Introduction
I. Généralités
1-Nanotechnologie
2-Nano-Objets
3-Nanomatériaux
II. Méthodes de synthèse pour les
nanomatériaux
1-Méthodes physique
2- Méthodes chimique
3- Méthodes mécanique
III. Les domaines d'application
IV. Conclusion
INTRODUCTION
La maîtrise des méthodes de synthèse et le
progrès dans les techniques de caractérisation telles que le
microscope à force atomique et la microscopie électronique
à transmission ont permis l'émergence des nanomatériaux.
Dans ces matériaux la proportion des atomes de surface devient non
négligeable devant celle des atomes de coeur, ce qui leur confère
de nouvelles propriétés électriques, mécaniques ou
encore optiques. Par exemple, les forces de surface, qui augmentent avec le
carré de la taille, deviennent prépondérantes devant les
forces d'inertie et le poids qui augmente avec le cube de la taille. Nous
pouvons également citer l'exemple de CdSe qui fluoresce avec une
longueur d'onde fonction de la taille des nanoparticules alors que leur
homologue macroscopique ne fluoresce pas. Du fait de leur importante surface,
les nanomatériaux sont également très prometteurs dans le
domaine de la catalyse. La quête de nouvelles propriétés ne
s'arrête pas aux nanoparticules mais nous allons aujourd'hui vers des
objets intelligents fabriqués en fonction des caractéristiques
désirées. Ainsi, en combinant des matériaux
différents dans un nanocomposite, les propriétés des
constituants peuvent être habilement mêlées.
De manière équivalente, des
nanoparticules métalliques (Au, Pt) sont synthétisées,
mais également, et c'est une première, des nanoparticules
supraconductrices (Pb). On peut ainsi étudier l'influence du confinement
quantique sur les propriétés de transport électronique de
ces nanoparticules, sous forme d'assemblée ou de réseaux. Des
résultats importants ont été obtenus sur la suppression de
l'effet Meissner dans les nanoparticules de Pb, mais également sur le
comportement de type « verres de Coulomb » de
réseaux de nanocristaux d'Au. De manière générale,
ce sont des systèmes modèles pour étudier les transitions
de phase supraconducteur-isolant ou métal-isolant.
Généralités
1-Nanotechnologies
Les nanotechnologies reposent sur la connaissance et la
maîtrise de l'infiniment petit. Elles constituent un champ de recherche
et de développement multidisciplinaire impliquant la fabrication de
nouveaux matériaux et de nouveaux dispositifs à partir d'outils
ou de techniques permettant de structurer la matière au niveau atomique,
moléculaire ou supramoléculaire. Les échelles
caractéristiques des nanotechnologies vont de 1 à 100
nanomètres.
L'unité de référence du monde
des nanotechnologies est donc le nanomètre (nm). Le préfixe nano
vient du grec nannos qui signifie nain. Un nanomètre est une
unité de mesure qui équivaut à un milliardième de
mètre (1 nm = 10-9 m = 0,000 000 001 m). Un nanomètre
correspond environ à la taille de 4 atomes de silicium mis côte
à côte, à 1/100 de la largeur d'une molécule d'ADN,
à 1/50 000 de l'épaisseur d'un cheveu humain ou encore
à 1/500 000 de l'épaisseur du trait d'un stylo à
bille.

A de telles dimensions, la matière acquiert des
propriétés inattendues et souvent totalement différentes
de celles des mêmes matériaux à l'échelle micro ou
macroscopique, notamment en terme de résistance
mécanique, de réactivité chimique, de conductivité
électrique ou de fluorescence. Les nanotechnologies conduisent donc
à l'élaboration de matériaux dont les
propriétés fondamentales (chimiques, physiques, thermiques,
optiques, biologiques, mécaniques, magnétiques, etc.) peuvent
être modifiées : il convient de les considérer comme
de nouvelles substances chimiques. Par exemple, l'or est totalement inactif
à l'échelle micrométrique alors qu'il devient un excellent
catalyseur lorsqu'il prend des dimensions nanométriques. Toutes les
grandes familles de matériaux sont concernées : les
métaux, les céramiques, les diélectriques, les oxydes
magnétiques, les polymères, les carbones,
etc.
