ANNEE ACADEMIQUE 2008-2009
UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT-LOUIS UFR DES LETTRES ET
SCIENCES HUMAINES
SECTION DE GEOGRAPHIE/LABORATOIRE LEIDI OPTION :
ESPACE ET SOCIETES URBAINES
GEOGRAPHIE DU SYSTEME DE SOINS DANS LA REGION
DE MATAM : QUELLE ADEQUATION ENTRE L'OFFRE ET LES DEMANDES DE
SOINS
PRESENTE PAR SOUS LA DIRECTION DE
Tapsirou Hamath BA Dr. Fatou Maria DRAME
Maître assistante associée
v
DEDICACE
A Hamady Oumar BA, mon cher pere, pour ton amour et ton
soutien indefectibles.
v A Faty Ibrahima SY, ma chere mere qui ne ménage
aucun effort pour le bonheur et la reussite de ses enfants.
v A Deda, mon grand frere, a Mbathio et Mebo mes soeurs,
brus quement arraches a notre affection. Que Dieu les accueille dans Son
paradis eternel.
v A mes sceurs et mes freres, pour votre amour qui m'est
tres precieux.
v A Cheikh AW, Balle BA, Abdoul NDONGO, Ali THIAM et
Mamadou Lamine DIATTA, mes amis : vous etes les meilleurs !
A tous ceux qui me sont chers, ce travail est le
votre.
REMERCIEMENTS
A vous, sans qui ce travail ne verrait jamais le
jour. Merci du fond du cceur a :
> Mme DRAME, pour avoir accepté d'encadrer ce
mémoire ;
> Dédé Aminata et a sa famille pour
leur aimable hospitalité ;
> M. TOURE, ICP de Nabadji-Civol ;
> M. DIA, medecin chef de la Region Medicale de Matam
;
> M. MBODJI, technicien superieur de sante a la
Region Medicale de Matam ;
> L'ensemble du corps professoral et du personnel
administratif de la section de Geographie ;
> Alpha BA qui, des ma premiere annee a l'universite,
m'a montre le chemin ;
> Daouda BA, Haby BA, Racky BA, Ali BA, Mairame BA,
Mamadou BA, et Bineta BA qui ont toujours su me soutenir et m'encourager
;
> Mon voisin Saliou DIOP ;
> Maritime Aidara ;
> Oumou Hany ;
> Elimane Seye;
> Mes oncles et tantes pour leurs precieux conseils
et prieres.
> Mes camarades de promotion ;
> Tous ceux qui ont, d'une maniere ou d'une autre,
contribue a la realisation de ce travail.
A tous ceux-ci, je formule mes sinc~res
gratitudes.
SOMMAIRE
LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET TABLEAUX P.4
SIGLES ET ABREVIATIONS P.5
INTRODUCTION P.6
Problématique ..P.7
Définition des concepts P.11
Méthodologie P.13
REMIERE PARTIE : PRESENTATION DU CADRE D'ETUDE
P.18
Chapitre I : PRESENTATION DE LA REGION DE MATAM
P.19
1- Situation géographique et organisation administrative
...P.19
2- Cadre physique P.24
Chapitre II : CARACTERISTIQUES SOCIODEMOGRAPHIQUES
P.27
1- Structure par âge de la population
P.28
2- Composition ethnique de la région
P.29
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION, ANALYSE ET
INTERPRETATION DES RESULTATS P.30
Chapitre III : LOCALISATION DES STRUCTURES DE SOINS ET
REPARTITION DU PERSONNEL DE SANTE P.31
1- Localisation des structures de soins
P.32
2- Répartition du personnel de santé
P.34
Chapitre IV : OFFRE DE SOINS ET DEMANDES DE SOINS
..P.37
1- Offre de soins P.37
2- Demandes de soins P.44
CONCLUSION P.48
ANNEXES P.51
LISTE DES CARTES, GRAPHIQUES ET TABLEAUX
Carte 1 : Carte de localisation de la
région de Matam P.20
Carte 2 : Carte de localisation du
département de Matam .P.21
Carte 3 : Carte de localisation du
département de kanel P.22
Carte 4 : Carte de localisation du
département de Ranérou P.23
Carte 5 : Carte des densités de la
région de Matam P.27
Carte 6 : Carte sanitaire de la
région de Matam P.33
Carte 7 : Accessibilité spatiale
des centres de santé P.39
Carte 8 : Accessibilité des postes
de santé par rapport à une route P.40
Carte 9 : Accessibilité des
postes de santé par rapport à une piste P.41
Graphique 1 : Structure par âge des
habitants de la région de Matam P.28
Graphique 2 : Composition ethnique de la
région de Matam P.29
Graphique 3 : Personnel de santé
à Matam P.34
Graphique 4 : Personnel de santé
à Kanel P.34
Graphique 5 : Personnel de santé
à Ranérou P.35
Graphique 6 : Médecin et
sage-femme par département P.36
Graphique 7 : Infirmier par
département P.36
Tableau 1 : Structure par âge des
habitants de la région de Matam P.28
Tableau 2 : Couverture en infrastructure
sanitaire dans la région de Matam en 2007 ..P.37
Tableau 3 : Couverture en personnel de
santé dans la région de Matam en 2007
.....P.43
Tableau 4 : Dix premières
affections de morbidité P.44
SIGLES ET ABREVIATIONS
ASC : Agent de Santé Communautaire
ICP : Infirmier Chef de Poste
OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
PDIS : Programme de Développement
Intégré de la Santé PNDS : Plan National
de Développement Sanitaire et Social SSP : Soins de
Santé Primaires
UNICEF : Fonds des Nations Unies Pour L'Enfance
URSS : Union des républiques socialistes
soviétiques
INTRODUCTION
La région de Matam est située à 450 km de
la ville de Saint-Louis. Elle est la 11ème région du
Sénégal créée en 2002 suite à la
promulgation de la loi 2002 du 15 février 2002 complétée
par le décret 2002-166 du 21 février 2002. Elle couvre une
superficie de 29 616 km2 soit 1/7ème du territoire
national. Elle est la 2ème région la plus vaste
après celle de Tambacounda. La population est estimée selon les
résultats du Recensement Général de la Population et de
l'Habitat de 2002, à 423 041 hts. Celle-ci est composée
majoritairement de ruraux dont l'activité économique principale
est l'agriculture. La pauvreté est fortement présente dans cette
région. Et, elle touche surtout les populations des zones rurales. Ce
qui se traduit par une population à majorité pauvre et peu
instruite avec comme corollaire des carences alimentaires, des conditions
d'hygiène individuelle et collective précaires, un faible
accès aux soins de santé. La conséquence de tout cela est
une dégradation de l'état de santé des populations.
Cependant, cette situation est loin d'être
homogène dans toute la région. En effet, les niveaux de
pauvreté sont plus élevés en zones rurales qu'en zones
urbaines. Selon le Rapport Analytique Santé et
Pauvreté-Sénégal, en 2001, « 57,5% des ménages
ruraux sont pauvres contre 43,3% dans les villes du pays hors Dakar où
un ménage sur trois l'est ». Ceci reflète également
les disparités qui existent en termes de santé entre les
populations des milieux ruraux et celles des milieux urbains. Car, les liens
entre santé et pauvreté sont avérés. Ainsi, «
les enfants et les mères des quintiles supérieurs, habitant la
région de Dakar ou les autres régions relativement riches vivent
systématiquement plus longtemps et sont en meilleure santé que
les enfants et les mères des quintiles inférieurs, habitant les
régions pauvres ; ceci avec des différences parfois très
importantes » (Banque Mondiale, 2006). Dans la région de Matam, le
faible niveau de santé est surtout lié au niveau de revenu des
populations qui, dans l'ensemble est relativement bas, mais aussi au taux
d'analphabétisme fort élevé notamment celui des femmes.
D'autres facteurs peuvent également intervenir par exemple,
l'accès à l'eau potable, les conditions sanitaires,
l'accès limité aux soins préventifs et curatifs de base
ainsi que la localisation spatiale, les dotations en infrastructures et les
maladies infectieuses.
Ainsi, pour réduire les disparités et lutter
contre la pauvreté, les autorités ont mis l'accent sur
l'utilisation judicieuse des ressources. Ce qui entraîna l'idée
d'une gestion de proximité des affaires des populations basée sur
la décentralisation avec le transfert de 9 domaines de compétence
dont la santé.
