UNIVERSITY OF ANTWERP INSTITUTE OF DEVELOPMENT
POLICY AND MANAGEMENT
Dissertation
La réduction de la pauvreté, une
priorité dans la
planification budgétaire: Etude de cas du
Burundi.
Joseph Nigeze
Master's Degree in Development Evaluation and Management Academic
Year 2009-2010
Supervisor: Prof. Dr. Danny Cassimon Academic Year 2009-2010
AVANT PROPOS
La présente étude cherche à analyser le
niveau de prise en compte de la Stratégie de Réduction de la
Pauvreté dans le processus budgétaire au Burundi. Elle a
été menée d'une part à partir de la documentation
disponible. D'autre part, notre analyse a été enrichie par les
entretiens que nous avons effectués avec les personnalités
oeuvrant dans différents services techniques concernés par la
gestion du budget et de l'aide. Ce travail est donc le fruit de plusieurs
personnes que nous tenons à remercier.
Au terme de ce travail qui marque la fin de nos études
dans le cadre du programme de « Master en Evaluation et Gestion du
Développement », nous adressons nos sincères remerciements
au Professeur Docteur Danny CASSIMON pour l'inspiration du sujet et pour avoir
accepté la direction de ce travail. Sa disponibilité et ses
conseils nous été très utiles pour la réalisation
de cette étude. Que tous les Professeurs, tout le Personnel
académique et administratif de l'Institut de Politique et de Gestion du
Développement (IOB) trouvent ici notre profonde gratitude.
Nous tenons à remercier toutes les personnes qui ont
contribué de près ou de loin à la réalisation de ce
travail. Nous remercions sincèrement et de façon
particulière Broederlijk Delen et Inades-Formation Burundi qui ont bien
voulu financer nos études à l'Institut de Politique et de Gestion
du Développement (IOB). Que ces institutions éprouvent
satisfaction à travers ce travail. Nous exprimons également notre
profonde gratitude envers les personnes avec lesquelles nous avons
effectué des entretiens ainsi que celles qui nous ont fourni les
documents de travail.
.
TABLE DES MATIERES
Liste des abréviations ...................................
.................................v
Liste des tableaux ......................................
.................................. vi
Liste des figures ......................
................................................... vi
Résuméexécutif......................................................................
... vii Executive
summary........................................................................viii
INTRODUCTION GENERALE 1
Justification du contexte de l'étude 2
Questions de recherche 3
Objectifs de l'étude 3
Méthodologie 3
Limitesde l'étude 4
Plande travail 4
CHAPITRE 1 : POLITIQUE DE REDUCTION DE LA PAUVRETE
AU BURUNDI 5
1.1. Présentation de la situation politique et
socio-économique 5
1.2. Analyse-diagnostic de la pauvreté au Burundi 9
1.3. Processus d'élaboration du Cadre Stratégique
de Lutte contre la Pauvreté.........11
1.4. Grands axes de la politique de réduction de
Pauvreté .................................12
1.5. Répartition des ressources de financement des
programmes du Cadre
Stratégique de Lutte contre la Pauvreté
................................................17
CHAPITRE 2 : AIDE AU DEVELOPPEMENT ET REDUCTION
DE LA PAUVRETE 19
2.1 Contexte actuel de l'aide 19
2.2. Flux de l'aide au Burundi ..................................
........................... 20
2.3. Absorption et utilisation de l'aide au Burundi 22
2.4. Rôle de l'aide sur la politique de réduction de
la pauvreté 25
2.5. Suivi de la mise en oeuvre de la Déclaration de Paris
sur l'efficacité de l'aide~ 29
CHAPITRE 3: LIAISON ENTRE LA STRATEGIE DE REDUCTION
DE LA PAUVRETE ET LE BUDGET DE L'ETAT 34
3.1. Aperçu sur les réformes de gestion des
finances publiques 35
3.2. Intégration de la stratégie de
réduction de la pauvreté dans
lebudget de l'Etat 39
3.3. Mise en place des outils budgétaires et comptables
40
3.4. Cadre institutionnel de la gestion et du suivi des fonds de
l'IPPTE 43
3.5. Cadre des Dépenses à Moyen Terme (CDMT) 44
CHAPITRE 4 : ALLOCATION ET EXECUTION DU BUDGET DE
L'ETAT
ET DE L'AIDE PAR RAPPORT A LA STRATEGIQUE DE
REDUCTION DE LA PAUVRETE ..47 4.1.
Allocation et exécution des recettes du budget l'Etat
................................47 4.2. Allocation et exécution des
dépenses du budget l'Etat ...............................49 4.3. Part
des dépenses pro-pauvres dans le budget
.........................................51 4.4. Fonds de l'Initiative PPTE
dans le budget..............................................55
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS ..57
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES ..59
ANNEXES . 64
Annexe 1 : Guide
d'entretien...........................................................................64
Annexe 2 : Tableau de classement des dépenses du
budget en dépenses
pro pauvres et non pro
pauvres..........................................................67
LISTE DES ABREVIATIONS
AGR : activités génératrices des revenus
APD : Aide Publique au Développement
BAD : Banque Africaine de Développement
CAD : Comité d'Aide au Développement
CASR : Cellule d'Appui chargée du Suivi des
Réformes CDMT: Cadre de Dépenses à Moyen Terme
CNCA : Comité National de Coordination des Aides
CNDD-FDD : Conseil National de Défense de la
Démocratie-Forces pour la Défense de la Démocratie.
CSLP : Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté DSRP : Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté FBU : Francs Burundais
FED : Fonds Européen de Développement
FIDA : Fonds International de Développement Agricole FMI :
Fonds Monétaire International
FNL : Forces Nationales de Libération
HIMO : Haute Intensité de Mains d'oeuvre
IADM : Initiative d'Allégement de la Dette
Multilatérale IDA : Association Internationale pour le
Développement IPPTE : Initiative en faveur des Pays Pauvres Très
Endettés ISTEEBU : Institut National des Statistiques du Burundi
OCDE : Organisation de Coopération et de
Développement Economiques
OMD : Objectifs du Millénaire pour le Développement
ONG : Organisation Non-Gouvernementale
OPEP : Organisation des Pays Exportateurs de Pétrole PGA :
Plate-forme de Gestion de l'Aide
PIB : Produit Intérieur Brut
PTF : Partenaires Techniques et Financiers
QUIBB : Questionnaire Unifié des Indicateurs de Bien- Etre
du Burundi
RIM : Réseau des Institutions de Micro-finance
SIGEFI : Système Informatique Intégré de
Gestion des Finances Publiques
SP/CNCA : Secrétariat Permanent du Comité de la
Coordination Nationale des Aides
SP/REFES : Secrétariat Permanent de suivi des Reformes
Economiques et Sociales SRP : Stratégie de Réduction de la
Pauvreté
USD : United States Dollar (Dollar des Etats Unis
d'Amérique)
USAID: United States Agency for International Development
VIH/SIDA : Virus d'Immunodéficience Humaine/Syndrome
d'Immunodéficience Acquise
LISTE DES TABLEAUX
Tableau n° 1: Quelques indicateurs de la balance des
paiements
Tableau n° 2: Composition du budget de l'Etat
Tableau n°3: Tableau de financement du CSLP 2006-2009 (en
millions de USD). Tableau n°4 : Identité de la balance des
paiements 2001-2008 (en pourcentages du PIB) Tableau n°5 : Identité
de budget de 2001à 2008 (en pourcentages du PIB)
Tableau n°6 : Décaissement de l'aide par source de
financement en millions USD Tableau n°7 : Décaissement de l'aide
par axe stratégique du CSLP (en millions USD) Tableau n° 8 :
Exécution des recettes budgétaires (en milliards de FBU)
Tableau n° 9 : Exécution des recettes
budgétaires (en pourcentages du PIB) Tableau n° 10 : Composition
des dépenses de l'Etat (en milliards de FBU) Tableau n° 11 :
Composition des dépenses de l'Etat en pourcentages du PIB Tableau
n° 12 : Proportions des dépenses pro pauvres dans le budget
Tableau n° 13 : Synthèse de l'utilisation des fonds
de l'IPPTE (millions de FBU)
LISTE DES FIGURES
Figure n°1 : Evolution des flux nets de l'aide 1993-2008
Figure °2 : Evolution des flux bruts et nets de l'aide
2001-2008
Figure n°3 : Liens entre l'aide la croissance et la
réduction de la pauvreté Figure n°4: Prévisions et
décaissement de l'aide en 2009
Figure n°5 : Liaisons entre les systèmes de
planification et de budgétisation
RESUME EXECUTIF
Le Burundi, comme d'autres pays en voie de
développement est en train de mettre en oeuvre le programme
stratégique de lutte contre la pauvreté. Ce programme vient
compléter l'Initiative des Pays Très Endettés (IPPTE) qui
a été lancée en 1996 pour la réduction de la dette
des pays très endettés qui appliquent des programmes d'ajustement
et de réformes appuyés par la Banque Mondiale et le Fonds
Monétaire International. L'objectif de la stratégie de
réduction de la pauvreté consiste à aider les pays
à faibles revenus à élaborer et mettre en oeuvre des plans
stratégiques pour combattre la pauvreté en utilisant efficacement
l'aide au développement en harmonie avec les Objectifs du
Millénaire pour le Développement.
La Stratégie de Réduction de la Pauvreté
a été introduite au Burundi dans une conjoncture
particulièrement difficile caractérisée par une
insuffisance de la production et une faiblesse de l'aide au
développement et de l'investissement suite à la guerre civile.
Avec la relance de l'aide au développement dès l'année
2000, suite à l'accord de paix signé à Arusha en Tanzanie,
la gestion des finances publiques du Burundi a été soumise
à un examen minutieux dans le but de créer un espace fiscal et de
réhabiliter la gestion du budget en fixant les étapes
fondamentales du processus budgétaire.
A l'heure actuelle, le programme de réforme de la
gestion des finances publiques se trouve au centre du programme
général du Gouvernement avec l'appui technique et financier des
bailleurs de fonds. Ces réformes ont été initiées
pour renforcer et harmoniser les systèmes existants afin de promouvoir
l'intégration entre les processus de planification et de
budgétisation. La présente étude a donc l'objectif
d'analyser le niveau d'intégration de la stratégie de
réduction de la pauvreté dans le budget en se basant sur une
analyse documentaire.
Sur le plan méthodologique, notre étude est
basée sur les données et la documentation disponibles sur la mise
en oeuvre de la politique de lutte contre la pauvreté au Burundi.
L'analyse des documents a été complétée par des
entretiens que nous avons effectués auprès du Département
du Budget-Contrôle, du Département de la Comptabilité
Publique, de la Cellule d'appui du pilotage des réformes de la gestion
des finances publiques, du Secrétariat Permanent du Comité de la
Coordination Nationale des Aides.
Au terme de cette étude, nous constatons
qu'après six ans d'application du cadre stratégique de lutte
contre la pauvreté, des améliorations se manifestent au niveau
des allocations budgétaires en faveur des pauvres. L'état
d'avancement des réformes montre que les réalisations sont
encourageantes en matière de la mise en place des outils
d'amélioration de la gestion des finances publiques. Toutefois, le
chemin à parcourir reste long pour parvenir à un système
des finances publiques plus efficace, transparent en harmonisation avec le
document stratégique de réduction de la pauvreté.
Nous recommandons au Gouvernement du Burundi de poursuivre
l'engagement pris pour la réforme de la gestion de finances publiques et
de trouver solution aux différentes contraintes qui s'expriment au
niveau des services techniques. Avec l'assistance technique et
financière des bailleurs de fonds, nous ne doutons pas que le Burundi
réussira la mise en oeuvre des programmes de croissance
économique et de réduction de la pauvreté.
EXECUTIVE SUMMARY
Like other developing countries, Burundi is in the process of
implementing the strategic program for fighting against poverty. This program
comes to supplement the Initiative of the Heavily Indebted Poor Countries
(HIPC) which was launched in 1996 for the reduction of the debt of the heavily
indebted poor countries which applies programs of adjustment and reforms
supported by the World Bank and the International Monetary Funds. The objective
of the poverty reduction strategy consists in helping the countries with
low-incomes to prepare and implement strategic plans, aimed to combat poverty
by effectively using the development assistance in harmony with the Millennium
Development Goals.
The Poverty Reduction Strategy was introduced in Burundi in a
particularly difficult economic situation characterized by an insufficient
production and a weak assistance in development and investment that followed
the civil war. Following the peace accord signed in Arusha in Tanzania, the
development assistance was revived since 2000, which led to subjecting the
management of public finances of Burundi to a meticulous examination aimed at
creating a tax space and rehabilitating the management of the budget by fixing
the fundamental stages of the budgetary process.
For now, with the technical and financial support of donors,
the program to reform the public finances management is at the center of the
Government general program. These reforms have been initiated in order to
reinforce and harmonize the existing systems, thereby promoting the integration
between the planning and budgeting processes. The present study therefore
attempts to assess the level of integration of the poverty reduction strategy
in the budget by analyzing the available documents.
At the methodological level, my study is based on the data and
the documentation available as regards the implementation of the policy for
fighting against poverty in Burundi. The analysis of the documents was
supplemented by semi-structured interviews held at the Department of
Budget-Control, the Department of Public accounts, the Cell of support of
piloting reforms of public finances management, and the Permanent Secretariat
of the Committee of National coordination of Assistances.
The study points to the observation that after six years of
implementation of the strategic framework for fighting against poverty, some
improvements have been achieved in terms of budget allocation in favor of the
poor. The progress report of the reforms shows that the achievements are
encouraging as regards setting up tools geared to improve the public finances
management. However, there is still a long way to go in order to reach a more
effective system of public finances, transparent and in harmony with the
strategic document of poverty reduction.
I recommend to the Government of Burundi to continue the
commitment taken on for the reform of public finances management and to find
solution to the different constraints found at the level of technical services.
With the technical and financial assistance of donors, I do not doubt that
Burundi will succeed to implement the economic growth and poverty reduction
programs.
INTRODUCTION GENERALE
1. Justification du contexte de l'étude
Depuis bientôt sept ans, le Burundi met en oeuvre des
politiques et programmes de lutte contre la pauvreté. Ces programmes
sont conçus dans le «Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté (CSLP)». Après la phase intérimaire qui a
commencé en Janvier 2004, l'élaboration du CSLP complet a
été lancée en 2004 et son adoption a eu lieu en septembre
2006. Dans certains pays, ces programmes sont inscrits dans le « Document
de Stratégie de Réduction de la Pauvreté (DSRP) ». Au
Burundi, le CSLP-Complet a été élaboré et mis en
oeuvre dans une conjoncture socio-économique particulièrement
difficile, caractérisée par une faiblesse de l'aide au
développement, la destruction des infrastructures et d'autres
conséquences désastreuses sur l'économie suite à la
guerre civile. En plus, la situation était aggravée par une
insuffisance des compétences techniques et des faibles capacités
institutionnelles et organisationnelles en matière de gestion des
finances publiques.
Sur le plan de la littérature, le programme de
réduction de la pauvreté consiste à encourager la
priorité des dépenses en faveur de la population pauvre (Klugman
et al : 2005). Selon Foster et al (2002), servir les pauvres de manière
plus efficace nécessite l'extension des services de base à la
majorité des pauvres et exige la définition des priorités
stratégiques dans la gestion des dépenses de l'Etat. Pour la
Banque Mondiale (2005a), la Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (SRP) a été initiée pour aider les pays
à faible revenu à élaborer et appliquer des meilleures
stratégies pour combattre la pauvreté. De façon
générale, le programme stratégique de réduction de
la pauvreté vient compléter l'Initiative en faveur des Pays
Pauvres Très Endettés (IPPTE) qui a été mise en
place depuis 1996 pour la réduction de la dette des pays pauvres
très endettés qui appliquent des programmes d'ajustement et de
réforme appuyés par le FMI et la Banque Mondiale.
Le document de stratégie pour la réduction de la
pauvreté décrit d'un côté les politiques et
programmes à mettre en oeuvre sur le plan macroéconomique,
structurel et social afin de promouvoir la croissance et de réduire la
pauvreté. D'un autre côté, ce document présente les
ressources de financement intérieur et extérieur attendues pour
l'exécution de ces programmes. Du point de vue budgétaire,
l'exécution des dépenses publiques tient compte des
priorités fixées dans la politique de réduction de la
pauvreté. Le budget constitue donc un
instrument annuel de mise en oeuvre des programmes
pluriannuels de l'Etat prévus dans le Document de Stratégie de
Réduction de la Pauvreté. Selon Wilhelm et Willamson (2008), les
liens entre la stratégie de réduction de la pauvreté (SRP)
et le budget, s'intègrent pleinement à l'exécution
efficace de la SRP à tous les stades du processus budgétaire
(élaboration, exécution et établissement des rapports) et
sont indispensables au renforcement de l'obligation de rendre compte des
autorités publiques.
Le CSLP constitue un cadre de référence pour les
interventions d'aide au développement au Burundi. Il définit des
stratégies pour la prise des décisions d'investissement et de
réformes dans tous les secteurs de lutte contre la pauvreté au
niveau du pays. Les étapes déjà franchies dans la mise en
oeuvre du CSLP au Burundi sont les suivantes : la préparation du CSLP
Intérimaire, la formulation du CSLP complet et la finalisation de deux
premiers rapports annuels de mise en oeuvre du CSLP. Pour le moment, les
travaux en préparation sont d'une part, l'établissement du bilan
consolidé des 3 premières années de mise en oeuvre du
CSLP. D'autre part, il est prévu l'élaboration de la seconde
revue du CSLP pour fixer le programme d'actions prioritaires de la
période 2011-2013. Les travaux préparatoires ont
été lancés depuis le mois de mai 2010.
2. Questions de recherche
La présente étude ayant pour but d'analyser le
niveau d'intégration de la stratégie de réduction de la
pauvreté dans le budget, notre réflexion s'articule autour des
questions suivantes :
- Les priorités de la Stratégie de
Réduction de la Pauvreté sont-elles prises en compte dans le
processus budgétaire au Burundi? Si oui, sont-elles mises en oeuvre
comme prévu ?
- Comment peut-on garantir une plus grande intégration de
la Stratégie de Réduction de la Pauvreté et le budget ?
- Dans quelle mesure interviennent les bailleurs de fonds dans la
réduction de la pauvreté au Burundi ?
3. Objectifs de l'étude
L'Objectif général de l'étude
est de montrer les liens entre la stratégie de réduction
de la pauvreté et le processus budgétaire en tenant compte du
rôle de l'aide dans la réduction de la pauvreté.
Les objectifs spécifiques :
- Analyse du degré d'alignement de la Stratégie de
Réduction de la Pauvreté et le budget avec les processus de prise
de décisions
- Analyser l'impact de l'aide dans la stratégie de
réduction de la pauvreté et sur la gestion des dépenses
publiques.
- Comprendre les facteurs qui influencent la mise en
priorité de la réduction de la pauvreté dans le budget
général de l'Etat.
4. Méthodologie
Sur le plan méthodologique, notre étude est
basée sur les données et la documentation disponibles. Constatant
l'insuffisance d'information et de la documentation sur les sites internet,
nous nous sommes rendus au Burundi du 9 au 23 juin 2010 pour consulter les
documents sur le lieu mais aussi pour nous entretenir avec les
personnalités oeuvrant dans les services en rapport avec notre sujet
pour l'enrichissement des données de base.