2-Nano-objets
Les nanomatériaux sont des matériaux
composés ou constitués pour tout ou partie de nano-objets qui
leur confèrent des propriétés améliorées ou
spécifiques de la dimension nanométrique.
Parmi les
nano-objets, il est possible de distinguer trois grandes familles :
les nanoparticules ou particules ultra-fines (PUF) dont
aucune des dimensions n'est supérieure à 100 nm. L'appellation
« nanoparticules » est plutôt réservée
aux particules manufacturées et destinées à des usages
industriels, que ce soit des nanoparticules connues et produites depuis
déjà plusieurs années et dont les tonnages sont
élevés comme le dioxyde de titane ou la silice (ils
représentent 95 % du marché des nanoparticules) ou des
nanoparticules nouvelles comme les fullerènes. Les nanoparticules
peuvent se présenter sous la forme de poudre, de suspension, de solution
ou de gel. L'appellation « particules ultra-fines » se
réfère davantage aux particules présentes depuis toujours
dans l'environnement, comme les fumées de volcan, et anciennes dans le
monde du travail, comme les émissions secondaires liées à
certains procédés industriels (sous-produits de
procédés mécaniques, thermiques : fumées de
soudage, émissions diesel, etc.).
les
nanofibres, les nanotubes, les nanofilaments et les
nanobâtonnets dont une des dimensions est supérieure
à 100 nm. Ces termes sont généralement, employés
pour désigner des nano-objets longilignes dont les dimensions vont de 1
à quelques dizaines de nanomètres pour la section et de 500
à 10 000 nanomètres pour la longueur.
les nanofilms,
les nanocouches et les nanorevêtements dont deux des dimensions
sont supérieures à 100 nm.
3-Nanomatériaux
Les nano-objets peuvent être utilisés soit en tant
que tels, soit en vue d'élaborer de nouveaux matériaux
nommés nanomatériaux et habituellement regroupés en trois
catégories :
les matériaux nanochargés ou
nanorenforcés. Ces matériaux sont élaborés
par incorporation de nano-objets dans une matrice organique ou minérale
afin d'apporter une nouvelle fonctionnalité ou de modifier des
propriétés mécaniques, optiques, magnétiques ou
thermiques. Les nanocomposites en sont un exemple. Divers nano-objets sont
déjà utilisés dans de nombreuses applications
industrielles comme par exemple :
les fumées de silice dans le béton, pour améliorer
sa fluidité et ses propriétés mécaniques,
l'alumine
destinée au polissage des disques durs en microélectronique,
le noir de
carbone utilisé dans les encres d'imprimante et les pneumatiques,
les pigments
colorés organiques et minéraux incorporés dans les
peintures et les vernis,
le dioxyde de
titane utilisé comme protection au
rayonnement ultraviolet dans les crèmes solaires. les
matériaux nanostructurés en surface. Ces
matériaux sont recouverts soit d'une ou plusieurs nanocouches, soit de
nanoparticules qui forment un revêtement bien défini, permettant
de doter la surface de propriétés (résistance à
l'érosion, résistance à l'abrasion, hydrophilie, etc.) ou
de fonctionnalités nouvelles (adhérence, dureté, aspect,
etc.). De tels revêtements existent déjà, par exemple pour
colorer des emballages en verre, apporter une fonction autonettoyante ou
renforcer la surface de polymères.
les
matériaux nanostructurés en volume. Ces matériaux
possèdent une structure intrinsèque
nanométrique (microstructure, porosité, réseau
nanocristallin, etc.) qui leur confère des propriétés
physiques particulières. Les nano-objets sont, dans ce cas, les
éléments constitutifs du matériau massif.
Quelques exemples de nano-objets et de
nanomatériaux
Nanocristaux fluorescents
Le séléniure de cadmium (CdSe) est un
matériau fluorescent. Lorsqu'il est préparé sous la
forme de grains nanométriques (nanocristaux), des effets quantiques
apparaissent en raison des faibles dimensions des grains. Eclairés en
ultraviolets, les nanocristaux émettent une lumière dont la
couleur change en fonction de leur dimension (cette couleur est, par exemple,
respectivement bleue et rouge pour des tailles de grains de 2 nm et 5 nm).