PROBLEMATIQUE
La santé est perçue dans le monde comme un
indicateur de développement. Améliorer la santé des
populations est un défi auquel la communauté internationale fait
face depuis des décennies. Les pays du sud se sont également
illustrés à ce propos. En effet, plusieurs initiatives ont
été prises en ce sens. C'est ainsi qu'en mai 1978, une
conférence internationale a été organisée à
Alma Ata (Ex URSS). Celle-ci s'est tenue sous les auspices de l'UNICEF (Fonds
des Nations unies pour l'enfance) et de l'OMS (Organisation mondiale de la
santé). A Alma Ata, les représentants des gouvernements des pays
en voie de développement se sont donné pour objectif la «
Santé pour tous en 2000 »; ils ont alors défini d'une
manière très claire le principe de soins de santé
primaires (SSP) généralisés qui devrait leur permettre
d'atteindre ce but (John S Owen, 1986). Dans cette perspective, ces deux
organisations ont aussi tenu un autre congrès à Bamako en 1987. A
l'issue de cette conférence des propositions diverses ont
été formulées dans le but de réduire les taux
élevés de mortalité dans les pays du sud notamment ceux
maternels et infanto-juvéniles (Abdou Salam FALL, Dakouri GADOU et
Laurent VIDAL, 2005).
Au Sénégal, des politiques allant dans ce sens
sont jusqu'à présent adoptées dans le seul souci
d'améliorer les conditions sanitaires des populations. En effet, le pays
a compris très tôt l'importance du secteur de la santé. Et
cela se vérifie dans l'article 14 de la constitution où il est
écrit : « l'Etat et les collectivités publiques ont le
devoir social de veiller à la santé physique, morale et mentale
de la famille » (Service National de l'Information Sanitaire, 2005). Le
Sénégal a également mis sur pied plusieurs programmes de
santé parmi lesquels le Plan National de Développement Sanitaire
et Social (PNDS) pour la période 1998-2007. Ce plan a permis de
procéder à plusieurs réformes à la fois
législatives et institutionnelles touchant principalement les
hôpitaux, les médicaments et les pharmacies. Il y a aussi le
Programme de Développement Intégré de la Santé
(PDIS) qui couvrait une période de cinq ans (1998-2002). Il est la
traduction concrète des priorités en matière de
santé définies dans le PNDS. Les objectifs visés par ce
programme sont la réduction de la mortalité maternelle et
infanto-juvénile et la maîtrise de la fécondité.
L'ensemble de ces initiatives pourrait expliquer les avancées
notées dans le secteur sanitaire sénégalais. Mais,
même si le Sénégal possède des indicateurs de
santé qui, dans l'ensemble, sont acceptables, des disparités
importantes existent entre les régions mais aussi entre les villes et
les campagnes.
La région de Matam est un exemple pertinent de cette
situation. En effet, les ruraux, qui occupent une place
prépondérante dans la population totale de la région de
Matam (272249 hts en 2002, soit 65 % de la population régionale)
accèdent difficilement aux services sanitaires du fait d'un manque de
moyens financiers ou même d'informations ainsi que de l'inexistence ou de
l'éloignement de ces structures.
En milieu rural, les habitants vivent relativement
éloignées des centres de santé et ils ont le plus souvent
recours aux cases ou postes de santé pour obtenir les soins de base.
Ainsi, si on ajoute à ces disparités certaines
maladies endémiques comme le paludisme et les maladies
diarrhéiques qui frappent les populations de la région de Matam,
on pourrait plus ou moins comprendre ce qui est à l'origine des forts
taux de mortalité notés dans cette zone. La forte
mortalité notamment celle infanto-juvénile et maternelle (439
femmes sur un échantillon de 100.000 perdent la vie en donnant la vie),
(Région Médicale 2008) est un indicateur très pertinent de
la situation sanitaire des habitants de Matam. D'où l'importance
accordée à l'offre de soins dans toutes les politiques visant
à améliorer les conditions de vie des populations de la
région de Matam.
a- INTERETS DE LA RECHERCHE
Notre étude sur le système de soins de la
région de Matam a pour intérêt la participation à
l'amélioration des travaux scientifiques traitant la santé des
individus en rapport avec leur espace. Sachant que la région n'a pas
véritablement fait l'objet de recherches particulières allant
dans ce sens, l'on trouve intéressant de s'adonner à cet exercice
dans le but de produire un document scientifique sur lequel pourront s'appuyer
les chercheurs et les responsables de la santé au Sénégal
voire dans le monde. Cette étude permettra de montrer l'importance de la
santé dans la vie de la population matamoise. Elle permettra
également de comparer l'offre de soins aux demandes de soins des
habitants. Et, cela faciliterait la mise en oeuvre des politiques de
réhabilitation ou de construction de structures sanitaires et
éventuellement de rectification pour réduire les
disparités qui existent entre les zones et entre les populations.
b- OBJECTIFS DE LA RECHERCHE
Les objectifs visés par cette étude sur le
système de soins de la région de Matam consistent à
: > localiser les équipements sanitaires ;
> étudier leurs aires de desserte et leur
accessibilité ;
> analyser la répartition du personnel ;
> étudier les demandes de soins des populations de
Matam ; > comparer l'offre avec la demande de soins.
c- HYPOTHESES DE RECHERCHE
Notre thème d'étude revêt une importance
toute particulière au vu de la situation sur le plan sanitaire de la
région de Matam. Pour mieux élucider ces faits de santé,
deux hypothèses constitueront les axes autour desquels vont être
construites les formulations de réponse à nos
éléments de problématique.
> Hypothèse 1 :
La répartition des infrastructures sanitaires et du
personnel de santé dans la région de Matam montre des
disparités considérables entre les districts sanitaires. Ce qui
est à l'origine des inégalités dans la prise en charge des
habitants en matière de santé.
> Hypothèse 2 :
L'offre de soins dans cette région est loin de
répondre aux besoins des populations et constitue à cet effet un
véritable problème de santé à Matam.
DEFINITION DES CONCEPTS
Plusieurs concepts sont utilisés dans cette
étude. Il est alors préférable de les définir dans
le but d'écarter toute source d'ambiguïté concernant le sens
de notre sujet de mémoire. Les concepts clés sont :
adéquation, demande de soins, offre de soins, région
médicale et système de soins.
Adéquation : selon Microsoft
Encarta 2009, le terme désigne une concordance parfaite entre deux
éléments. Pour ce qui est de son emploi dans notre thème
d'étude, il signifie une adaptation parfaite entre l'offre de soins et
les demandes de soins.
Demande de soins : selon Les 9
Dictionnaires Utiles, le terme demande découle du verbe demander qui
signifie exprimer à quelqu'un qu'on désire obtenir quelque chose
de lui.
Alors que la notion de soins renvoie à tout acte
médical visant à relativiser la santé d'un malade
(Picheral, 1984).
A notre niveau, le concept de demande de soins signifiera
l'action de solliciter les services d'un praticien (médecin, infirmier,
sage-femme etc.) dans le but de conserver ou de rétablir sa
santé.
Offre de soins : c'est l'ensemble des
infrastructures, des ressources et des activités mobilisées pour
assurer des prestations de soins et de services en vue de répondre aux
besoins de la population (A. Belghiti Alaoui, 2007). Nous nous focaliserons
uniquement sur les ressources humaines notamment le personnel soignant
(infirmiers, médecins, sages-femmes...) et leurs lieux d'exercice
(hôpitaux, centres de santé, postes de santé et cases de
santé).
Région médicale :
unité territoriale administrative groupant des départements, la
région est également une collectivité locale à
l'instar de la commune et de la communauté rurale. Les frontières
de la région comme collectivité locale sont donc confondues avec
celles de la région comme circonscription administrative. (FALL Aminata,
2007).
Les limites de la région administrative correspondent
aussi à celles de la région médicale. Celle-ci est
dirigée par un médecin de santé publique qui est le
principal animateur de l'équipe cadre composée de l'ensemble des
chefs de services rattachés à la région médicale
(Ministère de la Santé et de la Prévention, 2007).
La région médicale est chargée sur les
plans stratégique et technique, de la planification, de
l'évaluation, de la gestion, de la coordination et de la supervision de
l'action sanitaire sur toute l'étendue géographique d'une
région. Chaque région est dotée d'au moins un
hôpital régional qui est l'unité de référence
du district. Le médecin-chef de la région médicale
coordonne les activités sanitaires de la région. La région
médicale dispose d'un secteur de Grandes endémies, d'une brigade
d'Hygiène, d'un bureau de l'éducation pour la santé, d'un
bureau de l'alimentation et de la nutrition et d'un bureau de la statistique.
(Laurent Vidal, Abdou Salam Fall et Dakouri Gadou, 2005).
Système de soins : c'est la
partie du système de santé correspondant à l'offre de
soins. Il concerne l'organisation et les caractères de la distribution
des soins d'un point de vue administratif, juridique, économique, social
et spatial (PICHERAL ,1984).
Le système de soins que nous allons étudier est
organisé selon une structure pyramidale « qui va de la case de
santé où exerce un agent de santé communautaire ou un
infirmier nondiplômé, au poste de santé placé sous
la responsabilité d'un infirmier diplômé d'Etat
éventuellement secondé par des personnels paramédicaux, et
au centre de santé dirigé par un ou des médecins »
(Gérard Salem, 1998).