Nos entretiens ont été effectués avec
Monsieur BWABO Donatien, Coordonnateur de la Cellule d'Appui chargée du
Suivi des Réformes (CASR) et Conseiller Technique au Ministère
des Finances. Au Département du Budget, nous avons rencontré
Madame NDAYIZEYE Collette, Chef de Service Exécution du Budget. Nous
avons également rencontré Monsieur GASUHUKE Jacques, Ordonnateur
Trésorier du Burundi et Monsieur SINDAHABAYE Athanase, Conseiller au
Département de la Comptabilité Publique. Nos entretiens ont
été ensuite effectués avec Monsieur NIMPAYE Emile, Cadre
d'appui en base des données au Secrétariat Permanent du
Comité de la Coordination Nationale des Aides (SP/CNCA). Toutes les
informations et données contenues dans cette dissertation ont
été fournies par des sources fiables et nous les avons
traitées comme telles en tant que données secondaires dans notre
étude.
5. Limites de l'étude
Comme toute oeuvre humaine, cette étude ne peut pas
échapper à certaines limites. Les données sur le Burundi
sont disponibles à partir de différentes sources : OCDE, FMI,
Banque Mondiale, Ministères et d'autres services techniques du
Gouvernement du Burundi. Les données sur l'aide fournies par ces sources
présentent parfois des différences. Pour faciliter la
coordination de l'aide et l'harmonisation des données, le Comité
National de Coordination des Aides (CNCA) et la Plate-forme de Gestion de
l'Aide (PGA) ont été mis en place depuis 2008. La situation
commence à s'améliorer mais comme on le verra au deuxième
chapitre, des faiblesses subsistent au niveau de la coordination et
d'enregistrement de l'aide au budget. Dans tous les cas, nous avons tenu
à préciser chaque fois la source des données
utilisées.
6. Plan de travail
De façon sommaire, notre travail est structuré
en quatre chapitres. Le premier chapitre présente l'analyse-diagnostic
de la pauvreté au Burundi ainsi que la description des grands axes du
Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté. Le deuxième
décrit les flux de l'aide, sa gestion et son impact sur la
réduction de la pauvreté au Burundi. Le troisième chapitre
analyse la liaison entre la stratégie de réduction de la
pauvreté et le budget général de l'Etat. Enfin, le
quatrième chapitre traite l'allocation et l'exécution du budget
de l'Etat en tenant compte de l'aide par rapport à la stratégie
de réduction de la pauvreté au Burundi. Ce dernier chapitre
dégage la part des dépenses pro-pauvres dans le budget en
comparaison avec les dépenses non pro-pauvres.
CHAPITRE 1 : POLITIQUE DE REDUCTION DE LA PAUVRETE AU
BURUNDI
1.1. Présentation de la situation politique et
socio-économique.
Sur le plan politique, le Burundi vient de sortir d'une guerre
civile qui a commencé en 1993. La signature des accords de paix d'Arusha
en 2000 a marqué le début de l'espoir de retour à la paix
et la restauration de la démocratie. Après trois ans de
transition, une nouvelle constitution a été promulguée et
des élections ont été organisées en 2005. Les
institutions issues des élections démocratiques de 2005 se sont
ensuite engagées dans un programme de reconstruction et de
réhabilitation du pays tout en continuant les négociations avec
le dernier groupe rebelle à savoir les Forces Nationales de
Libération (FNL). Le contexte général plus apaisé a
été conforté par l'amélioration très
significative de la situation sécuritaire avec la cessation
définitive des hostilités entre le gouvernement et le dernier
groupe rebelle en décembre 2008 et par l'intégration des
éléments de ce mouvement dans les différentes institutions
du pays.
De nouvelles élections viennent d'être
organisées du 23 juin au 28 juillet 2010 avec l'appui de la
communauté internationale et en présence des observateurs
internationaux. Dans l'ensemble, le scrutin s'est bien déroulé
mis à part quelques irrégularités constatées par
les observateurs internationaux, notamment l'utilisation des véhicules
de l'Etat, le manque de transparence par le non affichage des procès
verbaux des résultats sur les bureaux de vote et la perturbation de la
sécurité dans certains coins du pays. A l'issu des
résultats, le parti au pouvoir (CNDD-FDD) a largement gagné les
élections avec le retrait de douze partis de l'opposition de la course
électorale. Ce retrait trouve son origine dans les
irrégularités précédemment signalées. Le
Burundi se prépare donc à mettre en place des nouvelles
institutions issues des élections de 2010.
Sur le plan social, l'amélioration de la situation
sécuritaire et politique s'est accompagnée d'un retour massif des
rapatriés. Beaucoup de problèmes se sont se posés pour
l'intégration social des rapatriés qui n'ont pas pu retrouver
leurs terres. Cette situation s'est accompagné des conflits fonciers, en
plus des problèmes du genre en matière de droit à
l'héritage et succession au niveau familial. Une « Commission
Nationale Terres et Autres Biens », a été mise en place pour
régler des litiges fonciers et autres cas de contentieux liés au
rapatriement.
Sur le plan économique, l'économie burundaise
est basée sur le secteur agricole. Ce dernier représente environ
la moitié du Produit Intérieur Brut (PIB). Le café
constitue le produit le plus important dans les recettes d'exportation, suivi
du thé. Ces cultures sont confrontées aux variations des
conditions climatiques et au sous-investissement causé par les retards
de privatisation des filières. Pour diversifier les sources des recettes
d'exportation, des actions exploratoires sont envisagées pour les
produits non traditionnels comme l'huile de palme, les fruits et
légumes, les fleurs et plantes ornementales, les plantes aromatiques et
médicinales et le macadamia, ainsi que des produits manufacturés.
Le développement des secteurs secondaire et tertiaire reste
limité et handicapé par l'enclavement du pays, la guerre civile
et le bas niveau de d'investissement résultant du manque d'accès
au crédit, du mauvais état des infrastructures et d'une faible
capacité de production énergétique.
Estimée au taux de 3,5% en 2009 (FMI, 2010), la
croissance économique a été affectée par une
série de facteurs notamment la guerre civile, l'instabilité
politique, la perturbation de la production agricole sujette aux aléas
climatiques et les chocs extérieurs. Avec une population de 7.8 million,
Le PIB par habitant a sensiblement diminué passant de 154 $US en 1994
à 106$ en 2005, soit une diminution d'environ 30% (Banque Mondiale,
2008). Dans la situation actuelle du PIB par habitant, le Burundi est
classé comme l'un des pays les plus pauvres du monde. Selon les
statistiques du Rapport sur le Développement Humain (PNUD, 2009), le
classement du Burundi s'est dégradé en passant de la
167ième sur 177 pays en 2007 à la 174ième sur
182 pays en 2009.
De façon générale, le Burundi reste dans
un état relativement fragile suite aux séquelles d'une guerre
civile qui a perduré pendant 15 ans et se trouve ainsi confronté
à des difficultés pour atteindre les Objectifs du
Millénaire pour le Développement (OMD) à l'horizon 2015.
Avec un taux de pauvreté estimé à 67% (République
du Burundi, 2009a), les défis majeurs posés pour réussir
la mise en oeuvre du Cadre Stratégique Lutte contre la Pauvreté
exigent, à terme, un recentrage opérationnel des activités
directement porteuses de croissance en vue d'accroître les
capacités nationales à générer des emplois et des
revenus.
Avec le soutien des bailleurs de fonds, le Burundi est
engagé dans la direction d'une économie de développement
à travers une gestion rationnelle des finances publiques. Des
réformes sont déjà entamées pour dégager un
espace fiscal nécessaire pour le financement des programmes sociaux et
économiques prévues dans le document stratégique de
réduction de la pauvreté.
Tableau n° 1 : Quelques indicateurs de la balance
des paiements
Année 2006 2007 2008 2009
|
en pourcentages du PIB
|
Solde extérieur courant (a+b+c+d)
|
-14,5
|
-15,7
|
-12,2
|
-12,1
|
a.Balance commerciale
|
-20,3
|
-24,8
|
-24,1
|
-15,7
|
Exportations, fob
|
6,4
|
5,4
|
5,2
|
5,2
|
dont: café
|
4,3
|
3,3
|
3,4
|
3,3
|
Importations, fob
|
-26,6
|
-30,3
|
-29,4
|
-20,8
|
dont: produits pétroliers
|
-6,3
|
-6,0
|
-9,0
|
-5,6
|
b.Services net
|
-18,3
|
-14,9
|
-16,0
|
-16,6
|
c. Revenu (net)
|
-1,0
|
-0,6
|
-0,4
|
0,5
|
d. Transferts courants (nets)
|
24,9
|
24,6
|
28,3
|
19,7
|
|
Compte d'opérations en capital
|
7,6
|
13,1
|
12,4
|
92,7
|
dont: Allègement IPPTE
|
3,9
|
4,0
|
3,4
|
76,1
|
Remise de dettes
|
0,0
|
-
|
-
|
-
|
Autres transferts(IADM)
|
-
|
0,0
|
0,0
|
3,9
|
Compte d'opérations financières
|
9,7
|
8,7
|
15,1
|
-76,3
|
Investissements directs
|
0,0
|
0,1
|
1,2
|
0,7
|
Autres investissements
|
9,7
|
8,6
|
13,9
|
-77,0
|
Erreurs et omissions
|
-1,2
|
-3,0
|
-7,9
|
0,0
|
Solde global
|
1,4
|
3,0
|
7,3
|
4,4
|
Financement
|
-1,4
|
-3,0
|
-7,3
|
-4,4
|
Source : Elaboré par l'auteur à partir des rapports
des services du FMI (2008 et 2010)
Le tableau ci-dessus montre les flux entre le Burundi et le
reste du monde en pourcentages du PIB au cours de la période 2006-2009.
Dans l'ensemble, les flux de la balance des paiements sont
caractérisés par un déficit qui se dégage chaque
année. Comme le montre ce tableau, la balance d'opérations
courantes au cours des quatre dernières années traduit bien la
tendance générale et la fragilité de l'économie
burundaise.
Table 2 : Composition du budget de l'Etat
Année
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
|
Prév
|
Réal
|
taux
|
Prév
|
Réal
|
Taux
|
Prév
|
Réal Taux
|
Prév
|
Réal
|
Taux
|
|
en pourcentages du PIB
|
Impôts sur le revenu
|
4,36
|
4,72
|
108,35
|
4,29
|
5,02
|
116,87
|
4,35
|
5,29
|
121,63
|
4,25
|
4,95
|
116,37
|
Taxes/biens et services
|
9,04
|
8,93
|
98,81
|
9,17
|
8,72
|
95,11
|
9,06
|
8,38
|
92,48
|
8,11
|
8,61
|
106,11
|
Taxes/Com International
|
3,88
|
3,23
|
83,07
|
3,53
|
2,97
|
83,96
|
3,19
|
2,77
|
86,89
|
3,65
|
2,60
|
71,22
|
Autres rec. d'impôts
|
0,29
|
0,14
|
48,96
|
0,38
|
0,24
|
64,23
|
0,30
|
0,15
|
50,27
|
0,27
|
0,13
|
47,77
|
Recettes non fiscales
|
1,95
|
1,91
|
98,13
|
2,35
|
1,58
|
67,43
|
1,47
|
2,10
|
143,05
|
1,60
|
1,64
|
102,42
|
Dons
|
18,38
|
13,59
|
73,93
|
20,74
|
15,56
|
75,05
|
21,84
|
14,52
|
66,48
|
23,00
|
6,24
|
27,12
|
Total/ressources (y compris les dons)
|
37,91
|
32,53
|
85,81
|
40,46
|
34,09
|
84,27
|
40,21
|
33,21
|
82,60
|
40,89
|
24,17
|
59,10
|
Salaires
|
10,70
|
9,94
|
92,88
|
13,14
|
10,75
|
81,83
|
10,18
|
11,37
|
111,68
|
11,02
|
10,75
|
97,53
|
Biens et services
|
10,09
|
6,75
|
66,93
|
5,59
|
5,97
|
106,81
|
7,58
|
7,31
|
96,56
|
6,07
|
6,27
|
103,24
|
Transferts et subsides
|
4,40
|
3,60
|
81,85
|
4,49
|
3,98
|
88,76
|
5,39
|
5,15
|
95,54
|
5,81
|
5,93
|
102,20
|
Intérêts/payement
|
2,91
|
2,40
|
82,44
|
2,68
|
2,82
|
105,23
|
2,09
|
1,94
|
92,85
|
1,86
|
2,19
|
117,55
|
Dépenses/Fonds
|
0,40
|
0,64
|
158,45
|
0,36
|
0,43
|
119,02
|
0,35
|
0,46
|
131,47
|
0,62
|
0,50
|
80,35
|
Dépenses d'équip. et prêts nets
|
15,57
|
9,59
|
61,58
|
15,90
|
11,70
|
73,60
|
17,36
|
18,00
|
103,68
|
23,00
|
5,49
|
23,87
|
Total/dépenses
|
44,07
|
32,92
|
|
42,16
|
35,66
|
84,58
|
42,96
|
44,24
|
102,99
|
48,38
|
31,13
|
64,35
|
Solde global
|
- 6,17
|
- 0,39
|
|
- 1,70
|
-1,56
|
|
- 2,75
|
- 11,03
|
|
- 7,49
|
-6,97
|
|
Financement
|
6,17
|
0,39
|
|
1,70
|
1,56
|
|
2,75
|
11,03
|
|
7,49
|
6,97
|
|
1. Financement extérieur net
|
0,01
|
|
|
- 0,86
|
|
|
0,03
|
|
|
2,17
|
|
|
dont : Tirage/dette
|
4,28
|
|
|
2,19
|
|
|
2,75
|
|
|
4,49
|
|
|
Rbst dette
|
- 4,27
|
|
|
- 3,05
|
|
|
- 2,71
|
|
|
- 2,32
|
|
|
2. Financement intérieur net
|
6,16
|
|
|
2,56
|
|
|
2,72
|
|
|
5,32
|
|
|
-Avances BRB et bons du trésor
|
3,06
|
|
|
0,16
|
|
|
-
|
|
|
1,34
|
|
|
- Allègement dette
|
4,15
|
|
|
2,79
|
|
|
3,27
|
|
|
4,61
|
|
|
dont PPTE
|
-
|
|
|
2,79
|
|
|
2,97
|
|
|
2,91
|
|
|
-Rbst dette intérieure
|
- 1,24
|
|
|
- 0,53
|
|
|
- 0,60
|
|
|
- 0,69
|
|
|
3. Erreurs et omissions
|
0,19
|
|
|
0,14
|
|
|
0,05
|
|
|
0,07
|
|
|
Source: Elaboré par l'auteur à partir des
données du Ministère des Finances (Règlement des
comptes de la République du Burundi 2006-2009 et Loi des
Finances 2006-2009)
Pour les calculs des données ci-dessus, nous avons
utilisé les valeurs du PIB qui se trouvent dans les principaux
indicateurs économiques et financiers du Burundi (FMI, 2010). Elles sont
de 918 milliards du FBU (2006), 1060 milliards de FBU (2007), 1386 milliards de
FBU (2008) et 1711 milliards de FBU (2009). Le tableau ci-dessus
présente l'évolution des ressources et des dépenses de
l'Etat sur quatre ans. Du côté des ressources, elles se
répartissent entre les ressources intérieures et
extérieures. Au cours de la période 2006-2009, les ressources
prévues dans le budget en pourcentages du PIB ont évolué
dans les limites de 37,9 en 2006 à 40,9 en 2009. Du côté
des dépenses, elles se répartissent entre les dépenses de
fonctionnement et les dépenses d'équipement. Le solde global est
négatif pour toute la période considérée. Nous
avons tenu compte des erreurs et omissions dans la ventilation du solde global.
De façon générale, le solde du budget est financé
par le financement intérieur et le financement extérieur. Le
premier comprend les avances de la Banque Centrale, les bons du trésor
et les allègements de la dette. Le second inclut les tirages sur la
dette extérieure. Nous tenons à souligner que les montants des
PPTE contenus dans les tableaux ci-dessus sont différents parce qu'ils
ne proviennent pas d'une méme source.
1.2. Analyse-diagnostic de la pauvreté au
Burundi
La présente analyse est basée sur certains
documents disponibles sur la pauvreté ainsi que les
différents rapports de mise en oeuvre du CSLP et sur les
données de la dernière enquête menée auprès
des ménages en 2006 (République du Burundi, 2009a).
1.2.1. Définition et seuil de pauvreté
En nous référant aux documents consultés,
nous constatons que la pauvreté est un concept multidimensionnel. Son
approche varie selon que l'on se place du point de vue local (milieu rural ou
urbain), national ou international. Des différentes approches qui ont
été utilisées pour comprendre la notion de
pauvreté, il n'y a pas de définition commune pouvant être
retenue ni dans le domaine académique, ni dans le discours politique.
Une bonne analyse de la pauvreté requiert à chacun de choisir une
définition qui lui convient parmi celles qui sont proposées par
différents auteurs.
D'une manière générale, la dimension
monétaire est la plus utilisée pour appréhender la notion
de pauvreté. Cette dernière est traduite par le manque d'argent,
entraînant des difficultés pour satisfaire les besoins de base de
l'homme tels que se nourrir, s'habiller et se loger. Il existe plusieurs
méthodes d'évaluation de la pauvreté. Toutes ces
méthodes se
fondent sur des conventions normatives internationalement
admises. Une de ces méthodes a été fournie par la Banque
Mondiale en 1990 et se base sur le critère d'un dollar par personne et
par jour comme seuil normatif (Ravallion et al, 2008). D'autres approches ont
été développées par la Banque Mondiale (2005) en se
basant sur (a) le coût des besoins de base (Cost of basic needs), (b) la
méthode d'énergie nutritive (Food energy intake method), soit
2100 kilocalories par jour et par adulte. Ainsi, est considérée
comme pauvre toute personne dont les ressources sont inférieures
à un certain seuil de revenus. Ce seuil est dit relatif, étant
donné qu'il est calculé en fonction du contexte
socioéconomique de la société à laquelle il est
associé.
1.2.2. Caractéristiques générales de
la pauvreté au Burundi
Selon le deuxième rapport de mise en oeuvre du Cadre
Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, les résultats de
la dernière enquête menée auprès des ménages
en 2006 dans le cadre du Questionnaire Unifié des Indicateurs de Bien-
Etre du Burundi (QUIBB) ont permis de déterminer le taux de
pauvreté au Burundi. Ce taux est estimé à 67% au niveau
national, dont 69% en milieu rural et 34% en milieu urbain. Le seuil de
pauvreté a été estimé à l'équivalent
de 627 FBU par jour en milieu urbain et 525 FBU par jour en milieu rural
(République du Burundi, 2009a).
Selon le même rapport, les résultats de cette
enquête montrent le niveau de pauvreté prévalant dans
chacune des provinces du pays et conduisent ainsi à une meilleure
connaissance des régions prioritaires nécessitant un meilleur
ciblage des programmes. Cela permet de bien cibler les catégories les
plus vulnérables à partir de la répartition de la
population selon les niveaux de revenus par province. Pour rendre efficace les
politiques de lutte contre la pauvreté, il est important d'identifier
préalablement les provinces les plus fragiles en vue d'orienter
prioritairement les programmes socio-économiques du gouvernement vers
les zones moins favorisées. Les catégories de populations
jugées vulnérables nécessitent une attention plus soutenue
par rapport aux autres.
1.2.3. Déterminants de la pauvreté
Concernant les déterminants de la pauvreté, il
convient d'analyser les principaux facteurs quiinfluencent la
pauvreté pour voir la variation de la pauvreté par région
(milieu rural ou
urbain), les caractéristiques communautaires
(infrastructures scolaires), le niveau d'éducation (études)
dans les ménages et l'accessibilité aux services base. Ces
facteurs ont été
expérimentés dans des études sur la
pauvreté menées au Cambodge, Equateur et Malawi en 1997 (Banque
Mondiale, 2005).