Ces matériaux peuvent être utilisés pour le marquage
moléculaire c'est-à-dire pour jouer le rôle de sonde
fluorescente et suivre à la trace les réactions chimiques ou les
processus biologiques dans les cellules vivantes. D'autres nanocristaux
fluorescents ont été élaborés.  Nanocristaux
semi-conducteurs (également nommés quantum dots) de type
séléniure de cadmium
Nanotubes de
carbone
Découverts il y a une quinzaine d'années, les
nanotubes de carbone constituent, avec d'autres molécules nommées
fullerènes, la troisième forme cristalline du carbone (les 2
premières étant le graphite et le diamant). La structure d'un
nanotube de carbone peut être représentée par un ou
plusieurs feuillets de graphite (atomes de carbone disposés en
réseau hexagonal plan à l'image d'un nid d'abeilles)
enroulés sur eux-même, ou les uns autour des autres, et qui
peuvent être fermés à leurs extrémités par
une demi-sphère. Le diamètre interne d'un nanotube de carbone est
de l'ordre de quelques nanomètres et sa longueur peut atteindre
plusieurs micromètres (ils peuvent être considérés
comme des fibres).
 Les nanotubes de carbone se divisent en 2 catégories : les
nanotubes monofeuillet (SWNT : Single Wall Carbon Nanotubes) et les
nanotubes multifeuillets (MWNT : Multi Wall Carbon Nanotubes).
De par leur structure très simple et très
stable, les nanotubes de carbone possèdent des propriétés
physiques, mécaniques et électriques remarquables (excellentes
conductivités thermique et électrique, résistance
mécanique élevée : un nanotube de carbone est 100
fois plus résistant et 6 fois plus léger que l'acier) qui
induisent des applications nombreuses et prometteuses. Les nanotubes de carbone
peuvent ainsi être utilisés pour élaborer des
matériaux composites haute performance, des polymères conducteurs
ou encore des textiles techniques. Ils sont déjà employés
dans les domaines des équipements sportifs (vélos, raquettes de
tennis, etc.), de l'aéronautique, de l'automobile, de la défense,
de la médecine, etc. La poudre de nanotubes en vrac présente
également des applications potentielles multiples comme le stockage de
l'hydrogène et la fabrication de batteries pour les voitures
électriques.
Revêtements nanomodifiés
Inspirés du monde végétal, des
revêtements nanomodifiés sont actuellement en cours de
développement. La surface de la feuille de lotus est recouverte par des
nanocristaux de cire qui forment un réseau de minuscules piliers
semblable à une planche cloutée. Les gouttes d'eau ne peuvent pas
mouiller la surface et demeurent sphériques sans s'étaler car
elles sont soutenues par ces piliers. De même, les grains de
poussière n'adhèrent pas et sont emportés à la
première pluie. Fabriquer par biomimétisme de telles surfaces
artificielles à l'aide de nanomatériaux est un enjeu industriel
considérable tant les applications sont nombreuses : vitres
anti-salissures, peintures faciles à lessiver, revêtements
antibactériens, etc.
 Goutte d'eau millimétrique sur un substrat texturé
hydrophobe : la goutte garde la forme d'une perle. La texture est un
réseau de plots régulièrement organisés, ce qui
confère au matériau ses couleurs.
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Méthodes de synthése pour les
nanomatériaux
Les nano-objets et les nanomatériaux manufacturés
et destinés à des usages industriels peuvent être
synthétisés selon deux approches différentes. On
différencie la méthode dite « ascendante »
(en anglais bottom-up) de la méthode dite
« descendante » (top-down).
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L'approche « ascendante »
vient des laboratoires de recherche et des nanosciences. Elle
consiste à construire les nano-objets et les nanomatériaux atome
par atome, molécule par molécule ou agrégat par
agrégat. L'assemblage ou le positionnement des atomes, des
molécules ou des agrégats s'effectue de façon
précise, contrôlée et exponentielle, permettant ainsi
l'élaboration de matériaux fonctionnels dont la structure est
complètement maîtrisée.
