ATOUTS ET CONTRAINTES DES PERIMETRES IRRIGUES DANS
LA GESTION INTEGREE DES RESSOURCES EN EAU AU TCHAD
MEMOIRE POUR L'OBTENTION DU MASTER EN INGENIERIE DE
L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT
OPTION : Gestion Intégrée des
Ressources en Eau (GIRE)
Présenté et soutenu publiquement le [Octobre
2011] par DAOUD BORGOTO
Travaux dirigés par : Hamma YACOUBA
(Enseignant) Dr. Joseph EKORONG A MOUTE
Jury d'évaluation du stage :
Président : Harouna KARAMBIRI
Membres et correcteurs : Ynoussa MAIGA
Hamma YACOUBA
Promotion [2010/2011]
PÔLE REGIONAL DE RECHERCHE APPLIQUEE AU
DEVELOPPEMENT DES SYSTEMES AGRICOLES D'AFRIQUE CENTRALE
ATOUTS ET CONTRAINTES DES PERIMETRES IRRIGUES DANS
LA GESTION INTEGREE DES RESSOURCES EN EAU AU TCHAD
MEMOIRE POUR L'OBTENTION DU MASTER EN INGENIERIE DE
L'EAU ET DE L'ENVIRONNEMENT
OPTION : Gestion Intégrée des
Ressources en Eau (GIRE)
Présenté et soutenu publiquement le [Octobre
2011] par DAOUD BORGOTO
Travaux dirigés par : Hamma YACOUBA
(Enseignant) Dr. Joseph EKORONG A MOUTE
REMERCIEMENTS/ DEDICACES
Nous voulons adresser nos remerciements à :
- Tous les enseignants de l'Institut International
d'Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement (2ie) ;
- Monsieur SEINY BOUKAR Lamine, Directeur Général
du PRASAC pour le soutient permanent durant la formation et le stage
réalisé ;
- Monsieur Philippe BOUMARD, pour son encouragement et sa
disponibilité accordée durant toute la formation,
- Monsieur EKORONG A MOUTE Joseph pour ses conseils et pour avoir
accepter d'encadrer et suivre ce travail,
- A Monsieur MADJIGOTO Robert pour sa collaboration et
participation à ce travail,
- Mes collègues de la Direction générale du
PRASAC NAHAM MÔH Achta, ALI MAHAMAT NOUR et les autres ;
- Monsieur le Directeur de l'hydraulique agricole et des
aménagements fonciers
FADOUL YOUNOUS pour son précieux appui technique et
matériel ;
- Monsieur ADOUM MAHAMAT pour leur souci particulier
accordé au cours du
stage ;
- Les Chefs de village de DROH GANA et MARA pour leurs appuis et
l'intérêt accordé à cette étude ;
- La population de DROH GANA et MARA pour leur collaboration,
accueil chaleureux et hospitalité ;
- Mon épouse SOUAD MAHAMAD Bahar pour sa patience et ses
conseils. - La grande famille BORGOTO ;
- Mes amis et camarades ALHAFIZ BACHAR ISSA MAHAMAT, MARAYI
Ali Tchoroma, MIANDE LE Dionadji, MAIMOUNA Adoum, ABAKAR Maloum, MOUSSA Ali
;
- Mes amis (es) DJIRILLA Haman Karim, Ousmanou Demba, IBRAHIM
Mamoudou et ALIOUM Mana.
Nos remerciements vont également à l'endroit de
tous les apprenants de la promotion FOAD 2010/2011 du M2 GIRE, et à tous
ceux qui ont contribué de près ou de loin à la
réalisation du présent mémoire.
Je dédis ce mémoire de fin de
formation en GIRE à mon feu père DJIMET BORGOTO,
ma chère mère MAIMOUNA YOUNOUS ainsi qu'à ma grande
soeur ADAMA BORGOTO.
RESUME
L'étude réalisée dans les
localités de Droh Gana et Mara à environ 25 km de
N'Djaména, concerne les atouts et contraintes des
périmètres irrigués dans le processus de gestion
intégrée des ressources en eau au Tchad. Elle s'est
déroulée d'Août à octobre 2011 dans l'objectif
global de contribuer à la mise en place du processus de gestion
intégrée des ressources en eau au Tchad. Deux sources de
données ont été utilisées : des fiches
d'enquêtes et d'entretiens, des observations et mesures des dimensions
des ouvrages sur les sites du projet. Les périmètres ont
été initiés dans l'objectif de lutter contre
l'insécurité alimentaire. Cette lutte a permis d'initier des
actions de gestion des principales sources en eau du pays. Sur le plan
organisationnel, des institutions et cadres politiques ont été
développés pour faciliter la mise en oeuvre des actions
identifiées dans le cadre des périmètres irrigués.
Ainsi, le pays est passé des aménagements des grands
périmètres à la promotion des petits
périmètres où l'implication des producteurs est plus
importante.
Le diagnostic technique sur le terrain, révèle
que la station de pompage et bon nombre d'ouvrages n'existent que par souvenir
du fait de l'arrêt des activités sur ces aménagements. Cet
arrêt est essentiellement le fait des difficultés de gestion de
ces infrastructures. Toutefois, une grande expérience a
été acquise par les populations en matière de gestion et
de fonctionnement du périmètre irrigué. Toutes les
personnes rencontrées avouent à cet effet leur entière
disponibilité pour la relance des activités.
Les contraintes liées aux comportements des producteurs
et aux facteurs socio économiques ont beaucoup freiné le
processus de gestion. Les retombés escomptés afin de montrer
l'intérêt économique de la gestion efficiente de l'eau
n'ont pas été observés. A cela s'ajoute la faible
implication des femmes dans la gestion. Cette implication aurait pu mieux
hiérarchiser les besoins au sein du périmètre et donc
orienter les études techniques de valorisation. Avec les nouveaux cadres
institutionnel et politique (création des programmes et projets), la
question de l'utilisation des ressources hydriques au Tchad dans une vision de
gestion intégrée peut être traitée en s'appuyant sur
ces acquis et sur les enjeux actuels que présentent les bassins versants
existants.
En guise de recommandation de l'étude, nous proposons
des pistes pour intégrer les acquis des projets antérieurs sur la
question de l'eau dans la perspective de mise en place d'un schéma de
gestion intégrée des ressources en eau au Tchad.
Mots Clés :
1 - Périmètre irrigué2 - Petits
périmètres irrigués
3 - GIRE
4 - Ressources hydriques
5 - Basin versant
ABSTRACT
The research realised in Droh Gana and Mara localities in
about 25km of N'djamena concerned fortunes and constrains of irrigated
perimeters on the process of Integrated water resources management in Chad.
It happens from august to October 2011 in order to contribute to the
process of integrated water resources management in Chad. Two types of data
sources are used with the help of discussions, enquiries cards, observations
and some tools (double decameter). By analyses and interpretations of these
results, the research demonstrates that the perimeters are initiated in order
to fight against food insecurity. This fight allowed the initiation of
management actions of principles sources of waters in the country.
According to organization, institutions and political frame
are developed in order to facilitate irrigations activities and agricultural
production process. So, the country passes from the management of big to small
irrigated perimeters where the implication of local population is too
important.
The technical diagnosis demonstrate that water pumping station
and many other works existed just by memory because of the interruption of
activities within the perimeter. These interruptions derived from management
difficulties to witch people confront. So, many experiences have been acquired.
The main objective of the project was to bring out the population to their
self-autonomy and functioning relate to water management and for the entire
perimeters.
Constrains link to the stakeholder's behavior and the
socio-economic factors have no contribute to the processes of management
initiated and so they are not able to show the economic interest of water
management. The lack of implication of the women in this management is also a
factor. This implication can evaluate and range the priority needs. With the
actual institutional and political frame (creation of programs and projects),
the problem of water resources utilization in the Chad must be resolved by
reinforcing the capacity of the stakeholders and also by taking in to
consideration the entire role of watershed management in geopolitical
aspects.
The question of integrated water management needs some actions in
the field where all the experiment gained by people and government are
valorized.
Key words :
1 - Irrigated perimeter
2 - Small perimeter
3 - IWRM
4 - Water resources
5 - Water shed
LISTE DES ABREVIATIONS
BT : Bassin de tranquillisation
CP : Canal Principal
CS : Canal Secondaire
CILSS : Comité Inter-états de
Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel
CBLT : Commission du Bassin de Lac Tchad
DGRH : Direction de Génie Rural et de
l'Hydraulique Agricole
DCO : Demande Chimique en Oxygène
EMHV : Esters Méthyliques d'Huile
Végétale
FAO : Food and Agricultural Organisation
FCFA : Franc de la Communauté
financière Africaine
FMI : Fond Monétaire International
FIDA : Fond International du
Développement Agricole
GMP : Groupe moto pompe
GPA : Groupement de Production Agricole
GTZ : Office Nationale de la coopération
Technique
IIED: International Institute for Environment
and Development
HMT : hauteur manométrique totale
ITRAD : Institut Tchadien de Recherche
Agronomique pour le Développement
ONASA : Office National de
Sécurité Alimentaire
ONDR : Office National pour le
Développement Rural
ONG : Organisation Non Gouvernementale
OP : Organisation de producteurs
PNS : Programme National de
Sécurité Alimentaire
PROADEL : Projet d'Appui au Développement
Local
PVERS : Projet de Valorisation des Ecoulements
de surface
PPI : Petits Périmètres
Irrigués
PPV : Petits Périmètres
Villageois
PAM : Programme Alimentaire Mondial
SOMMAIRE
LISTE DES TABLEAUX 3
LISTE DES FIGURES 4
I.Introduction 5
1.1 Généralités
5
1.2 Contexte 6
II.Hypothèses et Objectifs du travail
8
2.1 Hypothèses 8
2.1 Objectifs 8
III.Matériels et Méthodes
9
3.1 Types des données 9
3.2 Diagnostic technique et socio économique
de quelques périmètres irrigués 9
3.3 Comprendre les principes de gestion des
périmètres irrigués initiés par l'Etat
11
3.4 Identification du cadre politique et
Institutionnel 11
3.5 Limites de l'étude 11
3.5.1 Temps de collecte des données
12
3.5.2 Les méthodes utilisées
12
IV.Résultats 13
4.1 Présentation de quelques
périmètres irrigués (Droh Gana & Mara)
13
4.1.1 Sites et localisation 13
4.1.2 Le milieu physique 13
4.1.3 Le milieu humain 15
4.1.4 Le projet 16
4.2 Principes de gestion des petits
périmètres irrigués 19
4.2.1 Identification et partage des parcelles
d'exploitations aux producteurs 20
4.2.2 Comprendre les principes de gestion des petits
périmètres irrigués 21
4.3 Cadre politique et Institutionnel de la gestion
de l'irrigation 21
V.Discussion et Analyses 25
5.1 Plan technique et organisationnel
25
5.1.1 Source d'eau 26
5.1.2 Station de pompage 26
5.1.3 Réseau d'irrigation 27
5.1.4 Réseau de drainage et passages
busés 27
5.2 Organisation et gestion du
périmètre 28
VI.Conclusions et perspectives 30
6.1 Conclusion 30
6.2 Perspectives 31
VII.Recommandations 33
7.1Etat et politique 33
7.2 Organismes de développement, projets et
populations 35
VIII.Annexes 39
Annexe 1 : Carte de localisation du site
40
Annexe 2 : Moteur du camion 1135 (utilisé pour
pomper de l'eau) 41
Annexe 3 : Actuel plan du périmètre de
Droh Gana 42
Annexe 4 : Statistiques des ressources et
prélèvement de l'eau au TCHAD 43
LISTE DES TABLEAUX
Tableaux Pages
Tableau 1 : valeurs des crues et
étiages (m3/s) en fonction de la période de retour
....13
Tableau 2 : répartition de la
population .14
Tableau 3 : schéma cultural annuel
..15
Tableau 4 : volume de terre enlevé sur
passage busé du canal primaire .26
LISTE DES FIGURES
Figures Pages
Figure 1 répartition par village des parcelles
d'exploitation .......19
Figure 2 : Organisation de la gestion du
périmètre ...20
Figure34 : Carte de contrôle de l'eau au Tchad
23
I. INTRODUCTION
1.1 GENERALITES
Le souci de vaincre l'insécurité alimentaire en
Afrique subsaharienne a longtemps été une préoccupation
majeure des politiques et des acteurs du développement rural. Avec la
croissance démographique actuelle, les milieux urbains comme ceux ruraux
ont de plus en plus recours à l'agriculture irriguée. Celle-ci
est pratiquée dans toutes les régions du monde lorsque les
précipitations ne fournissent pas suffisamment d'humidité au sol.
