Conclusion
Objet fascinant et phénomène transcendant les
clivages sociaux lors de grands événements, le sport demeure
très spécifique quant à la demande des pratiquants. Tant
au niveau des biens que des services, le « consommateur »
recherche des caractéristiques qui lui sont propres. L'offre, auparavant
dominée par le non marchand, évolue. Nos centres sportifs
sont-ils à même de répondre aux attentes de plus en plus
spécifiques des pratiquants ? Anticipe-t-on l'évolution
future des pratiques sportives ?
L'analyse des centres sportifs locaux, permet d'affirmer
qu'une certaine conscientisation existe car il y a, par exemple, une
réelle volonté de bien faire.
Cependant, le fait qu'il n'y ait pas d'objectif en termes de
rentabilité entraîne des problèmes plus conséquents.
En effet, les entités privées qui sont rentables, le sont car
elles sont en adéquation avec les attentes de leur public. Elles
proposent des services novateurs, de qualité et diversifiés.
En se reposant sur les associations et les
bénévoles, même en contractualisant les rapports, les
centres sportifs ne pourront plus offrir qu'un service public d'un niveau
moindre directement lié aux moyens financiers disponibles.
Actuellement, et ce en contradiction avec la volonté du
législateur, les subventions des communes vers les centres sportifs sont
encore trop souvent envisagés comme la solution au comblement des pertes
générées par le centre sportif et non comme un moyen de
développement de l'activité sportive.
Pourtant, face à la complexité des
préférences des pratiquants, les centres sportifs se devraient de
réagir et de proposer des produits qui entreront progressivement, et
inévitablement, en concurrence avec ceux proposés par les
entreprises privées du secteur du loisir sportif.
Dans le cas contraire, les activités sportives se
trouveront de plus en plus en décalage complet par rapport aux attentes
du public. Le sport associatif, contraignant et discipliné, comme on le
pratiquait encore il y a quelques années vit probablement ses derniers
instants et ne concernera bientôt plus que les compétiteurs et
athlètes de haut niveau, c'est-à-dire quasiment personne en
Belgique.
Les centres sportifs se doivent de s'adapter aux pratiquants
car l'inverse ne se produira plus.
Dans le futur, le rôle d'un centre sportif moderne sera
vraisemblablement de promouvoir une politique sportive qui viendra
compléter l'offre, souvent déficiente, des clubs locaux (fin du
bénévolat et manque de vision, d'anticipation des dirigeants). Le
centre sportif se devra donc de s'impliquer dans de la formation et de
l'animation de qualité.
Il n'est pas choquant d'imaginer le développement
d'activités sportives, de loisir ou événementielles
à finalité lucrative si celles-ci permettent, en marge, le
développement d'un sport plus « social » et une
implication dans la vie sportive de la commune (le sport pour tous et le sport
dans les quartiers seraient ainsi autofinancés).
Au niveau du fonctionnement des entreprises sportives, on
constate qu'elles procèdent à des ajustements fréquents
dans leurs gammes de produits et services. Pour cela, elles tiennent compte des
dimensions environnementales, et aussi de l'entourage socio-économique.
Dans un même ordre d'idées, les techniques de segmentation sont
également omniprésentes pour répondre aux attentes des
sportifs.
Les gestionnaires des centres sportifs locaux du futur se
devront d'être capables de faire face à cette concurrence en
utilisant les outils de management classiques et en tenant compte de la
spécificité du sport. Ils devront donc faire preuve de
flexibilité et d'ouverture sur l'environnement social et
économique. Encore faudra-t-il que les autorités politiques aient
perçu que le centre sportif, l'outil de travail du gestionnaire, puisse
être un réel levier de développement économique au
sein de la commune. Actuellement, le centre sportif communal est encore trop
souvent considéré comme un gouffre financier uniquement viable
grâce à l'octroi de subsides.
Gageons que la professionnalisation progressive des
gestionnaires d'infrastructures sportives, que le cadre juridique
règlementant les RCA et les CSL, et que l'expertise qui se
développe au sein d'associations comme l'AES permettront aux
autorités communales de prendre le parti de la modernité en
améliorant les infrastructures existantes et en inaugurant de nouveaux
complexes sportifs adaptés aux contraintes actuelles et adaptables aux
évolutions futures du marché du sport.
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