ou
REMERCIEMENT
Je tiens à exprimer mes remerciements à
l'ensemble des personnes de prés ou de loin qui m'ont soutenu et permis
de réaliser ce travail.
Pour commencer, je souhaiterai remercier mon encadreur M.
Ahmed TAQI qui m'a aiguillé tout au long de ce travail par son
expérience et ses connaissances.
J'exprime ma gratitude à tous les enseignants qui
nous ont permis d'accroître notre niveau de connaissances et notre
capacité d'analyse.
Je tiens aussi à remercier ma chère famille,
surtout mes parent qu'ils m'ont toujours encouragé moralement
et matériellement.
Enfin, j'adresse mes plus sincères remerciements
à tous mes proches et amis, qui m'ont toujours soutenue et
encouragée au cours de la réalisation de ce
mémoire.
DÉDICACE
Je dédie ce travail à mes très chers
parents qui ont toujours été là pour moi, et qui m'ont
donné un magnifique modèle de labeur et de
persévérance. J'espère qu'ils trouveront dans ce travail
toute ma reconnaissance et tout mon amour.
SOMMAIRE
· Introduction Générale
.......................................................... P 04
· Chapitre 1 : Les fondements de la
finance islamique....................... P 06
Section 1: La loi
islamique....................................................... P 06
Section 2 : Les principales d'Économie
Islamique............................ P 08
Section 3 : Les principales de la Finance
Islamique........................... P 13
· Chapitre 2 : Le fonctionnement du
système financier islamique ........ P 18
Section 1: Financement participatif vs financement par
dette............... P 18
Section 2: Le système
bancaire................................................... P 28
Section 2: Les marchés financiers
.............................................. P 37
· Chapitre 3 : Le développement
du système financier islamique ......... P 41
Section 1: Histoire et évolution du système
financier islamique............ P 41
Section 2: État actuel du système financière
islamique....................... P 49
Section3 : Problème rencontrés par le
système financière musulman...... P 54
· Chapitre 4 : Les produits
islamiques au Maroc.............................. P 62
Section 1: L'introduction des nouveaux produits islamique au
Maroc..... P 62
Section 2: Le contenu des produits
islamique................................. P 66
Section 3: Analyse et appréciation sur les produits
islamiques au Maroc.. P 69
· Conclusion
Générale..............................................................................
P 73
INTRODUCTION GÉNÉRALE
L'Islam est l'un des cultes monothéistes dont les
chiffres sont en continuelle croissance depuis presque un demi-siècle,
avec une communauté représentant plus d'un cinquième de la
population mondiale. En effet, ces cinquante dernières années,
qui marquent le début du quinzième siècle de l'ère
Hégirien2, témoignent d'une véritable
volonté de retour vers les valeurs islamiques fondamentales
dans plusieurs parties du monde musulman.
Cependant, malgré l'étendue de l'Islam à
travers le monde, la grande majorité des sociétés
non-islamiques ignorent à peu près tout de cette croyance qui
fait pourtant tant parler d'elle. Au mieux, leurs connaissances sont
limitées aux grands concepts, au pire, elles contribuent, par leur
ignorance, aux préjugés dont elle est victime. Dans un tel climat
d'hostilité largement alimenté par la pression médiatique,
il n'est par conséquent pas étonnant que l'émergence d'un
nouveau système financier dans le monde musulman soit restée
totalement méconnue du public occidental.
Pourtant, l'évolution de ce système est assez
surprenante: en trente années d'existence, il est passé d'un
système basé localement en Egypte et dans quelques régions
du Golfe à une industrie multinationale détenant à son
actif un chiffre bilantaire de plus de 100 milliards de USD. Surprenant
également, lorsqu'on pense que l'essence même de son existence
trouve son origine dans des principes religieux qui ont été
établis il y a plus de 1400 ans. La majorité des principes sur
lesquels repose le système est basé sur la simple moralité
et le sens commun, principes qui forment la base de toutes les religions, y
compris l'Islam. De la même manière, lorsque religion et
économie sont liées, la question de l'éthique est
inéluctablement abordée.