METHODOLOGIE
Cette partie met en exergue le processus de notre recherche. Il
comprend l'histoire de la collecte, les outils de la collecte et les
difficultés rencontrées.
I. L'histoire de la collecte
> La recherche documentaire :
Elle est exigée dans tout travail scientifique car
permettant de recueillir de multiples informations concernant un thème
d'étude. Notre recherche documentaire s'est d'abord portée sur
des ouvrages généraux et spécifiques ayant traits à
la géographie de la santé, à la santé au
Sénégal et à la région de Matam. Cette étape
nous a permis d'avoir une vision éclairée de notre
problème de recherche. Nous avons également recouru aux
mémoires de maîtrise pour collecter un certain nombre
d'informations ayant un rapport avec notre thème d'étude. Cette
documentation s'est déroulée tout au long de notre travail.
Quelques ouvrages de références :
a. « La santé dans la ville.
Géographie d'un petit espace dense : Pikine (Sénégal
» (1998), écrit par Gérard SALEM, nous a permis de
connaître beaucoup de concepts sur la géographie de la
santé et nous a également donné de multiples informations
relatives à la santé au Sénégal.
b. « Les professionnels de santé en Afrique
de l'Ouest : Entre savoirs et pratiques», (2005) publié par
Abdou Salam FALL, Dakouri GADOU et Laurent VIDAL où ils mettent l'accent
sur les politiques de santé en Afrique. Cet ouvrage nous a permis de
mieux connaître le système de soins sénégalais.
c. « Le village et le bidonville : Rétention
et migration des populations rurales d'Afrique », 1986 dans lequel
John. S OWEN parle des problèmes de santé en zone rurale.
Nous avons aussi recouru à l'Internet où nous avons
pu télécharger des documents officiels en format PDF comme les
Enquêtes Démographiques et de Santé et des TER notamment
les mémoires publiés sur le site de Mémoire OnLine dont
celui écrit par Tao Vridaou en 2005 qui s'intitule "Les
déterminants de la mortalité infanto-juvénile au
Tchad".
Cet exercice nous a permis d'enrichir nos connaissances sur notre
thème de recherche. > La
pré-enquête :
Elle est la phase qui précède l'enquête
proprement dite. Elle permet de mieux comprendre de manière
générale le cadre d'étude et de rencontrer quelques unes
de nos personnes sources.
Nous nous sommes alors mis à la découverte des
nos zones cibles c'est-à-dire là où l'on devait recueillir
les informations dont on a besoin. C'est ainsi que nous avons pu nous rendre
à la Région Médicale et au District Sanitaire de Matam.
Ces deux locaux se trouvent au sein même du centre de santé de
Matam. Nous y avons rencontré le médecin-chef de région
qui nous a donné l'autorisation de commencer nos enquêtes et
celui-ci nous a mis en relation avec un technicien supérieur de
santé pour des informations supplémentaires. Nous nous sommes par
la suite rendus à l'hôpital régional qui se trouve à
Ourossogui et dans plusieurs postes de santé.
Nous avons choisi pendant cette phase les personnes à
enquêter. C'est-à-dire celles dont nous avons pu avoir le
consentement et celles qui avaient du temps à nous accorder.
> L'échantillonnage :
La recherche documentaire que nous avons effectuée nous
a permis de connaître les données dont nous avons besoin dans le
cadre de notre étude. Elle nous a amené par la suite à
choisir notre méthode d'échantillonnage qui est celle de
l'échantillonnage à choix raisonné. Car, le choix des
individus enquêtés s'est fait de manière
délibérée. Nous avons décidé de rencontrer
le médecin chef de région pour avoir des informations qui
concernent toute la région médicale. Ensuite, nous avons
rencontré l'infirmier chef de poste de Nabadji dans le but de collecter
des données relatives à la demande de soins des populations.
Enfin, nous nous sommes rendus dans cinq ménages pour connaître
les besoins de santé des populations et recueillir leur impression sur
l'offre de soins.
> L'enquête proprement dite :
Elle s'est déroulée du vendredi 20 mars au
samedi 28 mars. Nous avons utilisé pendant cette phase des entretiens
semi-directifs. Ils ont été administrés au technicien
supérieur de santé de la Région Médicale de Matam
chargé de la communication, à un ICP, aux patients et aux
personnes interrogées dans les différents ménages que nous
avons visités.
Les principaux thèmes abordés sont :
1- Le nombre de structures de soins et leur répartition
dans chaque district sanitaire ;
2- Le nombre de médecins dans les trois districts
sanitaires et leur qualification ;
3- Les disparités entre les différents districts
sanitaires ;
4- Les demandes de soins ;
5- L'aire de recrutement de certaines structures de santé
et leurs niveaux de fréquentation par les populations ;
6- Le recours aux soins ;
7- L'appréciation de l'offre par les populations ;
8- Les solutions préconisées.
Ces entretiens ont eu lieu à Nabadji, à Thilogne,
à Ourossogui et à Matam. La durée moyenne de ces
entretiens varie entre 10 et 15 minutes.
Nous avons au total enquêté 15 individus parmi
lesquels 8 malades et accompagnants, 1 infirmier chef de poste, 1 technicien
supérieur de santé et 5 personnes trouvées dans les
ménages enquêtés.
II. Les outils de la collecte :
Nous avons précisément adopté trois
méthodes à savoir l'observation, l'entretien et le questionnaire
pour collecter des données à la fois quantitatives et
qualitatives.
L'observation du milieu nous a permis de recueillir des
informations et d'avoir une idée claire sur ce qui se passe
réellement sur le terrain. Ainsi, nous avons procédé
à l'observation directe afin de nous rapprocher de notre champ
d'étude et surtout de nos enquêtés.
Par ailleurs, lors de nos opérations de collecte de
données nous avons aussi fait usage des entretiens.
Nous avons recouru aux entretiens afin de recueillir des
informations utiles à notre recherche. Ils ont été
administrés à des personnes ressources notamment le
médecin-chef de région, un technicien supérieur de
santé et l'infirmier responsable du poste de santé de
Nabadji. Le type d'entretien utilisé est l'entretien
semi-directif. Le temps d'administration a varié entre 20 et 30
minutes.
Nous avons terminé par les questionnaires qui nous ont
permis d'avoir des données sociologiques (âge, lieu de
résidence, ethnie, situation matrimoniale, niveau d'instruction,
activité socioprofessionnelle) des différentes personnes
interrogées et des données relatives à leur recours aux
soins.
III. Les difficultés rencontrées
Notre travail n'a pas été exempt de
difficultés. Le premier problème auquel nous avons
été confrontés est l'indisponibilité des ouvrages
en rapport avec notre thème de recherche. Cela est principalement
dû au fait que nous nous sommes engagés dans une discipline
très récente au Sénégal à savoir la
Géographie de la santé. Ce qui se traduit par une
quasi-inexistence de documents qui étudient le système de soins
de la région de Matam au niveau de la bibliothèque universitaire
de Saint-Louis et des centres de documentation que nous avons eu à
visiter.
C'est à cet effet que nous avons recouru à
l'Internet. Cependant, nous n'avons pas pu trouver tout ce que nous
espérions surtout à cause de la pléthore d'informations
disponibles qui nécessite un minutieux travail de tri pour ne retenir
que les données pertinentes pour notre recherche.
Nous avons également eu quelques difficultés
à faire parler toutes les personnes abordées dont certaines
étaient très méfiantes et d'autres très timides.
Mais nous avons pu les mettre en confiance grâce à notre
maîtrise de la langue pulaar dont nous avons usé pour leur
expliquer le but nos interrogations. Par ailleurs, l'obstacle majeur auquel
nous avons été confrontés c'est de n'avoir pas pu
rencontrer les responsables des services de santé surtout à
l'hôpital de Ourossogui qui se disaient tous trop occupés. L'autre
problème non négligeable s'agit de l'éloignement de notre
zone d'étude par rapport à l'université qui ne nous a pas
permis de faire plusieurs déplacements. Ce qui a considérablement
réduit nos chances de passer plus de temps dans notre champ
d'étude.
Dans cette perspective, pour mener à bien notre
étude, nous adoptons un plan articulé autour de deux grands axes
:
· D'abord, nous présenterons notre cadre
d'étude en insistant, en premier lieu, sur la situation
géographique, l'organisation administrative et le cadre physique de la
région de Matam et en second lieu sur les caractéristiques
sociodémographiques notamment la structure par âge de la
population et la composition ethnique de la région. ;
· Enfin, la seconde partie, sera exclusivement
réservée à la présentation, à l'analyse et
à l'interprétation des données que nous avons recueillies
sur le terrain. Elle étudiera la localisation des structures de soins et
la répartition du personnel de santé ainsi que l'offre et la
demande de soins dans la région de Matam.
