2.4. LE PALUDISME GRAVE ET GROSSESSE
La grossesse aggrave le paludisme : les femmes enceintes ont
une légère diminution de leur défense immunitaire,
d'autant que la grossesse est plus avancée et plus profondément
chez les primipares que chez les multipares. La femme enceinte non soumise
à la prophylaxie est donc plus exposée aux accès
palustres, aux anémies avec cachexie progressive et aux accès
pernicieux mortels que la femme non enceinte.
La grossesse favorise la survenue des complications graves du
paludisme : accès palustre avec albumine et hyperazotémie pouvant
évoluer vers la néphrite chronique, accès palustre avec
psychoses diverses, myocardites palustres, rupture de la rate (CORREA P et
COLL., 1982).
a) Le traitement préventif repose sur
Protection contre les piqûres de moustiques; Chimio
prophylaxie : elle doit être efficace, bien conduite et non toxique pour
la femme enceinte. Elle reste limitée par l'état gravidique aux
amino-4 quinoléines : la Chloroquine, Sulfadoxine/pyrimetamine,
l'Amodiaquine. La chloroquine est actuellement abandonnée en raison
d'une grande résistance du parasite à ce produit. Notre pays a
opté pour la SP. La dose efficace pour adulte était de 600 mg
hebdomadaire (Correa P et Coll., 1982).
b) Le traitement curatif
Le traitement médical : consiste à
l'administration d'anti palustre : de sels de quinine, chlorhydrate basique ou
formiate basique de quinine (arsiquinoforme), les dérivés
phénoliques. Au cours des deux premiers trimestres : on peut associer
antipyrétiques,
antiémétiques, antispasmodiques ou
bêtamimétiques en cas de contractions utérines (Correa P et
Coll., 1982).
2.5. LA TOXEMIE GRAVIDIQUE OU PRE-ECLAMPSIE
C'est une triade qui associe : Une protéinurie, des
oedèmes et une hypertension artérielle dont la valeur pronostic
est la plus importante. La société internationale pour
l'étude de l'hypertension artérielle de la grossesse
définit en 1986, l'hypertension de la femme enceinte comme une pression
diastolique égale ou supérieure à 90 mm de mercure et une
pression systolique supérieure ou égale à 14 mmHg.
En 1988 D.A. Dayey et U. Mc Gullivray proposent les
définitions suivantes :
L'hypertension se définit comme une pression
artérielle supérieure ou égale à 140/90 mm de
Hg.
La protéinurie : Elle se définit comme un taux
d'albumine supérieur ou égal à 300mg par 24 heures ou un
taux d'albumine supérieur ou égal à 1g/litre ou à
plusieurs tests à la bandelette sur deux échantillons d'urines
testés à plus de 4 heures d'intervalle (Sepou A. et Coll.,
1996).
Donner du sulfate de magnésie, donner des
antihypertenseurs (la Clonidine ou de la Dihydralazine) pendant le travail car
la pression artérielle augmente encore pendant le travail et la
délivrance, hospitaliser la patiente en cas de complications.
Le «Hellp syndrome» constitue une urgence
obstétricale et nécessite le plus souvent une césarienne
après correction de la thrombopénie par transfusion plaquettaire;
il est nécessaire de prendre toutes les précautions qu'implique
une telle intervention chez une femme ayant des troubles de la coagulation et
des fonctions hépatiques.
La guérison est en général rapide en 2
à 3 jours. Le pronostic des grossesses ultérieures est favorable
(Merger R., 1995).
2.5.1. L'éclampsie
Complication de la toxémie gravidique, la crise
éclamptique réalise un état convulsif
généralisé survenant par accès à
répétition. On distingue l'éclampsie pendant la grossesse,
le travail et le post-partum. Sur le plan physiopathologique les études
les plus récentes notamment celle de Millier J. a montré que
l'éclampsie n'est sans doute pas une encéphalopathie
hypertensive, elle n'est probablement pas due non plus comme on l'a souvent
supposé à un oedème cérébral (Millier J.,
1989).
Signes cliniques : la convulsion, le coma, l'HTA (TA
= 140 / 90 mm Hg), la protéinurie et l'oedème. A L'heure
actuelle, la cause réelle de la crise éclamptique est inconnue.
Les crises éclamptiques n'ont pas entièrement disparues dans les
pays industrialisés même si elles sont devenues depuis 20 ans
beaucoup plus rares. Les femmes en meurent d'hémorragie
cérébroméningée, d'oedème aigu du poumon,
d'arrêt cardio-respiratoire contemporain de la phase tonique de la crise,
de troubles de l'hémostase, de nécrose corticale des reins, de
complications de décubitus ou d'accidents iatrogènes liés
au coma post critique prolongé.
Le traitement de l'éclampsie comporte deux volets :
· Le traitement médical qui s'adresse à la
mère, vise à obtenir : L'arrêt des convulsions par le
diazépam ou le clonazépam et le sulfate de magnésie
(association diazépam et sulfate de magnésie ou clonazépam
et sulfate de magnésie). On peut avoir recours à
l'anesthésie générale par le penthotal en cas
d'échec de ces traitements ; La réduction de l'hypertension
artérielle et de l'oedème cérébral par le sulfate
de magnésie et la clonidine ou la dihydralazine.
· Le traitement obstétrical : consiste à
l'évacuation utérine rapide du foetus et du placenta, d'une
manière générale on fait recours à la
césarienne. Cependant un tiers des éclampsies surviennent dans
les suites de couches et près de la moitié des crises se
répètent après l'extraction d'un foetus et du placenta
(N'guesan K. et Coll., 2001).
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