de façon plus excessive. La pratique serait dépendante
du cadre professionnel, du cadre personnel, et l'attitude prédominante
serait la relation d'aide et l'appui sur le réseau. La question se pose
de l'accessibilité des informations pour les parents. Enfin, les
attentes se dirigent sur les jeunes, les politiques, les professionnels, la
société et les parents.
Au niveau structural, on note que l'usage est scindé en
deux, l'usage « normal » et l'usage « addict ». L'usage
« normal » est associé au contexte adolescent et
environnement/culture. Il a pour but de se tester et/ou de créer du
lien. C'est une consommation modérée, dans la recherche de
plaisir et associée au contexte festif. L'usage « addict »,
quant à lui, est lié à la souffrance créée
par le contexte, entraînant un mécanisme qui vise à combler
ce mal-être. Ainsi, l'usage « addict » est associé
à la fréquence, la solitude, l'impuissance, le risque et la
visibilité. Nous avons aussi vu que la pratique des acteurs de terrain
(prévention, accompagnement, orientation) est étroitement
liée aux représentations sociales de l'usage. L'usage «
addict » étant vu comme signe visible de mal-être, il est
recherché et entraîne une proposition d'accompagnement ou
d'orientation. Si l'usage n'est pas repéré comme « addict
»,
on observe une pratique de prévention. La pratique est
également liée à la représentation du cadre
professionnel et personnel ainsi qu'à la demande du jeune.
Au niveau du lien avec les caractéristiques
socio-démographiques, nous avons dégagé trois profils de
professionnels : les acteurs de prévention, les professionnels relais et
les professionnels de l'accompagnement.
2. Résultats face aux hypothèses
L'hypothèse selon laquelle le secteur de travail aurait
une influence sur le lien entre pratique et représentations est
partiellement vérifiée. En effet, aucune des
catégories de professionnels n'est exclusivement constituée d'un
secteur. Cependant, certains secteurs sont plus ou moins
représentés dans les catégories. Ainsi, dans la
catégorie des acteurs de prévention, on rencontre beaucoup
d'acteurs du secteur social/insertion ; dans la catégorie des
professionnels relais, on retrouve uniquement le secteur éducation
nationale et social/insertion. Et enfin, quasiment tous les acteurs du
sanitaire/psychologique sont inclus dans la catégorie professionnels de
l'accompagnement.
Pour l'hypothèse selon laquelle la profession entrerait
en compte dans le lien représentation sociale/pratique, elle est elle
aussi partiellement vérifiée. En effet, les
psychologues, éducateurs/éducatrices, et infirmières se
retrouvent tous dans la catégorie professionnels de l'accompagnement, et
les animateurs dans la catégorie acteurs de prévention. Mais ces
catégories ne sont pas exclusivement composées de ces
professions.
On ajoute d'ailleurs à ce constat qu'il serait
intéressant de revoir la classification initiale des secteurs, en
différenciant le social de l'insertion car on constate des
différences dans les catégories de professionnels. Ainsi, les
professionnels de l'insertion se retrouvent exclusivement dans la
catégorie professionnels relais, tandis que ceux du secteur social sont
inclus majoritairement dans la catégorie acteurs de
prévention.
3. Discussion des résultats
On remarque que les représentations sociales des
acteurs de terrain sont en cohérence avec les théories de divers
auteurs étudiés dans la première partie de ce
mémoire. Les résultats obtenus sur l'organisation de la
représentation sociale de l'addiction chez les jeunes vont dans le sens
des résultats sur le « bien boire » (Lo Monaco, Gaussot, &
Guimelli, 2009) et le « bien
fumer » (Apostolidis & Dany, 2012). La perception du
jeune comme addict se construit de manière conditionnelle en fonction
des modes et contextes d'usage (fréquent/occasionnel,
festif/solitaire, souffrance/plaisir), aboutissant à un usage «
normal » que l'on pourrait appeler le « bien consommer
», et un usage « addict ». « De façon
analogue avec ce qui a déjà été mis en
évidence au sujet de l'alcool dans la société
Française, le « bien-fumer » apparaît comme une norme de
conduite à laquelle déroge celui qui fume trop et/ou seul,
passant ainsi de statut de quelqu'un de convivial à celui de
drogué potentiel. » (Apostolidis et Dany, 2012, p.9). On retrouve,
en outre, dans la représentation sociale de l'addiction les
éléments du système constitutif de la
déviance (systèmes social, contexte politique, sujet :
jeunes, groupe d'appartenance, agents sociaux : professionnels de terrain,
autres groupes) (Becker, 1963, cité par Abric, 1996).
A propos du lien entre représentations sociales et
pratiques, nous avons mis en évidence l'existence de pratiques diverses,
variant selon que l'usage serait perçu comme « addict » ou
non. Et on note que l'attribution de la conduite à des critères
externes (la fête, les pairs, l'adolescence) ou des critères
internes (souffrance) entraîne des pratiques différentes. «
La consommation d'une personne en contexte de consommation de groupe serait
davantage expliquée par des caractéristiques situationnelles
orientées sur un registre positif jouant dans la
déculpabilisation du consommateur. » (Lo Monaco, Gaussot, &
Guimelli, 2009, p.487). Les critères internes
étant repérés comme plus inquiétants et
risqués, ils entraînement le plus souvent la proposition
d'accompagnement ou d'orientation, tandis que les critères
externes induisent une pratique de prévention. Cela renvoie
également à l'étude de Truchot (1994, cité par
Abric 1996) sur la représentation de l'aide sociale : « les
travailleurs sociaux ont recours soit à l'attribution externe (sociale),
soit à l'attribution interne (individualiste), selon les
différentes solutions auxquelles ils sont confrontés. Cette prise
de position (interne ou externe) fonctionnant comme un moyen de définir
ceux qui doivent bénéficier de l'aide sociale. » (p.143).
Mais cela va aussi dans le sens de l'étude de Guimelli (1996) sur les
pratiques des policiers. Une représentation sociale du délinquant
centrée sur des déterminants internes entraîne la
répression tandis qu'une représentation sociale centrée
sur des déterminants externes engendre une pratique de
prévention.
Enfin, pour ce qui est des pratiques des professionnels, nous
avons vu qu'elles étaient partiellement influencées par le
métier et le secteur professionnel mais aussi par l'expérience
personnelle, le niveau de connaissance et la place donnée aux addictions
dans leurs missions.
Ceci pourrait être rapproché de la notion de
« distance à l'objet » (Abric, 2001; Dany & Abric, 2007,
p.79) « La distance à l'objet permet d'envisager le rapport
à l'objet à travers une élaboration composite qui prend en
compte diverses dimensions signifiantes du lien à l'objet : la
connaissance plus ou moins grande de l'objet, l'implication du groupe par
rapport à cet objet et le niveau de pratique de l'objet. La connaissance
renvoie à la plus ou moins bonne identification de l'objet par les
individus. L'implication peut s'apparenter au niveau auquel l'individu peut
avoir rapport à - se sentir concerné par - l'objet ou encore son
positionnement sur un axe «observateurs» / « acteurs»
vis-à-vis de l'objet. Enfin, le niveau de pratique concerne le type de
pratique (apparenté ici à des comportements) entretenu avec
l'objet. ». Nous pensons aussi à l'importance de l'émotion
et des expériences passées. Selon Damasio (2004, cité par
Channouf, 2006), dans les décisions importantes, la raison est
assistée par les processus émotionnels qui exploitent les
informations tirées des évènements passés. Jodelet
(2006), parle de relation dialectique entre vécus, expériences et
représentations sociales.
Limites et perspectives
« Le psychologue est conscient des nécessaires
limites de son travail. » (Code de déontologie des
psychologues, 2012)
Au niveau des limites méthodologiques,
concernant la constitution de notre échantillon, il a été
réalisé par la méthode « boule de neige », en
partant de listings de TREMPLIN, ou du PAEJ. Ainsi, les personnes
rencontrées connaissaient ces deux structures. Nous avons donc
touché un type de professionnels déjà en réseau. De
plus en interrogeant les professionnels en lien avec les jeunes, nous touchons
une certaine catégorie de jeunes. Ainsi comme le dit Bergeron (2009),
nous n'avons pas accès aux « populations cachées »
(p.27), mais seulement à ceux qui sont en lien avec ces travailleurs.
Ensuite, les catégories pré-établies de secteurs :
sanitaire/psychologique, insertion/social, éducation nationale et
judiciaire pourraient être revues notamment pour la catégorie
insertion/social, scindée en insertion et social. Enfin, nous n'avons
pas eu de représentants du secteur judiciaire. Pour ce qui est du nombre
d'entretiens, il est assez faible. A propos de la passation, je me suis
présentée comme stagiaire à TREMPLIN, en partenariat avec
l'ASV, il aurait peut-être été intéressant de se
présenter autrement. « En effet, Lo Monaco et al. (2009) montrent
que l'alcool est associé à la mauvaise santé mais cela
uniquement face à un acteur déclarant intervenir au nom du
"centre d'étude des toxicomanies alcooliques de Marseille" et lorsque le
sujet est amené à répondre en son nom propre. Par
contraste, lorsque l'enquêteur se présente comme un pair
(l'étude était menée auprès d'étudiants), un
discours beaucoup plus authentique apparaît et la référence
aux aspects négatifs de l'alcool disparaît complètement.
» (Lo Monaco, Gaussot, & Guimelli, 2009, p.489). Par ailleurs, les
conditions de production du discours n'ont pas été les
mêmes pour tous les entretiens. En effet, j'ai notamment
réalisé deux entretiens avec un binôme de professionnels,
le cadre était donc différent d'un entretien individuel.
Dans une perspective de triangulation
théorique, il serait intéressant de traiter aussi de
l'identité professionnelle (pourquoi pas en les questionnant sur la
représentation de leur métier et de leur rôle), ou encore
de la distance à l'objet (entre autre, en ajoutant au guide d'entretien,
une question sur les consommations des professionnels).
Dans une perspective de triangulation des
données, il serait souhaitable d'interroger les jeunes sur
leurs représentations des conduites addictives afin de pouvoir croiser
les résultats
avec ceux des professionnels. Nous pourrions également
répéter cette recherche avec d'autres acteurs de terrain que ceux
interrogés pour avoir une plus grande représentativité.
Dans une perspective de triangulation
méthodologique, le traitement des données pourrait
s'effectuer avec le logiciel Alceste® afin d'appréhender plus
précisément les différences de représentations
sociales selon les caractéristiques socio-démographiques.
Préconisations
1. Formes d'approches
1.1. Travailler sur les représentations sociales des
professionnels et des
parents
Il semble intéressant de travailler sur les
représentations sociales des professionnels, notamment sur les produits
et le contexte (par exemple le tabac n'est pas vu comme une addiction pour tous
; la fête n'est pas vue comme dangereuse pour la plupart). Il
paraît aussi judicieux de pouvoir travailler sur les
représentations sociales des parents sur l'addiction. Nous avons aussi
relevé différentes catégories de professionnels ayant des
représentations et pratiques différentes dont il faudrait tenir
compte.
1.2. Créer du lien social
Comme le suggèrent certains professionnels ainsi que
Bergeron (2009), il semble aussi intéressant de pouvoir mettre les
jeunes en lien avec d'autres jeunes ayant une « sous-culture »
différente de la leur, et d'avoir d'autres attachements, et ainsi
pouvoir vivre d'autres expériences que la consommation pour se
tester.
1.3. Approche communautaire et holistique
Nous avons constaté aussi que pour certains
professionnels, l'addiction comme déviance est remise en question du
fait de la banalisation des consommations et de la critique de la
médicalisation de l'existence (Peretti-Watel, 2004 ; Gori, 2006 ;
Peretti-wattel & Moatti, 2009), proposant ainsi une approche plus globale
du jeune. Il pourrait donc être intéressant de se baser sur une
approche plus communautaire et holistique. Ainsi le travail serait plus
orienté sur l'éducation par les pairs par exemple, en rendant le
sujet acteur de changement (Bach, Galli & Lebourdais, 2009), et
l'organisation des actions serait plus générale autour du jeune,
et non ciblée sur les addictions.
Ainsi, il faudrait agir sur différents type de
déterminants : cognitifs (diffusion d'informations...), sanitaires
(offre de soins, prise en charge, mode d'accès...), psychosociaux
(compétences, identité, aspirations...), socio-économiques
(insertion sociale, conditions de vie...).
2. Modalités pratiques
2.1. Rendre les informations claires et accessibles
Nous avons aussi relevé que les missions et rôles
des différents acteurs spécialisés sur la
thématique des jeunes et des addictions n'étaient pas clairs pour
l'ensemble des professionnels non spécialisés. (Par exemple, la
possibilité d'orienter sur TREMPLIN pour une dépendance au tabac,
ou pas). Il semblerait intéressant de créer un outil de
présentation des acteurs spécialistes de la question des
addictions et des jeunes : qui reçoit les jeunes ? Pour quels motifs et
dans quel cadre de prise en charge ? etc... Cela pourrait se concevoir sous la
forme d'un livret, un espace consultable sur le site Internet de la mairie
d'Aix en Provence... Mais dans la forme de présentation, il serait
intéressant de ne pas axer uniquement sur la thématique risque et
addiction mais plus sur l'accompagnement global des jeunes et y inclure
l'accompagnement par thématiques (dont l'addiction, parmi d'autres).
Il a aussi été mentionné par les
professionnels, que « on oriente plus facilement sur une personne que sur
une structure ». Ainsi, il semblerait judicieux de pouvoir
présenter ces différentes informations aux professionnels non
spécialisés, afin qu'ils identifient les personnes relais. En
outre, il paraît aussi important de présenter ces informations aux
parents.
2.2. Former, informer sur les addictions
Plusieurs actions de formations, informations sont
déjà en place auprès des jeunes. Il serait
intéressant de les prolonger, notamment dans une approche informelle
(stands, petits déjeuners...) et d'éducation par les pairs. Il
semblerait aussi judicieux de pouvoir former les parents et les
professionnels.
2.3. Dégager du temps et des moyens
Comme nous l'avons vu dans les attentes des professionnels, ce
n'est pas toujours une question de volonté, mais plus souvent une
question de temps et de moyens qui empêche la prise en compte de la
thématique addiction. Ainsi, il serait intéressant de pouvoir
dégager du temps scolaire au niveau des jeunes pour aborder cette
question. Mais aussi trouver du temps professionnel, auprès des acteurs
de terrain, pour qu'ils puissent échanger, s'informer et se former.
Nous avons aussi noté que les moyens manquaient
à certains acteurs de terrain. Il pourrait donc être
intéressant de mutualiser les moyens disponibles auprès d'autres
professionnels.
2.4. Donner des expériences à vivre aux
jeunes
Nous avons relevé que l'alternative aux consommations
pouvait se trouver dans le vécu d'autres situations. Ainsi, proposer des
activités socio-culturelles aux jeunes (à tarifs accessibles)
pourrait être une alternative intéressante : sport (rafting,
escalade, karting, ...), art, informatique... De plus ceci permettrait
d'encadrer des pratiques jugées parfois à risque : sports,
nouvelles technologies... Il est à préciser que certains
professionnels pointent l'importance de rendre le jeune acteur et donc de
proposer ces activités sous forme de projet élaborés par
les jeunes eux-mêmes.
2.5. Organiser des temps de rencontres mixtes
Nous avons vu qu'il serait intéressant de travailler
sur les représentations sociales et de créer plus de lien entre
les différents Sujets : parents, jeunes, professionnels
spécialisés et non spécialisés. Ainsi, il pourrait
être pertinent d'organiser des rencontres (plus ou moins informelles)
entre professionnels spécialistes et non spécialistes. Mais
aussi, l'organisation de rencontres débats entre : jeunes,
différentes catégories de professionnels (spécialistes et
non spécialistes) et parents, pourrait être une action
envisageable, qui permettrait de combiner ces deux concepts (liens et
représentations sociales).
3. Poursuivre la recherche
Nous avons mis en évidence dans cette enquête que
les représentations sociales étaient subjectives et qu'elles
dépendaient de nombreux facteurs individuels, interindividuels,
positionnels et idéologiques (Doise, 1982). Ainsi, il semblerait
intéressant de pouvoir poursuivre la recherche, en interrogeant
notamment les jeunes et les parents sur leurs pratiques et
représentations sociales.
Bibliographic
Abric, J.C. (1976). Jeux, conflits et représentations
sociales. Thèse de Doctorat d'État. Université de
Provence.
Abric, J.C. (1987). Coopération, compétition et
représentations sociales. Cousset-Fribourg : Del Val.
Abric, J.C. (1996). Exclusion sociale, insertion,
prévention. Ramonville Saint-Agne.: Érès
Abric, J.C. (1994). Pratiques sociales et
représentations. Paris: Presses Universitaires de France.
Abric, J.C. (2001). L'approche structurale des
représentations sociales: développements récents.
Psychologie et Société, 4 , 81-103.
Abric, J.C. (2003). Méthode d'étude des
représentations sociales. Ramonville Saint-Agne.:
Érès Amy, G. & Piolat, M. (2007) Psychologie
sociale. Bréal.
Apostolidis, T. (2003). Représentations sociales et
triangulation : enjeux théoricométhodologique. In Abric, J.C.
Méthode d'étude des représentations sociales.
(pp.13-35). Érès : Ramonville Saint-Agne.
Assailly, J.P. (2003). Les conduites à risque : du danger
à la loi, des gènes aux pairs... Que nous apprend
l'épidémiologie des influences familiales et sociales ? Revue
toxibase, 11, 1-28.
Autès, M. (1999). Les Paradoxes du travail
social. Paris : Dunod.
Bach, C., Galli, M. & Lebourdais, P. (2009). Le psychologue
peut-il être acteur de changement social ? Le journal des
psychologues. 271(8), 26-32.
Beck, F. et al. (2010). Regard sur les addictions des jeunes en
France. Sociologie. 4. 517-535. Becker, H. (1985). Outsiders.
Paris : Métaillé.
Bergeron, H. (2009). Sociologie de la drogue. Paris : La
Découverte.
Bourdieu, P. (1980). La jeunesse n'est qu'un mot. In
Questions de sociologie. (pp.143-154). Paris : Éd. De
Minuit.
Bourguignon, O. (2007). Éthique et pratique
psychologique. Paris : Mardaga.
Braconnier, A. (1998). Les adieux à l'enfance. In
Ruano-Borbalan, J-C. L'identité l'individu le groupe la
société. (pp.95-102). Sciences humaines : Paris.
Bruchon-Schweitzer, M. (2002). Psychologie de la
santé. Paris: Dunod.
Channouf, A. (2006). Les émotions : Une
mémoire individuelle et collective. Sprimont (Belgique) :
Mardaga.
CIRDD PACA (2009). Conduites addictives des jeunes en
Région Provence-Alpes-Cote d'Azur Etat des lieux : Usages, dommages
associés, offre de prévention et de soin.
Code de déontologie des psychologues, (1996,
révisé en février 2012).
Coslin, P.G. (2003). Les conduites à risque à
l'adolescence, Paris : Armand Colin.
Dany, L. (2010). Moi j'en ai conscience, mais eux... Logiques
comparatives dans l'évaluation des conduites à risques,
Priorités santé. 05, 13-14.
Dany, L. et Apostolidis, T. (2002). L'étude des
représentations sociales de la drogue et du cannabis: un enjeu pour la
prévention. Santé Publique, 14 , 335-344.
Dany, L. et Abric, J.C. (2007). Distance à l'objet et
représentations du cannabis. Revue internationale de psychologie
sociale, 3, 77-104.
Delhomme, P. et Meyer, T. (2002). La recherche en psychologie
sociale: Projet, méthodes et techniques. Paris: Armand Colin.
Dessez, P. (2006). Des prises de risques aux conduites à
risques, Tababox, 1, 1-2.
Dessez, P. (2003). De la prévention des toxicomanies
à la prévention des conduites à risque. Toxibase.
