ONSERVATION
ABLE DES ENTITES
ESTIERES PROTEGE
BURKINA FAS
ÏDOU
BAKAYOKO
![](Conservation-des-entites-forestieres-au-Burkina-Faso1.png)
Sommaire
SOMMAIRE
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1
I-INTRODUCTION«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~«~..2
II-ANALYSE THEORIQUE 3
Partie I : CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL POUR LA
GESTION DES ENTITTES FORESTIERES DU BURKINA FASO 6
1- LES TEXTES LEGAUX CONCERNANT LA REFORME AGRAIRE AU
BURKINA FASO 6
2-LA DEFIITION DES FORMATIONS VEGETALES ET DES FORETS
CLASSEES 7
3- LA GESTION DES TERRES ET LES REGIMES FONCIERS
8
4- LA TYPOLOGIE DES AIRES FAUNIQUES DE PROTECTION DU
BURKINA FASO 9
5- LES OBJECTIFS DE CONSERVATION 14
6- L'APPORT FINANCIER DU SECTEUR FORESTIER AU BURKINA
FASO 16
Partie II : LES PROBLEMES DE GESTION DURABLE DES ENTITES
FORESTIERES PROTEGEES 18
1-LES PROBLEMES ECONOMIQUES 18
2-LES PROBLEMES JURIDIQUES ET ADMINISTRATIFS
19
3-LES PROBLEMES ORGANISATIONNELS 20
3- ETAT ET TENDANCES DES DEGRADATIONS DES RESSOURCES
FORESTIÈRES ET LIGNEUSES 21
4-QUELQUES RECOMMANDATIONS 23
CONCLUSION GENERALE 26
BIBLIOGRAPHIE 28
I-INTRODUCTION
Dans un contexte de changement climatique marqué par
une forte baisse de la pluviométrie, une dégradation des sols et
une raréfaction des terres arabes, la problématique
population/ressources naturelles se pose avec acuité dans les
différents pays d'Afrique de l'ouest.
En effet, la densité moyenne de la population de ces
pays est passée de 11 habitants au km2 en 1950, à 44
habitants au km2 en 2000 et les prévisions sont de 62
habitants au km2 en 2020 (FAO, 2007-2008). Au regard des
prévisions actuelles de la croissance démographique, l'OCDE et la
FAO dans leurs perspectives agricoles estiment qu'il faudra disposer de quelque
5,47 millions de km2 soit 547 millions d'hectares1.
L'Afrique, a elle seule, aurait besoin de 47% de terres agricoles pour faire
face aux exigences de ses communautés.
Ainsi, la dynamique démographique implique une
extension spatiale, les terres arabes sont passées de 154,5 millions
à 213,1 millions en Afrique soit une augmentation de 58,6 millions
d'hectares 2 de 1961-1963 et 2006-2007. Cela se traduit par ailleurs
à une forte pression de l'homme sur les ressources naturelles. Les
communautés sont obligées pour leurs différentes
utilisations d'empiéter sur le potentiel faunique et floristique des
aires protégées. Il y'aura alors une dégradation de la
diversité biologique sur ces espaces forestiers classés.
En effet, le premier paradigme, à l'origine des
premières grandes actions de protection de la biodiversité, au
XIX siècle et dans les années 803, consistait en la
création de zones naturelles protégées exclusives
où les populations locales étaient considérées
comme directement menaçantes pour le maintien de la
biodiversité.
1 OCDE (Organisation de Coopération et de
Développement Economiques) et la FAO, Perspectives Agricoles
2009-2018.
2 OCDE et la FAO, Perspectives Agricoles,
2009-2018.
3 Institut du Développement Durable et des
Relations Internationales (IDDRI), Conservation de la biodiversité en
Afrique centrale : Dépassionner les débats, 2004.
Mais, la réflexion sur le développement durable
a eu pour effet de modifier considérablement ce modèle de
conservation. En effet, la méthode classique qui vise à exclure
toute présence humaine des dites zones, ne coïncide pas avec les
objectifs de conservation de la biodiversité. Les raisons sont
multiples. Retenons seulement l'impossibilité de clôturer les
aires protégées. Une autre raison non moins importante correspond
au besoin d'une économie locale fortement dépendante de la
production agro-sylvo pastorale, dans le cadre de la lutte contre la
pauvreté.
Pour corriger les limites de la méthode classique de
délimitation et de gestion des aires protégées, la
conférence des Nations Unies sur l'environnement et le
développement, tenue à Rio de Janeiro en 1992, a cherché
à explorer des nouvelles mesures permettant de concilier
développement et protection de l'environnement dans le cadre du concept
« développement durable ». Le sommet de Rio a adopté un
programme d'action appelé agenda 21. Pour mettre en application les
recommandations contenues dans cet agenda, le Burkina Faso, ainsi que bon
nombre de pays sahéliens ont redéfini une politique nationale, et
un cadre légal d'identification et de gestion des aires
protégées, tenant compte des communautés riveraines.
Cette nouvelle politique forestière vise à
promouvoir la gestion de la diversité biologique par les
communautés en intégrant des considérations
environnementales dans les perspectives de développement durable.
L'intention fondamentale est de valoriser et de dynamiser le savoir faire
traditionnel des communautés dans la protection de la
biodiversité tout en prenant en compte leurs besoins en ressources
forestières pour la vitalité de l'économie locale.
Cette étude se place dans le contexte d'une
préoccupation sur la conservation de la biodiversité dans les
entités forestières au Burkina Faso. Or cette protection de la
diversité biologique est fortement corrélée à une
gestion adéquate et durable des ressources naturelles en
général. Aussi, l'objectif général ici est
d'analyser le dispositif juridique et institutionnel mis en place en
matière de conservation des réserves forestières ainsi que
les problèmes de gestion de la diversité biologique. A cela
s'ajoutent des objectifs spécifiques que sont :
- Identifierles textes et lois règlementant la gestion des
entités forestières au Burkina Faso ; - analyser les
problèmes de gestion durable des entités forestières au
Burkina Faso.
Le présent rapport se subdivise en deux grandes parties
: la première met en exergue les textes conventionnels,
législatifs et réglementaires pour une gestion adéquate
des entités forestières classées. La deuxième
partie est une analyse des problèmes juridiques, financiers et
administratifs dans le cadre de la gestion durable des entités
forestières au Burkina Faso.