Pour élaborer ce travail, nous nous sommes basés
en premier lieu sur les théories liées à la finance
islamique ainsi que sur différents ouvrages liés au sujet
(monographies, revues spécialisées, articles académiques,
etc.).
Cette première étape concède
l'établissement d'un cadre académique défini nous
permettant ainsi d'asseoir la problématique de ce travail et en second
lieu étayer par une approche empirique.
Durant l'intégralité de ce travail, nous avons
tâché d'utiliser une approche comparative mettant en relief les
différentes facettes de la finance islamique par rapport à la
finance conventionnelle.
Dans le premier chapitre de ce mémoire, nous avons
tenté de comprendre théoriquement les fondements du
système financier islamique.
Dans le deuxième chapitre nous avons essayé
d'analyser le fonctionnement du système financier islamique.
Dans le troisième chapitre, nous avons exposé le
développement du système financier islamique à savoir son
histoire et son évolution ainsi que son état actuel et le
problème rencontrés par le système financière
musulman
Dans le quatrième chapitre, nous avons abordé
l'étude des nouveaux produits islamiques au Maroc, présente un
double intérêt, d'une part un intérêt
théorique, qui va nous permettre de cerner le contenu de ces nouveaux
produits, et d'autre part un intérêt pratique, qui réside
dans la bonne commercialisation de ces produits.
CHAPITRE 1 : LES FONDEMENTS DE LA FINANCE
ISLAMIQUE
Si la finance dite « conventionnelle » se propose de
mettre en relation les agents économiques dégageant une
capacité de financement et ceux qui, à l'inverse,
présentent un besoin de financement dans l'optique d'une allocation
efficiente des ressources financières ; la finance islamique, quant
à elle, admet une définition toute autre de l'efficience,
incluant notamment des critères moraux inhérents à
l'éthique musulmane.
En outre, la finance ne saurait être
considérée comme une discipline indépendante. La
présenter comme une partie intégrante d'une discipline plus vaste
- les sciences économiques - paraît en effet plus juste. Aborder
quelques éléments de compréhension quant à certains
axiomes économiques fondateurs de la Finance Islamique semble, de fait,
incontournable.
A l'instar de l'économie libérale,
essentiellement positiviste et donc totalement neutre vis-à-vis de toute
position éthique ou morale, l'économie islamique, basée
sur un système de normes et de valeurs, se veut normative.
1. la loi islamique ou
« Sharia »
1.1. Les sources de la
« Sharia »
En économie comme dans tout autre domaine de la vie du
musulman, la sharia fait figure de référence juridique
et indique ainsi la ligne de conduite. Les quatre principales sources de la
sharia sont, par ordre d'importance1(*), les suivantes :
· Le Saint Coran (paroles de Dieu) : Il
constitue la première source en termes de loi. Tout
élément tiré d'autres sources juridiques (ci-dessous)
doit impérativement être en totale conformité avec le
Coran.
· La Sounna du Prophète Mohammed
(SAWS) : Ce terme englobe l'ensemble des enseignements transmis par le
Prophète (SAWS) via ses paroles, ses actes, et son approbation
tacite.
· L'Ijmaa : Dans sa
dimension technique, ijmaa signifie le consensus des juristes
musulmans sur un point de droit. En pratique, l'ijmaa fait office de
preuve si aucun élément du Coran ou de la Sounnah
ne permet de trancher sur un cas.
· Le Qiyass : Le Qiyass, ou «
Analogie Authentifiée », consiste à affecter, sur la base
d'une caractéristique sous-jacente commune, la règle juridique
d'un cas existant trouvée dans les textes du Coran, de la Sounnah et/ou
de l'Ijmaa à un nouveau cas dont la règle juridique n'a pas pu
être clairement identifiée.