11, 28-30.
Doise, W. (1982). L'explication en psychologie sociale.
Paris : PUF.
Doise, W. (1990). Les représentations sociales. In
Ghiglione, R., Bonnet, C., Richard, J.F., Traité de psychologie
cognitive, Tome III, (pp. 110-174). Paris : Dunod.
Doise, W. et Moscovici, S. (1969-1970). Approche et
évitement du déviant dans des groupes de cohésion
différente, Bulletin de Psychologie, 283, 522-525.
Durkeim, E., (1895). Les règles de la méthode
sociologique. Paris : PUF
Evart-Chmielnski E, (1958). Syndrôme d'inertie fataliste et
de découragement chez certains adolescents. Enfance. 11/4.
419-438.
Fassin, D. (1996). L'espace politique de la santé.
Essai de généalogie. Paris : PUF Favresse, D. et De Smet P.
(2011). L'adolescence et le risque, Education santé. 265,
15-22.
Foucart, J. (2004). La souffrance : un enjeu social contemporain,
Pensée plurielle. 2/8, 7-20. Galland, O. (2011). Sociologie
de la jeunesse. Paris : Armand Colin.
Galland, O. (2002). Les jeunes. Paris : Éditions
La Découverte.
Goffman, E. (1977). Stigmates Les usages sociaux des
handicaps, Paris : Ed. De Minuit.
Goodman, M.D. (1990). Addiction : definition and implication.
British Journal of Addiction, 85, 1403-1408.
Gori, R. (2006). La surmédicalisation de l'existence est
un désaveu du « soucis de soi ». Champ
psychosomatique. 2/42, 55-83.
Guimelli, C. (1996). La déviance vue par les instances
chargées du maintien de l'ordre. In Abric, J.C. Exclusion sociale,
insertion et prévention. (pp. 127-138). Ramonville Saint-Agne.:
Érès
INSERM (2008). Jeux de hasard et d'argent, contextes et
addictions. Expertise collective. Paris : INSERM
Jamoulle, P. (2001). Enquête de terrain auprès de
professionnels. Psychotropes, 3/7, 11-29.
Janssen, C. Tortolano, S. (2010). Mondes virtuels et
capacité d'illusion : les avatars du lien, Cahiers de psychologie
clinique, 2/35, 57-76.
Jauffret-Roustide, M. (2009). Un regard sociologique sur les
drogues : décrire la complexité des usages et rendre compte des
contextes sociaux, La revue lacanienne, 3/5, 109-118.
Jeffrey, D., Le Breton, D,. Josy Lévy, J. (2005).
Jeunesse à risque. Rite et passage. Saint-Nicolas : Presses
universitaires de laval.
Jodelet, D. (1984). Représentation sociale :
phénomènes, concept et théorie, In Moscovici S.
Psychologie sociale, Paris : PUF.
Jodelet, D. (1989). Les représentations sociales.
Paris: Presses Universitaires de France.
Jodelet, D. (1993). Les représentations sociales, regard
sur la connaissance ordinaire, Sciences Humaines. 27.
Jodelet, D. (2006). Place de l'expérience vécue
dans le processus de formation des représentations sociales. In Hass, V.
(2006). Les savoirs du quotidien. Transmission, Appropriations,
Représentations. (pp. 235-255). Rennes : Les presses universitaires de
Rennes.
Joffe, H. (2003). Risk : from perception to social
représentation. British Journal of Social Psychology, 42,
55-73.
Joubert, M. Chauvin, P.& Richard, C. (2010). Atelier
santé ville : intersectorialité et réduction des
inégalités à l'échelon local. In Potvin, L.,
Moquet, & M.-J., Jones, C. Réduire les inégalités
sociales en santé (pp 178-188). Saint-Denis : INPES.
Kouabenan, R.R., Cadet, B., Hermand, D. & Munoz-Sastre, M.T.
(2006). Psychologie du risque. Bruxelles : De Boeck.
Le Breton, D. (2002). Conduites à risque. Des jeux de
mort au jeu de vivre. Paris : Presses Universitaires de France.
Le Garrec, S. (2002). Ces ados qui "en prennent" : sociologie
des consommations toxiques adolescentes. Paris : Presses universitaires du
Mirail.
Lheureux, F., Rateau, P., et Guimelli, C. (2008).
Hiérarchie structurale, conditionnalité et normativité des
représentations sociales. Les Cahiers Internationaux de Psychologie
Sociale, 77, 41-55.
Lo Monaco, G., Gaussot, L., & Guimelli, C. (2009).
Consommation de vin, pensée sociale et construction sociale de la
normalité. Pratiques Psychologiques, 15(4), 473-492.
Lo Monaco, G., Guimelli, C., Hidalgo, M. (2010). Contexte et
normes dans la perception de l'alcoolisme. Alcoologie et addictologie.
32,45-55.
Lo Monaco, G., Piermattéo, A., Guimelli, C.,
Ernst-vintila, A. (2010). Using the Black Sheep Effect to reveal normative
stakes: The example of alcohol drinking contexts. European Journal of
Social Psychology. 41, 1-5.
Loncle, P. (2008). Des préoccupations sociales à
la santé publique : évolutions dans la prise en charge locale des
jeunes. L'exemple rennais , Histoirel@Politique, Politique, culture,
société, Revue électronique du Centre d'histoire de
Sciences-Po, 4, 1-15.
Maisonneuve, J. (2009). La psychologie sociale. Paris :
Presses Universitaires de France.
Matuszak, C. (2010). État de la recherche. Culture
médiatique des adolescents. Les Cahiers Dynamiques, 2/47,
49-51.
Metton, C. (2006). Devenir grand. Le rôle des
technologies de la communication dans la socialisation des collégiens,
thèse soutenue à l'ehess, sous la direction de Dominique
Pasquier.
MILDT (2008). Plan gouvernemental de lutte contre les drogues
et les toxicomanies 2008-2011. La Documentation
française.
Ministère de la santé et des solidarités
(2006). Plan de prise en charge et de prévention des addictions
2007-2011
Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports
(2008). Plan santé des jeunes 16-25 ans 2008- 2010
Moliner, P. (1993). ISA : L'Induction par Scénario Ambigu.
Une méthode pour l'étude des représentations sociales.
Revue Internationale de Psychologie Sociale, 2, 7-21.
Morin, M. et Apostolidis, T. (2002). Contexte social et
santé. In Fisher, G.-N. Traité de psychologie de la
santé. (pp. 463-489). Dunod : Paris.
Morin, M. (2004). Parcours de santé. Paris :
Armand Colin.
Moscovici, S. (1961). La psychanalyse, son image et son
public. Paris: PUF.
Moscovici, S. (1963). Attitudes and opinions. Annual Review
of Psychology, 14, 231-260. Moscovici, S. (1984): Psychologie
sociale. Paris : Presses Universitaires de France.
Mucchieli, L. (1999). La déviance : normes et
transgression, stigmatisation. Sciences Humaines, 99, 20-25.
Negura, L. (2006). L'analyse de contenu dans l'étude des
représentations sociales. Sociologies [En ligne],
Théories et recherches, mis en ligne le 22 octobre
Pascal, J. Habbey-Hugenin, H. et Lombrail, P. (2006).
Inégalités sociales de santé et accès aux soins de
prévention. Lien social et politiques, 55, 115-124.
Peretti-Watel, P. (2004). Du recours au paradigme
épidémiologique pour l'étude des conduites à
risque. Revue française de sociologie, 1/45, 103-132.
Peretti-Watel, P. (2000). Sociologie du risque. Paris
: Armand Colin.
Peretti-Watel, P. (2001). La société du
risque. Paris : La Découverte.
Peretti-wattel, P. et Moatti, J.P. (2009). Le principe de
prévention. Le culte de la santé et ses dérives.
Paris : Seuil
Przygodzki-Lionet, N. (2009). Entre risque objectif et risque
perçu : de la nécessaire prise en considération des
représentations sociales de la dangerosité pour une optimisation
de son évaluation, Psychiatrie et violence, 9/ 1.
Ravon, B. (2003). Le travail social. Paris : La
Documentation française.
Ruano-borbalan J.C et al. (1998). L'identité :
l'individu, le groupe, la société. Paris : Sciences
Humaines.
Singly, F. De. (2000). Penser autrement la jeunesse. lien
social et politiques. 43, 9-20.
Sommelet, D. (2007). L'enfant et l'adolescent : un enjeu de
société, une priorité du système de santé.
Ministère de la santé et des solidarités. : La
documentation Française.
Suissa Amnon, J. et Bélanger A. (2001).
Représentation du phénomène des dépendances chez
les intervenants sociaux. Nouvelles pratiques sociales. 14,
133-151.
Tenaerts, M.N. (2011). Approches sociologiques de la
déviance. Compte rendu d'analyse. Bruxelles : Union des
Fédérations des Associations de Parents de l'Enseignement
Catholique
Tisseron, S. et Gravillon, I. (2008). Qui a peur des jeux
vidéo ?, Paris : Albin Michel.
lossaire
ADDAP: Association Départementale pour le
Développement des Actions de Prévention ANPAA : Association
Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie
ASV : Atelier Santé Ville
BIJ: Bureau Information Jeunesse
CAARUD: Centre d'Accueil et d'Accompagnement à la
Réduction des Risques pour Usagers de
Drogues
CASPA: Centres de Soins d'Accompagnement et de Prévention
en Addictologie CFA: Centre de Formation des Apprentis
CIM - 10 : Classification internationale des Maladies
(10e édition)
CIRDD PACA : Centre d'Information Régional sur les Drogues
et les Dépendances CMP: Centre Médico Psychologique
DSM - IV : Manuel diagnostique et statistique des troubles
mentaux (4e édition) MGI: Mission Générale
d'insertion
MILDT : Mission interministérielle de lutte contre la
drogue et la toxicomanie PAEJ : Point Accueil Écoute Jeunes
PJJ: Protection Judiciaire de la Jeunesse
PRSP : Plan Régional de Santé Publique
RAAP : Réseau Adultes-Acteurs de Prévention
conduites à risque des jeunes
Annexes
Annexe 1 : Cahier des charges projet
Cahier des charges projet RAAP politique de la ville -
Document de travail
La présente convention présente les
modalités de mise en oeuvre opérationnelles de l'action
« RESEAU ADULTES - ACTEURS DE PREVENTION CONDUITES A RISQUES DES
JEUNES » dans le cadre du Contrat Urbain de Cohésion
Sociale de la ville d'Aix-en-Provence, année 2011.
Les modalités financières du projet seront
consignées par notification au promoteur de l'action, après
validation de celle-ci en comité de pilotage.
I) Contexte.
En termes de santé publique, les conduites à
risques, et en particulier les conduites addictives, sont responsables d'une
partie importante de mortalité prématurée et de
morbidité dans la population. La consommation de tabac, d'alcool, de
substances illicites sont des comportements individuels morbides qui peuvent
être corrigés. Néanmoins, la population n'a pas toujours
une conscience personnelle de la gravité de ces comportements et de
leurs conséquences. Les représentations du risque sont diverses
et ne correspondent pas toujours aux messages de prévention
diffusés par les autorités publiques.
La prévention des conduites addictives est
également au coeur du dispositif départemental et local de
Prévention de la Délinquance développé dans le
cadre de la Politique de la Ville, pour la lutte contre la consommation
d'alcool et de stupéfiants, et le trafic de substances illicites. De
actions prioritaires telles que les interventions MILDT en milieu scolaire, le
développement d'actions de prévention pour les jeunes en
difficulté, le soutien à la parentalité, ont
été mises en place au niveau local, et les diagnostics locaux des
Contrats Locaux de Sécurité et de Prévention de la
Délinquance, notamment celui d'Aix-en-Provence, permettront d'en affiner
les objectifs.
Face à ce phénomène problématique
et complexe, les services sanitaires de l'Etat ont développé des
outils de prévention et prise en charge des personnes présentant
un comportement addictifs, dont le plus récemment abouti est le Centre
de Soin, d'Accompagnement et de Prévention
des Addictions (CSAPA). Sur Aix-en-Provence, il existe trois
CSAPA, travaillant de façon complémentaire, portés par :
ANPAA 13, le Centre Hospitalier Montperrin (Fédération Soins
Toxicomanes), et Tremplin. L'association Tremplin intervient sur le territoire
Aixois dans le champ du soin et de la prévention des addictions. Elle
gère le CSAPA « Le cairn » qui offre un service d'accueil et
de prise en charge sanitaire, sociale et psychologique dans le cadre du
dispositif de droit commun. Dans ce cadre, l'association a vocation à
développer des actions visant à « aller vers » les
populations les plus éloignées socialement ou
géographiquement pour en faciliter l'accès. La structure
possède également un centre de ressources et d'information sur
les addictions à destination des jeunes, des parents et des
professionnels, appelé « Tremplin de Doc ». Enfin Tremplin
intervient comme animateur local du « programme départemental de
prévention des conduites addictives en milieu scolaire »
co-piloté par la MILDT et l'Inspection Académique et intervient
auprès des établissements scolaires du secondaire d'Aix.
Les missions de Tremplin sont articulées à
celles des autres acteurs de prévention qui agissent en direction des
jeunes Aixois, notamment l'ADDAP 13 et le Point Accueil Ecoute Jeunes (PAEJ).
Ce dernier développe depuis 2009 un réseau d'éducation
à la santé avec les centres sociaux et équipements de
proximité de la ville accueillant le public jeune des quartiers
prioritaires. Les interventions consistent en l'animation d'un groupe
régulier d'échange et de réflexion avec les
référents jeunes, et de mises en place progressive d'actions vers
les jeunes fréquentant les structures, de façon directe par le
PAEJ ou en faisant appel à des partenaires spécialisés
lorsque le besoin le justifie. Le réseau d'éducation à la
santé du PAEJ contribue ainsi à une meilleure connaissance et
identification des structures ressources concernant la santé des jeunes
sur le territoire.
Dans le cadre des objectifs définis pas l'Atelier
Santé Ville d'Aix-enProvence, il est souhaitable que, pour la
thématique addictions comme pour les autres grandes thématiques
de santé publique touchant particulièrement les jeunes, les
actions impliquant plusieurs organismes compétents différents
soient menées de façon coordonnées et partagées
afin de garantir une cohérence dans le service rendu à la
population. C'est pourquoi l'association Tremplin et le PAEJ seront partenaires
et co-animateurs, dans des proportions définies ci-après, de
l'action mentionnée dans le présent cahier des charges.
II) Objet de la mission
Afin d'alimenter et de préciser les
éléments du diagnostic local de sécurité et de
prévention de la délinquance, ainsi que le diagnostic de
l'Atelier Santé ville, il est nécessaire de consulter les acteurs
de proximité en charge de la population jeune du territoire, sur leurs
représentations de la situation, leurs besoins et leurs attentes en
terme de prévention des conduites à risques. L'accent sera
particulièrement mis sur les comportements addictifs : alcool, tabac,
substances illicites, mais également les « nouvelles »
addictions dites « sans produits », telles que l'addiction au jeu et
aux nouvelles technologies.
L'état des lieux qui sera établi à
partir de l'action permettra d'améliorer la connaissance du
phénomène au niveau communal. Il pourra être utilisé
dans le cadre de l'écriture d'un plan local d'action de
prévention des addictions.
Dans le même temps, l'action permettra de qualifier et
outiller les acteurs de proximité pour le repérage des conduites
addictives, le positionnement par rapport au jeune consommateur, et
l'orientation vers les structures spécialisées. Cette
démarche sera facilitée par la mise en place d'un
véritable réseau d'échange et de réflexion
spécifique, alimenté par des rencontres
régulières.
III) Contenu de la mission 1) Mise en Place
d'un groupe d'échange de pratique mensuel.
Il s'agit d'une rencontre régulière
organisée tous les mois chez l'un des partenaires du réseau, pour
développer une démarche d'échange, de réflexion et
d'analyse des situations vécues avec le public. Ce groupe sera
animé en binôme par le PAEJ (une psychologue) et Tremplin
(éducateur ou psychologue selon les groupes), afin de s'inscrire dans la
dynamique de la démarche de réseau d'éducation à la
santé du PAEJ vers les centres sociaux et équipements de
proximité de la ville.
Ces rencontres seront destinées aux professionnels de
proximité non spécialistes de la question des addictions et
oeuvrant auprès du public jeune scolaire et non-scolaire. Une liste de
participants sera fixée en début de programme et pourra
évoluer selon les problématiques et situations
étudiées par le groupe, afin d'obtenir par exemple des relais ou
contacts complémentaires.
Lors de ces rencontres, les professionnels de Tremplin et du
PAEJ pourront être interpellés sur des situations
nécessitant un accompagnement ou un soin, spécialisé ou
non, et des orientations pourront être effectuées vers les
opérateurs pertinents.
2) Diagnostic
L'association Tremplin réalisera le recueil des
représentations, besoins et attentes des professionnels du territoire
par entretien individuel ou retours d'expériences exprimés en
groupe ou en individuel. Les données recueillies seront compilées
dans un rapport diagnostique qui comprendra les parties suivantes :
- Méthodologie d'enquête.
- Données qualitatives
- Analyse ?
- Préconisations ?
Le nombre de personne consultés sera
approximativement de personnes.
La structure sera particulièrement attentive à
répondre dans la mesure du possible aux interrogations suivantes
:
- Quel est le type d'addictions qui concerne le public cible
?
- Quels en sont les mécanismes d'enclenchement
?
- Quel est le positionnement des parents par rapport aux
comportements addictifs ? - Comment réagit un professionnel de
proximité face à un jeune consommateur ?
- Ce professionnel a-t-il besoin de soutien et le cas
échéant sous quelle forme ?
- Est-il possible de mettre en place des actions collectives
ou individuelles de prévention dans les centres sociaux et le cas
échéant sous quelle(s) forme(s)?
L'association Tremplin pourra s'appuyer dans la rédaction
de ce document aux éléments partagés avec le PAEJ lors de
l'action.
3) Qualification des membres du réseau sur les
conduites addictives
Grâce au centre de ressources et de documentation «
Tremplin de Doc », des sessions de sensibilisation pourront être
organisées auprès des participants du réseau durant les
rencontres mensuelles. Il s'agit d'apporter une base d'informations et de
connaissance sur les addictions afin de qualifier les professionnels non
spécialistes sur cette thématique. Les informations pourront
porter sur :
- La connaissance des produits.
- Dans le cas des addictions sans produits, de la connaissance de
l'objet addictif.
- La signification des conduites à risques et des
conduites addictives à l'adolescence
- La connaissance des ressources locales de soins, de
prévention et
d'accompagnement concernant les addictions.
- Outils de repérage, de positionnement et d'orientation
des jeunes consommateurs (brochures, jeux, ateliers...)
Ces sessions de sensibilisation seront animées par le
PAEJ et Tremplin dans le cadre des rencontres d'analyse de pratique. Dans un
souci de démarche-qualité, leur organisation sera
systématisée et fera l'objet d'un compte-rendu permettant de
témoigner des contenus abordés. Un questionnaire de satisfaction
(et un quizz connaissance ? ) pourra permettre d'évaluer la pertinence
de chaque intervention.
4) Expérimentations éventuelles.
Pour la bonne dynamique de la démarche, les animateurs
de réseau pourront proposer des microexpérimentations
d'interventions sur les structures, dans l'esprit de recherche action, afin
d'alimenter les groupes d'échange de pratique sur la durée et de
permettre aux participants de mieux s'approprier les outils
dispensés.
IV - Modalités de travail
1) Pilotage.
Mise en place du groupe de suivi institutionnel, trimestriel,
regroupant PAEJ, Tremplin, ASV, Politique de la ville, afin de s'assurer de la
bonne marche du projet, évaluer les freins et points positifs, faire des
points sur les éléments d'analyse apportés.