II-ANALYSE THEORIQUE
Au Burkina Faso, le domaine forestier de l'Etat couvre une
superficie totale estimée à 3,9 millions d'hectares soit environ
14% de la superficie du territoire national. Ainsi, il est composé de 77
aires classées dont 65 forêts classées4. Mais
les domaines classés et protégés sont estimés
à 15 420 000 hectares. Ces domaines ont comme type de formation les
forêts galeries, les forêts claires, les savanes arborées et
arbustives. Les domaines classés couvrent une superficie de 11 565 000
hectares soit 75% de l'ensemble de ces formations. Les domaines
protégés s'étendent sur 3 855 000 hectares soit 25% de
l'ensemble de ces formations forestières. Ils comprennent les parcs
nationaux (390 000ha), les réserves de faune (2 545 000ha) et les
forêts classées (880 000ha)5.
Ces aires protégées sont inégalement
reparties sur l'ensemble du territoire national. Le nombre important de
forêts classées se situe sur le long des principaux cours d'eau du
pays.
De ce fait, les régions les plus arrosées
disposent d'un nombre élevé de foréts classées.
Iis'agit des Hauts-Bassins (15 forêts classées), des
Cascades (13 forêts classées) et de la Boucle
du Mouhoun (12 forêts classées)6. La
région de l'Est, a elle seule, compte un parc national, trois (03)
réserves partielles de faune, trois (03) réserves totales de
faune et quatre (04) zones
4 UICN, Evaluation juridique et institutionnelle pour
la mise en place des conditions d'améliorations de la gestion des aires
protégées de l'Afrique de l'Ouest, 2010.
5 Programme d'Investissement Forestier du Burkina,
6 Direction Générale des Forêts du
Burkina Faso, 2007.
cynégétiques pour une superficie totale de 1 578
746 ha soit environ 41% de la superficie des aires protégées du
pays 7.
Les activités liées à l'exploitation des
ressources forestières (produits forestiers non ligneux et ligneux), la
chasse (petite et grande), la péche (traditionnelle et sportive),
l'apiculture, le tourisme de vision et l'écotourisme sont les formes de
valorisation de la diversité biologique dans les aires
protégées. Cette exploitation des ressources naturelles a
contribué au PIB à hauteur de 6,06 milliards de FCFA en 2007
(FMI, 2007) et la valorisation des ressources fauniques a procurée
environ 10 353 949 454 FCFA de 1996 à 2007 à l'économie
nationale. Les activités liées aux produits forestiers non
ligneux ont généré pour le budget national environ 25,6
milliards de FCFA en 2008. Ces revenus ont servi à nourrir
l'activité économique, à encourager l'émergence de
petites et moyennes entreprises forestières et à soutenir ces
acteurs économiques nationaux.
Si les aires protégées ont un rôle reconnu
en matière de régulation écologique, elles sont
également considérées comme des pôles d'emploi, de
croissance économique, et de consommation. Il est indéniable que
la valorisation de la diversité biologique dans les aires
protégées d'une part et l'exploitation des ressources
forestières d'autre part, ont une part contributive importante au budget
et à l'économie nationale. Il nous faut malheureusement constater
une utilisation irrationnelle des ressources naturelles, et observer une
extension spatiale des activités agro-sylvo-pastorales à la
périphérie des aires protégées. Ce qui contribue
à la dégradation des réserves protégées.
Les populations riveraines de ces espaces sont en quête
de nouvelles terres cultivables. Leurs zones traditionnelles de cultures ont
des rendements de plus en plus faibles. L'arrivée de migrants en
quête de terres agricoles, pousse les populations à
empiéter sur les aires protégées. La pratique
traditionnelle d'implantation et d'exploitation des champs ont des
conséquences néfastes sur la biodiversité et sur
l'étendue des espaces protégés. Ainsi, le Burkina Faso a
perdu 17,5% de son couvert forestier soit environ 1 198 000 ha entre 1990 et
7UICN, Forum des ONG environnementaux de l'Afrique de
l'Ouest, 2010.
20108. L'évaluation économique des
dommages environnementaux révèlent que le coüt annuel de la
dégradation de l'environnement au Burkina Faso pour l'année 2008
est compris entre 18% et 22% du PIB, soit environ 760 milliards
FCFA9.
Dans un contexte, d'agressions perpétuelles sur les
espèces végétales et animales, de dégradation
générale de l'écosystème des zones
forestières protégées, nous sommes
préoccupés par la question suivante : quel type de gestion des
entités forestières protégées doit-on promouvoir
pour leur conservation et pour les besoins socio-économiques et
culturels des communautés riveraines?Cette question nous permettra
d'aborder le cadre juridique et institutionnel pour résumer la politique
environnementale du Burkina Faso et de faire cas des difficultés de
gestion durable de la diversité biologique.
8 Programme d'Investissement Forestier du Burkina,
2011
9 PNGT2 : Analyse Diachronique, 2004
Partie I : CADRE JURIDIQUE ET INSTITUTIONNEL POUR LA
GESTION DES ENTITTES FORESTIERES DU BURKINA FASO
Afin de mettre en oeuvre le contenu des conventions sous
régionales et internationales qu'il a ratifié, le Burkina, a
élaboré plusieurs instruments juridiques et réglementaires
en matière de conservation de la diversité biologique. Les
principales dispositions sont les textes de loi et les différents
décrets d'application. Nous avons retenu et organisé dans le
cadre de notre analyse, les instruments légaux qui soutiendront notre
réflexion.
1- LES TEXTES LEGAUX CONCERNANT LA REFORME AGRAIRE AU
BURKINA FASO
Pour faire face à la forte poussée
démographique et aux besoins croissants d'exploitation des ressources
naturelles, le Burkina Faso a adopté la loi sur la reforme agraire et
foncière.
La Loi n°014/96/ADP du 23 mai 1996 porte sur la
Réorganisation Agraire et Foncière (RAF) au Burkina Faso. Le
Décret 97-054/PRES/PM/MEF du 6 février 1997 porte sur les
conditions et les modalités d'application de cette loi.
Le principe de la loi sur la Réorganisation Agraire et
Foncière (RAF) au Burkina Faso repose sur le fait que toutes les terres
relèvent du domaine foncier national et que la propriété
de l'Etat est inaliénable et imprescriptible. Ainsi, l'ensemble des
ressources naturelles est régi par des normes d'utilisation, de gestion
et d'exploitation définie par la RAF et son décret d'application.
En plus des droits de propriété et de gestion que cette loi
confère à l'Etat, ce dernier peut procéder aussi à
des expropriations pour cause d'utilité publique ou
d'intérêt général mais sous la condition d'une
« juste indemnisation ». Il est important de souligner que
l'application de cette loi est limitée en milieu rural, où les
droits coutumiers et les accords informels prédominent surtout dans les
zones de terroir non aménagées dont la gestion relève des
CVGT. De nos jours à cause des difficultés d'application sur le
terrain, cette loi est en relecture.