PREMIERE PARTIE : Présentation du cadre
d'étude
Cette première partie qui s'intitule
Présentation du cadre d'étude est composée de deux
chapitres à savoir la présentation de la région de Matam
et les caractéristiques sociodémographiques de la population. Le
premier chapitre étudie la situation géographique et
l'organisation administrative de la région ainsi que son cadre physique.
Le second chapitre aborde la structure par âge de la population et la
composition ethnique de la région. Nous tenterons d'étudier ces
deux chapitres en rapport avec la santé.
CHAPITRE I : présentation de la région de
Matam
1- Situation géographique et organisation
administrative
La région de Matam est située entre les
14°20 et 16°10 de la latitude nord et les12°40 et 14°60 de
la longitude ouest. Elle est limitée au nord par la république
Islamique de Mauritanie et la région de Saint-Louis, au sud et au
sud-est par la région de Tambacounda, au sud-ouest par la région
de Kaolack, à l'est par la Mauritanie et à l'ouest par la
région de Louga.
La région, constituée de l'ancien
département de Matam, auquel sont rattachées les
communautés rurales de Lougguéré-Thioly (arrondissement de
Dodji) et Vélingara (Arrondissement de Barkédji), est depuis 2002
composée de trois (3) départements à savoir Matam, Kanel,
et Ranérou - Ferlo.
Chaque département est couvert par un district
sanitaire qui est chargé "de la mise en oeuvre des programmes et actions
de santé à assises communautaires" (FALL Abdou Salam, GADOU
Dakouri, VIDAL Laurent, 2005). Un district sanitaire doit au moins être
doté d'un "centre de santé comme infrastructure de soins
primaires, les soins dispensés par les postes de santé
étant considérés de niveau secondaire. Le district dispose
d'un médecin, d'une équipe cadre de district et d'un
réseau de 10 à 25 postes de santé...avec une population
desservie estimée à être entre 100 000 à 150 000
hts" (FALL Abdou Salam, GADOU Dakouri, VIDAL Laurent, 2005). Les districts de
Matam, Kanel et Ranérou forment la région médicale de
Matam qui est dirigée par un médecin chef de région qui
coordonne les activités sanitaires au niveau régional.
Carte 1 : Carte de localisation de la
région de Matam
Le département de Matam est composé de deux
arrondissements (Ogo et Agnam Civol) qui sont divisés en trois communes
à savoir Matam, Ourossogui et Thilogone et en six communautés
rurale : Bokidiawé, Nabadji Civol, Ogo, Agnam Civol, Dabia et
Oréfondé.
Carte 2 : Carte de localisation du
département de Matam
Celui de Kanel est aussi constitué de deux
arrondissements que sont Sinthiou Bamambé et Orkadiéré.
Ils sont également divisés en trois communes à savoir
Kanel, Semmé et Waoundé. Ces communes sont subdivisées en
cinq communautés rurales. Il s'agit de Sinthiou Bamambé, Wouro
Sidy, Orkadiéré, Bokiladji et Aouré.
Carte 3 : Carte de localisation du
département de Kanel
Le département de Ranérou est quant à lui
composé d'un seul arrondissement qu'est Vélingara Ferlo et d'une
seule commune à savoir Ranérou et de seulement trois
communautés rurales (Vélingara, Lougguéré Thioly et
Oudalaye).
Carte 4 : carte de localisation du
département de Ranérou
La région de Matam est très étendue et
couvre une superficie de 29.616 Km2. Ses entités
administratives sont également très vastes. En effet, chaque
département de la région pris individuellement a une superficie
supérieure à celle des régions de Diourbel et Dakar. Le
département de Ranérou Ferlo est plus vaste que les
régions de Dakar, Thiès, Ziguinchor, et Fatick. La région
a été créée en 2002 dans le cadre de la politique
de décentralisation du Sénégal. Celle-ci est entrée
dans une phase décisive en 1996 avec le transfert par l'Etat de neuf
domaines de compétences aux collectivités locales. Les
collectivités locales ont acquis une autonomie de gestion et les membres
qui les composent sont élus au suffrage universel. La
décentralisation a alors rendu les différentes
collectivités locales de la région de Matam "compétentes
en matière de santé" (DRAME F.M, 2006). Ainsi, la région
est chargée de la
gestion et l'entretien de l'hôpital régional de
Ourossogui. Elle a aussi en charge la mise en oeuvre des plans d'action
concernant les mesures de prévention et d'hygiène. Les communes
s'occupent quant à elles de la gestion, de l'entretien et de
l'équipement des centres de santé de Matam, Kanel et
Ranérou. Elles se chargent également de la construction, de la
gestion, de l'entretien et de l'équipement des postes de santé
ainsi que le recrutement, l'administration et la gestion du personnel
d'appoint. Enfin, les communautés rurales reçoivent les
compétences de construction, de gestion, d'entretien et
d'équipement des postes de santé ruraux, des maternités
rurales et des cases de santé (DRAME F.M, 2006).
Cependant, ces différentes tâches dont s'occupent
les collectivités locales ne sont pas facilement prises en charge par
les élus locaux faute de moyens matériels et financiers. Ce qui
pourrait constituer un frein dans "les dynamiques de recherche d'une meilleure
couverture de la population en termes de santé..." (DRAME F.M, 2006).
2- Cadre physique
La région de Matam est caractérisée par
la présence du fleuve Sénégal sur toute la partie
orientale et septentrionale. Le relief est relativement plat comparé au
reste du pays. Il est marqué par une vaste plaine incisée de
vallées. Les hautes levées sont la principale
caractéristique du relief. Leurs hauteurs diminuent d'amont en aval et
elles atteignent 13m à Matam.
La région peut être divisée en trois grandes
zones éco-géographiques :
- Le Daande Maayo qui correspond à la vallée du
fleuve constituée de dépressions et de micro reliefs.
- Le Ferlo qui est une zone latéritique dans la majeure
partie de son espace et sableux dans sa partie occidentale (vers
Lougguéré Thioly et Vélingara).
- Le Dieeri ou zone intermédiaire qui est la partie haute
non submersible par les eaux de crue (Région Médicale, 2004).
Le climat de la région est caractérisé
par deux saisons : une saison sèche qui va de novembre à juin et
une saison des pluies qui va de juillet à octobre. Sa température
moyenne annuelle maximale est de 37,3°C, tandis que la moyenne minimale
annuelle est de 22,3°C. La zone est marquée par une période
de hautes températures allant de février à juin où
les températures peuvent parfois atteindre des pointes de 48°C avec
une température moyenne
maximale se situant entre 43 et 45°C et une
période de basses températures qui va de juillet à janvier
dont la moyenne tourne autour de 22°C. Dans cette région,
l'insolation est assez importante et présente toute l'année. La
moyenne annuelle tourne autour de 235 heures par mois pour ces dix
dernières années. Soit 7 à 8 heures d'ensoleillement par
jour avec des maxima de 269 heures enregistrés aux mois de Mars et Avril
et des minima de 220 et 212 heures en Août et en Décembre (Projet
d'Appui à la Formulation des Agendas 21 Locaux, 2005).
La région est comprise entre les isohyètes 300
et 500 mm, avec des précipitations pouvant atteindre parfois 600 mm
d'eau dans la partie sud. Elle est soumise à l'alizé continental
appelé Harmattan et la mousson. Par ailleurs, des grains sont
observés pendant l'hivernage avec une vitesse atteignant une pointe de
28 mètres/seconde (80 Km/heure) accompagnée de poussières
très denses de direction nord-est à sud-est. (Service
Régional de la Prévision et de la Statistique de Matam, 2006).
Nous avons dans la région de Matam quatre types de sols
:
- les sols des berges du fleuve et des marigots appelés
« Falo », partie submersible ;
- les sols des levées fluvio-deltaïques
appelés « Foondé » qui sont à l'abri
des faibles crues, partie non submersible ;
- les sols lourds des cuvettes de décantation
appelés « Hollaldé » pouvant subir une longue
période de submersion au moment de la crue et
- les sols dunaires (Dieeri et Ferlo sableux) de texture
essentiellement sableuse (Dior) avec un taux d'argile faible de
l'ordre de 5% (Service Régional de la Prévision et de la
Statistique de Matam, 2004).
La végétation est quant à elle
dominée par des épineux (Balanites, acacia
senegalensis, aegyptiaca). Selon les zones
éco-géographiques, on retrouve tantôt des Balanites
aegyptiaca (Soump) et Acacia senegalensis sur les sols «
fondé », tantôt une strate arbustive constituée de
Acacia seyal (Sourour), Boscia senegalensis,
Zizuphus mauritiana (jujubier) etc. Mais avec la
détérioration des conditions climatiques, la tendance
générale de la végétation est à la
dégradation. C'est ainsi que l'on note la disparition de Faidherbia
albida (Kadd) qui, il y a quelques années colonisait
certaines zones et de Hyphaene thebaica (guelewi)
classé espèce intégralement protégée dans le
code forestier du Sénégal.