Définie comme un moyen d'apporter de l'eau au sol pour favoriser la
production des plantes, l'irrigation peut être totale ou
supplémentaire. Dans les zones arides, elle débute dès la
période de semis mais pendant les périodes de stress hydrique,
dans les régions à précipitations
irrégulières. Cette activité a fortement augmenté
la surface des terres cultivables et la production des denrées
alimentaires en Afrique (Microsoft ® Encarta ®,
2009).
L'analyse de la situation alimentaire au Tchad,
révèle que le pays est en déficit vivrier permanent. La
production céréalière moyenne sur les dix dernières
années est de 921.490 tonnes alors que les besoins moyens de la
population sur la même période sont estimés à
1.161.520 tonnes, soit un déficit moyen de 20 % (Ministère de
l'agriculture et al, 2005). Il en est de même pour les
productions animales dont la disponibilité économique est
très limitée pour une grande partie de la population du fait du
niveau généralement bas du pouvoir d'achat. L'inefficacité
des systèmes de transferts inter régionaux et de distribution des
denrées alimentaires limite également la régularité
des approvisionnements dans plusieurs régions du pays et notamment dans
celles structurellement déficitaires.
Dans l'optique de réduire l'insécurité
alimentaire et la pauvreté en milieu rural, le gouvernement du Tchad
s'est fixé comme objectifs à l'horizon 2015, la mobilisation, la
mises en valeur et la gestion rationnelle des ressources en terre et en eaux,
(Ministère de l'agriculture et al, 2005). Cette mise en valeur
passe par l'aménagement agricole des grands et petits
périmètres irrigués. En effet, le potentiel des terres
facilement irrigables déjà identifié dans le pays est
important. Il s'élève à environ 335 000 ha avec 200 000 ha
dans la zone sahélienne (90 000 ha autour du Lac Tchad, 80 000 ha dans
la vallée du Chari-Logone, 10 000 ha dans les Ouadis du Kanem et Lac, 15
000 ha autour du Lac Fitri) et 135 000 ha dans la zone soudanienne (20 000 ha
dans la vallée du Chari et 115 000 ha dans celle du Logone). Selon
certaines estimations, de grandes possibilités en terre et en eau
existent également dans
les palmeraies du BET et elles se chiffrent à environ 100
000 ha (Ministère de l'agriculture et al, 2005).
Dans le cadre des nouvelles politiques de désengagement
de l'état et de la libéralisation des filières de
production agricoles au sahel (années 1999/2000), le Tchad est
passé de la promotion des grands périmètres
irrigués au développement des petits périmètres
villageois pour une meilleure gestion des aménagements par les
producteurs. L'agriculture irriguée au Tchad comprend les
catégories de périmètres suivantes :
> Les grands périmètres modernes, avec 20 000 ha
aménagés dont une faible part en production,
> Les petits périmètres privés,
> Les petits périmètres villageois (220 ha),
ceux créés par les ONG (CARE, ARPES, FED) et les
périmètres irrigués traditionnels (ministère du
plan et de la coopération, 1994).
1.2 CONTEXTE
La réalisation et la gestion technique des
aménagements agricoles après l'indépendance,
étaient assurées par les bailleurs des fonds. Le paysan
était un intervenant externe dans l'ensemble du système et
n'avait pas la possibilité de mettre en oeuvre ses connaissances en
matière de production. Les cultures à exploiter et la technique
culturale étaient définies par les experts. Cette attitude a
conduit à l'échec trente ans après l'objectif du
développement de l'agriculture dans les pays sahéliens. Legoupil
et al (2000) soulignent qu'à la suite de cet échec, les
Etats, sous la pression des mêmes bailleurs des fonds et du Fonds
Monétaire International (FMI), ont été amenés
à changer de politique agricole et à se désengager
totalement des interventions directes dans la production agricole. Les
sociétés publiques et de développement ont commencé
à transférer vers les années 1980 bon nombre de leurs
activités aux privés ou aux organisations paysannes (OP). Ce
processus de responsabilisation des paysans (professionnalisation de la gestion
paysanne des aménagements) favorise la participation effective de ces
acteurs dans la gestion des ressources en eau et en terres.
C'est dans ce cadre que les petits périmètres
villageois ont été initiés autour des points d'eaux
permanents à N'Djaména. Le long du fleuve Chari, on compte
plusieurs petits périmètres irrigués ou villageois (PPI)
aménagés par de nombreux programme et projets (PPDRZC/ADER etc.)
sous la tutelle du ministère du plan et de la coopération. Parmi
ceux-ci
on distingue les périmètres de Mara, Droh Gana
et de N'Djaména fara. La gestion de ces PPI a donné plus de poids
à la concertation avec les villageois et à la notion d'avantage
collectif pour les villages (PPI-TCHAD, rapport de synthèse).
Le concept de Gestion Intégrée des Ressources en
Eau (GIRE) au Tchad est à ses débuts. Il découle des
grands enjeux (socio-économique et géopolitique) que
présente de nos jours la question de la protection de l'environnement
par la gestion durable des ressources naturelles. Les réflexions qui ont
été entreprises par le gouvernement et ses partenaires au
développement, concernent entre autres la réforme des services
publics de production et de distribution d'eau et d'électricité,
le développement des programmes visant à une nouvelle
répartition des compétences entre les institutions de l'Etat et
des investisseurs privés (PNUD, l'Union Européenne et l'AFD) et
la rédaction des textes dans le cadre du projet de Code de l'eau, qui
permettent de concilier les trois types de droits résultant de la
coutume d'origine animiste, des traditions islamiques, et de l'héritage
législatif institué avant l'indépendance (Source
:
http://www.oieau.org).
En prenant en compte les deux situations, qui sont toutes des
initiatives de l'Etat, il ressort que la gestion intégrée des
ressources en eau au Tchad connait une mise en oeuvre progressive. Cependant,
une action harmonieuse et plus intégrante semble échapper
à la vigilance des décideurs et des techniciens. A cet effet
quelques questions de recherche sont soulevées pour montrer la
nécessité de valoriser les acquis de certaines initiatives,
expérimentées dans le passé, et pour assoir une politique
efficace de gestion intégrée des ressources en eau. Parmi ces
questions on relève les suivantes :
- La gestion des petits périmètres irrigués
présente-t-elle des atouts dans le cadre de GIRE ?
- les aménagements agricoles en maitrise totale d'eau
ont-ils servi à promouvoir le potentiel de production et la
capacité de gestion des producteurs ?
- au vue de ces initiatives quelles sont les pistes
recommandables pour l'élaboration d'un plan de gestion
intégrée des ressources en eau au Tchad (PANGIRE) ?
II. HYPOTHESES ET OBJECTIFS DU TRAVAIL
2.1 HYPOTHESES
Pour répondre aux questions posées, la
présente étude s'appuie sur quelques hypothèses
scientifiques. Ces hypothèses mettent en évidence notre
réflexion sur la manière de comprendre le processus GIRE,
approche dans laquelle les acquis semblent être les piliers de sa mise en
oeuvre.
Hypothèse 1 :
Cette hypothèse stipule que : << Les
différentes tentatives de transfert de responsabilité de gestion
des périmètres irrigués ont contribué à la
mise en place d'un cadre politique et institutionnel approprié en
matière de gestion de l'eau au Tchad ».
Hypothèse 2 :
La seconde hypothèse stipule quand à elle :
<< l'implication des populations dans la définition des
stratégies de gestion des périmètres irrigués a
favorisé la prise de conscience sur la problématique de l'eau et
de l'environnement dans les zones stratégiques au Tchad ».
Par ces deux hypothèses, l'étude
intitulée << atouts et contraintes des périmètres
irrigués dans la GIRE » sera axée sur le diagnostic
technique et socio économique de quelques petits
périmètres irrigués (Droh Gana, mara etc) ainsi que sur
l'état des lieux du cadre politique et institutionnel en matière
de gestion de l'eau au Tchad.
2.1 OBJECTIFS
L'objectif global de l'étude est de contribuer à
la mise en place du processus de gestion intégrée des ressources
en eau au Tchad par la valorisation des acquis de la gestion des
périmètres irrigués.