Le décret d'application de la RAF quant à lui
définit entre autres les grands principes d'utilisation des terres,
indique les structures de gestion du patrimoine foncier et les
procédures d'adoption des plans d'aménagement forestier et des
schémas directeurs d'aménagement des foréts.
2-LA DEFIITION DES FORMATIONS VEGETALES ET DES FORETS
CLASSEES
Suite à la reforme agraire, il était
nécessaire de préciser les différents espaces
concernés. La définition des différentes aires, la gestion
et la protection de l'environnement ont fait l'objet de lois adoptées
par l'Assemblée Nationale en 1997. Il s'agit de la loi n°006/97/ADP
du 31 janvier 1997, portant sur le code forestier du Burkina Faso et la loi
n°005/97/ADP du 30 janvier 1997, portant sur le code de
l'environnement.
Le code forestier expose les différentes aires de
protection faunique instituées sur le territoire national (article 77 du
code forestier) et donne une définition de chacune d'entre elles.
L'article 79 du Code forestier prévoit dans la mesure du possible que
toute aire de protection faunique doit comporter une zone tampon.
Aux termes de l'article 12 du code forestier du Burkina Faso,
sont considérées comme forêts, les espaces occupés
par des formations végétales d'arbres et d'arbustes à
l'exclusion de celles qui résultent d'activités agricoles. Il
faut relever également que conformément à l'article 84 de
la loi n° 014/96/ADP portant Réorganisation Agraire et
Foncière au Burkina Faso (DGF, 2007), les terrains
déboisés et les terrains nus, destinés à être
reboisés pour la production forestière ou à des fins de
protection, sont considérés également comme des
forêts.
L'ensemble des foréts du pays constitue le domaine
forestier national. Celui-ci se repartie en forêts publiques et en
forêts privées (code forestier, article 11). De plus une
forêt est dite classée lorsqu'elle a fait l'objet d'un acte de
classement soit au nom de l'Etat soit au nom d'une collectivité
territoriale (code forestier, article 26). Par ailleurs, une aire faunique
de
protection est un espace spécialement
réservé pour la conservation de la faune et de son habitat (code
forestier, article 72).
La loi n°005/97/ADP du 30 janvier 1997, portant sur le
code de l'environnement régit les principes fondamentaux de gestion et
de protection de l'environnement dans le but précis de valoriser les
ressources naturelles, de lutter contre les formes de pollution et de nuisances
et d'améliorer les conditions de vie des populations dans le respect de
l'équilibre du milieu ambiant.
3- LA GESTION DES TERRES ET LES REGIMES FONCIERS
L'Etat burkinabé est également soucieux de la
préservation de son environnement. C'est pourquoi l'Assemblée
Nationale a adopté des lois portant sur les principes
généraux de gestion et de protection de l'environnement. Elle a
également définit les responsabilités des uns et des
autres dans la gestion de l'environnement, des terres et des forêts
classées.
A cet effet, il nous faut retenir la loi n°005/97/ADP du
30 janvier 1997, portant sur le code de l'environnement, la loi n°034/2009
du 16 juin 2009 portant sur le régime foncier rural et la loi
n°055-2004 du 21 décembre 2004 portant sur le code
général des collectivités territoriales au Burkina Faso.
Cette dernière loi reconnaît, à la région, plusieurs
compétences en matière de gestion de l'environnement et des aires
protégées.
La Loi n°034/2009 du 16 juin 2009, portant régime
foncier rural, se donne, entre autres, pour objectif, de favoriser la gestion
durable et rationnelle des ressources naturelles (article 1). Elle s'applique
aux terres rurales, entendues comme celles situées à
l'intérieur des limites administratives des communes rurales et
destinées aux activités de production et de conservation (article
2). Elle consacre le domaine foncier rural de l'Etat, le domaine foncier rural
des collectivités territoriales et le patrimoine foncier rural des
particuliers (article 5).
4- LA TYPOLOGIE DES AIRES FAUNIQUES DE PROTECTION DU
BURKINA FASO
La Loi n°006/97/ADP du 31 janvier 1997 portant Code
forestier du Burkina Faso, expose les différentes aires de protection
faunique instituées sur le territoire national (article 77) et donne une
définition de chacune d'entre elles.
Les parcs nationaux
« Un parc national est une partie du territoire
national classée au nom de l'Etat en vue de la conservation de la flore,
de la faune, des eaux, des sols, des paysages ou des formations
géologiques ayant une valeur scientifique ou esthétique. »
(Article 85 du Code forestier).
Les activités telles que le pâturage, le
défrichement, le dépôt des déchets, les
activités polluantes, la chasse, l'exploitation agricole
forestière ou minière sont interdites. Par contre la péche
peut être autorisée par les plans d'aménagement.
Les conditions particulières d'entrée, de
circulation, et de séjour, les modalités de participation des
populations à la gestion sont réglementées par le texte
constitutif. L'aménagement ainsi que la valorisation des parcs à
des fins touristiques peuvent faire l'objet de protocoles conclus entre l'Etat
et les personnes physiques ou morales de droit privé
Le Burkina compte deux parcs nationaux :
- Le Parc national du W : Ce parc
transfrontalier du W a été créé en 1957 et couvre
une superficie de 1 033 920 ha dont 350 000 ha au Burkina, 221 142 ha eu Niger,
577 235 ha au Bénin. Il est érigé en réserve de
Biosphère.
- Le Parc national de Pô dit « parc
national Kabore Tambi » : classé en 1976, il couvre une superficie
de 155 500 ha.
- Un troisième parc national est en voie
de possible constitution, le parc national d'Arly, d'une superficie de 93 000
ha et situé dans l'Est du Burkina Faso.
Les réserves de faune
Ce sont des « aires classées au nom de l'Etat pour
la conservation et la propagation de la vie sauvage et l'aménagement de
leur habitat »Elles relèvent du domaine forestier classé.
Les réserves de faunes à statut national peuvent être
totales ou partielles.
« Les réserves totales de faune sont
établies pour la protection de toutes les espèces de faune; les
activités de chasse y sont interdites. » (Article 92 du Code
forestier).
Ce type d'aire protégée est plus strictement
encadré que les parcs nationaux. Si les activités humaines y sont
également totalement proscrites, la pêche est interdite et la
présence humaine, à l'exception du personnel de la réserve
et des missions scientifiques munies d'autorisations spéciales, n'y est
pas autorisée.