Le potentiel hydraulique de la région reste important
et est constitué des eaux de surface et des eaux souterraines. En effet,
L'hydrographie est caractérisée par des eaux de surface
abondantes et pérennes. La région de Matam est
particulièrement marquée par la prédominance du fleuve
Sénégal qui est la principale ressource en eau de surface et qui
traverse la région sur 200 km. Ce fleuve, avec ses affluents (Diamel,
Dioulole, Tiguéré et Barga) revêt une importance
particulière et structure globalement la vie des populations. A ce
réseau hydrographique s'ajoute une multitude de petites mares
temporaires qui se remplissent pendant la saison des pluies. Vers les mois de
Septembre et Octobre, ces mares se couvrent de nénuphars en fleurs qui
donnent au paysage un aspect fantastique.
Les eaux souterraines sont principalement la nappe du
Maestrichtien accessible à moins de 90 mètres dont l'exploitation
ne peut se faire que par la mise en place de forages et la nappe
phréatique peu profonde facilement accessible, exploitée
grâce aux puits. Ces ressources sont renouvelables et disponibles en
quantité.
Les caractéristiques physiques et les conditions
climatiques de la région de Matam ont une influence sur la santé
des populations. En effet, la nature de certains sols comme celle des Falo et
des Hollaldé est susceptible de provoquer des inondations notamment
pendant la saison des pluies. Les espaces couverts par les eaux deviennent des
gîtes larvaires favorisant ainsi le développement de certaines
maladies telles que le paludisme. Ce sont généralement les
enfants qui sont les plus exposés dans ces situations. A cela s'ajoute
les problèmes d'adduction d'eau potable qui amènent certaines
populations à recourir à des puits dont la qualité de
l'eau laisse à désirer et dont la consommation peut
entraîner des maladies diarrhéiques et des troubles digestifs. De
plus, pendant la saison sèche, la circulation du vent fait
déplacer beaucoup de poussières. Ce qui est souvent à
l'origine des infections respiratoires.
Le découpage administratif de la région de Matam
montre des déséquilibres importants entre les départements
notamment en termes de superficie et de localisation spatiale des populations.
Les conditions physiques du milieu surtout la disponibilité de l'eau
expliquent en grande partie la répartition des populations dont nous
allons étudier les caractéristiques
sociodémographiques.
Chapitre II : caractéristiques
sociodémographiques
La population, estimée à 474.321 habitants en
2007, est inégalement répartie dans les trois départements
; en effet selon les estimations, 50% de la population est concentrée
dans le département de Matam avec une densité de 27 hts au
Km2 ; 40% dans celui de Kanel représentant une densité
de 14 hts au Km2 et seulement 10% dans le département de
Ranérou-Ferlo soit une densité de 03 hts au Km2.
Densitës
3 hts/km2
14 hts/km2
27 hts/km2
Ranérou Kanel
Matam
O 1OO MomAtres
W
N
S
E
Carte 5 : Carte des densités de la
région de Matam
Le taux d'urbanisation qui était de 12,5% en 1999 est
passé à 12,9% en 2002, ce qui atteste d'une évolution
très lente de la population urbaine. Ces taux sont relativement faibles
par rapport à la moyenne nationale qui est estimée à 43%
en 2002.
Quant à la population rurale elle est passée de
255112 hts en 1999 à 272249 hts en 2002, ce qui représente 65 %
de la population régionale.
1- Structure par âge de la population
Tableau 1 : Structure par âge de la
population de Matam (1976-2002)
Tranche d'âge (ans)
|
Effectif
|
Taux en %
|
-20
|
253824,6
|
60
|
20-59
|
139603,5
|
33
|
+ 60
|
29612,9
|
7
|
Total
|
423 041
|
100
|
Source : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat, 2002
La structure par âge des habitants de la région de
Matam montre que la population est majoritairement composée de
jeunes.
En effet, Les moins de 20 ans représentaient 60 % de la
population entre 1976 - 2002 et la tranche d'âge en pleine
activité 20-59 ans représentait 33% de la population sur la
même période alors que les personnes âgées de plus de
60 ans ne faisaient que 7%.
moins de 20 ans 20 à 59 ans
plus de 60
300000 250000 200000 150000 100000 50000 0
|
|
Groupes d'âge
Source : Recensement Général de la
Population et de l'Habitat, 2002. Graphique 1 : Structure par
âge des Habitants de la région de Matam (1976-2002)
2- Composition ethnique de la région
La région est composée selon les estimations de
2007 en majorité de Pulaar qui représentent 88% de la population.
Les Soninkés s'en suivent avec 6,7%, puis arrivent les Wolofs avec 3,9%.
Les maures représentent 0,8% des habitants et les sérères
0,1%. Les autres ethnies ne représentent que 0,6% de la population
totale de la région.
Les caractéristiques sociodémographiques de la
région de Matam montrent une prédominance des Haal Pulaar qui
représentent 88% de la population régionale et celle des
femmes, des jeunes et des musulmans qui font respectivement 54%,
64% et 99% des habitants de la région.
Source : Région Médicale de Matam,
2008 Graphique 2 : Composition ethnique de la région
de Matam (2007)
« L'ethnie agit sur la santé à travers les
croyances, les perceptions, les attitudes, les valeurs relatives au
modèle culturel de référence » (TAO Vridaou, 2005).
Dans chacune des groupes ethniques de la région de Matam, il existe des
interdits alimentaires pour les femmes enceintes et pour les enfants. Les
perceptions que les individus ont vis-à-vis de la maladie
diffèrent d'une culture ethnique à l'autre et les recours aux
soins en dépendent. La définition et le symptôme de la
maladie conditionnent la rapidité du recours au système de soin
et donc la survie de l'individu.
L'organisation spatiale et administrative de la région
de Matam résulte de la répartition de la population dont les
caractéristiques sociodémographiques sont très
particulières. Cette organisation a des impacts sur la localisation des
structures de soins et la répartition du personnel de santé.
Ainsi, serait-il intéressant d'étudier l'adéquation entre
l'offre de soins et les demandes de soins des habitants de la région de
Matam.
DEUXIEME PARTIE : présentation, analyse et
interprétation des résultats
Cette seconde partie s'intéresse à la
présentation, à l'analyse et à l'interprétation des
données collectées sur le terrain. Elle abordera en premier lieu
la localisation des structures de soins, puis la répartition du
personnel de santé et pour finir la question relative à l'offre
de soins et aux demandes de soins.
Chapitre III : localisation des structures de soins et
répartition du personnel de santé
La région dispose d'un hôpital, de 3 centres de
santé, de 65 postes de santés, de 31 cases de santé, de 59
maternités rurales, de 4 maternités urbaines, 18 pharmacies et
une brigade d'hygiène. En 2005, la région comptait
également 9 médecins, 2 pharmaciens (public), 2 chirurgiens
dentistes, 9 sages femmes d'Etat, 73 infirmiers d'Etat et agents sanitaires, 3
assistants sociaux, 3 techniciens de génie sanitaire, 10 techniciens
supérieurs de santé, 122 matrones (Région médicale
de Matam, 2008).
Mais ces services de soins et ce personnel de santé ne
sont pas également répartis entre les départements ; celui
de Ranérou étant presque vierge en infrastructures sanitaires.
1- Localisation des structures de soins
Le district sanitaire de Matam est doté d'un
hôpital de dimension régionale qui se trouve à Ourossogui,
d'un centre de santé à Matam, de 28 postes de santé et 12
cases de santé fonctionnelles sur 20.
Le district sanitaire de Kanel compte quant à lui 1 centre
de santé situé à Kanel, 31 postes de santé et 9
cases de santé fonctionnelles sur 25.
Enfin, nous avons le district de Ranérou qui renferme 1
centre de santé à Ranérou Ferlo, 6 postes de santé
et 12 cases de santé dont 2 ne sont pas fonctionnelles.
La distribution des infrastructures sanitaires correspond
à peu près à la répartition spatiale des
populations de la région de Matam. Tout se passe comme si, plus
l'effectif des habitants est élevé, plus il y a
d'infrastructures. Les structures de soins sont en effet concentrées
dans le département de Matam où l'on retrouve 50% des habitants
de la région. Le district sanitaire de Kanel est la deuxième zone
la mieux dotée en service de santé et il polarise 40% des
habitants. Celui de Ranérou, malgré qu'il soit l'espace le plus
vaste de toute la région, est moins bien doté en infrastructure
sanitaire du fait de son faible poids démographique (03 hts au
Km2). (Cf. à la carte sanitaire de la région de Matam
ci-dessous).
Ainsi, pour comprendre les différences qui existent
entre les départements en termes de service de soins, il faudra
connaître les raisons de cette répartition des populations.