L'approche « descendante »
est issue de la microélectronique. Elle consiste à réduire
et plus précisément à miniaturiser les systèmes
actuels en optimisant les technologies industrielles existantes. Les
dispositifs ou les structures sont ainsi graduellement sous-dimensionnés
ou fractionnés jusqu'à atteindre des dimensions
nanométriques.
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Les deux approches tendent à converger en terme de
gamme de tailles des objets. L'approche « bottom-up »
semble néanmoins plus riche en termes de type de matière, de
diversité d'architecture et de contrôle de l'état
nanométrique alors que l'approche « top-down »
permet d'obtenir des quantités de matière plus importantes mais
le contrôle de l'état nanométrique s'avère plus
délicat.
1-Méthodes physiques
a)Evaporation / condensation
Cette méthode consiste à évaporer un
métal par chauffage puis à condenser la vapeur métallique
afin d'obtenir des nanopoudres formées de particules
nanométriques dispersées. Le type de chauffage dépend de
la tension de vapeur du métal, c'est-à-dire de sa capacité
à s'évaporer, fonction de la force de la liaison chimique mais
également de l'état de surface (oxydation). Le Fe, Ni, Co, Cu,
Pd, Pt, produisent suffisamment de vapeur par chauffage radiatif (1 200°C)
et inductif (2 000°C). 50 à 100 g/h de matière sont produits
en laboratoire.
Les métaux avides d'oxygène (Al, Cr, Ti, Zr) et
réfractaires (très faible tension de vapeur,Mo, Hf, Ta, W)
nécessitent des modes de chauffage plus puissants : chauffage par
bombardement électronique (3 000°C), chauffage par plasma inductif
ou/et couplé avec l'arc électrique (3 000°C à 14
000°C). Si les particules métalliques sont placées dans une
atmosphère réactive, généralement l'oxygène,
après formation, les nanoparticules obtenues sont alors l'oxyde du
métal initial après réaction d'oxydation. La
difficulté de cette technique est le contrôle de la taille
nanométrique. Les nanopoudres seront obtenues par refroidissement
très rapide de la vapeur métallique, assurant la formation d'une
grande population de particules, puis limitant leur croissance et leur
coagulation coalescente.
Ce mode de préparation est employé au niveau de
la production industrielle de nanopoudres métalliques et
céramiques (citées plus haut) après réaction. La
production est de plusieurs dizaines de tonnes par an. Les nanopoudres
formées sont des systèmes pulvérulents dont le pouvoir
polluant est très élevé (formation d'aérosols) si
les chaînes de production et de manutention sont ouvertes à
l'atmosphère. Ces nanopoudres sont également fortement
pyrophoriques à l'air (explosion et incendie).
b)Pyrolyse LASER
La pyrolyse laser est une méthode souple et efficace de
synthèse de poudres nanométriques.
Elle repose sur l'interaction en jets croisés entre
l'émission d'un laser CO2 et un flux de réactifs. Le transfert
d'énergie résonnant provoque une élévation rapide
de température dans la zone de réaction par excitation des
niveaux vibrationnels des molécules, les précurseurs sont
dissociés et une flamme apparaît dans laquelle se forment les
nanoparticules qui subissent ensuite un effet de trempe en sortie de flamme.
Les poudres sont entraînées par un flux gazeux dans une zone
où elles seront collectées. Dans la plupart des cas, cette
collecte s'effectue sur poudre sèche.

Schéma de principe d'un réacteur de pyrolyse
laser
Cette méthode permet de synthétiser
aisément des particules de 15 à 20 nm à un débit de
100 g/h en laboratoire. Parmi les avantages de cette méthode, on peut
citer la réaction en flux, une grande pureté chimique des
produits, essentiellement limitée par la pureté des
réactifs, une bonne homogénéité physique et
chimique, une vitesse de trempe rapide et une bonne souplesse d'utilisation.
