2- Cadre physique
La région de Matam est caractérisée par
la présence du fleuve Sénégal sur toute la partie
orientale et septentrionale. Le relief est relativement plat comparé au
reste du pays. Il est marqué par une vaste plaine incisée de
vallées. Les hautes levées sont la principale
caractéristique du relief. Leurs hauteurs diminuent d'amont en aval et
elles atteignent 13m à Matam.
La région peut être divisée en trois grandes
zones éco-géographiques :
- Le Daande Maayo qui correspond à la vallée du
fleuve constituée de dépressions et de micro reliefs.
- Le Ferlo qui est une zone latéritique dans la majeure
partie de son espace et sableux dans sa partie occidentale (vers
Lougguéré Thioly et Vélingara).
- Le Dieeri ou zone intermédiaire qui est la partie haute
non submersible par les eaux de crue (Région Médicale, 2004).
Le climat de la région est caractérisé
par deux saisons : une saison sèche qui va de novembre à juin et
une saison des pluies qui va de juillet à octobre. Sa température
moyenne annuelle maximale est de 37,3°C, tandis que la moyenne minimale
annuelle est de 22,3°C. La zone est marquée par une période
de hautes températures allant de février à juin où
les températures peuvent parfois atteindre des pointes de 48°C avec
une température moyenne
maximale se situant entre 43 et 45°C et une
période de basses températures qui va de juillet à janvier
dont la moyenne tourne autour de 22°C. Dans cette région,
l'insolation est assez importante et présente toute l'année. La
moyenne annuelle tourne autour de 235 heures par mois pour ces dix
dernières années. Soit 7 à 8 heures d'ensoleillement par
jour avec des maxima de 269 heures enregistrés aux mois de Mars et Avril
et des minima de 220 et 212 heures en Août et en Décembre (Projet
d'Appui à la Formulation des Agendas 21 Locaux, 2005).
La région est comprise entre les isohyètes 300
et 500 mm, avec des précipitations pouvant atteindre parfois 600 mm
d'eau dans la partie sud. Elle est soumise à l'alizé continental
appelé Harmattan et la mousson. Par ailleurs, des grains sont
observés pendant l'hivernage avec une vitesse atteignant une pointe de
28 mètres/seconde (80 Km/heure) accompagnée de poussières
très denses de direction nord-est à sud-est. (Service
Régional de la Prévision et de la Statistique de Matam, 2006).
Nous avons dans la région de Matam quatre types de sols
:
- les sols des berges du fleuve et des marigots appelés
« Falo », partie submersible ;
- les sols des levées fluvio-deltaïques
appelés « Foondé » qui sont à l'abri
des faibles crues, partie non submersible ;
- les sols lourds des cuvettes de décantation
appelés « Hollaldé » pouvant subir une longue
période de submersion au moment de la crue et
- les sols dunaires (Dieeri et Ferlo sableux) de texture
essentiellement sableuse (Dior) avec un taux d'argile faible de
l'ordre de 5% (Service Régional de la Prévision et de la
Statistique de Matam, 2004).
La végétation est quant à elle
dominée par des épineux (Balanites, acacia
senegalensis, aegyptiaca). Selon les zones
éco-géographiques, on retrouve tantôt des Balanites
aegyptiaca (Soump) et Acacia senegalensis sur les sols «
fondé », tantôt une strate arbustive constituée de
Acacia seyal (Sourour), Boscia senegalensis,
Zizuphus mauritiana (jujubier) etc. Mais avec la
détérioration des conditions climatiques, la tendance
générale de la végétation est à la
dégradation. C'est ainsi que l'on note la disparition de Faidherbia
albida (Kadd) qui, il y a quelques années colonisait
certaines zones et de Hyphaene thebaica (guelewi)
classé espèce intégralement protégée dans le
code forestier du Sénégal.
Le potentiel hydraulique de la région reste important
et est constitué des eaux de surface et des eaux souterraines. En effet,
L'hydrographie est caractérisée par des eaux de surface
abondantes et pérennes. La région de Matam est
particulièrement marquée par la prédominance du fleuve
Sénégal qui est la principale ressource en eau de surface et qui
traverse la région sur 200 km. Ce fleuve, avec ses affluents (Diamel,
Dioulole, Tiguéré et Barga) revêt une importance
particulière et structure globalement la vie des populations. A ce
réseau hydrographique s'ajoute une multitude de petites mares
temporaires qui se remplissent pendant la saison des pluies. Vers les mois de
Septembre et Octobre, ces mares se couvrent de nénuphars en fleurs qui
donnent au paysage un aspect fantastique.
Les eaux souterraines sont principalement la nappe du
Maestrichtien accessible à moins de 90 mètres dont l'exploitation
ne peut se faire que par la mise en place de forages et la nappe
phréatique peu profonde facilement accessible, exploitée
grâce aux puits. Ces ressources sont renouvelables et disponibles en
quantité.
Les caractéristiques physiques et les conditions
climatiques de la région de Matam ont une influence sur la santé
des populations. En effet, la nature de certains sols comme celle des Falo et
des Hollaldé est susceptible de provoquer des inondations notamment
pendant la saison des pluies. Les espaces couverts par les eaux deviennent des
gîtes larvaires favorisant ainsi le développement de certaines
maladies telles que le paludisme. Ce sont généralement les
enfants qui sont les plus exposés dans ces situations. A cela s'ajoute
les problèmes d'adduction d'eau potable qui amènent certaines
populations à recourir à des puits dont la qualité de
l'eau laisse à désirer et dont la consommation peut
entraîner des maladies diarrhéiques et des troubles digestifs. De
plus, pendant la saison sèche, la circulation du vent fait
déplacer beaucoup de poussières. Ce qui est souvent à
l'origine des infections respiratoires.
Le découpage administratif de la région de Matam
montre des déséquilibres importants entre les départements
notamment en termes de superficie et de localisation spatiale des populations.
Les conditions physiques du milieu surtout la disponibilité de l'eau
expliquent en grande partie la répartition des populations dont nous
allons étudier les caractéristiques
sociodémographiques.
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