1.2. Objectifs de la Chari'a et leur impact sur
l'économie islmaique
Ces objectifs sont simples à comprendre et sont
basés sur quelques axiomes fondamentaux, qui sont tous liés les
uns aux autres. Le premier, et de loin le plus important, est le Tawhid ou
principe d'Unicité de Dieu. Cette notion fondamentale en Islam implique
que c'est Dieu qui créé l'homme, qui lui a insufflé sur
esprit et la doté de ses pouvoirs physiques, sensoriels et
intellectuels. C'est lui a créé l'Univers, l'a empli de
phénomènes, de créatures et de choses, et a pourvu ceux-ci
de lois qui régissent leur existence. Il leur a donné la
puissance et l'énergie et les a tous soumis à l'homme, son
khalifa ou vice-régent sur terre
Nous n'avons pas créé le ciel et la terre et ce
qui existe entre eux en vatin. C'est ce que pensent ceux-qui ont mécru.
Malheur à ceux qui ont mécru pour le feu ( qui les attend)
2(*)
On aboutit alors au deuxième axiome, celui du
rôle essentiel que joue l'être humain sur terre. En tant que
gérant en son nom, Dieu (SWT) a ordonné à celui-ci
d'étudier les phénomènes, de découvrir et de
propager les lois, pour qu'il puisse remplir sa mission sur terre et
améliorer sa vie dans ce monde, de façon à la rendre
compatible avec son statut d'être humain, dans tout ce qu'elle comporte
comme relation, avec lio-même, avec Dieu, avec le monde et avec les
autres.
Le terme khalifa utilisé dans ce contexte ne concerne
donc pas un individu en particulier, mais bien l'humanité toute
entière. Par conséquent, de cette notion de gérance
découle celle d'unité fondamentale et de fraternité de
l'humanité, accompagnée du concept tout aussi important de
`adala, ( c'est-à-dire de jusitice ). L'instauration de la justice et
son respect consituent les objectifs premiers de la loi et Dieu les a
placés au même degré que la pièté.
2. Principes d'Economie Islamique
2.1. Présentation général :
L'économie islamique peut être définie
comme cette branche de connaissances qui contribue à la
réalisation du bien être humain en permettant une affectation et
une répartition de ressources limitées, conformes aux
enseignements islamiques sans trop limiter la liberté individuelle ou
créer des déséquilibres macroéconomiques et
écologiques continus. On peut définir l'Economie islamique aussi
comme est une partie de la Doctrine islamique qui englobe tous les secteurs de
la vie. Elle ne s'attribue pas un caractère scientifique, comme le fait
le marxisme, mais elle n'est pas, non plus, dépourvue d'un fondement
doctrinal ni d'une vision englobant les principes de la vie et de l'univers,
comme c'est le cas du capitalisme
Elle est fondée sur un paradigme dont l'objectif
premier est la justice socio- économique (Coran 57 :25). Cet
objectif prend racine dans la croyance selon laquelle les êtres humains
sont les lieutenants du Dieu Unique, créateur de l'univers et
de tout ce qu'il comporte. Toutes les ressources à leur disposition
leur ont été « confiées » par Dieu en vue de
leur utilisation juste, pour le bien être de tous. Ils sont ainsi
responsables devant Lui dans l'au- delà et seront
récompensés (ou punis) pour la manière dont ils
acquièrent et utilisent ces ressources.
A l'instar de la doctrine du marché, le bien-être
humain ne dépend pas essentiellement, en Economie Islamique, de la
maximisation de la richesse et de la consommation. Il exige une satisfaction
équilibrée des besoins tant matériels que spirituels.
Négliger les besoins spirituels ou les besoins matériels
empêcherait la réalisation du vrai bien-être et
aggraverait les symptômes de l'anomie tels que la frustration, le crime,
l'alcoolisme, la toxicomanie, le divorce, les maladies mentales ou le suicide,
qui révèlent tous un manque de satisfaction intérieure
dans la vie des individus.
Selon ce paradigme, plus n'est pas nécessairement mieux
que moins dans toutes les circonstances comme l'affirme l'économie
conventionnelle. En d'autres termes, l'utilité marginale n'est pas
supposée strictement positive. Cela dépend beaucoup de la
manière dont a été acquise la richesse
supplémentaire, de l'utilisateur de cette richesse et de la façon
dont il l'utilise ainsi que de l'impact sociétal et écologique de
cet accroissement. Ainsi, plus peut être mieux que moins à la
condition que l'augmentation peut être réalisée sans
affecter la force morale de la société, sans aggraver l'anomie,
et sans nuire à l'équilibre écologique.