Selon les mélanges de précurseurs introduits dans le
réacteur, une grande variété de poudres a
été synthétisée (Si, SiC, SiCN, SiCNAlY, SiCO,
Si3N4, TiC, TiO2, fullerènes, suies carbonées, etc.).
c)Irradiation ionique / électronique
En utilisant les irradiations, il est possible de
synthétiser des nanostructures de façon
originale. Parmi ces méthodes, citons celles
basées sur :
- les caractéristiques particulières du
dépôt d'énergie par des ions lourds rapides
d'accélérateurs, tels que le Grand
Accélérateur National d'Ions lourds (GANIL), qui
induisent des modifications très localisées du
matériau (typiquement dans un rayon
d'une dizaine de nanomètres autour de la trajectoire de
l'ion). Une des principales
applications de cette technique concerne la réalisation
de membranes polymères
nanoporeuses. Pour aller vers la synthèse « en
matrice » de nanofils de types divers, on
peut faire croître le matériau dans les pores
d'une telle membrane (les membranes
polymères citées ci dessus sont une
possibilité parmi d'autres). La géométrie du pore
impose alors les dimensions du nanomatériau ;
- le contrôle par irradiation de la mobilité
ionique qui permet d'obtenir des agrégats
métalliques insérés dans des matrices
vitreuses, avec des distributions de taille
beaucoup plus étroites que ne le permettent des
méthodes thermodynamiques
classiques. Par ailleurs, la forme de ces nanoagrégats
peut être modifiée par irradiation
aux ions lourds rapides.
2-Méthodes chimiques
a)Techniques sol-gel
Les techniques sol-gel permettent de produire des
nanomatériaux à partir de solutions
d'alkoxydes ou de solutions colloïdales. Les
matériaux sont élaborés sous forme de
monolithes, de nanopigments cristallisés ou de couches
minces. Ce sont des techniques
fondées sur des réactions de
polymérisation inorganiques. On distingue trois types de
procédés : sol-gel à base de silice,
alkoxyde de métal et de type Pechini.
Le procédé sol-gel consiste tout d'abord en
l'élaboration d'une suspension stable (sol) à partir de
précurseurs chimiques en solution. Suite à des interactions entre
les espèces en suspension et le solvant, ces « sols » vont se
transformer en un réseau solide tridimensionnel expansé au
travers du milieu liquide. Le système est alors dans l'état de
« gel ». Ces gels sont ensuite transformés en matière
sèche amorphe par évacuation des solvants dans leurs domaines
gazeux ou supercritique (aérogel) ou par simple évaporation sous
pression atmosphérique (xérogel).

Les techniques sol-gel permettent de contrôler la taille
et l'homogénéité de la distribution des particules. Elles
permettent la production de pièces massives, de dépôts de
couches minces sur plaques, fibres ou de composites fibreux. Toutefois, ces
techniques présentent certains inconvénients tels que le
coût élevé des précurseurs de base, un faible
rendement, des produits de faible densité (pour les matériaux
à hautes densité, une étape de recuit à haute
température est nécessaire) et des résidus de carbones et
autres composés, certains pouvant être dangereux pour la
santé (pour les matériaux ultra purs, une étape de
purification complexe est nécessaire).
b)Fluide supercritique avec réaction chimique
L'un des intérêts majeurs de réaliser une
transformation chimique en milieu fluide
supercritique est de pouvoir ajuster continûment les
propriétés physico-chimiques du milieu réactionnel sur une
grande échelle par ajustement des paramètres pression et
température sur de petites échelles. La maîtrise des
propriétés physico-chimiques du milieu permet alors de
contrôler la réaction chimique et ainsi l'élaboration du
matériau (contrôle de la taille et de la morphologie des
nanostructures).
Le procédé permet la synthèse de
matériaux inorganiques finement divisés : métal, oxyde et
nitrure

Schéma de principe des potentialités des milieux
fluides supercritiques pour l'élaboration de
matériaux finement divisés
3)Méthodes mécaniques
a)Mécanosynthèse et activation
mécanique de procédés de la métallurgie des
poudres
La mécanosynthèse consiste à broyer des
poudres micrométriques (1 à 50 ìm) de plusieurs alliages
pour les mélanger. Les poudres sont introduites dans un container
scellé, accompagnées de billes en acier ou en tungstène.