Comme objectifs spécifiques, elle se propose de :
1. Faire un diagnostic technique et socio
économique du périmètre irrigué de Droh Gana et
celui de Mara,
2. Comprendre les principes de gestion des petits
périmètres irrigués initiés par
l'Etat,
3. Identifier le cadre institutionnel mis en place
dans le cadre des PPI au Tchad
III. MATERIELS ET METHODES
3.1 TYPES DES DONNEES
Deux types de données ont été
utilisés au cours de cette étude. Il s'agit des données
primaires obtenues sur le terrain et celles secondaires obtenues à
partir de la recherche bibliographique, du net ainsi que des rapports
techniques d'activités.
3.2 DIAGNOSTIC TECHNIQUE ET SOCIO ECONOMIQUE
DE QUELQUES PERIMETRES IRRIGUES
Le diagnostic a porté sur la démarche de
conception des périmètres irrigués et leurs mises en
oeuvre. Les aspects techniques de cette conception ont été
recherchés dans la documentation de base du projet et aussi à
partir de certaines références techniques relatives aux zones
sèches et recommandées par la littérature. Cette phase de
diagnostique a été consacrée à la recherche
bibliographique uniquement.
Les périmètres de Droh Gana et de Mara
étant constitués des réseaux d'irrigation et
d'assainissement, un diagnostic physique a été
réalisé par observations et mesures des différents
ouvrages qui les constituent. Pour conduire ce diagnostic physique, un
séjour de trois semaines a été réalisé sur
les sites de localisation de ces périmètres. Durant ce
séjour, une présentation sommaire de la fiche d'enquête a
été réalisée au près de l'autorité
traditionnelle de Droh Gana. L'échantillon de travail a
été choisi par consensus à la suite de cette
présentation. Il a été jugé par ailleurs
nécessaire de faire des enquêtes ouvertes ou ciblées en cas
de besoin auprès des populations. De façon globale, le diagnostic
physique s'est déroulé comme suit :
- les personnes impliquées dans la gestion technique du
périmètre ont été invités pour servir de
guide dans le site du projet. Celles-ci concernent le président actif,
le pompiste, les aiguadiers et le magasinier.
- Du premier au second réseau (irrigation et drainage),
nous avons observé et mesuré la
· source d'eau (fleuve CHARI, dont la situation de retrait
ou d'avancement devrait être déterminée),
· la station de pompage (l'abri de la pompe, le groupe
motopompe),
· l'ouvrage ou bassin de tranquillisation (BT, les
dimensions (longueur, largeur, profondeur ont été prise pour
calculer son volume actuel),
· les canaux primaires (CP) et secondaires et leurs organes
de régulation,
· les différents pistes ou passages busés,
· les drains secondaires (ils sont placés suivant la
pente naturelle, sur le long des parcelles et des pistes de desserte) et
· le drain intérieur (dépression centrale) et
principal en limite sud du périmètre.
- A chaque ouvrage, un arrêt de 20 à 30 minutes
est observé pour prendre certaines mesures (longueur, largeur,
diamètre etc.) pour faire la description du milieu. Une discussion est
aussi engagée avec le gestionnaire pour apporter des
éclaircissements et souligner les difficultés inhérentes.
Les ouvrages détériorés et ceux en bon état sont
mentionnés ensemble avec leurs matériaux de construction.
- Le matériel utilisé pour les mesures de
distance est un double décamètre (50m). En cas de besoin, un
jalon de 2 m est utilisé comme support en plus d'un appareil photo
numérique et quelques matériels aratoires (machette, pioche,
pelles).
Relatif aux aspects socio économiques, en plus de la
bibliographie, des enquêtes par entretiens et discussions ciblées
avec les producteurs ont permis d'aborder les points concernant l'organisation
des membres et la gestion du réseau d'irrigation (parcelles). En cas de
besoin, des discussions ouvertes sont aussi engagées avec la population.
L'enquête a globalement été menée sous la base d'une
fiche élaborée avec plusieurs rubriques de questions
destinées à des cibles spécifiques. L'échantillon
choisi à cet effet était limité aux responsables de la
gestion sociale, économique et technique du périmètre.
Compte tenu du délai de travail ainsi que des moyens mis à
disposition, l'échantillonnage de cette enquête est relativement
peu représentatif au vu du nombre des populations desservies par les
périmètres. Néanmoins les personnes ci après ont
été concernées par cette phase d'enquête de terrain
:
· Présidents d'honneur du comité de gestion
du périmètre de Droh Gana et de Mara
· Présidents actifs et Secrétaires
généraux des comités,
· Les chefs des différents GPA et
· Les chefs de zone de l'office national de
développement rural (ONDR) et
· Quelques personnes libres.
Parallèlement aux entretiens semi structurés
réalisés sur le terrain, des compléments d'information
sont également recherchées auprès des autorités et
responsables des structures
en charge de l'exécution de la politique agricole de
l'Etat. Ceux-ci concernent les ingénieurs et techniciens de la Direction
du Génie rural, les agents de terrain de l'ONDR, ainsi que les
médias.
3.3 COMPRENDRE LES PRINCIPES DE GESTION DES
PERIMETRES IRRIGUES INITIES PAR L'ETAT
La recherche bibliographique a été la
principale méthode utilisée pour cet objectif. En effet,
plusieurs centres de documentation au sein des services de l'Etat et certains
projets initiés par les ONG ont été visités. A ces
occasions, des questions ouvertes et précises ont été
posées aux responsables techniques.
Toutefois lors des travaux de terrains, les
difficultés rencontrées par les producteurs ont été
relevées et un examen critique a été fait. Pour cela, au
travers des questions et des observations de terrain, les différentes
solutions paysannes ont été recensées puis
analysées en fonction du problème technique identifié.
Bref, il s'agit d'un rapprochement entre les prévisions techniques du
projet, la mise en oeuvre pratique des celles-ci, les difficultés
rencontrées et les tentatives de solution paysannes. Ce rapprochement a
permis de comprendre les insuffisances du projet et d'apprécier
l'intérêt des populations vis à vis du projet.
3.4 IDENTIFICATION DU CADRE POLITIQUE ET
INSTITUTIONNEL
Plusieurs initiatives en matière de promotion de
l'agriculture irriguée et de lutte contre la pauvreté ont vu le
jour au Tchad. Certaines ont fait l'objet de projet ou de programme pour la
mise en oeuvre de la politique du gouvernement. Ainsi plusieurs documents de
stratégie ont été consultés et examinés pour
apprécier la volonté du gouvernement à concourir à
la gestion de l'eau au Tchad. Une étude purement bibliographique a
été entreprise pour obtenir des informations relatives.
3.5 LIMITES DE L'ETUDE
Les difficultés rencontrées lors de l'étude
sont relatives au temps mis pour la collecte des données et aux
méthodes utilisées.
3.5.1 Temps de collecte des données
La collecte des données s'est étalée sur
trois semaines en pleine période de carême (ramadan) et des
pluies. Les moyens de transport mis à disposition pour cette phase ne
permettaient pas une bonne précision des mesures effectuées sur
les ouvrages visités. Ce qui a limité l'accès à
certaines informations nécessitant un temps plus long de suivi et
d'observation.
3.5.2 Les méthodes utilisées
Pour mieux comprendre le fonctionnement du
périmètre, il est indispensable de faire des études
purement techniques. Mais du fait que les périmètres
n'étaient pas fonctionnels pour des raisons de gestion, une étude
approfondie permettant de faire l'évaluation du système
d'irrigation, celle de la station de pompage ainsi que le réseau de
drainage était impossible. C'est pourquoi les simples méthodes
d'entretiens (enquêtes, observations...) ont prévalue sur celles
purement technique. Il est ainsi difficile de dire avec certitudes les
véritables problèmes de gestion technique du
périmètre. En plus, les informations fournies par les
enquêtés sont vraiment relatives (dépendent du paysan) car,
les paysans sont restés longtemps (plus de 5 ans) sans travail et ont
presque tout oublié en ce qui concerne le fonctionnement du
périmètre.
IV. RESULTATS
4.1 PRESENTATION DE QUELQUES PERIMETRES IRRIGUES
(DROH GANA & MARA)
4.1.1 Sites et localisation
Les villages Mara et Droh Gana sont situés en bordure
du fleuve Chari et ont été identifiés par Hydroplan en
1985. Ils se trouvent à environ 25 et 30 km au nord de N'Djamena et
à environ 8 et 10 km du quartier Farcha (1ier arrondissement
de N'Djaména). Les villages sont accessibles par une piste carrossable
en saison sèche mais peu praticable en saison pluvieuse à cause
de nombreuses dépressions argileuses (voir Annexe 1 : carte de
localisation du site). Plusieurs études ont été
réalisées sur les sites de 1985 à 1996. Elles concernent
les études topographiques, pédologiques (par Hydroplan), les
études hydrauliques (par SOGREAH en 1992) et autres études
complémentaires (ministère du plan et de la coopération,
1994).
4.1.2 Le milieu physique
Les sites présentent un relief relativement plat
(cotes à Droh Gana comprises entre 290.50 et 291.60 m) avec une
dépression longitudinale intérieure orientée Nord-Sud. Au
droit du site de Droh Gana, le lit mineur du Chari est bordé par une
dépression longitudinale inondée en période de crue
à travers des ouvertures dans le bourrelet littoral. Des traces
d'érosion sont observées le long de la berge
supérieure.
> Le climat
Le climat de la zone ne diffère pas de celui de
N'djamena, il est à une seule saison de pluie allant de Mai à
Octobre. Il s'agit d'un climat du type sahélien
caractérisé par une longue saison sèche et une courte
saison de pluie. Les données pluviométriques enregistrées
à N'Djamena pendant la phase d'étude du projet, montre que la
plus forte intensité pluviométrique relevée depuis 1989
est de 87 mm. Elle a été enregistrée le 8 Août 1991,
néanmoins, on a relevé à Sagour 145 mm le 21 juillet 1991.
Ce dernier chiffre a été utilisé dans le calcul du
débit de drainage.
> Hydrologie
Les périmètres irrigués se trouvent le
long du fleuve Chari, principale source d'eau de surface dans la
localité. Le Chari prend sa source en République centrafricaine.
