République
Algérienne Démocratique et
Populaire
Ministère de
l'Enseignement Supérieur et de la
Recherche Scientifique
Université des Sciences et de la
Technologie d'Oran
Mohamed Boudiaf
FACULTE D'ARCHITECTURE ET DE GENIE CIVILE
DEPARTEMENT DE GENIE CIVILE
MEMOIRE EN VUE DE L'OBTENTION D'UNE LICENCE
SPECIALITE : Génie civile
OPTION : Génie civile
PRESENTE PAR
Melle. AHED MESSAOUD LEILA
Melle. BEN ABDELMOUMENE NAIMA
SUJET DU MEMOIRE
Contribution à la valorisation de boues de
station d'épuration par l'appréciation d'une nouvelle
méthodologie de l'essai au bleu méthylène
ENCADRE PAR :
Mm. BOUALLLA.N.
Année universitaire 2010/2011
Remerciements
On tient à
remercier premièrement le Dieu nous a donné la foi et la
volonté, qui nous fait venir à ce monde pour qu'on puisse
rapporter un surplus utile dans notre vie.
On tient à
remercier tout les professeurs qui nous en aider et soutenu durant notre
parcourt pour arriver jusqu'ici et avoir ce niveau.
Mes vifs remerciements s'adressent
également à notre encadreur Mm.bouallla, d'avoir
accepté de nous encadré, d'avoir donné l'inspiration qui a
servi a la réalisation de ce projet, pour réussir et arriver a ce
stade.
Enfin on tient à remercier tous ceux qui nos
aidés de loin ou de pré afin de pouvoir réaliser ce
modeste travail.
Dédicace
Je dédie ce modeste
mémoire :
A mes chers parents Mr AHED MESSAOUD HOUARI et
Mm MESSAGMINE WAFIA lah yarhamha qui m'ont toujours poussé et
motivé dans mes études. Sans eux, je n'aurais certainement pas
fait d'études longues. Ce mémoire représente donc
l'aboutissement du soutien et des encouragements qu'ils m'ont prodigués
tout au long de ma scolarité.
A mes chères soeurs : Ikrame, Sabrine
et Rawan
A mon unique frère : Abd
lhake
A mon binôme Naima qui m'a accompagnée
durant tout le déroulement de ce projet avec beaucoup de sagesse et de
perfection.
A ma famille Ahed Messaoud et à tous les
personnes qui mon encouragé et se sont données la peine de me
soutenir durent cette formation.
A tous mes amis, et surtouts : Ahlem, Nawel, Asma,
Kamel et fateh
A tous mes collègues.
A mes chers enseignants sans aucune
exception.
Melle Ahed Messaoud Leila.
Dédicace
Je dédie ce modeste
mémoire :
A mes chers parents Mr Ben Abdelmoumene Boualm
et Mm Ben- lezreg Aicha qui m'ont toujours poussé et motivé dans
mes études. Sans eux, je n'aurais certainement pas fait d'études
longues. Ce mémoire représente donc l'aboutissement du soutien et
des encouragements qu'ils m'ont prodigués tout au long de ma
scolarité.
A mes chères soeurs : Fatima, Zohra,
Halima, Fatiha
A mon unique frère : Bekhada et sa
femme
A mes chères enfants de la famille :
Imen, Razika ,Chahrazed,Djamel Eldin
A mon binôme Leila qui m'a
accompagnée durant tout le déroulement de ce projet avec beaucoup
de sagesse et de perfection.
A ma famille Ben abdelmoumene et à tous les
personnes qui mon encouragé et se sont données la peine de me
soutenir durent cette formation.
A tous mes amis, et surtout : Omar qui ma
couragée
A tous mes collègues.
A mes chers enseignants sans aucune
exception.
Melle Ben Abdelmoumene Naima
Sommaire
RESUME
3
Chapitre 1
7
ÉPURATION DES EAUX USÉES
7
1. Introduction :
7
2. Notions d'épuration
7
3. Rôle de l'assainissement :
8
4. Éléments d'histoire
8
4.1. De l'animal à
l'Antiquité
8
4.2. Brève histoire des techniques
d'épuration
9
5. Les eaux usées :
11
5.1. Définition :
11
6. Traitement des eaux
usées :
12
6.1. Les filières de traitements des
eaux usées
13
Chapitre 2
15
LES BOUES
15
1. Introduction :
15
2. Classifications des boues
15
3. Typologie boues de step
16
4. Composition des boues
17
4.1. Matière organique
17
4.2. Eléments fertilisants et
amendements
17
4.2.1. Contaminants chimiques inorganiques
et organiques
18
4.2.2. Les micro-organismes
pathogènes
18
5. Nature des boues
18
5.1. Facteurs caractérisant la nature
de la boue
18
5.2. Facteurs caractérisant la
structure de la boue
19
6. Les différentes filières de
traitement des boues
20
6.1. L'épaississement
21
6.2. La déshydratation
23
6.3. Les conditionnements
23
6.4. La stabilisation &
l'hygiénisation
25
6.5. L'OXYDATION THERMIQUE
30
6.5.1. L' incinération
30
6.5.1.1. Incinération directe
31
6.5.1.2. Co-incinération
32
6.5.2. L'oxydation par voie humide
32
7. Destination finale des boues et
finalité de leur traitement
33
7.1. Amendement des sols
34
7.2. Récupération de
produits
35
7.3. Récupération
d'énergie
35
7.4. Décharge
36
7.5. Rejet en mer
36
7.6. Réinjection dans le sol
36
8. Contextes réglementaire et
technique de la gestion des boues
37
8.1. Cadre réglementaire
37
8.2. Les conséquences techniques
37
Chapitre 3
39
DÉTERMINATION DE LA SURFACE
SPÉCIFIQUE
39
1. Introduction :
39
2. Identification des matériaux
utilisés :
39
2.1. La surface spécifique
39
2.1.1. Facteurs influençant la valeur
de la surface spécifique (Ss)
39
2.1.2 Méthodes de détermination
41
2.2. L'adsorption du bleu de
méthylène
43
2.2.1. La molécule de bleu de
méthylène
43
2.2.2. Principe d'essai
44
2.2.3. Calcul de la surface
spécifique (Ss)
45
Chapitre 4
46
MATÉRIELS ET MÉTHODES
46
1. Provenance de la boue
46
2. Propriétés de la boue
46
3. Équipements et procédures
expérimentales 49
3.1. Appareillage
49
3.2. Préparation des prises
d'essai
49
3.3. Préparation de la solution de
titrage
49
3.4. Méthode conventionnelle - Norme
NF P11-300 50
3.4.1. Principe de dosage
50
3.4.2. Détermination de la valeur au
bleu (VB)
50
3.5. Méthode au
spectrophotomètre 51
3.5.1. La procédure d'essai
51
3.5.2. Détermination de la courbe
d'adsorption 51
3.5.3. Détermination de la valeur au
bleu (VBS)
52
3.6. Détermination de la surface
spécifique Ss à partir de la valeur au bleu
52
4. Conclusion
54
RESUME
L'urbanisation rapide et continue dans les pays en voie de
développement rend de plus en plus difficile la gestion des
déchets tels les boues d'épuration. Le volet de la gestion des
boues d'épuration dans la wilaya d'Oran est quasiment absent des plans
stratégiques d'assainissement des déchets solides et liquides,
par la carence d'une filière de traitement des boues ainsi que le manque
d'analyse de l'offre et de la demande des boues vidangées.
En l'absence de toute réglementation spécifique
à ces produits, de nombreuses voies d'élimination ou de
réutilisation coexistent même si certaines présentent un
danger pour l'environnement et la santé publique. L'évolution de
la réglementation, qui incite les producteurs à valoriser leurs
déchets, et le coût dissuasif de leur élimination ont
conduit les professionnels à trouver des débouchés plus
pertinents. Dans ce but recherché dans le cadre de cette étude
est de proposer des approches innovantes et des solutions techniques de
valorisation et de gestion durable des boues d'épuration pour la wilaya.
Pour atteindre cet objectif, une méthodologie axée sur les
recherches documentaires dont le traitement des données a conduit
à un certain nombre de résultats a été
adoptée.
. Le déversement anarchique des boues et eaux
usées dans la nature et leur réutilisation sans traitement
effectif est une source de pollution de l'environnement, de contamination des
ressources naturelles dont l'eau, de recrudescence des maladies
diarrhéiques.
L'importante contribution que les biosolides d'eaux
usées (boues d'épuration) peuvent apporter à la
durabilité des ressources en eau est souvent sous-évaluée,
ignorée ou même dénaturée. La présente
section vise à y remédier en insistant sur les avantages et
usages potentiels de leur utilisation, dont les principaux peuvent se
concrétiser si la confiance du public et des utilisateurs à leur
sujet est acquise et maintenue.
Les biosolides proviennent de l'épuration des eaux
usées urbaines et sont des sous-produits inévitables du cycle de
l'eau. À titre indicatif, dans la station d'étude d'El Kerma Un
traitement biologique à boues activées à moyenne charge
avec décantation primaire a été retenu. Il est
prévu que les boues seront stabilisées par voie anaérobie
(digesteurs). Un dispositif de déshydratation des boues
digérées permettra d'obtenir une siccité d'au moins 25 %,,
mais qui va en augmentant à mesure qu'une quantité plus
importante d'eaux usées est collectée et traitée.
Heureusement, les biosolides d'épuration sont une
ressource qui se prêtent à un emploi durable selon plusieurs
modalités. À vrai dire, ils représentent un lien
écologiquement durable entre le milieu urbain, où sont produits
la plupart d'entre eux, et le milieu rural où ils peuvent être
recyclés dans l'agriculture. Ils peuvent également servir de
source d'énergie, réduisant ainsi la dépendance à
l'égard des combustibles primaires, et servir aussi à plusieurs
applications spécialisées comme la
régénération des sols contaminés. Pour tous ces
cas, il faut que les biosolides d'épuration présentent une
qualité compatible avec l'utilisation prévue et qu'ils fassent
l'objet d'une gestion avisée et de contrôles efficaces.
Les biosolides des eaux usées brutes contiennent des
traces des substances utilisées ou produites par la collectivité,
dont certaines peuvent être rejetées dans les égouts et
retenus dans les boues.
La qualité des biosolides fait l'objet d'une
surveillance régulière pour s'assurer qu'elle répond aux
normes requises et à l'usage prévu.
Pour tenter de quantifier la capacité de
rétention en eau des particules fines, l'essai au bleu de
méthylène est aussi exigé. À l'aide de l'essai au
bleu de méthylène, on évalue la capacité
d'adsorption ionique des particules fines des matériaux, mais pas
vraiment la quantité de particules argileuses responsables en grande
partie de la rétention d'eau dans les matériaux granulaires.
La valeur au bleu reflète en fait simultanément
la nature et/ou la quantité des particules dites argileuses d'un
matériau, mais ne précise pas la nature réelle des
particules; un matériau contenant une faible quantité de
particules fines hydrophiles peut présenter une capacité de
drainage de beaucoup inférieure à celle d'un matériau
contenant une forte proportion de fines hydrophobes. Ainsi, l'exigence sur le
pourcentage passant le tamis de 80ìm pourrait varier en fonction de la
nature des particules fines en présence dans les différents
matériaux granulaires
Mots clefs : boue d'épuration,
assainissement, gestion de boue d'épuration, valorisation, station de
traitement, adsorption, bleu de méthylène,
spectromètre.
Introduction générale
Le secteur de l'eau demeure caractérisé par
l'acuité de certains problèmes notamment la dégradation
qualitative et quantitative des ressources en eau, auxquels s'ajoutent ceux
causés par les conditions climatiques et la prolifération des
foyers de pollution. L'eau devient ainsi un vecteur de pollution. Les
éléments polluants qui sont introduits de manière
importante dans l'environnement sont de nature organique, tels que, les
détergents et colorants concentrés en quantité importante
dans les eaux résiduaires des industries de textile ou de natures
métallique, tels que le cuivre, le zinc, le cobalt et le fer,
présents à l'état de traces, sont essentiels pour les
organismes vivants, ou, d'autres éléments tels que le mercure, le
plomb ou le chrome qui ne peuvent entraîner que des effets
néfastes.
Pour réduire l'impact de cette pollution plusieurs
méthodes ont été utilisées :
- La précipitation des métaux lourds est depuis
longtemps la technique la plus utilisée. Bien que ce processus soit
efficace, il présente des inconvénients : en effet, il produit
des quantités importantes des boues dont le temps de tassement est
très long.
- L'utilisation du charbon dans le processus d'adsorption est
également très sollicitée. Le charbon actif
présente une forte capacité d'adsorption due essentiellement
à sa grande surface spécifique mais ce procédé
reste très coûteux.
- L'attention a été focalisée par la
suite sur l'utilisation de nouveaux adsorbants à base de
matériaux naturels abondants.
Pour notre cas, on a choisi dans un thème de
valorisation des boues de la station d'épuration d'El Kerma que l'on
retrouve en quantité considérable. En effet, quelque soit le
système d'épuration adopté, le traitement des eaux
usées s'accompagne d'une production de quantités de boues non
négligeables dont il faut se débarrasser.
Plusieurs filières existent pour l'élimination
de ces boues, mais le choix doit être tributaire du coût
d'installation, de l'origine de boues, de la valeur ajoutée du produit
qui en résulte et de l'impact que pourrait avoir la filière
retenue sur l'environnement. On retrouve :
- La mise en décharge (appelée aussi stockage)
s'avère une technique peu valorisante et est légalement interdite
dans de nombreux pays (directive 1999/31/CE).
- L'incinération de boues a un coût prohibitif et
présente un risque lié à l'impact de gaz toxiques sur
l'environnement tel que celui de la dioxine (ADEME, 1999). Ces déchets
car ils constituent d'une part une contrainte pour l'environnement (inondation
des berges avec nuisance esthétique ou un danger toxique) et d'autre
part, un gisement de matières premières ou de matériaux
à valoriser.
Dans ce manuscrit, notre contribution se déroule en
plusieurs étapes :
- en premier, la caractérisation complète des
sédiments à la fois physique et chimique ;
- en second, évaluer la capacité d'adsorption
ionique, au bleu de méthylène et spectromètre adsorption
atomique.
.
REVUE
DES
CONNAISSANCES
Chapitre 1
ÉPURATION DES EAUX USÉES
1. Introduction :
En assainissement, l'épuration constitue l'une des
étapes d'un processus visant à rendre aux eaux rejetées
par la ville une qualité compatible avec les exigences du milieu
récepteur. il s'agit donc d'éviter une pollution et non de
fabriquer de l'eau potable.
L'épuration s'applique principalement aux eaux
usées ; pour les eaux pluviale ; on parle plutôt de
traitement du rejet urbain en temps de pluie. L'épuration peut
être assurée à l'échelle individuelle
(assainissement autonome ou individuel) ; semai collective ou plus
généralement à l'échelle collective (à
l'aval d'un réseau d'assainissement ; dans une station
d'épuration).
La plupart des stations d'épuration fonctionnent selon
les mêmes processus de base .mais des différences plus ou moins
importantes peuvent exister dans la manière de mettre en place ces
processus.
La dépollution des eaux usées nécessite
une succession d'étape faisant appel à des traitements physique,
physico chimiques et biologique. En dehors des plus gros déchets
présents dans les eaux usées, l'épuration doit permettre,
au minimum, d'éliminer la majeure mis en oeuvre, trois niveaux de
traitement sont définis.
Le prétraitement consistent à débarrasser
les eaux usées des polluants solides les plus grossiers .ce sont de
simple étape de séparation physique.
Les traitements secondaires recouvrent les techniques
d'élimination des matières polluantes solubles (carbone, azote,
et phosphore). Ils constituent un premier niveau de traitement biologique.
L'épuration biologique ou autoépuration fait
généralement appel à des procédés biologique
qui reproduisent de façon intensive les phénomènes
d'épuration naturelle. Le traitement secondaire est donc
désormais le niveau minimal de traitement qui doit être mais en
oeuvre dans les usines de dépollution.
Dans certains cas, des traitements tertiaires sont
nécessaire, notamment lorsque l'eau épurée doit être
rejetée en milieu particulièrement sensible. Les traitements
tertiaires peuvent également comprendre des traitements de
désinfection. La réduction des odeurs peut encore être
l'objet d'attentions particulières.
2. Notions d'épuration
Le propos n'est en aucune manière de produire un cours
exhaustif des méthodes, procédés et technologies relatifs
à l'épuration des eaux. Il est d'avantage concerné par la
présentation d'éléments choisis pouvant permettre une
compréhension de type « globale » des données et enjeux
relatifs à l'épuration des eaux usées. Sont donc
exposés ci-après quelques aspects historiques et techniques de
l'épuration des eaux usées.
Le présent cours n'aborde pas la question de la gestion
hydraulique des eaux usées. C'est pourquoi ne sont pas traités
ici les aspects relatifs au réseau de collecte et de transfert (par
temps sec et par temps de pluie) qui sont d'ailleurs relativement complexes et
nombreux (avaloirs, grille, refoulement, déversoirs d'orage,
modélisation...).
3. Rôle de l'assainissement :
L'assainissement des eaux usées est devenu un
impératif pour nos sociétés modernes. En effet, le
développement des activités humaines s'accompagne
inévitablement d'une production croissante de rejets polluants. Les
ressources en eau ne sont pas inépuisables. Leur dégradation,
sous l'effet des rejets d'eaux polluées, peut non seulement
détériorer gravement l'environnement, mais aussi entraîner
des risques de pénurie. Les Français sont d'ailleurs tout
à fait conscients de cet enjeu, puisque 95 % d'entre eux jugent le
nettoyage des eaux usées indispensable pour protéger la nature
(baromètre SOFRES-C.I.EAU 2002). La France dispose de ressources en eau
suffisantes pour satisfaire nos besoins en quantité. C'est dans la
détérioration de leur qualité que réside le risque.
Trop polluées, nos réserves d'eau pourraient ne plus être
utilisables pour produire de l'eau potable, sinon à des coûts
très élevés, du fait de la sophistication et de la
complexité des techniques à mettre en oeuvre pour en restaurer la
qualité. C'est pourquoi il faut "nettoyer" les eaux usées pour
limiter le plus possible la pollution de nos réserves en eau :
rivières, lacs et nappes souterraines. Le grand chantier de
l'après- guerre a consisté à mettre l'eau potable à
la disposition de tous. Le grand défi contemporain est celui de
l'assainissement. D'ici à la fin de 2005, dans toutes les
agglomérations de plus de 2 000 habitants, les eaux usées
rejetées par les utilisateurs devront être traitées dans
des stations d'épuration. Tout le monde est concerné, puisque
même ceux qui ne dépendront pas d'un réseau
d'assainissement collectif devront disposer d'un système
d'assainissement autonome.
4. Éléments d'histoire
4.1. De l'animal à l'Antiquité
Depuis que l'espèce humaine existe, elle doit
s'alimenter et donc, les meilleurs rendements biologiques n'atteignant
jamais les 100%, produire des déchets alimentaires et des
déjections physiologiques. Pendant longtemps, la gestion de ses
déjections n'a posé aucun problème à
l'espèce humaine, trop occupée à se déplacer pour
en quête de nourriture et peu concernée par les possibles
perturbations olfactives associées. Le développement de la vie en
société et des villes a très tôt soulevé le
problème de la gestion des déchets en général,
causes d'obstacles aux déplacements et de maladies contagieuses1(*). Même si, au niveau
spirituel, des divinités occupent très tôt le terrain
(déesse Cloacina, dieu Sterquilinius), quelques rares exemples de
gestion organisée des déjections humaines peuvent être
identifiés dans l'histoire des techniques et évoquons par
exemple, Mohenjo-Daro et ses fosses de maturation des déjections
(civilisation sur l'Indus du IIIème millénaire avant JC),
Ephèse et ses latrines collectives (Grèce, IVème
siècle avant JC) ou Rome et ses vespasiennes financées par
l'impôt du Chrysargyre (Ier siècle après JC). Et dans la
majorité des cas, les très nombreuses décisions de
l'administration relatives à la gestion des déjections sont
restées lettre morte.