Le Burkina compte quatre réserves totales de faune :
- la réserve totale de faune d'Arly,
d'une superficie de 76 000 ha, classée en 1954 et située dans la
province de la Tapoa (Est) ;
- la réserve totale de faune de Madjoari,
d'une superficie de 17 000 ha, classée en 1970 et située dans la
province de la Tapoa (Est) ;
- la réserve totale de faune du Singou,
d'une superficie de 192 600 ha, classée en 1955 et située dans la
province de la Kompienga (Est) ;
- la réserve totale de faune de Bontioli,
d'une superficie de 12 700 ha, classée en 1957 et située dans la
province de la Bougouriba (Sud-ouest).
« Les réserves partielles de faune sont
établies pour la protection particulière de certaines
espèces ; les activités de chasse y sont autorisées.
» (Article 92 du Code forestier).
La chasse est alors autorisée dans cette catégorie
de réserve pour les espèces non protégées, dans le
respect des règles générales de la chasse.
Les réserves partielles de faune sont au nombre de quinze
dont cinq ont été classées initialement et
spécifiquement à ces effets. Il s'agit de :
- la réserve partielle de faune d'Arly
(90 000 ha), - la réserve partielle de faune Pama(223
700 ha), - la réserve partielle de faune Bontioli(29
500 ha), - la réserve partielle de faune
Nabéré(36 500 ha), - la réserve partielle
de faune Kourtiagou(51 000 ha).
Les dix autres ont été constituées
accessoirement et n'ont pas été classées au départ
pour cette affectation, qui est intervenue par la suite. Il convient de
mentionner la réserve sylvopastorale et partielle de faune du Sahel (1
600 000 ha), constituée en 1970.
Une combinaison de statuts d'aire protégée a
été réalisée ces dernières décennies.
Cette procédure offre l'avantage de cumuler des dispositions relatives
à la gestion des foréts (livre 1 du Code forestier) et celles
relatives à la faune (livre II du Code) en élargissant les
domaines de valorisation des ressources d'une aire classée tout en
poursuivant les objectifs de conservation. A titre d'exemple :
- La forêt classée et ranch de
Gibier de Nazinga d'une superficie de 91 300 ha classée en 2000;
- La forêt classée et
réserve partielle de faune de la Comoé-Léraba, d'une
superficie de 124 500 ha;
- La forêt classée et
réserve partielle de faune de Gonsé (6 500 ha).
Les réserves de la biosphère
« Une réserve de la biosphère est une
réserve nationale déclarée comme bien du patrimoine
mondial en raison de ses spécificités biologiques,
écologiques, culturelles ou historiques » (Article 81 du Code
forestier).
Ce sont des réserves de la biosphère à
statut international dans le cadre du programme Man and Biosphere (MAB) de
l'UNESCO. Leur objectif est de concilier la conservation des ressources
naturelles avec une utilisation durable par les habitants de la zone.
Le Burkina Faso participe à ce programme à
travers la Réserve de Biosphère de la « Mare aux
hippopotames », (19 200 ha), située dans la province du Houet et
classée depuis 1937. Cette zone a été érigée
en réserve de biosphère en 1977. Le parc national « W »
a lui aussi été érigé au titre des réserves
de biosphères en 2002
Les sanctuaires
« Un sanctuaire est une aire affectée à la
protection de communautés végétales ou animales ou de
sites caractéristiques particulièrement menacés »
(Article 82 du Code forestier).
Deux sanctuaires ornithologiques verront prochainement le jour au
Sahel, autour de la Mare d'Oursi déjà inscrite sur la liste
Ramsar (45 000 ha) et de la rivière Béli (160 000 ha).
Les refuges locaux
« Les refuges locaux sont des aires
protégées, classées au nom des collectivités
territoriales décentralisées et réservées par elles
en vue de valoriser la reproduction, la propagation et l'exploitation
d'espèces fauniques sur leur territoire, ainsi que la conservation des
habitats nécessaires à la survie de ces espèces. »
(Article 95 du Code forestier).
Il s'agit d'une portion du terroir villageois consacrée
par les populations villageoises aux activités d'exploitation de la
faune. Les activités étant autorisées à
l'intérieur sont déterminées par la collectivité
locale en collaboration avec les services techniques étatiques. La loi
fait obligation aux collectivités territoriales de favoriser la gestion
de ces aires protégées, par les communautés à la
base, conformément au principe de participation.
En effet, aux termes de l'article 97 du Code forestier «
les collectivités territoriales prennent toutes les mesures
nécessaires en vue d'assurer la participation effective des
représentants des communautés concernées à cette
gestion. En particulier, elles peuvent mettre en place des structures ad hoc de
gestion fondées sur le partenariat ».
Les zones villageoises d'intérêt
cynégétique (ZOVICf
« Une zone villageoise d'intérêt
cynégétique est une partie du terroir d'une communauté de
base affectée par elle à l'exploitation des ressources
cynégétiques. » (Article 99 du Code forestier).
Au Burkina Faso, il n'y a pas de statut particulier
reconnaissant les aires protégées communautaires. Cependant, ce
mode de gouvernance est reconnu par l'Etat et les aires protégées
peuvent être gérées par des communautés ayant obtenu
une concession pour la gestion.
Dans le contexte de la décentralisation, les
collectivités territoriales et en particulier les communes peuvent
identifier une partie de leur territoire qu'elles peuvent dédier
à la conservation (refuges locaux ou ZOVIC). Ces espaces sont donc
reconnus au niveau local par un arrêté communal. Les territoires
restent la propriété de la communauté dans la mesure
où un procès verbal de constatation vient établir la
possession foncière.
Les ranchs de gibier
A coté de ces aires protégées, existe un
autre type de protection, dont le régime ]uridique reste flou : les
ranchs de gibier.
« Le ranching est une activité de production et
d'exploitation faunique en milieu naturel ouvert, consistant en la
réalisation d'aménagements spéciaux destinés
à favoriser le développement des animaux sauvages et leur
attachement à leur territoire naturel. » (Article 142 du Code
forestier).Le ranching peut être géré à la fois par
des personnes publiques mais également privées, en quel cas une
autorisation préalable est nécessaire (article 142 du Code
forestier).
Si le droit burkinabé considère ce type d'aire
en tant qu' « aire de protection faunique » aux termes de l'article
77 du Code forestier, dans les faits il est moins aisé de qualifier
juridiquement ce type d'aire. En effet, le but principal est ici la protection
en vue de l'exploitation par la chasse et le tourisme lié à la
chasse. Ces ranchs sont des aires de protection dont le régime ]uridique
reste flou.
