B. La ligue Tennis de
Franche-Comté : un événement sportif à
finalités sociales
Même si le tennis est marqué par une phase de
massification dans les années '80, il reste une activité peu
répandue dans les milieux populaires. Mon propos vise, à partir
du dispositif « tennis dans les quartiers » de la ligue de
tennis de Franche-Comté, à mettre en évidence la mise en
place d'une innovation sociale au sein d'une organisation sportive et de la
nécessaire collaboration avec le milieu socioculturel (Ville de
Besançon).
Le dispositif « tennis dans les
quartiers » a vu le jour en 2004. L'objectif était alors de
donner la possibilité de découvrir le tennis et de faciliter
l'accès aux structures sportives existantes (privées ou
publiques) pour ceux et celles qui le souhaitaient.
Les « Internationaux du Doubs », tournoi
international indoor de Franche-Comté, furent présentés
comme l'élément déclencheur : des jeunes issus de
quartiers populaires ont été invités à assister au
tournoi.
Dans le prolongement, des initiations ont été
proposées en utilisant les techniques éducatives du tennis
évolutif. En outre, pour assurer la continuité de la pratique,
une formation des animateurs socioculturels a été prévue
et une aide matérielle (kit tennis évolutif) aux maisons de
quartiers a été offerte. Soutenu par la Ville, par l'Etat et par
le sponsor, Gaz de France, le projet a pu voir le jour. Au niveau de la ligue
de tennis, un moniteur fut recruté grâce à des dispositifs
d'emplois aidés.
En 2005, 174 jeunes pratiquaient l'activité. Un an plus
tard, c'est près de 1000 pratiquants qui furent dénombrés,
dont 450 jeunes filles.
L'opération a reçu le prix régional et
national de l'appel à projet « Fais-nous
rêver » dans la catégorie « Sport,
égalité des chances et lutte contre les
discriminations ».
Cette opération, bien relayée
médiatiquement suite au prix décroché, s'avéra
être un formidable outil de promotion et de développement pour la
Ville, la ligue de tennis et tous les partenaires associés.
Montrée en exemple, la ligue représente
aujourd'hui le mouvement sportif préoccupé par son utilité
sociale. Ce projet prouve qu'un événement sportif, porteur
d'image et de prestige, peut s'associer à une démarche
d'éducation et d'animation sociale.
Grâce à ce projet, le tennis est devenu, pour
certains, plus accessible. De manière plus générale, cette
opération a permis à une discipline sportive de cibler de
nouveaux publics et a diversifié les services proposés par une
ligue sportive.
Il est intéressant de relever que ce projet n'a pu
être monté qu'au travers de nouveaux partenariats notamment avec
le monde de l'animation socioculturelle et que la professionnalisation
d'étudiants STAPS, grâce aux emplois aidés, a permis de
créer un nouveau pôle d'activité.
Dans un cadre plus prospectif, cet exemple peut servir toute
commune disposant d'un projet et d'infrastructures sportives (par exemple, un
centre sportif local).
En effet, cet exemple de projet n'est rien d'autre que la mise
en pratique d'une démarche de passage d'une logique
événementielle à une perspective d'éducation et
d'intégration par le sport.
Il s'agit pour une commune de trouver les « bonnes
clés », de créer les conditions d'un accompagnement
social et technique d'une population qui ne pratique pas (encore) une
activité que l'on veut promouvoir. Il faut donc adapter les
démarches sportives, managériales et pédagogiques afin de
toucher le public ciblé.
L'opération « Tennis dans les
quartiers » a créé une réelle valeur
ajoutée de par la création d'emplois, de par le changement
d'image perçu d'une pratique et de par la capacité d'adaptation
des différents intervenants.
Ce type d'initiatives pourrait être transposé en
Belgique dans la plupart des disciplines sportives à la condition que
toutes les parties concernées soient impliquées dans le projet et
que celui-ci soit soutenu par une politique sportive clairement définie
dans le cadre de ce même projet.
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