PARAGRAPHE 2 : LES OBSTACLES POLITICO-JURIDIQUES
Dans le monde, l'expérience montre que, l'introduction
et le succès des énergies renouvelables dans un Etat, quelles
qu'elles soient, dépendent en grande partie du cadre politique et
juridique existant.
Les politiques gouvernementales sont importantes par leur
capacité à créer un environnement favorable tant pour la
prise de mesures juridiques contraignantes que pour mobiliser des ressources et
encourager les investissements du secteur privé. La plupart des
premières initiatives politiques sur les renouvelables dans le monde ont
été motivées par les crises pétrolières des
années 1970. Malheureusement, dès que la crise
pétrolière s'est apaisée, l'aide gouvernementale aux
renouvelables a diminué dans la plupart des cas. La plus grande partie
du soutien actuel se résume à de grands discours : il existe peu
d'objectifs quantitatifs d'énergie renouvelable69 dans un
contexte juridique international très peu contraignant. En plus,
très peu de mesures encouragent l'augmentation des coupes
budgétaires et l'investissement dans la recherche-développement
en matière d'énergies renouvelables. Qu'est-ce qui explique cet
état de chose malgré l'énorme potentiel des SER ?
Les intéréts des fournisseurs d'énergie
traditionnelle peuvent contribuer à l'inertie des instances politiques
et juridiques entravant le développement de l'utilisation des ER. A ce
propos le Réseau "Sortir du nucléaire" dénonce les
manoeuvres des autorités françaises qui tentent de dévoyer
les missions de la toute nouvelle IRENA, dans le but de favoriser l'industrie
nucléaire70.
69 Les objectifs quantitatifs d'énergie
renouvelable consistent à fixer un pourcentage déterminé
d'énergie produite à partir de sources renouvelables. Ce moyen
favorise leur développement permettant ainsi une réduction de
leur coût par le biais des économies d'échelle. La
déclaration japonaise sur l'obligation d'énergie nouvelle
adoptée en juin 2002 fixe comme objectif la production de 12,2 milliards
de KWh d'électricité à partir d'énergie
renouvelable de 2002 en 2010. L'Union Européenne, elle s'est fixé
un objectif de croissance de 20% pour les ER en 2020.
70 Ce réseau dénonce qu' «
après avoir tenté d'empêcher la création de l'IRENA,
la France y a adhóé au dernier moment, le 26 janvier 2009, pour
pouvoir manoeuvrer en coulisse et en dévoyer les objectifs. Ainsi, le 29
juin 2009, la France et les Emirats Arabes Unis ont manoeuvré de concert
pour que le siège de l'Irena soit situé à Abou Dhabi, la
capitale du pétrole, et que la présidence de l'Irena revienne
à la française Hélène PELOSSE. Or, Abou Dhabi
entend acheter deux réacteurs nucléaires EPR à la France,
laquelle a constitué à cet effet un
Le constat général est qu'il manque de lobby en
faveur des ER. Pendant qu'un lobby important défend l'énergie
fossile. A tout cela s'ajoutent d'autres paramètres liés à
la conjoncture de chaque Etat. Nous analyserons le cas spécifique des
pays pauvres (B) après celui des pays industrialisés (A).
A-LES OBSTACLES POLITICO-JURIDIQUES DANS LES PAYS
INDUSTRIALISES
L'essor des SER demeure entravé parce que la plupart
des pays développés manquent de véritable volonté
politique à leur égard. L'évidence est que dans la
majorité des cas il existe peu ou pas de mesures juridiques
contraignantes en faveur des ER. Du moins, les décideurs hésitent
à introduire ces mesures. Sans chercher à passer sous silence les
remarquables efforts de l'UE, reconnaissons que les mesures politiques et
juridiques dans la plupart des pays développés favorisent une
forte subvention des énergies de sources fossile et nucléaire.
Cet état de chose ne favorise pas l'essor des ER qui continuent de
recevoir une faible dotation budgétaire. Parallèlement, la
dépendance aux sources d'énergie fossile et nucléaire
s'accroît. Par exemple, 85,7% de l'énergie provient du
nucléaire en France.
Par ailleurs, il n'existe pour l'heure dans ces pays aucune
mesure permettant de prendre en compte les coûts sociaux et
environnementaux des énergies polluantes. Ce qui aurait pu stimuler le
recours à des sources d'énergie non polluantes. D'autres
obstacles résident dans la complexité des contraintes
liées à la construction et à l'urbanisation ne favorisant
pas le recours au SER dans les projets de construction et d'urbanisation.
Aussi, la complexité des procédures d'autorisation et les
barrières bureaucratiques constituent l'un des obstacles les plus
difficiles auxquels les projets énergétiques renouvelables se
trouvent confrontés dans de nombreux pays. Et les exigences des
distributeurs pour l'accès des technologies renouvelables au
réseau électrique sont discriminatoires et ne tiennent pas compte
de leurs spécificités.
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