2) Engagement de l'atelier santé ville et de la
politique de la ville
L'Atelier Santé Ville et la Direction de la Politique
de la Ville seront destinataires d'un dossier d'évaluation de l'action
et d'un rapport diagnostique concernant la perception des conduites addictives
chez les jeunes par les professionnels de proximité.
V - Calendrier prévisionnel :
Démarrage : mai 2011
Périodicité : 1 rencontre collective par mois
Suivi individuel : à définir.
Annexe 2 : Organisation des acteurs de la prise en
charge santé locale
ARS
Source : Danièle SOMMELET, (2007), Rapport de mission
sur l'amélioration de la santé de l'enfant et de
l'adolescent. Paris : La documentation française.
Source : Ravon (B), Les métiers du
social.Paris, APEC/Editions de l'organisation, 1997, p.31.
74
Source : Ministère de l'Emploi et de la
Solidarité, 2000,
www.social.gouv.fr
Annexe 3 : Fiche signalétique
Numéro d'entretien
1
|
Secteur
Social/ insertion
|
Age des jeunes côtoyés
3-20 ans
|
Formation
3
1
|
Contact avec
les jeunes collectif
|
2a
|
13-18 ans
|
1
|
mixte
|
2b
|
11-21 ans
|
0
|
individuel
|
3
|
13-22 ans
|
1
|
collectif
|
4
|
5-18 ans
|
1
|
collectif
|
5
|
4-16 ans
|
0
|
mixte
|
6
|
4-15 ans
|
0
|
mixte
|
7
|
|
15-18 ans
|
1
|
individuel
|
8
|
|
16-21 ans
|
1
|
individuel
|
9
|
|
15-20 ans
|
1
|
individuel
|
10
|
|
16-30 ans
|
1
|
mixte
|
11
|
|
18-25 ans
|
2
|
individuel
|
12
|
|
18-25 ans
|
1
|
mixte
|
13
|
Éducation Nationale
|
11-23 ans
|
2
|
individuel
|
14
|
15-18 ans
|
0
|
individuel
|
15
|
9 à 16 ans
|
1
|
individuel
|
16
|
|
13- 26 ans
|
3
|
individuel
|
17
|
|
16-17 ans
|
1
|
mixte
|
18
|
|
16- 25 ans
|
1
|
individuel
|
19
|
16- 25 ans
|
1
|
mixte
|
20
|
16-25 ans
|
1
|
mixte
|
21
|
Sanitaire/ Psychologique
|
15-20 ans
|
2
|
individuel
|
22a
|
12- 21 ans
|
2
|
individuel
|
22b
|
16-25 ans
|
2
|
mixte
|
23
|
13- 30 ans
|
3
|
collectif
|
3 Niveau de formation sur les addictions de 0 = pas de
formation à 3 = expert sur les addictions
Annexe 4 : Caractéristiques de notre
échantillon
Items
|
nombre
|
%
|
Code
|
|
9
|
36%
|
1 = Homme
|
Sexe
|
16
|
64%
|
2 = Femme
|
|
6
|
24%
|
1 = 20-30 ans
|
|
6
|
24%
|
2 = 31-40 ans
|
Age
|
8
|
32%
|
3 = 41-50 ans
|
|
5
|
20%
|
4 = 51-65 ans
|
|
4
|
16%
|
1 = Centre social
|
|
2
|
8%
|
2 = ADDAP 13
|
|
2
|
8%
|
3 = BIJ
|
|
3,5
|
14%
|
4 = Lycée
|
|
1
|
4%
|
5 = Université
|
|
1,5
|
6%
|
6 = Collège
|
Structures
|
1
|
4%
|
7 = Foyer
|
|
2
|
8%
|
8 = CSAPA
|
|
2
|
8%
|
9 = Mission locale
|
|
3
|
8%
|
10 = Organisme de formation
|
|
1
|
14%
|
11 = PAEJ
|
|
1
|
2%
|
12 = CMP
|
|
5
|
20%
|
1 = Sanitaire/psychologique
|
Secteurs
|
13
|
52%
|
2 = Insertion/social
|
|
7
|
28%
|
3 = Éducation nationale
|
|
3
|
12%
|
1 = Animateur
|
|
5
|
20%
|
2 = Éducateur spécialisé
|
|
2
|
8%
|
3 = Infirmière
|
|
3
|
12%
|
4 = Psychologue
|
Métiers
|
2
|
8%
|
5 = Formateur
|
|
4
|
16%
|
6 = Conseiller (conseiller, AED, insertion)
|
|
1
|
4%
|
7 = Assistante sociale
|
|
5
|
20%
|
8 = Encadrement (coordinateur, responsable formation,
directeur)
|
|
6
|
24%
|
1 = [ 0 - 1 ] an
|
Ancienneté
|
5
|
20%
|
2 = ] 1- 5 ] ans
|
dans la
|
5
|
20%
|
3 = ] 5 - 10 ] ans
|
fonction
|
6
|
24%
|
4 = ] 10 - 15 ] ans
|
|
3
|
12%
|
5 =] 15 - 22 ] ans
|
|
3
|
12%
|
1 = Jusqu'au collège (moins de 16 ans)
|
|
2
|
8%
|
2 = Jusqu'au lycée (moins de 18 ans)
|
Age des
|
5
|
20%
|
3= Collège lycée (11- 21 ans)
|
jeunes
|
6
|
24%
|
4 = Lycée (15 - 21ans)
|
côtoyés
|
5
|
20%
|
5 = Lycée- université (15 - 25 ans)
|
|
2
|
8%
|
6 = Université (18 - 25 ans)
|
|
2
|
8%
|
7 = Collège-lycée-université (11- 25 ans)
|
|
4
|
16%
|
0 = Pas de formation sur les addictions
|
Niveau de
|
14
|
56%
|
1 = Niveau de formation moyen
|
formation
|
5
|
20%
|
2 = Bon niveau de formation
|
|
2
|
8%
|
3 = Niveau de formation expert
|
Contact
|
4
|
16%
|
1 = Collectif
|
avec les
|
12
|
48%
|
2 = Individuel
|
jeunes
|
9
|
36%
|
3 = Mixte
|
Annexe 5 : Guides d'entretien
Tableau 1 : Guide d'entretien non
spécialistes
THEMES
|
RELANCES
|
Représentations sociales
|
Quand je vous dis jeunes et addictions,
ça vous fait penser à quoi. Par exemple, donnez moi 5
mots.
Qu'est-ce qu'une addiction chez un jeune, pour vous?
|
Selon vous, quel type d'addictions concerne
les jeunes ?
|
Quels sont les mécanismes
d'enclenchement ?
|
Positionnement
|
Quel est votre positionnement ? / Que
faites-vous ?
|
Quel est le positionnement des parents
?
|
Connaissances
|
Savez-vous où orienter un jeune si besoin ?
|
Attentes
|
Quelles sont vos attentes ?
(hiérarchiser les attentes)
|
Dans l'idéal, ce serait comment
?
|
Avez-vous besoin de soutien par rapport
à ces questions? Si oui, sous quelle forme ?
|
Socio-démo
|
Age
Sexe
Temps de travail dans la structure (temps plein/ mi temps)
Depuis quand travaille-t-il dans la structure
Fonction
Age des jeunes côtoyés
|
Tableau 2 : Guide d'entretien spécialistes
(CSAPA, ANPAA)
THEMES
|
RELANCES
|
Représentations sociales
|
Quand je vous dis jeunes et addictions,
ça vous fait penser à quoi. Par exemple, donnez moi 5
mots.
Qu'est-ce qu'une addiction chez un jeune, pour vous?
|
Selon vous, quel type d'addictions concerne
les jeunes ?
|
Quels sont les mécanismes
d'enclenchement ?
|
Positionnement
|
Quel est votre positionnement ? / Que
faites-vous ?
|
Quel est le positionnement des parents
?
|
Connaissances
|
Savez-vous où orienter un jeune si besoin ? Qui vous
oriente des jeunes ?
|
Attentes
|
Quelles sont vos attentes ?
(hiérarchiser les attentes)
|
Dans l'idéal, ce serait comment
?
|
Avez-vous besoin de soutien par rapport
à ces questions? Si oui, sous quelle forme ?
|
Socio-démo
|
Age
Sexe
Temps de travail dans la structure (temps plein/ mi temps)
Depuis quand travaille-t-il dans la structure
Poste occupéAge des jeunes
côtoyés
|
Annexe 6 : Épidémiologie des usages
problématiques des nouvelles technologies.
Minotte, P. (2010). Les usages problématiques d'Internet
et des jeux vidéo. Synthèse, regard critique
et
recommandations. Institut Wallon. (p.61)
Annexe 7 : Analyse thématique de l'ensemble des
entretiens
|
Sous-thèmes
|
Extraits d'entretien (numéro
d'entretien)
|
addictions
|
Modalités de consom- mation
|
fréquence
|
« Quand le produit devient, enfin est utilisé
suffisamment régulièrement pour devenir une addiction »
(n°1)
« C'est vrai que sur l'addiction, c'est difficile de dire,
je pense que si cela revient tout les jours c'est que tu es addict quand
même, voilà si ça revient » (n°3)
« il y en a je sais, ils passent la nuit devant la
télé, le lendemain, ils ont du mal à se lever, ils ont des
cernes » (n°5)
« quelque chose qui est occasionnel à quelque chose
qui devient... j'ai le mot compulsif qui me vient en tête mais c'est ...
quelque chose qui devient répété quoi, voilà
répété et abusé quoi » (n°20)
« une addiction c'est un excès parce qu'on
dépasse la de la mesure... la norme quoi hein... on va au-delà de
de de ce qu'y faudrait » (n°17)
|
Festif vs solitaire
|
« Des temps festifs c'est occasionnel, c'est entre copains,
l'addiction c'est quelque chose en solitaire » (n°8)
« mais il y en a beaucoup moins, celui qui ira faire la
fête, c'est pas quelqu'un qui prendra un rendez-vous et qui viendra,
à moins qu'ils soit détecté par un médecin qui
l'oriente et qui lui dise il faut consulter, sinon d'eux même j'ai pas
souvenir d'en avoir vu beaucoup sinon des filles » (n°11)
« (l'addiction) c'est le contraire de la fête »
(n°22b)
« que j'essaie de savoir s'ils le font plutôt en
groupe, ou si c'est isolé, si c'est parce qu'il est
déprimé ou au contraire parce qu'il est content, ce genre de
questions qui va me permettre d'évaluer le risque ou le danger du
côté de sa sociabilité, de sa capacité à
continuer à avoir une vie d'ado quoi. Voilà » (n°13)
« C'est plus facile à faire passer, quoi, j'ai
l'impression ouais, tu t'en rends moins compte par ce que c'est, c'est cet
esprit de, comment dire, ben sociabilisant, ouais, moi je le vois comme
ça, où t'es là, c'est normal, c'est, alors que si t'es
chez toi à te droguer tout seul, là à un moment tu dois
quand même te dire : j'ai un problème là »
(n°12)
« après je te parle pas de ce qu'ils font en
fête, d'avoir envie, d'avoir des, enfin de chercher des sensations, des
choses comme ça, c'est encore différent je trouve »
(n°11)
|
Gérée ou pas/ impuissance
|
« le désir au départ peut amener à un
moment donné à un, à quelque chose qu'on ne désire
pas forcément, mais dont on ne peut plus se sortir » (n°1)
« quand je vais pas m'en passer, et même si je conduis
ou je fais quelques chose d'important je ne peux pas m'en passer pour moi c'est
vraiment une drogue, tu vois c'est, » (n°3)
« toujours pareil, savoir s'en servir.... raisonnablement
» (n°7)
« ça devient compulsif quoi que ben voilà on
arrive plus à faire la part des choses et ben que on a ce besoin
irrépressible de, de consommer » (n°10)
« dans un rapport au produit un peu fusionnel... où
il y aurait que ça quoi» (n°22a)
|
addictions
|
Modalités de consom- mation
|
Plaisir vs
manque/souffrance
|
« Pour moi c'est un jeune qui a des difficultés, qui
va pas bien, ou un adulte qui va pas bien, et qui va, dans, vers ces produits
là » (n°1)
« eux ils parlent plus de bien être tu vois, alors
euh, c'est pour eux, ça va pas être l'addiction mais plus non
c'est un bien être » (n°3) « L'addiction je l'associe
vraiment à quelque chose qui est de l'ordre de la souffrance. »
(n°8)
« je pense que dans toute les consommations, en tout cas
au démarrage, y'a pas forcément de mal être. Je veux dire,
un gamin qui se torche comme ça à 12-13 ans, c'est qu'il ne va
pas bien, ou alors il fait une expérimentation, ça lui procure
encore pas mal de plaisir » (n°23)
« Dans un contexte festif, et tout, le produit a
sûrement pas la même fonction » (n°22a)
« Peut-être qu'on a tout ce qui nous faut et ça
plus c'est parce que c'est un plaisir et c'est pas forcément qu'il nous
manque quelque chose » (n°21)
|
Continuum
consommation/ addiction
|
« est-ce qu'ils sont dans une situation d'addiction, j'en
sais rien. mais par contre, c'est devenu une habitude, » (n°1) «
c'est difficile à déterminer quand c'est une addiction »
(n°3)
« Alors quel moment, question que l'on va se poser, c'est
quel moment ils sont véritablement addicts, à quel moment ils
sont juste dans la mise en danger» (n°10)
« Et les gens ils font un amalgame, c'est à dire que
... dès qu'il y a usage et bien pour eux, il va y avoir addiction. je
ferai la différence entre l'addiction et la consommation quand
même » (n°23)
|
Effets
|
Psycho- logique
|
Prise de conscience de son état = angoisse
|
« je pense que quand on s'aperçoit que quand on ne
contrôle plus ce qu'on peut ressentir, vivre, ou voilà. Je pense
qu'à un moment donné ça peut être psychologiquement
très dangereux » (n°1)
« Soit psychiquement parce que je me rends compte que je
suis dépendant et c'est insupportable pour moi d'être
dépendant d'un produit et ça renvoie aussi à tout un tas
de trucs et peut-être pour quelqu'un, le jour ou il se rend compte qu'il
est dépendant parce qu'il a essayé de s'arrêter par exemple
et que cela se solde par un échec, là ça va être
angoissant, »
« et des fois quand ça va un peu trop loin, il y a
des prises de risque aussi sur des TS aussi . toutes les choses leur
échappent aussi, quand ça devient trop conflictuel»
(n°22a)
« l'être humain, par rapport à des addictions
il peut être quand même complètement aliéné,
que ça peut quand même énormément le perturber
» (n°23)
« c'est ça qui amène des gens à venir
nous rencontrer. c'est un peu cette peur, cette angoisse de se rendre compte
que c'est en train de basculer du côté de ... euh ... c'est
l'addiction qui me mène plus que moi qui mène la danse quoi un
peu. » (n°16)
|
Perte de la réalité/ folie
|
« des jeunes qui ne sortent plus de chez eux, parce qu'ils
sont dans un monde virtuel, qui leur appartient » (n°1)
« quand c'est répétitif je pense qu'on essaie
toujours de fuir et on passe plus de temps finalement hors de la
réalité que dedans » (n°21)
« très très dangereux d'ailleurs y en a qui se
sont suicidés comme ça hein des jeunes. Parce qu'y sont pris dans
leur leur histoire et puis ben y s'ont fini comme le héros, y se sont
tués puis y croyaient qu'ils étaient immortels, qu'y s'allaient
renaître » (n°17)
« qui étaient restés quillés, cette
espèce de truc de folie » (n°12)
|
Comportemen t/agressivité
|
« il y a aussi les réactions extrêmement
physiques, sur tout ce qui peut être l'agressivité, »
(n°1)
« un jeune dans un état de violence extrême
envers sa mère, jusqu'à ce que je comprenne que pour aller
à ce rendrez-vous, il devait arrêter le jeux »
(n°22a)
« Ça change le comportement » (n°18)
« le comportement voilà c'est que je disais...
excités ou complètement avachis, y sont y sont incapables de se
contrôler quoi » (n°17)
|
«on rentre chez nous hop facebook, et puis après
ça te coupe, pas de la vie, mais tu es avec quelqu'un ça te coupe
de ta relation avec lui » (n°3)
« elle veut pas venir au centre parce qu'elle veut rester
devant la télé » (n°5)
« Oui et qui entraîne des phobies scolaires, des
problèmes lourds par contre. Là aussi ça concerne peu mais
quand ça l'est des fois ça devient sévère quoi.
» (n°9)
« c'est souvent obsessionnel quoi, et quand il y a un
truc qui s'installe après, que ce soit une consommation de produits ou
des comportements qui se mettent en place, ouais, ça revient un peu au
même à un moment donné, et ça génère
et ça contribue à l'isolement » (n°11)
« c'est ça qui est important, l'addiction, c'est il y
a même plus d'amis, quand un jeune il a des addictions mais qu'il a
encore des collègues, des copains... c'est surtout ça qui est
grave, c'est quand il y a un isolement social total. » (n°22b)
« Moi en fait, je me suis mis à
réfléchir qu'il y avait d'autres formes d'addiction, aussi, avec
des gens qui sont insérés. » (n°8)
|
« et puis se faire traiter de grosse salope sur facebook,
ça peut donner envie de consommer » (n°3)
« , les parents sont venus se plaindre tout les deux parce
que les deux petits s'insultaient sur internet. Et les gros mots fusaient. Nous
on était pas au courant parce que c'est sur facebook. »
(n°5)
|
« c'est peut-être la substance psychoactive aussi,
pourquoi je, on le refait. » (n°7)
« pour les étudiants, le cannabis ou des drogues plus
dures et puis y'en a beaucoup qui essayent d'arrêter de fumer par
exemple, par rapport au coût, ben qui découvrent un réelle
dépendance, et qui aimeraient ben savoir comment faire pour se sevrer,
» (n°11)
« accro, ça va avec la peur du manque et la peur du
manque ça fait faire plein de conneries » (n°22b)
« produit qui fait effet sur le corps » (n°18)
« la consommation quand elle devient trop importante pour ce
que supporte le corps du jeune ben ça conduit à l'addiction
» (n°17) « qu'il ne faut pas rêver, ça a un effet
aussi apaisant, désangoissant. » (n°13)
« Ouais ben déjà y a la substance en
elle-même dans l'enclenchement » (n°14)
|
« problème physique, le problème de
santé, » (n°1)
« voilà c'est du moment que tu sais que cela peut te
faire du mal et que tu continues, pour moi c'est une drogue. »
(n°3)
« ça peut être les agressions sexuelles,
ça peut être aussi tout ce qui est accident de la route, le coma
éthylique, ça peut être » (n°3)
« parce que c'est un souci pour lui, ne serait ce que sur le
plan financier, mais même physique maintenant. C'est ce qu'il m'a dit
» (n°7)
« c'est vraiment là où ça pose aussi
problème à la personne, là où y'a un danger, y'a
des prises de risques physiques, des prises de risques psychologiques, sociales
» (n°16)
|
«c'est compliqué quand le jeune est vraiment, il est
rentré dans une consommation importante notamment du cannabis parce que
y a les problèmes de communication qui se mêlent, les
problèmes scolaires qui se mêlent, » (n°9)
« , je crois que oui d'être accompagné
ça optimise toujours les résultats » (n°11)
« le problème c'est que quand on est accro, c'est
compliqué après pour s'en libérer et pour gérer ses
problèmes » (n°23) « forcément une personne comme
ça doit être accompagnée » (n°12)
|
« quand je vois qu'il y a beaucoup d'absences, qu'ils sont
fatigués, qu'ils sont mous, pas forcément les yeux rouges, mais
les yeux rouges aussi, enfin je me pose maintenant la question: " est ce qu'il
consomme ou pas? » (n°7)
« S'il arrive et que je vois qu'il est sous produit, euh...