Pour le cas du Burundi, les mêmes facteurs ont
été analysés en 2006 lors des enquêtes citées
ci-haut (République du Burundi, 2009a). Il a été
constaté qu'en général les ménages dirigés
par une femme, une veuve ou une personne divorcée sont plus pauvres que
les autres. En outre, le niveau d'éducation du chef de ménage est
positivement corrélé au revenu du ménage. Pour
l'accès aux services de base, il a été constaté que
l'ampleur du trajet nécessaire pour accéder aux infrastructures
de base (école primaire, centre de santé, source d'eau potable et
transport public) affecte négativement le bien être du
ménage. Ces facteurs plaident en faveur de l'extension et de
l'aménagement des infrastructures sociales dans les régions les
plus défavorisées du Burundi.
1.3. Processus d'élaboration du Cadre
Stratégique de Lutte contre la pauvreté.
L'introduction du Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté (CSLP) est le résultat d'une longue période
d'apprentissage par la Communauté Internationale pour aider les pays en
développement à réduire effectivement la pauvreté
(David Booth et al, 2005). Cet instrument de planification a été
introduit dans ces pays en 1999 par la Banque Mondiale et le Fonds
Monétaire International pour le renforcement de l'appropriation et la
responsabilité nationale dans le cadre des réformes pour la
réduction de la pauvreté. Faisant suite à l'Initiative en
faveur des Pays pauvres Très Endettés, le CSLP a
été considéré comme un moyen de renforcement de
l'assistance au développement entre les pays du tiers monde et les pays
développés. Les actions spécifiques qui ont
été menées au niveau des pays pauvres ont favorisé
l'amélioration de l'utilisation de l'aide surtout avec l'adoption du
CSLP et de l'IPPTE (Cassimon et al, 2007).
Au Burundi comme dans d'autres pays en développement,
l'élaboration du CSLP a procédé par un processus
participatif. Il est donc le fruit d'une large consultation au sein des
différents groupes cibles à savoir les communautés de
base, l'administration, le secteur privé, la société
civile, le parlement, le Gouvernement et les partenaires au
développement. Les consultations sectorielles et thématiques ont
été organisées suivant une approche participative et
inclusive. Cette large consultation a permis d'identifier les contraintes et
les potentialités dans les différents secteurs
(économiques, politiques et sociaux). Des axes stratégiques et
des actions prioritaires ont été déterminés.
La mise en oeuvre et le système de
suivi-évaluation du CSLP ont été confiés à
un Secrétariat Permanent chargé du suivi des Réformes
Economiques et Sociales (SP/REFES), attaché à la Deuxième
Vice-Présidence de la République. Ce secrétariat
connaît une structure décentralisée au niveau des provinces
et des communes du pays. Il travaille en étroite collaboration avec un
Comité Interministériel de suivi des Politiques Economiques et
Sociales (République du Burundi, 2006).
1.4. Grands axes de la politique de réduction de
la pauvreté
L'intérêt du profil de la pauvreté
étant de mesurer et comparer la pauvreté entre différents
sous-groupes de la population, il permet d'avoir la mesure de la
pauvreté au niveau national. Une mesure crédible de la
pauvreté peut être un instrument puissant pour attirer l'attention
de décideurs sur les conditions de vie des pauvres (Ravallion, 1998).
Cependant, la mesure de la pauvreté est nécessaire mais non
suffisante. Il est important que les autorités inscrivent la lutte de la
pauvreté dans les programmes du gouvernement.
C'est dans ce cadre qu'une stratégie de
réduction de la pauvreté a été introduite dans les
pays pauvres et très endettés. Par principe, le document de
stratégie pour la réduction de la pauvreté est
préparé par le pays au terme d'une vaste consultation avec toutes
les parties prenantes et les partenaires au développement dont la Banque
mondiale et le FMI. Pour le cas du Burundi, les consultations participatives
réalisées à travers le pays ont permis de relever les
principales contraintes à la croissance économique et qui
freinent la réduction de la pauvreté.
Les principaux axes stratégiques prioritaires
dégagés sont les suivants (République du Burundi,
2006):
- L'amélioration de la gouvernance et de la
sécurité ;
- La promotion d'une croissance économique durable et
équitable
- Le développement du capital humain ;
- La lutte contre le VIH/SIDA.
Il s'agit ici des principaux axes de réduction de la
pauvreté relevés par les populations à la base, la
Société Civile et les services techniques de l'Etat. A travers
ces axes, le Gouvernement a pris l'engagement de mettre en oeuvre un grand
programme de réformes conformément aux recommandations de la
Banque Mondiale et du FMI pour pouvoir bénéficier des services de
l'IPPTE et de l'IADM. Avec l'appui technique et financier des
bailleurs de fonds, les progrès réalisés
au niveau des réformes socio-économiques ont conduit le Burundi
fait parvenir le Burundi au point d'achèvement. Ainsi le Burundi est
devenu le 24ème pays à atteindre de point
d'achèvement de l'initiative PPTE (République du Burundi,
2010a).
1.4.1. L'amélioration de la gouvernance et de la
sécurité
Le Burundi ayant souffert des effets de la mauvaise
gouvernance, le gouvernement a inscrit dans son programme la paix, la
sécurité et la bonne gouvernance comme socle pour le
développement socio-économique du Burundi. Pour ce faire, tous
les efforts ont entrepris pour un retour durable de la sécurité
et la bonne gouvernance. La restauration de la sécurité, la
consolidation de la paix et le processus de réconciliation nationale
sont des préalables pour l'exécution des programmes en vue d'une
croissance durable et de réduction de la pauvreté.
1.4.2. La promotion d'une croissance économique
durable et équitable
Le gouvernement du Burundi a mis en place un plan de relance
économique visant une croissance moyenne annuelle de 6 % à 7 %
avec un objectif de doubler la valeur du PIB par habitant sur une
période de 15 ans (République du Burundi, 2006). L'identification
d'une stratégie de croissance durable constitue un enjeu majeur du CSLP.
Une telle stratégie est envisagée sur l'augmentation des
capacités des secteurs potentiels de croissance, le développement
durable du secteur privé ainsi que la diversification des
opportunités d'emploi et de revenus. La faisabilité de cette
stratégie requiert une aide au développement, et la
réhabilitation des infrastructures d'appui à la production. Un
environnement macroéconomique stable, caractérisé par la
maîtrise de l'inflation et des risques budgétaires, a
été considéré comme facteur déterminant pour
la réussite de la croissance économique.
Le renforcement des sources de croissance de l'économie
burundaise devraient favoriser la reprise économique, la
réduction de la pauvreté par l'augmentation et la meilleure
valorisation de la production, ainsi que la création d'emplois. Les
principales sources de croissance retenues dans la mise en oeuvre du CSLP sont
l'agriculture, le commerce, l'industrie, l'exploitation des mines, le tourisme
et l'artisanat. La Banque Mondiale a financé des études sur
l'identification des sources de croissance rurales. Le potentiel des cultures
d'exportation traditionnelles et non traditionnelles, ainsi que des cultures
vivrières et de l'élevage avaient été mis en relief
par une récente étude commissionnée par le gouvernement du
Burundi. Cette étude menée en partenariat avec la Banque devrait
permettre de confirmer les meilleurs
potentiels de croissance mais aussi et surtout d'identifier les
actions prioritaires à mener pour réaliser ces potentiels
(République du Burundi, 2006).
1.4.3. Le développement du capital humain
A l'image de la destruction du secteur économique, la
guerre civile n'a pas épargné le capital humain. L'objectif
principal du gouvernement dans le domaine social est le rétablissement
des performances d'avant le conflit et de réaliser les objectifs
fixés dans le cadre du millénaire pour le développement
(OMD) fixés à long terme en 2015. Pour faire face à ce
défi, le gouvernement s'est engagé à accroître
progressivement les allocations budgétaires en faveur des
dépenses pro pauvres principalement dans les secteurs de
l'éducation, la santé.
Dans le cadre de la promotion de l'éducation, des
efforts ont été consentis pour rendre accessible
l'éducation à la population. Avec l'appui des Partenaires
Techniques et Financiers (PTF), le Gouvernement a déployé des
efforts pour reconstruire les infrastructures scolaires et étendre
l'accès à l'enseignement primaire. Ces efforts se sont traduits
en particulier au niveau des volets suivants : (a) la gratuité de
l'éducation à l'école primaire pour promouvoir
l'éducation de base, (b) la construction de salles de classe et le
recrutement des enseignants, (c) la mise à disposition
de matériels pédagogiques pour rendre disponible l'outil
pédagogiques aux élèves et aux enseignants, (d) le
renforcement des capacités des enseignants (e) la mise en place d'un
fonds de logement des enseignants pour améliorer leurs conditions de
travail (République du Burundi, 2009a).
Avec la restauration de la paix et la décision de
gratuité de l'éducation en 2005, la situation s'est
progressivement améliorée. Cependant, les défis à
relever restent nombreux compte tenu des besoins exprimés:
infrastructures insuffisantes, manque d'électricité. Le
système éducatif se caractérise par des disparités
régionales très profondes, les enseignants sont mal
répartis entre les centres urbains et les zones rurales. De
surcroît, la formation initiale des enseignants ne tient pas suffisamment
en compte des évolutions scientifiques récentes alors que la
formation en cours d'emploi demeure insuffisante.
En vue de relever les défis et de mettre en place un
système éducatif permettant de garantir une éducation de
qualité, le gouvernement a engagé un processus
d'élaboration du plan sectoriel de développement de
l'éducation, garantissant une formation susceptible d'améliorer
durablement l'efficacité du système éducatif. Cette
politique éducative en cours de
finalisation s'articule autour des cinq principaux objectifs
visant à (a) planifier les flux des élèves au primaire, au
secondaire et à l'enseignement supérieur, (b) améliorer la
qualité de l'enseignement public, (c) garantir un système
éducatif équitable et (d) assurer une utilisation rationnelle des
ressources disponibles. Les bailleurs de fonds ont manifesté leur
volonté d'appuyer le gouvernement dans la mise en oeuvre de ses
programmes (République du Burundi, 2009a).
Du point de vue de l'amélioration des conditions de vie
des pauvres, des pistes ont été identifiées pour la
réduction de la pauvreté. Les actions envisagées sont (a)
l'amélioration de l'accès au crédit ; (b) la promotion des
travaux publics à haute intensité de mains d'oeuvre (HIMO) ; (c)
la promotion des activités génératrices des revenus (AGR).
Concernant le système de microcrédit, une prolifération
des institutions de micro-finance a été observée au cours
de ces dernières années en milieu rural. Certaines de ces
structures n'ont pas duré longtemps suite aux problèmes
d'organisation et des lacunes relevées dans la gestion. Le
rétablissement de la crédibilité du secteur de la
micro-finance est crucial pour l'amélioration de l'offre de
crédit en milieu rural (République du Burundi, 2009a). Conscient
de son rôle primordial dans la croissance économique et la
réduction de la pauvreté, le Gouvernement a mandaté la
Banque Centrale du Burundi pour exercer un contrôle sévère
sur des activités financières des institutions de micro-finance.
Il a également encouragé la création d'un Réseau
des Institutions de Micro-finance (RIM) pour remettre définitivement de
l'ordre dans ce secteur. De cette façon, les efforts de recadrage du
secteur ont permis de relancer l'offre de services de micro-finance en milieu
rural (République du Burundi, 2009a).
1.4.4. La lutte contre le VIH/SIDA
La population burundaise a été
sensibilisée au fléau du SIDA à travers diverses actions
menées dans tout le pays. Selon les résultats de l'Enquête
combinée de surveillance des comportements face au VIH/SIDA et
d'estimation de la séroprévalence du VIH/SIDA
réalisée en 2007 et publiée en 2008, le taux de
séroprévalence était de 2,97% à l'échelle
nationale, mais présente d'importantes différences suivant le
milieu, le sexe et l'age (République du Burundi, 2009a).
Concernant l'état de mise en oeuvre des actions
initiées dans le cadre de la lutte contre le VIH/SIDA, l'action
gouvernementale s'est concentrée sur 4 principaux domaines à
travers l'exécution des programmes spécifiques. Parmi les
activités visant la réduction de la
transmission sexuelle du VIH/SIDA et des autres maladies
sexuellement transmissibles, nous pouvons citer (a) la mise en place de sous
projets en faveur des groupes à risques notamment les jeunes, femmes
à partenaires multiples et veuves), (b) la distribution gratuite de
préservatifs, (c) l'équipement et le matériel dans les
centres de dépistage, (d) le dépistage et le traitement des cas
identifiés (République du Burundi, 2008). Des séances de
sensibilisation au dépistage volontaire organisées dans le cadre
de la lutte contre le sida produisent des effets positifs dans la
population.
Parallèlement aux actions ci-dessus citées, un
système de coordination approprié et efficace a été
mis en place dans l'ensemble des programmes de lutte contre le VIH/SIDA. Cela a
permis d'améliorer la coordination de la réforme multisectorielle
décentralisée et d'apporter les appuis nécessaires
à la mise en oeuvre des plans d'actions provinciaux.
L'amélioration du partenariat avec les bailleurs de fonds a permis
également de renforcer les mécanismes de mobilisation des
ressources.
1.5. Répartition des ressources de financement
des programmes du Cadre Stratégique de Lutte contre la
Pauvreté
Les ressources de financement prévues pour la mise en
oeuvre des programmes du CSLP sont estimées à 1.204 millions de
dollars américains. Les prévisions ont été faites
par axe stratégique comme le montre le tableau récapitulatif qui
suit.
Tableau n°3: Tableau de financement du CSLP
2006-2009 (en millions de USD).
Axes stratégiques
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
Total
|
1. Amélioration de la bonne gouvernance et de la
sécurité
|
42,0
|
46,9
|
37,7
|
55,4
|
182,0
|
Renforcement de l'Etat de droit et lutte contre
l'impunité
|
0,2
|
0,8
|
1,0
|
0,6
|
2,6
|
Promotion de la bonne gouvernance
|
16,2
|
19,3
|
23,9
|
43,4
|
102,8
|
Renforcement de la paix, la réconciliation nationale
|
25,6
|
26,8
|
12,8
|
11,4
|
76,6
|
2. Promotion d'une croissance économique durable
et équitable
|
71,2
|
116,6
|
144,9
|
128,7
|
461,4
|
Développement des secteurs porteurs de croissance
|
22,4
|
50,4
|
85,8
|
75,5
|
234,1
|
Augmentation des opportunités d'emploi et de revenu en
faveur des pauvres
|
18,6
|
19,0
|
7,6
|
6,2
|
51,4
|
Relance du secteur privé
|
1,4
|
6,3
|
8,5
|
5,8
|
22,0
|
Développement des infrastructures d'appui à la
production
|
28,8
|
40,9
|
43,0
|
41,2
|
153,9
|
3. Développement du capital humain
|
50,9
|
83,7
|
164,3
|
115
|
413,9
|
Amélioration de l'accessibilité et de la
qualité des services sociaux de base
|
18,6
|
44,1
|
85
|
73,3
|
221
|
Amélioration de l'accès à l'eau potable,
à l'hygiène et au logement décent
|
32,3
|
39,6
|
79,3
|
41,7
|
192,9
|
4. Lutte contre le VIH/SIDA
|
20,5
|
18,6
|
21,1
|
11
|
71,2
|
|
Prévention de la transmission du VIH
|
2,1
|
8,4
|
8,8
|
6,8
|
26,1
|
Prise en charge des patients infectés
|
18,1
|
8,4
|
9,7
|
3,1
|
39,3
|
Réduction de l'impact chez les personnes
affectées
|
0,3
|
1,6
|
2
|
0,8
|
4,7
|
Renforcement des capacités institutionnelles
|
0
|
0,2
|
0,6
|
0,3
|
1,1
|
Appui budgétaire
|
60,1
|
6
|
1,9
|
7,8
|
75,8
|
TOTAUX
|
244,7
|
271,8
|
369,9
|
317,9
|
1 204,3
|
Source: République du Burundi (2006) .
Le tableau ci-dessus se réfère au plan de
financement qui a été présenté au moment de
l'élaboration du CSLP. En consultant les rapports de mise en oeuvre du
CSLP, nous n'avons pas trouvé de tableau de financement
actualisé. Dans ces rapports, le Secrétariat Permanant du Suivi
des Réformes Economiques (SP/REFES) présente de façon
détaillée l'évolution et les performances de la mise en
oeuvre du CSLP ainsi que les performances macroéconomiques. Il aurait
été intéressant d'actualiser le plan de financement du
CSLP en tenant compte des évolutions décrites dans les rapports
de mise en application du SCLP. En ce qui nous concerne, nous n'avons pu
élaborer un tableau actualisé du genre à partir des
chiffres de la loi des Finances étant donné que le budget ne
retrace pas clairement les axes du CLSP.
En nous référant au canevas qui vient
d'être élaboré par le SP/REFES (mars 2010), il est clair
que ces aspects seront intégrés dans les prochaines
éditions des rapports de mise en oeuvre du CSLP. Ce canevas a
été élaboré dans le souci d'améliorer la
qualité de l'analyse des résultats de la troisième
année d'application du CSLP et de pouvoir dégager des
recommandations pertinentes pour la rédaction de la seconde revue du
CSLP. Pour les prochaines éditions, il est prévu d'actualiser les
financements sur base des prévisions et réalisations annuelles du
budget. Les données sur l'aide seront disponibles à travers la
plate-forme de gestion de l'aide utilisée par SP/CNCA
CHAPITRE 2 : AIDE AU DEVELOPPEMENT ET REDUCTION DE LA
PAUVRETE
2.1. Contexte actuel de l'aide
L'aide au développement telle qu'elle est comprise
aujourd'hui est un phénomène récent bien que ses origines
remontent au moins du Plan Marshall après la seconde guerre mondiale
(Cassimon et Renard, 2001). Selon les chiffres de l'OCDE, l'aide publique au
développement nette totale en provenance des pays du CAD a atteint 119,6
milliards USD, soit une augmentation de 10,2% par rapport à 2008 (OCDE,
2010). En 2009, les apports nets d'aide bilatérale vers l'Afrique ont
été chiffrés à 27 milliards USD, soit une
progression de 3 % en termes réels par rapport à 2008. Sur ce
total, 24 milliards USD sont allés à l'Afrique subsaharienne, 5.1
% de plus qu'en 2008 (OCDE, 2010). Ce constat témoigne clairement que
les bailleurs de fonds ont tenu au respect de leurs engagements en termes
d'aide au développement.
Pour ce qui est du Burundi, les chiffres fournis par le
SP/CNCA montrent que la tendance générale de l'aide est à
la baisse en 2009 comparativement à l'année
précédente. Ces chiffres sont passés de 466 milliards USD
en 2008 à 455 milliards USD en 2009, soit une diminution de 2,3%
(SP/CNCA, 2010). Notons que compte tenu des faiblesses constatées en
matière de coordination et mobilisation des Aides Publiques au
Développement, le Gouvernement du Burundi a mis en place en
décembre 2005, le Comité Nationale de Coordination des Aides
(CNCA). Ce Comité a été créé avec l'appui
des partenaires techniques et financiers pour renforcer les mécanismes
de gestion de l'aide.