Valeur variable, la capacité fertilisante des
déjections était en général ignorée sauf
exceptions (par exemple, Varron au Ier siècle avant JC dans son
traité d'agriculture). Au XIXème siècle, le succès
des voiries de transformation des déjections humaines en poudrette,
engrais puissant et rémunérateur, s'arrête avec l'essor de
la chimie agricole et l'évolution politique en matière de
nuisances et d'hygiène. Parallèlement, le développement
massif des systèmes urbains dédiés à
l'évacuation des eaux sales ne prend naissance que dans la seconde
moitié du XIXème siècle, principalement sous la pression
des hygiénistes dans un climat scientifique agité par les
débats (voir les prises de positions de Pasteur et Liebig sur les eaux
usées dans la chronique précédente). Après la
généralisation, d'une part des réseaux d'égouts
recevant d'abord les eaux de ruissellement des chaussées et toitures,
puis, d'autre part des réseaux d'adduction d'eau potable à
domicile, les eaux souillées des toilettes, mêlées aux
eaux de lavage et de cuisine, furent progressivement éliminées
dans "le silence des organes". Après avoir pollué dans un
premier temps les eaux superficielles, les eaux usées furent
progressivement valorisées en irrigation agricole avec succès
puis, sous la pression urbaine principalement, dépolluées en
station d'épuration et produisant des boues qui, depuis les
années 1990, posent des problèmes de plus en plus contraignants,
et cela au niveau des différentes filières (épandage,
compostage, décharge, incinération), de la réglementation,
toujours plus abondante et complexe (nationale et communautaire), des services
de polices (DRIRE, DDAF...).
4.2. Brève histoire des techniques
d'épuration
- lagunage (1870) : Conçu en
France par le Dr Girardin, le lagunage se présente sous la forme d'un
bassin constitué de végétaux épurateurs en
séquence (le dernier élément est une cressonnière).
En Allemagne, un étang à poissons complétait le
système. En 1911 (et jusqu'en 1950), Strasbourg est devenu la plus
grande ville assainie avec un lagunage (procédé Dr Hof),
c'est la STEP de la Wanzenau. Le procédé est
désormais très répandu dans de nombreux pays, en
particulier en région chaude.
- lits bactériens immergés
(maximum de 100 l/m2/j) (1868) : Sur la
base de sols reconstitués en laboratoire, Müller à Berlin
(1865) et Franklin, à Londres (1868) imaginent le procédé
aujourd'hui connu sous le nom de lit bactérien, un premier prototype est
réalisé (4000 m2 pour 15 000 hab). En 1890, Hazen
conduit des travaux sur un filtre à gravier qui deviendront
célèbres à la station de Lawrence (Mass., USA). Les 1ers
lits sont à contact, alternativement immergés puis vidés
par siphonnage (reproduction de l'épandage agricole des ERU). Le
procédé Dibdin met en oeuvre 3 lits remplis de matériaux
à granulométrie décroissante (souvent du mâchefer).
Puis, Cameron invente un nouveau procédé en ajoutant une fosse
septique (long temps de séjour pour assurer une bonne
liquéfaction et décantation) avant filtration. En France, le Dr
Calmette et l'ingénieur Bezault proposent des procédés
similaires. En France, Serge Winogradsky fait d'importantes découvertes
sur la nitrification et l'autotrophie, les lits bactériens nitrifiant
très bien. Pour revenir à la place de la fosse septique,
l'étape anaérobie en tête a conduit en Allemagne à
des procédés aérés séquentiellement (c'est
la filière des disques biologiques).
Remarque :
? Il n'y a pas de boue et l'aération est
réalisée de façon naturelle avec les bulles d'air
coincées dans le support
? Les premiers tamis sont installés en 1910 (5 cm de
maille),
? si les champs d'épandage ont permis de traiter les
premières eaux usées, les massifs d'infiltration (sables
calibrés) ont permis d'accélérer la vitesse du
processus (aération naturelle). On peut citer Waring, 1891 et le filtre
Ducat (1.2 m/j et H=1.2 m).
- lits bactériens à percolation (1900) :
Nous pouvons retenir principalement 2 procédés qui ont
permis de réaliser des constructions longitudinales :
? Un procédé par aspersion avec des orifices
sur des conduites posées sur le lit (simple mais coûteux),
? Un procédé par aspersion par pont baladeur
à va et vient (simple mais mécaniquement complexe).
Les Anglais font beaucoup de recherches :
1- est réalisé le premier ajutage projetant
l'effluent
2- sont imaginés les premiers distributeurs rotatifs
(1896 - 1897, Corbet) qui atteignent la vitesse de 6 m/s,3- petit à
petit, des tourniquets hydrauliques sont mis en place en adaptant les
techniques de l'irrigation à des bassins circulaires.
Il n'y a pas de boues produites. Plus tard, on perfore le
radier pour assurer une aération par haut et bas. Des lits de tourbe
furent aussi utilisés (Dr Rouchy au "jardin modèle des
épandages de la ville de Paris"). Aujourd'hui, le procédé
SESSIL (Stéreau) propose une variante moderne de ces ancêtres.
- la digestion anaérobie (1904) : Sur
la base des observations de fermentation des décharges et des
"tinettes", les premières expériences ont lieu en Grande Bretagne
avec Travis et son "hydrolytic tank". Auparavant et dès 1883, on peut
rappeler les célèbres "vidangeuses automatiques" de Mouras qui
ont été violemment combattues par les "hygiénistes".
Cameron, en 1895, a été un précurseur avec la station
d'Exter (GB). C'est en 1907 qu'est brevetée la fameuse fosse Imhoff. Cet
ouvrage assure simultanément la décantation dans son compartiment
supérieur et la digestion dans le compartiment inférieur. Ce
procédé est toujours utilisé, avec une nouvelle
fraîcheur grâce au béton armé et maintenant aux
matériaux composites.
Il convient en outre de parler de la digestion des boues
produites lors de l'épuration des eaux. Dès 1899, à la
station pilote de Lawrence (USA), des essais sont réalisés. En
1906, une première digestion des boues en cuve indépendante est
mise en oeuvre à Birmingham mais les odeurs sont épouvantables.
En 1911, le procédé devient continu puis en série en 1912
(2 compartiments), en 1920 (procédé Pruss), la cuve est
réchauffée grâce à la chaleur de combustion du
biogaz.
Mais il est incomplet d'évoquer la digestion des boues
sans aborder le problème des filasses (cheveux, poils, papiers toilette
: 12 g/hab/j) qui s'accrochent aux hélices assurant le mélange.
En effet, pour répondre à ces dysfonctionnements, le brassage au
biogaz a été inventé. Jusqu'en 1950, la digestion
anaérobie des boues est très pratiquée pour stabiliser et
réduire le volume des boues produites, mais l'énergie commence
à devenir bon marché...
En ce qui concerne le traitement des boues, la première
moitié du 20ème siècle voit quelques exemples
de filtration sous pression, mais l'échelle industrielle est atteinte
après la guerre de 39-45 avec la STEP de Milwaukee. En GB, sont
préférés les filtres presses tandis qu'aux USA, les
techniciens adoptent préférentiellement les appareils rotatifs en
continu. Une dernière remarque historique concerne les digesteurs
réalisés au camp de concentration d'Auschwitz, construit en
1939...
- les boues activées (1910) : Sur la
base d'essais de dilution d'eaux d'égouts avec de l'eau de mer en 1893
à New York (épidémie de choléra en 1892), Fowler,
Directeur des eaux de Manchester avance l'hypothèse que
l'épuration est l'oeuvre de bactéries et que l'oxygénation
est due aux algues. L'expérience suivante est réalisée
:
? Saturation eau d'égout à l'air
(oxygénation)
? Décantation des suspensions
? Extraction du surnageant
? mélange de la "boue" avec de l'eau d'égout
? resaturation à l'air etc...
? l'eau extraite est purifiée"
En 1914, les chimistes Adern et Locket de Manchester
déposent le 1er brevet sur "les boues activées". En
1920, Jones et Atwood, industriels anglais commanditaires de Adern et Locket
mettent au point les premières turbines de surface et définissent
le procédé nommé "simplex", qui opère en "continu"
et non plus en mode séquentiel. Ce système met en oeuvre une
aération par turbine de surface et une décantation dans des zones
tranquillisées par déflecteur (ancêtre des
bassins-combinés et du SBR).
Plus tard, apparaissent le procédé Sheffield par
génération de houle (en service au Mont-Mesly jusqu'en 1970) et
le procédé Kessener qui mettait en oeuvre des brosses
transversales sur un carrousel. Nous le verrons dans la partie technique de
l'exposé, mais le procédé dit à boues
activées exige un apport d'oxygène important associé
à un brassage énergique (de l'ordre de 30-40 W/m3 de bassin).
C'est pourquoi, de nombreux dispositifs et procédés ont
été imaginés, tant du point de vue de
l'efficacité, de la fiabilité, de la souplesse d'utilisation,
etc...
Dés 1920, des technologies par insufflation d'air ont
été développées (plaques poreuses analogues aux
plaques ciment poreux pour AEP : Adduction en Eau Potable), puis des tubes
poreux en céramique suivis par des plaques idem. Il y eu même une
aération par cascade en forme de cône avec des marches circulaires
! Aux Etats Unis, les stations se développent (San Marco, Texas : 450
m3/j en 1916; Milwaukee I : 7 500 m3/j en 1916; Houston, 21 000 m3/j en 1918;
Milwaukee II : 170 000 m3/j; Indianapolis en 1925 : 190 000 m3/j et enfin,
Chicago en 1927 : 660 000 m3/j !!!).
Ces premiers procédés étaient en
général issus de recherches appliquées et ce n'est
qu'après la guerre et le développement de la biologie que de gros
progrès dans la compréhension des boues activées virent le
jour. On assiste au développement de 2 écoles,
l'américaine, avec des temps de séjour de 3 à 6
h (forte densité de population) et la britannique, avec des temps de
séjour de l'ordre de 24 h (aération prolongée).
En 1950, Chudoba conçoit des bassins combinés,
à alimentation en tête, à réactivation ou
étagée. De son côté, Pasveer met au point
l'aération prolongée (oxydation totale) et précise les
connaissances sur la nitrification, on réalise alors 2 bassins (1 forte
charge suivi de 1 faible charge), c'est la phase endogène.
Un peu plus tard, en Afrique du sud, et compte tenu des
problèmes d'eau, de nombreuses recherches furent menées
très tôt. Furent découverts la dénitrification en
zone anoxie et en zone endogène, et, plus récemment, la
déphosphatation biologique en zone anaérobie. Mais,
procédé efficace et "relativement" simple, les boues
activées ont des inconvénients (filamenteuses,
clarification...).
5. Les eaux usées :
Il ne faut pas confondre le traitement des eaux, qui a pour
fonction de les transformer en eau potable, et l'assainissement des eaux
usées rejetées par le consommateur après utilisation.
L'assainissement des eaux usées a pour objectif de collecter puis
d'épurer les eaux usées avant de les rejeter dans le milieu
naturel, afin de les débarrasser de la pollution dont elles sont
chargées.
5.1. Définition :
On distingue trois grandes catégories d'eaux
usées : les eaux domestiques, les eaux industrielles, les eaux
pluviales.
Les cours d'eau ont une capacité naturelle
d'épuration. Mais cette capacité a pour effet de consommer
l'oxygène de la rivière et n'est pas sans conséquences sur
la faune et la flore aquatiques. Lorsque l'importance du rejet excède la
capacité d'auto-épuration de la rivière, la
détérioration de l'environnement peut être durable. Les
zones privées d'oxygène par la pollution entrainent la mort de la
faune et de la flore ou créent des barrières infranchissables
empêchant notamment la migration des poissons. La présence
excessive de phosphates, en particulier, favorise le phénomène
d'eutrophisation, c'est-à-dire la prolifération d'algues qui
nuisent à la faune aquatique, peuvent rendre la baignade dangereuse et
perturbent la production d'eau potable.
- Les eaux usées domestiques :
Elles proviennent des différents usages domestiques de l'eau.
Elles sont essentiellement porteuses de pollution organique. Elles se
répartissent en eaux ménagères, qui ont pour origine les
salles de bains et les cuisines, et sont généralement
chargées de détergents, de graisses, de solvants, de
débris organiques, etc. et en eaux "vannes" ; il s'agit des rejets des
toilettes, chargés de diverses matières organiques azotées
et de germes fécaux. La pollution journalière produite par une
personne utilisant de 150 à 200 litres d'eau est évaluée
à : - de 70 à 90 grammes de matières en
suspension - de 60 à 70 grammes de matières organiques - de
15 à 17 grammes de matières azotées - 4 grammes de
phosphore - plusieurs milliards de germes pour 100 ml.
- Les eaux industrielles : Elles sont
très différentes des eaux usées domestiques. Leurs
caractéristiques varient d'une industrie à l'autre. En plus de
matières organiques, azotées ou phosphorées, elles peuvent
également contenir des produits toxiques, des solvants, des
métaux lourds, des micropolluants organiques, des hydrocarbures.
Certaines d'entre elles doivent faire l'objet d'un prétraitement de la
part des industriels avant d'être rejetées dans les réseaux
de collecte. Elles sont mêlées aux eaux domestiques que
lorsqu'elles ne présentent plus de danger pour les réseaux de
collecte et ne perturbent pas le fonctionnement des usines de
dépollution.
- Les eaux pluviales : Elles peuvent,
elles aussi, constituer la cause de pollutions importantes des cours d'eau,
notamment pendant les périodes orageuses. L'eau de pluie se charge
d'impuretés au contact de l'air (fumées industrielles), puis, en
ruisselant, des résidus déposés sur les toits et les
chaussées des villes (huiles d'épuration, carburants,
résidus de pneus et métaux lourds...). En outre, lorsque le
système d'assainissement est dit "unitaire", les eaux pluviales sont
mêlées aux eaux usées domestiques. En cas de fortes
précipitations, les contraintes de préservation des installations
d'épuration peuvent imposer un déversement ("délestage")
de ce "mélange" très pollué dans le milieu naturel. Enfin,
dans les zones urbaines, les surfaces construites rendent les sols
imperméables et ajoutent le risque d'inondation à celui de la
pollution.
6. Traitement des eaux
usées :
L'épuration des eaux usées consiste à
décanter les éléments polluants particulaires et à
extraire les éléments dissous qui sont transformés en
matière sédimentable suite à un traitement
approprié. Ainsi, à la sortie de la station il en résulte
d'une part une eau épurée rejetée dans le milieu naturel,
et d'autre part, il reste des sous-produits désignés sous le
terme des boues résiduaires (Werther et Ogada, 1999). Les divers
procédés d'épuration des eaux usées actuels
entraînent une production plus ou moins importante de boues
résiduaires. La matière solide de ces résidus contient
à la fois des éléments naturels valorisables et des
composés toxiques en relation avec la nature des activités
raccordées au réseau d'assainissement, industrielles ou
domestiques. L'épandage direct de ces boues se heurte à de fortes
résistances de l'opinion concernant les risques sanitaires
éventuels qu'implique cette pratique du fait de la présence
d'agents pathogènes, d'éléments traces métalliques
et de composés organiques toxiques. Afin de préserver les
productions agricoles et l'environnement, l'innocuité des boues passe
par le respect de normes d'épandage ou par l'utilisation de produits
dérivés de celles-ci par voie chimique ou biologique.
6.1. Les filières de traitements des eaux
usées
Collectées par le réseau d'assainissement d'une
agglomération, les eaux usées urbaines contiennent de nombreux
éléments polluants, provenant de la population (eaux
ménagères, rejets des toilettes - eaux "vannes", etc.) et des
activités commerciales et industrielles. Elles sont acheminées
vers une station d'épuration où elles subissent plusieurs phases
de traitement. Le but de ces différents traitements est de diminuer
suffisamment la quantité de substances polluantes contenues dans les
eaux usées pour que l'eau finalement rejetée dans le milieu
naturel ne dégrade pas ce dernier. Le "nettoyage" des eaux usées
obéit donc à une logique de préservation des ressources en
eau et de protection de l'environnement. La réglementation
récente en a sensiblement renforcé l'importance dans notre
pays.
Figure 1 : Étapes de traitement
La dépollution des eaux usées nécessite
une succession d'étapes faisant appel à des traitements
physiques, physico-chimiques et biologiques. En dehors des plus gros
déchets présents dans les eaux usées, l'épuration
doit permettre, au minimum, d'éliminer le majeur parti de la pollution
carbonée. Selon le degré d'élimination de la pollution
et les procédés mis en oeuvre, trois niveaux de traitements sont
définis.
Il existe plusieurs filières, mais le choix d'un
procédé de traitement doit être adéquat du point de
vue climatique, des applications attendues et de l'investissement (ADEME, 1996;
Werther et Ogada, 1999; CEE, 2001). Ce procédé nécessite
un ensemble cohérent de traitements effectués après des
prétraitements tels que le dégrillage, le dessablage et le
dégraissage. Parmi ces filières, on trouve :
v Les prétraitements : consistent
à débarrasser les eaux usées des polluants solides les
plus grossiers (dégrillage, dégraissage). Ce sont de simples
étapes de séparation physique.
v Les traitements primaires : regroupent
les procédés physiques ou physico-chimiques visant à
éliminer par décantation une forte proportion de matières
minérales ou organiques en suspension. A l'issue du traitement primaire,
seules 50 à 60 % des matières en suspension sont
éliminées. Ces traitements primaires ne permettent d'obtenir
qu'une épuration partielle des eaux usées. Ils ont d'ailleurs
tendance à disparaitre en tant que seul traitement, notamment lorsque
l'élimination de la pollution azotée est requise. Pour
répondre aux exigences réglementaires, une phase de traitement
secondaire doit être conduite.
Le principe du traitement physico-chimique :
utilisation d'adjuvants chimiques pour éliminer les matières en
suspension. Il comporte une phase de coagulation (agglomération des
colloïdes par addition par exemple de sels de fer ou d'aluminium), une
phase de floculation et une phase de décantation pour assurer la
séparation entre solide et liquide suite à l'injection des agents
floculants tel le charbon actif en poudre. Ces traitements acceptent les
variations brutales de charges polluantes, mais ils sont très
coûteux en exploitation selon les adjuvants chimiques utilisés.
v Les traitements secondaires :
recouvrent les techniques d'élimination des matières polluantes
solubles (carbone, azote, et phosphore). Ils constituent un premier niveau de
traitement biologique. Pour satisfaire à la réglementation
actuelle, les agglomérations de plus de 2 000
équivalents-habitants devront être raccordées à des
stations d'épuration permettant un traitement secondaire des eaux
usées d'ici fin 2005. Le traitement secondaire est donc désormais
le niveau minimal de traitement qui doit être mis en oeuvre dans les
usines de dépollution.
Le principe du traitement biologique : il
permet la biodégradation des matières organiques des eaux
usées grâce à des bactéries aérobies ou
anaérobies dans des systèmes suivants :
- Système intensif à cultures
fixes telles que les lits bactériens et les disques biologiques ou
à cultures libres telles que les boues activées.