Voilà, on va en parler, même si je ne le connais pas beaucoup
» (n°8)
« Quand ça commence à se voir ou quand
ça cause un trouble à l'ordre publique. Ah c'est interdit
d'être en état d'ivresse sur la voie publique »
(n°21)
« Si le jeune il vient me voir sous produit »
(n°18)
|
|
Place de l'usage
|
Empiète ou pas sur cadre de travail
|
« moi je constate par rapport à leur fatigue et au
décrochage scolaire, donc quand on voit par exemple par rapport au
décrochage scolaire, leur fatigue, bon ça commence par la baisse
des notes, fatigue, y viennent par exemple le matin ou retard scolaire, etc
» (n°9)
« quand elle est arrivée elle était sous coke,
les 3 premiers rendez-vous que j'étais avec elle c'était
impressionnant quoi, et donc je lui signifiais que son état ne lui
permettait pas de, et qu'il fallait vraiment s'atteler à cette question
là et voilà. » (n°20)
« tant que ça empiète pas sur la sphère
dans laquelle on se rencontre avec le jeune, à savoir la vie
professionnelle, dans la citoyenneté, voilà,
l'intégration, l'insertion pour être plus précis »
(n°18)
|
L'addiction c'est un signe/
demande implicite d'accompagnement
|
« est quand même, pour moi, beaucoup plus signe de
» (n°1)
« l'addiction c'est un signe, c'est un signe de quelque
chose » (n°8)
« Oui ben autre chose c'est-à-dire exprimer autre
chose... un souci, un mal-être, autre chose » (n°9)
« Mais c'est pas forcément le produit qui serait en
cause. c'est la problématique sous jacente qui... qui est gênante
» (n°21) « ils se mettent en échec quoi. Je pense que
c'est aussi une façon d'alerter les adultes sur un mal-être quoi
»(n°22b)
|
Mécanisme
|
On a tous des addictions/ mécanisme humain
|
« je trouve ça extrêmement humain et
extrêmement sain presque comme réaction, comme raisonnement.
» (n°1)
« je pense que tu peux vite tomber sur n'importe quoi dans
l'addiction » (n°3)
« quoi c'est humain c'est tout à fait humain »
(n°10)
« Après ben oui, ça peut arriver à tout
monde, je crois que personne n'est à l'abri, » (n°11)
« Ben après il y a des gens qui sont capable de
prendre sur eux, il y a des gens qui ont besoin de courir, il y a des gens qui
ont besoin de taper dans un... dans un punching-ball. Et voilà, il peut
y avoir des gens qui ont besoin de consommer, enfin, alcool, drogue ou truc
comme ça. » (n°18)
|
Adaptation logique face au contexte
|
« Quand il est en rupture scolaire, en rupture familiale, et
rupture de tout, il n'y a plus, y a plus rien. Donc forcément, il faut
chercher ailleurs, actuellement, on propose pas grand-chose »
(n°1)
« si c'est morne, en permanence morne, qu'ils ont même
pas, ils ont plus ces petites étincelles où l'on croit pouvoir
tout refaire, quoi. Ben ouais, ça peut, ça peut être
nécessaire de prendre un truc pour pouvoir supporter ça, quoi.
ça peut, les vies mornes et puis ça, » ( n°7)
« les réponses et les transgressions, les prises de
risques sont à la hauteur de ce que l'on impose aux gens »
(n°10)
« ça a aussi un sens de s'enfermer, quand il y a trop
de sollicitations extérieures, on continue à maturer un peu dans
sa bulle, jusqu'à ce qu'on puisse aussi en sortir quoi »
(n°22b)
|
Créer du lien, avoir une place sociale
|
« je vais rencontrer plein de monde » (n°1)
« quand ils viennent faire leurs devoirs, ça parle,
c'est ouais ce soir il y a telle émission, tu vas la regarder ? donc
ça devient vite une addiction » (n°5)
« chercher à travers une beuverie avec trois mecs de
leur étage, ils vont chercher à se recréer une vie
sociale, rapidement, et puis à sympathiser, finalement leurs moyens de,
de rentrer en communication était l'apéro » (n°10)
« les garçons là par exemple c'est un moyen
ben de parler entre eux, parce que ils parlent pas, donc c'est vrai qui y a
beaucoup, il y a l'apparence qui compte beaucoup, les représentations
des uns des autres, et si il y a pas le produit c'est plus difficiles d'aller
les uns vers les autres, je crois que ça désinhibe un peu quelque
chose, ça permet de, ouais de parler, ben... au fond de souffrance la
plupart du temps quoi » (n°11)
« c'est la pression du groupe, donc on est dans un
rapport social, pression de groupe. C'est avant tout là un
mécanisme social, sociétal. Mais qui fait que voilà j'ai
l'impression de faire partie des grands, de m'émanciper, parce que
l'image de ce produit est encore trop valorisée. » (n°23)
|
|
Mécanisme
|
Médicament : Compenser, combler, panser,
réponse, fuir la réalité
|
« mais je reste persuadée quand même, que la
rupture elle est forcément source de fuite à un moment
donné... » (n°1)
« Ouais c'est un moyen de, d'éviter d'avoir à
affronter, de regarder en face. c'est un moyen détourné, c'est un
moyen de s'évader » (n°7)
« Une personne qui se drogue à un moment
donné, c'est un médicament à quelque chose. »
(n°8)
« ben c'est aussi une réalité virtuelle
où ils sont les héros, alors que dans la vie courante, ils ont
une mauvaise image d'eux etc » (n°22b)
|
Utilisation consciente vs non consciente
|
« c'est peut-être la différence d'ailleurs, on
peut comprendre l'intérêt du produit mais on tombe pas
forcément dans
l'addiction »(n°22a)
« c'est quand même assez énorme, ils ont
parfaitement conscience ... conscience de quel est cet objet, à quel
place il vient se mettre. Ils l'utilisent vraiment consciemment »
(n°21)
|
Adaptation ratée
|
« c'est de plus pouvoir se passer d'un produit, en fait, moi
je le verrais comme ça rapidement, ouais c'est en avoir besoin pour se
sentir équilibré, pour pouvoir fonctionner au mieux, au moment
où on le fait quoi ! » (n°11)
« quand ce n'est plus l'humain qui choisit où,
quand, comment, mais que le fait d'avoir une consommation d'un produit ou de
plusieurs produits, oblige l'individu à retourner à cette
consommation et à cette pratique, c'est à dire quand ça
devient nécessaire, quand le produit devient nécessaire à
être - à se sentir - dans un état normal. Donc quand la
consommation s'impose à l'humain quoi » (n°13)
« les amis, enfin on parle d'alcoolisme mondain, mais c'est
ça quoi, c'est, t'es toujours en train de sortir, du coup tu bois, tu
t'en rends pas compte et puis, et puis au fur et à mesure, tu deviens,
t'es addict » (n°12)
« c'est affreux, puis après on s'habitue et il en
faut de plus en plus en plus. » (n°7)
« il va trouver quelque chose qui va lui apporter du bien
être, momentanément peut-être, mais quand même,
ça résout rien quoi » (n°1)
« enfin ce que je crains avec tous les médias, les
machins, c'est qu'ils fuient ça aussi,
quoi. il y a bien un moment où il va
falloir qu'il soit en face de leurs peurs, de leurs inquiétudes »
(n°7)
« ça calme l'angoisse de séparation, mais
ça résout pas le problème » (n°22b)
|
Conditionnalité
|
Temporalité: à un moment donné
|
« que tout le monde peut, à un moment donné,
avoir envie de voir ce que c'est » (n°1)
« Parce qu'entre le consommateur et la crise d'adolescence.
j'imagine que l'on peut un peu consommer, j'espère ne pas être un
addict futur absolument, » (n°7)
« À l'étape de l'adolescence ou à un
moment donné, sur un temps de passage » (n°8)
« Je pense qu'on a tous des moments de, où on est
bien, des moments où on est plus fragile parce qu'on évolue quoi
enfin je veux dire... on évolue hein. » (n°9)
« ne pas confondre addiction et les conduites à
risque pour se frotter un peu à la vie, faut bien que jeunesse se passe
» (n°22b)
« Bon heureusement que souvent y touche... moi je je
souvent j'les laisse toucher le fond, dans la limite du raisonnable et
après je m'aperçois que au bout d'un moment c'est tellement au
fond du du gouffre qu'y s'appellent au secours et que y demandent vraiment
qu'on les en sorte. » (n°17)
|
Multifacteurs
|
« en fait je pense que c'est vraiment tout lié. J'ai
du mal à trouver ma place, du coup euh, du coup, voilà y'a
toujours cette appartenance, même si c'est pas une appartenance à
un groupe c'est je me fais remarquer » (n°3)
« Il y a un faisceau de situations qui fait qu'à un
moment donné on est addict à quelque chose, quoi. »
(n°8)
« Un problème et tu rencontres un produit et pof,
ça fait réponse » (n°22a)
|
Le jeune
|
Difficulté de vie, Souffrance,
fragilités
|
« j'en ai quand même vu au moins quatre ou cinq qui ne
sont pas bien, ce n'est pas juste la crise d'adolescence où ils se
cherchent, non, ils sont pas bien » (n°7)
|
|
« c'est un jeune qui en fait décrochait
complètement et qui avait plus envie d'être scolarisé
» (n°9)
|
|
« Pour des jeunes qui nous paraissent un peu
angoissés, un peu déprimés, on se demande si c'est pour un
peu s'automédiquer » (n°22a)
|
|
« une situation qui est pas confortable, ils galèrent
» (n°18)
|
|
« mais finalement on se retrouve avec beaucoup de jeunes qui
ont des petits soucis » (n°12)
|
|
« on a quand même des gens qui sont fragilisés
quand ils viennent ici » (n°10)
|
Volonté d'accompagnement
|
« ces situations addictives, qui finalement peut-être,
conviennent très bien à certains » (n°1)
|
|
« rien que le fait de se déplacer du quartier, en
ville, c'est pas trop leur truc, ils s'intéressent pas en fait, faut
toujours faut toujours être à côté, faut toujours
qu'on les accompagne et on a pas forcément le temps de le faire tout le
temps » (n°5)
|
|
« Donc ça été une demande qui m'a
encore plus surprise. Je lui ai donné d'ailleurs, je crois que c'est
l'adresse de Tremplin par téléphone avant les vacances »
(n°7)
|
|
« On va pas faire pour eux, on va pas faire à leur
place, mais.... On est dans une mise en route où l'autre... Faut qu'il
soit dans le désir » (n°8)
|
|
« ben y'a des gens qui n'ont pas envie d'être
sauvés, qui sont très bien aussi » (n°21)
|
|
« savoir quelle force de caractère il a pour
pouvoir, quelle motivation il a pour s'en sortir, c'est étudié,
moi je pense que bien entendu c'est du cas par cas. Y a pas une solution
miracle générale mais individuelle et adaptée au cas tout
simplement. »
|
|
(n°2a)
|
|
Sous-thèmes
|
Extraits d'entretien (numéro
d'entretien)
|
Contexte associe
|
Adolescence
|
Risque/ ordalie
|
« On sait, quand on est ados, c'est un peu le risque, c'est
un peu tout ça qui attire. » (n°1)
« ça je pense que ce sera dans tous les temps. Le
bébé refuse de manger, l'ado, voilà, aime bien prendre des
trucs dangereux. » (n°7) « A l'adolescence, je pense que on
prend des risques » (n°21)
|
Rapprochement des pairs/ éloignement parents
|
« une période de pré-adolescence, ça va
être compliqué avec les parents » (n°23)
« par exemple, il y a une pub, où ils disent, dis moi
qu'on sera jamais comme nos parents... » (n°22b)
« les jeunes, assez logiquement, c'est normal qu'ils soient
en lien » (n°22a)
« Mais comme on est sensé être dans une
relation d'amour ou d'amitié, on est sensé se faire confiance et
se le prouver avec des moyens bêtes des fois, en prenant des risques "on
partage un risque ensemble" »(n°21)
« les week-ends hein souvent quand ils sortent en boite,
ils picolent avant, ou ils se font des soirées entre copains, ou des
barbeuks ou quoi ils fument des joints l'été au bord de l'eau,
enfin, quelque chose qui est lié au bien être, au... voilà
oui. C'est lié aussi à leur mode de vie quoi, c'est...
voilà, y'a des temps réguliers où ils se regroupent et
voilà, » (n°20)
|
Expérience/curiosité, se tester, identité
|
« enfin, je comprends, c'est le début des
soirées tout ça, on teste, hein c'est sur » (n°5)
« d'expérimentation, parce que vis à vis des
copains j'ai pas envie de passer pour un gamin c'est tout » (n°23)
« voilà ça fait parti du processus de
développement, de se confronter un peu, voilà à quelque
chose qu'on croit différent » (n°22b)
« , parce que à l'adolescence où on est quand
même en recherche de soi même et tout ça, et quand on a un
moment où on n'est pas très bien, ça peut être
effectivement une issue ...une espèce d'issue identificatoire »
(n°16)
« à ce moment là de la vie, et qui parmi
peut-être les différentes expériences,
expérimentations de ...un peu...quitter l'enfance, aller
s'expérimenter en tant que adultes, etc, bon euh, l'expérience de
certains produits, enfin de certaines consommations peut exister chez certains
jeunes » (n°16)
« c'est vrai que l'ado bien sur c'est le terrain le plus
fragile puisque il a pas une personnalité encore... ben d'adulte et bien
bien construite » (n°17)
|
Imitation des grands
|
« c'est vécu comme ça quand ils sont jeunes et
d'imiter les grands, » (n°1)
« des fois, ils se comportent comme des jeunes qu'ils voient
dans les téléréalités, » (n°5)
« Donc le jeune quand il s'identifie à ça, ben
pour lui ouais, les références c'est être l'adulte, faire
le beau » (n°23)
|
Interdit/ provocation
|
« c'est-à-dire d'aller voir ce qui est défendu
quand même. Même si ça fait peur hein, je veux dire, il y a
un âge où c'est ce qui fait partie du plaisir aussi »
(n°1)
« Donc l'interdiction du « moins de 12 ans »
c'est pas pour autant qu'ils ne vont pas regarder. Justement ça va les
intéresser » (n°5) « j'imagine que pour un jeune aussi,
c'est une manière de dire : "MERDE", aussi, c'est une manière de
dire :"MERDE" aussi » (n°5) « alors, voilà, ils sont
jeunes, ils vont prendre des trucs un peu plus illicites, pour transgresser,
machin » (n°22b)
|
Étape/ souffrance à
surmonter
|
« ce n'est pas surprenant qu'à un moment de
l'adolescence, qu'au moment de fermer les yeux, de se... que ça
travaille, que ça ça .. Et justement c'est déjà pas
facile mais important d'avoir ces moments de doutes, de questionnements
même de peurs, de tout ça. Je crois qu'il faut les affronter.
» (n°7)
« À l'étape de l'adolescence où
à un moment donné, sur un temps de passage » (n°8)
|
Capacité de rebondir
|
« le jeune il peut, en lui et autour de lui
potentiellement solliciter plus de ressources, » « c'est ma propre
représentation, j'ai le sentiment que voilà avec les d'jeuns
(rires), voilà, même si rien n'est jamais joué, que on peut
à tout moment bien sûr inverser le cours des choses »
(n°20)
« c'est ce qu'on voit quand même avec les jeunes et
les ados, c'est que justement et bien y'a une capacité de rebondir
» (n°16)
|
contexte as socie
|
Sous- cultures/ environne ment
|
Accessibilité produit
|
« Parce qu'on est sur un quartier, sur le Jas de Bouffan et
pour avoir parler à certains jeunes même pré-ado, comme je
disais avant, ils savent que cela tourne sur le quartier, ils savent, ...enfin
je pense qu'ils savent où sont les points de vente, et voilà
» (n°5)
«(internet) il y a ça aussi, c'est facile
d'accès partout. Pas qu'à la maison je veux dire. Sur les
téléphone portable, après suivant le forfait bien sur
mais, voilà, c'est facile d'accès partout » (n°5)
|
Communication/visio n positive sur les drogues
|
« Parce que quand on vous promet le paradis, on a envie de,
d'y aller quoi, voilà » (n°1)
« Mais bon, tant que tellement de gens te disent, moi
ça me fait un bien fou. Je suis pas accro parce que je fume que quatre
cigarettes par jour, mais ces quatre là, mon dieu ce qu'elles me font du
bien » (n°1)
« oui, j'ai un copain qui a essayé, tu vas voir c'est
génial » (n°1)
« Et tant que l'image est trop valorisée, y'aura un
appel, un prosélytisme, parce que ça fait bien, parce que .. pour
x raisons l'image de ce produit est encore trop valorisée »
(n°23)
|
Sous culture
|
Culture de
la cité
|
« la norme du quartier devient: c'est pas grave si on
travaille pas. c'est pas grave si j'ai pas de projet professionnel, toute
manière, même si on en a un, ça aboutit pas »
(n°1)
« elle est aussi banalisée. Quelque part,
l'échec scolaire, ça devient un peu une fatalité, »
(n°1)
« effectivement si tout le monde consomme ben ils sont
dedans. Le cannabis c'est courant pour eux. » (n°18)
« quand quand je parle du contrat d'apprentissage à
certains jeunes ben y me regardent en rigolant « 300 euros par mois mais
non mais ça va pas, moi c'est ce que je gagne en une soirée quoi
», ben oui » (n°17)
« L'usage de cannabis montre aussi que c'est aussi un
système qui tourne un peu autour du trafic et là on a des
très jeunes qui vont avoir un rôle de guetteur et ça c'est
pareil c'est des observations sur le terrain » (n°2b)
|
Sous culture « jeune déviant »
|
« Se retrouver entre pairs trop jeunes, ça
amène à un espèce de délire un peu collectif, de
dire, ben c'est pas grave, tout le côté adulte, ben on en a plus
rien à faire et on va trouver nous même, ce qu'on a envie de faire
» (n°1)
« En groupe qui se trouve isolé par le chômage,
par l'échec scolaire, par euh, je sais pas, le modèle parental
qui existe pas, ou qui existe plus, par je ne sais quoi... » (n°1)
« Donc c'est vraiment, je pense qu'à un moment
donné, quand on a plus... un rapport avec les autres, pas couches
[sociales], le mot est pas bon, mais les autres éléments de la
société » (n°1)
« même au niveau des insultes j'ai l'impression que
c'est rentré dans leur langage, que c'est leur langage et qu'on peut
rien y faire » (n°5) « Bien souvent quand on est à la
marge, ils ont du mal à s'inscrire dans, dans le monde des adultes
» (n°8)
|
Culture familiale/ régionale
|
« Beh, là pour l'alcool, c'est vrai que pour nous,
on a une population, euh, à 90% magrébine, donc pour eux l'alcool
ça reste tabou » (n°5) « par exemple on a des jeunes qui
arrivent des DOM-TOM, euh culturellement leurs rapports avec l'alcool et avec
le rhum euh il est assez particulier » (n°10)
« souvent, les vrais alcoolos, ils ont commencé
petits à finir les fonds de verres des parents » (n°22b)
« au niveau de l'alcool, c'est souvent un rapport
familial les gens savent beaucoup de choses, mais souvent, qui est de l'ordre
de la culture de la rue. Ce que j'appelle de la culture de la rue, c'est
à dire ce que nous ont transmis nos parents, nos grands parents depuis
des générations, » (n°23)
« il y a ceux qui sont eux-mêmes dans une
consommation donc qui vont relativiser le risque pris par leurs enfants, et qui
eux-mêmes ont grandi, ont vécu avec cette consommation, et ont pu
s'insérer dans la société, finir leurs études,
avoir un boulot etc.. sans être marginalisés, du coup ceux
là vont accueillir la consommation de leur enfant » (n°13)
« c'est un milieu étudiant, un peu festif, un peu
friqué, un peu tu vois, un peu dans le paraître, un peu,
après c'est le contexte d'Aix, mais, c'est pas, je pense que c'est pas
les mêmes drogues qu'à Marseille par exemple, »
(n°12)
|
contexte as socie
|
Sous- cultures/ environne ment
|
Sous culture
|
Normes groupe
|
« Parce que moi des fois y me disent j'aimerais mais j'y
arrive pas moi, j'arrive pas parce que mes copains y vont pas comprendre, moi
je sors avec des potes qui eux consomment, y vont pas comprendre que
j'arrête, » (n°9)
« Et il faut rentrer un peu dans la norme du groupe et si la
norme du groupe c'est prendre des risques, si la norme du groupe c'est de
boire, si la norme du groupe c'est de consommer des produits alors, au moins,
on va être amenés à le faire.» (n°21)
« Si d'un coup à une soirée, y'en a un qui se
pointe avec de la coke ou commence à s'injecter, j'aimerais voir la
réaction des autres autour quoi. Peut-être que là il sera
plus comme, ...déviants » (n°21)
|
société
|
En crise/ Virtualité/ individualisme
|
« On se rend pas compte que c'est une addiction mais c'est,
oui, c'est un peu dans ..., après tout le monde est un peu pris à
ce jeu quoi, je pense que tout le monde maintenant a facebook ou a »
(n°5)
« si t'as pas internet maintenant, c'est que tu vis au fond
d'une campagne, tout le monde a internet, tout le monde surf sur internet. La
télé c'est pareil. » (n°5)
« Moi je trouve que ces minots y, ça m'interpelle
ça qui, que le contact direct pur soit rare. Pour, dans le sens, sans
écran de fumé, sans alcool qui font que l'on va plus facilement
vers l'autre, sans écran tout court qui met de la distance, »
(n°7)
« c'est bon la religion ça n'existe peu ou
très peu, enfin j'dirai moi, pour moi tant mieux mais tous les verrous
ou limites, la morale pure, sans même parler de religion,... ben
voilà, c'était des choses qui à mon avis étaient
plus confortables. Bien ou pas j'en sais rien mais plus confortables. Ils
avaient plus ce sens de, du bien et du mal entre guillemets. On est dans une
société individualiste » » (n°7)
« C'est la vie qui est comme ça quoi,
difficultés économiques, dans leur travail, y sont pas
forcément à l'aise dans leur travail, c'est pas facile quoi
»(n°9)
« , là on est en pleine crise, y subissent tous les
problèmes sociaux de la société, que la
société leur renvoi, » (n°10)
|
Société de
consommation/performance
|
«la télé fait aussi que ça devienne une
addiction, c'est fait exprès quoi. Mais je crois encore plus des
téléréalités, où il faut suivre
l'épisode chaque jour pour comprendre ce qui s'est passé, qu'il y
a la grosse émission le samedi » (n°5)
« Donc les jeunes y sont comme les adultes hein, y sont
consommateurs » (n°5)
« faut pas se leurrer, on est dans une société
complètement addictive, à la consommation, moi quand j'ai un coup
de blues, je vais faire les magasins » (n°22b)
|
Évolution selon époques
|
« pour ma génération, c'est quand même
assez nouveau, cette consommation éventuelle, je dis bien
éventuelle,... qui n'est pas forcément lié à la
fête » (n°7)
« des modes de consommations qui ont aussi
évolué dans le temps. » (n°10)
« c'est vrai qu'avant on parlait pas euhhhh, on parlait
moins d'addictions. Enfin moi je me souviens, y'a même une dizaine, une
bonne dizaine d'années, quand je faisais encore mes études,
c'était moins, hein, on parlait moins ... on parlait plus de
toxicomanie, de dépendance mais euh ... Donc voilà, ça a
certainement ... ça veut certainement dire des choses que ça ait
évolué » (n°16)
|
Normes sociétales
|
Normes médicales /médicalisation
|
« Comme on fait un rappel de vaccination, enfin
voilà, pour moi c'est, c'est vraiment la santé publique là
et bon » (n°7)
« c'est plus facile en fait de donner des médicaments
à consommer que d'approfondir les trucs, quand on approfondit les causes
du problème ça prend beaucoup de temps et on consacre pas du
temps » (n°9)
« en terme de santé publique des
épiphénomènes » (n°23)
« Remettre cette question au niveau de la santé
globale, l'alcool, les produits, c'est la psychiatrie, mais on voit bien que la
question elle est générale, comment les gens prennent soin ou pas
d'eux même » (n°13)
|
contexte as socie
|
Normes sociétales
|
Stigmatisation / marginalisation
|
« Cette marginalisation parce que d'un coup, tu vas plus
à l'école, t'es en retard tout le temps, donc on te met dans un
parcours particulier » (n°1)
« , donc il a été évacué en
plein milieu de tout le monde sur une chaise, bon.... donc montré du
doigt, enfin voilà ça m'a interpellé, je
ne m'attendais pas à trouver un élève dans
cet état là à dix heures le matin. » (n°7)
« Qui sont un peu plus à la marge, mais là on
est plus, on est plus sur le, la marginalisation. » (n°8)
« dans la mentalité de la société en
général, on considère qu'un C.A.P si on l'obtient pas
c'est qu'on est vraiment, on est à la limite de la
débilité. Tandis qu'un bac, c'est mieux. Voilà. Donc les
élèves qui préparent des C.A.P, souvent si en plus y
réussissent pas quand y préparent leur C.A.P en deux ans c'est
que vraiment, c'est foutu pour eux quoi. Y feront jamais rien de leur vie quoi.