Il est constitué par le Bamingui, le Gribingui, le
Bangoran et est rejoint ensuite par le Bahr Aouk ainsi que le
mayo
Kebbi, le Batha et dans les nombreux oueds intermittents. Il
représente 80% des apports du lac Tchad (FAO/AQUASTAT, 2005). Les
relevés quotidiens du niveau du Chari depuis 1953 selon la station de
N'djamena, dont le zéro de l'échelle se trouve à la cote
285.82 m, montre une constante décroissance du niveau des crues et
d'étiage. La valeur moyenne des crues par période successives de
20 ans est de :
- 4030 m3/s soit une hauteur de 8 mètres sur
la période 1953-1963
- 3050 m3/s soit une hauteur de 7 mètres sur
la période 1964-1974
- 1880 m3/s soit une hauteur de 5 mètres sur
la période 1983-1993
Selon SOGREAH, les ajustements statistiques donnent les valeurs
suivantes en fonction des périodes de référence :
Tableau 1 : valeurs des crues et étiages
(m3/s ) en fonction de la période de
retour
Période de retour
|
Période 1933-52
|
Période 1953-72
|
Période 1973-91
|
2 ans
|
- 3600
|
- 3500
|
- 2200
|
|
* 149
|
* 124
|
* 43
|
5 ans
|
- 4400
|
- 4300
|
- 3000
|
|
* 100
|
* 73
|
* 14
|
10 ans
|
- 4500
|
- 4700
|
- 3500
|
|
* 78
|
* 52
|
* 5
|
|
-: crues * : étiage
Pour nécessité de dimensionnement, le projet
retient la crue décennale de 1973-1993, soit 3500 m3/s. Afin
de calculer les hauteurs de pompage et d'évaluer les risques
d'inondation, la cote de l'eau au droit des sites de Droh Gana et Mara ainsi
qu'à N'Djaména a été mesurée le même
jour.
> Les sols
Les principales classes de sol distinguées pendant la
prospection pédologique sont :
- sols très argileux (80% d`argile), noirâtre,
profond, des zones basses d'inondation à hydromorphie temporaire,
à caractère vertisolique. Ces sols conviennent bien à la
riziculture de submersion (pH 5,4 à 5,2 perméabilité
faible), mais la teneur en argile rend difficile le travail du sol.
- sols argileux bruns profonds, alluviaux à hydromorphie
temporaire. La teneur en argile est de 50-55% avec une faible
perméabilité et convient aussi à la riziculture de
submersion.
- sols argileux bruns profonds du bourrelet de berge du Chari.
Leurs perméabilités sont plus
meilleures à celles des classes
précédentes. Ils conviennent à la riziculture de
submersion, mais il y'a risque de surconsommation d'eau.
- sols argileux bruns faiblement profonds reposant sur un
horizon de texture moyenne à grossière. Le pH est neutre en
surface, faiblement alcalin en profondeur et la capacité
d'échange est moyenne (16,4 meq).
- sols sablo-limoneux en surface, sableux à faible
profondeur. Leur fertilité est faible et la réserve
minérale est réduite. Ils sont inaptes à la riziculture de
submersion et occupent une très faible surface.
De manière globale, la zone est apte à la
riziculture de submersion, mais des modalités de travail doivent
empêcher de remonter les horizons les plus perméables pour
éviter des percolations excessives (ministère du plan et de la
coopération, 1994).
> La végétation
Il s'agit d'une steppe dominée par les
épineuses telles que : Acacia senegal, Balanites
aegyptiaca, Ziziphus mauritania etc. Par endroit, on note aussi
la présence des arbres fruitiers comme les manguiers, goyaviers,
citronniers dans les vergers privés et dans les habitations.
4.1.3 Le milieu humain
> La population
Selon le recensement d'avril 1994 effectué par le chef
de zone de Mara, la population de la zone du périmètre est de 986
habitants soit 187 chefs de familles comme le montre le tableau ci-dessous.
Tableau 2 : répartition de la
population
Villages
|
Ethnies principales
|
Chefs de familles
|
Population
|
Droh Gana
|
Kotoko, Arabes, Massa
|
58
|
371
|
Oulio et campement
|
Kotoko, Arabes
|
67
|
344
|
Mara Siniaka
|
Massa et Arabes
|
72
|
271
|
Total
|
197
|
986
|
|
La population ainsi présentée est
entièrement concernée par le projet. Celle-ci exerce comme
principales activités l'agriculture et la pèche, principales
sources de revenu dans les villages et aux familles en particulier.
L'agriculture est pratiquée pendant la saison pluvieuse avec une
dominance céréalière (maïs et sorgho). Dans les bas
fonds, les cultures maraîchères et la riziculture sont les plus
dominantes. En saison sèche par contre, la pèche et le petit
élevage
prédominent partout. L'accès à la terre
est un véritable problème à Doh Gana du fait de
l'occupation de l'espace par certains domaines privés qui sont investis
pour la riziculture et l'arboriculture (vergers). C'est le cas par exemple du
périmètre rizicole de la commission du bassin de lac Tchad
(CBLT).
4.1.4 Le projet
4.1.4.1 Cultures, Besoins en eau et Débit
d'équipement
Sur la base des facteurs liés à la
démographie, aux caractéristiques du sol et du climat, aux
expériences passées et à l'étude
de marché, les cultures choisies pour la mise en exploitation de la zone
concernent le riz, le blé et le gombo. Le tableau suivant
présente le schéma cultural annuel proposé par le
projet.
Tableau 3 : schéma cultural
annuel
Saisons de l'année
|
Cultures
|
Pourcentage de la surface exploitée
|
Hivernage
Contre saison froide Contre saison chaude
|
Riz Blé Gombo
|
100 % de la surface du périmètre 50 % de la
surface du périmètre 25 % de la surface du
périmètre
|
|
Les besoins en eau des cultures ont été obtenus
sur la base des données de la station de pompage du site de Mara. La
riziculture d'hivernage consomme en moyenne 5330 m3/ha, 4750
m3/ha pour le maïs et 11000 m3/ha pour le gombo.
Ainsi, le besoin annuel moyen (Ba) est obtenu comme suit : Ba
= 5330*1+4750*0,5+11000*0,25 = 10455 m3/ha.
Le débit de pointe (qp) correspond au remplissage des
casiers, à raison de 500 m3/ha. En supposant un tour d'eau
(intervalle d'irrigation) étalé sur 4 jours de 10 heures (temps
d'irrigation), le débit d'équipement (De) est calculé
comme suit :
De= (500 m3/ha * 29.25 ha) / (4 j
*10 H*3,6) = 101,6 l/s arrondit à 102 l/s soit
3.5 l/s/ha. Cette application est identique à la
formule suivante :
De = qp *Sp avec
Chaque équipement devrait donc véhiculer la
quantité d'eau équivalente à De
(Sp=superficie du périmètre).
4.1.4.2 L'aménagement
Les périmètres irrigués sont d'une
surface de moins de 30 ha (29.5 hectares) et sont implanté à
quelques dizaines de mètres en retrait des bords de la berge du fleuve
Chari. Ceci, permet de limiter les effets d'érosion et protéger
les berges du fleuve.
De façon général, l'aménagement des
périmètres a porté sur trois grands aspects que sont : la
station de Pompage, le réseau d'irrigation et le réseau de
drainage ou d'assainissement.
> La station de Pompage
Elle est localisée au nord ouest du
périmètre et met à profit l'existence d'une ouverture dans
le bourrelet de berge entre le lit mineur et la dépression. Le groupe
motopompe (GMP) est installé sur un radeau ancré en berge. Le
refoulement se fera par une conduite souple jusqu'à la berge
supérieure, plongée ensuite par une conduite en acier
galvanisé débouchant dans un bassin de tranquillisation (BT). La
berge devra être protégée par des Prosopis sp et
Mimosa sp.
> Le réseau d'irrigation
Il est constitué des ouvrages et des canaux
d'irrigation dont le canal primaire (CP) et quatre canaux secondaires qui
desservent, en fonction de leurs dimensions, différentes surfaces dans
le périmètre. Le canal secondaire 1 (CS 1) irrigue 7,5 ha
à l'ouest de la dépression centrale ; le CS2, CS3 et CS4
irriguent respectivement 5,75 ha, 4 ha et 12 ha.
Le CP est construit en dalles de béton de 8 cm
d'épaisseur ferraillées avec un treillis soudé de 4 mm en
maille de 15x 15 cm et séparés par des joins de dilatation tous
les 2,5 m. il a un profile trapézoïdal avec un plafond de 50 cm et
des talus intérieurs et extérieurs de 1,5 de base pour 1 m de
hauteur. La pente longitudinale est de 0,02 pour mille et la revanche à
25 cm.
Les canaux secondaires par contre sont construits en terre
avec un profile trapézoïdale d'un plafond de 50 cm et de même
talus que le CP. La pente quand à elle est de 0,2 pour mille et la
revanche à 20 cm.
Le réseau d'irrigation comprend les ouvrages suivants
:
· un bassin de tranquillisation (BT) :
il est fait en béton sur une largeur d'un mètre et
comporte trois sections successives à savoir : la section de
tranquillisation proprement dite avec 5 m de long où débouche la
conduite de refoulement, la section de réglage du
débit avec 2 m de long, terminée par un déversoir en
crête mince équipée d'une échelle dont le
zéro est à la cote du déversoir et la section
d'alimentation du CP en aval du déversoir.
· Les ouvrages de prise : sur canal
primaire, ils assurent un partage du débit entre ce dernier et les
secondaires qu'il alimente. Ils sont faits en béton et comportent autant
de seuil déversants que des canaux dérivés et sont aussi
pourvus des vannettes métalliques afin d'isoler un canal.
· Les passages busés : ils
concernent les pistes ayant une buse en béton de trois mètres de
long et de diamètre variable selon le débit d'eau à
transiter. A chaque passage, la piste est
rehaussée de façon a avoir une épaisseur de
remblai de 50 cm au dessus de la génératrice supérieure de
la buse.
· Les ouvrages de réglages :
placés sur les canaux secondaires, ils ont pour rôle
d'isoler un tronçon de canal pour permettre l'irrigation des parcelles
qui les bordent a l'aide des siphons souples. Le premier ouvrage sur CS1
comporte en outre une dérivation avec passage busé pour alimenter
le canal CS11.
Outres les canaux, les parcelles sont séparées
les unes des autres par des diguettes en terre de 40 cm de hauteur, 30 cm en
crête, talutées a 1,5/1. A l'intérieur des parcelles, les
exploitants pourront confectionner des petites diguettes complémentaires
pour faciliter la gestion de l'eau.