- Système extensif dont le plus
répandu et le plus classique est le lagunage surtout dans les pays
à climat chaud et où le terrain est disponible à
coût raisonnable. Il consiste en un lent écoulement de l'affluent
dans un ou plusieurs réservoirs plus ou moins profonds.
v Traitement tertiaire ou les traitements
complémentaires: Dans certains cas, des traitements tertiaires
sont nécessaires. On retrouve le traitement par :
désinfection, dénitrification, déphosphatation.
notamment lorsque l'eau épurée doit être
rejetée en milieu particulièrement sensible. A titre
d'illustration, les rejets dans les eaux de baignade, dans des lacs souffrant
d'un phénomène d'eutrophisation ou dans des zones
d'élevage de coquillages sont concernés par ce troisième
niveau de traitement. Les traitements tertiaires peuvent également
comprendre des traitements de désinfection. La réduction des
odeurs peut encore être l'objet d'attentions particulières.
Chapitre 2 LES
BOUES
1. Introduction :
Le éléments polluants et leurs produits de
transformation retirés de la phase liquide au cours de tout
traitement d'eau, quelle qu'en soit la nature, se trouvent finalement
rassemblés dans la très grande majorité des cas dans des
suspensions plus ou moins concentrées dénommées
"boues":
Le caractère commun de toutes ces boues est de
constituer un déchet encore très liquide, de valeur
généralement faible ou nulle. Certaines d'entre elles sont
chimiquement inertes, mais celles qui proviennent de traitements biologiques
sont souvent fermentescibles et nauséabondes.
2. Classifications des boues
Pour appréhender le problème des boues, il faut
d'abord préciser une définition et pour cela il convient de
considérer les typologies existantes. Nous en considérerons 3
mais d'autres peuvent être imaginées. En considérant d'une
part les boues seules et sur la base d'une relation matière
sèche/eau, il est possible de distinguer plusieurs classes :
- boues organiques hydrophiles (ERU, IAA)
- boues huileuses hydrophiles (raffinerie,
mécanique)
- boues huileuses hydrophobes (laminage)
- boues minérales hydrophiles (eaux superf., traitement
de surface, tannerie)
- boues minérales hydrophobes (forage, eaux superf.,
lavage de gaz)
- boues fibreuses (papeterie, pap, ppo)
En considérant d'autre part la traitabilité des
boues, une classification a été développée en
France sur la base de normes américaines, le tableau
ci-après détaille les 4 classes proposées :
|
Classe A
|
Classe B
|
Classe C
|
Classe D
|
Définition
|
boues primaires, physico-chimiques& forte charge
|
biologiques
|
Mixtes
A+ B
|
Stabilisées en
biologie digestion, stabilisation
|
Paramètre
|
|
|
|
|
Aptitude à la concentration
|
excellent
|
moyen
|
bon à faible
|
moyen à faible
|
Aptitude à la stabilisation
|
excellent
|
bon à faible
|
moyen à
bon
|
-
|
Aptitude à ne pas fermenter
|
moyen à faible
|
bon
|
faible
|
bon
|
Traitabilité
|
très bon
|
moyen à
faible
|
bon
|
bon
|
Tableau 1 : Classifications des boues
Enfin, en considérant la siccité des boues, une
classification a été développée que rappelle le
tableau ci-après après :
|
siccité
|
caractéristiques
|
type de transport
|
boues liquides
|
1 à 2 %
|
liquide
|
pompage et citerne
|
boues liquides épaissies
|
8 à 12 %
|
liquide
|
pompage et citerne
|
boues pâteuses
|
18 à 30 %
|
pelletable
|
pompage et benne
|
boues solides
|
30 à 90 %
|
pelletable, gerbable et émottable
|
transport par tapis
|
boues sèches
|
> 90 %
|
pulvérulante ou granulée
|
transport par tapis
ou système pneumatique
|
boues compost
|
50 à 60 %
|
pelletable, gerbable et émottable
|
transport par tapis
|
Tableau 2 : Caractéristiques des boues en
fonction de la siccité et de certaines
propriétés
3. Typologie boues de step
La caractérisation d'une boue est fondamentale pour
le choix de la méthode de toutes les boues de caractère
organique nécessitent un traitement spécifique qu'elles soient
recyclées, réutilisées ou remises dans le milieu naturel.
Il en est de plus en plus de même pour les boues
essentiellement minérales.
L'urbanisation et la protection de l'environnement rendent
de jour en jour plus difficile le retour pur et simple sans
conditionnement préalable de ces produits dans le milieu naturel.
Le traitement de la boue est devenu un corollaire inévitable du
traitement de l'eau, et il nécessite des moyens techniques
et financiers parfois supérieurs au traitement qui lui est
applicable ainsi que pour la prévision des performances des
appareils à employer.
Figure 2 : Chargement d'un camion de
boues
Cette composition dépend à la fois de la
nature de la pollution initiale de l'eau et des procédés
d'épuration auxquels cette eau a été soumise;
traitements physiques, physico- chimiques, biologiques.
Pour appréhender le problème des boues, il faut
d'abord préciser une définition et pour cela il convient de
considérer les typologies existantes. Nous en considérerons 3
mais d'autres peuvent être imaginées. En considérant d'une
part les boues seules et sur la base d'une relation matière
sèche/eau, il est possible de distinguer plusieurs classes :
- boues organiques hydrophiles (ERU, IAA)
- boues huileuses hydrophiles (raffinerie,
mécanique)
- boues huileuses hydrophobes (laminage)
- boues minérales hydrophiles (eaux superf., traitement
de surface, tannerie)
- boues minérales hydrophobes (forage, eaux superf.,
lavage de gaz)
- boues fibreuses (papeterie, pap, ppo)
? Classe organique hydrophile: c'est une
des classes les plus étendues. Les difficultés de
déshydratation de ces boues sont dues à la présence d'une
fraction importante de colloïdes hydrophiles. Se rangent dans cette
catégorie toutes les boues résultant du traitement
biologique d'eaux résiduaires, et dont la teneur en
matières volatiles peut atteindre jusqu'à 90% de la
totalité des matières sèches (eaux résiduaires
d'I.A.A., de chimie organique, par exemple).
? Classe minérale hydrophile: ces
boues contiennent des hydroxydes métalliques formés au cours des
procédés physico- chimiques par précipitation d'ions
métalliques présents dans l'eau à traiter (Al, Fe,
Zn, Cr) ou dûs à (emploi de floculants minéraux (sels
ferreux ou ferriques, sels d'aluminium).
? Classe huileuse: elle est
caractérisée par la présence dans les effluents de
quantités même faibles d'huiles ou de graisses minérales
(ou animales). Ces huiles sont en émulsion ou adsorbées aux
particules boueuses hydrophiles ou hydrophobes. Une fraction de boue
biologique peut aussi être prés ente en cas de traitement final
par boues activées (exemple: traitement d'eaux résiduaires de
raffinerie).
? Classe minérale hydrophobe: ces
boues sont caractérisées par un taux prépondérant
de matières particulaires à faible teneur en eau liée
(sables, limo ns, scories, battitures, sels cristallisés...).
? Classe minérale hydrophile - hydrophobe:
ces boues comprenant principalement des matières
hydrophobes contiennent suffisamment de matières hydrophiles pour que
l'influence défavorable de celles -ci en déshydra tation
deviennent prépondérante. Ces matières hydrophiles sont
souvent les hydroxydes métalliques (coagulants). . Classe fibreuse: ces
boues sont généralement faciles à
déshydrater sauf lorsque la récupération poussée
de fibres fait évoluer cette classe vers le type hydrophile, par
suite de la présence d'hydroxydes ou de boues biologiques.
4. Composition des boues
La composition exacte des boues varie en fonction de l'origine
des eaux usées, de la période de l'année et du type de
traitement et de conditionnement pratiqué dans la station
d'épuration (Werther et Ogada, 1999 ; Jarde et al. 2003 ; Singh et al.,
2004). Les boues résiduaires représentent avant tout une
matière première composée de différents
éléments (Matière organique, éléments
fertilisants (N et P ...), d'éléments traces métalliques,
d'éléments traces organiques et d'agents pathogènes).
4.1. Matière organique
La concentration en matière organique peut varier de 30
à 80 %. La matière organique des boues est constituée de
matières particulaires éliminées par gravité dans
les boues primaires, des lipides (6 à 19 % de la matière
organique), des polysaccharides, des protéines et des acides
aminés (jusqu'à 33 % de la matière organique), de la
lignine, ainsi que des produits de métabolisation et des corps
microbiens résultant des traitements biologiques (digestion,
stabilisation) (Kakii et al., 1986 ; Inoue et al., 1996 ; ADEME, 2001 ; Jarde
et al., 2003).
4.2. Eléments fertilisants et amendements
Selon la dose appliquée, les boues peuvent couvrir, en
partie ou en totalité, les besoins des cultures en azote, en phosphore,
en magnésie, calcium et en soufre ou peuvent aussi corriger des carences
à l'exception de celle en potassium (Zebarth et al., 2000 ; Su et al.,
2004 ; Warman et al., 2005). Les éléments en traces tels que le
cuivre, le zinc, le chrome et le nickel présents dans les boues sont
aussi indispensables au développement des végétaux et des
animaux.
4.2.1. Contaminants
chimiques inorganiques et organiques
Ces mêmes éléments traces
métalliques (cuivre, le zinc, le chrome et le nickel) indispensables au
développement des végétaux et des animaux peuvent se
révéler toxiques à trop fortes doses (Chang et al., 1992 ;
Cripps et al., 1992). D'autres, tels que le cadmium et plomb sont des toxiques
potentiels (Alloway, 1995; McBride, 2003). Ainsi, un polluant peut être
défini comme un élément ou un composé chimique
ordinaire dont la nocivité n'apparaît qu'à partir d'une
certaine concentration. Aussi, dans les boues, une multitude de polluants
organiques (HAP, Phthalates, PCB, etc) peut se trouver en concentrations en
général de l'ordre de ìg/kg MS (Lega et al. 1997;
Pérez et al., 2001).
La nature et la concentration des eaux usées en
polluants organiques et inorganiques sont très dépendantes des
activités raccordées au réseau. L'essentiel des
contaminations chimiques vient des rejets industriels et dans une moindre
mesure des rejets domestiques (utilisation de solvants, déchets de
bricolage...). Du fait de la décantation lors du traitement, ces
contaminants chimiques se retrouvent dans les boues à de très
grandes concentrations par rapport aux eaux usées (Klöpffer,
1996).
4.2.2. Les
micro-organismes pathogènes
Les boues contiennent des milliards de microorganismes vivants
qui jouent un rôle essentiel dans les processus d'épuration. Seul
une infime partie est pathogène (virus, bactéries, protozoaires,
champignons, helminthes, etc.) et provient en majorité des
excréments humains ou animaux (Sahlström et al. 2004).
La concentration d'une eau usée en germes
pathogènes dépend du secteur d'activité d'origine:
les eaux provenant d'abattoirs ou de toute industrie traitant
de produits d'animaux sont très largement contaminées (Ecrin,
2000). Ainsi, par mesure de précaution, et afin d'éviter de
propager la maladie de la vache folle, il est interdit d'utiliser les boues
d'épuration provenant des eaux usées des abattoirs ou des
équarrissages pour fabriquer de la fumure ou du compost
(arrêté n°2210 du 30 avril 2004: Abattoirs). D'une
façon générale, les boues doivent subir un
prétraitement avant leur utilisation en agriculture (Garrec et al.,
2003).
5. Nature des boues
5.1. Facteurs caractérisant la nature de la boue
a) Concentration en matières
sèches (MS): elle s'exprime généralement en
grammes par litre ou en pourcentage en poids et est
déterminée par séchage à 105°C jusqu'à
poids constant. Pour des boues liquides, elle est
généralement proche de la teneur en matières en
suspension (MES), déterminée par filtration ou
centrifugation.
La quantité de boues produites dépend
directement de la quantité de MES éliminée et
de celle des réactifs de traitement utilisés dans le
traitement biologique.
Cependant, une partie importante des
éléments dissous est assimilée par la population
bactérienne et utilisée à la synthèse de
matière vivante.
Le traitement des ERU conduit à la
production des quantités de boues moyennes indiquées
dans le tableau suivant :
Traitement
|
MES (g/hab)
|
Volume (l/hab.j,)
|
D.P.
|
40 - 60
|
0,4 - 0,8
|
D.P + Dig. an.
|
25 - 40
|
0,35 - 0,7
|
D.P + L.B.
|
65 - 75
|
1 - 1,9
|
D.P + L.B. + Dig. an.
|
40 - 55
|
0,9 - 1,8
|
D.P + B.A.
|
75 - 90
|
1,3 - 2,6
|
D.P.+B.A.+Dig.an.
|
50-65
|
1,2-2,5
|
D.P = décantation primaire, B.A. = boues
activées, L.B = lits bactériens, Dig. An= digestion
anaérobie.
Tableau 3 : Production de boues en traitement
d'ERU.
B) Teneur en matières
volatiles (MV) : exprimée en pourcentage en poids des
M.S., elle se détermine par gazéification dans un four
à 550 - 600°C. Pour les boues de la classe organohydrophile
notamment, elle est souvent proche de la teneur en matières
organiques (MO) et est caractéristique de la teneur en matières
azotées.
C) Composition élémentaire
pondéral : (surtout pour les boues organiques)
- C et H pour apprécier le
degré de stabilisation ou calcul le pouvoir calorifique
inférieur,
- N et P pour apprécier la valeur agricole de la
boue,
- autres composés (métaux lourds par exemple).
Pour les boues minérales, sont souvent utiles les teneurs en Fe,
Mg, Al, Cr, en sels de calcium (carbonates et sulfates), et en silice.
D) Composition de l'eau interstitielle -
substances dissoutes, - TAC, TA, - DCO, DBO5, pH, etc
5.2. Facteurs caractérisant la structure de la
boue
A) Viscosité apparente en rapport avec le
comportement rhéologique : Les suspensions boueuses sont
des liquides non newtoniens: la valeur trouvée pour la
viscosité est toute relative et dépend de la contrainte de
cisaillement appliquée. Pour certaines boues, et sous certaines
précautions, il peut être déduit une viscosité dite
de Bingham pour une contrainte caractéristique de TB
du même nom.
La viscosité peut être
considérée comme une mesure de l'intensité des forces
interparticulaires. Elle permet également d'évaluer le
caractère thixotropique d'une boue (aptitude de cette boue à
se prendre en masse en l'absence de brassage, et à devenir fluide
dès qu'elle est légèrement agitée). Cette
caractéristique est très utile pour apprécier
les possibilités de collecte, de transport et de pompage d'une
boue.
B) Analyse granulométrique.
C) Nature de l'eau contenue dans la
boue : L'eau contenue dans une boue est la somme:
- d'une eau libre assez facilement éliminable,
- d'une eau liée comprenant: l'eau capillaire, l'eau
d'hydratation colloïdale, l'eau cellulaire et chimiquement liée.
La libération de l'eau liée
nécessite une énergie assez forte. L'eau cellulaire n'est
séparable que par des moyens thermiques puissants (conditionnement
thermique, séchage ou incinération).
La proportion d'eau libre et d'eau liée est donc
déterminante dans l'aptitude d'une boue à la
déshydratation. Elle peut être approchée par
thermogravimétrie, c'est-à-lire par
l'établissement de la courbe de perte de poids d'eau
à température constante d'un échantillon de boue
épaissie dans des conditions précise de manipulation.
La thermogravimétrie permet donc d'estimer la
tendance hydrophile d'une boue, mais aussi :
- de suivre l'évolution du taux d'eau liée en
fonction de divers conditionnements, - d'évaluer en laboratoire les
performances des appareils de déshydratation avec un précis ion
suffisante,
- de déterminer, par études comparatives, une
siccité limite pour chaque type de traitement,
- éventuellement de calculer l'énergie de
liaison des différentes natures d'eau avec la matière boueuse.
L'interprétation des thermo grammes de boues
d'hydroxydes est plus complexe à cause de la présence d'une assez
grande proportion d'eau chimiquement liée.
6. Les différentes
filières de traitement des boues
Les boues résiduaires se présentent sous une
forme liquide et avec une forte charge en matière organique hautement
fermentescible. Ces deux caractéristiques sont gênantes et posent
beaucoup de problèmes techniques pour leur évacuation
«quelle que soit la destination », parmi lesquels leur transport et
leur stockage qui conduisent souvent à des problèmes de
manipulation et des nuisances olfactives. Ceci impose le choix d'une
filière de traitement dès l'installation de la STEP.
La stabilisation pour empêcher ou
réduire les problèmes de fermentation et d'éviter ainsi
les nuisances olfactives. La stabilisation peut être biologique
par voie aérobie (compostage) ou anaérobie
(méthanisation) ou chimique (chaulage ou autres
traitements) (Office International de l'Eau, 2001). La stabilisation biologique
présente l'avantage de limiter l'évolution ultérieure de
la composition des boues.
La déshydratation et la concentration
des boues qui a pour objectif de réduire leur volume (plus de 97 %
d'eau) par épaississement et/ou par déshydratationpour faciliter
par la suite leur transport et leur stockage. Un conditionnement est souvent
utilisé en amont pour favoriser la séparation liquide-solide
à l'aide de floculants organiques de synthèse ou minéraux,
et autoclavage. Selon la puissance du procédé de séchage
utilisé, épaississement, déshydratation ou séchage
thermique, on obtient des boues à différents pourcentages de
siccité : Boues liquides (4 à 10 %), Boues pâteuses (10
à 25), Boues solides (25 à 50 %), Boues granulées ou en
poudre pour une siccité supérieure à 85 % (ADEME,
1996).
Opération
|
Objectif
|
Stabilisation
|
-Limiter les nuisances potentielles (odeurs)
|
Concentration
|
-Réduire le volume d'eau pour faciliter le transport
|
Stockage Homogénéisation Reprise
Conditionnement
|
-Optimiser la gestion du traitement des boues (extraction /
évacuation) Fabriquer un produit de qualité relativement
constante
-Evacuation
|
Déshydratation
|
-Modifier les caractéristiques de la boue afin de
faciliter la séparation des 2 phases solide/liquide
-Augmenter la siccité pour obtenir une meilleure
qualité de boues
(pâteuses ou solides)
|
Tableau 4 : Opérations
élémentaires du traitement des boues
6.1. L'épaississement
Première étape du traitement des boues,
l'épaississement réduit le volume et concentre la matière
en suspension. Pour une boue activée, la concentration moyenne de la
liqueur mixte est de l'ordre de 5 g/l, de 10 g/l au niveau des boues extraites
du clarificateur, et, après épaississement, de l'ordre de 20
à 100 g/l. Plusieurs types d'épaississement sont à
distinguer :
-
L'épaississement
statique gravitaire : Cette technique est utilisée
principalement pour les boues primaires ou de forte charge. L'ouvrage peut
être équipé d'un pont racleur afin d'améliorer le
fonctionnement, c'est alors un procédé très
économique (1 à 7 kWh/T de MS). L'épaississeur statique
est un ouvrage circulaire, en général en béton avec une
pente du radier comprise entre 10 et 20 % (jusqu'à 25 % pour les boues
de papeteries) et une hauteur cylindrique de 4 à 5 m. Le dimensionnement
repose sur la loi de Kynch (la vitesse de chute dépend de la
concentration locale) et, en général pour les ERU :
- boues primaires : 40 à 80 kg MS/m2/j
- boues biologiques : 25 kg/m2/j et V < 0.25 m/h
- vitesse du pont : 4 cm/s (et 18 cm/s en papeterie)
A signaler qu'il est possible d'ajouter chlorure ferrique ou
polymère pour améliorer le rendement. Cette technique
présente cependant par rapport à d'autres certains
inconvénients : temps de séjour long, relargage en
anaérobie du PT, dégazage des boues....