Celles-ci sont à chercher dans les caractéristiques de ces
différentes zones. Matam et Kanel se trouvent dans le Daandé
Maayo (bord du fleuve) et dans le Diéri (l'axe routier), là
où les ressources en eau sont plus abondantes et où la
communication plus développée. Ranérou, par contre se
situe entièrement dans le Ferlo ; un espace où l'eau est rare et
où les habitants pratiquent la transhumance. Les déplacements
fréquents de ces populations nomades constituent une entrave pour une
meilleure couverture sanitaire des populations. Les responsables de
santé doivent prendre en compte ce facteur dans les politiques de
santé par exemple en implantant des structures sanitaires dans les zones
les plus fréquentées du fait de leur caractère humide. Ils
peuvent également mettre sur pied des unités mobiles qui
opèrent à partir des postes et centres de santé pour
desservir les populations nomades.
Carte 6 : Carte sanitaire de la région de
Matam
2- Répartition du personnel de santé
Le district de Matam compte 1 médecin, 33 infirmiers, 5
sages-femmes et 54 ASC (Agent de Santé Communautaire). A cela s'ajoute 3
médecins, 17 infirmiers, 2 sages-femmes, 1 gynécologue, 1
chirurgien et 1 pédiatre qui travaillent pour le compte de
l'hôpital de Ourossogui. Le graphique 3 montre la prédominance des
infirmiers et des ASC. On note également dans le département de
Matam une présence considérable de médecins
spécialistes et de sages-femmes même si leur nombre semble
insignifiant comparé à l'effectif des infirmiers.
|
|
|
|
|
|
Médecins Infirmiers Sages-femmes Gynécologue
Chirurgien Pédiatre
ASC
|
|
|
|
|
|
Source : Données de l'enquête, mars
2009. Graphique 3 : Personnel de santé à
Matam
On trouve dans le district sanitaire de Kanel 2
médecins, 26 infirmiers, 3 aides-infirmiers, 3 sages-femmes et 129 ASC.
Le personnel de santé dans le district sanitaire de Kanel est
marqué par une absence de médecins spécialistes. La forte
présence de cases de santé dans ce district explique le nombre
élevé d'ASC.
Médecins Infirmiers Sages-femmes Gynécologue
Chirurgien Pédiatre
ASC
Source : Données de l'enquête, mars
2009 Graphique 4 : Personnel de santé à
Kanel
Le district de Ranérou compte quant à lui 2
médecins, 15 infirmiers, 2 sages-femmes et 35 ASC. Le personnel de
santé travaillant dans le district de Ranérou est majoritairement
composé d'infirmiers et d'ASC comme indiqué sur le graphique 5.
Le faible effectif des médecins et des sages-femmes est dû
à la quasi-absence d'infrastructures sanitaires de seconde ligne.
Médecins Infirmiers Sages-femmes Gynécologue
Chirurgien Pédiatre
ASC
Source : Données de l'enquête, mars
2009. Graphique 5 : Personnel de santé dans le
district de Ranérou
En tout, la région compte 8 médecins, 1
gynécologue, 1 pédiatre, 1 chirurgien ; 91 infirmiers, 12
sages-femmes et 218 ASC avec toutefois des différences notoires entre
les départements
La répartition des sages-femmes est semblable à
celle des médecins comme il est indiqué dans le Graphique 6. On
constate une forte concentration de sages-femmes, d'infirmiers et de
médecins sur Matam. Cette situation s'explique en
grande partie par la présence de l'hôpital régional car,
les médecins généralistes et les médecins
spécialistes s'activent le plus souvent au niveau des hôpitaux et
des centres de santé et non au niveau des postes de santé. En
effet, l'organisation sanitaire de la région fait que le premier niveau
où l'on rencontre un médecin est le centre de santé qui,
généralement se situe au niveau départemental (chef lieu
du département)
7 6 5 4 3 2 1 0
|
|
|
|
|
Médecins Sages-femmes
|
|
|
Matam Ranérou
|
|
|
Source : Données de l'enquête, mars
2009 Graphique 6 : Médecins et sages-femmes par
département
40
20
50
30
10
0
Matam Kanel Ranérou
Infirmiers
Source : Données de l'enquête, mars
2009 Graphique 7 : Infirmiers par Département
Les communautés rurales qui constituent la
collectivité de base la plus décentralisée sont quant
à elles dominées par les postes et cases de santé. Ainsi,
les autres districts sanitaires sont marqués par la prédominance
des infirmiers et des agents de santé communautaire. Ces
différences sont mises en évidence par les Graphiques 4 et 5. Ce
qui traduit des insuffisances
dans la couverture des populations de la région de
Matam en médecin et sage-femme au vu des normes de L'OMS (1
médecin pour 59 2901 hts contre 1/5 000 à 10 000),
(Données de l'enquête, mars 2009).
Chapitre IV : offre de soins et demandes de soins
Ce dernier chapitre est consacré à l'analyse de
l'offre de soins et des besoins de santé dans la région de
Matam.
1- L'offre de soins
L'offre de soins dans la région de Matam comparée
aux normes de L'OMS montre des déficits importants en termes de
couverture en infrastructure et en personnel de santé.
Tableau 2 : La couverture en infrastructure dans la
région de Matam en 2007
|
Situation en 2007
|
Normes OMS
|
Observations
|
Poste de santé
|
1/7.187
|
1/10.000
|
Ok
|
Centre de santé
|
1/158.107
|
1/50.000
|
Déficit
|
Hôpital
|
1/474.321
|
1/150.000
|
Déficit
|
Source : Données de l'enquête, mars 2009.
Si pour les postes de santé la couverture est bonne
comparée aux normes établies par l'OMS (un poste de santé
pour 7.187 habitants contre un poste pour 10.000 hts), les centres de
santé et l'hôpital régional sont par contre au-dessus de
celles-ci. Cette situation pose la question de l'accès aux soins et
celle de la prise en charge des malades notamment dans les centres de
santé et à l'hôpital. Cependant, malgré que le
district de Ranérou ait l'effectif le plus faible en structure
sanitaire, sa couverture en poste et centre de santé est meilleure que
celles de Matam et Kanel (7905 hts pour un poste et 47432 pour un centre). Par
conséquent, il serait intéressant d'étudier
l'accessibilité des différents équipements sanitaires,
pour avoir une idée très claire de la situation sanitaire des
habitants de la région de Matam. Car, cette accessibilité joue un
rôle déterminant dans l'utilisation des services de soins. Il
convient alors de distinguer l'accessibilité géographique de
l'accessibilité économique et culturelle. Le premier est
définie comme étant « la distance maximale à
parcourir pour atteindre une unité de soins » (Field et Briggs,
2001).
Si l'on considère que « la population desservie
par un poste et/ou un centre de santé doit pouvoir atteindre ceux-ci en
marchant » (Owen, 1986), l'on peut soutenir que certaines populations ont
véritablement des problèmes d'accès aux services de soins.
La carte sanitaire de la région de Matam permet de voir des
disparités notoires entre les districts sanitaires. Les
habitants de Matam vivent relativement plus près des
postes de santé et bénéficient grâce à cette
proximité de services de soins facilement accessibles. A l'inverse, le
district de Ranérou, malgré sa bonne couverture sanitaire au vu
des normes de l'OMS, est profondément marqué par
l'éloignement des structures de soins pour certaines populations qui
parcourent plus de 30 km pour atteindre un poste de santé.
La carte ci-dessous met en évidence
l'accessibilité des centres de santé sur une distance qui va de 2
à 30 km. L'étude de cette accessibilité s'est faite par la
constitution de zones tampons. Celles-ci sont représentées sous
forme de cercle. Ainsi, plus le cercle est petit plus il est proche du centre
de santé localisé ; plus il est grand plus la distance à
parcourir pour atteindre le centre de santé est élevée. Il
en ressort que la majorité des populations de la région vivent
très éloignées des services de soins de seconde ligne.
Elles peuvent faire plus de 30 Km pour se rendre à un centre de
santé. Ce facteur de proximité ou d'éloignement a des
conséquences sur la bonne prise en charge des habitants en
matière de soins supérieurs.
Lougguéré Tioli
Vélingara
Réalisation : BA T.H (2009)
+ Centres de sante
4km du centre de sante
20 km du centre de sante
10 km du centre de sante
2 km du centre de sante
30 km du centre de sante
8 km du centre de sante
Bkm du centre de sante
Communaut6s rurales
Oudalaye
Oréfondé
Ranérou
ccessibilit~ spatiale
Agnam Civol
Diaba
Ogo
Boki Diavé
0 100 Kilom~tres
Ouro Sidi
Nabadji
Sintiou Banambé
Matam
Orkadiéré
Kanel
Aouré
N
W E
S
Bokéladji
Carte 7 : Accessibilité spatiale des
centres de santé
De plus, si l'on se réfère à la carte
ci-dessous, qui met en relief l'accessibilité des postes de santé
par rapport à une route principale, l'on voit que le département
de Matam se démarque une fois de plus des deux autres districts
sanitaires. La méthode a consisté à créer des zones
tampons le long des routes principales. Par conséquent, tous les postes
de santé qui se trouvent dans le périmètre
créé, se localisent au plus à 5 Km d'une route. Il
résulte de cette analyse qu'il y a dans le département de Matam
plus de postes de santé se trouvant au plus à 5 km d'une route.