Les hauteurs d'eaux dans les canaux sont calculées a
partir de la formule de Manning, en adoptant K= 30 pour les canaux en terre et
70 pour ceux en béton. Les canaux secondaires sont callés de
façon a ce que leur plafond domine de 20 cm au moins la cote de la
parcelle la plus défavorable. S'agissant des seuils de débit, ils
sont situés a 10 cm au moins au dessus de la cote du plan d'eau aval
pour garantir un écoulement dénoyer. La formule adoptée
pour les seuils a paroi épaisse et a contraction latérale est la
suivante :
Q = 0,3 LH3/2v2g = 1,55 LH3/2 (H
en mètres, Q en m3/s)
Le calcul de la hauteur manométrique totale (HMT) a
pris en compte tous les paramètres possibles. La cote de l'eau dans le
BT est de 292,70 alors que l'étiage du Chari en fin avril est de 283,20
m. À cela, s'ajoute la revanche dans le bassin (0,35 m) et le
diamètre de la conduite de refoulement (0,25 m). La hauteur
géométrique maximale d'élévation est de :
HGM = 292,70 +0,35 + 0,25 - 283,20 = 10,10 m.
Les pertes de charges au refoulement (diamètre 250 mm) et
a l'aspiration (diamètre 200 mm) ont été ajoutées
pour obtenir les pertes de charge totale de 3,75 m. La hauteur totale est :
HMT égale a 10,10 + 3,75 = 13,85 arrondie a 14
mètres
Suivant les données (débit et HMT), le groupe
motopompe choisis pour répondre a cette demande est un moteur thermique
diesel de puissance 35 Chevaux Vapeurs a refroidissement par air et
démarrage manuel. Pendant les crues, la HMT diminue, les
caractéristiques du groupe doivent également s'adapter a ces
variations pour mieux contrôler les pertes.
Dans ce périmètre, les améliorations sont
apportées pour éviter les erreurs constatées après
plusieurs années sur les anciens PPI. Il s'agit entre autres : de
l'équilibrage du radeau de la station de pompage qui tend a s'incliner
après quelques années seulement et de la protection du GMP contre
le soleil et la pluie a l'aide d'un toit amovible.
> Le réseau d'assainissement
Il est constitué des fossés talutés à
1,5/1et comprend :
- des drains secondaires à section triangulaire et de
profondeur minimum de 50 cm, longeant les parcelles et les pistes
désertes,
- Un drain intérieur assurant l'assainissement de la
dépression centrale,
- Un drain principal à la limite sud du
périmètre qui collecte les eaux des différents drains et
les évacue à la dépression longeant le lit mineur du
fleuve.
Le débit des drains a été calculé
en tenant compte de la plus forte intensité pluviométrique
obtenue à Sagour en juillet 1991 et en supposant un coefficient de
ruissellement de 50% et une durée de submersion admissible de 48 heures.
Ainsi le débit d'équipement est :
Débit d'équipement= (1450 m3/ha * 50%) / (48 h *
3,6) = 4,2 l/s/ha soit 4l/s/ha.
Les fosses secondaires auront une pente longitudinale
déterminée par celle du terrain naturel avec un minimum de 0,2
pour mille. La surface de la dépression centrale est d'environ 2,5
hectares. Même si on admet un taux de ruissellement de 100%, la
durée de submersion admissible peut en revanche être
supérieure à 48 heures de sorte qu'un fossé triangulaire
de même type que les drains secondaires, suffise à assurer le
drainage. Le drain principal doit pouvoir écouler les débits
provenant des drains intérieurs, mais aussi les apports des abords du
périmètre.
Les ouvrages du réseau d'assainissement concernent
uniquement les passages busés sous pistes. Ces derniers sont au nombre
de neuf sur les divers drains secondaires d'une largeur de trois mètres.
Le drain principal a 6 m de long et 1 m de diamètre sous la piste qui
longe la berge.
> Autres ouvrages
Les autres ouvrages faisant parti des aménagements au sein
du périmètre irrigué concernent :
- le réseau de piste de ceinture avec 6 m de large et
celle de desserte intérieure de 3 m de large,
- le magasin pour le stockage des matériels, intrants et
paddy de redevance et
- la citerne à gasoil (circulaire d'une capacité de
5000 litres) installée sur berceau en béton à
proximité immédiate du magasin en un endroit accessible aux
camions.
4.2 PRINCIPES DE GESTION DES PETITS PERIMETRES
IRRIGUES
Le projet des petits périmètres irrigués
(PPI) avait pour cible et bénéficiaire, la population des
villages Mara, Droh Gana et leurs environs. Le fonctionnement
ainsi que la gestion des périmètres devra être sous la
responsabilité des producteurs. Cette responsabilisation des producteurs
s'est faite progressivement en partant sur la base des règles et
principes de la bonne gouvernance.
4.2.1 Identification et partage des parcelles
d'exploitations aux producteurs
Compte tenu de la faible superficie des petits
périmètres irrigués, le projet soulevait des
inquiétudes quant à l'attribution des terres et les
critères qui la régissent. Dans le souci de favoriser la
participation, une liberté a été accordée à
la population sous la responsabilité des différents chefs de
villages pour définir les critères de sélections suivants
:
a) le requérant doit être Chef de famille capable
de travailler sur sa parcelle ainsi que sur le périmètre en cas
de besoin,
b) accorder la priorité aux familles ayant peu de
ressources
c) la non prise en compte des liens de parentés dans le
choix des producteurs,
d) l'exclusion des anciens membres de l'armée
«combattants» installés dans les villages,
e) l'assurance de la représentativité des
différents groupes ethniques etc.
Dans le périmètre irrigué de Droh Gana,
le respect de ces principes conduit à 120 attributaires en fonction du
sous village : Droh Gana avec 371 personnes reçoit 52 parcelles ; Oulio
avec 344, personnes en a 38 parcelles et Mara siniaka avec 271 personnes
obtient 30 parcelles (figure1).
Figure 1 : répartition par village des
parcelles d'exploitation
La répartition des parcelles s'est faite dans le souci
d'éviter les erreurs constatées sur les anciens
périmètres irrigués et d'appliquer le processus de
responsabilisation des producteurs conformément à la nouvelle
vision en matière de gestion des aménagements agricoles (Afrique
agriculture, 2000).
4.2.2 Principes de gestion des parcelles
irriguées
L'organisation et la gestion des parcelles au sein des PPI
sont basées sur les mesures appliquées dans les anciens
périmètres irrigués. En effet, il s'agit de la
création d'un groupement d'exploitants animé par un comité
de gestion élu par les producteurs. Ce comité est
constitué des membres (responsables de la gestion sociale et
technico-économique du périmètre) suivants : un
président d'honneur, le président actif, le secrétaire, le
trésorier. Ces derniers sont appuyés par un motopompiste, deux
aiguadiers et d'un magasinier. Ces derniers sont à leur tour,
responsables du fonctionnement et d'entretien de la station de pompage, de
l'organisation et la distribution des tours d'eaux, et de la gestion des stocks
dans le magasin. Le groupement de producteur agricole (GPA) réunit les
producteurs par affinité dans le but de travailler en commun dans
certaines tâches telles que : l'utilisation du même tronçon
de canal, l'attelage et autres moyens de production. Un appui dans le suivi
technique est apporté, pendant les premières années du
fonctionnement du périmètre, par un agent de l'office national de
développement rural (ONDR, figure 2). Le but recherché par cet
appui est l'atteinte rapide d'une autonomie de fonctionnement et de gestion par
les producteurs.
Comité de gestion
Equipe technique
GPA4
Appui Technique (ONDR)
GPA1 GPA2 GPA3
Figure 2 : Organisation de la gestion du
périmètre
L'expérience montre qu'il n'y a pratiquement pas de
document de suivi sur la gestion des PPI à part les rapports techniques
des agents de l'ONDR. Ce qui ne permet pas vraiment un diagnostic assez
précis des problèmes rencontrés au courant des travaux.
4.3 CADRE POLITIQUE ET INSTITUTIONNEL DE LA GESTION
DE L'IRRIGATION
L'un des objectifs primordiaux du Gouvernement est de mener une
politique agricole qui conduirait à un développement durable
et soutenu passant par un taux de production régulière et
élevée sur une période relativement longue. Dans cette
perspective, un accent est mis sur la
maîtrise de l'eau conformément au Schéma
Directeur de l'Eau et de l'Assainissement (SDEA, 2003). Ce schéma vise
à aménager 100 000ha d'ici 2025 en définissant une
politique de l'eau au Tchad sur la base de 12 principes clés suivant
:
i. L'eau, un patrimoine collectif de la nation
ii. La santé humaine et l'accès à l'eau et
à l'assainissement,
iii. La gestion intégrée des ressources en eau et
de ses utilisations pour assurer un développement
socio-économique durable,
iv. Le recentrage progressif du rôle de l'Etat,
v. Une gouvernance de l'eau la plus proche possible de
l'usager,
vi. Le renforcement du cadre institutionnel,
vii. La participation des acteurs et l'intégration des
politiques sous sectorielles de l'eau
viii. Le prix du service de l'eau dans l'équité et
la transparence
ix. La collecte et le partage de l'information
x. La gestion de l'eau dans la protection de l'environnement,
xi. Le renforcement de la coopération sous
régionale sur les eaux partagées,
xii. Le renforcement des capacités nationales est une
exigence pour assurer la gestion durable de l'eau.
Du cadre institutionnel de la gestion de l'eau en
général et de l'irrigation en particulier, ressort une
responsabilité inter ministérielle. En effet, la Direction des
ressources en eau du Ministère des mines et de l'énergie est
responsable de la gestion et de l'exploitation des ressources en eau. La
Direction de l'hydraulique et de l'assainissement (DHA) quant à elle est
chargée, avec ses services régionaux, du suivi des points d'eau
permanents. Les institutions suivantes sont concernées par l'irrigation
:
Des services publics et parapublics à
compétence étendue:
· le Bureau interministériel d'études et
de programmation (BIEP), placé sous la tutelle du Ministère de
l'agriculture, est chargé d'harmoniser les politiques de
développement rural des départements ministériels;
· le Département du génie rural et de
l'hydraulique agricole (DGRHA) du Ministère de l'agriculture est
responsable du développement de l'irrigation, y compris la construction
de périmètres à petite échelle, de barrages, de
digues et l'installation de pompes;
· le Département de la production du
Ministère de l'agriculture gère les périmètres A et
B de Bongor, tandis que le périmètre C est placé sous la
tutelle directe de la Présidence;
· l'Office national de développement rural (ONDR)
est l'organisme parapublic d'exécution des programmes de
développement agricole Il est en particulier chargé de la
vulgarisation, de l'approvisionnement en facteurs de production et de l'octroi
de crédits aux agriculteurs situés hors des
périmètres parapublics;
· l'Office national de développement de
l'horticulture (ONADEH) est chargé de développer les cultures
horticoles et fruitières sur un certain nombre de petits
périmètres.