- L'épaississement dynamique (flottation,
égouttage, centrifugation) :
a- La flottation : Cette
technique est utilisée pour des boues biologiques d'aération
prolongée ou de biofiltration (concentration de l'ordre de 2
à 8 g/l maxi), en général pour des installations de
moyenne et grosse importance (>40 000 Eq.Hab). Elle présente
plusieurs avantages (faible emprise au sol : 4 fois moins de place qu'un
épaississement statique, meilleur rendement d'épaississement ~ 60
à 200 mg/l dans le surnageant, contrôle des odeurs car le milieu
est aéré. Il existe 2 techniques car la flottation peut
être directe ou indirecte. En flottation directe, la boue est directement
pressurisée et, en indirecte, l'eau clarifiée (eaux blanches) des
sousverses est pressurisée puis détendue dans un mélange
eau + boue avant admission dans l'ouvrage. Il y a donc recyclage de l'eau
traitée et la boue peut être soit admise dans le circuit en
co-courant (dans la boucle), soit admise à contre-courant dans un bol de
mélange.
La flottation directe donne de meilleurs rendements pour les
boues biologiques, a fortiori avec du polymère. Pour les constructeurs,
les garanties peuvent être données en reliant l'indice de Mohlman
à la concentration des boues. Les ratios utilisés sont les
suivants :
? 5 kg MS/m2 pour boues bio. Sans D I, et, avec D
I : 4 kg/m2, V < 2 m/h
? 5 à 7 % en polymère pour siccité + 5
%
? Consommation électrique : 60 à 100 kWh/ T
MS
? vitesse ascensionnelle : 2 m/h maxi
b- L'égouttage : Cette
technique est en général utilisée pour des petites STEP et
avec des boues biologiques d'aération prolongée (5 à 10
g/l). Elle permet une réduction du volume de boues de l'ordre de 6
à 7 (siccité de l'ordre de 5 - 8 %). Souvent, la grille
d'égouttage est associé à une déshydratation sur
filtre bande (voir plus loin). Les ratios suivants sont classiquement
observés :
? Consommation énergétique faible (30 à
60 kWh/T MS)
? vitesse de l'ordre de 8 à 10 m3/m/h
? Polymère : 5 kg/T MS
c- La centrifugation : Cette
technique, comparable à la flottation, est en général
utilisée pour des boues biologiques ou de traitement tertiaire
physico-chimiques. Elle est en général utilisée pour des
STEP moyennes (20 à 100 000 Eq.Hab) ou dans des STEP compactes. Ce
procédé est onéreux en investissement et en exploitation
mais assure une excellente maîtrise des nuisances olfactives. Elle est
compact, sans odeur, avec un degré d'épaississement important
mais impose une consommation de polymères onéreuse. En
association avec des polymères liquides performants et pour des
boues comprises entre 6 et 9 g/l, les performances des centrifugeuses
permettent de produire des boues à des concentrations de l'ordre de 6
à 7 % et des centrats à 0.5 g/l. Les ratios suivants sont
courants :
? polymère : 1.5 kg/T MS
? consommation électrique : 150 à 300 kWh/T MS
(0.8 à 1.5 kWh/m3)
Procédé
|
Avantages
|
Inconvénients
|
Epaississeur statique
|
-Simplicité & facilité d'exploitation
Faible
-consommation énergétique Investissement
réduit
|
-Importante emprise au sol
-Performance médiocre pour boues biologiques
-Nuisances olfactives possibles
|
Flottateur
|
-Simplicité & facilité d'exploitation
-Surface réduite & nuisances
contrôlées
|
-Faible adaptabilité
-Consommation élect. élevée
|
Table d'égouttage
|
-Simplicité & facilité d'exploitation
-Compacité & nuisances contrôlables
|
-Main d'oeuvre, eaux de lavage
-Polymère indispensable
|
Centrifugeuse
|
-Compacité & souplesse d'utilisation
-Nuisances contrôlées
|
-Texture de boues médiocre
-Maintenance & entretien spécialisés,
coût élevé
-Consommation élect. élevée
|
Tableau 5 : les avantages et inconvénients
de chacune des techniques
|
Boues primaire
|
Boues mixte
|
Boues biologique
|
Boue physico-chimique
|
< 50 mg/l FeCl3
|
> 100 mg/l
FeCl3
|
Epaississement gravitaire Cm en kg (MS/m2/j)
Siccité sortie en %
|
70 à 120
6 à 10
|
30 à 60
3.5 à 5.5
|
20 à 30
2.0 à 3.5
|
50 à 70
6 à 10
|
40 à 60
4 à 6
|
Flottation
Cm en kg MS/m2/j
Siccité sortie en %
|
|
|
70 à 150
3.5 à 5.0
|
|
|
Centrifugation
Siccité sortie en %
|
|
|
5 à 7
|
|
|
Tableau 6 : Les performances des
procédés d'épaississement attendues
6.2. La déshydratation
Seconde étape du traitement des boues, la
déshydratation intervient après l'épaississement. En
général, une boue est considérée apte à
être déshydratée quand sa concentration est
supérieure à 15 g/l. Le traitement produit alors des boues de
l'ordre de 15 à 30 % de siccité (150 à 300 g/l). La
siccité du produit conditionne la filière
d'élimination/valorisation :
? besoin pour compostage : siccité de l'ordre de 15
à 30 %
? incinération sans OM : siccité de l'ordre de
25 à 35 %
? co-incinération avec OM : siccité de l'ordre
de 15 à 30 %
? mise en décharge : siccité > 30 %
On distingue plusieurs techniques de déshydratation
:
Centrifugation : Depuis
quelques années, des fabricants proposent des modèles
combinés (épaississement/déshydratation) dits "haute
performance". L'emploi d'un polymère est toujours indispensable et la
consommation électrique est importante. Les ratios suivants sont
observés :
? polymère 3 kg/T pour boues I (7 kg/T pour boues bio.
et digérées)
? consommation électrique : 25 kWh/T MS pour boues I
(60 kWh/T MS pour boues bio. et digérées)
Il convient de souligner que la centrifugation est le
procédé le plus compact. Cette technique est recommandée
pour des installations avec des débits de boues épaissies
supérieurs à 20 m3/h. Depuis quelques années, des
fabricants proposent des modèles combinés
(épaississement/déshydratation) dits "haute performance". Pour
ces équipements, la boue à déshydrater est admise avec des
concentrations de l'ordre de 7 à 12 g/l et permet des siccités de
l'ordre de 18 à 27 %. Le centrât est de l'ordre de 1 g/l, le taux
de polymère varie entre 7 et 12 g/kg MS et la consommation
électrique est de 200 kWh/T MS.
Filtration : La filtration
peut être réalisée par différents
procédés (filtre à bandes & filtre à
plateaux). Il convient en outre, pour mémoire, de mentionner le filtre
sous vide, le filtre à disque et la presse à vis,
procédés aujourd'hui peu utilisés.
6.3. Les conditionnements
Conditionnement chimique : Lors
des opérations de déshydratation, il a pu être
observé que des réactifs pouvaient avantageusement être
utilisés. En effet, par la réalisation d'une floculation des
boues, la stabilité colloïdale est cassée et la taille des
particules augmentée. En général, le conditionnement est
de nature chimique (réactifs minéraux ou polymères
organiques - voir annexe 2.2) mais le conditionnement thermique existe
également (voir plus loin).
a- Les sels de fer : Le
conditionnement avec le chlorure ferrique (parfois le chloro-sulfate de fer)
est le plus courant pour les boues organiques car il réalise une double
opération de coagulation (neutralisation des charges) et de floculation
(polymérisation de type minérale). Le mélange est
réalisé dans un bac avec un temps de contact de l'ordre de 10 mn
et une agitation de 200 à 300 W/m3. En complément, l'ajout de
chaux après FeCl3 est souvent nécessaire pour améliorer la
filtrabilité, et dans certains cas, des polymères peuvent
être utilisés. La boue obtenue a un pH supérieur à
10. Cette opération est en général indispensable pour la
déshydratation avec des filtres presses. Le chlorure ferrique se
présente en général sous forme de solution commerciale
à 600 g/l, un poste de dosage est indispensable.
b- La chaux : Il convient de
signaler que la chaux peut être utilisée sur des boues liquides
:
? soit en amont d'un épaississeur de boues
fraîches pour bloquer temporairement les fermentations (ratio de 15
%),
? Soit sur des boues liquides avant épandages pour
réduire le taux de micro- organismes (pH >12 et, après 2 h,
abattement des CF de l'ordre de 104 - 105).
Sur les boues déshydratées, la chaux doit
être malaxée et la chaux vive permet d'éliminer une partie
de l'eau grâce à la réaction exothermique d'hydratation.
Avec des doses de l'ordre de 40 % de MS, le rendement d'abattement des CF de
l'ordre de 106 - 107.
La chaux se présente sous diverses formes, elle est
livrable sous forme de chaux vive (poudre ou granulés) ou de chaux
éteinte ou hydratée (Ca(OH)2), plus facile à manipuler
mais plus chère aussi. En général, la chaux éteinte
est diluée en suspension aqueuse et utilisée sous forme de lait
de chaux à des concentrations comprises entre 50 et 100 g/l (afin
d'éviter la déposition et la carbonatation). Il ne faut pas
confondre le lait avec l'eau de chaux utilisée en eau potable (1.6 g/l).
La préparation et le transfert de la chaux exigent toujours un
matériel spécifique et une grande attention du personnel
(distribution par boucle du lait).
c- Les polymères : Les
polymères permettent d'améliorer le traitement des boues. Ils
sont en général organiques et de type cationique. Ils sont bien
adaptés à la déshydratation sur grille d'égouttage,
filtre bandes, centrifugeuses et, pour certaines applications, pour les filtres
presses. Le rôle des polyélectrolytes est double :
? D'une part ils permettent une floculation plus facile en
raison des longues chaînes ramifiées et une action coagulante est
obtenue pour les composés cationiques.
? D'autre part, la boue floculée présente une
forte diminution à la résistance spécifique et une
augmentation à l'hydrophilie particulaire et du coefficient de
compressibilité.
Le choix du polymère relève essentiellement de
tests. Dans le domaine des boues, le test de drainabilité est le plus
utilisé. De façon générale, les polymères
cationiques sont utilisés pour les boues organiques et fibreuses, les
anioniques pour les boues minérales.
Au niveau de la mise en oeuvre du traitement par
polymères, le produit est le plus souvent livré en poudre mais
des polymères liquides et réticulés peuvent
également être utilisés pour obtenir des rendements
supérieurs de l'ordre de 3 % avec des solutions à 50 %. Il
convient donc de diluer le produit avant incorporation dans les boues et l'on
distingue 4 phases (dispersion, hydratation, dissolution & maturation). Il
existe ainsi des postes pré-assemblés de préparation en
continue et automatique de polymères pour les unités de taille
grandes et moyennes. Les solutions préparées ont une
concentration de l'ordre de 2 à 5 g/l pour les cationiques et de 1
à 2 g/l pour les anioniques (la solution est très visqueuse). Le
temps de préparation dépend du polymère et de la
qualité de l'eau propre utilisée et est en général
proche de 1 h. L'admission de la solution se fait à l'entrée de
la centrifugeuse, au niveau du floculateur du filtre bande et en aval de la
pompe HP du filtre presse.
|
épaississeur
|
Grille
d'égouttage
|
centrifugeuse
|
filtre bande
|
flottateur
|
filtre
presse
|
-Polymère de
synthèse
-Chaux vive
-Chaux éteinte (lait)
-Sels de fer + chaux
|
++
++
++
|
+++
|
+++
++
|
+++
++
|
+++
|
+
+++
|
+ : conditionnement possible
++ : conditionnement occasionnel
+++ : conditionnement normal
Tableau 7 : utilisation des polymères dans
le traitement des boues
Type de boues
|
FeCl3 % au MS
|
CA(OH)2 % au MS
|
ERU primaire
|
2 - 3
|
10 - 15
|
ERU mixte
|
4 - 6
|
18 - 25
|
ERU biologiques aération pro
|
6 - 8
|
25 - 30
|
ERU/ERI (physico)
|
0 - 5
|
15 - 30
|
Tableau 8 : les doses de réactifs pour
déshydratation sur filtre presse
NB : il convient de souligner que le
traitement au chlorure ferrique ou à la chaux a une forte incidence sur
le tonnage de boues à traiter. Ainsi, 60 à 70 % de la masse
de FeCl3 se retrouve dans les boues et respectivement 80
à 90 % pour la chaux !
Le conditionnement thermique : Il est
possible de réaliser un conditionnement thermique des boues autour de
150 à 200 °C pendant 30 à 60 minutes. Selon la nature des
boues ainsi thermiquement traitées, 20 à 40 % de la
matière organique est solubilisée. La qualité du jus de
cuisson est très particulière (DBO de l'ordre de 3 à 6 g/l
et NH4+ de l'ordre de 1 g/l) et doit faire l'objet d'un traitement (recyclage
dans la filière "eau" : + 10 à 25 % de pollution). Ce
procédé de cuisson présente de nombreux avantages en
rapport avec le prix très élevé de l'investissement, en
effet, toutes les boues organiques peuvent être ainsi traitées et
les boues cuites s'épaississent très bien (120 à 200
g/l). Les boues cuites peuvent être déshydratées dans un
filtre presse avec une excellente siccité (taux de MS >50 %) et sans
réactif. L'association d'une digestion avec récupération
du biogaz et un conditionnement thermique est une option qui peut être
intéressante pour les grosses STEP. Mais il faut souligner le coût
très élevé de circuit chaud sous pression de 15 à
25 bars.
6.4. La stabilisation & l'hygiénisation
Certains spécialistes considèrent que les
techniques suivantes permettent de garantir stabilisation et
hygiénisation :
Stabilisation biologique :
a- Digestion anaérobie :
(37 °C, TS>20 j) Les objectifs du traitement des boues
par digestion anaérobie sont les suivantes :
- stabilisation des boues par voie biologique
(réduction du pouvoir fermentescible)
- hygiénisation des boues (destruction des germes
pathogènes)
- réduction du volume
Les digesteurs de boues de STEP peuvent être
dimensionnés sur des moyennes ou faibles charges, en fonction du rapport
de la charge massique et du rendement escompté. En
général, les STEP municipales sont équipées de 2
digesteurs à forte charge placés en série.
En premier, un digesteur primaire, brassé au biogaz en
permanence et chauffé au biogaz par un échangeur externe assure
la première étape du traitement. Un digesteur secondaire,
brassé par intermittence et non chauffé, permet d'obtenir un
rendement plus poussé et assure en même temps un rôle de
stockage (ce dernier point est très important car il conditionne
l'efficacité de la filière "boues").
Comme dans tout réacteur biologique, le contrôle
de l'homogénéité du milieu est essentiel. Dans le cas des
digesteurs de boues de STEP, les mélangeurs mécaniques, sensibles
aux filasses, ont été remplacés par un brassage au biogaz
produit par le milieu. On considère qu'un brassage de l'ordre de 1
à 2 Nm3/m2/h est suffisant dans le digesteur.
En outre, nous avons vu que le procédé
était plus efficace dans la zone dite "thermophile" et c'est pourquoi le
digesteur est en général réchauffé à l'aide
du biogaz produit. Les boues du réacteur sont donc recirculées au
travers d'un échangeur de chaleur (souvent tubulaire) alimenté en
eau chaude provenant d'une chaudière fonctionnant au biogaz. La chaleur
apportée vise à maintenir une température de l'ordre de
35°C (il faut tenir compte des pertes inévitables et de la
température des boues à traiter.
|
Digesteur primaire
|
Digesteur secondaire
|
Charge orga
Kg MV/m3.j
|
Temps de
séjour j
|
Temps de séjour
j
|
Moyenne charge (25°C)
|
0.8 à 1.2
|
30 à 40
|
|
Forte charge (35°C)
en 1 stade
|
1.5 à 2.0
|
20 à 25
|
|
Forte charge (35°C)
en 2 stades
|
2.0 à 3.0
|
12 à 16
|
3 à 4
|
Tableau 9 : Les bases du
dimensionnement
Dans la pratique, la charge de 1.8 kg MV/m3.j n'est
pas dépassée et, pour la digestion à une seule
étape, le temps de séjour est de l'ordre de 22 à 25 j,
respectivement 17 - 20 j + 5 j dans le cas de double étage. En outre,
les boues en entrée ont en général une concentration de
l'ordre de 30 à 80 g/l et une teneur en MV de 60 à 80 %. Certains
constructeurs préconisent un raisonnement avec la charge massique qui
doit être inférieure à 0.13 kgMV/kgMV.j.
En outre, de bonnes conditions de fonctionnement sont obtenues
avec les valeurs suivantes :
- pH compris entre 6.5 et 7.5
- AGV compris entre 100 et 500 mg/l d'acide acétique
- TAC compris entre 1 500 et 6 500 mg/l de carbonate de
calcium
- AGV/TAC compris entre 0.1 et 0.2
Nous l'avons vu, la digestion anaérobie s'accompagne de
la production de biogaz. La composition moyenne observée est la suivante
:
- méthane : 60 à 65 %
- gaz carbonique : 30 à 35 %
- éléments traces (H2S : 0.1 %, O2, mercaptans,
azote...)
Le pouvoir calorifique du biogaz dépend bien sûr
de sa composition et le PCI du méthane est de 8400 Kcal/m3. Le PCI du
biogaz est donc dans la proportion de sa teneur en méthane. Avec un
biogaz à 65 % de méthane, le PCI sera de 5460 Kcal/m3. (6.63
kWh/Nm3, densité 1.13 kg/Nm3).
En terme de rendement du procédé, le taux
d'élimination des MV dépend bien entendu de la charge
appliquée et de la qualité des boues à digérer
(taux MV/MS), il est en général pour les boues de STEP de l'ordre
de grandeur des valeurs ci- dessous :
- 45 à 50 % pour les boues mixtes (0.7 à 1.0
Nm3/kg MV détruit),
- 50 à 55 % pour les boues primaires (0.9 à 1.2
Nm3/kg MV détruit),
La consommation électrique est faible, de l'ordre de 3
à 7 W/m3 pour pompage et agitation, soit 50 à 100 kWh/T MS).
b- Stabilisation aérobie
thermophile (55°C, TS>6 j): Les objectifs du traitement
des boues par stabilisation aérobie thermophile sont similaires à
celle de la digestion anaérobie (réduction des MS, stabilisation
et hygiénisation). Pour y parvenir, une oxydation biologique avec
aération forcée à haute température (50 à
65°C) est en général mise en oeuvre dans une cuve
fermée ou non. Le procédé présente plusieurs
variantes et peut d'ailleurs comporter 1 ou 2 étages (comme les boues
activées) et s'applique de préférence sur des boues
primaires fraîches.
|
Stabilisation seule
|
Prédigestion
|
Température
|
50 à 65°C
|
60 à 70 °C
|
Temps de séjour
|
5 à 6 j
|
15 à 24 h
|
Aération
|
4 Nm3/m3.h
|
1 Nm3/m3.h
|
Type d'aérateur
|
Turbine
|
Venturi
|
Besoins en O2
(ABS)
|
1.8 à 2.1 kgO2/kWh
|
0.8 à 1.1 kgO2/kWh
|
O2 dissous
|
0.5 à 3.0 ppm
|
0.5 à 3.0 ppm
|
Réduction des MV
|
35 à 40 %
|
6 à 7 %
|
Réduction des MS
|
22 à 25 %
|
4 à 5 %
|
Tableau 10 : quelques caractéristiques de
ce type stabilisation aérobie thermophile
Il convient de souligner le problème des écumes
très concentrées formées au cours du process qui imposent
des contraintes d'exploitation. Signalons enfin que la stabilisation
aérobie des boues sans récupération de chaleur peut
également être pratiquée (à 20°C, 12 à
20 j de temps de séjour avec une charge de 2kg MV/m3.j et un besoin de
0.1 kgO2/kg MV.j)
c- Le compostage (60°C, TS>2 mois) :
Le compostage est un procédé de valorisation des
déchets organiques. Il permet la biodécomposition de la
matière organique avec une biomasse complexe, aérobie et
thermophile. Dans le cas des boues de STEP, le compostage permet de traiter
efficacement le risque sanitaire, de maîtriser les nuisances
olfactives et enfin d'obtenir un produit facilement transportable et
avec une valeur agronomique certaine. Mais les boues ne sont pas
compostables seules car, même déshydratées à 20 % de
MS, l'état pâteux interdit l'aération du tas. C'est
pourquoi la présence d'un agent structurant (écorces,
déchets verts, paille, sciure, rafles de maïs broyée,
crânes de moutons broyées au Koweït...) est indispensable.