L'ensemble agité fortement, va permettre une déformation
plastique accompagnée d'une usure mécanique de haute
énergie. La matière est alors raffinée en continu
jusqu'à l'obtention d'une taille nanométrique. La
température nécessaire en mécanosynthèse est basse,
ce qui permet un grossissement lent des particules formées.

Mécanisme conduisant à la formation d'une
nanostructure lors de la mécanosynthèse
b)Consolidation et densification
Les techniques de consolidation permettent d'obtenir des
pièces massives à partir de
matériaux pulvérulents (poudres
métalliques, céramiques, semiconducteurs et organiques).
Actuellement, les procédés
développés en laboratoire et se situant dans une phase de
transfert à l'échelle industrielle sont les
procédés de frittage mettant en oeuvre les micro-ondes ou le
frittage flash sous courant pulsé (milliseconde) de fortes
intensités (10.000 à 60.000 A).
Les pièces massives les plus importantes peuvent
présenter des diamètres de 80 cm pour une épaisseur de
quelques centimètres.

Schéma d'un dispositif de frittage flash.
Domaines d'application
Les nanomatériaux pourront être largement
utilisés à court, moyen et long terme dans de nombreux secteurs
et faire partie de notre quotidien. Certains sont d'ores et déjà
en
phase de production industrielle.
Environnement
En matière d'environnement, l'utilisation des
nanomatériaux est envisagée pour la réduction des
émissions de polluants, le traitement des effluents notamment par
photocatalyse et la purification des gaz, la production d'eau ultrapure
à partir d'eau de mer, une meilleure utilisation,
récupération et un meilleur recyclage des ressources existantes,
des analyseurs chimiques spécifiques et multi-substances en temps
réel, etc. Les nanomatériaux pourront être
développés notamment sous la forme de membranes organiques
nano-fonctionnelles, de catalyseurs, de filtres, de céramiques
nanoporeuses et d'aérogels.
Energie
Les enjeux en matière d'énergie portent
plutôt sur l'amélioration des performances des
systèmes énergétiques, le
développement d'énergies propres et les économies
d'énergie. Des recherches portent sur le développement de
matériaux pour le stockage de l'hydrogène (notamment les
nanotubes de carbone), une utilisation en tant que barrière thermique
nanostructurée (comme les aérogels), une nouvelle
génération de cellules photovoltaïques, un éclairage
plus économique, des accumulateurs électriques et des cellules de
combustion compactes avec de larges surfaces internes, des lasers à
puits quantique, des fenêtres intelligentes, des matériaux
isolants plus efficaces, etc. Les nanoparticules sont utilisées en tant
que supports de catalyse dans l'industrie automobile, membranes
céramiques, piles à combustibles, photocatalyse, propulseurs et
explosifs, revêtements anti-rayures, céramiques structurales et
revêtement par vaporisation thermique.
Textile
L'objectif de l'industrie textile est d'améliorer la
qualité et les fonctionnalités des textiles en développant
des propriétés mécaniques intéressantes ou bien
encore en intégrant des objets communicants. En particulier, des
nanocomposites fibres-polymères sont en développement, du fait de
leur résistance élevée, de leur transparence, de
propriétés ignifuges et d'un très faible poids.
Chimie et matériaux
Les enjeux de l'industrie chimique portent essentiellement sur
le développement de
nanocomposites à matrice polymère,
l'élargissement des domaines d'application des
polymères et l'amélioration de certaines
propriétés (allègement et renforcement des structures,
amélioration des propriétés optiques, augmentation de la
durabilité, mais également résistance au feu, aux
températures élevées et aux chocs thermiques). Il s'agit
notamment d'obtenir des céramiques, pigments, poudres et catalyseurs
multifonctionnels et plus efficaces, des technologies de collage sans colle, de
nouvelles technologies de soudage, des couches fonctionnelles
(anti-adhésif, ntistatique, etc.), des peintures, vitres et
vêtements photo-actifs et autonettoyants, etc.
Cosmétiques
L'industrie cosmétique cherche à
améliorer les propriétés des produits cosmétiques
telles que la tenue, la transparence, la brillance et les
propriétés optiques. A cet effet, des études portent
notamment sur l'utilisation de nanoparticules en nano-dispersions et en
microémulsions.