Carte n°1 : Location de 25
entités forestières protégées au Burkina Faso
![](Conservation-des-entites-forestieres-au-Burkina-Faso2.png)
Source : UICN (2009)
5- LES OBJECTIFS DE CONSERVATION
Les objectifs de conservation des entités
forestières protégées sont au Burkina Faso, selon les cas
: la conservation de la biodiversité, la conservation de la faune, la
conservation d'un habitat / écosystème (par exemple, les zones
humides / Ramsar telles que la Mare d'Oursi), la conservation des sites de
valeur particulière (par exemple, les sites sacrés, les sites du
patrimoine mondial, etc.).
Conservation de la
biodiversitéGlobalement, les objectifs principaux de
toutes les entités forestières protégées sont la
conservation et la gestion durable de la biodiversité.
Conservation de la faune
« La faune représente l'une des plus importantes
richesses naturelles renouvelables du Burkina Faso. Intégrée
aux multiples ressources forestières non ligneuses, sa gestion
intéresse
toutes les couches sociales, et particulièrement les
populations rurales qui ont assuré pendant des siècles la
conservation des espèces et de leurs habitats. »
Conservation d'un habitat /
écosystème
La mare d'Oursi (45 000 ha) et le sanctuaire d'oiseaux de
Béli (160 000 ha) sont les premiers points d'eau permanents en saison
sèche que les espèces d'oiseaux migratrices, venant d'Europe en
hivernage, rencontrent après leur traversée du désert
saharien et de la zone sahélienne. Cette mare, classée site
RAMSAR, est une mare permanente située dans un bassin entouré par
un paysage accidenté, et des pénéplaines dunaires. Les
comptages récents ont dénombré près de 20 000
oiseaux et répertorié 106 espèces d'oiseaux d'eau.
Conservation de site de valeur
particulière
Concernant la conservation des sites de valeur
particulière, il semble que jusqu'à présent aucun site
sacré (le droit burkinabè ne reconnaissant pas les sites
sacrés) ou site historique et culturel n'aient été inclus
dans le système des aires protégées au Burkina Faso.
Malgré la pertinence de ces objectifs de conservation,
force est de reconnaître qu'ils sont loin d'être
réalisés. De nombreuses contraintes compromettent la
réalisation de ces objectifs ainsi que la conservation durable de ces
aires. Les entités forestières protégées du Burkina
Faso sont en effet confrontées à de nombreuses menaces
malgré la protection qu'est censé leur assurer le classement. En
effet, le classement est un acte administratif qui détermine
l'affectation d'une forêt et permet, en raison de l'importance qu'une
forêt présente pour l'intérêt général,
de soumettre celle-ci à un régime spécial restrictif
concernant l'exercice des droits d'usage.
Les principales menaces contre les entités
protégées, telles qu'elles ressortent du document de politique
nationale en matière d'environnement, sont les suivantes :
- La mauvaise pratique des feux (notamment
persistance des feux de brousse qui sont par nature des feux
incontrôlés en milieu rural) ;
- le pacage et le surpâturage qui en font
souvent des parcs à bétail et entrainent une dégradation
des pâturages ;
- la déforestation par les coupes
anarchiques du bois ;
- les systèmes d'exploitation
inadaptés (agriculture, industrie, élevage etc.) ;
- les agressions répétées
contre les aires de faune (envahissement pour maisons d'habitation) ;
- le braconnage persistant ;
- la divagation des animaux ;
- la mauvaise utilisation des pesticides au
niveau des plans d'eau et des cultures industrielles (coton,
maraîchage).
6- L'APPORT FINANCIER DU SECTEUR FORESTIER AU BURKINA
FASO
L'apport du secteur forestier au budget de l'Etat, sous forme
redevance, taxes et permis d'exploitation de bois, et diverses recettes
forestières était estimé à environ 160 millions de
FCFA en 1992 (contre 250 millions de FCFA en 1990), mais il pourrait atteindre
13 milliards FCFA en 2015. A ces contributions financières, il faut
ajouter la contribution virtuelle non monétarisée du secteur
forestier au développement de l'agriculture et l'élevage et au
maintien des grands équilibres écologiques du pays. Le
bois-énergie (bois de chauffe et charbon de bois) constitue la
principale source d'énergie au Burkina Faso. En 2001, le bilan
énergétique final donnait en effet les pourcentages suivants :
bois de chauffe (84,8 %), charbon de bois (0,8 %), résidu agricoles (5,2
%), produits pétroliers (8,2 %), électricité (1,0 %).
Les produits forestiers ligneux (PFL) constituent le domaine
dominant de la sylviculture en termes de revenus générés
et d'emplois. En effet, l'exploitation du bois à des fins
énergétiques domine l'ensemble des activités
forestières. Cette activité contribue à hauteur de 5.66%
au PIB, soit 209 milliards de FCFA et représente plus de 85% de la
contribution de l'activité sylvicole. Ce sous domaine est suivi de la
production pépinière qui contribue à hauteur de 7.26
milliards de FCFA. La production de bois d'oeuvre et de service contribue pour
1.01 milliard de FCFA.
Les activités liées aux Produits Forestiers Non
Ligneux (PFNL) ont généré environ 25.6 milliards de FCFA
en 2008, revenus distribués à plusieurs acteurs
économiques nationaux mais, revenu ayant servi aussi à nourrir
l'activité économique au plan régional et mondial
(notamment à travers les exportations dont la noix et les produits
à base de karité, la noix de cajou, les mangues, les produits
à base de néré, etc.). Au-delà des revenus pourvus
par les PFNL aux populations et à l'État, ils constituent un lieu
d'émergence de petites et moyennes entreprises forestières (PMEF)
dans le domaine de la transformation et de l'import export.
Le bois de feu, le bois de service, le bétail, la
faune, les médicaments, le karité et le miel restent toujours les
principales industries forestières du pays. Le bois de feu
représente aujourd'hui 85% du total du PIB de tous les produits ligneux
commercialisés dans le pays, suivi par le bois de service (12%) et le
bois d'oeuvre (3%). La consommation annuelle de bois d'oeuvre se chiffre autour
de 25 000 m3, dont 93% sont importés des pays voisins, et seulement 7%
disponibles sur place. Cette contribution est largement sous
évaluée dans la mesure où plusieurs activités
économiques qui prennent appui sur l'exploitation forestière ne
sont pas prises en compte. Il s'agit notamment des activités de
cueillette de fruits, gousses, feuilles et parties d'arbres, de l'exploitation
forestière pour les besoins de la pharmacopée traditionnelle et
de l'alimentation du bétail.