Des sociétés chargées de la
gestion de certains périmètres comme:
· l'Office de mise en valeur de la plaine de
Satégui-Daressia (OMVSD);
· la Société de développement du lac
Tchad (SODELAC);
· la Société nationale du sucre (SONASUT)
actuelle Compagnie sucrière du Tchad (CST).
En matière de projet et programmes initiés tant
par l'Etat que par les organismes internationaux, il faut souligner qu'une
multitude d'action sont en cours. Du rapport national d'investissement (2008),
il ressort qu'il existe dix projets exécutés, 24 projets en cours
et 13 projets en perspectives de financement. Ces projets sont essentiellement
focalisés sur l'hydraulique agricole et la sécurité
alimentaire au Tchad.
Dans la perspective de valoriser les potentialités
naturelles du pays et de faciliter la mise en oeuvre des orientations
politiques et stratégiques du secteur rural, élaborées par
le Gouvernement au cours de ces dernières années, un programme
national de sécurité alimentaire (PNSA) a été
élaboré. Ce programme est bâti sur une approche prospective
qui tient compte des conditions spécifiques du pays et de chacune de ses
zones agro-écologiques. Le PNSA intègre en soi les acquis du
programme spécial pour la sécurité alimentaire (PSSA) qui
avait comme première composante « la maîtrise de l'eau dans
les systèmes irrigués » (cf. figure 3). Il prend aussi en
compte les autres programmes tournés vers la sécurité
alimentaire sur la base desquels un cadre stratégique, des programmes
prioritaires, un plan d'investissement résolument orientés vers
des objectifs de sécurité alimentaires sont envisagés
(Ministère de l'agriculture et al, 2005).
Figure 3 : Carte de contrôle de l'eau au
Tchad
V. DISCUSSION ET ANALYSES
L'aménagement des périmètres
irrigués a commencé dans les années 94 avec de nombreuses
études sur les différents aspects techniques et
socio-économiques. C'est en 1996 que les travaux de mise en exploitation
ont débuté et ont continué jusqu'en juin 2002, date
à laquelle les difficultés de fonctionnement ont
commencé.
Sous la responsabilité des paysans, appuyés par
l'ONDR et la Direction de génie rural du Ministère de
l'agriculture, la gestion du périmètre n'a pas été
chose facile. Beaucoup des problèmes d'ordre organisationnel et
technique se sont posés et ont conduit à son arrêt. Le
diagnostic du périmètre nous a permis d'examiner bon nombre de
ces difficultés selon le volet considéré.
5.1 PLAN TECHNIQUE ET ORGANISATIONNEL
Le diagnostic porté sur les aspects techniques de la
conception des périmètres irrigués montre que peu
d'études agronomiques ont été entreprises. En effet, vue
la divergence des cultures en matière d'exigences en eau,
l'évaluation des besoins des plantes devrait être basée sur
les comportements des cultures selon leurs phases de développement. Il
s'agit du coefficient cultural de chaque culture dans ses différentes
phases de développement. Il ressort du mémento d'irrigation (VAN
Laere, 2003) que les données culturales à considérer dans
le cadre des périmètres irrigués sont les suivantes :
- le coefficient cultural, Kc, est utilisé pour calculer
l'évapotranspiration réelle de la culture. Il est fonction de la
plante et de son état végétatif ;
- le tarissement admissible représente le niveau
critique de l'humidité du sol à partir duquel le stress dû
au manque d'eau se fait sentir, affectant l'évapotranspiration et la
production de la culture. Les valeurs sont exprimées en fraction de
l'humidité totale disponible du sol ;
- le coefficient de réponse du rendement, Ky, permet
d'estimer les réductions de rendement dues au stress hydrique. (VAN
Laere, 2008).
Relatif aux débits (de pointe et équipement)
calculés, les valeurs obtenues ne reflètent pas la
réalité sur le terrain. En effet, le réseau d'irrigation
est constitué de plus de dix canaux secondaires aménagés
en terre. Ce qui suppose des pertes d'eau par infiltration et percolation lors
du transport d'eau. Ces pertes sont importantes telles qu'on puisse avoir
des
conséquences directes sur :
- la quantité d'eau apportée au sol qui sera
insuffisante pour couvrir les besoins des cultures.
- le régime de fonctionnement du groupe motopompe sera
surexploité (En effet, en
constatant les effets de manque d'eau sur la plante, les
producteurs sont tentés
d'appliquer plus d'eau que prévue ou en jouant sur son
temps de fonctionnement).
En général, pour des fins d'applications, de
conception et d'exploitation des périmètres irrigués, il
est possible d'analyser l'incidence de l'alimentation en eau sur les rendements
des cultures. Après avoir chiffré les besoins en eau de la
culture et les déficits hydriques d'une part, et les rendements maximum
et réel d'autre part, on est bien outillé pour déterminer
les relations qui existent entre le rendement agricole et l'apport d'eau (notes
de cours). Ce qui prendra en compte les mesures techniques d'économie de
l'eau.
5.1.1 Source d'eau
Pendant la période d'étude, la crue n'est pas
atteinte et l'eau se trouvait à 6,43 m de la berge supérieure du
fleuve. Selon le pompiste, elle atteindra et submergera la berge en plein mois
de novembre. D'habitude, l'étiage observé au mois de mars
(période pic de l'ETP) cause un retrait de l'eau jusqu'à 130 m
à partir du radeau de la motopompe. Cette situation laisse constater
l'état critique de la source d'eau dont la principale perte est due au
taux élevé de l'ETP provoqué essentiellement par la
nudité des sols et le fort ensoleillement en cette période
précise.
5.1.2 Station de pompage
Les éléments de la station sont non fonctionnels
sur le terrain. L'arrêt des activités est sans doute lié
à ces multiples problèmes. La crépine d'aspiration
(mailles, le filtre et le flotteur) est entièrement
dégradée et la conduite est perforée au niveau des coudes
et sur sa paroi externe. Cet état témoigne de la faiblesse du
comité technique dans la gestion des installations dans le
périmètre. A ces problèmes, le pompiste, le groupe
motopompe (marque MOTORENFABRIK HATZ D-94099 Type 4M40H) acquis dans le cadre
du projet n'a pu fonctionner que la moitié de sa durée
prévue. Ce qui témoigne de sa surexploitation sans doute
liée aux erreurs d'évaluation de débit de pointe.
5.1.3 Réseau d'irrigation
Les ouvrages en béton recensé sur le réseau
sont en bon état physique malgré l'ensablement constaté
ça et là.
Le long du canal primaire, quelques points ont été
remarqués :
- une couche de terre de 17 cm d'épaisseur en moyenne
s'étale le long du canal ;
- le colmatage entre les joints des dalles est entièrement
enlevé sous l'effet du soleil et de l'eau qui accélère
chaque année la dégradation de la matière utilisée
;
- les ouvrages de prise qui assurent le partage de
débit entre le canal primaire et secondaire, sont remplis de terre (cf.
annexe 3). Quelques unes de leurs vannettes récupérées
sont dans le magasin, mais la plupart reste non utilisable.
Le non respect des ces aspects ne facilitent pas le suivi
efficient de la gestion du périmètre. L'érosion pluviale
serait la principale cause de la dégradation des canaux secondaires.
Ceuxci étant en terre restent quasiment inexistants lors de notre
passage sur le terrain.
Il est donc crucial de prendre en compte, lors de la
réalisation des ouvrages, toutes les recommandations de l'étude
technique pour espérer une meilleure responsabilisation des
producteurs.
5.1.4 Réseau de drainage et passages
busés
Une estimation par méthode simple de calcul a
été faite sur le périmètre de Droh Gana afin de
visualiser les pertes occasionnées par l'érosion pluviale. Le
tableau 1 ci-dessous présente quelques valeurs estimées.
Tableau 4 : volume de terre enlevé sur
passage busé du canal primaire
Paramètre s mesurés
|
hauteur initiale (m)
|
hauteur actuelle (m)
|
hauteur enlevée (m)
|
longueur (m)
|
largeur (m)
|
volume enlevé (m3)
|
|
0,33 0,83 0,9 1
|
0,165 0,47 0,34 0,5
|
0,165 0,36 0,56 0,5
|
3 3 3 3
|
0,8 0,8 0,8 0,6
|
0,396 0,864 1,344 0,9
|
moyenne
|
0,765
|
0,36875
|
0,39625
|
3
|
0,75
|
0,876
|
Au regard de ces valeurs, le volume moyen (0,876
m3) de terre enlevée représente la
quantité de terre à apporter pour remblai de nouveau un
passage busé. Avec 9 passages busés sur le réseau de
drainage, on estime le volume total de 8,1 m3
nécessaire à remblaie ces ouvrages.
Nous pouvons tenter de dire qu'au niveau du passage
busé, l'érosion pluviale enlève environ 0,9
m3 de terre par an. Une étude d'évaluation
devra être faite pour mieux apprécier ces tendances.
5.2 ORGANISATION ET GESTION DU PERIMETRE
Selon les propos des présidents d'honneur et actif du
comité de gestion, suite aux regroupements par affinité au sein
des GPA, les producteurs ont cédé aux caprices de la nature pour
méconnaitre les efforts de l'équipe technique de gestion. En
effet ils constatent l'incompréhension des membres et la
négligence administrative.
Dans sa forme, le groupement ne connaît aucun
problème de fonctionnement ; car la majorité des membres est
prête à recommencer les activités en faveur de son
organisation. Mais dans le fond, un certain nombre de discussions a
modifié l'esprit commun en favorisant l'installation d'un climat de
manque de confiance. Dans le principe du projet, le fonctionnement du
périmètre (préparation des terres, intrants agricoles et
eau d'irrigation) à partir de la deuxième année, est
basé sur les redevances à percevoir des attributaires. Il a
été aussi consigné que seul le gasoil de qualité
(station de N'Djaména ou de Kousseri) devrait être utilisé
pour maintenir et assurer un fonctionnement efficient du moteur. Cependant, les
aspects d'inflation (de plus en plus vécu au Tchad) n'ont pas
été pris en compte dans le système de redevance. Ce qui a
influencé directement la contribution des attributaires lorsque les prix
du gasoil ont grimpés sur le marché. Il était ainsi
question désormais d'augmenter la redevance individuelle pour respecter
les prescriptions techniques du projet. Mais certains paysans
résistaient à cette nouvelle donne. Il s'est ainsi
installé un problème d'entente entre les membres et le
comité de gestion. Les producteurs ont alors exigé le
départ du premier président actif qui, pour beaucoup est
responsable de cette crise. Afin de dévier l'exigence des paysans, le
bureau a maintenu les anciennes redevances et a recouru au marché noir
pour l'achat du gasoil et certains intrants agricoles (engrais). Cette mesure,
après quelques jours de pompage, a endommagé la motopompe avec
une panne motrice qui a arrêté son fonctionnement. L'arrêt
du fonctionnement du périmètre a créé deux camps
des producteurs, l'un qui réclame le changement du bureau et l'autre qui
le supporte.