Ce qui facilite donc leur accessibilité. Le département de Kanel
vient comme d'habitude en deuxième position avec toutefois beaucoup de
postes de santé se situant hors de la zone tampon. Ceux de
Ranérou semblent plus isolés donc plus inaccessibles encore une
fois pour ses populations.
La dernière carte sur l'accessibilité montre
quant à elle que la quasi-totalité des postes de santé se
trouvent au plus à 5 km d'une piste. Ce qui signifierait que dans
l'ensemble, les villages de la région de Matam ne souffrent
théoriquement d'aucun enclavement et que les habitants peuvent sans
grande difficulté accéder aux postes de santé.
Cependant, la réalité est toute autre sur le
terrain. L'état défectueux des routes à certains endroits
comme celle qui va de Ourossogui à Kanel et celui des pistes constituent
une véritable contrainte à l'accès aux équipements
sanitaires. De plus, pendant l'hivernage, certaines localités se situant
le long du fleuve deviennent entièrement enclavées et le
transport y est assuré par des pirogues. La vétusté et
l'insuffisance des transports en commun entravent également la bonne
prise en charge des populations notamment en cas d'urgence. Par exemple, au
niveau des pistes ce sont généralement les charrettes qui se
chargent du transport des habitants dans des conditions qui laissent à
désirer. Ce qui engendre un sérieux problème de perte de
temps et surtout d'insécurité.
Parallèlement, en raison du rôle central que les
personnels de santé jouent dans le système sanitaire, leur
répartition géographique pourrait avoir « un impact direct
sur le type et le nombre de prestations de soins effectuées. En effet,
il est largement prouvé que le nombre et la valeur du personnel influent
de manière positive sur la couverture vaccinale, l'extension des soins
de santé primaires ainsi que sur la survie juvéno-infantile (OMS,
2006).
L'analyse de la répartition des personnels de
santé dans la région de Matam a fait apparaître
d'importantes disparités entre les départements notamment en
termes d'infirmiers ; mettant ainsi en évidence l'inégal
accès des populations aux services de soins primaires. Pour certains
habitants, l'accès à un médecin, un infirmier ou
même une sage-femme devient de plus en plus difficile voire impossible.
Ils rencontrent des difficultés pour obtenir une consultation
spécialisée dans un délai raisonnable. Cela s'explique par
le déficit notoire des professionnels de santé dans la
région. Par exemple, pour les sages-femmes, la norme nationale est d'une
sage-femme par poste de santé avec maternité. Alors que la
situation actuelle est de 12 sages-femmes pour 44 postes de santé avec
maternité. Ces insuffisances sont plus nettement mises en exergue dans
le tableau ci-dessous.
Tableau 3 : La couverture en personnel de santé
dans la région de Matam en 2007
|
Situation en 2007
|
Normes OMS
|
Observations
|
Médecin
|
1/59 290
|
1/5 000 à 10 000
|
Déficit
|
Infirmier
|
1/5 212
|
1/300
|
Déficit
|
Sage-femme
|
1/9 429 FAR
|
1/300 FAR1
|
Déficit
|
Source : Données de l'enquête, mars 2009.
Les ratios présentés dans ce tableau montrent
que la région entière est sous médicalisée. Le
nombre d'habitants pour toutes les catégories de praticien est de loin
supérieur aux normes établies par L'OMS (1 médecin pour 59
290 hts contre 1/5 000 à 10 000 et 1 sage-femme pour 9 429 FAR contre
1/300 FAR). Cette
1 Femme en Age de Reproduction (15-49 ans)
situation est à l'origine des longues « files
d'attente » au niveau de certaines structures de soins notamment à
l'hôpital de Ourossogui. Elle explique les débordements souvent
notés dans les services de soins. Elle réduit la capacité
d'accueil des ces derniers et compromet à cet effet l'accès aux
soins et la qualité de la prise en charges des populations.
2- La demande de soins
Pour étudier la demande de soins des populations de la
région de Matam, il est possible de partir de leurs recours aux soins.
La demande peut être divisés en deux catégories à
savoir la demande de soins curatifs et la demande de soins
préventifs.
L'analyse de la morbidité diagnostiquée
permettra de mieux connaître les demandes de soins curatifs. Ainsi, nous
nous fonderons sur les chiffres publiés par la Région
médicale de Matam.
Tableau 4 : Dix premières affections de
morbidité
ANNEE 2007
|
ANNEE 2006
|
DESIGNATION
|
NOMBRE DE CAS
|
POURCENTAGE
|
DESIGNATION
|
NOMBRE DE CAS
|
POURCENTAGE
|
PALUDISME
|
49057
|
42%
|
PALUDISME
|
33479
|
37%
|
IRA
|
14282
|
12%
|
IRA
|
7484
|
8%
|
PEAU
|
11377
|
10%
|
PEAU
|
7269
|
8%
|
DIARRHEES
|
7867
|
7%
|
DIARRHEES
|
3337
|
4%
|
HTA
|
5888
|
5%
|
HTA
|
4484
|
5%
|
ANEMIE
|
4886
|
4%
|
ANEMIE
|
3810
|
4.2%
|
HELMINTHIASES
|
3507
|
3%
|
HELMINTHIASES
|
2202
|
2.4%
|
DYSENTERIESAMIB
|
2398
|
2%
|
DYSENTERIES
|
1475
|
1.6%
|
A FF BUCCO DENTAIRE
|
N A
|
NA
|
A FF BUCC DENTAIRE
|
1821
|
2%
|
MAL CEIL/ANNEXES
|
2277
|
2%
|
YEUX
|
736
|
0.8%
|
MAL. ORL
|
2340
|
2%
|
ORL
|
34
|
0.03%
|
|
IST
|
1771
|
1.9%
|
TRAUMATISME
|
129
|
0.14%
|
RHUMATISME
|
623
|
0.7%
|
ORGANESGENITAUX
|
359
|
0.4%
|
BILHARZIOSE
|
1435
|
1.59%
|
|
|
|
|
AUTRES
|
13857
|
12%
|
AUTRES
|
6607
|
7%
|
TOTAL CONSULTANTS
|
117736
|
100%
|
TOT CONSULTANTS
|
89772
|
84.76%
|
Source : Région Médicale de Matam, 2008
Les fièvres constituent ainsi un véritable
problème de santé à Matam notamment avec la
récurrence du paludisme. En 2007, 42% des consultations étaient
liées au paludisme. Ensuite, arrivent les infections respiratoires
aiguës, les dermatoses, les diarrhées etc. Ces symptômes
diagnostiqués reflètent plus ou moins la morbidité
réelle de la population en général. Ainsi, pour mieux
faire ressortir les demandes de soins des habitants, nous essayerons de classer
ces maladies selon les groupes de population exposés (population
infanto-juvénile, population adulte, femme en âge de reproduction
...). Certaines affections telles que les brûlures, les plaies ou les
parasitoses intestinales touchent principalement les enfants. Ces
problèmes de santé sont facilement pris en charge par les
services de soins de premiers recours que sont les cases et les postes de
santé. Ces structures jouent également bien leur rôle quand
il s'agit de traiter certaines maladies comme le paludisme et les affections
respiratoires non chroniques. Cependant, il peut arriver que les responsables
de ces structures renvoient les patients aux services compétents qui
constituent « l'échelon immédiatement supérieur dans
le réseau » si l'on reprend les termes de John S Owen, pour les
toux chroniques, les pathologies touchant gravement les os et les
articulations. Les ophtalmies sont difficilement prises en charge par les cases
et les postes de santé dans un contexte où l'approvisionnement et
la conservation de collyres font défaut. Les diarrhées sont
également rangées dans les affections infantojuvéniles.
Cette maladie est traitée avec des antibiotiques souvent associés
á la réhydratation par voie orale.
Quant aux maladies touchant particulièrement les
adultes, nous avons les affections génitales surtout avec la propagation
des IST (Infections Sexuellement Transmissibles). Celles-ci nécessitent
un réel suivi dans la mesure où la plupart d'entre elles sont de
nos jours incurables. Les maladies cardiovasculaires sont aussi à mettre
dans la catégorie des pathologies touchant les adultes. Elles posent un
problème de prise en charge des malades par le système de soins
dits primaires. Car, si toutefois les maladies qui touchent les enfants sont
généralement du niveau de compétence des services de soins
de première ligne, celles dont souffrent les adultes le sont moins.
La demande de soins varie aussi suivant les périodes.