Plusieurs types d'applications sont développés
par l'industrie cosmétique, notamment :
- filtration des rayonnements ultraviolets ;
- tenue des crèmes solaires à l'eau ;
- adaptation à l'environnement par effet photochromique
;
- nouveaux effets visuels ;
- anti-vieillissement de la peau.
Santé
Il s'agit du marché des particules inorganiques
utilisées pour produire des agents
antimicrobiens, des marqueurs biologiques pour la recherche et
le diagnostic, des procédés de séparation
biomagnétiques, des vecteurs d'administration de médicaments,
des milieux de contraste pour l'imagerie par résonance
magnétique, des dispositifs orthopédiques et des écrans de
protection solaire. Les nanomatériaux peuvent notamment permettre
d'améliorer les médicaments actuels, de délivrer des
médicaments sur-mesure uniquement à des organes précis,
d'obtenir des surfaces
biocompatibles pour implants et des vaccins oraux à
partir de nanoparticules, de produire des nanoparticules magnétiques
à partir de supports biologiques ainsi que des matériaux
biocompatibles.
En ce qui concerne les soins de santé, les
nanomatériaux permettront de réaliser des moyens de diagnostic
miniaturisés implantés afin d'obtenir des diagnostics
précoces, en chirurgie d'améliorer l'ingénierie tissulaire
et des implants avec des revêtements améliorant la
biocompatibilité et la bioactivité, l'analyse d'ADN, la
construction d'appareils d'ultraprécision, des systèmes d'analyse
et de positionnement, de meilleurs systèmes optiques, des biopuces
à haute densité, la biodétection de pathogènes, la
détection de protéines, etc.
Automobile
On cherche à utiliser les nanomatériaux dans
l'industrie automobile en vue de réduire le poids des véhicules,
d'augmenter la résistance des pièces automobiles, notamment aux
rayures, d'augmenter la tenue à la température de certaines
pièces, de diminuer la consommation d'énergie, de limiter les
émissions de gaz à effet de serre et d'augmenter la
sécurité et le confort des passagers. Les recherches portent
notamment sur les nanocomposites à matrice polymère permettant
d'augmenter la résistance des matériaux tout en diminuant le
poids des pièces. Les nanomatériaux pourraient aussi contribuer
à augmenter le rendement de la combustion des carburants et à
accroître le rendement thermique des moteurs. Des couches de
polymères d'épaisseur nanométrique pourraient modifier les
propriétés thermiques des vitrages et créer un habitacle
athermique (ce qui existe déjà pour les pare-brises). D'autre
part, du fait de l'importante surface d'échange des nanoparticules, une
application intéressante serait leur utilisation dans les pots
catalytiques pour le traitement des gaz de combustion. Des peintures
extérieures avec effets de couleurs, résistant aux
égratignures, élastiques et sur lesquelles les salissures n'ont
pas prise sont aussi envisagées.
Aéronautique et spatial
Les nanomatériaux font aussi l'objet de nombreuses
recherches dans le secteur aéronautique et spatial afin, notamment,
d'améliorer la performance et de diminuer le poids des matériaux,
d'augmenter la durée de vie, de diminuer la consommation et
d'améliorer la performance des moteurs. Pour atteindre ces objectifs,
des recherches sont menées notamment pour améliorer les
procédés de dépôt de surface sur pièces
mécaniques et réaliser des revêtements permettant une
protection mécanique, contre la corrosion, contre les agressions
chimiques et constituant une barrière thermique.
Electronique et communications
Dans l'industrie de l'électronique et des
communications, les nanomatériaux permettent de nombreuses applications
telles que : des mémoires à haute densité et des
processeurs miniaturisés, de nouvelles cellules solaires, batteries et
cellules à combustion, des composantes digitales logiques, des
écrans plats à éclairement brillant, un couplage
silice/substances organiques. Ils permettent des vitesses de traitement plus
rapides et une plus grande capacité d'enregistrement.
Verre et articles en verre
L'industrie du verre souhaite développer des vitrages
en verre renforcé en utilisant des
composites à matrice verre visant à
protéger la surface des verres grâce à des
revêtements comportant notamment une fonction anti-pluie, une fonction
auto-nettoyante et des propriétés optiques particulières
(fonction réfléchissante, coloration, anti-reflet, absorption des
UV).