2.1.2. Comité National de Coordination de l'aide
Placé sous la tutelle de la deuxième
Vice-Présidence de la République, le CNCA est l'organe le plus
élevé mis en place pour la coordination de l'aide au
développement. Il comprend quatre ministres en tant que membres
permanents, à savoir le Ministre des Finances, le Ministre du Plan, le
Ministre de l'Intérieur et le Ministre des Relations Extérieures
et de la Coopération Internationale. Comme mission principale (SP/CNCA,
2010), il est chargé de:
- Animer un cadre de concertation entre les bailleurs de fonds
et le Gouvernement du
Burundi
- Mettre en place de stratégie de négociation des
financements
- Valider les priorités du Gouvernement en matière
d'exécution des programmes
- Suivre le processus de déblocage de l'aide
conformément aux engagements des partenaires au développement.
Sa mise en place a été motivée par les
faiblesses constatées en matière de coordination et de
mobilisation de l'aide publique au développement. Le renforcement des
mécanismes de coordination de l'aide constitue donc une priorité
du Gouvernement pour assurer son efficacité, son harmonisation en tenant
compte du Cadre Stratégique de Lutte contre la pauvreté (CSLP).
Le CNCA est doté d'un Secrétariat Permanent chargé de
mettre en oeuvre la politique du Gouvernement en matière d'aide. Ce
dernier est une structure technique chargée de la mise en oeuvre des
objectifs du CNCA. Le Secrétariat Permanent assiste le Gouvernement pour
assurer l'exécution des projets et des activités en collaboration
avec les bailleurs. Sa mission principale est la coordination de l'aide et
l'élaboration d'un plan d'action pour la mise en oeuvre des l'aide au
développement conformément à la Déclaration de
Paris sur l'efficacité de l'aide. Il anime en plus le Groupe de
Coordination des Partenaires qui constitue un cadre de dialogue entre le
Gouvernement et les bailleurs de fonds.
2.1.2. La Plateforme de Gestion de l'Aide (PGA)
Installée en 2008 au niveau du SP/CNCA, l'objectif de
la PGA est d'aider le Burundi à coordonner et produire des rapports de
gestion de l'aide au développement. La PGA est un système
basé sur des outils Web pour la gestion et la coordination de l'aide. Il
permet de recevoir l'ensemble des données sur les flux officiels d'Aide
Publique au Développement. La PGA constitue un instrument de collecte er
vérification des données sur l'aide qui sont utilisées
pour préparer les budgets, suivre les projets et évaluer
l'alignement de l'aide sur les actions stratégiques nationales. La PGA
facilite en outre la collaboration entre les pays en créant un
système de réseau entre les utilisateurs. C'est grâce
à la PGA que le Burundi a pu élaborer le premier rapport sur la
gestion de l'aide en novembre 2009. Pour le moment, le SP/CNCA vient de sortir
son deuxième rapport avec la PGA.
2.2. Flux de l'aide au Burundi
Suite aux effets de la crise sociopolitique au Burundi, l'aide
publique au développement a sensiblement diminué depuis 1993. En
effet, pendant la période de la guerre civile, l'aide a continuellement
baissé mais a aussi changé de nature, passant de l'aide au
développement à l'aide humanitaire. En 1997 par exemple, 62 % du
montant de l'aide ont été consacrés à l'assistance
humanitaire (République du Burundi, 2001). La plupart des bailleurs
qui
soutenaient le Burundi ont suspendu les financements. La
Banque Mondiale, avec des fonds sensiblement diminués, est restée
dans le cadre du projet d'appui au développement du secteur
privé. Cette diminution de l'aide extérieure a eu comme
conséquence l'instabilité macro-économique du Burundi dont
le budget est passé d'un surplus de 4,8 % du PIB en 1991 à un
déficit de 1,6% du PIB en 1997. L'évolution des flux de l'aide
est illustrée par les figures ci-dessous:
Figure n°1 : Evolution des flux nets de l'aide de
1993 à 2008
Source : Hannah, N. et Dorsati, M. (2010).
Figure n°2 : Evolution des flux bruts et nets de
l'aide de 2001 à 2008
Source : Hannah, N. et Dorsati, M. (2010).
Le niveau de l'aide au développement au Burundi
augmente à partir de l'année 2000 avec la signature des accords
de paix d'Arusha en Tanzanie. Ces accords de paix ont marqué le
début de l'espoir de retour à la paix et la restauration de la
démocratie. C'est le début de la relance de la Coopération
Internationale. Les figures ci-dessus montrent une augmentation spectaculaire
des flux de l'aide à partir de 2005. En effet avec la mise en place des
institutions issues des élections démocratiques de 2005, les
bailleurs de fonds ont relancé de façon très significative
l'aide au Burundi. En Mai 2007, une Table Ronde Internationale a
été tenue au Burundi pour la mobilisation des fonds pour le
financement des programmes du CSLP.
2.3. Absorption et utilisation de l'aide au Burundi
En consultant différents ouvrages sur l'absorption et
la dépense de l'aide, nous constatons que l'augmentation des flux d'aide
occasionne pour le pays bénéficiaire l'accroissement de la
consommation et l'investissement. A priori, l'aide permet de réduire la
pauvreté, d'améliorer le niveau de vie et d'avoir une croissance
soutenue. De même, l'utilisation efficace des apports
supplémentaires d'aide provoque des défis. Une telle situation
nécessite d'élaborer et de gérer des projets utiles, d'une
part, décider et appliquer les modalités régissant l'aide
budgétaire, d'autre part (Berg et al, 2006). Tenant compte des
conséquences macroéconomiques de l'aide, celle-ci peut au bout du
compte financer les importations nettes ou financer les dépenses
intérieures au lieu de faire recours aux ressources intérieures.
Cette section présente quatre scénarios possibles qui ont
été élaborés par Berg et al (2006) sur la
réaction de l'Etat face aux apports de l'aide.
2.3.1. Notion d'absorption et de dépense de
l'aide
Comme annoncé ci-haut, il existe quatre cas de figures
sur la réaction de l'Etat en cas d'apports de l'aide.
1°) Aide absorbée et
dépensée : Il s'agit ici d'une situation où les
devises sont vendues par la banque centrale et absorbées par
l'économie, et les autorités dépensent les ressources
ainsi obtenues.
2°) Aide ni absorbée, ni
dépensée : Ici, les autorités choisissent
l'utilisation des flux d'aide pour constituer des réserves
extérieures, sans toutefois augmenter les dépenses publiques ni
réduire les impôts. Dans ce cas, l'aide n'a pas d'effet sur la
demande globale, et n'exerce pas de pression sur les prix.
3°) Aide absorbée et non
dépensée : Pour ce 3ème cas, les
autorités choisissent la vente des devises issues des flux plus
élevés d'aide de façon à stériliser l'effet
monétaire des déficits budgétaires financés par
l'économie nationale, démarche qui entraînera
généralement une appréciation du taux de change et un
recul de l'inflation. Il se peut que la demande globale augmente à
mesure que le taux d'inflation diminue, du fait de l'accroissement de la
consommation privée et des investissements.
4°) Aide non absorbée, mais
dépensée : La quatrième possibilité est
que l'augmentation de l'aide amène une hausse des déficits
budgétaires, mais que les autorités ne vendent pas les devises
nécessaires pour financer les importations nettes
supplémentaires. En effet, les retombées macroéconomiques
d'une expansion budgétaire sont analogues à celles d'une
augmentation des dépenses publiques en l'absence d'aide, si ce n'est que
les réserves de change sont supérieures. La hausse des
déficits injecte de l'argent dans l'économie. En l'absence de
vente de devises, les options en matière de politique monétaire
sont les mémes que dans le cas d'une expansion budgétaire non
liée à l'aide.
2.3.2. Analyse de l'absorption et de dépense de
l'aide au Burundi de 2001 à 2008. Considérant les flux
de l'aide au Burundi, il est question d'analyser dans cette sous-section la
gestion macro-économique des entrées de l'aide en termes de
dépense et d'absorption. Lors de notre travail, nous avons
constaté que les chiffres varient selon les différents documents
consultés en termes de données de la balance des paiements et du
budget. Certaines données sont basées sur des estimations tandis
que d'autres sont des projections. Pour des raisons de fiabilité et pour
harmoniser notre analyse avec les figures ci-dessus, nous avons pris l'option
d'utiliser les données se trouvant dans le document de Hannah Nielsen et
Dorsati Madani (2010) produit sur base des données du FMI. Ces auteurs
ont cependant tenu à souligner que les chiffres sur l'aide au Burundi
peuvent être différents selon les sources dont ils proviennent.
Les détails sur les tableaux ci-dessous et les chiffres de
l'année 2009 n'ont pas été disponibles au moment de notre
travail. En effet, l'un des auteurs (Hannah Nielsen) nous a signifié
qu'ils n'ont pas l'accord de publier les données du FMI. Le temps
matériel ne nous a pas permis de contacter les services du FMI.
La période considérée est scindée
en deux en considérant la période de flux ou non de l'aide. Les
données à notre disposition montrent que la période
2001-2004 n'a pas connu beaucoup d'entrées de l'aide comparativement
à l'intervalle de 2005 à 2008 où les flux d'entrées
sont très élevés.
Tableau n°4: Identité de la balance des
paiements 2001-2008 (en pourcentages du PIB)
Burundi
|
Période d'avant les flux
d'aides 2001-2004
|
Période avec flux
d'aides 2005-2008
|
Différence
|
Absorption ou non de
l'aide additionnelle
|
Flux d'aide nets
|
14,9
|
32,0
|
17,1
|
La plupart de l'aide additionnelle a
été absorbée (86%)
|
Non aide du compte courant
|
-18,1
|
-32,9
|
-14,7
|
Non-Aide du compte des opérations en capital
|
-1,4
|
1,2
|
2,6
|
Change en Réserves
|
4,6
|
-0,3
|
-4,9
|
Source: Hannah, N. and Dorsati, M. (2010).
L'absorption est donnée par le ratio obtenu à
partir de la variation du déficit de la non aide du compte courant par
rapport à la variation nette de l'aide. L'absorption de 86% montre
qu'une grande partie des devises additionnelles reçues par le Burundi
sous forme d'aide ont été vendues et utilisées pour
financer les importations. Dans le tableau ci-dessus, l'augmentation des
importations suite à l'utilisation des devises de l'aide provoque une
augmentation du déficit du compte courant de 14,7% du PIB.
Tableau n°5 : Identité du budget 2001-2008
(en pourcentages du PIB)
Burundi
|
Période d'avant les flux
d'aides 2001-2004
|
Période avec flux
d'aides 2005-2008
|
Différence
|
Dépense ou non de
l'aide additionnelle
|
Flux nets de l'aide budgétaire
|
9,3
|
21,7
|
12,3
|
La plupart de l'aide additionnelle a
été dépensée (75%)
|
Recettes (dons exclus)
|
20,4
|
19,1
|
-1,2
|
Dépenses (intérêts extérieurs
exclus)
|
30,3
|
38,4
|
8,1
|
Solde global avant l'aide
|
-9,9
|
-19,2
|
-9,3
|
Source: Hannah, N. and Dorsati, M. (2010).
La dépense de l'aide est donnée par le ratio
obtenu à partir de la variation du déficit de la non aide
budgétaire par rapport à la variation nette de l'aide
budgétaire. La dépense de 75% signifie qu'une importante de
l'aide additionnelle a été dépensée. Le niveau des
dépenses exclus des intérêts de paiements a augmenté
passant de 30,3 à 38% du PIB entre les périodes 2001-2004 et
2005-2008. Par contre, le niveau des revenus a diminué de 1,2% du PIB
pour les mêmes périodes.
2.4. Rôle de l'aide sur la politique de
réduction de la pauvreté
Le rôle de l'aide peut être analysé en
tenant compte de ses objectifs et du contexte socioéconomique des
bénéficiaires. En effet, l'aide peut être donnée
pour répondre à des urgences humanitaires ou pour la
reconstruction d'un pays post-conflit. Dans tous les cas, l'objectif de base de
l'aide est le plus souvent la réduction de la pauvreté. Dans les
années 1980, l'objectif principal était le rétablissement
des équilibres macro-économiques et la relance de la croissance
économique saine et soutenue en faveur des pays en voie de
développement. Actuellement, les bailleurs de fonds attachent une grande
importance sur l'objectif de réduction de la pauvreté.
Selon Karuna et Morrissey (2002), l'aide peut être
utilisée pour financer des dépenses qui améliorent le
bien-être des pauvres, telles que l'accès universel à
l'éducation primaire et aux soins de santé. De cette
façon, l'aide peut être bénéfique aux pauvres, sans
pour autant avoir d'impact mesurable sur leurs revenus. L'utilisation de l'aide
au profit des pauvres ou pour améliorer le bien-être des pauvres
contribue à la réduction de la pauvreté.
En général, l'aide est accordée au
gouvernement pour effectuer des dépenses publiques soit pour la
croissance économique, soit pour la réduction de la
pauvreté. Le schéma suivant récapitule les liens entre
l'aide, la croissance et la réduction de la pauvreté
Figure n°3 : Liens entre l'aide la croissance et la
réduction de la pauvreté
Croissance économique
Dépenses publiques
Aide Extérieure
Réduction de la pauvreté
Source : Karuna et Morrissey, 2002.
2.4.1. Aide par sources des financements
L'aide en faveur du Burundi provient de trois sources principales
: multilatéral, bilatéral, ONG et autres.
Tableau n°6 : Décaissement de l'aide par
source de financement en millions USD
Source
|
2007
|
2008
|
2009
|
|
en millions USD
|
Aide multilatérale
|
226
|
262
|
272
|
Aide bilatérale
|
156
|
192
|
178
|
ONG et autres
|
1
|
12
|
6
|
Total
|
383
|
466
|
456
|
Source : SP/CNCA (2010).
Le tableau ci-dessus montre un accroissement de l'aide
multilatérale de 2007 à 2009 alors que l'aide bilatérale
augmente en 2008 pour ensuite diminuer en 2009.
2.4.1.1. Aide multilatérale
Selon les données fournies par le SP/CNCA, l'aide
multilatérale vient en première position dans la composition de
l'aide au développement. Sa tendance montre une croissance
régulière sur la période 2007-2009 passant de 226 millions
USD en 2007 à 272 millions USD en 2009. Cette prédominance des
contributions multilatérales s'explique par l'ampleur des projets
financés par le fonds IDA, FMI, BAD, l'Union Européenne. Beaucoup
de projets ont été financés par ces bailleurs dans le
cadre de la reconstruction des infrastructures routières,
infrastructures d'appui à la production, l'assistance technique ainsi
que les appuis budgétaires. La comparaison des aides
multilatérales montrent que l'Union Européenne vient en
tête de liste avec une contribution de 124 millions USD en 2009, suivi de
la Banque Mondiale avec 53 millions USD (SP/CNCA, 2010).
2.4.1.2. Aide bilatérale
Après les contributions multilatérales, l'aide
bilatérale vient en deuxième rang avec une évolution en
dent de scie passant de 156 millions USD en 2007 à 192 millions USD en
2008 pour ensuite diminuer jusqu'à 178 millions USD en 2009 (SP/CNCA,
2010). Cette diminution en 2009 peut s'expliquer aux perturbations de
fonctionnement des institutions politiques suite
au blocage entre les partis politiques. En effet, certains
bailleurs de fonds ont affiché une réticence de déblocage
des appuis budgétaires suite aux problèmes de fonctionnement des
institutions au cours de 2009. Ce phénomène risque de reprendre
au cours de l'année 2010 vu le climat de tensions qui s'observe entre
les partis politiques pendant et après les élections. En effet,
la plupart des aides bilatérales attendues en 2010 sont
conditionnées au bon déroulement des élections et au bon
fonctionnement des institutions après les élections.
2.4.1.3. Aide provenant des ONG et autres
Cette troisième catégorie constitue une source
non négligeable de l'aide au développement. Cette aide provient
des ONG et Fondations du Nord en faveur des organisations sans but lucratifs
oeuvrant au Burundi. Au cours de l'année 2009 par exemple, un montant
équivalent à 6 millions USD a été mobilisé.
Compte tenu des faiblesses qui s'observent dans la coordination des
activités des ONG, le SP/CNCA affirme que les chiffres fournis ne sont
pas exhaustifs. Pour assainir la situation, des efforts seront
déployés pour impliquer les ONG dans l'utilisation de la
Plate-forme de Gestion de l'Aide comme cela a été le cas pour les
autres partenaires techniques, financiers et les administrations.
En tant que source importante, l'aide permet au Burundi de
metre en oeuvre ses programmes multisectoriels inscrits dans le Cadre
Stratégique de Lutte contre la Pauvreté. Ces programmes ont des
objectifs d'amélioration des indicateurs socio-économiques et
impliquent des projets couvrant tous les secteurs de l'économie
nationale. Le Gouvernement est appelé à mettre en priorité
la création d'emplois à travers les projets
générateurs d'emplois tels que l'entretien des routes et pistes,
les adductions d'eau, les reboisements, les programmes de pavage des rues et
les projets d'électrification rurale. Ces derniers sont liés
à l'amélioration des conditions de création et de
développement des petites et moyennes entreprises également
génératrices de nombreux emplois non agricoles.
Avec l'Aide Publique au Développement, le Gouvernement
trouve des moyens financiers pour le financement de ses programmes pour la
croissance du Produit Intérieur Brut, la modernisation de
l'économie, et la réduction sensible de la pauvreté. Ces
programmes sont répartis suivant les axes stratégiques du CSLP et
nécessitent des ressources importantes mobilisées à
travers l'épargne intérieure et l'aide extérieure.
2.4.2. Composition de l'aide par rapport aux axes
stratégiques du CSLP
Pour pouvoir mettre en oeuvre les programmes inscrits dans le
SCLP, le Burundi fait des efforts pour mobiliser les ressources
nécessaires en provenance des partenaires techniques et financiers.
Cette sous-section présente la répartition de l'aide à
travers les axes et les programmes du CSLP.
Table 7: Décaissement de l'aide par axe
stratégique du CSLP (en millions USD)
Axe Stratégique
|
2007
|
2008
|
2009
|
|
Montant
|
%
|
Montant
|
%
|
Montant
|
%
|
Amélioration de la bonne gouvernance et de la
sécurité
|
72
|
19
|
57
|
12
|
59
|
13
|
Promotion d'une croissance économique durable et
équitable
|
67
|
18
|
97
|
21
|
99
|
22
|
Développement du capital humain
|
142
|
37
|
165
|
35
|
184
|
40
|
Lutte contre le VIH/SIDA
|
18
|
5
|
22
|
5
|
17
|
4
|
Appui budgétaire
|
84
|
22
|
125
|
27
|
97
|
21
|
Total
|
383
|
100
|
466
|
100
|
456
|
100
|
Source: SP/ CNCA (2010).
Selon le rapport du SP/CNCA (2010), l'aide mobilisée
pour le Burundi est dans l'ensemble destinée à la mise en oeuvre
du CSLP. Par ordre d'importance des allocations, nous constatons que l'axe
« Développement du Capital Humain »
a bénéficié des proportions importantes par
rapport aux autres axes du CSLP. Les allocations sont de 37% et 35% et 40%
respectivement pour les années 2007, 2008 et 2009. Cet axe comprend en
grande partie les secteurs sociaux tels que l'éducation et la
santé. Les allocations budgétaires à ces secteurs ont
sensiblement augmenté essentiellement avec la gratuité des soins
de santé aux enfants de moins de cinq ans et des mères en
accouchement ainsi que la prise ne charge des frais scolaires de
l'éducation primaire.
Les montants accordés au Burundi sous forme d'appui
budgétaire sont de l'ordre de 22%, 27% et 21% pour les années
2007, 2008 et 2009. L'amélioration de la bonne gouvernance et de la
sécurité a enregistré des appuis annuellement
estimés à une moyenne de 15% tandis que la promotion d'une
croissance économique durable et équitable a
bénéficié des proportions moyennes de 20% par an. Le
montant alloué à cet axe a connu des augmentations au fil des
années en passant de 67 à 99 millions USD. Cette
situation s'explique par le contexte du Burundi en tant que pays post conflit.