Dans le cadre de ce paradigme, le comportement
idéal n'est pas synonyme d'abnégation ; il signifie
simplement la poursuite de l'intérêt personnel dans le cadre de la
contrainte de l'intérêt social via la soumission des
prétentions aux rares ressources au filtre des valeurs morales
transmises par le prophète Mohammed (SAWS). L'Economie Islamique suppute
en effet que tout comportement individuel orienté vers la
moralité contribue à la réalisation de la justice
socio-économique et du bien-être social, tout comme le paradigme
du système de marché présume que le comportement
intéressé servirait l'intérêt social.
Cependant, alors que l'économie traditionnelle
suppose la prédominance du comportement intéressé
chez tous les individus, l'Islam ne suppose pas la prédominance du
comportement idéal. Il adopte plutôt la position réaliste
selon laquelle certains individus agissent normalement d'une manière
purement idéale ou purement intéressé, tandis que le
comportement de la plupart des gens tend à se situer quelque part entre
ces deux extrêmes. Toutefois, étant donné que le
comportement idéal est plus favorable à la réalisation des
buts normatifs, l'Islam essaie d'amener le comportement individuel aussi
près que possible de l'idéal. Cela, il ne le fait pas par la
coercition et la discipline excessive mais essaie plutôt de créer
un environnement favorable à travers une structure sociale
fondée sur les valeurs morales.
2.2. Les trois piliers de la doctrine
économique islamique
La structure générale de l'Economie islamique se
compose de trois piliers qui en déterminent le contenu doctrinal et la
font se distinguer de toutes les autres doctrines économiques dans leurs
lignes générales. Ces piliers sont :
§ 1- Le principe de la double propriété.
§ 2- Le principe de la liberté économique dans
un cadre limité.
§ 3- Le principe de la justice sociale.
Le principe de la double
propriété:
La Doctrine islamique ne s'accorde ni avec le capitalisme dans
son affirmation que la propriété privée est le principe,
ni avec le socialisme lorsqu'il considère la propriété
socialiste comme principe général. Elle admet en même temps
les différentes formes de la propriété lorsqu'elle adopte
le principe de la double propriété (propriété
à formes diverses) au lieu de celui de la forme unique de la
propriété que font leur le capitalisme et le socialisme.
Le désir de gagner sa vie, de vivre confortablement,
même d'avoir des ornements ou des décorations ou de se
protéger d'un avenir incertain n'est jamais considéré
comme un mal. Le Coran dit plutôt que ses préceptes sont les
moyens de réussir dans ce domaine sans le troquer pour un échec
dans l'au-delà.
Le principe de la liberté économique dans
un cadre limité :
Le second pilier de l'Economie islamique est le fait
d'accorder aux individus une liberté économique, dans les limites
des valeurs morales et éthiques auxquelles croit l'Islam.
Le principe de la justice sociale :
Le troisième pilier de l'Economie islamique est le
principe de la justice sociale, que l'Islam a incarnée en pourvoyant le
système de distribution de la richesse dans la société
islamique, en éléments et garanties assurant à la
distribution la possibilité de réaliser la justice sociale, et
mettant ledit système en harmonie avec les valeurs sur lesquelles il est
fondé.
2.3. Le système agraire
L'agriculture est la plus ancienne occupation de
l'homme : c'est elle qui fournit l'indispensable nourriture,
irremplaçable source de vie. Elle est donc spéciale à la
compagne, car la vie bédouine à précéder la vie
sédentaire des villes. C'est une occupation rurale, que les citadins ne
pratiquent ou ne connaît pas, car la société
bédouine a existée avant la société urbaine et les
métiers des villes n'ont parue qu'après ceux des champs. Dieu est
« le créateur et l'Omniscient »
En regard de la nature de la propriété commune
de la terre, l'organisation agraire musulmane a été construite
autour des concessions appelées Iqta. Un Iqta est un terrain à
attribuer par le chef de communauté à un particulier ou à
une collectivité toute en faisant partie du domaine de l'Etat.