On estime la perte en poids de l'ordre de 50 % entre le
substrat entrant (boues ou déchets verts ...) et le compost produit. On
distingue 3 principes de compostage (en tas, soit en andains ou en
bioréacteurs) qui imposent une mise en oeuvre contraignante du point de
vue de l'exploitation (retournement des produits compostés). Mais la
technique de l'aération forcée à l'aide de ventilateurs a
fait les preuves de son efficacité. Une mise en oeuvre
défectueuse peut en effet engendrer des nuisances d'ordre olfactif. Les
2 premières méthodes présentent des coûts
d'investissement et de fonctionnement très inférieurs
à ceux induits par le bioréacteur qui permet cependant de
produire du compost de haute qualité et à vocation commerciale.
Le fonctionnement correct du compostage dépend des paramètres
suivants :
? Un apport en oxygène suffisant ainsi qu'un transfert
d'oxygène optimisé par une granulométrie grossière
et un mélange homogène des différents produits à
composter,
? une teneur hydrique correcte car un excès en
eau peut entraîner une anaérobiose du milieu. Le taux
d'humidité des produits à composter doit être compris entre
50 et 65 %.
Des conditions trophiques du milieu doivent également
être respectées afin de favoriser une activité
microbiologique correcte (rapport C/N = 30, ratio N/P = 2 à 5, ratio
N/K = 12, biodisponibilité des éléments S, Ca, et Mg, et
pH voisin de 7).
Les débouchés potentiels des produits de
compostage vont conditionner les quantités, la qualité et donc la
filière de compostage à développer. La mise en oeuvre de
la filière doit donc s'insérer dans le contexte du
marché et répondre aux contraintes réglementaires.
A priori, le compostage mixte semble promis à un bel
avenir. En effet, en 1997, d'après l'ADEME, la production atteint 20 000
T pour les composts de boues de STEP (seulement 2 à 3 % de la production
de boues en France), 500 000 T pour les composts d'OM et 20 000 T pour les
composts de déchets verts. La projection à l'horizon 2000-2002
prévoit une production de 60 000 T pour les composts de boues, 700
à 800 000 T pour les composts d'OM et 300 à 400 000 T pour les
composts verts. La loi 79-595 du 13.07.79 définit l'organisation
du contrôle des matières fertilisantes et des supports de
culture.
La faisabilité du co-compostage avec des déchets
graisseux, est liée à leur déshydratation
préalable, ainsi qu'à une teneur limitée à 40 % du
taux de graisses sur l'ensemble du mélange de déchets à
composter. Le produit obtenu présente une siccité de l'ordre de
60%.
Le CEMAGREF a piloté une importante opération de
revégétalisation des sols de montagnes et de pistes de ski avec
du compost de boues de STEP ( la dose épandue est de l'ordre de 100
à 150 T MS/ha pour la reconstitution de substrat et elle est comprise
entre 30 à 50 T MS/ha pour fertilisation). En théorie, avec
100 000 T de MS/an, il est possible de réaliser un épandage
sur 2 000 ha pour un coût moyen de 11 à 17 F/m2 (soit 200 à
350 F/ T MS).
Nous pouvons signaler une autre alternative au compostage, la
lombriculture. Le développement de vers rouges (Eisinia Fétida
andrei) sur un support de déchets à dégrader, permet
l'obtention plus rapide d'un compost stable, d'aspect homogène et
dépourvu de nuisances olfactives. La station d'épuration de
Toulouse Ginestous mène cette expérience depuis une dizaine
d'années et le compost produit est épandu en agriculture.
Stabilisation
chimique
a- Chaulage (pH 12, TS > 10 j):
L'utilisation de la chaux a déjà
été abordée au niveau des conditionnements, mais le
chaulage peut également être considérée comme un
traitement de stabilisation & d'hygiénisation. En effet,
au-delà de pH 12, la biomasse est inhibée et une
hygiénisation partielle peut être réalisée avec
l'augmentation de température due à la chaux vive.
Administré à des boues pâteuses
présentant des siccités variables (15 à 30 %), le chaulage
à la chaux vive permet d'atteindre des siccités finales de
l'ordre de 30 à 40% en fonction du rapport CaO/MS. Le calcul de la
conservation de la masse et de l'évaporation permet d'apprécier
la correlation entre CaO/MS et la siccité finale. A titre d'exemple, une
boue à 20 % atteint les 30 % avec un rapport de 50.2 % (la chaux est
pure à 92 %). En terme d'énergie, on estime à 5 kWh/T MS
les besoins pour pompage et malaxage.
b- Stabilisation aux nitrites (pH 2, TS>
2 h) : Développée par OTV, le
procédé SAPHYR, process de type "mixte", permet la
stabilisation des boues liquides épaissies à 15 - 25 % par des
nitrites en milieu faiblement acide (+ 3 % de siccité) ce qui autorise
aussi bien la valorisation agricole que l'incinération.
Stabilisation physique
(90°C, TS>10 min) :
Le séchage thermique permet d'atteindre 4 objectifs
:
- élimination de l'eau interstitielle,
- amélioration de la texture,
- augmentatio de la capacité calorifique (en vue d'une
incinération),
- stabilisation & hygiénisation.
Les taux de siccité obtenus par des sécheurs
industriels sont compris entre 35 - 45% (séchage partiel) et 60 - 90 %
(séchage poussé), ce qui, dans tous les cas, réduit
considérablement le volume et le tonnage des boues séchées
(et donc leur transport pour l'élimination finale). A ces 4
objectifs peuvent correspondre 4 contraintes :
- inhomogénéité des boues à
sécher
- variabilité de l'humidité des boues
- viscosité élevée des boues
séchées à 45 - 50 % (collage et chute du coefficient de
transfert thermique)
C'est pourquoi, des machines à vitesse de rotation
adaptée ont été développées sur 3 types de
process :
- séchage direct (un gaz chaud évapore l'eau par
convection avec recyclage de boue séchée, un traitement des gaz
est nécessaire. On distingue les sécheurs à tambours,
à lit fluidisé, de type flash, à bande)
- séchage indirect (un fluide caloporteur assure
le transfert thermique par conduction. On distingue les sécheurs
à disques, à palettes, à couches minces et à
plateaux et il existe des systèmes à un et à deux
étages)
- séchage mixte (transfert de chaleur par convection et
conduction)
Filière
|
Séchage
|
Séchage
|
Séchage
|
Objectifs du
|
|
partiel
30 - 45 %
|
poussé
60 à 90 %
|
total
>90 %
|
séchage
|
Agronomique
|
-
|
+
|
+
|
Facilité de transport,
nuisances réduites
|
Incinération directe
|
+
|
-
|
+ (possibilité de mélange partiel)
|
Autocombustibilité
|
Co-incinération
|
-
|
+
|
+
|
Facilité de transport,
Exploitation du four
|
Tableau 11 : les critères de
sélection des procédés de séchage
En général, le séchage complet un
traitement de déshydratation par centrifugation ou par filtre presse. Le
coût énergétique est bien sûr élevée et
de l'ordre de 800 à 1200 kWh/T d'eau évaporée. En terme
d'électricité, à partir d'une boue à 25 %, il faut
30 kWh/T MS pour obtenir une siccité de 35 % (séchage partiel)
et de 50 kWh/T MS pour obtenir une siccité de 95 % (séchage
total).
|
Avantages
|
Inconvénients
|
Séchage direct
|
- technologie simple
- bonne granulation
- vitesse de séchage
|
- équipements périphériques
- sensibilité aux variations de qualité de
boue
|
Séchage indirect
|
- équip. périphériques simples
- meilleure sécurité d'utilisation
- effluent résiduaire gazeux faible
|
- technique complexe
- capacité réduite
- vitesse de séchage lente
- réglementation spécifique
|
Tableau 12 : les avantages &
inconvénients de chaque type de séchage
6.5. L'OXYDATION THERMIQUE
L'oxydation thermique des boues est le traitement le plus
accompli et le plus onéreux également. Choisir cette voie
implique de limiter au maximum l'utilisation de réactifs pour le
traitement des boues, et en particulier la chaux (abaissement du point de
fusion, prise en masse, encrassement des équipements). On distingue sous
cette appellation, l'incinération, la co-incinération avec des
ordures ménagères (OM) et l'oxydation par voie humide (OVH).
L'incinération des ordures ménagères créé
trois types de résidus :
- les mâchefers, scories récupérées
en fin de combustion,
- les cendres volantes, fines, entraînées par les
gaz de combustion, qui sont captées par le système de
dépoussiérage,
- les résidus de la déchloruration qui peuvent
se retrouver mélangés avec les cendres volantes, si un
dépoussiérage préalable ne précède pas le
système de déchloruration.
L'oxydation par voie humide comprend plusieurs phases : une
phase liquide (composés organiques dégradables), des gaz de
combustion propres et des cendres en suspension dans la phase aqueuse. Seules
les gaz d'incinération doivent donc faire l'objet d'un traitement de
dépollution spécifique (gaz acides, métaux lourds &
poussières polluantes). Mais, dans tous les cas, les HAP et les PCB sont
détruits.
En matière de réglementation et pour
l'incinération, rappelons l'arrêté du 25 Janvier 1991 et la
circulaire de février 1997 qui imposent de nouveaux seuils de rejet au
niveau des cheminées pour certains composés (gaz carbonique,
acide chlorhydrique, poussières et métaux lourds) et fixent une
échéance de mise en conformité en fonction de la
capacité des incinérateurs. Sans entrer dans les détails,
fort complexes d'ailleurs, du traitement des fumées, signalons qu'il
existe au moins 3 techniques de lavage :
? voie humide : refroidissement direct suivi de
dépoussiérage par lavage humide
? voie sèche ou semi-sèche : les gaz refroidis
sont neutralisés par des réactifs et les poussières et
sels sont éliminés par un filtre à manche ou
électrostatique
? voie combinée : particules éliminées
par électrofiltre ou filtre à manche et lavage humide des gaz
L'application des "normes sur les Déchets Industriels
Spéciaux" génère un surcoût estimé à
15 % pour l'investissement de l'incinérateur.
6.5.1. L'
incinération
Elle réalise la destruction de la matière
organique des déchets par combustion à haute température
(+ de 500 °C) produisant des fumées et des matières
minérales résiduelles nommées cendres. Dans l'objectif
d'une valorisation énergétique des déchets, la chaleur
produite est récupérée sous forme de vapeur ou
d'électricité pour le fonctionnement du four lui même, pour
le chauffage urbain ou industriel (Prevot, 2000). Les résidus de
l'incinération (mâchefer) sont utilisables pour les travaux
publics (Werther et Ogada, 1999). En France, 14 à
16 % des boues urbaines sont incinérés. En
Europe, le pourcentage varie de 0 à 55 % selon les
pays. Au Maroc, un traitement par incinération n'a pas
encore été effectué.
Cependant, malgré l'intérêt de ce
procédé pour une réduction importante des volumes de
déchets, il présente des contraintes principalement liées
à un investissement très coûteux. Les boues seules ne sont
pas autocombustibles, elles nécessitent des fours spéciaux et un
mélange avec d'autres déchets tels les déchets
ménagers. L'élimination des cendres et des mâchefers
exigent une décharge contrôlée de classe 1 ou une
unité d'inertage. Cette technique reste aussi néfaste de point de
vue écologique et environnementale puisqu'elle contribue en plus du
gaspillage de matières organiques utiles pour le sol à la
diffusion de gaz très toxiques (NO, NO2, CO, SO, dioxine,
etc) (Mininni et al., 2004 ; Nammari et al., 2004) qui ont fait l'objet de
réglementations spécifiques. En 1995,
l'incinération des déchets était à l'origine de 45
% de la
dioxine produite et rejetée dans l'air en France. La
directive européenne du 4 décembre 2000 est plus
sévère et fixe des concentrations maximales admissibles pour
certains produits toxiques dans la fumée (CE, 2000/76/EC). Depuis, les
incinérateurs sont modernisés ou fermés, entraînant
un coût supplémentaire d'une dizaine d'euros par tonne de
déchets incinérés.
6.5.1.1. Incinération directe
Les techniques d'oxydation thermique par incinération
directe font en général appel à des fours à lits de
sable fluidisé (inertie thermique) et la combustion s'opère en
phase gazeuse. Après un préchauffage à 600 °C et
après admission à l'intérieur ou au- dessus du lit de
sable (en un ou plusieurs points selon la taille du four et le constructeur),
les boues sont portées à une température d'environ 850
à 900 °C pour un temps de séjour de quelques secondes.
Les graisses, les déchets de dégrillage et de
dessablage peuvent être admis dans le four qui peut d'ailleurs
fonctionner 24h/24 sans surveillance en raison de la très forte
automaticité des procédés. Un incinérateur à
lit fluidisé est constitué d'un réacteur en acier
revêtu de matériaux réfractaires et composé de 4
parties :
? la boite à vent BAV (zone d'admission et de
tamponnage de l'air
? fluidisation qui peut être à
température ambiante : BAV froid, ou préchauffé à
600 °C : BAV chaud)
? le système de répartition d'air par
tuyères insérées dans une plaque métallique
? revêtue de matériaux réfractaires
(boite à vent froid) ou dans une arche
? Réfractaire auto-porteuse (boite à vent
chaud)
? le lit de sable à 750 °C environ où est
injectée la boue (avec ou sans combustible d'appoint)
? la chambre de combustion en partie supérieure
L'autothermicité des boues est atteinte quand les
boues en combustion sont capables de maintenir la température du
procédé. Ceci signifie que la boue à incinérer doit
présenter des qualités particulières. C'est pourquoi ce
type d'incinérateur est souvent associé à un
séchage thermique avec récupération de chaleur sur les gaz
chauds extraits. Deux techniques sont utilisées, la seconde étant
plus performante :
? par un échangeur fumées/air
(préchauffage de l'air de combustion)
? en préséchant les boues dans un
sécheur lui-même alimenté par la vapeur produite par
une chaudière de récupération à 2 étages
(cette technique permet ainsi de traiter des boues à 22 - 25 % de
siccité et pour MV/MS de l'ordre de 62 -65 %).
La délicate gestion de l'incinérateur fait appel
à la règle des 3T (température, temps de séjour et
turbulence). Les coûts sont, comme souvent, très variables. Ainsi,
pour une STEP de 300 000 Eq.Hab produisant 27 000 T/an de boues brutes à
22 % de siccité et 67 % de MV, l'investissement total pour un four de
capacité 3.5 T/h est de 45 MF (200 F/T) avec un coût
d'exploitation de l'ordre de 10 %. Pour le procédé NIRO (lit
fluidisé), la Lyonnaise estime un coût de l'ordre de 650 à
2000 F/T MS.
6.5.1.2. Co-incinération
L'incinération des boues de STEP avec des
ordures ménagères présente une solution
intéressante dans la mesure où un incinérateur est
situé à proximité.
Les déchets à incinérer doivent
présenter des teneurs caractéristiques inférieures
à certains seuils (taux d'humidité, Pouvoir de Combustion
Inférieur (PCI), teneur en éléments métalliques,
halogénés et alcalins dont la présence peut provoquer une
dégradation des briques réfractaires du four).
Il existe 3 méthodes d'introduction de la boue en
fonction de la qualité de la boue :
- boue très séchée (siccité
à 90 %) : introduction au niveau de la fosse de réception avec
nécessité de réaliser un mélange homogène
(risques de "coups de feu" car PCI boue séchée > PCI des
OM),
- boue séchée (siccité à 60 %) :
introduction dans la fosse de réception (PCI identique)
- boue pâteuse (siccité à 15-30 %) :
injection directe dans le foyer (la forte humidité impose la limitation
à 10 - 20 % du tonnage de boues admis en incinération par rapport
aux OM, ce qui équivaut à 5 - 8 % en boues
séchées)
On distingue d'ailleurs 3 différents types d'injection
(par extrusion : boudins de boues de 20 mm de diamètre; par
pulvérisation à la sortie de la chambre de combustion dans une
tour supérieure; par pulvérisation dans le four). Chaque
technique présente ses avantages et ses inconvénients. Ainsi, les
boudins peuvent être partiellement incinérés et la
qualité des sous-produits dépend du réglage du
débit et de la pression d'air de pulvérisation (contrôle de
la qualité et de la quantité de Refioms)
Comme nous le voyons, la co-incinération des boues de
STEP avec les OM exige un conditionnement préalable par
déshydratation et / ou par séchage. L'obtention d'une
siccité minimale de l'ordre de 17 à 30 % permet d'éviter
une chute du PCI lorsque les boues sont mélangées aux OM avant
incinération. En outre, il est important de prévoir une bonne
homogénéisation ainsi qu'une bonne maîtrise de l'injection
des déchets dans le four. Dans le cas particulier d'un
mélange « déchets graisseux + boues », il convient
d'assurer la parfaite maîtrise des techniques de combustion. En effet, ce
type de déchet a un PCI élevé (de l'ordre de 8000 à
9000 cal/kg, soit environ le double de celui de boues
déshydratées) qui peut provoquer des explosions ou des «
coups de feu » dans les fours lorsque le mélange avec d'autres
déchets n'est pas homogène.
6.5.2. L'oxydation par voie humide
La technique dite OVH consiste à minéraliser une
partie de la matière organique avec un gaz oxydant (en
général O2) entre 180 et 360 °C et sous pression (20
à 120 bars) pendant un bref temps de séjour (15 à 120 mn).
En général, la réduction de la DCO est de l'ordre de 75
à 90 % et l'ensemble des éléments P, S et Cl des
molécules organiques sont minéralisés (sulfates,
chlorures, phosphates, quartz...). En comparaison avec l'incinération,
l'OVH assure un traitement autothermique de composés dilués sans
émissions de Nox, SO2 et poussières.
Il existe encore peu de procédés industriels de
ce type appliqués aux boues de STEP. A l'origine, ce
procédé a été développé dans les
années 1950 pour dépolluer certains effluents liquides
industriels spéciaux. Il existe actuellement plusieurs
procédés d'oxydation par voie humide (OVH) :
- procédé Zimpro Pasaic Valley, NJ USA : 100 000
T MS/an à 4% de siccité,
- procédé VerTech Apeldoorn, Pays Bas : 25 000 T
MS/an (10 % des boues hollandaises) avec une siccité variable, le
résidu déshydraté à 55 % est mis en décharge
mais des recherches concernent sa valorisation comme additifs pour briques et
tuiles)
- procédé Loprox pilote BAYER et projet de Birs
II, Suisse
- procédé ATHOS (développé par la
CGE)
Développé par OTV et Anjou Recherche (VIVENDI),
le brevet ATHOS® concerne une opération d'oxydation en phase
aqueuse, à température basse (235 °C) et sous basse pression
(40 à 50 bars). Réalisé sur des boues épaissies
à environ 5 % de MS et avec une DCO de 70 g/l avec un temps de
séjour de 1 h, un pilote a été mis en service à
Toulouse sur le site de la STEP pour une capacité de 45 000 Eq.Hab. Au
niveau process, la matière organique est transformée à 75
% en éléments minéraux (CO2, CO, H2O) et à 25 % en
composés organiques facilement biodégradables (acide
acétique, AGV, alcools). En outre, le surnageant du traitement des boues
permet un recyclage pour la dénitrification tertiaire, et, en terme de
résidu minéral, 100 g de MS à 61% de MV donnent 30 g
très insolubles (facteur de concentration 3.3 pour les métaux).