» (n°9)
« ... c'est les problèmes de santé qui s'en
suivent et de marginalisation... » (n°17)
|
Légalité/répression en
question
|
« parce que, ben si on l'interdit, mais que beaucoup de gens
le font, c'est qu'il y a peut-être quelque chose derrière qui va
peut-être m'intéresser » (n°1)
« Normalement il y a des lois qui disent que il faut montrer
la carte d'identité quand c'est un jeune qui vient vers vous, je pense
qu'ils le font mais sur les moments de rush où il y a vraiment du monde,
je ne pense pas qu'ils le demandent systématiquement »
(n°5)
« disons que c'est tellement courant, ça fait partie,
c'est comme manger une glace, à mon sens, je ne dis pas qu'ils
étaient tous drogués hein, mais beaucoup on vu, en tout cas
» (n°7)
« comme si on ne pouvait y répondre qu'en mettant
tous ces gens à l'écart en les considérant comme des
délinquants, c'est pas des délinquants, c'est toi et moi, je veux
dire c'est des gens même des chefs d'entreprise, des gars
réinsérés, ils ont une consommation de produit donc euh,
voilà, c'est pas une question de délinquance c'est une question
de société maltraîtante et de comment on y répond
à ça, quoi. Il faut voir la consommation d'anxiolytiques et
d'anti-dépresseurs » (n°13)
« mais en même temps, la réponse est « ben
oui mais tout le monde le fait, c'est juste pour moi, c'est juste une conso
perso»... sauf qu'il y en a qui se font attraper, et qui ont des soucis
par rapport à ça, c'est réel » (n°13)
|
Subjectivité des
normes
|
« on est toujours sur et convaincu que ce que l'on sait
individuellement c'est la panacée, c'est universel » (n°23)
« tu te rappelles, cette mère qui nous avait
amené son fils, « jeune toxico » alors que le jeune, il avait
fumé un joint. » (n°22a)
« on peut très bien être quelqu'un
d'intégré dans la société au niveau familial,
amical, professionnel, d'être quelqu'un avec des valeurs solides et
être quelqu'un qui picole beaucoup ou être quelqu'un qui fume son
joint » (n°21)
« Pour les parents c'est une addiction car les parents
ça leur pose souci. Pas pour les jeunes. » (n°21)
|
Interaction
|
Rupture
|
« Quand il est en rupture scolaire, en rupture familiale, et
rupture de tout, il n'y a plus, y a plus rien. » (n°1) « S'ils
font pas de sport, qu'à la maison, la famille est un peu en
éclat, ben voilà. » (n°7)
« jeunes en difficulté en rupture sociale, familiale,
professionnelle » (n°10)
|
Adultes
|
« il faut tout un village pour élever un enfant.
» (n°1)
« Et aussi parce que nous adulte, euhh, cadre somment des
consommateurs aussi » (n°7)
« ... c'est un échec d'ailleurs cet
élève, enfin c'est un échec, l'échec c'est pas
l'élève, l'échec ce sont les adultes » (n°9)
« Quand le parent lui même est consommateur, cela
devient compliqué quand même, ...d'expliquer que... que pour nous
oui et pour toi non » (n°21)
|
Famille
|
Cadre/ sécurité
|
« il reste toujours la parole du parent quelque part quand
elle existe, qui met un frein. Mais quand elle existe pas ou quand on est
vraiment sur du rejet, puisqu'on a plus confiance du tout dans ses parents
» (n°1)
«(pour les médias) et là les parents sont
déficients souvent. Faut se battre dés le début quoi
» (n°7)
« Surtout qui se sente pas, oui soutenu, en
sécurité en fait voilà » (n°9)
|
contexte associe
|
Interaction
|
Famille
|
Communication
|
« Des problèmes notamment au niveau familial, des
déchirements de relation » (n°8)
« s'il arrive pas à communiquer en famille, si y se
sent pas en sécurité, s'il est pas trop bien parce que chez lui
c'est pas génial etc, ben y va se regrouper avec des jeunes avec qui y
va avoir des affinités on va dire, qui risquent de le comprendre et de
l'aider » (n°9)
|
École/ boulot
|
« Un jeune en échec scolaire » (n°8)
« au niveau de leur avenir donc si y sont très
inquiets par rapport à ça, surtout si par exemple souvent y a les
parents qui mettent un peu la barre haute hein c'est-à-dire y a encore
le mythe de l'orientation en scientifique où c'est les plus intelligents
» (n°9)
« c'est méconnaitre quand même ce qu'il se
passe avec le nombre de jeunes qui sont en vraie difficulté dans les
établissements scolaires où ils sont là jusqu'à la
4e sans rien comprendre, mais il y sont. Donc je trouve que c'est
d'une violence extrême qui leur est faite. » (n°22a)
« une situation qui est pas confortable, ils galèrent
un petit peu pour rentrer dans la vie professionnelle etc. » n°18)
|
Pairs
|
« Des relations affectives, des relations de communications
avec ses pairs compliquées » (n°8)
|
Relations affectives
|
« c'est vrai que quand il y a une copine pour beaucoup, et
je dis pour beaucoup à l'intérieur du foyer, font que ils se
rangent un petit peu » (n°10)
« un chagrin d'amour » (n°22b)
|
Individuel
|
Histoire de vie/chocs (deuils, violence, accident)
|
« c'est une enfant qui a souffert. Enfin, souffert, qui a
été victime de violences, donc je pense que c'est peut-être
ça qui a causé ça, quand la violence est trop forte, on
échappe, et qui psychologiquement est partie dans autre chose »
(n°1)
« il se passe quelque chose de grave, on a perdu le grand
père, et donc on se pose des questions existentielles. Y'a le divorce,
y'a ceci cela. Là le gamin, c'est sûr le pauvre que ça va
être très compliqué pour lui » (n°23)
« Il y en a pas qui ont déjà des
décès de parents » (n°12)
|
Soucis de soi
|
« Apres je ne fais pas de mal à mon corps, euh, tu
vois, » (n°3)
« que la question elle est générale, comment
les gens prennent soin ou pas d'eux même » (n°13)
|
Personnalité (excsssif, faiblesse) / maturité
|
« tout le monde n'est pas fait aussi pour se poser autant de
questions et peut-être de vivre la vie de manière peut-être
un peu plus simple » (n°23)
« manque de personnalité, manque de confiance en soi,
» (n°18)
« Bon maintenant y a aussi des gens qui... et ben sont...
ont moins de chances que d'autres de ce côté là parce que
ils ont moins de personnalité, de de la réflexion, de
l'intelligence quelque part aussi » (n°17)
|
Biais
|
« pour moi c'est cette sensation et notion
d'invinsibilité. Il n'y a rien qui peut les ... les tuer. Le cancer
c'est les autres, le machin c'est les autres » (n°7)
« c'est comme ça, que... enfin, on
légitimise la consommation, pour soi. Dire ben attends, lui il a 85 ans,
il est au bar tous les jours, il fume trois paquets de clopes et il est joueur
de boule, (rire).... on évite de penser à tous les autres qui
sont morts à quarante ans, quoi. » (n°7)
« Où je me sens pas responsable ni de moi même
ni des autres, c'est le Mektoub , Inchallah tu sais, rho c'est écrit
c'est comme ça » (n°23)
« bah ils sont immortels. On meurt pas quand on est jeune
hein ? Si on leur pose la question, y n'ont pas idée qu'ils vont mourir
un jour hein » (n°17)
|
contexte associe
|
Individuel
|
Manque connaissances sur addictions
|
« quelqu'un qu'a compris, qu'est averti, normalement est
plus méfiant et tombe moins dans l'addiction que quelqu'un... qui est
plus...euh... moins moins averti et surtout qui... à qui on a pas
beaucoup expliqué ou qu'a rien compris à ce qu'on lui avait
expliqué. » (n°17)
« je sais pas si c'est un manque d'information qui fait que
c'est un manque de maturité mais pourtant je pense qu'ils sont tous
conscients du risque » (n°3)
|
physiologie
|
« Pour certains, ce plaisir peut être fort, d'autres
beaucoup plus atténué, donc on ne le sait pas à l'avance,
qu'on est très inégaux par rapport à ça »
(n°23)
|
|
|
« Chaque personne n'accepte pas la drogue de la même
façon » (n°12)
|
|
Projet de vie
|
« c'est un jeune, il savait pas quoi faire de sa vie et
tous, la plupart, ils sont comme ça » (n°5)
|
|
|
« ça et la difficulté d'envisager et le
présent et l'avenir » (n°7)
|
|
|
« A du mal à penser son devenir, » (n°8)
|
|
|
« posé, qui sait où il va »
(n°18)
|
|
|
« par exemple, il y avait le CFA qui ouvrait ses portes,
donc on a amené les plus grands parce que on sait très bien que
au niveau scolaire, après le collège, ben ils vont pas aller dans
un cursus général, on a deux gamins qui sont venus, c'est
très peu et on est resté 1h pour eux, c'est soulant, ils arrivent
pas à voir que c'est pour leur avenir » (n°5)
|
|
|
« Ben parce qu'ils ont une douleur, ils ont une douleur
mais y vont pas se pencher sur la cause de la douleur, y veulent que la douleur
s'arrête immédiatement, des fois y me disent dans combien de temps
ça va faire effet ? Je leur dis ben vingt minutes à une demi
heure, ah bon aussi longtemps que ça ! » (n°9)
|
|
|
« Lui ce qu'il va vivre, c'est l'instant présent
» (n°23)
|
|
|
« y s'ont même plus le sens de la
réalité du travail, de l'effort... » (n°17)
|
|
Sous-thèmes
|
Extraits d'entretien (numéro
d'entretien)
|
Consommations
|
Produits
|
Alcool
|
« L'alcool, peu, dans le milieu, mais malgré tout.
» (n°1)
« au niveau de l'addiction il y a drogue, alcool, tabac
» (n°5)
|
Tabac
|
« tout ce qui est fumée » (n°1)
« vois le tabac pour moi c'est une drogue, ça reste,
peut-être parce que je ne fume pas » (n°3)
|
Cannabis
|
« c'est le shit, les drogues plus ou moins dures »
(n°1)
|
Médocs
|
« surtout alcool, cannabis, tabac, jeux vidéo, je
mettrais tabac avant jeux vidéo quand même hein je veux dire,
euh... et médicaments aussi oui. » (n°9)
« Soirée médocs » (n°10)
|
Cocaïne/ Estazy
|
« banalisation de la coke ou du Speed » (n°10)
|
MDMA LSD
|
« MDMA » (n°12)
|
Héroïne
|
« les drogues dures cocaïne, héroïne »
(n°18)
|
Autre
|
« la sauge mexicaine » (n°12)
|
Classific
ation
|
Prix
|
« ouais de la bière parce que c'est pas cher, »
(n°11) « ils sont riches ceux-là dit donc »
(n°22b)
|
Dure/douces
|
« c'est le shit, les drogues plus ou moins dures »
(n°1)
« après nous quand on va parler ça va pas
être les drogues dures, ça va être alcool, tabac et cannabis
» (n°3)
|
Hiérarchie des produits dangereux selon
les risques
|
« Donc comme je dis toujours: " il vaut mieux être
addict du sport, que...". Mais le tricot aussi!! j'veux dire, ben voilà,
les grands mères qui tricotent du matin au soir, elles fuient aussi
autre chose, elles fuient la solitude, l'ennuie, enfin bon. Sauf que ça
fait moins de mal de tricoter, si ce n'est d'avoir les doigts un peu crochus,
faire trop de sport, ça fait un peu des tendinites, enfin voilà.
Les conséquences ne sont pas les mêmes. » (n°7)
« Mais comme l'addiction est forte et assez rapide par
rapport à ce produit (la cigarette), par rapport à une routine.
Souvent, au bout de quelques semaines, un moins, si tu as pas
lâché prise » (n°23)
« Dangerosité sur un assez court terme, un produit
qui pourrait provoquer une dépendance, euh, ...physique, rapide, des
fois il suffit d'une fois ou quelques fois pour vraiment après
même si on a plus envie de consommer on est coincé quoi ... Un
produit, ou alors un produit qui est, ..; qui est toxique, qui va
détruire, au niveau neurologique ou je sais pas quel niveau de la
santé, mais, ... voilà c'est la gravité c'est lié
à la dangerosité pour moi. Je pense oui qu'un parent qui
découvre une seringue ou, ...voilà, des choses comme ça.
Si je le vois arriver affolé, pour moi, je me dirais, il a quand
même des raisons de s'affoler » (n°21)
« on peut classer les addictions, les trucs voilà,
café, clope, etc. Ben c'est sûr que pour l'héro, la coque
et le shit, on est bien d'accord que le placebo ne ferait pas son effet, mais
voilà au début on a une addiction psychologique après
médicale et après peut-être que plus ça dure plus
ça devient médicale pour le coup, comme euh l'héro, j'en
prend peut-être une fois je peux m'en sortir, si j'en prend cinq six fois
c'est fini. » (n°18)
« il y a deux types de drogues différentes quoi, t'as
une cocaïne qui va faire un effet, on va dire chimique, t'as pas trop de
part de
personnalité qui va être touchée, alors
que l'hallucinatoire, style de champignons, LSD etc. c'est un truc qui va pas
faire le même effet sur, sur une personne, chaque personne va le prendre
et l'assimiler différemment. des trucs que je connais pas.