En effet, la saison froide est très marquée par les diagnostics
de brûlure, d'affections respiratoires aiguës et d'ophtalmies. Par
contre, on note en hivernage : période chaude et pluvieuse, la
recrudescence du paludisme et des fièvres.
Les demandes des populations en soins curatifs varient ainsi
selon l'âge, le sexe et la période. Ce sont donc les femmes qui
ont des problèmes gynécologiques, les adultes, des infections
génitales, et les enfants les infections cutanées.
La demande de soins peut aussi être motivée par
des besoins préventifs comme la vaccination infantile. Les cases et les
postes de santé sont chargés de vacciner les enfants. Les centres
de santé et l'hôpital de Ourossogui jouent certes ce rôle
mais ils s'occupent davantage des soins curatifs. Les visites prénatales
constituent aussi des demandes de soins préventifs qui ne concernent que
les femmes en âge de reproduction. Elles représentent à
Matam 44% de la population féminine et elles ont besoin d'au moins trois
visites pendant leur grossesse. Ces consultations prénatales permettent
de réduire la mortalité maternelle. Selon les statistiques
fournies par la Région médicale, 439 femmes sur un
échantillon de 100 000 perdent la vie en donnant la vie. Ce qui est
encore énorme comparé aux objectifs du millénaire pour le
développement fixés à 200 décès pour 100
000.
Le nombre de consultation dépend fortement de la
qualité de l'accueil des malades et de celle des soins, de la
proximité ou de l'éloignement des structures, du coût et de
la qualité des transports, du prix des médicaments, des temps
d'attente, des délais d'obtention d'un rendezvous pour une consultation
etc. Ces indicateurs peuvent constituer ce qu'on peut appeler « facteurs
décourageants ». Ces facteurs entraînent très souvent
des renonciations. Ce qui se traduit par des demandes de soins non ou mal
satisfaites.
CONCLUSION
Pour rendre effective notre étude menée sur le
thème « Géographie du système de soins de la
région de Matam : Quelle adéquation entre l'offre et les demandes
de soins ? », deux hypothèses de recherche ont été
formulées : la répartition des infrastructures sanitaires et du
personnel de santé dans la région de Matam montre des
disparités considérables entre les districts sanitaires ; l'offre
de soins dans cette région est loin de répondre aux demandes de
soins des populations et constitue à cet effet un véritable
problème de santé. Ces hypothèses étaient des
réponses déclarées par anticipation à notre
question de recherche. Elles ont alors été confrontées
à la réalité du terrain dans lequel s'est portée
notre étude.
Pour ce, nous avons d'abord définit les concepts
clés que nous avons utilisés dans le cadre de notre travail.
Ensuite, nous avons procédé à la présentation de
notre cadre d'étude. Et, nous avons fini en présentant, analysant
et interprétant les résultats obtenus lors de nos
différentes opérations de collecte de données. Ces
résultats nous ont alors permis de vérifier nos
hypothèses.
En effet, il existe dans la région de Matam des
inégalités dans la répartition des infrastructures de
soins et du personnel de santé. Le district de Matam concentre la
majorité des structures sanitaires et du personnel soignant au
détriment de celui de Ranérou défavorisé par son
faible poids démographique. De même, l'hypothèse qui
prônait que l'offre de soins était loin de répondre aux
demandes de soins des populations a été confirmée. Car, si
la prise en charge des soins de santé primaires ne présente pas
de difficulté majeure, celle des patients souffrant de pathologie
nécessitant des soins supérieurs est relativement
insatisfaisante.
En définitive, nous pouvons dire qu'il existe une
inadéquation entre l'offre et la demande de soins des populations dans
la mesure où certains habitants, du fait des « facteurs
décourageants » peuvent renoncer à la demande bien que
celle-ci ne soit satisfaite. Il serait alors plus intéressant
d'étudier ces facteurs et d'essayer d'en apporter des solutions dans le
but d'améliorer l'état de santé des populations de la
région de Matam.
En dernière analyse, nous pouvons avancer que les
mesures adoptées pour favoriser une bonne prise en charge sanitaire des
habitants, ne doivent pas seulement se limiter aux aspects purement
médicaux car, le lien entre d'autres facteurs comme la distribution
d'eau potable, et l'évacuation des déchets, et l'état de
santé des populations n'est plus à démontrer.
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ANNEXES
QUESTIONNAIRE Pour les malades
Age
|
|
|
|
|
Sexe
|
M
|
|
F
|
Lieu de résidence
|
|
|
|
Ethnie
|
|
Situation matrimoniale
|
|
Niveau d'instruction
|
|
Activité socioprofessionnelle
|
|
Etes-vous malade depuis longtemps ?
|
|
|
|
Est-ce que c'est votre 1er recours ?
|
Oui
|
|
|
Non
|
Etes-vous satisfait (e) ?
|
|
|
|
|
|
|
|
Suivez-vous un ou plusieurs traitements à la fois ?
|
Oui
|
|
|
Non
|
|
|
|
|
|
Un
|
Plusieurs
|
Lesquels ?
|
|
|
|
Comment trouvez-vous les différents services ?
|
|
Très satisfaisants
|
|
Assez satisfaisants
|
|
Insatisfaisants
|
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour
vous soigner ?
Quelles solutions préconisez-vous ?
QUESTIONNAIRE Pour les ménages
M
F
Age
Sexe
Lieu de résidence
Ethnie
Situation matrimoniale
Niveau d'instruction
Activité socioprofessionnelle
A quand remonte votre dernière maladie ? Aviez-vous
recouru aux services d'un praticien ?
Si non, pourquoi ?
Si oui, lequel ?
Etiez-vous satisfait (e) ?
Comment trouvez-vous l'offre de soins dans votre localité
?
Très satisfaisants
|
|
Assez satisfaisants
|
|
Insatisfaisants
|
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour
accéder aux services de soins ?
Quelles solutions préconisez-vous ?
GUIDE D'ENTRETIEN Médecin chef de
région
Quel est le nombre de structures sanitaires que vous avez dans la
région médicale ?
Quelle est la part de chaque district sanitaire ?
District de Matam
District de Kanel
District de Ranérou
Quel est le nombre de médecins que vous avez dans chaque
district sanitaire ? District de Matam
District de Kanel
District de Ranérou
Quelle est la qualification du reste du personnel de santé
?
Quelle est leur répartition dans chaque district ?
Matam .
Kanel
Ranérou
Comment expliquez-vous ces disparités ?
Quels sont d'une manière globale les besoins de
santé des populations de la région ?
Comment trouvez-vous l'offre de soins comparée aux besoins
des populations ?
Très satisfaisante
|
|
Assez satisfaisante
|
|
Insatisfaisante
|
56
|
|
|
|
|
|
GUIDE D'ENTRETIEN Responsable du service de
santé
Quel est l'espace que polarise cette structure sanitaire ?
Quel est le niveau de fréquentation de la structure par
les populations ?
Quelle catégorie d'âge vient le plus souvent en
consultation ?
0-15 ans
|
|
15-30
|
|
30-45
|
|
45-60
|
|
+60
|
Quelles sont de manière générale les raisons
de la consultation ?
Bes oins de s oins
|
|
Bes oins de s oins
|
Quels sont les types de soins offerts dans cette structure ?
Quels sont selon vous les besoins de santé des populations
?
Quel est l'effectif du personnel de santé dans cette
structure ?
Est-ce que le personnel est suffisant pour couvrir toutes les
demandes de soins ?
Quelles sont selon vous les difficultés que rencontrent
les populations pour accéder aux soins ?
Quelles solutions préconisez-vous pour réduire les
difficultés ?
GUIDE D'ENTRETIEN Chef de Service Régional de
la Prévision et de la Statistique
Quel est à l'état actuel le nombre de structures
sanitaires qu'on a dans la région de Matam ?
Quelle est la part de chaque district sanitaire ?
District de Matam
District de Kanel
District de Ranérou
Quel est l'effectif du personnel de santé dans chaque
district sanitaire ? District de Matam
District de Kanel
District de Ranérou
Quelle est l'évolution de l'offre de soins dans la
région ?
Quelles sont les caractéristiques
sociodémographiques de la région ?
Quelle est la structure par âge de la population ?
Quelle est la composition ethnique de la région ?
RESUME
L'analyse de la distribution spatiale des infrastructures
sanitaires dans la région de Matam a fait ressortir des
disparités considérables entre les départements de Matam,
Kanel et Ranérou. Il en est de même pour la répartition du
personnel de santé. La couverture sanitaire de la région montre
également des déficits en termes de service de soins et de
professionnel de santé.
Ce qui engendre des inégalités dans
l'accès aux soins entre les populations. L'offre de soins dans cette
région est particulièrement marquée par le problème
de l'accessibilité à la fois géographique,
économique et culturelle.
Lequel problème ne pouvant qu'entraver la bonne prise en
charge des habitants dans la mesure où ses impacts sur la satisfaction
de leurs demandes de soins sont réels.
|