Céramiques et matériaux de
construction
L'industrie des produits céramiques cherche à
renforcer les céramiques en introduisant des nanopoudres comme les
nanoparticules de nitrure de silicium qui permettent de renforcer l'alumine.
L'industrie du bâtiment développe des capteurs miniaturisés
qui seront intégrés dans l'habitat afin d'améliorer le
confort et la sécurité. Des recherches sont en cours pour
réaliser des revêtements plus résistants ou
présentant des propriétés anti-salissures ou
antidérapantes.
D'autre part, dans le domaine du génie civil et des grands
ouvrages, l'amélioration de la sûreté passe par le
renforcement des matériaux de construction.
Nanotubes de carbone
Observés pour la première fois en 1991, les
nanotubes se présentent comme des tubes creux concentriques
séparés de 0,34 nanomètre (parfois il n'y a qu'un seul
tube), avec un diamètre interne de l'ordre du nanomètre et une
longueur de l'ordre de quelques micromètres. Ces structures
allongées sont éventuellement fermées à leurs
extrémités par des pentagones de carbone caractéristiques
des fullerènes.
Un tel filament présente une résistance 100 fois
supérieure à l'acier, pour un poids divisé par six, et
cela avec une résistance peu commune aux hautes températures.
Leur diamètre est de l'ordre du millionième de millimètre.
Cette valeur est réellement difficile à appréhender pour
l'esprit humain, mais pour la comprendre, il suffit de se dire qu'un nanotube
de carbone d'une longueur équivalent à la distance Terre-Lune,
enroulé sur lui-même, occuperait le volume qu'un pépin
d'orange.
Leurs propriétés électriques,
mécaniques et thermiques laissent entrevoir de nombreuses applications,
notamment dans les domaines de la microélectronique, des
matériaux (car ils sont potentiellement cent fois plus résistants
et six fois plus légers que l'acier), pour le stockage de
l'hydrogène.
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Structure d'un nanotube
Conclusion
Ainsi, nous avons vu que les nanotechnologies sont un domaine
très prometteur. De nombreuses applications sont possibles dans de
vastes domaines. Celui de la médecine profite largement des
bénéfices apportés par les nanoparticules. En effet, qu'il
s'agisse du nanotube de carbone ou encore d'une nanoparticule à coeur
magnétique les nano-objets ouvrent une nouvelle branche de la
recherche : il devient possible de traiter le cancer, d'injecter des
particules de taille nanométriques et d'en contrôler la
quantité, de localiser certains types de cellules, etc.
Grace à elles, on peut démultiplier les
possibilités actuelles : il est possible de faire mieux avec moins,
et d'avoir une dispersion rapide sur un élément ciblé.
Mais les nanotechnologies ne doivent pas être utilisées à
outrance. Il faut savoir réguler leur emploi pour éviter une
éventuelle catastrophe sanitaire. Enfin, le développement durable
à besoin des nanotechnologies pour progressivement amener une nouvelle
visée de la science, celle d'informer et d'aider au développement
mondial.
En clair, les nanotechnologies sont une véritable
avancée technique qui a tout pour conduire la société vers
une nouvelle révolution dans le domaine médical comme nous
l'avons vu, mais aussi dans de nombreux autres. Seules les incertitudes peuvent
être un frein à cette lancée scientifique, et il est de
notre ressort de décider comment s'agencera la « course aux
nanos ».
Bibliographie
http://www.advancedmaterialsassoc.com/nanomaterials_applications.html
http://www.azonano.com/details.asp?ArticleID=1710#_Processing_and_Synthesis_of%20Nanomat
http://www.futura-sciences.com/fr/doc/t/technologie/d/nanotechnologie-les-incroyables-applications_894/c3/221/p1/#xtor=EPR-23-[HEBDO]-20100322-[DOSS-nanotechnologie_:_les_incroyables_applications]
http://fr.wikipedia.org/wiki/Nanomat%C3%A9riau
http://193.54.82.56/3_1_nanophysique.htm
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