Cette valeur peut être comparée à l'incinération qui
produit seulement 10 % de résidus sous forme de cendres.
L'équilibre thermique est atteint avec une siccité de boues de
l'ordre de 30 à 40 g/l. Le sous-produit minéral obtenu est une
boue minérale qui se déshydrate facilement et la boue obtenue
présente des siccités supérieures à 50 % sans
conditionnement particulier. En terme de coût, la fourchette de 2 500
à 3 300 F/T de MS a été avancée suite à une
réalisation pilote, et le procédé serait compétitif
par rapport à la filière incinération pour des STEP de
capacité inférieure à 200 000 E.H.
|
Avantages
|
Inconvénients
|
Incinération directe
|
- bonne adaptation aux grosses
capacités
- pas de transport de boue
- stockage réduit et peu de
résidus
|
- complexité et coût du traitement des
fumées
- inadaptée aux petites et moyennes unités
|
Co-incinération
|
- investissements réduits
- solution aisée à mettre en
oeuvre (secours possible)
|
- dépendance à la filière
OM (distance, capacité)
- coût du transport
- séchage nécessaire en gal
|
Oxydation par Voie Humide
(procédé OTV)
|
- déshydratation réduite
- pas de fumées
- intégration dans la "filière eau"
- sous-produit déshydratable
- compacité de l'unité
- bonne adaptabilité
|
- équipement sous-pression
- capacité réduite
- procédé nouveau
|
Tableau 13 : les avantages &
inconvénients des 3 types d'oxydation thermique
7. Destination finale des boues et
finalité de leur traitement
La valorisation des boues est souvent aléatoire et
leur évacuation constitue presque toujours une charge
d'exploitation importante. Sur le plan économique le but
à atteindre est en réalité de limiter les
frais de leur traitement et de leur transport. Cette
optimisation dépend des conditions d'écoulement du
produit, des besoins en énergie et du coût de celle -ci, du prix
de la main d'oeuvre des réactifs de conditionnement, etc.
Parallèlement, l'hygiène du travail et la
protection de l'environnement imposent le développement de solutions
provoquant le minimum de nuisances tout en restant
économiquement supportables.
Les principales destinations des boues et sous-produits issus
de leur traitement sont les suivantes.
7.1. Amendement des sols
On peut utiliser des boues provenant du traitement d'ERU et
de certaines ERI. Des essais encourageants ont été
également menés avec des boues provenant du traitement
physico-chimique d'ERU.
|
Décantation primaire
|
Décantation primaire
+ épuration biologique
|
Aération prolongée
|
Fraîches
|
Digérées
|
Fraîches
|
Digérées
|
Matières
Organiques
|
55 - 65
|
40 - 55
|
60 - 80
|
40 - 65
|
55 - 70
|
N
|
2,5 - 3
|
2 - 2,5
|
3,5 - 4,5
|
2 - 2,5
|
4 - 5
|
P
|
1 - 1,5
|
0,5 - 1
|
2 - 2,5
|
1 - 1,5
|
2 - 2,5
|
K
|
0,2 - 0,3
|
0,2 - 0,3
|
0,2 - 0,3
|
0,2 - 0,3
|
0,2 - 0,3
|
Ca
|
5 - 15
|
5 - 15
|
5 - 15
|
5 - 15
|
5 - 15
|
Tableau 14 : Les caractéristiques
agronomiques principales des bous de station d'épuration biologique
d'EUR, exprimée en pourcentage de M.S
Mais les boues sont généralement plus
intéressantes par les matières humiques qu'elles
apportent et par l'amélioration du pouvoir de rétention
d'eau du sol que par le seul apport de matières nutritives.
La forme sous laquelle se présentent ces matières
nutritives est également importante car la vitesse
d'assimilation en dépend: l'azote, par exemple n'est assimi
lable qu'en partie la première année environ 30 à
50% pour les boues liquides et 20 à 40% pour les boues
déshydratées. Les taux d'assimilation annuelle vont ensuite
en décroissant. L'intérêt de l'utilisatio n des boues
dépend de la culture des sols, (en particulier pH, teneur en Ca),
des cultures, et des types d'exploitation, ainsi que du mode d'épandage.
Du fait des besoins cycliques des cultures, une politique d'utilisation
agricole des boues n'est viable q ue si une solution a été
trouvée à la variabilité des besoins en agents
nutritifs tout au long de l'année rotation de cultures, stockage,
existence d'une autre voie d'évacuation des boues. Une capacité
de stockage importante et suffisante est, dans la quasitotalité des cas
la condition première dont dépend la fiabilité
d'une solution d'utilisation en cultures. La constance de la qualité
du produit a aussi son importance.
Les boues digérées présentent
l'avantage d'une forte réduction de germes pathogènes et
évitent le dégagement de mauvaises odeurs à
l'épandage. Cependant les risques bactériologiques ne doivent pas
être surestimés, car la décontamination par voie
microbienne dans le sol est importante.
En dehors de la présence excessive dans certains
cas de graisses ou fibres le risque potentiel le plus important de
l'utilisation des boues en culture est celui lié à la
présence de métaux lourds dont l'origine est essentiellement
industrielle (en particulier traitement des surfaces
métalliques). Les cations dangereux les plus
fréquemment rencontrés sont Zn, Cd, Cu, Ni, Cr, Hg.
Les quantités de boues épandables
dépendent de la législation en vigueur qui,
généralement, prend en compte la durée de
l'épandage et les teneurs initiales du sol en
éléments riches en mé taux lourds. Ces
quantités ne doivent pas conduire à un accroisssement
notable de l'azote lessivable. Les boues peuvent être utilisées
:
-soit sous une forme liquide,
-soit sous une forme pâteuse (avec structure
thixotropique),
-soit à l'état solide plastique (faible
adhérence du produit) avec possibilité de pelletage et
correspondant à des teneurs en MS de l'ordre de 15 % dans le
cas de boues biologiques colloïdales et de < 50% dans le cas de
boues minérales très denses,
-soit à l'état solide friable conduisant
à un morcellement du résidu sous contrainte mécanique,
- soit à l'état de granulés ou
de poudre nécessitant un séchage thermique en plus
d'une déshydratation mécanique. Dans ce cas, la valeur
agronomique du produit peut être améliorée par apport
d'agents nutritifs complémentaires.
Les boues liquides ou pâteuses peuvent être
épandues en surface ou enfouies. Ce dernier mode d'utilisation
réduit les dégagements d'odeurs qui sont spécialement
à craindre sur des boues fermentescibles à forte teneur en
eau.
Généralement plus la quantité de
boues à évacuer est élevée, plus la
déshydratation doit être poussée de façon
à réduire les coûts d'évacuation. En effet, il
s'agit alors d'agglomérations importantes avec des zones de cultures
fort éloignées du centre ville.
7.2. Récupération de produits
La récupération n'est envisageable que sur
certains éléments contenus dans les boues. En particulier :
- récupération de fibres dans les industries du
papier-carton et du bois,
- récupération de protéines (en
particulier dans les industries de la viande) à des fins de production
d'aliments du bétail, ou pour la pisculture,
- récupération de produits coagulants dans les
boues provenant de la clarification d'eaux de rivière (par
exemple acidification de boues d'hydroxydes d'Al),
- réutilisation du carbonate de calcium et de la
chaux des boues provenant d'un traitement massif à la chaux. Tel est le
cas, par exemple des boues de décarbonatation d'eau potable
utilisées pour le conditionnement avant
déshydratation de boues à prédominance organique
provenant du traitement biologique d'ERU.
- récupération de Zn, Cu, Cr, dans les
boues provenant d'une épuration d'eaux de traitement de surfaces
métalliques,
- réutilisation de boues minérales
après séchage thermique ou de cendres d'incinération dans
la construction de revêtements routiers, de produits stabilisateurs de
sol ou de béton (mais, une telle réutilisation
n'a ju squ'à ce jour reçu que des applications
limitées).
7.3. Récupération d'énergie
La récupération d'énergie n'est pas
normalement le but premier du traitement des boues. L'emploi des boues comme
combustible exportable en dehors de l'usine d'épuration est rare.
Tel peut être le cas pour des boues déshydratées
provenant de la décantation de certaines eaux usées
très chargées en combustible (poussière de charbon par
exemple) pour des suspensions huileuses ou des graisses
récupérées par flottation ou même encore pour
des boues organiques séchées sous forme de granulés
ou de poudre. La production de granulés (voire de poudre),
à partir de boues très organiques,est également
proposée pour la fabrication de combustibles transportables. La
récupération d'énergie se réalise essentiellement
sous deux formes principales :
- production de gaz méthane par fermentation. Le
gaz est utilisé pour le chauffage, l'alimentation des groupes
électrogènes et le conditionnement thermique des boues elles
-mêmes,
- production calorifique dans les fours
d'incinération. L'énergie ainsi produite sert
essentiellement, sinon totalement, à sécher
préalablement les boues. Lorsque la siccité initiale des
boues le permet, l'énergie thermique excédentaire peut
être transformée en énergie électrique.
Toute récupération d'énergie s'accompagne
de la réduction partielle ou totale des germe pathogènes dans les
boues.
7.4. Décharge
C'est encore sans doute la destination finale la plus
fréquente des boues produites. Le résidu peut être
plus ou moins important, mais même dans le cas
d'incinération il demeure un sous-produit de volume non
négligeable et rassemblant normalement tous les métaux lourds
contenus dans les boues.
Cette décharge peut aller de la simple
"lagune à boues liquides" alimentée en boues stabilisées
et dont le drainage et l'évaporation nécessitent des mois ou des
années, jusqu'au remblaiement d'excavations ou de dépressions
à l'aide de boues sèches dont le compactage est plus rapide.
Une solution parfois envisagée, en particulier sur
les boues toxiques, est, avant décharge, d'incorporer aux
boues liquides des produits solidifiants (silicates, ciments, etc.).Ce
mode de traitement présente l'inconvénient de condamner
définitivement des surfaces au sol importantes. De plus, les risque
lixiviation par les eaux ruissellement ne semblent pas totalement
écarté.
Enfin, la mise en décharge commune des boues
avec les ordures ménagères est une pratique encore
fréquente. Les législations en la matière varient
suivant les pays. Il convient de ne pas dépasser une
teneur maximale en eau du produit, de veiller à son
homogénéité et de prendre les dispositions
nécessaires à la protection de la nappe, avec collecte et
traitement du lixiviat
7.5. Rejet en mer
Cette solution expéditive consiste le plus souvent
en un déversement discontinu au large au moyen de barges et
chalands. Dans quelques cas cette évacuation est réalisée
par un émissaire sous-marin suffisamment long et immergé en
profondeur.
Le choix d'un rejet en mer nécessite au
préalable un examen minutieux et prolongé des courants ainsi
que des études bactériologiques, biologiques et piscicoles de
qualité. La destruction des germes pathogènes et la
dégradation des matières organiques en milieu marin sont
lentes.
Les boues déversées en mer doivent
être débarassées des matières flottantes.
La digestion anaérobie est le prétraitement
préalable le plus souvent adopté.
7.6. Réinjection dans le sol
Cette solution envisagée essentiellement sur
des boues toxiques ou des eaux très concentrées consiste
à injecter les boues à l'état liquide à
grande profondeur dans les poches poreuses du sous-sol isolées entre
des couches continues perméables. Une étude géologique
très sérieuse est évidemment indispensable.
8. Contextes réglementaire et
technique de la gestion des boues
8.1. Cadre réglementaire
A l'heure actuelle et dans le sens d'une intensification, la
réglementation et sa soeur, la jurisprudence, occupent une part
croissante dans les réflexions et les opérations liées
à l'environnement, tout particulièrement dans le domaine des
boues de stations d'épuration. De nombreuses considérations
techniques font l'objet de textes nationaux mais également
européens.
Dans l'esprit des lois, la boues de STEP obéissent
traditionnellement à 2 logiques :
- une logique "matière fertilisante"
- une logique "déchets"
Ces 2 logiques sont à mettre en relation avec 2 types
de législations :
- la législation "santé publique"
- la législation sur l'eau
Enfin, une nouvelle dimension semble émerger, celle qui
considère la boue comme un "produit industriel".
Actuellement, le producteur de boues est
considéré comme le responsable de leur qualité et de leur
devenir. A ce titre, il se doit de respecter les principes de
"précaution" et de "conciliation" qui seuls peuvent garantir la
pérennité de la filière. Sur le sujet, une abondante
jurisprudence confirme l'importance de la procédure. Pour la
valorisation agricole, ce constat est confirmé par l'ADEME qui souligne
que "l'élément central de la valorisation agronomique des boues
est la bonne gestion, qui s'inscrit dans la démarche du
développement durable. A savoir, la solution au problème des
boues passe par la mise en place de procédures et de "contrôles
qualité" associés au double consensus professionnel et social.
Enfin, la fiabilité du dispositif et sa "lisibilité externe" sont
également nécessaires à la réussite de tout
projet." Le détail des contraintes réglementaires est
présenté en annexe.
Sur le plan pratique dans la Communauté
Européenne, il convient par ailleurs de rappeler que l'interdiction du
rejet en mer des boues est entrée en vigueur en 1999 tandis qu'une telle
mesure a été adoptée en 1989 aux Etats Unis (en 1994-95,
25 % des boues de Grande Bretagne étaient évacuées en
mer).
En outre, la DG Environnement travaille sur un nouveau projet
de Directive européenne (pour remplacer celle de 1986) sur les
boues afin de "réglementer l'utilisation des boues d'épuration
en agriculture, de manière à éviter des effets nocifs sur
les sols, la végétation, les animaux et l'homme."
8.2. Les conséquences techniques
La réglementation européenne et plus
particulièrement la directive du 21 mai 1991 sur le traitement des eaux
résiduaires imposent des niveaux de traitements plus poussés. Ces
textes législatifs ont des conséquences de premier ordre sur la
production de boues de stations d'épuration.
Sur le plan de l'analyse, les différents textes
législatifs précédemment cités ont pour effet
d'induire des conséquences marquantes sur la filière "boues".
Ces impacts sont présentés ci-après :
? Amélioration du taux de collecte des effluents
urbains domestiques :
- objectif de collecte supérieure à 80%
? Amélioration de la gestion des réseaux
d'assainissement unitaires
- réduction du volume d'eaux parasites,
- gestion intelligente des déversoirs d'orage
? Intégration progressive du traitement des effluents
de temps de pluie
? Amélioration du niveau de traitement des
effluents
- traitement de l'azote dans les zones sensibles
- traitement du phosphore dans les zones sensibles
? Amélioration de la gestion des ouvrages de
dépollution
- garanties de performances sur 95 % du temps hors
événements exceptionnels
Chapitre 3 DÉTERMINATION
DE LA SURFACE SPÉCIFIQUE
1. Introduction :
Le but de ce chapitre est de présenter les techniques
analytiques ainsi que les protocoles expérimentaux utilisés. Nous
présentons en premier lieu, un aperçu sur la mesure de la mesure
de la surface spécifique par la méthode de bleu de
méthylène selon la norme NF P 11-300. Ainsi, nous évoquons
également, les techniques du dosage de bleu de méthylène,
en l'occurrence spectrophotométrie ultraviolet/visible, selon l'approche
développée récemment à l'université de
Laval.
2. Identification des matériaux
utilisés :
2.1. La surface spécifique
Par définition, la surface spécifique
(Ss) appelée aussi « Aire massique »
représente la surface totale (As) par unité de masse (M) et on
l'exprime généralement en m²/g :
Équation 1
On peut éventuellement l'exprimer en surface par
unité de volume, soit en (m²/m3 = m-1)
(Hillel, 1992), mais ceci est assez rare.
La surface spécifique est une des
caractéristiques les plus importantes des sols et des
sédiments. Elle a été liée au type et à la
quantité d'argile (Tiller et Smith, 1990), à la teneur en eau
(Newman, 1983), à la minéralogie des argiles et à la
capacité d'échange cationique (De Kimpe et al., 1979; Petersen et
al., 1996), à la limite de liquidité (Farrar et Coleman, 1967;
Muhunthan, 1991) et à l'angle de friction interne des sols (Moore,
1991). Également, la surface spécifique a été
utilisée pour interpréter des caractéristiques physiques
telles que les potentiels de rétrécissement - gonflement (Dasog
et al., 1988; Fityus et al., 2000.) et la susceptibilité au gel -
soulèvement (Rieke et al., 1983). La surface spécifique
déterminée à partir de méthodes d'adsorption peut
aussi être utilisée pour évaluer les
propriétés chimiques de surface telles que l'adsorption des
éléments chimiques, des métaux et phosphates dans les sols
(Peter et Weber, 1985; et autres) et la capacité de rétention
d'eau (Yukselen et Kaya, 2006).
2.1.1. Facteurs
influençant la valeur de la surface spécifique (Ss)
Plusieurs facteurs peuvent avoir une influence sur les
valeurs mesurées de Ss. La taille, la forme, la
composition minéralogique et l'état de surface des grains
sont identifiés dans la littérature comme les plus importantes
(Bigham et al., 1978; Borggaard, 1982, Schulze et Schwertmann, 1984;
Schwertmann et Kämpf, 1985; Feller et al., 1992, et autres). Ces facteurs
sont détaillés ci- dessous :
Taille: Si on suppose que les grains sont
sphériques et possèdent tous le même rayon (r),
ils ont tous la même masse volumique ou densité (ñ).
L'équation 1 se réécrit alors de la façon suivante
:
Équation 2
Où : Ss est la surface spécifique; As; la
surface totale; M, l'unité de masse; V, le volume; ñ, la
densité; r, le rayon de particule. On a donc pour la surface
spécifique :
Équation 3
Par conséquent, l'équation 3 montre que la
surface spécifique (Ss) dépend de la plus petite dimension de
la particule: Celle-là croit inversement avec la plus petite
dimension de la particule. De plus, plus le rayon (r) est grand plus la
surface spécifique (Ss) tend vers zéro. La figure 3.7 illustre
mieux ce comportement.
Figure 3 : Influence de la taille de la particule
sur la surface spécifique.
Cependant, ce modèle est bien entendu simpliste
puisque les grains sont en général ni sphériques, ni
de même taille. Mais, en pratique, il doit être clair qu'un
matériau composé de petites particules a en moyenne une surface
spécifique (Ss) plus grande que celle d'un même matériau
composé de grosses particules.
Forme: La figure 3.8 montre également
que la surface spécifique (Ss) dépend de la forme de la
particule. On peut remarquer que celle-ci a tendance à s'aplatir quand
la surface spécifique (Ss) augmente.
Figure 4 : Influence de la forme de la particule
sur la surface spécifique
(Santamarina et al., 2001).
Composition minéralogique: La figure
5 présente les différentes valeurs de la surface
spécifique (Ss) des minéraux les plus courants. Il est à
noter que la montmorillonite possède les valeurs les plus importantes
de surface spécifique en comparaison avec tous les autres
minéraux.