En effet, il a fallu des efforts de stabilisation de la paix et des actions de
pilotage de l'économie nationale après une dizaine
d'années de la crise sociopolitique. Le dernier axe concerne la lutte
contre le VIH/SIDA avec 4% par an.
2.4.3. Comparaison des décaissements et des
prévisions de l'aide en 2009 Figure n°4 : Prévisions et
décaissement de l'aide en 2009
Source : SP/CNCA, 2010.
La figure ci-dessus montre les montants
décaissés en faveur du Burundi en 2009 par rapport aux promesses
qui avaient été faites par les bailleurs pour la mise en oeuvre
des programmes du CSLP. A l'exception des deux premiers axes, les
décaissements sont globalement supérieurs aux prévisions
du CSLP. Le taux de décaissement pour ces axes est respectivement de 77%
pour l'amélioration de la bonne gouvernance et 57% pour la promotion
d'une croissance économique durable et équitable. Ce taux de
décaissement peut s'expliquer par l'état sécuritaire qui a
prévalu au cours de cette période. En effet, suite à
l'absence d'avancées significatives en matière de gouvernance et
de sécurité, les bailleurs de fonds ont mis des réserves
dans le déblocage des fonds pour faire pression au Gouvernement
burundais à ramener la gouvernance et la sécurité dans le
pays.
2.5. Suivi de la mise en oeuvre de la
Déclaration de Paris sur l'efficacité de l'aide.
Le Burundi est signataire de la Déclaration de Paris
sur l'efficacité de l'aide. Après une décennie de guerre
civile, le Burundi a pris l'engagement de lutte contre la pauvreté. La
question de l'efficacité de l'aide constitue donc une
préoccupation de la communauté des
bailleurs pour un pays qui accuse une forte dépendance
à l'aide comme le Burundi. En effet selon les données de l'OCDE
(2008), l'Aide Publique au Développement nette qui a été
consentie au Burundi s'est élevée, à 509 millions USD en
2008, soit 43,9 % du PNB.
Notre étude ne va pas faire une évaluation
profonde de la mise en oeuvre de la déclaration de Paris. Dans cette
section, il est question de monter les étapes franchies dans la
réalisation de certains indicateurs à partir des informations
recueillies auprès du CNCA et de l'enquête menée par l'OCDE
sur le Burundi en 2008. Cette enquête contient des informations qui ont
été fournies par le gouvernement du Burundi et 13 donneurs qui
sont à l'origine d'environ 92 % de l'APD octroyée à ce
pays (OCDE, 2008).
2.5.1. Appropriation
L'appropriation constitue un élément clé
de la Déclaration de Paris. Elle est capitale pour l'efficacité
de l'aide et l'obtention des résultats. Comparativement aux
résultats de l'enquête de l'année 2006 (OCDE, 2006), le
niveau d'appropriation a été jugé moyen en 2007, ce qui
traduit une amélioration par rapport à l'année 2005.
L'amélioration de l'opérationnalisation des stratégies de
moyen terme reste donc le défi majeur à relever pour l'avenir.
Selon l'OCDE (2008), le Burundi s'est doté depuis
l'année 2003 d'un projet cohérent de développement
à long terme dont découlent des stratégies à moyen
terme. Faisant suite au CSLP intérimaire, le CSLP complet
approuvé en septembre 2006 et conçu pour la période
2007-2010, tient compte de la vision de long terme pour 2025. Cette vision
considère la pauvreté comme l'une des sources principales de
conflit et de mauvaise gouvernance et a pour objectif son éradication.
Les objectifs à moyen terme ont été définis
à travers quatre axes d'intervention prioritaires, chacun ayant des
programmes spécifiques : l'amélioration de la gouvernance et de
la sécurité, la promotion d'une croissance économique
durable et équitable, le développement du capital humain et la
lutte contre le VIH/SIDA (République du Burundi, 2006).
Notons que le CSLP contient des indications concernant la
répartition des dépenses pro pauvres et de celles qui ne sont pas
spécifiquement dédiées à cette population. Une
telle affectation contribue à améliorer les liens entre les
stratégies sectorielles et la loi budgétaire. La pleine
opérationnalisation de cette stratégie et politique
nécessite l'élaboration du cadre de dépenses à
moyen terme (CDMT). Selon les informations recueillies auprès de la
Cellule
d'appui aux réformes de gestion des finances publiques,
la version provisoire du CDTM vient d'être élaborée en Mai
2010. La version définitive est attendue dans les prochains jours. C'est
en effet sur base des programmes d'activités cohérents que
pourront se positionner les interventions des partenaires techniques et
financiers pour contribuer au financement des programmes du CSLP.
2.5.2. Alignement
« Pour que l'aide soit efficace, il est
nécessaire qu'elle soit alignée avec les stratégies de
développement national. Une aide bien alignée est plus efficace
qu'une aide fragmentée et orientée par les donneurs. La
Déclaration de Paris incite les donneurs à ajuster leur aide aux
institutions, aux procédures et aux stratégies de
développement des pays » (OCDE, 2008 :3).
Au Burundi, la mise en exécution des réformes de
gestion des finances publiques montre que qu'il y a une amélioration en
terme de système budgétaire et comptable. Ces
améliorations se matérialisent par (a) l'existence d'un budget
complet et crédible, (b) l'existence d'un système informatique
permettant l'établissement des rapports budgétaires et
comptables, (c) une répartition claire des dépenses et des
recettes. Des efforts sont en train d'être faits pour
l'amélioration de la gestion des finances publiques. Ces
éléments constituent un atout de crédibilité
auprès des partenaires techniques et financiers. En effet, l'alignement
nécessite l'existence des systèmes nationaux fiables.
Cependant, les informations recueillies auprès du
SP/CNCA montrent que l'alignement de l'aide connaît encore des limites.
L'objectif de la Déclaration de Paris concernant la comptabilisation de
l'aide dans le budget est loin d'être satisfait. En effet en 2007, seul
52% de l'aide étaient enregistrés dans le budget. Cette
proportion a connu des augmentations en 2008 avec 66% pour
décroître en 2009 à 53% (SP/CNCA, 2010). Selon les
données disponibles au SP/CNCA et selon les échanges faits avec
le Cadre d'appui au CNCA chargé de la base des données, les
partenaires dont la totalité de l'aide est inscrite au budget sont la
BAD, le FIDA, l'OPEP, la Banque Mondiale et le FMI. Pour la Commission
Européenne, seuls les projets FED, STABEX sont inscrits au budget. La
majeure partie de l'aide bilatérale (en particulier les appuis
budgétaires en cours de l'année) et de celle passant par les ONG
échappe au budget.
Pour améliorer l'enregistrement de l'aide au budget, il
s'avère indispensable de procéder au rapprochement du
Ministère des Finances, des bailleurs avec le Secrétariat
Permanent du Comité National de Coordination des Aides (SP/CNCA). Nous
pensons que le rapprochement entre ces organes et la mise en place de la
plate-forme de gestion de l'aide devraient produire des progrès en
matière de coordination et d'intégration de l'aide au budget de
l'Etat.
2.5.3. Harmonisation
Le rapport OCDE (2008:7) mentionne que «les donneurs
et les autorités partenaires ne parviennent pas à assurer
l'alignement complet des apports d'aide sur les stratégies et les
systèmes nationaux Dans ces conditions, l'efficacité de l'aide
serait améliorée si les donneurs harmonisaient leurs actions et
adoptaient des procédures aussi simples et transparentes que possible.
L'enqufrte s'intéresse à deux aspects de l'harmonisation :
l'utilisation de dispositifs communs dans le cadre d'approches fondées
sur des programmes, d'une part et la conduite de missions conjointes et le
partage des travaux d'analyse, d'autre part ».
Lors de l'enquête de l'OCDE (2008), le niveau
établi pour le Burundi concernant la coordination des missions
effectuées par des donneurs est de 13 % contre 24 % en 2005, l'objectif
de la Déclaration de Paris pour cet indicateur se situant à 40 %.
Jusqu'à présent, il n'existe pas d'organe national chargé
de suivi des missions effectuées. Le CNCA envisage débuter des
actions dans ce sens. Cependant, les partenaires techniques et financiers se
coordonnent avec les autorités nationales et entre eux pour assurer la
coordination des analyses. Les réalisations conjointes de travaux
d'analyse représente un taux de 74% en 2008. Il serait souhaitable de
créer un mécanisme de suivi des missions au niveau national.
2.5.4. Gestion axée sur les résultats
Selon la Déclaration de Paris, les pays partenaires ont
pris l'engagement de s'efforcer de mettre en place des cadres
d'évaluation orientés vers les résultats. L'objectif est
de permettre de suivre les progrès réalisés dans la mise
en oeuvre des principales stratégies nationales et sectorielles en
utilisant un nombre limité d'indicateurs. L'engagement mutuel entre les
bailleurs de fonds et les pays partenaires consiste en renforcement des
capacités en vue d'une d'instaurer une gestion axée sur les
résultats.
Dans le cadre de l'évaluation du CSLP, le
Secrétariat Permanent du Suivi des Réformes Economiques et
Sociales produit un rapport de mise en oeuvre du CSLP chaque année. Le
système de suivi/évaluation souffre cependant des faiblesses de
capacité matérielles et humaines, ce qui réduit la
qualité des données statistiques et la capacité de suivi
des performances. Pour y remédier, le Gouvernement du Burundi est en
train de faire des efforts en élaboration avec l'appui d'AFRISTAT
(Observatoire Economique et Statistique d'Afrique Subsaharienne). Comme action
prioritaire, il est prévu de renforcer les capacités techniques
de l'Institut National des Statistiques du Burundi (ISTEEBU) ainsi que le
système statistique national dans son ensemble.
2.5.5. Responsabilité mutuelle
La Déclaration de Paris part du principe que l'aide est
plus efficace lorsque les donneurs et les gouvernements partenaires sont
responsables devant leurs opinions publiques de l'utilisation qui est faite des
ressources à l'appui du développement, et lorsque les uns et les
autres doivent se rendre mutuellement des comptes.
Dans le cadre du suivi-évaluation de la mise en oeuvre
du CSLP, un Groupe de coordination des partenaires a été
créé. Cet organe fait partie du mécanisme de
suivi-évaluation et travaille conjointement avec le CNCA. Il s'agit donc
d'un pas vers la mise en place d'un cadre de responsabilité mutuelle.
En comparant l'évolution socio-économique
jusqu'aujourd'hui, nous affirmons que la mise en oeuvre du CSLP a beaucoup
contribué aux progrès réalisés par le Burundi dans
l'exécution de ses politiques et stratégies de
développement. Toutefois, nous tenons à souligner que les
progrès en matière d'alignement de l'aide, d'harmonisation et de
gestion axée sur les résultats restent limités par les
faiblesses des capacités et la fragilité du système
statistique (ISTEEBU). Les réformes en cours d'exécution et la
mise en place du CNCA et du Groupe de Coordination des Partenaires vont sans
doute améliorer l'efficacité de l'aide conformément
à la Déclaration de Paris.
CHAPITRE 3 : LIAISON ENTRE LA STRATEGIE DE REDUCTION DE
LA PAUVRETE ET LE BUDGET DE L'ETAT
Depuis l'introduction de l'approche de la stratégie de
réduction de la pauvreté, les donateurs ont encouragé les
pays en développement à utiliser un certain nombre d'instruments
techniques visant à améliorer l'intégration de la
planification et les processus budgétaires. Il s'agit notamment de la
mise en oeuvre des priorités de dépenses pro-pauvres, de
l'introduction du Cadre de Dépenses à Moyen Terme (CDMT) ainsi
que la budgétisation des programmes axés sur les résultats
(Wilhelm et Krause, 2008). Selon Wilhelm et Willamson (2008), «les
liens entre la Stratégie de réduction de la pauvreté (SRP)
et le budget, que ce soit au stade de l'élaboration, de
l'exécution ou de l'établissement de rapports, s'intègrent
pleinement à l'exécution efficace de la SRP et sont
indispensables au renforcement de l'obligation de rendre compte des
autorités publiques». Line bonne intégration entre les
deux systèmes renforce les liaisons entre les initiatives de
planification et de budgétisation comme le montre le schéma
ci-dessous.
Figure n°5 : Liaisons entre les systèmes de
planification et de budgétisation
Politiques et Plans du CSLP
CDMT
Exécution du budget
Elaboration du Budget
Stratégies sectorielles
Rapport sur le CSLP et le Budget
Source : Wilhelm et Willamson (2008)
Les pays à faible revenu se heurtent cependant à
d'énormes difficultés pour établir une meilleure liaison
entre les processus de planification et de budgétisation. Les
défaillances entre les liaisons provoquent des fractures et constituent
des obstacles aux efforts d'intégration entre ces deux
éléments. Après des études diagnostiques
approfondies d'évaluation, des réformes ont été
proposées dans ces pays par la Banque Mondiale et les bailleurs de fonds
pour renforcer et harmoniser les systèmes existants en plus du
renforcement des capacités institutionnelles. L'état d'avancement
de ces réformes se situe actuellement à différentes
étapes en fonction du niveau du système de planification et de
gestion des finances publiques dans chaque pays.
Au Burundi par exemple, mis à part le CDMT qui vient
d'être élaboré en Mai 2010 (version provisoire), les autres
outils de planification et de budgétisation présentés sur
la figure cidessus existent depuis plusieurs années. Cependant, ces
outils n'ont pas été opérationnels suite aux insuffisances
des compétences techniques et des faibles capacités
organisationnelles et institutionnelles en matière de planification et
de gestion budgétaire. Pour lever ces insuffisances, un vaste programme
des réformes a été mis en place par la Banque Mondiale et
le FMI. Ces réformes sont en cours d'exécution par le
Gouvernement du Burundi avec l'appui des bailleurs de fonds.
3.1. Aperçu sur les réformes de gestion
des finances publiques
Avec la relance de l'aide au développement et de
l'Initiative en faveur des Pays Pauvres Très Endettés (PPTE), la
gestion des finances publiques du Burundi a été soumise à
un examen minutieux dans le but d'avoir un espace fiscal et de
réhabiliter la gestion du budget en fixant les étapes
fondamentales du processus budgétaire. Le rapport intitulé
«Public Expenditure Management and Financial Accountability Review
(PEMFAR)» produit conjointement par le Gouvernement du Burundi et la
Banque Mondiale en Juin 2008 a relevé des insuffisances importantes dans
la gestion des finances publiques. Les faiblesses identifiées se
résument comme suit (Banque Mondiale, 2008):
- Faibles capacités administratives dans la
préparation et l'exécution budgétaire
- Non disponibilité des données au niveau des
différentes phases d'exécution du budget - Reddition des comptes
qui ne couvre qu'uniquement la classification économique des
dépenses publiques,
- Exclusion d'une grande partie des dépenses dans le
système de suivi de l'exécution du budget de l'Etat
(dépenses faites sur des comptes extrabudgétaires).
- Salaires irréalistes suite aux payements sur base des
listes non actualisées
- Budget qui n'est ni consolidé et ni harmonisé
avec le Cadre Stratégique de Lutte contre la Pauvreté.
Nous pouvons également mentionner que les changements
récurrents des structures ministérielles au cours des
années passées n'ont pas été favorables à la
planification et à la mise en oeuvre des politiques sectorielles. En
effet, le transfert des services entre les ministères et la
création des vice-ministères favorisent une confusion dans le
fonctionnement des structures existantes surtout quand les attributions ne sont
pas clairement définies pour les nouvelles structures. Par exemple, la
mise en oeuvre de la politique sectorielle en matière de lutte contre le
VIH/SIDA est toujours confuse entre le Ministère de la Santé
Publique et le Ministère à la Présidence chargé de
la lutte contre le VIH/SIDA. Les services publics subissent une
instabilité de fonctionnement en cas de changement de ministère
de tutelle et en cas de scission de ministère.
Après une étude diagnostique, le rapport
conjoint de la Banque Mondiale et du Gouvernement du Burundi a émis des
propositions de réformes nécessaires, pour améliorer le
processus budgétaire et la gestion des finances publiques. Faisant suite
à ces recommandations, le Gouvernement du Burundi a
élaboré un document de Stratégie de Gestion des Finances
Publiques (République du Burundi, 2009b). Pour rendre les salaires plus
réalistes, une enquête a été commanditée en
2009 afin de mettre à jour les listes des fonctionnaires de la Fonction
Publique, l'effectif de l'armée et de la police. Cette enquête a
été menée dans le souci de garantir une bonne gestion du
budget de l'Etat. Des outils et des structures ont été mis en
place dans le cadre de la mise en oeuvre des réformes. Les comptes
extrabudgétaires ont été fermés à la Banque
Centrale et le fonds ont été virés sur le comptes
général du trésor. Le budget a été
consolidé conformément aux recommandations émises par la
Banque Mondiale.
3.1.1. Mise en place d'un cadre de partenariat avec les
bailleurs
Après une longue période d'instabilité
politique et de guerre civile, la période post-conflit a
été marquée par l'engagement du Gouvernement en
matière d'amélioration de la gestion des Finances Publiques. Dans
ce cadre de nombreuses études ont été menées depuis
l'année 2000 avec l'appui de la Banque Mondiale et du FMI, de l'Union
Européenne et de l'USAID. Grace
à ces études, des programmes et plans d'action
ont été menées dans le but de résorber les
nombreuses insuffisances relevées, d'améliorer et de moderniser
la gestion des finances publiques. Cette modernisation fait partie des
priorités inscrites dans le CSLP 2006 en rapport avec les objectifs
fixés en ce qui concerne la bonne gouvernance et la croissance
économique.
En 2005, il y a eu mise en place d'un cadre de partenariat
entre le Gouvernement et les bailleurs de fonds, ainsi qu'une cellule
chargée d'appuyer le Ministère des Finances dans la mise en
oeuvre des réformes. Dans ce cadre de partenariat, les bailleurs se sont
engagés de débloquer l'appui budgétaire sur base annuelle,
en une ou plusieurs tranches en fonction des progrès manifestés
par le Gouvernement en matière de réduction de la pauvreté
et de la gestion des finances publiques. De son côté, le
Gouvernement a pris l'engagement de poursuivre les réformes et a mis en
place des institutions de contrôle comme la Cours des comptes et
l'Inspection Générale de l'Etat.
3.1.2. Préparation et présentation du
budget
Pour rendre capable le Ministère des Finances de
produire un budget réaliste et qui reflète les objectifs du Cadre
Stratégique de Lutte contre la Pauvreté, le Gouvernement a pris
l'engagement du budget consolidé à partir de l'année 2008.
Ce budget comprend les montants prévus pour le fonctionnement,
l'investissement ainsi que les montants du Fonds National des Routes
récemment intégré dans le budget. Le plafond global des
dépenses totales du budget est initialement fixé par le Conseil
des Ministres. Ce dernier rappelle par cette même occasion les
règles et arrête le calendrier de la procédure de
préparation du projet de la loi des finances.
Ces instructions sont ensuite notifiées à chaque
ministère sur base d'une lettre de cadrage du Ministère des
Finances pour élaboration du budget en identifiant des dépenses
et en tenant compte des liaisons avec les priorités du CSLP. Ces
dépenses concernent généralement les dépenses du
personnel qui sont des frais fixes, les acquisitions de biens et services, les
transferts et les investissements. En collaboration avec le Ministère de
la Planification, le Ministère des Finances fait des efforts pour
renforcer les capacités des différents acteurs impliqués
dans les prévisions macroéconomiques et budgétaires et
d'améliorer la budgétisation en général.