Le système de l'Iqta variait selon le but poursuivi et
suivant que la concession était temporaire ou héréditaire,
ce système a évolué en traduisant trois formes
d'Iqta :
· Iqta Tamlik : c'est la forme originale de l'Iqta.
C'est une concession de terre relevant du domaine public est accordé en
pleine propriété à des conquérants musulmans. Ces
derniers se doivent exploiter cette terre tout en ayant l'obligation de
régler une redevance appelée « achour »
· Iqta Istighlal : cette forme de concession est
apparue durant le règne des abbassides. Il consiste à donner
uniquement un droit de jouissance au bénéficiaire.
· Iqta Wilaya : cette forme de concession est
apparue vers le 11éme siècle. Il a été
justifié pour motif politique. Il s'agit de grandes régions
concédées à des chefs militaires ou à des
gouverneurs en contrepartie de leur soutien militaire et politique
2.4. Le commerce
Par le mot « commerce » (tijâra), on
désigne la recherche du profit par l'augmentation du capital en achetant
bon marché ce qu'on revend très cher. Les denrées peuvent
être aussi bien des esclaves, du grain, des bestiaux, des armes ou des
étoffes. La différence ainsi réalisée est le
« bénéfice »
Effet deux types de commerce existaient à savoir le
commerce interne et le commerce externe
§ Le commerce externe intimement lié au
développement urbain qu'a connu l'empire musulman, était
caractérisé par son poids économique puisque les
importations étaient principalement constituées des
matières premières et des esclaves et les exportations des
produits finis et semi finis.
§ Le commerce interne a joué un rôle moins
important que le commerce externe. Il est resté à l'image
d'économie familiale de subsistance qui dominait : seules quelques
marchandises faisaient l'objet d'échange, relativement important entre
les différentes régions de l'empire. Il s'agit des produits de
luxe et certain produit de base tel que les céréales, le sucre,
le papyrus.
2.5. Les rôles de la Monnaie en Economie
Islamique
Comme nous l'avons vu précédemment,
l'idée centrale qui définit le mieux l'Economie Islamique,
et qui la distingue du paradigme séculier du marché, est la prise
en compte d'une éthique et de valeurs morales basées sur la
religion.
D'un point de vue théorique, il en découle
certaines divergences entre l'Economie Islamique et le système
conventionnel. Parmi les plus remarquables, l'identification des rôles de
la monnaie dans l'économie.
On accorde usuellement à la monnaie, telle qu'elle a
été largement pensée, trois rôles fondamentaux :
· Unité de mesure (ou de
compte) : La monnaie est un étalon avec des valeurs en ce qu'elle sert
à exprimer, et ainsi à comparer, la valeur ou le prix des biens
et des services. Cette fonction est reconnue en Economie Islamique.
· Intermédiaire des
échanges : En s'interposant dans l'échange de
marchandises, la monnaie permet de remédier au problème du troc.
Cette fonction est également reconnue.
· Réserve de valeur : La
monnaie peut être conservée sous la forme d'un pouvoir d'achat.
Cette fonction n'est pas reconnue en Economie Islamique.
Reconnaître à la monnaie la fonction de
réserve de valeurs induit qu'on la considère comme un bien
à part entière, pouvant être conservé et
ayant une utilité intrinsèque. L'Economie Islamique ne
reconnaît pas l'argent comme un bien à part entière et
rejette donc toute idée d'intérêt, assimilé au prix
de l'argent. Ce point est un élément central en Finance
Islamique. La prohibition du Riba (ou intérêt) jette en
effet les bases d'une spécificité du système financier
islamique par rapport au système conventionnel dont
l'édifice repose fondamentalement sur l'intérêt.
2.6. Focus sur l'interdiction du Riba
« Ce qu'on déteste avec le plus de
raison, c'est la pratique du prêt à intérêt, parce
que le gain qu'on en retire provient de la monnaie elle-même et ne
répond plus à la fin qui a présidé sa
création ... cette façon de gagner de l'argent est, de toutes, la
plus contraire à la nature »
Aristote
Il est admis par les jurisconsultes musulmans que le Riba
prohibé en Islam ne se limite pas à l'usure mais qu'il
inclut toute forme d'intérêt, quelques soient les
caractéristiques du prêt en question (à la consommation /
production ; taux élevé / faible ; échéance courte
/ longue ; etc.). La prohibition du Riba découle
essentiellement de l'interdiction par la Sharia de fixer, à
l'avance, un taux positif rémunérant l'écoulement du
temps.