Au niveau des ménages ruraux, après
l'agriculture (37%) et les produits de l'élevage (24%), les produits
forestiers non ligneux constituent la troisième source de revenus (23%).
Ce sont les familles pauvres qui exploiteraient davantage les produits de la
forêt, cette exploitation leur permettant d'améliorer leurs
conditions de vie et leur procurer (surtout par rapport à la population
féminine) un revenu monétaire.
Partie II : LES PROBLEMES DE GESTION DURABLE DES
ENTITES
FORESTIERES PROTEGEES
La conservation durable de la biodiversité contribue
à maintenir l'équilibre écologique. Elle participe aussi
à l'amélioration des conditions de vie des populations à
la périphérie. Malheureusement, cette gestion de la
diversité biologique est sérieusement handicapée par des
difficultés d'ordre financières, administratives et
institutionnelles.
Cette deuxième partie s'intéresse aux
problèmes économiques et administratifs que connaît la
gestion de la diversité biologique à l'intérieur et
à la périphérie des entités forestières
protégées. Cette analyse résumant les problèmes de
gestion, nous permet d'aboutir à la formulation de quelques
recommandations dans le cadre de notre réflexion sur la gestion des
entités forestières protégées au Burkina Faso.
1-LES PROBLEMES ECONOMIQUES
Le code forestier prévoit dans son article 8 la
création d'un fonds forestier affecté au financement des actions
d'entretien, de régénération et de conservation des
ressources forestières, fauniques et halieutiques. Ce fonds, aux termes
de l'article 9, doit être alimenté par les dotations de l'Etat,
les concours financiers des institutions de coopération
bilatérale et multilatérale, les dons et legs des personnes
physiques ou morales de droit privé, toute autre recette définie
par la loi de finance. Cependant ce fonds n'a pas toujours pas
été mis en place depuis 1997 et en dehors des redevances/taxes
prévues dans le cadre des activités touristiques et fauniques, il
n'existe pas à proprement parlé de mécanismes financiers
spéciaux pour les aires protégées au Burkina Faso.
Cependant, le manque d'argent pour la conservation des
ressources naturelles représente un des principaux facteurs qui limitent
l'efficacité de la gestion durable de la diversité biologique.
Ces problèmes économiques entravent l'action sur le terrain et
déstabilisent le processus de protection adéquate des ressources
naturelles et du développement local.
Cette difficulté pour le recouvrement des ressources
financières nécessaires pour la conservation durable des
réserves forestières est source de pressions et d'agressions de
la part des communautés riveraines sur la biodiversité. Ces
problèmes financiers constituent une contrainte majeure pour la
protection des entités forestières protégées, la
gestion durable des ressources naturelles, le maintien des emplois et la
réussite du processus de développement local.
Il est manifestement nécessaire de pouvoir compter sur
un soutien systématique et constant pour assurer la conservation de
façon efficace et durable. Les financements internes et dans la
durée constituent un gage de durabilité des actions de
conservation. Ils permettent non seulement d'assurer la continuité entre
les phases de subventions issues de bailleurs de fonds mais aussi d'impliquer
les communautés dans les activités de gestion de la
diversité biologique.
2-LES PROBLEMES JURIDIQUES ET ADMINISTRATIFS
Le Burkina Faso s'est constitué un réseau
étendu d'aires protégées (77 au total) et certaines
d'entre elles sont très anciennes et datent de la période
coloniale. Le pays s'est doté d'un cadre juridique satisfaisant en
matière de conservation de ces réserves forestières,
composé des textes conventionnels, législatifs et
réglementaires. Malgré le nombre important des textes et lois en
matière de conservation, il ressort que le cadre juridique est largement
ineffectif parce qu'il éprouve les plus grandes difficultés
à s'appliquer sur le terrain. Dans ces conditions, la règle de
droit environnemental ne peut pas jouer son rôle majeur qui est de mettre
fin à la dégradation de l'environnement et plus
précisément des entités forestières
classées. Les règles de protection des espaces
protégés, à l'instar des autres règles de
protection de l'environnement, s'avèrent donc incapables d'assurer leurs
fonctions principales, à savoir la prévention, la
réparation et la répression.
Pour ce qui concerne les agents de la surveillance locale au
niveau des entités forestières protégées, cette
difficulté se traduit par l'absence d'un cadre juridique
approprié pour
reconnaitre leurs profils, leurs rôles, leurs
attributions ainsi que les critères et les modalités de leur
embauche. Mais, le principal problème est la détention des armes
et de son utilisation. Ces derniers doivent travailler avec des armes à
feu légalement acquises et se protéger en cas de légitime
défense. Cette situation rend difficile la gestion durable des
ressources.
La réduction de la productivité et de la
diversité des ressources forestières due à des
prélèvements non durables de bois (prélèvement
dépassant le taux de renouvellement), changement dans la composition des
espèces, pertes d'éléments nutritifs, pollution ou
changement climatique. Ainsi, des mesures garantissant que les organismes et
les écosystèmes d'être utiliser de façon durable
deviennent une nécessité. Cette conservation durable de la
diversité biologique requiert des moyens financiers, matériels et
humains. Elle constitue la première source de dépense de
l'association avec l'aménagement physique et la surveillance de la
réserve forestière. Dans cette gestion, la surveillance est l'une
des activités clés pour la protection de la diversité
biologique. Les menaces comme le braconnage, les feux de brousse, la coupe
clandestine du bois ou la destruction des habitats, etc. peuvent être
réduits par la surveillance des membres de la communauté
riveraine.
3-LES PROBLEMES ORGANISATIONNELS
La valorisation des ressources naturelles est faible ainsi que
le nombre d'emplois créés et les gains liés à
l'exploitation de la réserve. Cette situation ne permet pas de garantir
le bien être économique, social et écologique aux
riverains. Elle ne favorise pas aussi la consolidation des capacités et
des acquis des différentes activités entreprises. Les projets de
conservation et de développement ne parviennent pas à dynamiser
l'économie locale et ne s'inscrivent pas dans la durée.