L'héroïne par exemple c'est quelque chose de très fort, je
crois que tu as une dépendance physique, enfin tu as vraiment un
mal-être plus que mentale, ton corps il te le demande »
(n°12)
|
Consommations
|
Classifica
tion
|
légalité
|
« est ce que c'est parce que c'est illégal que c'est
une drogue » (n°3)
« On se rend compte qu'un produit soit ou ne soit pas
illicite, ça a quand même une résonance sur un niveau de
consommation. Des produits licites sont beaucoup plus consommés que les
produits illicites » (n°23)
« Je vous ai pas parlé de cigarettes parce que pour
le coup c'est légal. » (n°18)
« l'alcool n'est pas considéré comme une
drogue je crois, enfin pas encore, je sais pas si il est passé un
statut, enfin il est en vente
légale » (n°12)
|
Tabou/banalisation
|
« en collectif, il n'y a personne qui parle de son
mal-être, c'est ouais, c'est trop bien les soirées »
(n°3)
« les jeux vidéos c'est plus caché »
(n°3)
« Beh, là pour l'alcool, c'est vrai que pour nous,
on a une population, euh, a 90% magrébine, donc pour eux l'alcool
ça reste tabou » (n°5) « alors moi je constaterais
beaucoup d'alcool, mais ils en parlent pas... j'ai l'impression qu'ils parlent
moins facilement de l'alcool que de, que du pétard, c'est marrant »
(n°7)
« banalisation de la coke ou du Speed » (n°10)
« Mais aussi, il y en a tellement qui consomment du shit
que, il y a quand même un petit échange possible quoi, moi j'ai
l'impression que l'alcool, on en parle pas non plus, on en parle moins, tu
vois, de consommations individuelles d'alcool que du fait de dire, oui, oui, je
fume. D'ailleurs tu mets plus de temps à le découvrir, ça
l'alcool, même en entretien, alors que c'est d'une grande banalité
de dire, ouais, je fume » (n°22a)
|
Mode de
prise
|
Mélanges/ poly conso
|
« et souvent les consommations, elles sont liées, ils
fument et ils boivent » (n°3) « c'est cannabis c'est
associé souvent à l'alcool, » (n°11)
|
Place du produit
|
Pas de drogue en soit
c'est l'usage
|
« c'est pas la bonne drogue, je pense qu'il y a une drogue
qui peut être pour moi, je pense que après tout dépend de
la consommation que tu as » (n°3)
« si on réfléchit bien, tout peut être
une addiction » (n°5)
« , les mettre en face de boire un verre de vin, de fumer
une clope, tu peux... ben voilà, tu n'es plus exactement là, tu
es un là, c'est pas grave, il faut savoir revenir là quoi. »
(n°7)
« . Il n'y a pas que le fait de prendre quelque chose qui va
créer une addiction on peut être addictif à un groupe, on
peut être j'sais pas moi, addictif à sa famille »
(n°12)
|
Recherche Effet plus
que produit
|
« pour la première fois que j'ai bu un whisky, j'ai
jamais vu quelqu'un dire :"ohohoh, c'est super bon!". C'est amer, c'est, c'est,
c'est agressif » (n°7)
« peu importe le mélange de produits mais il faut que
ça aille vite, il faut que ce soit fort » (n°10)
|
Sans produits
|
Nouvelles technologies
|
Jeux/ virtuel
|
« tu as les jeux vidéo pareil ca peut être euh
... mais c'est vrai que tu peux vite basculer dans une addiction à
quelque chose quoi » (n°3) « moi c'est drogue, alcool, cigarette
et tout ce qui est médiatique, support média, vidéo, ordi
» (n°7)
« il y en a qui sont dans le registre pulsionnel et d'autres
dans la gratification narcissique » (n°22b)
« jeu défouloir, ou plutôt des jeux en ligne,
même le téléphone, s'ils sont en relation avec des autres
ou pas » (n°22a)
|
Consommations
|
Sans produits
|
Nouvelles technologies
|
Réseaux sociaux
|
« Après ça peut être, ils vont aller sur
facebook ou pareil faire un peu du n'importe quoi. c'est pareil tu peux
être addict au facebook. » (n°3)
« beh Internet, c'est un peu la polémique de
maintenant. Je vois, euh, pour prendre facebook en exemple. »
(n°5)
« , je trouve qu'ils sont trés trés ....
addicts, média, genre,tout moyen de communication,
téléphone, leur ordi, les réseaux. ça, ça me
fait peur un petit peu, ça me fait peur parce que ça va dans le
sens de.... la consommation de la substance de psychomachin, psychoactive
» (n°7)
|
Sport
|
« addict de sport, » (n°7)
« quelque part au même titre que le sport, la drogue
» (n°18)
|
Alimentation/Café
|
« ... pour moi le chocolat tu vois c'est une drogue »
(n°3)
« ça peut être à la nourriture aussi,
ça peut être au téléphone, ça peut être
à Facebook, oui des dépendances on en voit plein, et, et les
formes se multiplient, nous les jeux vidéo on voit pas trop »
(n°11)
« le café fait partie des addictions »
(n°18)
|
Sexualité
|
« addicts au sexe » (n°10)
« autour de la sexualité, plus ça c'est pas de
l'addiction, mais dans le rapport qu'on en a, ça peut y ressembler
»
|
Mode de vie
|
« On n'est plus dans les addictions, mais c'est plus dans la
façon qu'ils ont de vivre, de vivre une vie. » (n°1)
« moi, les jeunes que je reçoit, ils sont addicts
aux conneries, ils ont un comportement, comme ça, renvoyés des
établissements scolaires, voilà, la moindre connerie c'est pour
eux... j'ai pas envie de dire délinquance, mais que des conneries quoi,
voilà tout est mis un peu en échec... et je dis addict, parce que
ils peuvent pas s'en empêcher, donc ça va durer 2, 3 ans»
(n°22a)
|
Orienter
|
Lieux
|
Tremplin
|
« « je parle pour les addictions, en
général oui on les envoie chez Tremplin. Enfin on les envoie, on
leur propose d'aller, on leur propose d'aller. En général ils y
vont. Des fois ça met un peu de temps pour qu'ils se décident
mais en général ils y vont. Ou Centre, euh, Point Écoute
Jeunes pardon » (n°9)
« A tremplin j'orienterais pas quelqu'un pour le tabac,
ça me viendrait pas à l'idée et c'est vrai »
(n°11)
« Tremplin. Parce que pour l'instant sur Aix c'est le seul
que j'ai repéré qui bosse avec le lycée, qui s'est
présenté comme étant un relais possible dans l'individuel
» (n°13)
|
PAEJ
|
« Oui, je peux l'orienter vers le PAEJ » (n°5)
« tremplin, ni de PAEJ, c'est vrai que pour moi c'est deux
acteurs incontournables, c'est des lieux et des personnes ressources sur
lesquelles je m'appuie en priorité. » (n°20)
|
CMP/ Cao 48
|
« Cap 48 » (n°10)
« qu'il y a les CMP aussi, qui peuvent être en
relais,» (n°13)
« Je sais que y a le CMP à Aix, je sais pas si y
s'occupent réellement des addictions, déjà ça c'est
un endroit que je conseillerais d'aller quand y a un défaut
psychologique ou psychiatrique, c'est le seul endroit, en tout cas sur Aix hein
auquel je pourrais les envoyer et puis y a le médecin
généraliste aussi qui est là pour faire un relais,
voilà » (n°14)
|
Autre
|
« Il y a la Villa FOREALE, Des équipes mobiles de
MONTPERRIN , l'ELF» (n°8)
|
|
Sous-thèmes
|
Extraits d'entretien (numéro
d'entretien)
|
Positionnement des professionnels
|
Cadre professio nnel
|
Ne pas sortir de ses compétences/missions Humble
|
« je vais pas plus loin, parce que je suis pas formée
pour ça, » (n°1)
« mais je pense que nous sur nos interventions, en 1h, on
peut pas détecter le mal être » (n°3)
« après, on est pas un service pour ça non
plus » (n°3)
« après c'est pas mon métier »
(n°7)
« Nous, cette problématique on le travaille à
la ... Mais après... Chacun a un champ bien précis et on, on, on
essaie d'être humble, » (n°8)
« moi je ne suis pas psychologue, de formation, moi je suis
plutôt sociologue. Et je préfère avoir une approche
plutôt globale, généralisante, généraliste,
il faut être humble » (n°23)
« Et si je suis pas capable, il faut, il faut aussi se dire
... ben passer le relais » (n°21)
|
Rôle difficile
|
« c'est un positionnement qui est difficile parfois »
(n°3)
|
missions
|
insertion
|
« je suis là pour réconcilier l'enfant avec
l'école » (n°1)
« il y a un jeune, on l'a aidé à
préparer son BAFA, j'ai appelé la CAF pour savoir si elle pouvait
lui prendre en charge... » (n°5)
|
éducation
|
« peu des adultes tampons, des adultes substituts, qui vont
renvoyer aussi une règle » (n°1)
« après, nous on essaie, le mercredi, de les
accompagner à pas mal de choses, mais pour les intéresser c'est
très dur, ils sont beaucoup dans la consommation d'activités
sportives ou autres » (n°5)
|
Psychologique/ accompagnement
|
« Un soutien, oui voilà, oui c'est ça, mais la
base » (n°9)
« tout notre travail c'est d'essayer de... d'inverser la
machine » (n°11)
« On reçoit à la fois en travail individuel et
en travail de groupe puisque on a des groupes de psychodrame et un
psychodramatiste qui intervient sur ce lieu. Et aussi deux infirmières
psy qui travaillent autour de la relaxation » (n°22a)
« Mais peut-être ça peut être aussi
accompagner sur cette question du soin de soi » (n°16)
« que nous, en tant qu'assistantes sociales, c'est un peu ce
qu'on peut prendre comme temps avec les élèves avec lesquels la
question se pose, de pouvoir parler un peu autour de cette consommation »
(n°13)
|
santé
|
« quand tu lui parles après tous les effets »
(n°3)
« ce que demande comme chiffre l'OMS » (n°23)
« , la question de « il va y avoir un moment où
il va falloir essayer de voir si on est dans quelque chose qui risque
d'être vraiment « trop de prise de risques, trop de danger, »
(n°13)
|
Attitude
|
Aller- vers/ Parler d'addiction
|
« après, nous sur la structure, on essaie de parler
de ça,...» (n°5)
« Après euh... Après c'est quelque chose que
j'évoque avec eux quoi, ... Régulièrement.... »
(n°8)
« « Alors j'en parle avec les jeunes et je provoque le
débat quand j'anime les ateliers santé, une fois toutes les 3
semaines ça dépend du rythme et de ma disponibilité.
» (n°21)
« pareil, on est allés faire une sortie sur le
quartier pour les élections, parce qu'il fallait s'inscrire sur les
listes électorales. » (n°5) « On va aller à la
rencontre avec les jeunes. » (n°8)
« on rentre dans leur univers » (n°22a)
|
Prévention
|
« à mon niveau du avant, avant qu'il y ait quelque
chose qui bascule » (n°1) « Ouais, en terme de prévention
je verrais plus ça ! » (n°11)
« je travaille dans la prévention »
(n°23)
|
Positionnement des professionnels
|
Attitude
|
Éducation par les pairs
|
« surveillez toujours qu'il n'y en ai pas un qui fasse un
coma éthylique » (n°3)
« les filles, vous avez une mission là. Par
rapport au comportement d'abruti de nous les garçons parce que nous faut
qu'on fasse les beaux, les coqs, ben c'est à vous de nous,
peut-être plus nous de nous cadrer, temps en temps un peu de nous casser,
parce que ça permet de nous faire réfléchir quand on fait
un peu trop les coqs et qu'on prend un peu trop de risques »
(n°23)
|
Réduction Des Risques
|
« nous on a des jeunes qui ont pas encore la voiture, on
leur dit faites attention, ne montez pas avec quelqu'un qui a bu, dormez sur
place » (n°3)
« , ça ne les empêchera peut-être pas de
consommer, tous, mais consommer au moins avec un petit truc dans le crâne
en disant bon c'est pas top, au moins ça quoi. » (n°7)
« Donc il a été chez le médecin donc
il lui a effectivement dit heureusement, bon la Ventoline® c'est bon y
faut arrêter et par contre le cannabis il avait essayé de diminuer
mais bon... il arrêtait pas, moi y m'avait dis j'arrêterai pas, je
suis incapable d'arrêter, j'ai pas envie et j'arrêterai pas. Donc
le but c'était de l'amener à moins consommer, voilà.
» (n°9)
« ma position, pour l'instant en tous ca, c'est d'essayer
d'en parler, d'essayer de garder une posture plutôt dans la
prévention, et dans la réduction des risques, c'est-à-dire
de se dire à un moment donné : de toute façon ils
consomment, de toute façon ils sont en contact avec la consommation,
avec l'offre, donc voilà, de pouvoir mettre des mots là-dessus,
de pouvoir en parler, les orienter éventuellement vers les associations
adéquates... » (n°13)
|
Relation d'aide
|
Non jugement ouverture compréhension
|
« c'est parfois difficile de pas porter de jugement, mais
moi j'essaie de pas leur dire ouais ta mère, elle dit rien... »
(n°3)
« Pour les avoir déjà eu en séjour,
euh, normalement, par rapport moi, en tant que directeur, j'ai pas le droit des
les laisser fumer, mais je préfère qu'ils fument avec moi, moi je
suis fumeur, je préfère qu'ils fument avec moi, devant moi et
qu'ils viennent me le demander plutôt que pendant un quart d'heure je ne
sache pas où ils sont » (n°5)
|
Poser les mots/Partir du visible
|
« là tu te rends compte que tu es en train de te
faire du mal physiquement, psychologiquement aussi » (n°1) « moi
j'essaie généralement de remettre les choses à plat. De
partir de la réalité des faits » (n°21)
« pas entrain de te, te perdre, t'épuiser, de te
gâcher plutôt qu'autre chose quoi » (n°12)
|
Soucis de l'autre/ soutien
|
« nous ce qu'on aimerait c'est que celui qui est dans le mal
être, il trouve, il ait vraiment toutes les cartes en main pour pouvoir
essayer de se soigner quoi » (n°3)
« fait le but c'était de sentir qu'il ait un appui,
de lui donner confiance » (n°9)
« tout l'art, c'est au bout d'un moment, de les,
d'arrêter de les soutenir, de voir s'ils tiennent, s'ils arrivent
à tenir tout seul. je fais beaucoup de coaching, thérapie
cognitivo-comportementale » (n°23)
« ça me préoccupe par rapport à ce qui
vous arrive à vous » (n°20)
|
Creuser problème
|
« on leur demande, mais pourquoi tu bois, pourquoi tu...
» (n°3)
« En attirant l'attention sur :"qu'est ce que ça
dit?", plus que sur le produit là, » (n°8)
« On va pas partir de la demande de la personne, il faut
travailler... L'histoire, l'histoire, l'histoire familiale, l'histoire
personnelle, une demande personnelle. Euh... Histoire de la demande »
(n°8)
« C'est à nous de creuser un petit peu, de voir
bon, mais bon on peut pas creuser systématiquement quoi je veux dire, on
est obligé de bon, on donne et puis, et puis si y reviennent plusieurs
fois avec une demande et des symptômes style céphalées ou
douleurs abdominales et ben on essaye de savoir, de creuser un peu, enfin moi,
moi je travaille comme ça, je parle pour moi, voilà »
(n°9)
« ok, une fois qu'on a fini de s'affoler sur le
côté illégal, qu'est ce qu'on fait de la question sur la
consommation, qu'est ce qu'elle vient faire dans son histoire à ce
jeune, comment elle est gérée, comment elle est reliée,
est ce qu'on peut la relayer auprès des parents.. » (n°13)
|
Positionnement des professionnels
|
Attitude
|
Faire prendre conscience de leur état/ du
danger/ des mécanismes
|
« juste faire prendre conscience de » (n°1)
« quand tu prends ta voiture alors que t'es bourré,
c'est comme si tu prenais un pistolet chargé, voilà t'as une
chance sur deux » (n°3)
« oui, je vais leur dire, ce que vous faites c'est pas bien,
et puis leur faire comprendre que oui, si ils veulent mourir très jeunes
ils vont y arriver mais » (n°5)
« j'essaie de faire réfléchir les gens sur
leur comportement vis a vis des utilisations de produits ou de leur
comportement addictif » (n°23)
|
Dédramatiser/ dé-étiqueter
|
« et c'est d'enlever ces clichés qui sont importants
» (n°3)
« à qui je relance, à eux, des perches
comme si c'était naturel du moins normal de consommer, donc, je dis "
voilà tu es absent là, mais tu fumes souvent?", enfin
voilà, comme si il était entendu que ça leur arrive, pour
dédramatiser le truc et qu'il puisse en parler. » (n°7) «
... moi c'est ce que j'lui disais, moi franchement ta consommation ne
m'inquiète pas. Parce que je savais que il allait un jour décider
de s'arrêter quoi voilà, parce que dans sa façon de me
parler, de m'expliquer des trucs, ses projets tout ça je savais que il
arrêterait sa consommation quoi. Donc moi je pense que le but c'est de
pas dramatiser et ne pas dramatiser et soutenir quoi, mais soutenir en
équipe et faire en sorte que l'élève réussisse sa
scolarité. » (n°9)
« Et c'est important quand ils sont confrontés
à des adultes, qui ne leur soit pas collé cette étiquette,
parce que il y a une consommation de ...toxicomane, ou de... Sinon, il pourrait
y avoir le risque qu'ils s'y ...finalement, qu'ils s'y mettent un petit peu
dans cette projection là, dans cette étiquette là. Parce
que d'ailleurs pour certains il peut même y avoir la tentation de
s'identifier à cette ... enfin, à une problématique qui
peut-être qui peut souvent masquer aussi d'autres questions difficiles et
douloureuses, là dans son devenir adulte ou dans sa scolarisation, dans
ses relations familiales » (n°16)
« apprendre à réagir, non plus de
manière totalement réactionnelle, parce que c'est vrai que
ça fait peur en fait, on s'aperçoit qu'au niveau des adultes qui
entourent les enfants, la question des produits, de la consommation de
produits... va vite vers l'addiction, c'està-dire que dans l'esprit d'un
adulte c'est « tu fumes, tu consommes donc tu risques d'être accroc,
ou tu es accroc, » (n°13)
|
Cadrer
|
Rappel à la loi
|
« et puis après la loi » (n°23)
« nous au CMP, on en parle, on n'oublie pas la loi, on leur
rappelle, c'est interdit, ok, ils le savent, après, il faut qu'on en
parle quand même » (n°22a)
« un rappel à la loi c'est pas chez nous »
(n°21)
« entendu il y a le volet information à savoir que
serait qu'ils aient en conscience que c'est illégal, interdit, ect.
» (n°18)
|
Rappel du cadre
|
« fumes pas dans un lieu public. Après, dans ta vie,
tu fais ce que tu veux » (n°1)
« déjà lui rappeler aussi le cadre de
fonctionnement et donc qu'il s'est mis en faute » (n°10)
|
Répression
|
« C'est des jeunes de treize ans qui viennent jouer en
réseau. Bon moi j'ai supprimé le jeu parce que bon,
déjà c'est difficile quand on est en sous effectif de
contrôler quel âge tu as, si tu peux vraiment jouer.»
(n°3)
« la police, elle vient, elle leur dit, il ne faut pas
boire, il ne faut pas fumer, mais tu sais très bien que les jeunes ils
vont boire, ils vont fumer » (n°3)
« ... la répression ça sert à rien
» (n°17)
« Depuis le début de l'année la réponse
a été la BAC : appeler la police, et puis essayer de faire
quelque chose de l'ordre du répressif, mais on s'est bien aperçu
que cette réponse avait de grosses limites, » (n°13)
|
Positionnement des professionnels
|
Attitude
|
S'appuyer sur Réseau /Équipe/ parents
|
« vite fait, on appelle le planning, le PAEJ »
(n°1)
« « il faut que j'arrive à trouver, donc
là on cherche, hein régulièrement, des activités,
des groupes de parole, des endroits où, effectivement, ça peut se
jouer avec d'autres adultes, » (n°1)
« moi si je sais pas je vais appeler ou X, ou X »
(n°3)
« c'est un faisceau d'informations qui peuvent les conduire
à une réflexion mais sûrement pas que l'aspect physique.