Vers le mois de juillet-Aotit de l'année, le
Ministère des Finances organise des séances de discussion du
budget. Les propositions sectorielles ainsi sont étudiées par une
commission technique du Ministère des Finances, de la Fonction Publique
et du Ministère de la Planification, devant laquelle les techniciens de
chaque département ministériel et les responsables des
administrations personnalisées sont invités pour justifier les
besoins exprimés. La proposition du budget unifié produit par la
commission technique est ensuite transmise au Conseil des Ministre pour
analyse. La dernière phase du processus d'élaboration du budget
est l'analyse et l'adoption du budget présenté par le
Gouvernement à l'Assemblée Nationale, suivi de sa promulgation et
de son exécution.
3.1.3. Exécution du budget
Le circuit des dépenses au Ministère des
Finances comprend quatre phases de l'exécution du budget de l'Etat,
à savoir l'engagement, la liquidation, l'ordonnancement et le paiement.
Ces étapes sont décrites dans un document du Ministère des
Finances (2010) « Manuel des procédures administratives de
l'exécution du budget des dépenses publiques ». Cet
outil constitue le premier manuel qui vient d'être élaboré
par les autorités burundaises de commun accord avec la Banque Mondiale.
En effet, les services techniques d'exécution du budget n'avaient jamais
disposé d'un tel instrument. Le budget de l'Etat a toujours
été exécuté en référence au
Règlement Général sur la Comptabilité Publique.
Ce manuel de procédures a été mis en
place pour la clarification des différentes étapes du circuit des
dépenses publiques. Il met en exergue les améliorations du
circuit d'exécution budgétaire en vue d'éliminer certains
contrôles redondants qui avaient été ciblés par les
différentes missions du Fonds Monétaire International et de la
Banque Mondiale. Selon le manuel des procédures en vigueur au
Ministère des Finances (2010), « après le vote et la
promulgation de la Loi de Finances par le parlement et la mise à
disposition des crédits ouverts par le Ministre chargé des
finances, les différents gestionnaires de crédits engagent le
budget qui leur est accordé pour accomplir les différentes
missions du gouvernement en matière des dépenses publiques. Pour
être payée, une dépense doit passer par les quatre phases
du circuit de la dépense à savoir: l'engagement, la liquidation,
l'ordonnancement et le paiement»
Néanmoins, il peut y avoir des procédures
exceptionnelles pour le décaissement de certaines dépenses sans
nécessairement attendre l'ordonnancement. C'est notamment le cas des
débits d'office effectués par la Banque Centrale sur le compte
général du trésor. Pour le cas d'espèce, on peut
citer le remboursement de la dette publique à l'échéance,
les frais bancaires, ainsi que l'envoi de fonds aux comptables publics.
Toutefois pour assurer leur traçabilité dans le circuit des
dépenses, la comptabilité publique prévoit une
régularisation budgétaire et comptable.
3.2. Intégration de la stratégie de
réduction de la pauvreté dans le budget de l'Etat
3.2.1. La revue de la gestion des finances publiques par
rapport à la stratégie de réduction de la
pauvreté.
Le budget étant un instrument de mise en oeuvre des
programmes annuel de l'Etat, son élaboration et son exécution
doivent tenir compte des priorités fixées dans la politique de
réduction de la pauvreté. En effet, depuis l'introduction de la
stratégie de réduction de la pauvreté dans les pays en
développement très endettés, les bailleurs de fonds ont
encouragé l'intégration de la stratégie de
réduction de la pauvreté dans le processus budgétaire,
depuis sa prévision jusqu'à son exécution en passant par
son adoption. Pour renforcer cette intégration, des réformes ont
été introduites dans ces pays. L'objet de cette section est donc
d'analyse le niveau d'intégration de ces deux approches, à savoir
le budget et la stratégie de réduction de la pauvreté.
Au Burundi comme dans d'autres pays en développement,
l'intégration de la stratégie de réduction de la
pauvreté dans le budget est le fruit des réformes mises en oeuvre
avec la contribution des bailleurs dans le cadre de la revue des
dépenses publiques. Comme déjà annoncé dans les
sections précédentes, ces réformes ont été
recommandées après une étude sur la revue des
dépenses publiques faite la Banque Mondiale en 2008. Cette étude
a été faite dans le cadre du soutien de la Banque Mondiale au
Burundi dans ses engagements pour passer d'une économie d'un pays post
conflit à un modèle d'économie de développement.
Pour le moment, les réformes en cours
d'exécution commencent à produire des effets en matière de
gestion des finances publiques et du financement des programmes du Cadre
Stratégique de Lutte contre la Pauvreté. Ainsi peut-on affirmer
que les réformes constituent un préalable pour une bonne
intégration de la stratégie de réduction de la
pauvreté au budget
de l'Etat. Actuellement, le budget de l'Etat burundais
s'efforce de refléter les politiques et stratégies contenues dans
le CSLP. Le budget consolidé constitue de ce fait une traduction des
priorités définies dans le CSLP. Depuis 2010, le Gouvernement du
Burundi a pris l'engagement d'élaboration de Cadres de Dépenses
à Moyen Terme (CDMT) pour mieux aligner le budget de l'Etat sur les
priorités du CSLP.
3.3. Mise en place des outils budgétaires et
comptables
Depuis 2005, le Gouvernement du Burundi (à travers le
Ministère des finances) est engagé dans des réformes
importantes et des travaux de consolidation du budget et de la
comptabilité de l'Etat. Ces réformes concernent essentiellement
la mise en place d'un système informatique moderne pour la gestion de
l'exécution de la dépense, la confection des lois de
règlement et la confection des comptes de gestion de la
comptabilité de l'État, la redynamisation des services de la
comptabilité, l'introduction d'un plan comptable de l'Etat ainsi que la
mise en place de classifications administratives, économique et
fonctionnelle de la nomenclature du budget de l'État.
3.3.1. Système informatique de gestion
budgétaire et comptable
L'objectif primordial est de mettre en place un système
transparent et performent de gestion des finances publiques qui s'appui sur les
normes et bonnes pratiques internationalement reconnues. Selon le Coordonnateur
de la Cellule d'Appui Chargée du Suivi des Réformes, ces normes
concernent la transparence, l'exhaustivité, l'enregistrement de
l'information et les rapports financiers. En consultant le document de
Stratégie de Gestion des Finances Publiques (République du
Burundi, 2009b), nous constatons qu'un Système Informatique
Intégré de Gestion des Finances Publiques (SIGEFI) a
été mis en place pour améliorer les procédures
budgétaires et comptables. L'objectif est de parvenir à une
consolidation fiable des données budgétaires et comptables et de
permettre le suivi du budget à travers toute la chaine des
dépenses. Le dit document précise toutefois que le système
SIGEFI ne dispose pas de certaines fonctionnalités. Son fonctionnement
est partiel car sa mise en application n'est pas encore terminée. En
effet, « le Système SIGEFI connaît de nombreuses
interruptions de fonctionnement qui les rendent peu efficace. Cette
inefficacité du SIGEFI est renforcée par la maîtrise
insuffisante de ses fonctionnalités par les utilisateurs ; les
fonctionnalités existantes ne sont pas décrites dans un manuel
approprié » (République du Burundi, 2009b :16).
Lors de notre passage au Ministère des Finances, nous
avons constaté que le système informatique SIGEFI permet
d'imprimer des états budgétaires fiables au Département du
Budget. Ces états montrent les engagements budgétaires par
rapport aux crédits prévus pour chaque ligne budgétaire,
ce qui permet de bien suivre le niveau d'engagement par rubrique du budget. Le
système permet également de séparer des dépenses
pro pauvres et non pro pauvres à partir d'une codification claire. Les
états budgétaires imprimés montrent les engagements par
entité administrative et par nature des dépenses prévues
au budget tout en séparant les dépenses pro pauvres et non pro
pauvres.
Qu'en est-t-il au Département de la Comptabilité
? Au niveau de ce Département, le Service de la Reddition des Comptes
élabore le rapport des réalisations budgétaires à
partir des données de la balance générale des comptes de
l'Etat. Les dépenses et les recettes sont présentées dans
le Règlement des Comptes de la République du Burundi suivant la
classification économique. Néanmoins, le paramétrage du
système SIGEFI présente des insuffisances au niveau de ce
service. En effet, l'addition des données fournies par les balances
auxiliaires des dépenses pro pauvres et non pro pauvres n'aboutit pas
exactement au total des dépenses de la balance générale.
Cela dénote que certains comptes de la balance générale ne
sont rattachés aux balances auxiliaires des dépenses.
Suite aux écarts dégagés et pour plus de
fiabilité, nous avons pris l'option d'utiliser seulement les
états budgétaires fournis par le Département du Budget au
moment de la ventilation des dépenses pro pauvres et non pauvres au
quatrième chapitre. Le paramétrage du système SIGEFI
nécessite des améliorations pour la ventilation des
dépenses pro pauvres et non pro pauvres au niveau de la Reddition des
Comptes. Notons que les dépenses salariales ne sont pas encore
intégrées dans le système informatique du Ministère
des Finances (SIGEFI). Ces dépenses sont depuis longtemps
exécutées à l'aide d'un système informatique
géré par un prestataire privé, le Centre Nationale de
l'Informatique.
La disponibilité des données budgétaires
et comptables fiables est primordiale pour une gestion efficace des finances
publiques. Le gouvernement du Burundi devrait trouver solutions aux
insuffisances du système informatique pour rendre crédibles les
données budgétaires et comptables. Nos interlocuteurs nous ont
assuré que le Ministère des Finances est conscient des
problèmes de gestion du système SIGEFI et qu'ils vont trouver
solution. Le Ministère fait appel aux informaticiens
expérimentés en dehors du pays pour l'appui aux informaticiens du
Ministères des finances.
Au moment de notre séjour lors la collecte des
données, il y avait un expert informaticien qui venait d'arriver pour un
appui technique au système SIGEFI. En nous référant aux
termes de référence de recrutement, il a été
recruté en qualité de spécialiste informaticien de niveau
supérieur, avec une expérience dans le domaine de
l'informatisation des finances publiques et notamment dans la chaîne des
dépenses. En complétant les fonctionnalités manquantes du
système SIGEFI et en renforçant les capacités des
utilisateurs, nous pensons que le système pourra fournir des
données budgétaires et comptables exhaustives. Dans l'avenir, le
Ministère des Finances prévoit un protocole d'échange de
données avec la BRB, le CNCA avec les services techniques du
Ministère. Dans ce cas, les responsabilités concernant la
production de données budgétaires et comptables et leur analyse
seront clairement établies.
3.3.2. Classification des opérations
budgétaires et comptables
La classification budgétaire est l'un des
éléments fondamentaux de l'exécution budgétaire car
il détermine la manière dont le budget est enregistré, ce
qui présente un impact direct sur la transparence et la cohérence
du budget. Dans les pays où la nomenclature budgétaire est
faible, l'amélioration du système de classification
budgétaire devrait être elle-même considérée
comme une étape fondamentale -condition préalable- avant de se
lancer sur d'autres réformes de la gestion des finances publiques,
telles que l'introduction d'un système informatisé de gestion
d'information, un cadre de dépenses à moyen terme (CDMT ) ou un
système budgétaire axé sur les résultats
(Hélis et al, 2009).
Pour le cas du Burundi, le système existant de
classification des opérations budgétaires permet d'individualiser
clairement les dépenses de l'Initiative PPTE, et permettent de
déterminer clairement les dépenses de lutte contre la
pauvreté. La classification budgétaire des dépenses repose
sur une nomenclature à dix huit chiffres. Elle est claire et
décrit les lignes budgétaires en précisant :
- L'entité administrative chargée de la mise en
oeuvre des opérations : classification administrative (6 chiffres)
- Le type de dépense: classification économique (5
chiffres)
- L'objectif des opérations : classification fonctionnelle
(4 chiffres)
- Classification par sources de financement (3 chiffres).
Les dépenses pro-pauvres et les dépenses
payés sur les fonds de l'IPPTE sont clairement identifiées
à partir des trois derniers chiffres du code budget
budgétaire.
Concernant les recettes, la nomenclature est définie
suivant la classification économique. Cette classification identifie les
recettes par nature à partir de deux premiers chiffres du code
budgétaires. Les recettes comprennent ainsi les recettes fiscales (71),
les recettes non fiscales (72), les dons (73), les gains de change (74), et les
produits exceptionnels (78).
3.3.3. Liens entre le système de classification des
dépenses budgétaire et l'identification des dépenses de
réduction de la pauvreté
Un système de classification budgétaire saine
devrait permettre de déterminer les lignes
budgétaires des dépenses en faveur des pauvres.
Dans de nombreux pays le Document de Stratégie de Réduction de la
Pauvreté (DSRP) ou d'autres documents gouvernementaux définissent
les dépenses pro-pauvres. La finalité cherchée est par
conséquent de mettre en relation les dépenses pro-pauvres
identifiées dans DSRP avec le système budgétaire et
comptable existant (Hélis et al, 2009).
3.4. Cadre institutionnel de la gestion et du suivi des
fonds de l'IPPTE
Du point de vue des réformes socio-économiques,
les progrès réalisés ont conduit le Burundi au point
d'achèvement de l'IPPTE en janvier 2009. Cela a marqué une
avancé économique pour ce pays après une dizaine de guerre
civile. En effet, pour atteindre le point d'achèvement, le Burundi a
pris des mesures en matière de stratégie de réduction de
la pauvreté, de maintien d'un cadre macroéconomique stable, de la
mise en oeuvre des réformes définies par les bailleurs. Certaines
de ces mesures que nous avons pu relever lors de notre travail de terrain au
Ministère des Finances sont:
- utilisation des économies budgétaires
réalisées grâce à l'allègement du service de
la dette résultant de l'initiative, conformément au CSLP ;
- efforts de gestion des dépenses publiques:
amélioration progressive du système informatisé de gestion
des dépenses publiques en intégrant le suivi et le contrôle
budgétaire;
- Efforts remarquables dans l'identification et
l'exécution des dépenses en faveur des pauvres ;
- exécution du programme national de démobilisation
conformément aux recommandations des partenaires techniques et
financiers.
3.4.1. Constitution des fonds de l'IPPTE
Pour un bon suivi des fonds de l'IPPTE, le Ministère
des Finances a créé un compte spécial à la Banque
Centrale pour l'hébergement des fonds. Tous les fonds PPTE sont
versés sur ce compte. Des irrégularités de versement ont
été remarquées en 2006 et 2007 mais la situation a
été vite régularisée. Cela a provoqué un
goulot d'étranglement au niveau de l'exécution de ces fonds, avec
des taux de 66% en 2006 et 76% en 2007. La situation s'est nettement
améliorée en 2008 en termes d'engagements par ministère
des fonds PPTE (plus de 90% d'engagements pour la plupart des
ministères).
3.4.2. Mise en place des organes de suivi des fonds de
l'IPPTE
Deux organes ont été mise en place:
- Le Comité National Indépendant de Suivi
des Dépenses PPTE, mis en place par
l'arrêté en juin 2007. Il constitue un cadre de
dialogue entre le gouvernement, les partenaires du Burundi au
développement et la société civile. Get organe est
doté d'un secrétariat permanent avec un budget de fonctionnement
destiné aux travaux de suivi sur terrain
- Le Comité Technique de suivi des dépenses
PPTE créé en juillet 2008 composé des
membres issus des différents ministères ayant
les services socio-économiques dans leurs attributions.
Présidé par le Ministère des Finances, le comité de
suivi des dépenses PPTE est chargé de :
· représenter le niveau de concertation, d'analyse
technique et d'approbation des projets et programmes présentés
par les ministères sectoriels;
· être responsable du suivi de l'état
d'avancement et d'exécution des projets;
· faciliter la préparation et le suivi des audits
semestriels;
· informer régulièrement le Comité
National Indépendant chargé du suivi des dépenses IPPTE de
l'état d'exécution du budget et les problèmes
rencontrés dans le processus.
3.5. Cadre de Dépenses à Moyen Terme
(CDMT).
En tant qu'outil utile dans la planification budgétaire
à moyen terme, le Cadre de Dépenses à Moyen Terme (GDMT) a
été introduit dans les pays en voie de développement par
la Banque Mondiale dans le cadre des réformes en matière de
gestion des dépenses publiques. Il est conçu pour servir de lien
entre les politiques de développement et leur intégration dans
l'élaboration du budget.
Selon Fozzard, A. et al (2002 :30), «Une bonne
planification des ressources et des dépenses exige de resituer les
décisions politiques et budgétaires dans une perspective à
long terme car ces décisions engagent généralement le
gouvernement à des dépenses qui dépassent l'exercice
». La Banque mondiale (2002) souligne qu'une bonne planification
budgétaire devrait s'appuyer sur un système institutionnel qui
(a) met les choix politiques dans la marge des ressources disponibles à
moyen terme; (b) place les programmes en concurrence pour leur financement et
garantit que les décisions politiques et budgétaires sont
basées sur une divulgation de leurs effets et coûts attendus
à moyen terme ; (c) traduit les priorités stratégiques
à long terme en programmes durables.
Qu'en est-t-il pour le Burundi ? Les informations recueillies
auprès de la Cellule d'appui en charge des réformes au
Ministère des Finances et les documents consultés montrent que le
CDMT n'est pas tout à fait opérationnel pour le moment. Un
document provisoire vient d'être élaboré en Mai 2010. Il
sera effectivement opérationnel après les amendements des organes
habilités qui aboutiront à la version définitive
applicable dans la gestion des finances publiques au Burundi.
Rappelons que l'idée de son introduction au Burundi
date du programme des réformes de la gestion des dépenses
publiques proposé et appuyé par la Banque Mondiale depuis
Août 2008. Ces réformes sont issues des différentes
études menées par les bailleurs de fonds en général
et par la Banque Mondiale et le FMI en particulier. La Banque Mondiale (2008)
avait surtout insisté sur les éléments suivants (a)
l'introduction des simples et effectives procédures pour
l'exécution et le contrôle du budget, (b) le bon suivi des
dépenses publiques comme résultat du développement de la
véritable et complète information financière, et (c) une
gestion améliorée des méthodes de prévision.
Au Burundi comme ailleurs dans d'autres pays en
développement, l'introduction du CDMT a pour objectif d'améliorer
l'allocation et l'exécution budgétaire en tenant compte des
objectifs stratégiques du CSLP. Les lacunes identifiées par les
missions d'études mandatées par les bailleurs de fonds avaient
prouvé à suffisance que le budget n'était pas bien
adapté au document stratégique de réduction de la
pauvreté. La version provisoire du CDMT République du Burundi
(2010b:6) précise que pour atteindre ses objectifs, « le
Gouvernement a mis en oeuvre un vaste programme de renforcement des
capacités au niveau de la planification stratégique et des
réformes des finances publiques. Par ailleurs, en vue d'améliorer
l'efficience dans l'allocation des ressources de l'Etat, le Gouvernement
est
déterminé à exploiter les instruments
de planification existants pour améliorer l'allocation des ressources
attendues. Aussi l'exploitation de ces instruments se traduira-t-elle par la
mise en place principalement d'un Cadre des Dépenses à Moyen
Terme (CDTM) pour mieux aligner le budget de l'Etat sur les priorités du
CSLP » Avec la mise en oeuvre de réformes, les progrès
réalisés commencent à inspirer la confiance aux bailleurs
de fonds et ces derniers s'engagent à soutenir le Gouvernement par le
déblocage de l'appui budgétaire.