L'état de surface: L'inspection
microscopique a montré des irrégularités de surface
en particulier dues aux pores et autres imperfections. Ces
irrégularités donnent une surface réelle toujours
supérieure à la surface idéale sans imperfections. Les
analyses de Tokunaga, et al. (2003), sur les fractions de graviers comprises
entre 2 mm et 6 mm, ont montré que la rétention d'eau est
fonction de l'état de surface et de la porosité intragranulaire.
Ces auteurs ont proposé des chemins de morphologie possibles pour
les grains arrondis. La figure 3.9 montre les différents
états de surface d'un grain. Les mêmes variétés de
morphologies existent aussi pour les grains angulaires. Sur la figure on peut
voir que la représentation la plus simple correspond au grain de surface
lisse pour lequel la porosité intragranulaire est négligeable.
D'autres possibilités incluent des grains à surfaces rugueuses
avec une porosité interne importante, ainsi que des altérations
superficielles causées par les agents atmosphériques.
Il est donc évident que la surface spécifique
comprend des effets combinés des facteurs mentionnés ci-dessus.
De plus, comme il existe diverses méthodes pour déterminer la
surface spécifique, la procédure de mesure peut aussi avoir une
influence importante sur les valeurs mesurées.
Figure 5 : Les différents états de
surface de grain (Tokunaga et al., 2003).
2.1.2 Méthodes de
détermination
La surface spécifique d'un sol donné est
dépendante de la méthode de mesure. Les méthodes de mesure
de la surface spécifique peuvent être groupées dans deux
catégories principales (Yukselen et Kaya, 2006), à savoir:
1. L'adsorption de gaz, qui mesure la surface
spécifique externe des particules par l'adsorption des molécules
simples, telles que l'azote (N2) à basse température (Brunauer et
al., 1938) ou la vapeur d'eau.
2. L'adsorption des molécules, qui
mesure la surface spécifique totale des particules par l'adsorption des
liquides polaires, tels que l'éthylène glycol (EG),
l'éthylène glycol mono éthylique éther (EGME)
(Churchman et al., 1991, Carter et al., 1986; Cerato et Lutenegger,
2002), le bleu de méthylène (Chen et al., 1999;
Santamarina et al., 2002), et plusieurs autres.
Dans les méthodes d'adsorption de gaz, la
surface spécifique est déterminée à partir de
relations entre la pression appliquée et le volume d'un gaz
forcé à pénétrer à travers
l'échantillon, selon la théorie d'adsorption de gaz de Brunauer,
Emmett, and Teller (BET). Cette technique est développée sur un
échantillon sec. Cependant, l'azote (N2) qui est un gaz neutre, ne peut
pas pénétrer entre les couches des argiles gonflantes (Dyal et
Hendricks, 1950). C'est la raison pour laquelle la valeur de la surface
spécifique obtenue par cette méthode se réfère
seulement à la surface externe de la particule, tel qu'exposé
à la figure 6.a. Toutefois, pour estimer la surface spécifique
externe et interne des silicates gonflants, on utilise la rétention des
liquides chargés. De plus, cette technique s'applique en suspension
d'eau, ainsi les minéraux gonflants peuvent manifester toute leur
surface spécifique disponible, comme présenté à la
figure 6.b.
Figure 6 : Techniques de détermination de
la surface spécifique. (Santamarina, Klein, Wang et Prencke,
2002)
La figure 7, qui présente plusieurs études,
résume la relation entre les surfaces spécifiques
déterminées à partir des méthodes d'adsorption
de l'azote (N2) et d'adsorption du bleu de méthylène pour
différents types des sols. On peut observer que pour certains types de
sol, les méthodes de détermination de la surface
spécifique peuvent donner des valeurs semblables, tandis que pour
d'autres types de sol la différence est importante. Ainsi, si
des minéraux gonflants (type montmorillonites) sont présents
dans le sol, les méthodes utilisant l'adsorption de gaz sous-estiment la
valeur de la surface spécifique et la méthode des liquides
polaires doit être utilisée.
Figure 7 : Relation entre les méthodes de
détermination de la surface spécifique.
Il apparaît donc également que la surface
spécifique est influencée par la méthode de mesure.
D'autre part, il est à signaler que de nombreuses corrélations
qui ont été établies entre la surface spécifique
par la méthode utilisant le gaz d'azote (N2) et d'autres
propriétés physiques telles que les limites de liquidité
et de plasticité, la capacité d'échange cationique (CEC),
etc. sont utilisées pour des sols contenant des proportions
importantes de minéraux avec d'importantes surfaces internes, ce qui
donne des imprécisions remarquables. Par ailleurs, les essais
d'adsorption de bleu de méthylène et la méthode EGME
s'appliquent à une grande variété des minéraux.
Finalement, la plupart de ces méthodes de
détermination de la surface spécifique sont complexes,
requièrent beaucoup de temps, nécessitent des équipements
sophistiqués et sont très coûteuses. Tous ces obstacles
seront franchis si l'on utilise la méthode d'adsorption de bleu de
méthylène. De plus, cette dernière donne des
résultats en accord avec ceux issus d'autres méthodes de
détermination de la surface spécifique (Yukselen et Kaya,
2006).
2.2. L'adsorption du bleu de méthylène
2.2.1. La
molécule de bleu de méthylène
Le colorant de bleu de méthylène a
été employé pour déterminer la surface
spécifique des minéraux argileux pendant plusieurs
décennies. La formule chimique est C16H18ClN3S, avec un poids
moléculaire correspondant à 373,91 g/mol. La figure 8.a, montre
qu'à l'état aqueux, le bleu de méthylène est un
colorant cationique, C16H18ClN3S+, lequel est adsorbé par les
surfaces des argiles qui sont chargées négativement. (Hang et
Brindley, 1970; Chen et al. 1999).
La molécule de bleu de méthylène peut
être considérée comme un volume prismatique de dimensions
17,0 Å x 7,6 Å x 3,25 Å (Santamarina et al., 2002; Yukselen
et Kaya, 2006). La surface projetée de la molécule,
c'est-à-dire lorsque la molécule de bleu de
méthylène se trouve à plat sur sa plus grande face (figure
8.b) a donné 135 Å2 (Kipling et Wilson, 1960; Hul,
1966), 132 Å2 (Johnson, 1957), et 130 Å2
(Kalousek et Blahnik, 1955; Los et Tompkinsg, 1956; Hang et Brindley,
1970; Chen et al., 1999 ; Santamarina et al., 2002).En général,
on admet que la surface couverte par une molécule de bleu de
méthylène (ABM) est 130 Å2.
Figure 8 : Molécule de bleu de
méthylène; a) Structure chimique b) Volume
rectangulaire.
D'autre part, des études ont montré que
l'aire couverte peut varier de façon suivante:
premièrement, si la molécule est inclinée de 65-70
degrés par rapport à la surface d'étude,
l'aire couverte est 6A (Hahner et al., 1996); deuxièmement, si
l'axe longitudinal est orienté perpendiculaire à la surface,
l'aire couverte est égale à 24,7 Å2 (Borkovec et
al., 1993). Ainsi, on peut observer que l'incertitude dans l'estimation de
l'aire couverte peut affecter la valeur de la surface spécifique de plus
de 100%( Santamarina et al., 2002).
2.2.2. Principe
d'essai
Il consiste à déterminer la capacité
d'adsorption ionique d'un sol en mesurant la quantité de colorant de
bleu de méthylène nécessaire pour recouvrir la surface
totale, externe et interne, de toutes les particules argileuses
présentes dans la solution à étudier par une monocouche de
bleu de méthylène (figure 3.10.b). On appelle cette
quantité, la valeur au bleu, notée VB et exprimée en
grammes de bleu par grammes de sol, tel que montre l'équation 4 :
Équation 4
Où : VBM est la quantité de bleu de
méthylène adsorbé (ml) et Msol, masse sol sec de la prise
d'essai (g)
Le principe de cet essai repose sur la base d'échanges
ioniques ayant lieu entre les cations d'argile facilement échangeables
et les cations de bleu de méthylène libérés
lors de sa dissolution dans l'eau. Les particules argileuses ayant
une grande surface spécifique ainsi qu'une capacité
d'échange ionique importante, la présence de minéraux
argileux pourra être mise en évidence par l'emploi de bleu de
méthylène.
Sur la base de ce principe, plusieurs méthodes d'essais
ont été développées. En général, la
méthode conventionnelle, aussi appelée « test de la tache
» ou « méthode du papier-filtre » est la méthode
la plus ancienne et la plus utilisée. Le test de la tache a
été employé pour déterminer la surface
spécifique depuis 1957 (Johnson, 1957; Worrall, 1958). L'essai a aussi
été utilisé par Jones (1964), Phelps et Harris (1967);
Nevins et Weintritt (1967) lors de l'étude de forages pétroliers
et plus tard Chen (1974) a repris cet essai pour l'étude des pâtes
céramiques. Cependant, l'utilité de la méthode a souvent
été remise en question (Hul, 1966; Faruqi et al., 1967;
Bodenheimer et Heller, 1968) et des confusions ont surgi concernant la
précision des résultats. La précision peut être
améliorée au moyen de techniques analytiques précises pour
déterminer la quantité de bleu de méthylène
adsorbée. Dans ce cas-ci, un spectrophotomètre est employé
(Hang et Brindley, 1970; Lan, 1980), et la valeur de la surface
spécifique est dérivée à partir du point de
remplacement complet des cations déterminé sur une courbe de
titration, ce point devant correspondre au point final dans l'essai de la tache
(Hang et Brindley, 1970).
2.2.3. Calcul de la
surface spécifique (Ss)
Il faut signaler que la surface spécifique
(Ss) peut être calculée à partir de
l'équation 3 (Santamarina et al., 2002), grâce à la
quantité de bleu de méthylène adsorbée. À
l'aide d'un facteur de conversion (FC) et des valeurs au bleu (VB), on peut
obtenir les surfaces spécifiques des différents
échantillons.
Équation 5
Où : VB; est la valeur au bleu du sol
exprimée en fonction de : VBM, quantité de bleu de
méthylène adsorbé (ml); Msol, masse sec de la
prise d'essai (g). FC, est un facteur de conversion exprimé en
fonction de : m BM, teneur en bleu de la solution de titrage (g/ml); Av, nombre
d'Avogadro (6,02 x 10 atomes/mol); ABM, aire couverte par une molécule
de bleu de méthylène (130 ?2) et le poids
moléculaire du bleu de méthylène (373,91).
Chapitre 4 MATÉRIELS ET
MÉTHODES
1. Provenance de la boue
Les analyses physico-chimiques et biologiques des boues
requièrent des méthodes semblables à l'analyse des eaux,
cependant les boues sont plus complexes et il est nécessaire de tenir
compte de l'aspect hétérogène du produit, notamment lors
de la collecte d'échantillons.
L'échantillon de boue secondaire (boue active) est
prélevé de la station d'épuration d'El Kerma. Les mesures
ont été effectuées sur un échantillon
prélevé en mai 2011.
Figure 9 : prélèvement de
l'échantillon
2. Propriétés des
matériaux utilisés
2.1. La boue
Les résultats des essais réalisés au
laboratoire de géologie appliquée sont résumés dans
le tableau suivant :
Classification
La composition exacte des boues varie en fonction de l'origine
des eaux usées, de la période de l'année et du type de
traitement et de conditionnement pratiqué dans la station
d'épuration (Werther et Ogada, 1999 ; Jarde et al., 2003 ; Singh et al.,
2004). Les boues résiduaires représentent avant tout une
matière première composée de différents
éléments (Matière organique, éléments
fertilisants (N et P ...), d'éléments traces métalliques,
d'éléments traces organiques et d'agents pathogènes).
Pour appréhender le problème des boues, il faut
tout d'abord préciser l'origine. En considérant d'une part les
boues seules et sur la base d'une relation matière sèche/eau. Il
est possible de distinguer trois origines du matériau
utilisé :
-boues organiques hydrophiles issus des eaux usées
urbaine ERU
-boues organiques hydrophobes issus des eaux
superficielles
-boues organiques hydrophiles issus des eaux usées
industrielles ERI.
Cette classification est basée sur les points
essentiels suivant :
- A Oran qui se trouve dans une zone semi-aride, l'apport
total des précipitations est inférieur à180 mm par an.
- Oran est le siège de plusieurs complexes industriels.
Les rejets des eaux usées des unités industrielles s'effectuent
également vers des milieux naturels. Selon une enquête
effectuée par la direction d'hydraulique en 1997 sur les 170
unités industrielles implantées à Oran, aucune n'est
dotée d'équipement antipollution.
Selon une classification qui a été
développée en France sur la base de normes américaines, la
boue liquide utilisée est de type Classe A (boues primaires,
physico-chimiques
& forte charge).
Aptitude à la concentration
|
Aptitude à la stabilisation
|
Aptitude à ne pas fermenter
|
Traitabilité
|
siccité
|
caractéristiques
|
excellent
|
excellent
|
moyen à faible
|
très bon
|
1 à 2 %
|
liquide
|
Tableau 15 : classification française de la
boue utilisée
Courbe granulométrique
Figure 10 : Courbe granulométrique de la
boue
L'aspect essentiel du succès des boues est leur forme
granulaire dense. Cette forme particulière confère aux boues des
propriétés avantageuses (vitesse de sédimentation,
rétention de la biomasse dans le système, solidité, bonne
séparation entre la boue granulaire et l'effluent traité)
(Hulshoff Pol et al. 2004). Une approche microbiologique des
phénomènes de granulation (formation des granules) est
indispensable pour optimiser ce type de traitement anaérobie mais
s'avère insuffisant pour caractériser de façon
complète les propriétés des boues. C'est pourquoi d'autres
caractéristiques comme des grandeurs physiques doivent être
fournies afin de mieux comprendre les phénomènes régissant
ces agrégats de boues.
Analyses physico-chimiques
Analyses
|
pH
|
Densité (g/cm3)
|
Cl-(%)
|
No3- (mg/l)
|
Taux d'humidité (%)
|
Matières organiques (%)
|
Matières minérales (%)
|
Résultats
|
6 ,3
|
2
|
1 ,4
|
11 ,78
|
15
|
82
|
20
|
Tableau 16 : Paramètres physico-chimiques
de la boue
La concentration en matière organique peut varier de 30
à 80 %. La matière organique des boues est constituée de
matières particulaires éliminées par gravité dans
les boues primaires, des lipides (6 à 19 % de la matière
organique), des polysaccharides, des protéines et des acides
aminés (jusqu'à 33 % de la matière organique), de la
lignine, ainsi que des produits de métabolisation et des corps
microbiens résultant des traitements biologiques (digestion,
stabilisation) (Kakii et al., 1986 ; Inoue et al., 1996 ; ADEME, 2001 ; Jarde
et al., 2003).
La nature et la concentration des eaux usées en
polluants organiques et inorganiques sont très
dépendantes des activités raccordées au
réseau. L'essentiel des contaminations chimiques vient des rejets
industriels et dans une moindre mesure des rejets domestiques (utilisation de
solvants, déchets de bricolage...). Du fait de la décantation
lors du traitement, ces contaminants chimiques se retrouvent dans les boues
à de très grandes concentrations par rapport aux eaux
usées (Klöpffer, 1996).
2.2. Bleu de
méthylène
Paramètres physico-chimiques
Le choix étudié répond aux
critères suivants :
- Solubilité élevée dans l'eau.
- Tension de vapeur faible.
- Analyse par spectrophotomètre UV/visible.
- Modèle de structure cationique pour le bleu de
méthylène.
L'ensemble des propriétés est
récapitulé dans le tableau 3.
Structure
|
Masse Molaire
|
Solubilité dans
l'eau
|
Utilité
|
Tension de
vapeur
|
|
319,85 g.mol-1
|
Élevée
|
Désinfectant et colorant en
bactériologie
|
Faible
|
Tableau 17 : Caractéristiques
physico-chimiques du bleu de méthylène
Spectre du Bleu de méthylène
La Figure 1 représente le spectre du Bleu de
méthylène obtenu à pH naturel (5,9) et en milieu
dilué (10-5M). Elle montre l'existence de trois bandes
d'intensité variable et localisées respectivement à 246 nm
(å =16000 L.mol-1.cm-1), 293 nm (å =33000
L.mol-1.cm-1), et 662 nm (å = 57750
L.mol-1.cm-1).L'influence du pH, que ce soit en milieu
acide (pH=1,82) ou en milieu basique (pH=11,53), n'a pas affecté le
spectre d'absorption de ce colorant. En effet, nous n'avons observé
aucun changement tant sur la couleur que sur les positions bandes, ce qui se
traduit, par aucune variation dans leur coefficient d'absorption. Ce qui donc
suggère l'existence d'une seule espèce en solution (figure 3).
Figure 11 : Spectre du bleu de
Méthylène (10-5 M) (OUALID, B. 2005)
3. Équipements et procédures
expérimentales
La présente étude porte essentiellement sur
l'essai d'adsorption de bleu de méthylène. La boue
étudiée était analysée à l'aide de l'essai
au bleu de méthylène conventionnel (norme NF P11-300) et selon
l'approche développée à l'université Laval
(à l'aide d'un spectrophotomètre).
3.1. Appareillage
La méthode du spectrophotomètre nécessite
les mêmes instruments que celle de la méthode conventionnelle, en
plus d'un spectrophotomètre et une centrifugeuse. Le tableau 6 montre
l'appareillage pour les deux méthodes.
Conventionnelle
|
Spectrophotomètre
|
Agitateur, 400 rpm
Béchers, 1000 ml
Tige de verre, D= 8 mm
Burette, 50 ml ou 10 ml
Papier filtre
|
Agitateur, 400 rpm
Béchers, 1000 ml
Tige de verre, D= 8 mm
Burette, 50 ml ou 10 ml
Papier filtre
- Centrifugeuse
- Spectrophotomètre
|
Tableau 18 : Appareillage nécessaire pour
l'essai d'adsorption de bleu de méthylène
3.2. Préparation des prises d'essai
Avant de commencer les essais d'adsorption de bleu de
méthylène, tous les échantillons ont été
séchés au four à une température de 110°C
pendant 24 heures, ensuite les échantillons ont été
passés dans des tamis ayant des ouvertures de 400 ìm, 160
ìm, et 80 ìm. La masse de la prise d'essai est fonction de la
quantité d'argile ou des particules de moins de 80 ìm
présentes dans l'échantillon.
Selon le tableau 7, pour un échantillon ayant un
pourcentage de fines élevé (i.e. fraction <80 ìm), il
est préférable d'utiliser des petites masses (entre 5 g et 15 g),
afin de ne pas avoir à injecter une très grande quantité
de solution de bleu de méthylène. Pour les autres types de
matériaux, à mesure que le pourcentage des fines diminue, la
masse de la prise d'essai augmente (entre 25 g et 200 g). Cette situation nous
permet de réaliser le dosage au bleu de méthylène avec une
précision de 0,25 ml.
Fraction
|
<400 ìm
|
<160 ìm
|
<80 ìm
|
Ms (g)
|
50
|
25
|
10
|
Tableau 19 : Prises d'essais.
Enfin, chaque fraction de sol doit être
mélangée à 100 ml d'eau
déminéralisée, et par la suite être laissée
dans l'eau pendant 24 h.
Malheureusement, on a réalisé les essais pour
une seule fraction <80 ìm par manque de tamis dans le laboratoire.
3.3. Préparation de la solution de titrage
La solution de bleu de méthylène a la même
concentration (i.e. 10 g/l) pour les deux méthodes d'adsorption et doit
respecter les points suivants: d'abord, il faut peser 10 g de cristaux de bleu
de méthylène, lesquels ont été séchés
à 1100C pendant 24 heures et laisser refroidir pendant une
heure. Ensuite, il est nécessaire de chauffer un litre d'eau
déminéralisé pour la préparation de la solution
à 400C afin de faciliter la dissolution des cristaux
de bleu de méthylène. Finalement, on doit introduire les
cristaux de bleu de méthylène et brasser pendant 30 minutes avec
l'agitateur à ailettes (en prenant soin d'obtenir une vitesse
d'agitation d'au moins égale à 400 tours/minute), afin que les
cristaux se dissolvent bien.