L'exploitation des ressources forestières rencontre des
difficultés d'exécution sur le terrain du fait que l'expertise
locale n'est pas valorisée et aucun apport technique n'est donné
pour disposer de personnel approprié en vue de mener à bien les
activités de valorisation dans la durée. Les problèmes
sont liés à la relative difficulté d'élaboration
des outils de gestion à la
portée des communautés et le degré
d'investissement en ressources humaines et financières dans la mise
oeuvre du dispositif de suivi. Le renforcement des compétences occulte
le renforcement des compétences endogènes et des capacités
adaptatives. Cette approche rencontre des difficultés dans
l'élaboration de processus permettant aux populations locales
d'apprendre à s'adapter à des conditions changeantes dans un
contexte où les évolutions technologiques, économiques et
sociales sont rapides. Les problèmes organisationnels peuvent être
résumés de la façon suivante selon le graphique ci-dessous
:
Graphique n°1 : Cycle expliquant la
défaillance du processus de valorisation à l'intérieur et
à la périphérie des entités forestières
protégées :
![](Conservation-des-entites-forestieres-au-Burkina-Faso3.png)
La faiblesse des formations techniques
et professionnelles des acteurs pour améliorer
les capacités opérationnelles sur le terrain
La faiblesse des études de développement
et d'investissement pour garantir la maîtrise des
choix stratégiques
L'absence de stratégies de
développement organisationnel pour renforcer les
capacités organisationnelles des acteurs locaux
L'absence de management des projets de
développement pour assurer la vitalité et
la durabilité des actions définies
Source : Enquête de terrain
Avril-Mai 2011 dans la forêt classée de la
Comoé-Léraba
3-ETAT ET TENDANCES DES DEGRADATIONS DES RESSOURCES
FORESTIÈRES ET LIGNEUSES
Entre 1990 et 2010, le Burkina Faso a perdu une moyenne de
59.900 ha de formations forestières, soit 0,87% par an. Au total, entre
1990 et 2010, le Burkina Faso a perdu 17,5% de son couvert forestier, soit
environ 1.198.000 ha.
Entre 1978 et 1987 une superficie de 1.706.000 hectares de
forêts naturelles a été convertie en couverts
végétaux d'origine anthropique, soit un rythme moyen de
conversion de 170 600 hectares par an.
Entre 1992 et 2002, l'ensemble des formations
forestières a subi une diminution moyenne annuelle de 110 500 ha, soit
4,04% en moyenne par an, ce qui correspond à une chute annuelle de stock
de carbone de 17 680 tonnes. Au regard des aléas climatiques et de
différents facteurs anthropiques, les superficies occupées par
les formations naturelles ont connu, chaque année, une évolution
régressive constante.
Le changement le plus évident est celui de la
progression de l'agriculture dans toutes les régions du pays
(phénomène de `colonisation agricole' d'espaces pastoraux et
forestiers). Les facteurs majeurs de la dégradation des ressources
forestières sont les feux de brousse, la coupe abusive du bois, le
surpâturage, la mortalité naturelle des espèces et les
défrichements agricoles anarchiques. On estime qu'environ 50 000 ha de
foréts disparaissent chaque annéepour la satisfaction des besoins
énergétiques.
Cette déforestation, qui s'accompagne de la perte de la
biodiversité (végétale notamment mais aussi animale)et de
la dégradation des capacités productives des sols, implique aussi
la diminution de séquestration du carbone par la
végétation mais aussi par les sols et engendre ainsi le rejet de
grandes quantité de carbone dans l'atmosphère.
L'évaluation économique des dommages environnementaux
révèlent que le coût annuel de la dégradation de
l'environnement au Burkina Faso pour l'année 2008 est compris entre 18%
et 22% du PIB, soit environ 760 milliards FCFA (1.7 milliard USD).
L'ensemble des rejets de gaz carbonique dus à
l'exploitation de produits ligneux dans les forêts est estimée
à 4.521 Gg. Le prélèvement de bois dans les zones
forestières pour des utilisations multiples (commerce, construction, art
et culture, pharmacopée, etc.), est une pratique courante au Burkina
Faso dont le potentiel en produits ligneux est très limité. Il
constitue malheureusement l'activité la plus émettrice de CO2.
Dans l'ensemble, les émissions de CO2 enregistrées suite à
la conversion des savanes et des forêts sont de 1.201 Gg ; ce qui est
considérable et s'explique par le besoin et la recherche de terres
agricoles et le système de cultures itinérantes
pratiquées. La consommation moyenne de bois de feu par habitant au
niveau national indique une tendance à la baisse (mais on
ne dispose pas d'informations récentes).
Cette situation peut être expliquée par
l'augmentation de l'utilisation du gaz butane et de foyers
améliorés par les populations des quatre grandes villes. Par
contre, au regard de la croissance démographique (3,1% par an), la
consommation nationale du bois-énergie ne cesse de s'augmenter au fil
des années
4-QUELQUES RECOMMANDATIONS
Les axes de développement à l'intérieur
et à la périphérie des entités forestières
protégées s'inscrivent dans les objectifs spécifiques de
conservation et de gestion. Elles se manifestent à travers les
activités à mener dans les volets de l'aménagement, de la
surveillance, de la valorisation, de l'implication des populations et du
développement local.
L'aménagement physique des forêts est
réalisé mais son efficacité est à renforcer au
niveau du nombre d'employés, de la compétence du personnel et du
matériel de travail. Pour cela,Il faudra aussi une promotion de
l'aménagement participatif associant le secteur privé, les ONG,
les services étatiques déconcentrés et les
collectivités territoriales. Ainsi, cette approche impliquant divers
acteurs contribuera à atténuer le déficit financier,
à pallier l'insuffisance du personnel et à renforcer
l'efficacité des agents d'aménagement pour la réalisation
des travaux.
Il faudra aussi valoriser les savoirs-faires locaux et appuyer
techniquement les acteurs locaux actifs pour l'accomplissement des tâches
et des responsabilités, pouvant leur être confiés,
notamment dans le cadre des travaux d'aménagement de la forét
classée. De ce fait, la réussite de l'aménagement passe
nécessairement par la mise au point d'une nouvelle approche de gestion
prenant en compte les préoccupations de développement des acteurs
et de l'activité par les critères suivants : accroître la
capacité financière et technique des agents, contribuer à
la mise au point de mesures d'accompagnement sociales et renforcer le niveau
d'organisation des populations par la mise en place d'une expertise locale
à s'approprier les différentes activités de
conservation.
La surveillance villageoise est une initiative orientée
sur la protection de la diversité biologique en vue d'une utilisation
rationnelle. L'originalité de cette activité est l'implication et
la responsabilisation de la population riveraine ainsi que la collaboration
avec les agents des eaux et forêts. Mais le renforcement des
capacités est à consolider par une nouvelle stratégie de
dynamisation de la surveillance villageoise axée sur le bien-être
social, la hausse du salaire et l'apport de matériel adéquat.