CHAPITRE 4 : ALLOCATION ET EXECUTION DU BUDGET DE
L'ETAT
ET DE L'AIDE PAR RAPPORT A LA STRATEGIE DE REDUCTION DE
LA PAUVRETE
4.1. Allocation et exécution des recettes du
budget l'Etat
Tableau n°8 : Exécution des recettes
budgétaires (en milliards de FBU)
Année
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
|
Prév
|
Réal
|
Taux exéc
|
Prév
|
Réal
|
Taux exéc
|
Prév
|
Réal
|
Taux exéc
|
Prév
|
Réal
|
Taux exéc
|
Impôts sur le revenu
|
41
|
45
|
108,3
|
46
|
53
|
116,9
|
60
|
73
|
121,6
|
73
|
85
|
116,4
|
Taxes/biens et services
|
85
|
84
|
98,8
|
97
|
92
|
95,1
|
126
|
116
|
92,5
|
139
|
147
|
106,1
|
Taxes/Commerce International
|
37
|
31
|
83,1
|
37
|
31
|
84,0
|
44
|
38
|
86,9
|
63
|
45
|
71,2
|
Autres recettes d'impôts
|
3
|
1
|
49,0
|
4
|
3
|
64,2
|
4
|
2
|
50,3
|
5
|
2
|
47,8
|
Recettes non fiscales
|
18
|
18
|
98,1
|
25
|
17
|
67,4
|
20
|
29
|
143,0
|
27
|
28
|
102,4
|
Dons
|
174
|
128
|
73,9
|
220
|
165
|
75,0
|
303
|
201
|
66,5
|
394
|
107
|
27,1
|
Total
|
358
|
307
|
85,8
|
429
|
362
|
84,3
|
557
|
460
|
82,6
|
699
|
413
|
59,1
|
Source: L'auteur à partir du Ministère des Finances
: Règlement des comptes de la République du Burundi,
exercices 2006-2009 et Loi des Finances, exercices 2006-2009
Les recettes de l'Etat se répartissent entre les
recettes intérieures d'une part et les recettes extérieures
composées des dons courants et des dons en capital d'autre part. Au
cours des quatre dernières années, les recettes prévues
telles que présentées dans le budget augmentent d'année en
année, passant de 358 milliards en 2006 à 699 milliards FBU en
2009. Au cours de cette période, les recettes réalisées
connaissent des augmentations au fil des années sauf en 2009 où
elles diminuent sensiblement par rapport à l'année
précédente en passant de 460 milliards à 413 milliards des
francs burundais. Cette diminution résulte des dons qui n'ont pas
été débloqués suite aux perturbations
sociopolitiques et aux blocages entre les partis politiques qui ont eu lieu en
2009. Les dons étant imprévisibles, le Burundi doit renforcer les
services de collecte des recettes intérieurs pour ne pas toujours
compter sur les dons. Le renforcement des recettes intérieures s'inscrit
dans le programme des réformes en matière de gestion des finances
publiques tels que recommandées par les bailleurs de fonds.
Tableau n°9 : Exécution des recettes
budgétaires (en pourcentages du PIB)
Année
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
|
Prév
|
Réal
|
Taux exéc
|
Prév
|
Réal
|
Taux exéc
|
Prév
|
Réal
|
Taux exéc
|
Prév
|
Réal
|
Taux exéc
|
Impôts sur le revenu
|
4,4
|
4,7
|
108,3
|
4,3
|
5,0
|
116,9
|
4,4
|
5,3
|
121,6
|
4,3
|
5,0
|
116,4
|
Taxes/biens et services
|
9,0
|
8,9
|
98,8
|
9,2
|
8,7
|
95,1
|
9,1
|
8,4
|
92,5
|
8,1
|
8,6
|
106,1
|
Taxes/Commerce International
|
3,9
|
3,2
|
83,1
|
3,5
|
3,0
|
84,0
|
3,2
|
2,8
|
86,9
|
3,7
|
2,6
|
71,2
|
Autres recettes d'impôts
|
0,3
|
0,1
|
49,0
|
0,4
|
0,2
|
64,2
|
0,3
|
0,2
|
50,3
|
0,3
|
0,1
|
47,8
|
Recettes non fiscales
|
2,0
|
1,9
|
98,1
|
2,3
|
1,6
|
67,4
|
1,5
|
2,1
|
143,0
|
1,6
|
1,6
|
102,4
|
Dons
|
18,4
|
13,6
|
73,9
|
20,7
|
15,6
|
75,0
|
21,8
|
14,5
|
66,5
|
23,0
|
6,2
|
27,1
|
Total
|
37,9
|
32,5
|
85,8
|
40,5
|
34,1
|
84,3
|
40,2
|
33,2
|
82,6
|
40,9
|
24,2
|
59,1
|
Source: L'auteur à partir du Ministère des Finances
: Règlement des comptes de la République du Burundi,
exercices 2006-2009 et Loi des Finances, exercices 2006-2009
Les valeurs du PIB utilisées pour ces calculs ont
été retrouvées dans les principaux indicateurs
économiques et financiers du Burundi (FMI, 2010). Elles sont de 918
milliards du FBU (2006), 1060 milliards de FBU (2007), 1386 milliards de FBU
(2008) et 1711 milliards de FBU (2009).
4.1.1 Recettes intérieures
Les recettes intérieures comprennent des recettes
fiscales et non fiscales. Plus de 90% de ces recettes proviennent des
impôts et taxes. Celles-ci comprennent les impôts sur le revenu,
les taxes sur les biens et services et les autres recettes fiscales. Les
recettes fiscales sont celles qui sont liées à l'activité
économique et représentent en moyenne 55% des recettes totales
réalisées au cours de la période 2006-2009. Quant aux
recettes non fiscales, elles ne sont pas liées à
l'activité économique et constituent la deuxième source de
recettes de l'Etat, soit en moyenne 6% des recettes totales
réalisées sur la période considérée. Le taux
d'exécution des recettes intérieures semble être
réaliste et maîtrisable car il varie entre 94% (en 2007) et 102%
(en 2008) avec un taux moyen d'exécution de 99% sur les quatre
dernières années.
4.1.2. Recettes extérieures
Les dons constituent une source importante des recettes de
l'Etat avec une représentation moyenne de 53% dans les
prévisions budgétaires contre 39% dans les réalisations de
la période 2006 à 2009. Cette catégorie de recettes
comprend d'une part, les dons courants
correspondant aux contributions des bailleurs au budget de l'Etat
sous forme d'appuibudgétaire. D'autre part, les recettes
extérieures comprennent les dons en capital correspondant aux aides
directement affectées aux projets d'investissement.
Le tableau ci-dessus montre que le taux de réalisation
des dons varie d'une année à une autre avec un minimum de 67% au
cours des trois premières années 2006-2008). Cependant pour
l'année 2009, ce taux a sensiblement diminué jusqu'à 27%
par rapport aux prévisions de 2009. Au cours de la même
année, les dons enregistrés représentent 39% des recettes
totales réalisées. Cette situation s'explique par
l'imprévisibilité de l'aide et par le fait que toutes les aides
ne sont pas enregistrées dans le budget. De plus, comme
déjà expliqué au chapitre deux, l'année 2009 a
été marquée par des perturbations de fonctionnement du
Parlement suite au blocage entre les partis politiques. Certains bailleurs ont
été réticents au déblocage de l'aide pour faire
pression au Gouvernement du Burundi.
4.2. Allocation et exécution des dépenses
du budget de l'Etat
Tableau n°10 : Composition des dépenses de
l'Etat (en milliards de FBU)
Année
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
|
Prév
|
Réal
|
Taux d'exéc
|
Prév
|
Réal
|
Taux d'exéc
|
Prév
|
Réal
|
Taux d'exéc
|
Prév
|
Réal
|
Taux d'exéc
|
Salaires
|
101
|
94
|
92,9
|
139
|
114
|
81,8
|
141
|
158
|
111,7
|
189
|
184
|
97,5
|
Biens et services
|
95
|
64
|
66,9
|
59,3
|
63,3
|
106,8
|
105
|
101
|
96,6
|
104
|
107
|
103,2
|
Transferts et subsides
|
42
|
34
|
81,9
|
47,6
|
42,2
|
88,8
|
75
|
71
|
95,5
|
99
|
102
|
102,2
|
Intérêts/payement
|
28
|
23
|
82,4
|
28,4
|
29,9
|
105,2
|
29
|
27
|
92,85
|
32
|
37
|
117,5
|
Dépenses/Fonds
|
4
|
6
|
158,5
|
3,85
|
4,58
|
119,0
|
5
|
6
|
131,5
|
11
|
9
|
80,3
|
Dép. d'équip. et prêts nets
|
147
|
91
|
61,6
|
169
|
125
|
73,6
|
241
|
249
|
103,7
|
393
|
94
|
23,9
|
Total
|
416
|
311
|
74,7
|
447
|
379
|
84,6
|
595
|
613
|
103,0
|
828
|
533
|
64,3
|
Source: Elaboré par l'auteur à partir des
données du Ministère des Finances (Règlement des
comptes de la République du Burundi 2006-2009 et Loi des
Finances 2006-2009)
Les dépenses de l'Etat se répartissent entre les
dépenses de fonctionnement et les dépenses d'équipement.
Le montant total des dépenses d'équipement (prévus et
réalisés) du tableau cidessus comprennent les dépenses
faites sur les ressources nationales, les aides et les dettes
extérieures. Au cours des quatre dernières années, les
dépenses prévues telles que présentées dans le
budget augmentent d'année en année, passant de 416 milliards en
2006 à 533 milliards FBU en 2009.
Tableau n°11 : Composition des dépenses de
l'Etat en pourcentages du PIB
Année
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
|
Prév
|
Réal
|
Taux d'exé
|
Prév
|
Réal
|
Taux d'exé
|
Prév
|
Réal
|
Taux d'exé
|
Prév
|
Réal
|
Taux d'exé
|
Salaires
|
10,7
|
9,9
|
92,9
|
13,1
|
10,8
|
81,8
|
10,2
|
11,4
|
111,7
|
11,0
|
10,7
|
97,5
|
Biens et services
|
10,1
|
6,8
|
66,9
|
5,6
|
6,0
|
106,8
|
7,6
|
7,3
|
96,6
|
6,1
|
6,3
|
103,2
|
Transferts et subsides
|
4,4
|
3,6
|
81,9
|
4,5
|
4,0
|
88,8
|
5,4
|
5,2
|
95,5
|
5,8
|
5,9
|
102,2
|
Intérêts/payement
|
2,9
|
2,4
|
82,4
|
2,7
|
2,8
|
105,2
|
2,1
|
1,9
|
92,8
|
1,9
|
2,2
|
117,5
|
Dépenses/Fonds
|
0,4
|
0,6
|
158,5
|
0,4
|
0,4
|
119,0
|
0,3
|
0,5
|
131,5
|
0,6
|
0,5
|
80,3
|
Dép. d'équip. et prêts nets
|
15,6
|
9,6
|
61,6
|
15,9
|
11,7
|
73,6
|
17,4
|
18,0
|
103,7
|
23,0
|
5,5
|
23,9
|
Total
|
44,1
|
32,9
|
74,7
|
42,2
|
35,7
|
84,6
|
43,0
|
44,2
|
103,0
|
48,4
|
31,1
|
64,3
|
Source: Elaboré par l'auteur à partir des
données du Ministère des Finances (Règlement des
comptes de la République du Burundi 2006-2009 et Loi des
Finances 2006-2009)
4.2.1. Dépenses de fonctionnement
Globalement, le taux d'exécution des dépenses de
fonctionnement est satisfaisant avec une moyenne de 96% sur la période
considérée. Ce taux qui était évalué
à 82% en 2006 est passé à 91% en 2007, 102% en 2008 et
à 101% en 2009. Les écarts entre les prévisions et les
réalisations ne sont pas significatifs pour les dépenses de
fonctionnement au cours de ces 3 dernières années. Les tableaux
ci-dessus montrent les dépenses courantes qui dominent dans le budget
général de l'Etat, selon une moyenne 71% en considérant
les réalisations entre 2006 et 2009. Ces dépenses comprennent les
salaires, les biens et services, les intérêts payés sur les
dettes intérieures et extérieures ainsi que les transferts et les
subsides.
Les salaires constituent la rubrique la plus importante du
budget avec 30% des dépenses de fonctionnement en 2006. Cette
proportion a connu des augmentations avec les années jusqu'à
atteindre 35% en 2009. Cette augmentation résulte des
paiements des arriérés des salaires des fonctionnaires en
général et des enseignants en particuliers. La période
2006-2009 a connu beaucoup de grèves des enseignants, ce qui a contraint
le Gouvernement à procéder au reclassement et à la
régularisation des salaires et primes du secteur de l'éducation.
Ces augmentations des salaires dans le secteur de l'éducation ont
provoqué des frustrations aux autres employés de la Fonction
Publique. Une étude d'harmonisation des salaires est encours de
réalisation pour des raisons d'équité.
Concernant l'allocation des dons courants, ils sont
intégrés au budget et entièrement gérés par
le Ministère des Finances. Selon le Coordonnateur de la Cellule d'Appui
en charge des réformes, l'allocation des dons courants ne requiert pas
de conditions particulières d'exécution.
4.2.2. Dépenses d'investissement
Les dépenses d'équipement se chiffrent en
moyenne de 29% des dépenses totales des réalisations entre 2006
et 2009. Contrairement aux dons courants, les dons en capital sont
gérés ou cogérés par les partenaires techniques et
financiers en respectant des procédures particulières. Le
Secrétariat Permanent du Comité National de Coordination des
Aides spécialement créé pour la coordination des aides en
fait un suivi plus exhaustif.
4.3. Part des dépenses pro-pauvres dans le
budget
La prise en compte de la stratégie de réduction
de la pauvreté dans le budget se traduit par l'allocation des budgets en
tenant compte des priorités fixées dans le CSLP. La distinction
entre les dépenses pro-pauvres des autres dépenses permet aux
ministères techniques, de faire d'une part une allocation des ressources
budgétaires mieux axée sur les préoccupations de la
population pauvre, et d'autre part, d'établir, durant la phase
préparatoire du budget, une prévision systématique des
dépenses qui prend explicitement en compte les programmes sectoriels de
réduction de la pauvreté.
4.3.1. Critères de reclassification des
dépenses pro pauvres
Selon les échanges faits avec le Chef du service du
Budget au Ministère des Finances, les dépenses pro pauvres ont
été initialement déterminées par consensus. Une
reclassification a été par la suite mise en place par un
groupe de travail en collaboration avec la Banque
Mondiale. Les critères retenus se basent sur l'impact
direct des dépenses du budget sur les populations pauvres.
1°) le caractère social des actions et
missions du Ministère : cette définition s'appuie
étroitement sur la classification qui avait été
initialement proposée pour la mise en oeuvre du CSLP et le budget. Il a
été considéré que le caractère de «
service social » peut être appliqué soit en totalité
ou partiellement aux dépenses du ministère. Il a
été ainsi retenu de prendre en compte systématiquement,
les dépenses effectuées au niveau:
a) de tous les ministères classés dans la
catégorie des services sociaux. Il s'agit donc des dépenses
relatives à l'éducation, santé et lutte contre le SIDA,
solidarité et rapatriement des réfugies,
réintégration sociale et droits de la personne humaine.
b) des ministères classés dans la catégorie
des services généraux et des services économiques
après analyse consensuelle sur leur caractère social
2°) Alignement sur les axes du CSLP :
pour les ministères et institutions ne répondant pas
entièrement au critère de « service social», les
dépenses sont examinées au regard de leur alignement aux axes du
CSLP, à savoir (a) bonne gouvernance, (b) croissance durable et
équitable, (c) développement du capital humain, (d) lutte contre
le VIH/SIDA.
En nous référant à la classification des
dépenses proposées dans les lois budgétaires des
années 2006-2009, les dépenses du budget se répartissent
comme suit.
Tableau n°12 : Proportions des dépenses pro
pauvres dans le budget (en% du budget)
Année
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
|
PP
|
NPP
|
Tot
|
PP
|
NPP
|
Tot
|
PP
|
NPP
|
Tot
|
PP
|
NPP
|
Tot
|
|
en pourcentages du budget annuel
|
Salaires
|
14,8
|
17,4
|
32,2
|
18,4
|
25,8
|
44,2
|
16,6
|
18,2
|
34,8
|
18,6
|
18,0
|
36,5
|
Biens et services
|
5,7
|
24,7
|
30,3
|
4,2
|
14,6
|
18,8
|
6,5
|
19,4
|
25,9
|
2,7
|
17,4
|
20,1
|
Transferts et subsides
|
8,9
|
4,3
|
13,2
|
10,6
|
4,5
|
15,1
|
12,8
|
5,7
|
18,4
|
13,4
|
5,8
|
19,3
|
Intérêts/payement
|
-
|
8,8
|
8,8
|
-
|
9,0
|
9,0
|
-
|
7,2
|
7,2
|
-
|
6,2
|
6,2
|
Dépenses/Fonds
|
1,2
|
-
|
1,2
|
1,2
|
-
|
1,2
|
1,2
|
-
|
1,2
|
2,1
|
-
|
2,1
|
Dépenses d'équip
|
13,9
|
0,4
|
14,4
|
11,0
|
0,7
|
11,7
|
11,7
|
0,8
|
12,5
|
14,0
|
1,8
|
15,8
|
Total dépenses
|
44,5
|
55,5
|
100
|
45,5
|
54,5
|
100
|
48,8
|
51,2
|
100,0
|
50,8
|
49,2
|
100
|
PP : dépenses pro pauvres, NPP : dépenses non pro
pauvres
Source : Elaboré par l'auteur à partir des
données du Ministère des Finances (Lois des Finances
2006- 2009
Le tableau ci-dessus constitue une synthèse
élaborée à partir les prévisions annuelles fournies
par les états budgétaires du Département du Budget. Ces
états présentent les dépenses suivant la classification
combinée (économique et administrative). En considérant le
critère de classification économique, nous avons
procédé par des regroupements des dépenses tout en
dégageant chaque fois des sous-totaux par nature de la dépense.
Nous n'avons pu pas présenter une répartition des dépenses
basée sur les réalisations suite aux contraintes que nous avons
évoquées au chapitre trois (au point 3.3.1.). A titre de rappel,
des écarts se dégagent entre les données de la balance
générale et celles des balances auxiliaires au niveau du Service
de la Reddition des Comptes. Ces écarts sont imputables aux
insuffisances de paramétrage du système SIGEFI et ne permettent
pas une ventilation complète des dépenses pro pauvres et non pro
pauvres. Le paramétrage du système SIGEFI nécessite des
améliorations pour la ventilation convenable des dépenses au
niveau de la Reddition des Comptes.
L'analyse du tableau ci-dessus montre un accroissement des
dépenses pro-pauvres dans le budget qui passent de 44,5% en 2006
à 50,8% en 2009. L'augmentation du budget alloué aux secteurs
sociaux se justifie certainement par la volonté du gouvernement de
mettre en avant les programmes du SCLP avec le soutien des bailleurs de fonds.
Parallèlement, les dépenses non pro pauvres diminuent
progressivement de 55,5% en 2006 à 49,2% en 2009. Avec la
démobilisation des anciens militaires et combattants, les effectifs ont
été revus à la baisse au niveau de l'armée et de
police. Le Burundi ayant bénéficié des remises de la dette
extérieure dans le cadre de l'Initiative en faveur des Pays Pauvres
Très Endettés (PPTE), la grande partie de fonds provenant de
cette initiative ont été affectés dans les services
sociaux. La diminution des dépenses non pro pauvres a servi au
financement des dépenses pro pauvres qui se sont vues augmentées
spécialement pour les secteurs de l'éducation et de la
santé.