La négligence administrative est liée à la
lenteur de son intervention constatée par les membres lorsqu'un
problème technique ou social se pose. Etant consciente des
paramètres techniques à suivre, l'administration n'a pas
prévu les premières pièces de rechange ni les
moyens de les acheter en cas de panne grave. Malgré la
bonne intention des producteurs à résoudre leurs problèmes
(contribution de 5 millions de FCFA pour l'achat d'un moteur à six
cylindres de marque 1113, cf. annexe 2), l'Etat est resté insensible
à cette initiative paysanne. Toutes ces erreurs ont contribué
à décourager la population et à pousser certains d'entre
elles à abandonner leurs parcelles et donc leur groupement pour trouver
d'autres sources de revenu. La persistance de cette situation a favorisé
le ralentissement et l'arrêt complet des activités sur le
périmètre de Droh Gana. Il ressort ainsi une inadéquation
entre les prescriptions techniques et les considérations
socio-économiques du projet. Des telles expériences sont assez
vécues dans les périmètres irrigués au Tchad. Des
leçons à tirer sont importantes et pratiquement
nécessaires pour favoriser une meilleure participation des producteurs
dans la gestion de l'eau.
De ce diagnostic de terrain, on retient quelques problèmes
issus des aspects techniques et organisationnels. Ceux-ci concernent :
> l'érosion (pluviale) : c'est un problème
dû à l'absence de certaines mesures antiérosive lors de la
conception du projet. Pendant la saison des pluies, l'eau décape le sol
sur le remblai, les digues et les canaux en terre.
> la régénération naturelle de la
végétation dans les ouvrages: c`est la germination des graines
des graminées et le développement de certaines pousses des
arbustes à l'intérieur de l'ouvrage, qui à maturité
deviennent dangereuses pour la stabilité des ouvrages ;
> L'effet de percolation via les inondations temporaires :
elles sont plus ressenties en saison de pluie et lors des crues ;
> Le non prise en compte du facteur d'instabilité
(inflation) des marchés dans les redevances prévues pour la
gestion du périmètre ;
> Le désengagement total et précoce de l'Etat
dans le suivi technique de la gestion du périmètre ;
> L'abus de pouvoir dû au comportement de certains
membres du comité de gestion.
VI. CONCLUSIONS ET PERSPECTIVES
6.1 CONCLUSION
Le processus de gestion intégrée des ressources
en eau au Tchad a commencé autour des années 1970, avec
l'aménagement hydro agricole (irrigation en maîtrise totale de
l'eau) dans l'optique du développement de ce secteur. Cette
démarche visait essentiellement l'atteinte de la sécurité
alimentaire. Suite à des nombreux résultats négatifs
enregistrés en matière de gestion des aménagements et
l'organisation des producteurs, la politique de l'irrigation a consisté,
à partir de 1990, à réhabiliter ces anciens grands
aménagements et à créer de petits périmètres
où l'intervention des agriculteurs est plus importante (FAO, 2005) qui
sont par ailleurs le plus souvent aidés par certains services techniques
comme l'ONDR (Djerem, 98). Les principes déterminants en matière
d'utilisation durable des ressources hydriques adoptés par la
communauté internationale, évoquent la reconnaissance de l'eau
comme ressource limitée et vulnérable, l'importance du
caractère participatif dans les processus de
gestion de l'eau, le rôle central des femmes et
enfin la reconnaissance de l'eau comme un bien économique. Les
deux premiers principes sont largement abordés dans les initiatives
gouvernementales. Il serait donc moins compliqués aux gestionnaires de
l'eau à faire participer les populations locales dans la gestion du
périmètre. Dans le même sens, le cadre politique et
institutionnel a été suffisamment renforcé avec la
révision du schéma directeur de l'eau au Tchad. Ce qui nous
amène à dire que les atouts de la gestion des petits
périmètres irrigués en perspective à la GIRE sont
assez importants. Il convient de les valoriser par des projets pilotes qui
tiennent compte désormais des enjeux des bassins versants au sein
desquels les ressources en eau sont circonscrites.
Il ressort de cette analyse situationnelle, qu'au niveau
national, le besoin d'une meilleure gestion des espaces et des points d'eau se
faisait ressentir depuis les années 1990. De ce fait, nous retenons les
atouts suivants :
> Atouts politiques
- La prise de conscience générale
des acteurs politiques sur la gestion rationnelle,
- L'existence d'un code de l'eau et du
schéma directeur de l'eau et de l'assainissement au Tchad,
- L'existence de plusieurs ministères et
directions en charges des questions environnementales (élevage,
agriculture, eau, environnement etc.).
> Atouts en termes de textes juridiques sur
l'eau
- Le nouveau code de l'eau ;
- Le code foncier et
- Loi 23 du 22 juillet 1967 portant sur les statuts des biens
domaniaux ;
- Loi 24 du 22 juillet 1967 portant sur le régime de la
propriété foncière et les droits coutumiers ;
- Loi 24 du 22 juillet 1967 portant sur la limitation des droits
fonciers ;
- Décret n° 249/PR/MEE/02 définissant les
modalités et conditions de transfert a
titre provisoire par l'Etat aux collectivités
Territoriales Décentralisées, de ses
pouvoirs en matière de délégation de
Service Public de l'Eau Potable. - Décret n° 399/PR/MISD /97 du
10 septembre 1997 sur la décentralisation
> Atouts en termes d'institutions et
organisations
- Direction des ressources en Eau et de la
Météorologie (DREM). Aux termes de l'article 20 du décret
183/PR/PM /MEE /2001, cette direction est chargée, notamment de la
planification et de la programmation de l'exploitation des eaux superficielles,
ainsi que de la promotion des études liées a la connaissance et a
l'évaluation des réserves en eau de surface.
- Office National du Développement Rural (ONDR)
- Fonds d'Intervention Rural (FIR) ;
- Secrétariat Permanent des ONG (SPONG) ;
- Division de la statistique agricole (DSA) ;
- Direction du financement et du suivi des programmes et
projets.
- Il ya aussi les organisations de producteurs qui sont de
groupement villageois d'intérêt économique ;
- L'existence des projets et programmes inspirées des
anciennes initiatives de gestion de l'eau et d'assainissement.
6.2 PERSPECTIVES
La politique de l'agriculture irriguée au Tchad,
basée sur l'aménagement hydroagricole a connu un succès
technique. Raison pour laquelle, des projets et programmes ne cessent
d'actualiser leurs activités sur le terrain. Cependant les principaux
secteurs d'utilisation d'eau ne concernent pas que l'agriculture mais aussi
l'élevage, les industries, les usages
domestiques, les écosystèmes aquatiques et la
navigation. L'agriculture, avec 190 millions de m3 d'eaux par an, est de loin
la plus grosse consommatrice d'eau. Les usages domestiques consomment 40
millions de m3/an alors que l'usage industriel a un
prélèvement négligeable. Avec ces volumes, les projections
font ressortir qu'à l'avenir l'exploitation du pétrole fera
augmenter le niveau de pression sur les ressources en eau au Tchad. Toutefois,
le schéma directeur de l'eau et de l'assainissement prévoient la
prédominance de l'agriculture sur les autres secteurs jusqu'aux horizons
2020 (FAO, 2005). D'où la nécessité d'un plan de gestion
intégrée pour assurer un développement durable du secteur
agricole au Tchad.
La gestion dans son sens large, souligne que nous devons non
seulement nous concentrer sur la mise en valeur des ressources en eau mais que
nous devons gérer consciemment la mise en valeur de l'eau de
manière à assurer son utilisation durable à long terme
pour les générations futures. La gestion intégrée
des ressources en eau est donc un processus systématique pour le
développement durable, l'attribution et le suivi de l'utilisation des
ressources en eau dans le contexte des objectifs sociaux, économiques et
environnementaux (notes de cours). Dans le Boite à Outils de la GIRE, il
est rappelé qu'il n'existe pas de schémas de réformes qui
garantissent de bons résultats dans tous les pays. Les décideurs
devront apprécier quelles réformes, quels outils de gestion ou
organisations institutionnelles sont les plus appropriés au vu du
contexte culturel, social, politique, économique et environnemental
spécifique qui constitue le cadre pour les réformes. Le cadre
institutionnel et politique actuel du Tchad a bien cerné le cadre des
reformes, bien que certains aspects de gestion intégrée ont
été négligés. Les différents programmes et
projets (PNSA, PSSA, PNRP PROADEL, PVERS etc) devraient donc diriger leurs
actions vers une démarche globale de GIRE. Ceci en prenant en compte les
enjeux que présentent les bassins versants au sein desquels se trouvent
les sources d'eau exploitées. Un plan national de gestion
intégrée des ressources en eau est à initier avec le
concours de ces programmes et projets qui pour la plupart sont en cours de mise
en oeuvre. Globalement, des études complémentaires sont
nécessaires pour évaluer certains aspects techniques qui n'ont
pas été pris en compte lors de cette étude
(évaluation des pertes en eau des systèmes actuels d'irrigation,
les besoins en eau réels des différentes plantes cultivés
dans le contexte climatique et de sol des périmètres).
VII. RECOMMANDATIONS
Les réalités observées dans le cadre de
cette étude, ont conduit à constaté les efforts de l'Etat
en matière de développement durable et particulièrement la
gestion rationnelle des ressources en eau. Cependant, il est évident que
ces initiatives ne sont pas développées dans la vision du
processus GIRE et que certains résultats obtenus peuvent être
capitalisés dans ce cadre. A cet effet nous formulons les
recommandations suivantes.