À noter que la solution de bleu de
méthylène doit être conservée dans un contenant
étanche, afin d'éviter l'évaporation de l'eau. Elle peut
être utilisée à plusieurs reprises, mais sur une
période maximale d'un mois, après quoi la solution doit
être changée.
3.4. Méthode conventionnelle - Norme NF P11-300
Avant de commencer l'essai, l'acidité de la suspension
ou prise d'essai doit être évaluée à l'aide du
papier pH. Plus l'échantillon est basique (pH = 8), plus la valeur au
bleu (VB) trouvée risque d'être surestimée par rapport
à la réalité. C'est le cas pour un sol peu argileux.
3.4.1. Principe de
dosage
À la prise d'essai, on ajoute successivement des doses
croissantes de la solution de bleu de méthylène. La figure 3
illustre le principe de dosage de cette étude. Tant que le bleu de
méthylène est adsorbé, il ne colore pas l'eau. On le
vérifie en déposant une goutte sur le papier-filtre (à
l'aide de la tige en verre); plus on ajoute de bleu de méthylène
plus le centre de la tache est bleu vif (boue ayant adsorbé le bleu de
méthylène) et l'auréole de la tache reste incolore.
À partir d'une certaine dose de bleu de méthylène,
l'auréole se colore elle aussi, c'est le signe que toute l'argile a
épuisé sa capacité d'adsorption. À ce moment, on
actionne le chronomètre et on laisse poursuivre l'adsorption du
bleu de méthylène par les particules du sol, tout en
effectuant des essais de minute en minute, sans rien ajouter. Si
l'auréole bleu clair disparaît dans les deux minutes, on
ajoute encore une certaine quantité de bleu de
méthylène. Chaque addition doit être suivie d'essais de
minute en minute. On renouvelle ces opérations jusqu'à ce que
l'essai demeure positif pendant 5 minutes consécutives.
Figure 12 : Principe de dosage - Méthode
conventionnelle.
C'est au moment de la formation de l'auréole et de sa
permanence sur le papier-filtre, que la méthode conventionnelle
présente un premier facteur d'erreur.
3.4.2.
Détermination de la valeur au bleu (VB)
Ainsi, pour connaître la valeur au bleu (VB) de la prise
d'essai, on utilise l'équation suivante du chapitre 4 : VB = VBM
/ Msol (ml/g)
3.5. Méthode au spectrophotomètre
Cette méthode est semblable à la
méthode d'essai conventionnel. Dans cette méthode, un
spectrophotomètre est employé pour déterminer la
quantité de bleu de méthylène en passant par la
détermination de l'absorbance. La méthode du
spectrophotomètre a été réalisée afin
d'éliminer plusieurs facteurs d'erreur que l'on retrouvait avec
la méthode conventionnelle, lesquels seront exposés plus
tard.
3.5.1. La
procédure d'essai
La détermination de la valeur au bleu par la
méthode au spectrophotomètre nécessite l'utilisation
d'environ 7 béchers par fraction de chaque
échantillon avec différentes concentrations de bleu de
méthylène. La procédure d'essai par bécher est
décrite comme suit: La solution de bleu de méthylène est
ajoutée dans la suspension de sol; cette dernière est
mélangée continuellement pendant 15 minutes avec un agitateur
à ailettes (en prenant soin d'obtenir une vitesse d'agitation d'au moins
égale à 400 tours/minute). À la fin de l'agitation, on
doit laisser reposer la solution de 1 à 2 minutes pour permettre aux
grosses particules de sédimenter. On prélève par la suite
le liquide de la surface avec une pipette pour remplir des petits tubes
insérés dans la centrifugeuse. On centrifuge pendant 5 minutes
à haute vitesse (13 g). Finalement, on prend le liquide
surnageant dans les tubes de centrifugeuse (qui conserve la concentration
rémanente de bleu de méthylène) et on détermine son
absorbance au spectrophotomètre pour une longueur d'onde de 664 nm. On
répète la même procédure pour les autres
béchers. Ainsi la valeur au bleu au spectrophotomètre (VBS) sera
déduite de la courbe de titration.
Il faut signaler que pendant les 15 minutes d'agitation de
l'ensemble de la prise d'essai et la solution de bleu de
méthylène, on a prélevé une goutte de cette
suspension aux intervalles de temps de 5, 10 et 15 minutes, ces gouttes ont
été déposées sur le papier filtre, afin de comparer
les taches ainsi formées, avec la procédure de la méthode
conventionnelle.
3.5.2.
Détermination de la courbe d'adsorption
La procédure de détermination de la courbe de
titration est divisée en deux étapes à savoir :
La première étape est la détermination
du point de saturation : Il faut noter que l'essai au spectrophotomètre
doit commencer par un point de référence (i.e. point de
saturation), afin d'obtenir la courbe de titration. Pour avoir une
première approximation de l'adsorption de l'échantillon, on s'est
servi du papier filtre. On ajoute à la prise d'essai placée dans
un premier bécher, du titrant jusqu'à l'obtention sur le papier
filtre d'une auréole visible. La solution obtenue à la fin de
cette première étape n'est pas prise en considération dans
le traçage de la courbe de titration car le temps de brassage est
difficile à estimer. À noter que le temps de brassage est un
facteur à considérer lorsque la méthode au
spectrophotomètre est utilisée.
Figure 13 : Détermination du point de
saturation - Méthode du spectrophotomètre.
La deuxième étape porte sur les mesures au
spectrophotomètre. On place ensuite un deuxième bécher sur
l'agitateur avec la quantité de titrant trouvée à la
première étape. Après quelques minutes d'agitation, le
titrage peut alors commencer comme il a été décrit.
D'après des études préliminaires effectuées dans le
laboratoire de géotechnique de l'Université Laval, l'absorbance
obtenue doit être inférieure à 1,0 (figure 5). Le cas
échéant (absorbance >1), il est recommandé de
répéter le procédé tout en diminuant la
quantité de titrant dans le bécher.
Dans un troisième bécher, on ajoute 0,5 à
1 ml de titrant et on détermine l'absorbance. Le point
trouvé sera considéré comme étant
un niveau de base (figure 5).
À partir des deux points trouvés, on doit
diviser l'intervalle formé par ces deux points en quatre petits
intervalles égaux. On utilise trois autres béchers dans lesquels
les niveaux de titrant correspondent aux bornes des quatre intervalles
trouvés (figure 5). On répète la même
procédure pour ces trois béchers. Finalement, pour mieux
définir la courbe entre les deux points où se produit la cassure
ou le changement de pente, on peut utiliser le septième bécher
(figure 5).
3.5.3.
Détermination de la valeur au bleu (VBS)
La valeur au bleu à l'aide du spectrophotomètre
VBS, correspond à la concentration de bleu de méthylène
(CBM) où se présente le premier changement de la pente dans la
courbe de titration, tel que montré à la figure 5 Cette CBM
correspond au point où tout le sol a épuisé sa
capacité d'adsorption du fait que le remplacement entre les cations
d'argile facilement échangeables et les cations libérés
par le bleu de méthylène pendant sa décomposition dans
l'eau a été complété. De plus, ce point devrait
correspondre à l'état final de l'essai du papier filtre (Hang et
Brindley, 1970).
On a remarqué la présence d'un petit film bleu
sur la surface de l'eau même après la centrifugation, pendant les
nombreux essais effectués. Il faut faire bien attention de ne pas
prélever ce film. Ce film influence les valeurs et la qualité des
résultats.
Figure 14 : Détermination de la valeur au
bleu de méthylène - Méthode
spéctromètre
3.6. Étude
du temps de contact
L'étude de l'adsorption du Bleu de
méthylène, implique de toute évidence la
détermination du temps de contact, temps qui correspond à
l'équilibre d'adsorption ou à un état de saturation du
support par le substrat. Dans les deux cas, la procédure
expérimentale suivie est simple, et consiste à mettre en contact,
séparément, 10g/l de bleu méthylène avec une masse
de boue liquide à 10 g/100 ml. L'analyse par spectrophotomètre
UV/Visible permettra de déterminer les concentrations résiduelles
de chaque substrat, lors des prélèvements effectués
à différents temps de réaction. Ainsi la
détermination du temps d'équilibre, a permis
l'établissement des isothermes d'adsorption qui sont essentielles pour
le calcul de la capacité maximale d'adsorption. Les résultats
obtenus à l'issue de ces expériences ont montré que, le
temps de contact est de 5 minutes et correspond à une élimination
quasi totale de ce colorant. Ce qui montre que la cinétique d'adsorption
du bleu de méthylène sur la boue est très rapide, donc,
une forte affinité (ou fortes interactions de Van Der Waal) de ce
substrat pour ce support. D'ailleurs ce fait est très bien perçu
sur la figure 15 où le taux d'adsorption maximum est rapidement atteint
pour devenir ensuite constant par la formation d'un palier.
Figure 15 : Cinétique d'adsorption du bleu
de méthylène
Ainsi en chapitre 3, on a déterminé que les
valeurs au bleu du spectrophotomètre VBS sont plus adéquates que
les valeurs au bleu du papier-filtre VBPF du fait que la procédure
utilisée est plus objective, puisque, la méthode du
spectrophotomètre permet d'éliminer plusieurs facteurs d'erreur
que l'on retrouvait avec la méthode conventionnelle. C'est au moment de
la formation de l'auréole et de sa permanence sur le papier-filtre, que
la méthode conventionnelle présente un premier facteur d'erreur.
En fait, l'application de la méthode conventionnelle exige la
détermination subjective d'un anneau bleu-clair, laquelle change d'un
opérateur à un autre.
3.7. Détermination de la surface spécifique Ss
à partir de la valeur au bleu
Il a également été exposé
qu'à l'aide des valeurs au bleu et d'un facteur de conversion. Il est
possible de calculer les surfaces spécifiques.
Elle a été de l'ordre de : 18200
m2/g.
D'auprès les résultats montrés, on peut
conclure que la grosseur des grains va influencer la surface spécifique.
Cette dernière devient plus importante lorsque la dimension des grains
est plus petite.
Cependant, non seulement la grosseur des grains influence la
surface spécifique, mais également la quantité des
particules fines dans le matériau, la composition minéralogique,
la forme et l'état de surface de particules.
4. Conclusion
La présente étude a porté sur la
détermination de la valeur au bleu (VB) des matériaux contenant
des fines de dimension <80 ìm. Afin de rechercher une nouvelle
façon d'interpréter les résultats de la valeur au bleu de
ces matériaux, des essais d'adsorption de bleu de
méthylène selon la méthode conventionnelle (i.e.
méthode du papier filtre) et selon une nouvelle approche
développée à l'Université Laval qui fait appel
à l'utilisation d'un spectrophotomètre ont été
réalisés.
L'approche utilisée pour l'étude de l'adsorption
du colorant du bleu de méthylène est très
particulière du fait de la composition microbienne du support
utilisé. En effet, l'étude a montré l'influence de divers
paramètres étudiés en vue d'améliorer et de mieux
comprendre le processus d'adsorption.
Des essais standards selon les normes ont également
été réalisés pour obtenir la caractérisation
granulaires. L'analyse de la densité et absorption des granulats.
Finalement, les essais d'adsorption de bleu de
méthylène ont montré que la détermination de la
valeur au bleu (VB) ou de la surface spécifique (Ss) d'un sol granulaire
à l'aide du spectrophotomètre est plus adéquate que la
méthode conventionnelle (i.e. la méthode de papier filtre) du
fait que la procédure utilisée pour l'obtention de ces valeurs
est plus objective. En fait, la procédure au spectrophotomètre
élimine l'interprétation de la formation de l'auréole, un
facteur d'erreur que l'on retrouvait avec la méthode du papier filtre.
De plus, le temps de brassage dans la méthode du
spectrophotomètre est la même (15 minutes) , ce qui permet une
adsorption complète des molécules de bleu de
méthylène. Notons que ce dernier paramètre, pourrait
être alors considéré, comme un indicateur précieux
quant à la nature du processus d'adsorption du colorant.
La méthode de détermination de la valeur au bleu
à l'aide d'un spectrophotomètre est prometteuse, car la
méthode est simple et permet une meilleure standardisation de la mesure
de la valeur au bleu (VB) ou de la surface spécifique active (Ss)
effectuée par différents laboratoires d'analyses de
matériaux. De plus, cet essai est rapide et peu coûteux; on peut
considérer un investissement d'environ 3 000$ pour se doter d'un
spectrophotomètre et d'une
centrifugeuse.
L'analyse des particules fines (< 80ìm) de la boue
soumis aux essais d'adsorption de bleu de méthylène a mis en
évidence que la valeur au bleu (VB) ou la surface spécifique (Ss)
est fortement influencée par l'état de surface du grain (i.e.
l'état d'endommagement du grain). Il a également
été remarqué que plus l'état de surface des grains
est endommagé plus la valeur au bleu sera élevée.
Bibliographie :
[1]Abdelkader Iddou et Mohand Said Ouali. 2005. Étude
de l'élimination de Cr(VI) par une boue biologique après
épandage. Water Qual. Res. J. Canada, · Volume 40, No. 2,
184-190
[2] Abdellah TALIDI. 2008. Etude de l'élimination du
Chrome et du bleu de méthylène en milieux aqueux par adsorption
sur la pyrophyllite traitée et non traitée. Thèse de
doctorat Université MOHAMMED V - AGDAL.
[3] ADLER Emmanuel. 2005.
Eléments sur l'épuration des eaux usées et
la gestion des sous-produits de l'assainissement. Cours sur l'épuration
des eaux usées et la gestion des sous-produits de l'assainissement -
ENTPE.
[4]Angélique FABRE et Stéphanie FOURNIER. 2007.
Gestion des boues d'eau Potable chargées en CAP. Étude
financée par l'Agence de l'Eau Seine Normandie.
[5]Arne-Mare LISSALDE. 2002. Caracterisation, traitement et
valorisation des sous-produits d'assainissement pluvial. École national
de la santé publique.
[6]Baghriche OUALID. 2005. Contribution de méthodes
destructives (Photolyse et P.O.As ) et non destructives à
l'élimination de deux colorants (Bleu de methylène et rouge Congo
) en solution aqueuse. Mémoire de magister. Université Mentouri
Constantine.
[7]B. Mekerta1, A. Semcha, A. Benaissa, F.
Kazi-Aouel-Benslafa. 2009. Comportement mécanique des sédiments
de dragage pour leur valorisation en technique routière Sbeidco - 1st
International Conference on Sustainable Built Environment Infrastructures in
Developing Countries. ENSET Oran (Algeria) - October 12-14, Colloque Eau,
Déchets et Développement Durable, 28 - 31 mars 2010,
[8]Céline PERNIN. 2003. Épandage de boues
d'épuration en milieu sylvo-pastoral. Étude des effets in situ et
en mésocosmes sur la mésofaune du sol et la décomposition
d'une litière de chêne liège (Quercus suber L.)
Thèse de doctorat. Université de droit, d'économie et des
sciences d'AIX-MARSEILLE.
[9]Elmyre CLERVIL. 2007. Synthèse de littérature
sur l'utilisation de biosorbants pour l'épuration des effluents liquides
charges en polluants organiques et minéraux Université
Quisqueya
[10]Emmanuel Adler. 2005. Eléments sur
l'épuration des eaux usées et la gestion des sous-produits de
l'assainissement. Centre d'Affaires des Monts d'or 69290 St Genis les
Ollières.
[11]Farida HARRLEKAS. 2008. Couplage des
procédés membranaires aux techniques physico-chimiques ou
biologiques pour le traitement des rejets liquides de l'industrie de textile.
Thèse de doctorat. Université Cadi AYAD de Marrakech.
[12]Hina DERABE MAOBE. Contribution à la gestion
durable et de valorisation des boues de vidange dans la ville de Fada N'Gourma
au Burkina Faso : analyse critique du potentiel de l'offre et de la demande et
propositions des stratégies Institut International d'Ingénierie
de l'Eau et de l'Environnement (2ie) - Burkina Faso - Master en
Ingénierie de l'Eau et de l'Environnement.
[13]Jean-Marie Konrad et Fabian Alonso Valencia Gabezas.
Caractérisation des particules fines d'un matériau granulaire de
fondation par l'essai au bleu de méthylène. Rapport GCT
[14]K. DERBAL, BENCHEIKH LEHOCINE A.H. MENIAI, A. KHALFAOUI.
2008. Modélisation d'un procède biologique de traitement des
déchets solides pour la production de l'énergie et la protection
de l'environnement. Sciences & Technologie B - N°27, Juin (), 37-43
[15]L. Hammadi1i, A. Ponton et M. Belhadri. 2008. Effet de
traitement thermique sur le comportement physico-chimique et rhéologique
des boues activées de station d'épuration. Revue des Energies
Renouvelables Vol. 11 N°3 (2008) 465 - 472
[16]Mathieu GAUTIER. 2008. Interactions entre argile
ammoniée et molécules organiques dans le contexte du stockage des
déchets. Cas de molécules à courtes chaînes.
Thèse de doctorat
[17]OUALID, B. 2005. Contribution de méthodes
destructives (Photolyse et P.O.A's ) et non
destructives à l'élimination de deux colorants
(Bleu de méthylène et rouge Congo) en solution aqueuse.
Mémoire de magister. Université MENTOURI Constantine.
[18]PERRIN Loïc, CIKANKOWITZ Anne, BOURGOIS Jacques et
LAFOREST Valérie Audrey PEVERE. 2006. Apport des mesures
rhéologiques a l'étude des biomasses épuratoires
granulaires anaérobies. Thèse de doctorat. Université de
LIMOGES
[19]Remy ALBRECHTCO. 2007. Compostage de boues de station
d'épuration et de déchets verts : nouvelle méthodologie du
suivi des transformations de la matière organique. Thèse de
doctorat. Université Paul CEZANNE AIX-MARSEILLE III.
[20]Soumia AMIR. 2005. Contribution a la valorisation de
boues de stations d'épuration par compostage : devenir des
micropolluants métalliques et organiques et bilan humique du compost.
Thèse de doctorat de l'Institut National Polytechnique de Toulouse.
* 1 Exemple toujours
d'actualité, le choléra est une infection intestinale aiguë
due à une bactérie qui se propage très rapidement à
température ordinaire dans un milieu où règne une
humidité moyenne. La brève période d'incubation va de
moins d'un jour à cinq jours au terme desquels la température
chute de façon spectaculaire, tandis qu'apparaît une
diarrhée aqueuse, abondante et indolore qui peut rapidement provoquer
une déshydratation grave et entraîner la mort en l'absence d'un
traitement rapide. Dans la France au XIXe siècle, la terrible
épidémie de 1832 fait des ravages dans les villes, principalement
à Paris, 12.000 morts étant dénombrés dans la
capitale pour le seul mois d'avril. Casimir Périer, Président du
conseil, en meurt le 16 mai et le Général Lamarque au
début du mois de juin. Il faut en effet dire que dans le Paris des
années 1830, riches comme pauvres habitent les mêmes maisons. Pas
aux mêmes étages, certes, et il y à loin de la soupente
à l'appartement bourgeois, mais tous partagent la même
insalubrité, la fosse d'aisance et les puisards sont la norme, or selles
et eau font partie des vecteurs du choléra. La maladie continuera de
frapper en 1849, puis en 1854-1855, en 1864 puis en 1884 et 1892.
|