La Sharia proscrit en effet toute prime contractuelle
sur le montant d'un prêt de biens fongibles (dont la monnaie). Elle
interdit également le retrait par le prêteur d'un quelconque
avantage de son prêt, sauf si cet avantage est librement accordé
par l'emprunteur après remboursement du prêt et sans en constituer
une condition tacite ou explicite.
La recherche des raisons de la prohibition de
l'intérêt a donné lieu à certaines
interprétations, dont on peut citer :
· L'intérêt est interdit parce qu'il
constitue une rémunération contractuelle fixée
à l'avance (taux fixe ou benchmarké).
· L'intérêt représente la
rémunération du temps qui ne devrait pas faire l'objet
d'échanges.
· L'intérêt est injuste parce qu'il correspond
à une rémunération garantie du prêteur, alors que
les risques sont totalement assurés par l'emprunteur.
· Sur le plan socio-économique,
l'intérêt contribue à accroître les
inégalités.
3. Principes de Finance Islamique
3.1. Présentation général :
L'Islam ne s'oppose pas mais, au contraire, encourage le vrai
profit comme le revenu d'un effort d'entreprise et d'un capital investi. Seules
les légitimations de l'argent comme un capital et la justification de
l'intérêt comme un avantage pour le simple fait de s'être
abstenu de consommer sont rejetées. La majorité des transactions
(la vente et l'achat) sont permises en Islam, les interdictions n'étant
que des exceptions. C'est ainsi qu'on lit dans le verset 275 dans la
deuxième sourate du Coran :
Ceux qui pratiquent l'intérêt usuraire ne se
tiennent (au Jour du Jugement dernier) que comme se tient celui, que le toucher
de Satan a bouleversé, cela parce qu'ils disent : «le
commerce est tout à fait comme l'intérêt ». Alors
que Dieu a permis le commerce et interdit l'intérêt.
Donc, « Dieu a permis le commerce » est la
règle générale avec la vente usuraire comme une stricte
exception. Le commerce est, en effet, fortement encouragé en Islam,
incitation qu'on retrouve dans le Coran :
... mais qu'il y ait du négoce (légal), entre vous,
par consentement mutuel ... 3(*)
... et dans les récits du Prophète (sbsl) :
« On demanda au Prophète (sbsl) : Quelles
sont les meilleures façon pour un homme de générer du
revenu ? » Il répondit : « Par son
travail, et par toute vente légitime.» »
Cette première introduction est primordiale car elle
permet d'établir le système financier islamique comme un
système basé sur le partage du profit et sur la participation, et
sur le commerce basé sur une entente mutuelle, sur
l'honnêteté et la confiance entre les différents
intervenants, plutôt que sur le seul rejet de l'intérêt.
Ceux qui récitent le Livre accomplissement la Salât
(la prière), et dépensent, en secret et en public, de ce que Nous
leur avons attribué, espèrent ainsi faire un commerce qui ne
périr jamais.4(*)
Dieu (SWT) incite en effet les musulmans tant à pratiquer
leurs rites cultuels qu'à dépenser leurs biens pour leur
subsistance. Ainsi, le commerce d'un homme honnête n'échouera en
définitive jamais, car en plus de profiter des bénéfices,
il aura droit à un revenu éternel auprès de son Seigneur
(SWT)
Le prophète (sbsl) insiste de la même manière
sur l'honnêteté dans les transactions commerciales et sur la
récompense du commerçant intègre qui respecte ses
engagements. « Le commerçants véridique et
honnête se trouve avec le Prophète, les véridiques et les
martyrs 5(*)».