Pour subvenir aux besoins, la coopération et le partenariat avec les
bailleurs de fonds et le secteur privé sont à promouvoir en vue
du soutien financier, technique et matériel. Ainsi, l'incorporation
d'idées libérales et le recours aux forces du marché sont
des alternatives pour financer la conservation à travers les projets
intégrés de conservation et de développement.
Le programme de coopération est à
accroître pour la valorisation des ressources avec les autres acteurs
pour atteindre une auto promotion véritable de la part des
bénéficiaires. Pour cela, il faut axer le processus de
renforcement sur les compétences en ressources (humaines, physiques,
financières) ainsi que sur les capacités en gestion de
leadership, en gestion des programmes, en réseau de contact et
organisationnel. La recherche de complémentarité et la
présence d'actions synergiques avec d'autres partenaires est à
renforcer dans les activités de valorisation des ressources
forestières de la réserve classée. Cette action permet de
mieux couvrir les importants besoins exprimés par la communauté
riveraine, de s'attaquer à des problématiques
interdépendantes (filières) et auxquelles les populations sont
durement confrontées.
L'exploitation des ressources forestières doit
s'inscrire dans un système économique marchand où la
responsabilisation de la réalisation et le suivi des investissements
doit être confiée à ceux et celles qui sont le plus
à méme d'exploiter et d'entretenir correctement les biens et
services offerts. C'est le cas du Botswana après constat de la faible
valorisation de la chasse, la stratégie est orientée sur le
tourisme avec pour objectif d'employer plus d'acteurs à la
périphérie. Cette expérience est à vulgariser au
niveau de la FCRPR/CL. Dans ce pays, une concession de vision de 10 000 ha dans
laquelle se trouve un campement de luxe de neuf tentes avec dix huit lits
emploie en moyenne 38 personnes, soit 2,3% emplois permanents par lit. Le ratio
est donc d'un emploi permanent pour 263 ha, contre 10 345 ha avec la chasse.
Dans ce cas, le tourisme de vision crée 39 fois plus
d'emplois que la grande chasse, à superficie égale. Ces faibles
performances socio-économiques de la grande chasse constatées par
l'étude de l'UICN, ses moindres performances de conservation, n'en font
pas, pour l'avenir, une solution prioritaire d'utilisation des sols ou de
conservation.
La poursuite du principe de co-financement est souhaitable
dans la réalisation des activités de valorisation du fait que
l'implication physique et financier, est gage d'adhésion et d'engagement
des riverains. Ainsi, l'appui aux populations dans leurs efforts pour
améliorer leurs conditions de vie passe par une meilleure
accessibilité aux services de micro-finances d'où la
nécessité de promouvoir et d'encourager la mise en place de
telles institutions à la périphérie des entités
forestières protégées. De ce fait, l'implication et la
responsabilité des communautés locales passent
nécessairement par l'augmentation des financements de microprojets
liés à la valorisation des produits forestiers non ligneux et
ligneux. Pour subvenir aux besoins, la coopération bilatérale et
le partenariat, la promotion et la dynamisation des organisations villageoises
de gestion, de production et de commercialisation sont à promouvoir pour
susciter plus d'engouement et de participation des communautés dans la
protection de la diversité biologique.
Tous ces aspects constituent des entraves à la gestion
durable de la diversité biologique et ne favorisent pas
l'amélioration des conditions de vie des riverains. Pour cela, il faudra
plus de microprojets intégrés de conservation et de
développement impliquant plus d'acteurs et prenant en compte les
préoccupations des communautés.
CONCLUSION GENERALE
Le Burkina Faso s'est constitué un réseau
étendu d'aires protégées (77 au total) et s'est
doté d'un cadre juridique satisfaisant en matière de conservation
de ces réserves forestières, composé des textes
conventionnels, législatifs et réglementaires. Malgré le
nombre important des textes et lois en matière de conservation, il
ressort que le cadre juridique est largement ineffectif parce qu'il
éprouve les plus grandes difficultés à s'appliquer sur le
terrain. Dans ces conditions, la règle de droit environnemental ne peut
pas jouer son rôle majeur qui est de mettre fin à la
dégradation de l'environnement. Les règles de protection des
espaces protégés, à l'instar des autres règles de
protection de l'environnement, s'avèrent donc incapables d'assurer leurs
fonctions principales, à savoir la prévention, la
réparation et la répression.
Les formes d'exploitation des ressources sont multiples mais
le processus de valorisation doit se réalisé dans un esprit de
respect de la diversité biologique pour une utilisation adéquate
de la biodiversité. L'implication des communautés locales vise le
développement des fonctions économiques, écologiques et
sociales dans le cadre d'une gestion intégrée, assurant de
façon soutenue et durable la conservation ainsi que le bien être
des acteurs locaux.
Le processus de conservation et d'exploitation impliquant les
communautés riveraines axé sur la coopération et la
collaboration permet d'organiser les filières de valorisation ainsi que
les acteurs. Cette participation des communautés permettent
d'établir les priorités de développement ainsi que les
contraintes de valorisation et d'organisation. Cette vision admet des alliances
stratégiques où la pluridisciplinarité et la concertation
continue seront les outils essentiels de la stratégie d'intervention sur
le terrain. Ainsi, le partenariat s'établira à plusieurs niveaux
en fonction des problématiques définies et des actions à
réaliser, et chaque type sera assorti d'un protocole ou contrat qui
définit les modalités de mise en oeuvre ainsi que les droits et
les obligations de chaque partie.
Cependant, la contribution des revenus à
l'épanouissement de la population est faible au regard des surfaces
concernés, le nombre d'emplois créés ainsi que
l'implication des
communautés. Il nous faut malheureusement constater que
les savoirs-faires locaux sont très peu prises en compte dans la
réalisation des microprojets. Mais les quelques rares occasions
où la main d'oeuvre villageoise est utilisée, celle-ci est
confrontée au manque de matériels adéquats et
adaptés ainsi qu'à l'expérience requise pour
l'exécution de certaines activités. De plus, la valorisation des
ressources forestières de leur forét n'est pas accessible du fait
des taxes et des prix élevés (Chasse safari, peche...).
L'ensemble de ces difficultés constitue une entrave à la
consommation et à la production locale des ressources
forestières. Pour que ce processus d'exploitation des ressources
naturelles prenne en compte les préoccupations de développement
des communautés et des villages à la périphérie, il
est impératif que l'exploitation des ressources forestières
s'inscrive dans un système marchand. Le but recherché est de
dynamiser l'économie locale à travers une production de
quantité, de qualité et un renforcement des compétences
villageoises pour des prestations de services de qualités.
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