4.3. 2. L'augmentation des dépenses pro-pauvres dans
secteur de l'éducation.
Les dépenses allouées à
l'éducation ont connu beaucoup d'augmentation au fil des années.
Dès le début des années 2000, le gouvernement a
accordé une grande priorité au secteur d'éducation avec un
accroissement moyen de 23.9% entre 2001-2004 et 28.1 % entre 2005- 2006. Les
dépenses de l'éducation ont sensiblement augmenté à
partir de 2006, suite à la mesure de gratuité de l'enseignement
primaire. Elles sont passées de 79,4 milliards de FBU en 2006
jusqu'à 103,7 milliards en 2008, soit un taux d'accroissement de 31%.
Avec la disponibilité des fonds provenant de l'allègement sur la
dette extérieure, le total du budget alloué à
l'éducation a augmenté jusqu'à 25% du budget en 2007. Par
rapport au PIB, la part allouée au secteur de l'éducation est
passée de 3,8% en 2001 à 8% du PIB en 2006 (Banque Mondiale,
2008).
4.3.3. L'augmentation des dépenses pro-pauvres dans
le secteur de la santé.
Comme pour l'éducation, le budget alloué au
secteur de la santé a connu une augmentation au fil du temps. Les fonds
provenant de l'allègement sur la dette extérieur ont produit un
impact positif sur le budget alloué à la santé. Avec
l'appui des bailleurs de fonds, le Gouvernement a pris la mesure de gratuite de
soins de santé en faveur des enfants de moins de 5 ans et des
accouchements dans les hôpitaux et centres médicaux publics et
parapublics. Les soins de santé sont ainsi devenus accessibles à
la catégorie la plus défavorisée de la population vivant
dans une extrême pauvreté avec un très bas revenu par
habitant. Cela a sans doute contribué à la réduction de la
mortalité maternelle et infantile. Le second rapport de mise en oeuvre
du CSLP (République du Burundi, 2009a) montre que de 2007 à 2008,
le budget alloué au
secteur de la santé est passé de 18,2 milliards
à 36,4 milliards de FBU, soit un accroissement annuel de 100%. Par
rapport à 2007, les services hospitaliers sont passés de 5,6
milliards à 19 milliards en 2008.
4.4. Fonds de l'Initiative PPTE dans le budget
Depuis 2004, le Burundi a bénéficié de
l'allègement de la dette après les premières
négociations avec le Club de Paris. Les fonds issus de ces
négociations ont été destinés prioritairement au
programme de lutte contre la pauvreté. Une année plus tard, la
Banque Mondiale et le FMI ont constaté que le Burundi a pris des mesures
nécessaires pour atteindre le point de décision dans le cadre de
l'Initiative PPTE. Les progrès réalisé ont conduit le
Burundi à bénéficié d'un allègement de la
dette au titre de l'Initiative PPTE.
4.4.1. Constitution du fonds de l'IPPTE.
Lors de la préparation du budget, le service de la
dette extérieure du Département de la Trésorerie
établit la situation du service de la dette avec les
échéances en principal et en intérêt. Il transmet
à la Direction du Budget la situation globale à intégrer
dans le budget encours de préparation. Ainsi, la partie du service de la
dette allégée dans le cadre de l'IPPTE est engagé,
exécuté et viré sur le compte spécial des fonds de
l'IPPTE ouvert à la Banque centrale. Parallèlement, la partie non
allégée est virée sur le compte de l'organisme
créancier. Les données recueillies à partir du
deuxième rapport d'audit financier et institutionnel des fonds de
l'IPPTE (Programme FED, 2008) montre que les montants de 13,8 et 5,6 millions
ont été virés u compte spécial IPPTE respectivement
pour les échéances 2007 et 2008.
4.4.2. Gestion des fonds de l'IPPTE
Après trois années de mobilisation, les montants
des prévisions et des payements faits dans le cadre des fonds de l'IPPTE
dépenses sont présentés dans le tableau ci-après
:
Tableau n°11: Synthèse de l'utilisation des
fonds de l'IPPTE (millions de FBU)
Année
|
2006
|
2007
|
2008
|
Ministère
|
Prévisions
|
Paiement
|
Prévisions
|
Paiement
|
Prévisions
|
Paiement
|
Justice
|
211
|
205
|
800
|
130
|
3.000
|
800
|
Education
|
18.366
|
7.356
|
9.735
|
9.668
|
10.000
|
5.210
|
Santé
|
10.329
|
3.088
|
7.700
|
7.294
|
11.850
|
7.406
|
Lutte contre le SIDA
|
3.600
|
358
|
2.400
|
2.068
|
3.000
|
670
|
Solidarité Nationale
|
250
|
160
|
570
|
556
|
1.700
|
898
|
Agri-Elevage
|
1.375
|
688
|
3.000
|
1.960
|
3.300
|
1.821
|
Energie et Mines
|
2.600
|
865
|
3.166
|
815
|
3.616
|
101
|
Travaux Publics
|
2.428
|
1.589
|
1.750
|
247
|
1.661
|
1.452
|
Jeunesse et Sport
|
300
|
198
|
500
|
480
|
Non
renseigné
|
Non
renseigné
|
Total
|
39.459
|
14.507
|
29.621
|
23.218
|
38.127
|
18.358
|
Source: L'auteur à partir du deuxième rapport
d'audit financier et institutionnel des fonds de l'IPPTE (2008)
Le tableau ci-dessus montre la répartition des montants
alloué aux différents ministères et leur exécution.
Il ressort que le taux d'exécution sur trois ans est en
général très bas et n'atteint même pas 60% sauf pour
le Ministère de la jeunesse et Sport (85%) et le Ministère de la
Solidarité nationale (64%). Les taux les plus bas s'observe pour le
Ministère de l'Energie et Mines (19%), et le Ministère de la
Justice (28,3%). Sur la période considérée (2006-2008),
les prévisions se chiffrent à 107,2 milliards de FBU et les
paiements effectifs sont de 56,1 milliards de FBU, soit un taux de
réalisation de 52,3%.
Le problème majeur qui expliquerait les faiblesses des
taux d'exécution est le non versement à temps des fonds au compte
au compte spécial de l'IPPTE. Il arrive que les versements s'accumulent
vers les derniers mois de l'exercice ou au début de l'exercice suivant.
Il y a donc l'indisponibilité des fonds sur le compte IPPTE pour servir
aux paiements des dépenses au cours de l'année. Des efforts
particuliers devraient être faits au Ministère des Finances pour
respecter strictement les échéanciers de la dette
allégée pour l'alimentation du compte spécial IPPTE afin
que les fonds soient disponibles au moment opportun.
CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
Le Burundi comme d'autres pays en voie de
développement, est entrain de mettre en oeuvre le programme
stratégique de réduction de la pauvreté. Après six
ans d'application de ce programme, des améliorations sont
déjà constatées au niveau des allocations
budgétaires en faveur des pauvres. L'état d'avancement des
réformes montre que les réalisations sont encourageantes en
matière de la mise en place des outils d'amélioration de la
gestion des finances publiques. Toutefois, le chemin à parcourir reste
long pour parvenir à un système de gestion des finances publiques
fiable, plus efficace, transparent en harmonisation avec le document
stratégique de réduction de la pauvreté.
A la question de savoir si la stratégie de
réduction de la pauvreté constitue une priorité dans la
planification budgétaire au Burundi, l'état de mise en
oeuvre du CSLP et les améliorations faites au niveau des allocations
budgétaires en faveur des pauvres montrent que la réduction de la
pauvreté fait partie des priorités du programme
général du Gouvernement. Le processus d'intégration de la
stratégie de réduction de la pauvreté dans le budget est
en cours et évolue au rythme d'avancement des réformes avec la
contribution des bailleurs. Les réformes de la gestion des finances
publiques constituent un passage obligé pour le Burundi pour passer
d'une économie d'un pays post conflit à un modèle
d'économie de développement et pour améliorer
l'accès aux services publics en faveur des pauvres.
Actuellement, la volonté du Gouvernement du Burundi se
manifeste par un engagement ferme en ce qui concerne la consolidation du budget
et de la comptabilité de l'État, la mise en place d'un
système informatique adapté à l'exécution du
budget, la confection des lois de règlement et l'harmonisation des
outils budgétaires et comptables avec le CSLP. Le Cadre des
Dépenses à Moyen Terme est en cours de finalisation pour donner
une vision de la planification à moyen terme et surtout pour assurer une
meilleure intégration entre les programmes et le budget. L'objectif
primordial est donc de mettre en oeuvre un système transparent et
performent de gestion des finances publiques qui s'appui sur les normes et
bonnes pratiques internationalement reconnues.
Du côté des dépenses, des efforts
d'ajustements ont été observés en termes de gestion
rationnelle des finances publiques pour dégager un espace fiscal pour le
financement de la reconstruction après autant d'années de guerre
civile. Des économies ont été dégagées
à partir de la compression des dépenses de l'armée (avec
la démobilisation) et de l'actualisation des
listes de paie du personnel de la Fonction Publique. Ces
économies ont sans doute produit un impact budgétaire en
finançant les dépenses en faveur des secteurs porteurs de
croissance (les investissements) et des secteurs sociaux (pro-pauvres).
Du côté des ressources, des efforts se
manifestent à travers la mise en place des structures de mobilisation
des ressources nationales comme l'office des recettes. D'autres structures ont
été créées pour la coordination de l'aide en
collaborations avec les bailleurs. La recherche d'un espace fiscal constitue un
grand défi pour trouver des ressources de financement durable surtout
pour un pays post conflit qui nécessite beaucoup de moyens pour la
reconstruction. Le désengagement de l'Etat dans la collecte des
impôts et taxes de douane pourra contribuer à la diminution du
taux élevé de corruption qui s'observe dans ces domaines.
Depuis l'introduction de l'approche de stratégie de
réduction de la pauvreté, les bailleurs de fonds ont
encouragé les pays en développement à utiliser un certain
nombre d'instruments techniques visant à améliorer
l'intégration de la planification et les processus budgétaires.
Le niveau d'avancement n'ayant pas été le même, le Burundi
a connu des retards significatifs par rapport aux autres pays africains en
général et ceux de la communauté est-africaine en
particulier. Le Burundi devrait donc profiter de l'expérience
avancée des pays de la sousrégion (comme l'Ouganda, la Tanzanie)
en matière de réformes.
Nous recommandons au Gouvernement du Burundi de poursuivre
l'engagement pris pour la réforme de la gestion de finances publiques et
de trouver solution aux différentes contraintes qui s'expriment au
niveau des services techniques. Le Ministère des Finances devrait
redoubler d'efforts pour compléter les fonctionnalités manquantes
du système SIGEFI et de renforcer les capacités des utilisateurs.
Pour corriger les écarts qui se dégagent au niveau de
l'exécution du budget, un système de rapprochement doit
être instauré entre les données de la Redditions des
Comptes et celles du Département du Budget. La communication entre les
systèmes informatiques existants (BRB, CNCA, les services techniques des
Ministères des Finances et de la Planification) doit être
renforcée pour constituer une base unique de données
budgétaires et comptables. Avec l'assistance technique et
financière des bailleurs de fonds, nous ne doutons pas que le Burundi
réussira la mise en oeuvre des programmes de croissance
économique et de réduction de la pauvreté.
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Revisited,
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4620, The World Bank http://www-wds.worldbank.org/ WPS 4620.pdf
(last consulted 9/8/2010)
République du Burundi (2001) Programme National
d'Action pour le développement du Burundi 2001-2010, exposé
à la Troisième Conférence des Nations Unies sur les Pays
les Moins Avancés, Bruxelles, 14-20 Mai
2001.
www.unctad.org/fr/docs/aconf191cp18bur.fr.pdf
(Consulté le 26/07/2010)
République du Burundi (2006), Cadre Stratégique
de Croissance et de Lutte Contre la Pauvreté du Burundi (Septembre
2006) http://web.worldbank.org/ (Consulté le 3/6/2010)
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de Croissance et de Lutte Contre la Pauvreté du Burundi : CSLP,
Rapport de la première année de mise en oeuvre, Novembre
2008, http://web.worldbank.org/ (Consulté le 22/7/2010)
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Stratégique de Croissance et de Lutte Contre la Pauvreté : CSLP,
Second rapport de mise en oeuvre.
http://web.worldbank.org/ (dernière Consultation:
24/7/2010)
République du Burundi (2009b), Stratégie de
Gestion des Finances Publiques Assortie d'un Plan d'Actions 2009-2011
République du Burundi (2010a), Appui à
l'Appropriation et l'Opérationnalisation de la Vision à la mise
en oeuvre de la Stratégie Nationale de la Statistique et à la
Formulation et au Suivi-Evaluation du Cadre Stratégique de Lutte contre
la Pauvreté, Programme Conjoint du Gouvernement du Burundi et
Système des Nations Unies
République du Burundi (2010b) Mise en oeuvre de la
Stratégie de Réduction de la Pauvreté : Cadre de
Dépenses à Moyen Terme 2011-2013 (Version provisoire)
SP/CNCA (2010) Rapport sur les Flux d'Aide Publique au
Développement, édition 2009. SP/REFES (2010) Canevas des
rapports sectoriels
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consulté le 18/08/2010.
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Analysis» Poverty Manual, All, JH Revision of August 8, 2005, 218
pages.
http://www.worldbank.org/PGLP/PovertyManual.pdf
(last consulted: June 8, 2010)
World Bank (2008) Republic of Burundi: Public Expenditure
Management and Financial Accountability Review (PEMFAR). Improving Allocative
Efficiency and Governance of Public Expenditure and Investing in Public Capital
to Accelerate Growth and Reduce Poverty, Report N°42160-BI, World
Bank, Washington, DC.
http://www.worldbank.org/ (last consulted: July 23,
2010)
ANNEXES.
Annexe 1 : Guide d'entretien
I. Présentation de l'enquêteur et de l'objet
de l'entretien.
Bonjour. Je m'appelle NIGEZE Joseph, je suis étudiant
à l'Institut de Politique et de Gestion du Développement de
l'Université d'Anvers. J'effectue pour le moment une recherche sur le
lien entre la stratégie de réduction de la pauvreté et le
budget de l'Etat en tenant en compte le rôle de l'aide dans la
réduction de la pauvreté au Burundi. Je vous remercie de bien
vouloir répondre à mes questions et de me fournir les documents
qui seraient disponibles.
Au cours de l'année 2008, une étude sur la revue
des dépenses publiques a été faite par la Banque Mondiale
en collaboration du Gouvernement du Burundi. Cette étude avait comme
objectif principal, l'appui au Gouvernement du Burundi dans la revue de la
gestion des dépenses et de faire des recommandations pour garantir
l'intégration de la stratégie de lutte contre la pauvreté
dans le budget. A l'issue de cette étude des réformes ont
été proposées dans le but de réhabiliter la gestion
du budget en fixant les étapes fondamentales du processus
budgétaire et d'avoir un espace fiscal pour financer les programmes du
Cadre Stratégique de Lutte contre la pauvreté.
I. Entretien avec le Coordonnateur de la Cellule d'Appui
Chargée du Suivi des Réformes
1. En considérant les réformes qui ont
été proposées dans le document de revue des
dépenses cité ci-haut, quel est leur état d'avancement
depuis Juin 2008 ?
2. Vu cet état d'avancement, quelles sont les
contraintes majeurs que vous éprouvez dans la mise en oeuvre des
réformes et quelles seraient les voies d'améliorer le processus
budgétaire en général et des liens entre le budget et le
CSLP ?
3. Suite à la crise socio-économique, il a
été constaté que les listes du personnel de la Fonction
Publique, de la police et de l'armée n'étaient pas à jour.
Qu'est-ce qui a été fait dans l'entre temps pour assainir cette
situation ?
4. Que pensez-vous des liens entre le CSLP, le rapport annuel
d'exécution du CSLP et le budget ?
5. Y a-t-il une codification particulière pour
identifier les dépenses pro-pauvres dans les dépenses globales du
budget ? Si oui, quelles sont les rubriques du budget qui correspondent aux
dépenses pro-pauvres dans le budget ?
II. Entretien avec le Chef de Service Exécution du
Budget
1. Quelles sont les principaux textes de loi organisant le cadre
légale du budget de l'Etat ?
2. Comment sont fixés les rôles et les
responsabilités de différents organes impliqués dans le
processus budgétaire (de l'élaboration à la promulgation
du budget) ? Quelle est le calendrier d'élaboration budgétaire
?
3. En comparant les prévisions aux réalisations
pour différentes années, pensez-vous que le taux
d'exécution du budget est satisfaisant. Si non, quelles seraient les
causes de non exécution ou des dépassements budgétaires
observés pour le budget en général et en particulier pour
les lignes des dépenses pro-pauvres.
4. Vu l'état d'avancement des réformes, quelles
sont les contraintes majeurs que vous éprouvez dans leur mise en oeuvre
et quelles seraient les voies de sortie que vous juger appropriées pour
améliorer le processus budgétaire en général et
pour améliorer les liens entre le budget et le CSLP ?
6. Suite à la crise socio-économique, il a
été constaté que les listes du personnel de la Fonction
Publique, de la police et de l'armée n'étaient pas à jour.
Qu'est-ce qui a été fait dans l'entre temps pour assainir cette
situation ?
5. Quelle est la nomenclature utilisée dans le budget
pour la codification des dépenses et des recettes ?
6. Que pensez-vous des liens entre le CSLP, le rapport annuel
d'exécution du CSLP et le budget ?
7. Y a-t-il une codification particulière pour
identifier les dépenses pro-pauvres dans les dépenses globales du
budget ? Si oui, quelles sont les rubriques du budget qui correspondent aux
dépenses pro-pauvres dans le budget ?
8. Y a-t-il un système d'alignement de l'aide au budget
(pour permettre de tenir compte de l'aide dans le budget) ?
9. Comment se fait le rapprochement de l'aide entre le
Département du Budget et le Secrétariat Permanent du
Comité de Coordination de l'aide pour pouvoir canaliser toutes les aides
dans les prévisions du Budget?
III. Entretien avec deux cadres du Département de
la Comptabilité1. Existe-t-il une harmonisation entre les
nomenclatures budgétaires et comptables ?
2. Le programme de comptabilité en usage permet-il la
production des états financiers automatiquement ?
Si oui, la classification permet-elle l'analyse de
l'exécution des dépenses et des recettes en général
et les dépenses pro-pauvres en particulier ?
Si non, par quel système peut-on analyser le taux
d'exécution du budget, par nature et par source de financement (aide et
non aide)?
3. Y t-il une collaboration entre la Coordination nationale
des aides et le Département de la comptabilité du
ministère des Finances pour le rapprochement entre les aides
reçues et leur utilisation ?
IV. Entretien avec le Cadre d'appui en base de
données au Secrétariat Permanent de la Coordination Nationale des
aides
1. Quel est le niveau de collaboration entre le
Département du Budget-contrôle et le Secrétariat Permanent
du Comité de Coordination de l'aide pour faciliter les rapprochements de
l'aide afin de canaliser toutes les aides dans les prévisions du
Budget?
2. Quelle est l'évolution de l'aide par rapport au
suivi de déclaration des Paris ?
3. Tenant compte des chevauchements des missions des
différents Ministères, comment s'organise la coordination de
l'aide ?
4. Quels sont les instruments de gestion de l'aide pour
faciliter la prise de décision et une affectation équitable entre
les différents secteurs ?
N.B. Après l'entretien, nous avons consulté les
documents disponibles sur les lieux.
Annexe 2 : Tableau de classement des dépenses du
budget en dépenses pro pauvres et non pro pauvres
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