Ainsi, tant le rejet de l'intérêt que la
présence de l'honnêteté, de la confiance, de
l'intégrité et de la sincérité dans la transaction
sont des conditions qui la rendent admissibme d'un point de vue islamique
3.2. Les « Cinq Piliers » de la Finance
Islamique
La Finance islamique repose sur cinq principes fondamentaux,
souvent qualifiés de piliers de l'islam financier. L'existence de
contrats et donc de produits spécifiques a la Finance Islamique ainsi
que la proscription de certaines méthodes classiques découlent
des ces piliers :
· Prohibition du
Riba : d'u point de vue
étymologique, le mot ribâ (nom arabe masculin) vient du verbe
rabâ & arbâ qui signifie augmenter et faire accroître une
chose à partir d'elle-même.
Il est intéressant de
noter avant de donner une définition technique du ribâ que
certains juristes estiment que toutes transactions interdites en islam fait
partie du ribâ[2].
Du point de vue juridique, nous pouvons
définir le ribâ comme étant tout avantage ou surplus qui
sera perçu par l'un des contractants sans aucune contrepartie[3]
acceptable et légitime du point de vue du droit musulman [4], dans le
cadre d'un prêt (ribâ dit al-nasî'a) ou d'une vente à
terme des monnaies (le ribâ dit al-nass'a) ou d'un troc
déséquilibré des produits alimentaires de même
nature (riba dit al-fadl)
· Interdiction du
Gharar : Le terme Gharar
signifie le caractère aléatoire ou flou d'un échange
ou de l'une de ses composantes (nature du bien, prix, description etc.). Le
Gharar peut donc être plus largement défini comme la
vente de biens dont l'existence et les caractéristiques ne sont pas
certaines. On retrouve a plusieurs reprises cette interdiction dans les
sources de la Sharia, et en particulier dans la
Sounnah. On peut citer a titre d'exemple une parole du
prophète Mohammed (pbsl) : « L'Envoyé de
Dieu a interdit de vendre la portée d'une chamelle avant que celle-ci
ne mette bas. » (rapporté par Al Boukhari, Mouslim).
Dans le même ordre d'idées, on notera
également l'interdiction du Qimar (pari) et du mayssir
(spéculation). Leur prohibition découle de la
possibilité pour l'un des contractants de perdre la totalité de
sa« mise ».
· Interdiction du Haram :
L'interdiction du Haram signifie que le musulman ne peut traiter des biens
jugés illicites par la Sharia. En d'autres termes, les sous-jacents de
tout type de contrats doivent également être conformes à la
Sharia. Typiquement, dans le cadre d'une prise de participation sous la forme
d'actions, un certain nombre de secteurs dont les activités sont
considérées comme illicites sont à exclure de l'univers
d'investissement (alcool, pornographie, secteur bancaire « traditionnel
» etc.).
· Principe des « 3P
» : La Finance Islamique est
souvent qualifiée de « participative » en ce qu'elle
encourage le profit et bannit l'intérêt. A partir du
fonctionnement des contrats de participation, elle a mis en place un
système basé sur le Partage des Pertes et des Profits (« 3P
»). Ce système permet d'associer le capital financier au capital
humain. En d'autres termes, un investisseur va confier ses fonds a un
entrepreneur avec qui il partagera les bénéfices selon un
prorata prédéterminé.
· L' « Asset Backing
» : L' « Asset Backing » ou adossement a un
actif tangible, apparaît comme l'un des principes qui font de la Finance
Islamique une finance reconnue pour son potentiel en termes de
stabilité et de maîtrise des risques. En effet, exiger que tout
contrat soit rattaché a une activité « palpable »
rassure notamment quant aux problématiques de déconnexion de la
sphère financière a la sphère réelle.
Le respect de l'ensemble des conditions induites par ces
piliers fondateurs de la Finance Islamique permet d'affirmer qu'un produit
financier est « Sharia Compliant ». Néanmoins, il
semble évident que la bonne foi de l'offreur ne suffit pas a
garantir la conformité du produit a la Sharia. Pour pallier a
ce problème d'agence, cette responsabilité est confiée a
un Sharia Board qui certifie la licéité des produits
offerts.