» (n°7)
« on a une communication interne donc on va essayer de
savoir s'il s'absente, bon en même temps également avec des AED on
leur demande de rechercher s'il a des retards, s'il a des absences,
voilà. On regarde également les notes, on peut voir les notes
donc on peut voir où en est l'élève et donc on voit »
(n°9)
|
Discours commun
|
« Ce qui est compliqué au niveau scolaire c'est
que souvent, l'infirmière scolaire, l'AS, on est formées à
cette approche, hein, de plutôt la pratique que la répression,
mais, les chefs d'établissement, les CPE sont plus dans le oh mon dieu,
il faut prévenir les flics. Et ce serait bien que tout le monde soit
formé je dirais, du directeur, jusqu'au cuisinier presque je dirais
» (n°16)
« une attitude commune quoi, qu'il n'y en ait pas un qui
dise un truc et que l'autre dise l'inverse » (n°12)
|
Confidentialité ou pas
|
« :" si je le dis à l'infirmière tout le
monde va le savoir" et ils ont pas tort quelque part,... bien que moi j'ai
été très surprise qu'on me , du moins la vie scolaire ici,
on fait vraiment attention à la confidentialité, ce que nous
disent les élèves n'est pas forcément reporté aux
prof et ça moi je... j'étais persuadée qu'il fallait
absolument tout dire aux prof quoi mais pas du tout » (n°7)
« un coin anonyme » (n°10)
|
Valeurs de la rencontre
|
Libre adhésion
|
« Ben déjà il faut qu'il soit volontaire, il
faut qu'il soit motivé, qu'il en ait envie, sinon ça sert
à rien, voilà, que je peux pas soigner un malade qui veux pas
être soigné» (n°1)
« Selon le principe de la libre adhésion... Ça
, c'est quelque chose qui nous est cher et » (n°8)
« et puis après c'est lui qui verra »
(n°22b)
|
Confiance/lien
|
« ... Le lien c'est, ça se tisse. Bon, pour tisser
une toile, moi il me faut du temps hein, sinon je tisse rien »
(n°1)
« on introduit une relation de confiance, la personne
s'ouvre plus facilement » (n°23)
« . Donc si pour pouvoir l'aider, pour créer un lien
il faut s'ouvrir et être prêt à entendre que c'est sa
réalité, quelle elle aime ça, ben il faut faire un travail
sur soi pour pouvoir entendre » (n°21)
« instaure une relation de confiance avec les jeunes pour
pouvoir faire un travail avec eux. » (n°18)
|
Temps de la relation
|
« Et tout ça, c'est vraiment, toute la relation
humaine, elle demande du temps. » (n°1)
« on a pas de suivi par rapport à ces jeunes, c'est
vraiment sur le moment quoi » (n°3)
« Il faut prendre le temps » (n°8)
« prendre le temps d'évaluer où en est le
jeune avec cette approche du produit, avec sa consommation, avec sa posture,
avec ce qu'il recherche à travers cette consommation etc etc.. »
(n°13)
|
Communication/écoute
|
« Après on essaye de parler avec eux, d'instaurer un
dialogue, » (n°3)
« La parole, ça va être une parole, ....
Ça va être, on va avoir des échanges sur des domaines
très variés, ... Mais ça va être toujours une parole
en tant qu'éducateur » (n°8)
« ça se passe, pourquoi, comment, l'écoute,
l'écoute, l'écoute, » (n°10)
« nous en tant que travailleur social on est un peu dans cet
intervalle, c'est-à-dire qu'à la fois, on essaie de proposer un
espace où ça peut être parlé » (n°13)
|
Positionnement des professionnels
|
Valeurs de la rencontre
|
Pas centré sur produit/ place du Sujet
|
« quand t'es toujours catalogué vous êtes pire
pire pire.... C'est aussi vous êtes pas des chiffres et chacun est unique
» (n°3) « moi je pense que chaque personne est unique et que
chaque cas est unique » (n°3)
« essayer de rendre une parole de sujet et d'enlever
l'étiquette, qui tu es à part ça quoi »
(n°22b)
« on est pas juste un drogué ou un consommateur. Donc
c'est de voir la personne globalement, voilà » (n°21)
« vraiment essayer de prendre en compte la situation de la
personne, de pas lui ...ne pas la mettre dans des petites cases, même si
c'est important » (n°16)
|
Cadre perso
|
Conception de la vie
|
« Ça c'est parce que j'ai une notion, conception de
la vie qui est celle là, en tout cas, c'est très personnel »
(n°1) « Enfin ça c'est mon approche et mon éducation
personnel. Après, tout le monde ne partage pas ça. »
(n°23)
|
Différence pro/perso
|
« Après, c'est pas mes enfants, peut-être que
je m'affolerai aussi. » (n°21)
« quand tu es en démarche professionnelle, tu as
quand même un truc de distance de » (n°12)
|
Connaissance/ expérience
|
« Pour moi, l'anorexie, peut faire parti de ça aussi
parce que j'ai connu ça de très près » (n°1)
« je vois après par rapport à moi,
j'étais dans un, j'étais dans un groupe ou c'était que des
sportifs, y'a personne qui buvait, personne qui fumait, j'ai jamais
essayé et après maintenant, jamais de la vie, »
(n°3)
« moi je vais leur parler plus par rapport à mon
expérience à moi quoi, par rapport à ce que j'ai
vécu » (n°5)
« c'est une drogue, une des pires d'ailleurs, sûrement
parce que moi j'y ai été confronté trente ans. ça
fait un an et demi que j'ai arrêté et je sais trop comme c'est
dur. » (n°7)
« Quand on dit quelque chose, on le dit à la
lumière d'un, certainement de l'observation. Les observations qui
sont... Sur le temps d'une expérience, » (n°8)
« Là ça n'engage que moi, c'est mon
expérience, c'est avec mon expérience que je dis ça quoi,
voilà. » (n°9)
« Mais c'est vrai que l'inconnu fait peur aussi, donc c'est
vrai que l'héroïne ça peut faire super peur quand même
pour le coup. que mon petit fils me dit qu'il consomme de l'héro
hé ben je me dis dans trois mois il va faire mon sac »
(n°18)
|
Cohérence discours /comportement
|
« mais il faut que soit même on est fait un petit
travail pour pouvoir dire ça. Et les minots, ils voient pas souvent des
gens qui disent : "ouais, je bois trop, je fume trop ou je consomme trop de je
ne sais pas quoi et j'aimerai ne plus le faire". Il faudrait que l'on ait se
courage là aussi » (n°7)
« si nous les adultes on était plus cohérents,
moins ambivalents, je pense qu'en tout cas, dans nos messages de
prévention, on serait plus performants » (n°23)
« Ce qui est compliqué au niveau scolaire c'est
que souvent, l'infirmière scolaire, l'AS, on est formées à
cette approche, hein, de plutôt la pratique que la répression,
mais, les chefs d'établissement, les CPE sont plus dans le oh mon dieu,
il faut prévenir les flics..Et ce serait bien que tout le monde soit
formé je dirais, du directeur, jusqu'au cuisinier presque je dirais
» (n°13)
|
Se questionner sur soi même, sur sa pratique
|
« tu vois les lunettes d'alcoolémies, je suis
partagée, je voudrais pas que ça les pousse à... »
(n°3)
« des fois je mets les pieds dans des trucs, j'entends des
trucs, je me dis: "merde qu'est ce que je fais de ça?" »
(n°7)
« un travail sur soi, un travail personnel qui du coup
n'appartient pas forcément ... euh, enfin là c'est aussi externe
parce que c'est pas dans l'institution mais ça va... »
(n°16)
« que, ils ne restent pas sur leur à priori et sur
leurs dogmes » (n°10)
|
|
Sous-thèmes
|
Extraits d'entretien (numéro
d'entretien)
|
Positionnement des parents
|
Attitude
|
Relativise, réduction des
risques
|
« , le père me disait clairement « Ecoutez,
moi je préfère qu'il fume ça, je sais d'où
ça vient, je sais que c'est de la bonne qualité, plutôt
qu'il aille mettre plein d'argent à fumer des morceaux qui sont
coupés on ne sait pas avec quoi ». Et c'est vrai qu'il y a un
niveau réduction des risques là » (n°13)
|
Recherche d'informations
|
« bon y en a ben qui vont aller s'adresser à des
associations, qui vont se renseigner, y en a par exemple quand ils ont des
difficultés, je connais par exemple un jeune, bon lui y consomme, y doit
fumer un peu mais surtout lui y consomme de l'alcool mais c'est plutôt le
week-end et tout ça. Bon par exemple là la famille va
régulièrement chez Rezados, ils essaient de faire quelque chose
quoi, restent pas mais bon c'est pas facile hein » (n°9)
|
Déni de la consommation
|
« ils acceptent pas cette réalité là,
ils préfèrent ne pas la voir. » (n°1)
« des parents qui ferment les yeux par confort, en se disant
« de toute façon, je ne sais pas comment faire, donc faisons comme
si je ne savais pas, jusqu'à ce que ça nous `pète dans les
doigts' - un espèce d'évitement de la question »
(n°13)
|
Abandon
|
« les parents étaient informés quand
même de sa consommation mais avaient complètement baissé
les bras » (n°9) « malheureusement tous les parents ne
répondent pas présents, t'as des parents qui viennent pas »
(n°20)
|
Répression
|
« nous a dit qu'il était violent, il a laissé
entendre : " Ouais il va me tuer, il va me tuer!!", » (n°7)
|
Inquiétude
|
« Ils ont beaucoup d'inquiétude par rapport à
leur enfant, » (n°8)
« une crainte des parents par rapport à l'utilisation
du produit » (n°22a)
|
Culpabilité
|
« ces parents qui s'inquiètent et qui se
dévalorisent et qui s'angoissent par rapport à eux même
» (n°1) « Beaucoup de culpabilité, » (n°8)
|
Demande d'aide/ passe
le relais
|
« ça peut être un motif de consultation »
(n°22a)
« y y nous supplie, y nous supplie parce qu'ils ont tout
essayé et qui sont donc pas arrivés » (n°17)
|
Éloigner le jeune de son
milieu
|
« ils éloignent l'élève, leur enfant on
va dire, leur grand enfant, et y l'éloignent et y le scolarisent en
internat, dans une autre ville, y l'éloignent un peu voilà »
(n°9)
|
Permissifs
|
« ils sont vraiment complètement, complètement
démunis pour une partie et ces enfant qui sont un peu en errance, ils
n'ont pas en face d'eux des parents » (n°1)
« chacun regarde ce qu'il veut et je suis pas sure que ce
soit une bonne idée de s'endormir devant la télé ou devant
Internet » (n°5)
« les adultes eux même le montrent plus, je ne veux
pas dire qu'avant ils étaient plus responsable ou machin, mais eux
même sont sûrement dans, ont plus de difficultés aussi
» (n°7)
|
Informat
ion
|
Pas au courrant
|
« apparemment c'est très bien caché, ils
arrivent très bien à cacher leur état » (n°3)
« et puis bien souvent ils ne savent pas, donc c'est plutôt
masqués » (n°11)
|
Accessibilité de l'information
|
« est ce qu'ils savent que ces structures existent, c'est
ça c'est la visibilité de ce type de ce job. Est ce que tout le
monde sait » (n°18)
« je sais pas si les structures sont, enfin je sais pas, je
sais pas si par exemple, je dis ça, je sais pas si tout le monde est au
courant et au fait de, que il y a des accompagnements, » (n°12)
|
Causes
|
Trop de problèmes
personnels
|
« pour être tranquilles, les parents leur disent allez
dans votre chambre, allez regarder la télé » (n°5)
« Ben des bases psychologiques plus solides, un couple
peut-être qui va bien, un travail qui va bien, un épanouissement
personnel et de couple peut-être plus idéal, je sais pas »
(n°9)
|
Démunis
|
« « Je sais qu'il y a des parents qui contrôlent,
mais y en a d'autre qui, pour eux internet c'est ... ils ne savent pas s'en
servir donc du coup ils ne savent pas vraiment ce que fait leur enfant sur
» (n°5)
« Alors je pense que les parents aussi sont démunis
pas vraiment informés » (n°7)
|
|
Sous thème
|
Extraits d'entretien (numéro
d'entretien)
|
Attentes
|
Auprès des professionn els et équipes
|
Produits, loi, jeux
|
« connaissance technique des produits qui m'a
intéressé le plus, mais en allant un peu plus loin sur aussi quel
produit annule quoi quand on prend tel truc, qu'est-ce qui, qu'est-ce qu'on
voit arriver » (n°10)
« un mec comme ça qui vienne et qui discute, avec des
produits. Même il y a le vocabulaire »(n°18)
« Former sur les lois, sur les produits, parce qu'on
s'est rendu compte que pour les profs, ils étaient démunis, pour
eux, c'est encore la drogue quoi, notion de drogue dure, drogue douce quoi. Si
on arrive à remettre de la raison dans quelque chose qui est assez
réactif, je pense que ce serait déjà bien. »
(n°13)
|
Réseau : qui fait quoi ?
|
« quoi faire de l'élève qu'on suppose ou
même qu'on est sûr qu'il est addict. "qu'est ce qu'on en fait,
où on l'envoie?" » (n°7) « Oui parce qu'à part
Tremplin qu'est-ce qu'on trouve? Concernant les addictions? Sur Aix? »
(n°9)
|
Comprendre le fond des addictions/ avoir des outils
|
« avoir les bons outils pour leur parler »
(n°5)
«si c'est de comprendre ce qui peut un peu
intéresser les jeunes, quelle fonction ça a, voilà un peut
entrer dans cet univers là...si c'est juste du coup de la
prévention, ça m'intéresse moins, par contre essayer de
comprendre, essayer de l'aborder d'une manière, pour pouvoir entrer en
communication avec eux... ouais ça c'est intéressant »
(n°22a)
« de l'apport d'outils, de l'apport d'informations, »
(n°21)
|
Équipes
|
« tu vas voir X qui va dire, il faut pas boire, qui faut pas
fumer, il va y avoir X qui est plus dans la jeunesse, qui boit encore, qui va
avoir son discours... ce serait bien qu'on soit formés parce que tu
parles quand même aux jeunes » (n°3)
« Donc nous une formation, oui, mais obligatoire aussi, pour
tous les gens qui sont en contact avec des jeunes quoi, même les prof,
j'veux dire,» (n°7)
« Former des équipes, former des équipes qui
vont, non seulement s'occuper de la scolarité mais également du
développement, de l'épanouissement du jeune » (n°9)
« Et donc voir un peu déjà quelles sont les
représentations chez les professionnels et les parents »
(n°21)
« c'est parfois le manque d'intérêt ou de prise
en compte de ce sujet, de cette problématique, vis-à-vis du
personnel ici, des équipes, qui sont pas formées, »
(n°20)
|
Réunions
|
« Recr... recréons ne serait-ce que du lien dans le
réseau » (n°1)
« faire plus de formation ou plus d'actions en commun »
(n°3)
« ça ce serait un partenariat a créer avec
Tremplin, où eux ils sont vraiment professionnels de ça, sur tout
ce qui est conduites à risque, addictions » (n°3)
« peut-être que les partenaires viennent se faire
connaître à l'intérieur du foyer » (n°10)
|
Avoir un relais humain
|
« serait une aide immédiate, enfin une aide dont
j'aurais besoin peut-être là oui, effectivement, pour que, passer
le relais » (n°1) « ils nous manquent au final le
spécialiste, je veux dire, de la prise en charge en fait. »
(n°7)
« le tout je crois c'est qu'il y ait un relais humain quoi,
» (n°11)
« c'est bien d'avoir euh, enfin dans mon cas quelqu'un avec
qui en parler, euh d'avoir entre guillemet quelqu'un sous le coude avec qui en
parler, enfin des professionnels » (n°18)
|
Supervision
|
« et quand on travaille avec des jeunes, on a toujours
besoin de...de soutien d'une manière générale.