7.1 ETAT ET POLITIQUE
A l'Etat, nous proposons l'élaboration d'un plan
national de gestion intégrée des ressources en eau (PANGIRE)
à partir des plans d'action des différents projets et programmes
et sur la base des principes du Schéma Directeur de l'Eau. Pour cela
nous rappelons les étapes simplifiées de ce processus de
planification de la GIRE. Les étapes suivantes à respecter sont
proposées en tenant compte des situations locales constatées lors
de cette étude.
a) Initiation
Elle peut être interne, externe ou combinée et
est dérivée de l'engagement du gouvernement et des personnels
formés. Il suffit dans le cas spécifique du Tchad de faire une
capitalisation des acquis pour aboutir à un document de
référence actualisé. Ce document devra être
utilisé dans le respect de la vision du schéma directeur de l'eau
au Tchad.
b) Vision politique
Au dépend des chartes et conventions internationales,
de la politique nationale en faveur du sociale, de l'agriculture, du plan et de
l'économie, une visions spécifique à long terme
axée sur les ressources en eau devra être formulée à
la suite de l'initiation. Pour ce faire, les institutions
spécialisées ont la charge de :
· Mettre en place une équipe chargée de
proposer la vision politique et le processus de planification
conformément aux orientations du Schéma directeur de l'eau au
Tchad,
· Mettre en place une équipe des personnes
ressources plus élargies et des acteurs concernés chargées
de gérer le pilotage des processus.
c) Plan de travail et participation des parties
prenantes
A partir du document de référence
élaborée à la phase d'initiation, l'équipe mise en
place devra bien capitaliser et intégrer toutes les parties prenantes
afin de favoriser leur implication effective et d'élaborer de consensus
un plan de travail pour conduire le processus. Pour cela il serait important de
:
· Réaliser des sessions de rencontres et
discussions élargies pour assurer l'adhésion des parties
prenantes identifiées. Tous les groupes cibles doivent être
intégrés dans le processus,
· Elaborer un programme d'action à suivre pour
atteindre les objectifs fixés dans les sessions de travail y compris les
moyens financiers et humains.
d) Définition d'une vision
stratégique
Elle est relative à une vision politique à
très court terme mais orienté vers des objectifs plus concrets.
Elle permet d'avoir une vision spécifique des ressources en eau au
travers d'une politique nationale de l'eau conforme à la GIRE
sollicitée par l'état. L'équipe constituée des
parties prenantes est plus impliqué à la définition de
cette vision en collaboration avec les responsables politiques
(Ministères)
e) Analyse situationnelle
Sur la base des acquis et des initiatives en cours,
l'équipe opérationnelle de rédaction su plan national est
chargé de :
· Faire des analyses de situation de l'ensemble des
initiatives en matière de gestion des ressources en eau (besoin
d'expert)
· Identifier a partir d'analyses des faits, les
problèmes et contraintes lies a l'eau (besoin d'expert). Cette phase
précisera d'avantage les forces et faiblesses dans la gestion des
ressources en eau et précisera les aspects qui devraient être
traités afin d'améliorer la situation et être sur la voie
de la réalisation de la vision.
f) Stratégies de gestion de l'eau
De la vision stratégiques et analyse situationnelle,
devront découlés des orientations stratégiques et
objectifs pour le PANGIRE. Ces orientations constituent des axes par lesquels,
des actions seront définies conduites et suivies. Chaque orientation
doit être donc traduite en action (une orientation donne lieu à
plusieurs actions), lesquelles seront traduites à leur tour en
activités. Un chronogramme de mise en oeuvre des activités sera
ainsi établi pour une meilleure projection dans le temps (besoin d'un
expert).
g) Plan GIRE préparé et
approuvé
Sous la base des autres points, un Plan national GIRE doit
être rédigé, budgétisé, et mis en forme avec
la participation des parties prenantes et des experts. Le gouvernement devra
donc amender ou approuver le plan pour sa mise en oeuvre.
h) Mise en oeuvre et évaluation
(monitoring)
C'est la phase de définition des méthodes et
responsabilités pour la conduite du PANGIRE dans le respect de la vision
politique nationale, régionale et internationale. Une équipe de
coordination et de suivi de cette mise en oeuvre est à
définir.
7.2 ORGANISMES DE DEVELOPPEMENT, PROJETS
ET POPULATIONS
7.2.1 Populations
Les populations du Tchad en général et celles de
Droh gana en particulier sont appelées à être responsables
sur les questions d'investissement. En effet elles doivent :
- s'organiser en organisation paysanne forte capable de
défendre leurs engagements vis-à-vis de l'administration,
- recenser leurs besoins en matière de gestion de l'eau et
d'agriculture auprès de leur OP
laquelle acheminera la liste au près des chefs
traditionnels ou collectivités territoriales, - de participer aux
séances de formation que peuvent organiser les ONG et projets
locaux (séances ciblées et mixtes),
- s'intéresser à la chose publique (appel au
civisme) puisqu'elle est pour l'intérêt de tous,
7.2.2 Organismes et Projets de développements
Les responsables des organisation et projets doivent appeler
à la participation des groupes cibles dans le montage des actions
à mener. Les OP doivent être représentées dans les
réunions de décisions et techniques pour exprimer la vision des
bénéficiaires. Il est important de favoriser un climat de
démocratie lors de concertations. Parmi les actions spécifiques
à mener, les ONG et projets peuvent :
- développer en commun des thèmes précis de
formation pour renforcer les
capacités des paysans leaders et surtout celles des femmes
et jeunes paysans,
- informer d'avantage les paysans sur l'importance de la
ressource en eau en tenant
compte des autres usages et l'écosystème dans
lequel elle se trouve,
- De recenser avec l'aide des femmes et enfants les besoins
sociaux liés à l'eau dans les différents villages
pilotes,
- D'initier des projets pilotes d'organisation des comités
de gestion des périmètres et aussi de choix des besoins
prioritaires à satisfaire,
- D'assurer le suivi technique du fonctionnement de ces
comités technique villageois pour s'apercevoir des difficultés et
des réalités socio économiques des producteurs
engagés dans la gestion des périmètres irrigués,
- De tenir compte de tous les aspects
socio-technico-économique afin de bien évaluer les besoins en eau
et de définir les stratégies adéquates,
- De renoncer aux comportements de « patron » pour
favoriser la collaboration effective des populations et de l'administration et
dont de former par expérimentation des responsables techniques
compétents pour concrétiser l'ambition de bien gérer
l'eau, les équipements, les ouvrages, l'écosystème de la
ressource en eau.
Bibliographie
Ouvrages et articles
Legoupil, J. P., Lidon, B., Pousin, J. C., Tangara, B.,
Maïga, Illias M., pour un développement durable de l'agriculture
irriguée dans la zone soudano-sahélienne. Journal Afrique
agriculture 2000. N° 277.
Ministère de l'Environnement et de l'Eau, 2002.
Schéma directeur de l'eau et de l'assainissement 2003-2020.
Ministère de l'agriculture et de l'environnement, 1993.
Consultation sectorielle sur le développement rural, la
sécurité alimentaire et les ressources hydrauliques.
Ministère de l'agriculture, Ministère de
l'élevage et ressources animales, Ministère de l'Environnement et
des ressources halieutiques, 2005. Programme national de sécurité
alimentaire, première phase quinquennale (2006-2010), N'Djaména,
TCHAD, 90p.
Ministère du plan et de la coopération, 1994.
Aménagement des petits périmètres irrigués le long
du Chari (périmètre de Droh Gana). Programme PPDRZC/ADER,
N'Djaména Tchad, 33p.
Rapport national d'investissement TCHAD-Conférence de
Haut Niveau sur << L'eau pour l'agriculture et l'énergie en
Afrique: les défis du changement climatique », décembre 2008
Syrte, Jamahiriya Arabe Libyenne, 16p.
VAN Laere, P. E., 2003. Mémento de l'irrigation,
collection << Manuel Techniques ». Ingénieur Assistance
Internationale - Ingénieurs sans Frontières, Avenue du Marly, 48,
1120
Bruxelles - Belgique. 15p (
www.isf-iai.be
- mail@isf-iai.be ).
Sadou, S., 2004. Conception d'un petit périmètre
irrigué villageois à Ngaoundéré dans la province de
l`adamaoua. « Mémoire d'ingénieur agronome ».
Université de Dschang, Dschang Cameroun, 63 p.
Sites internet
AQUASTAT - Système d'information de la FAO sur l'eau et
l'agriculture.
http://www.fao.org/nr/water/aquastat/main/index.stm
http://www.oieau.org
VIII. ANNEXES
Annexe 1 : Carte de localisation du site
Annexe 2 : Photo du moteur 1135
Annexe 3 : Actuel plan du périmètre de
Droh Gana
Annexe 4 : Statistiques des ressources et
prélèvement de l'eau au Tchad
ANNEXE 1 : CARTE DE LOCALISATION DU SITE
|
Carte administrative du Tchad (manque de précision sur les
sites d'étude.)
ANNEXE 2 : MOTEUR DU CAMION 1135 (UTILISE POUR POMPER
DE L'EAU)
Cette image est celle d'un moteur d'un camion de type 1113 qui
a été acquis par les producteurs dans le but de rétablir
la station de pompage en arrêt à cause de la panne du groupe
motopompe. Ce moteur a couté une valeur de 5 000 000 FCA réunis
grâce à l'engagement des groupements villageois. Malgré cet
effort, le moteur, par manque des techniciens qualifiés, n'a pu donner
son meilleur que pendant un temps très bref.
ANNEXE 3 : ACTUEL PLAN DU PERIMETRE DE DROH
GANA
|
Le schéma ci dessus montre l'état
dégradé du périmètre irrigué de Droh Gana.
Les gros traits représentent les ouvrages en béton, encore en bon
état d'usage. Cependant les canaux secondaires sont entièrement
détruits sous la pression forte de l'érosion pluviale et
éolienne.
ANNEXE 4 : STATISTIQUES DES RESSOURCES ET PRELEVEMENT
DE L'EAU AU TCHAD
De cette répartition de la FAO, il ressort l'importance
de comprendre le potentiel de la ressource en eau au Tchad. Nous remarquons
clairement que les ressources en eau renouvelables réelles totales par
habitant restent très supérieures aux prélèvements
par habitant pour toute catégorie d'usage. Avec cette comparaison, les
populations du Tchad ne devraient en aucun cas souffrir de manque ou de
pénurie d'eau. Mais à cause de son inégale
répartition (dans le temps et dans l'espace), ces problèmes sont
récurrents pour tous les types d'usages et imposent à
l'état une bonne gestion (intégrée) de la ressource afin
de résoudre les problèmes d'accès à l'eau en
assurant sa disponibilité et sa bonne utilisation.
|