Après on l'a ça, on a des supervisions » (n°22a)
« être une supervision, des échanges avec
d'autres professionnels qui font la même chose » (n°21)
|
Attentes
|
Auprès des parents
|
Formation addictions
|
« c'est les parents qui ne sont pas du tout formés,
faudrait en même temps que la sensibilisation, à la
rentrée. » (n°7)
« un meilleur travail avec les parents pour pouvoir faire
bouger un peu le ... leur casser un peu toutes leurs idées »
(n°21) « Que les parents soient plus informés sur cette
question » (n°13)
|
Inclure les parents à la prise
en charge
|
« qu'on arrive à travailler au niveau d'un parent, au
niveau des parents » (n°1)
« tout le monde s'intéressait à son cas mais
en fait y a pas eu de... comment dire... de travail d'équipe, pas de
travail avec la famille » (n°9)
|
Auprès des
jeunes
|
Principes
|
Éduquer tôt à prendre décision
|
« c'est pas mal de partir avec une bonne frontière et
leur apprendre à devenir critique petit à petit mais d'abord
savoir qu'il y a des choses qui sont bonnes pour soi et d'autres qui sont
mauvaises pour soi. » (n°7)
« de prévention oui chez les tous petits, le prendre
très, très tôt » (n°11)
« qu'il faut en discuter bien avant la
préadolescence, tu vois, à l'âge de raison, vers 8, 8-10
ans il faut commencer ce genre de discussions » (n°23)
« c'est-à-dire qu'est-ce qui fait qu'un enfant,
à l'intérieur est suffisamment construit pour pouvoir dire non au
groupe, pour pouvoir être clair avec sa réponse »
(n°16)
|
Rendre le jeune
acteur
|
« toi de la faire changer en positif ou pas. Par contre tu
peux, si tu choisis la fuite tant pis, moi je te garantis pas que tu arrives
quelque part, au contraire, tu peux complètement t'effondrer, c'est un
choix. » (n°1)
« nous on fait ça sous forme de projets, de romans
photos » (n°5)
« pour les rendre acteurs de, pour pas être simplement
dans le fait que nous on a délivré un message mais qui est
vraiment voilà » (n°20)
|
Créer du lien avec les autres
|
« et que tous ces jeunes retrouvent une communication
à un moment donné. » (n°1)
« faire venir des intervenants pour leur expliquer »
(n°5)
« En leur donnant la capacité à, à,
à être inscrit dans quelque chose parce que bien souvent quand on
est à la marge, ils ont du mal à s'inscrire dans , dans le monde
des adultes » (n°8)
« passer son permis, faire des sorties avec les pompiers,
avec la police, sorties plongée » (n°22a)
|
Former/ informer sur les addictions
|
« il faudrait un minimum d'info avec des piqûres de
rappel quand même, pas juste les deux heures de SVT en je ne sais pas
combien, en quatrième.» (n°7)
« tant qu'on communique et que ça, et qu'il y a de
l'information qui passe voilà » (n°11)
|
Réduction Des
Risques
|
« Limiter les prises de risques dans leur addiction. Que
tout ce qui est substitution ce soit travaillé avec eux dans de bonnes
conditions » (n°8)
|
Proposer un
soutien
|
« prendre soin de soin etc, peut-être que sur un
autre biais, peut-être qui va être sous forme d'ateliers, ou sous
forme d'animations euh...enfin hein, où on va...peut-être qui ne
seront pas forcément ... enfin, où il peut y avoir des
échanges peut-être avec d'autres personnes, sous forme de petits
groupes » (n°16)
« Un soutien, oui voilà, oui c'est ça, mais la
base » (n°9)
|
Attentes
|
Auprès des
jeunes
|
Principes
|
Ouvrir à autre chose
|
« Après c'est, qu'est-ce qu'on propose ailleurs, ha
ben c'est des trucs qui vont me détruire, mais en même temps, il y
aurait d'autres propositions, je pense qu'ils iraient » (n°1)
« Et comment arriver à en faire sortir, je pense que
cela reste pareil, dans toutes les drogues euh, le problème de comment
je peux arriver à ... à l'intéresser à autre chose
que ça » (n°3)
« En capacité de donnés des expériences
à vivre » (n°8)
« que les vieux leur donne envie de voir autre chose que les
addictions, la société de consommation ... qu'il y a autre chose
dans la vie» (n°22b)
|
Encadrer la pratique
des écrans
|
«Je pense que vraiment quand on veut jouer aux jeux
vidéo comme ça, il faut avoir un contrôle et expliquer les
choses » (n°3) « avant d'aller sur facebook, en discuter,
expliquer les choses » (n°3)
« prévoir un système qui puisse garantir la
sécurité des choses, que des petits de 6 ans, 7-8 ans, ne se
retrouvent pas sur des sites pornographiques ou autre quoi, que ce soit
bloqué » (n°5)
|
Formes
|
Aller vers
|
collectif
|
« Ouais les stands, je trouve ça bien »
(n°7)
« pour être en contact avec les jeunes, la forme du
groupe c'est bien. enfin l'informel en fait » (n°21)
« l'intervention de... d'associations de... hein voila hein,
les forums santé les les les comment... les stands, les... dans les
fêtes l'intervention de Tremplin dans les... au niveau des fêtes je
trouve ça génial » (n°17)
|
Éducation par les pairs
|
« il y avait l'éducation par les pairs aussi. Je sais
que ça marche » (n°21)
« avec un système avec des pairs, d'actions un peu
citoyennes, tutorat, un peu des ...sur de la prév, sur..., faire en
sorte que... se saisir de choses comme ça » (n°20)
|
Camion info
|
« c'est une présence à l'extérieure,
pas forcément dans les locaux mais type un camion, quelque chose qui
soit à leur
disponibilité, mais pas forcément dans l'enceinte,
voilà dans la cour comme le camion du don du sang, voilà
ponctuellement oui je pense que ça peut être
bénéfique »
|
Affichage
|
« aussi de faire en sorte que cette thématique elle
soit apparente, par le biais de brochures, par le biais d'affichage »
(n°18)
« Se sentir concerné directement, donc pour se sentir
concerné je pense qui faut que ça joue directement sur l'affect,
sinon, sinon on bouge pas vraiment hein. Et je pense que même, ouais, les
médias peuvent jouer sur l'affect » (n°14)
|
Lieux d'accueil, de réduction des risques
|
« Qu'il y ait des lieux comme ça, où la mise
à flot ça se passe dans de bonnes conditions » (n°8)
« « peut-être développer les lieux
d'accueil aussi c'est-à-dire comme Tremplin, peut-être les
développer. Déjà y faudrait que les jeunes aient le temps
de se rendre... » (n°9)
|
Intégrer au programme scolaire
|
« Il faudrait au lycée qu'ils aient un petit
créneau quoi. » (n°7) « passer un diplôme de
prévention » (n°9)
|
Activités sociales et
culturelles
|
« du rafting, de l'escalade » (n°22b)
« je pense à ces jeunes garçon qui ont besoin
de bouger, faut que ce soit intéressant, faut que ça bouge un
peu, c'est pour remplacer les manettes de l'ordinateur » (n°22a)
« les adultes, sachant qu'ils sont en quête de
sensations etc etc, peuvent se mobilier auprès des parents, faire un
travail, si c'est légalisé on peut traiter la question autrement;
ok en quête de sensation: parapente! »
« pas plus d'accompagnement à l'emploi ou j'sais pas
moi d'activités sociales et culturelles dans un quartier »
(n°12)
|
Attentes
|
Auprès des
jeunes
|
Formes
|
Adaptées
|
« Des lieux qui sont adaptés à la
réalité » (n°8)
« qui corresponde à un public, celle là je la
trouve sympa, un petit peu jeune, mais il y a des trucs qui font un peu
flipper, ou des trucs qui fond peur » (n°18)
« un moment sans rendez vous, euh...voilà, qui je
pense pourra ...pourra répondre aussi à certains besoins euh
voilà, de
certaines personnes qui pour la première fois auraient du
mal à ... à prendre un rendez vous, » (n°16)
|
Artistique/ludique
|
« là ça avait bien marché parce que
c'était sous forme de jeu » (n°5)
« c'est sous un autre aspect, c'est un peu ludique, c'est
collectif, on peut se cacher derrière les autres.... voilà, je
pense que ça a un gros intérêt aussi mais sur pas mal de
sujet, pas que sur l'addiction, sur pas mal de trucs seraient
intéressants. De petits débats comme ça!!! .... »
(n°7)
« Je sais pas moi, de création artistique, de, de
pouvoir, ....voilà, penser autrement. » (n°8)
|
Concret, sortir du
virtuel
|
« Du théâtre, des choses... autour de la
relation à l'autre, pas derrière un écran »
(n°1)
« enfin, je sais pas, les emmener dans une prison, leur
faire voir, demander à certains jeunes qui sont en prison, pourquoi ils
sont là dedans, peut-être ça les ferait plus
réfléchir, vraiment les mettre devant, devant du concret quoi,
c'est ça, parce qu'ils se rendent pas compte. Pour eux, c'est cool,
c'est comme à la télé quoi » (n°5)
|
Outils
|
Cours d'estime de
soi
|
« En prévention primaire, le principal, c'est
l'estime de soi » (n°13)
« On s'aperçoit que tous vont être
confrontés à l'offre et la différence entre celui qui va y
aller et pas y rester, c'est l'estime de soi.. c'est-à-dire qu'est-ce
qui fait qu'un enfant, à l'intérieur est suffisamment construit
pour pouvoir dire non au groupe, pour pouvoir être clair avec sa
réponse » (n°13)
|
Théatre forum/ psychodrame/ photolanguage
|
« du photo langage et on y va, on écrit, on parle, on
est vivant. » (n°1) « par exemple avec le psychodrame »
(n°22a)
« le théâtre forum » (n°17)
|
Mixer les types de
jeunes
|
« Même, nous on a des jeunes qu'on a sauvés en
les mettant en lien avec des plus petits parce que du coup, ils se sont
placés, ils ont retrouvé une place » (n°1)
« des jeunes qui sont déjà dans cette
difficulté là. Pourquoi ne pas leur faire rencontrer des jeunes
qui n'y sont pas » (n°1)
« nous on avait fait se rencontrer des vieux et des jeunes,
au CFA, des plus vieux qui expliquaient au jeunes en quoi ça les
emmerdait d'être addicts, parce qu'ils avaient des trous de
mémoire, qu'ils pouvaient pas dormir sans leur pétard... »
(n°22b)
« des jeunes comme ça, je me dis, des fois, ce serait
bien aussi, de pouvoir naviguer, en fonction des activités, que
ça les amène à rencontrer des jeunes qui fonctionnement
peut-être un peu différemment. Qu'il y ait un peu une
mixité » (n°22a)
|
Vécu d'un addict
|
« si on entend pas ce que dit quelqu'un qui est en plein
dans l'addiction, ben on peut pas en parler et on sait pas » (n°1)
« , je sais pas, quelqu'un qui a été
alcoolique dans sa vie... ou qui s'en est sorti... mais bon trouver la bonne
personne » (n°5)
|
Besoins primaires
|
Santé physique
|
« Ça c'est le premier lieu, ... Manger, dormir,
ça c'est la base quoi » (n°8)
« le nombre de jeunes qui ont des problèmes de vue,
d'audition, donc voilà je pense que y'a la santé au sens large du
terme qui est pas suffisamment prise en compte » (n°20)
|
Mise à l'abri
|
« La demande de mise à l'abri, celle ci, elle doit
être, on doit être en capacité d'y répondre d'une
manière, ... Rapide » (n°8)
|
Attentes
|
Auprès des Politiques
|
Donner la parole à ceux qui st
dedans
|
« il faut donner la parole à ceux qui sont dedans,
» (n°1)
« je pense que les gens qui sont un peu en haut y
devraient, y devraient interroger un peu plus les gens de terrain, y devraient
être, quand y font des groupes de travail y devraient inviter un peu des
gens du terrain, pas que des gens qui ont des fonctions on va dire plus
administratives. Et ça c'est pas demain [rire] je pense »
(n°9)
« faire des groupes d'échange avec les jeunes »
( n°22a)
|
Moins d'hypocrisie
|
« je vais pas faire le grand discours sur l'hypocrisie de
la société, mais je trouve que l'on est tellement hypocrite par
rapport, en tout cas, à l'alcool, la cigarette, voilà qui est
légalisé. Je dis pas d'ailleurs, je n'ai pas tranché s'il
faut légaliser ou pas le cannabis tout ça, je n'ai pas
tranché » (n°7)
« enfin l'addiction à la consommation clairement
c'est pas culturel, c'est pas naturel, c'est un truc qui est
créé, ouais c'est un mécanisme économique pour moi,
si tu laisses un produit en vente, tu crées de l'addiction, voilà
!» (n°12)
« qu'il n'y ait plus d'hypocrisie et de doubles discours
» (n°12)
|
Moyens
|
moyens
|
« Et une confidentialité aussi, pour avoir un bureau
tranquille.» (n°7)
« si on débloque des moyens budgétaires pour
développer ça, » (n°9)
« des locaux, des locaux, j'me suis attraper une
pneumopathie parce que j'ai pas de chauffage dans le bureau où je suis
le lundi, donc que (rires) c'est ouais c'est des trucs tout bête mais
voilà, des ordinateurs, un téléphone, le minimum pour
travailler quoi, on en est là, voilà » (n°11)
« c'est compliqué d'être jeune sur Aix, tout
est très cher » (n°22a)
|
Temps/ régularité
|
« Manque de pots, des équipes ben il y en a de
moins en moins, elles sont pas pérennes, elles sont pas stables »
(n°1) « Tout le travail qui peut-être fait n'a rien à
voir quand on est là depuis longtemps, sur la connaissance du terrain
que l'on a, l'histoire du terrain qu'on connait, le lien avec les gens qui
existent, la confiance qui a pu se mettre en place » (n°1)
« on aimerait développer quelque chose mais c'est une
organisation, on n'a pas trouvé encore comment s'organiser »
(n°3)
« du fait que les animateurs changent souvent aussi, enfin
moi je vois ça fait plus longtemps et certains viennent me voir, pour
parler » (n°5)
« en parler mais régulièrement quoi, mais il
ne suffit pas de dire une fois. » (n°7)
« Donc ça veut dire qui y'a pas de temps pour
communiquer, pour vraiment discuter avec les jeunes et y en a de moins en
moins, y en a de moins en moins, parce que moi ça fait douze ans, treize
ans bientôt que je suis ici et avant entre midi et deux y avait beaucoup
plus de temps libre pour les jeunes, on a eu fait beaucoup de choses, beaucoup
de choses » (n°9)
|
Visibilité et accessibilité
des informations
|
« Donc de se faire connaître c'est aussi important
! » (n°11) « qu'ils sachent aussi où s'orienter et qui
rencontrer. » (n°11) « un service mairie » (n°20)
« Oui, faire un peu de lobbying auprès des
établissements » (n°13)
|
Attentes
|
Auprès des
|
Modifier l'organisation de
|
« . Parce qu'on nous dit que l'élève
normalement là faut qui devienne citoyen et compagnie mais je veux dire
je me demande
|
politique
|
l'éducation nationale
|
comment. Donc si y a pas la famille, c'est pour ça que je
reviens à la famille, dans la mesure où à l'école
on leur demande qu'une chose c'est d'avoir de bonnes notes, »
(n°9)
|
|
|
« Moins de pression scol, euh, sur leur scolarité
oui. » (n°9)
|
|
|
« par exemple là, avec les nouvelles
réformes, ils vont supprimer les stages pour les jeunes de 14 ans. Et
c'est ne pas prendre en compte les jeunes que d'imaginer que c'est pas bon
pour eux de les envoyer en stage et qu'il faut qu'ils tiennent jusqu'à
la 3e ».
|
|
|
(n°22a)
|
|
|
« De souplesse dans les dans les échanges, dans
les entrées de partenaires,... dans les, dans les établissements
scolaires, dans les... surtout dans les établissements scolaires hein.
C'est bien beau de faire passer le, le code de la route... enfin donner des tas
de diplômes mais bon un diplôme de prévention à
certaines choses ce serait aussi intéressant j'trouve. »
(n°17)
|
|
|
« C'est au niveau du ministère de l'éducation
nationale que ça se passe. C'est-à-dire la prévention
c'est pas leur intérêt quoi, c'est pas leur priorité on va
dire voilà. » (n°9)
|
Auprès de
|
Place des jeunes
|
« Vraiment demander, oui plus sur la qualité, sur la
qualité et essayer de comprendre ce que pensent les jeunes, ce que...
|
la société
|
|
voilà... » (n°9)
|
|
|
« Moins stigmatisés, y se sentent moins
dévalorisés et en échec, voilà » (n°9)
|
|
|
« Oui parce que ça voudrait dire qu'on s'occupe
vraiment des jeunes et je pense qui y'a beaucoup à faire hein. Je pense
qu'on s'occupe pas des jeunes moi. Je pense qui sont un peu, on s'occupe pas
trop d'eux. » (n°9)
|
|
|
« faire confiance aux jeunes un peu », (n°22b)
|
|
|
« que les jeunes soient pris en compte, pas seulement les
addictions » (n°22a) « sortir de l'étiquette addiction,
pour aller sur autre chose» (n°22b)
|
|
|
« qu'on parle des jeunes, pas forcément les conduites
addictives » (n°22a)
|
|
|
« Leur donner une vision moins négative d'eux
même » (n°22a)
|
|
|
« Arrêter de vouloir faire rentrer tout le monde dans
la norme » (n°21)
|
|
|
« , où y'a cette notion d'interdit qui du coup est
automatiquement liée, dans la tète des gens, à la punition
quoi » (n°16)
|
|
Législation à modifier
|
« , ...ça ne devrait pas rentrer dans un cadre de
répression dans la société. » (n°16)
|
|
|
« je ne ...moi je ne pense pas qu'il doit être
considéré comme un délinquant. Ce que fait la loi
actuellement, enfin, avec la loi de
|
|
|
70, ou ...tout usager ... de drogues illicites, est de
fait,...euh... ben, considéré comme quelqu'un qui a
transgressé la loi, donc, ...voilà. Donc y'a ce traitement du
côté délinquance » (n°16)
|
|
|
« donc vraiment si il y avait quelque chose qui
arrêtait cette loi obsolète et qu'on réfléchissait
sereinement de la même manière que je propose qu'on
réfléchisse sereinement dans l'établissement,
réfléchir sereinement au niveau société à
qu'est ce qu'on peut faire de cette question » (n°13)
|
|
|
« la question est plus de l'ordre du risque encouru par le
fait que ce soit illégal, on s'inquiète d'abord de ce biais
là, plutôt que finalement du côté de la santé
globale » (n°13)
|
|
|
« La loi, quand on est dans une consommation qui est aussi
générale, euh quotidienne, visible, banalisée,... comme on
allume un clope, les gamins allument des joints... c'est que la loi elle est
obsolète, quand on la piétine comme ça »
(n°13)
|
Attentes : Accompagnement Insertion
activités socio-
culturelles
pour jeunes
Politique, économique, social
Culture cité
marginalisation
Paix sociale
Histoire de vie
culture
Problématiques sociales
Usage
Cadre de vie
famille
Manque
Aix Festif Friqué Paraître
Addiction à la
consommation
État de la
personne (dépression)
Usage festif Inséré
socialement
physiologie
Addiction =
Est plus mentale que physique (sauf pour
héroïne)
Pas « image de drogué »
Nécessité d'accompagne ment,
d'aide
Dur de s'en sortir
Hallucinatoire +++
(héroïne)
Folie
Parler Orienter Faire venir
Drogues= dures (le
chimique : cocaïne, extasie, amphétamine ;
l'hallucinatoire : MDMA , LSD, champignons,
sauge mexicaine ? folie ) vs douces (alcool,
haschisch, le tabac)
Affectives= comportement de besoin
Savoir qui fait quoi
Annexe 8 : Exemples de schémas individuels
d'organisation du lien représentation sociale/pratique.
Schéma d'organisation de la représentation
de l'addiction : lien entre RS et pratique (entretien 12)
Pratique : Communiquer / écouter
Temporalité : À un moment / on peut faire changer
les choses
Pratique : Rendre acteur
Pratique : créer du lien avec adultes
Contexte sociétal, École Parental (cadre+lien)
Rupture
Sentiment de fatalité
Impuissance Frustration
Adolescence (+) : Rite, Faire comme, braver interdit
Regroupement entre pairs
Rupture
Sentiment de
Souffrance , mal être
Groupe de jeunes marginalisés
Pratique :
donner une place au jeune créer du lien avec famille,
école, parents
Adaptation logique : Compenser, s'évader, fuir
Créer du lien Se tester
Revendication Recherche de cadre
Proximité produit Normes de la « cité » /
Tentation
Question des jeunes
Usage positif
Usage négatif
violence
Résultat négatif : dépendance
Résultat positifs : liens sociaux
Résultat positifs : place sociale
Addiction = mécanisme d'adaptation raté
Pratique : Communiquer / écouter Rappel du cadre
Pratique :
Prévention santé : Communiquer sur les risques :
dépendance +++
Pratique :
Proposer des
activités autres que fumer
Schéma d'organisation de la représentation
de l'addiction : lien entre RS et pratique (entretien 1)
Schéma d'organisation de la représentation
de l'addiction : lien entre RS et pratique (entretien 21)
Prise de risque seul
Adolescence
RS parents/ ados
Physique : corps, santé
Prise de risque en groupe
Psychologique : prise de conscience = angoisse
Fuir S'évader
un chagrin
d'amour, en échec scolaire
sait pas ce qu'il va faire de sa vie
Produit/risque : risque santé immédiat vs plus
tard
Demande du jeune
Renforcer liens Être créatif
Faciliter liens
Usage
Usage
risqué
Addiction= Ça pose
problème au jeune
Fréquence
Addiction
Sociale = isolement
Accompagne
Festif/ seul fréquence
Problème physique trop important
(Rare)
Oriente
RS normative / RS psy
Résumé
Mots clés : Jeunes - Addictions -
Comportements - Professionnels -- Atelier santé ville -
Représentations Sociales -- Risque - Déviance - Normes -
Résumé : À la demande de
l'Atelier Santé Ville d'Aix en Provence, cette étude avait pour
objectif de rendre compte des représentations attentes et besoins des
acteurs de terrain par rapport aux conduites addictives des jeunes. Nous nous
sommes demandés dans quelle mesure les représentations sociales
nous permettent de saisir les logiques qui régulent l'accompagnement et
l'orientation des jeunes. Nous avons donc réalisé des entretiens
semi directifs auprès de 18 professionnels exerçant les secteurs
: sanitaire/psychologique (CSAPA, CMP, PAEJ), social/insertion (mission locale,
organismes d'insertion, centres sociaux, foyers jeunes travailleurs, BIJ) et
éducation nationale (collèges, lycées,
universités). Les résultats ont montré une
représentation sociale de l'addiction dichotomique : l'usage «
normal » (festif, plaisir, géré) et l'usage « addict
» (solitaire, souffrance, impuissance, risqué). Nous avons mis en
évidence un lien entre représentations et pratiques. Ainsi, le
repérage d'un usage à risque entraîne une proposition
d'accompagnement ou d'orientation tandis qu'un usage repéré comme
normal entraîne de la prévention. De plus trois sous populations
de professionnels ont émergé : les acteurs de prévention,
les professionnels relais et les professionnels de l'accompagnement. Ces
résultats ont permis d'apporter un éclairage à l'Atelier
Santé Ville sur la question des conduites addicitves des jeunes sur la
ville d'Aix en Provence ainsi que des préconisations.
Summary : At the request of the City of Aix
en Provence, this study aimed to realize representations needs and expectations
of local actors in relation to addictive behavior of young people. We wondered
how social representations allow us to grasp the logic that regulate coaching
and guidance for young people. We have therefore conducted semi-structured
interviews with 18 professionals working sectors: health / psychological
(CSAPA, CMP, PAEJ), social / insertion (local mission integration
organizations, community centers, youth workers homes, BIJ) and education
national (schools, colleges, hight school). The results showed a social
representation of addiction dichotomous normal use (festive, fun, controled)
and use deviant (lonely, suffering, helplessness, risky). We have demonstrated
a link between representations and practices. Thus, the identification of risk
use causes a proposal or accompanying guidance while normal usage identified as
causes of prevention. Over three subpopulations professionals have emerged:
those involved in prevention, relay professionnals and professionals
accompaniment. These results have shed light on the city of Ais en Provence on
the issue of youth addicitves, as well as recommendations.
Isolement
social
Risque social
Psycho-
actif
Risques santé
addictions
Effets
Social
Physique
Nécessité
d'accompagnement/
difficulté
Visible
Place de l'usage