3.3. Le rôle du Sharia Board6(*)
Les jurisconsultes musulmans ont une profonde influence sur la
pratique quotidienne de la Finance Islamique. En effet, la
nécessité d'une concordance continue avec les préceptes de
le Sharia impose aux différents acteurs de cette industrie de
faire régulièrement appel a un « Conseil de la
Sharia », ou Sharia Board. Chargé de surveiller
la conformité des produits et des méthodes avec la Loi
Islamique, ce comité joue un rôle pivot dans la vie des
produits
« Sharia Compliant ».
Le processus de certification d'un produit passera par un
certain nombre de questions qui guideront le comité dans cet exercice.
Typiquement :
· Les termes de la transaction sont-ils conformes a la
Sharia ?
· Est-ce le meilleur investissement pour le client ?
· En tant que gestionnaire de fonds, est-ce une
transaction dans laquelle le banquier serait prêt a investir son propre
argent ?
Dans le cas spécifique de la surveillance des fonds, il
est a noter que le rôle du Sharia Board ne se limite pas au
screening des actions ou autres produits mais consiste
également a garantir la conformité des stratégies et des
méthodes de gestion. Typiquement, il est inexact de stipuler qu'un fonds
indiciel dont l'indice de référence est certifié par un
Sharia Board est automatiquement « Sharia Compliant
».
Il convient enfin de souligner l'un des problèmes
récurrents auxquels font face les acteurs de la Finance Islamique en
relation avec le rôle du Sharia Board. En effet, il existe au
sein de la communauté musulmane différentes écoles de
pensée dont les interprétations de textes religieux sont plus ou
moins reconnues en fonction de la sensibilité du client. Ainsi, une
institution financière faisant appel a un Sharia Board
malaysien pour la certification d'un produit rencontrera des
difficultés pour vendre ce produit dans le Golfe. En effet, les pays du
Golfe, plus rigoristes, auraient tendance a rejeter certaines
interprétations des jurisconsultes malaysiens jugés trop souples.
L'on remarque néanmoins des efforts de standardisation de la part
d'institutions ayant vocation a réglementer ce marché tels que
l'AAOIFI. 7(*)
CHAPITRE 2 : FONCTIONNEMENT DU
SYSTÈME FINANCIER ISLAMIQUE
Les techniques de financements islamiques ne datent pas
d'aujourd'hui. Effectivement, elles sont inspirées de la vie du
prophète Mohammed, de ses dires et de ses actes, et datent donc du
7ème siècle.
Le système fonctionnait de manière plutôt
efficace durant l'apogée de la civilisation musulmane et des
siècles ultérieurs. Selon Udovitch, les modes de financement
islamique (Mudarabah, Musharakah) pouvaient mobiliser l'ensemble du
réservoir des ressources monétaires du monde
médiéval musulman pour financer l'agriculture, l'artisanat,
l'industrie et le commerce de la longue distance. Ces modes étaient
utilisés non seulement par les musulmans mais également par les
juifs et les chrétiens à telle enseigne que les prêts
producteurs d'intérêt et autres pratiques excessivement
usurières n'étaient pas d'une utilisation courante. Selon
Goitein, une infraction à l'encontre de la loi juive, chrétienne
et musulmane de l'intérêt a été trouvée une
seule fois dans le texte d'un jugement dans les documents de Geniza
malgré le fait qu'un nombre incroyable des documents de Geniza traitent
du crédit. Schatzmiller a également conclu que le capital
financier a été développé durant la première
période par un nombre important de propriétaires de fonds
monétaires et de métaux précieux sans que l'interdiction
supposée de riba, usure ne l'entrave de quelque façon que ce
soit.
1. Financement participatif vs financement par
dette
1.1. Modes de financement par
participation
1.1.1. Musharakah
a) Description du contrat
La Musharakah ou Shirkah désigne le contrat dans lequel
deux ou plusieurs parties associent leur capital financier, humain et/ou
physique afin de développer un nouveau projet commercial ou de
participer à une entreprise existante. Leur participation donne droit
à la gestion commune du projet et à la
rémunération de leur investissement définie par un partage
des profits ou des pertes occasionnés par l'élaboration du
projet.
A l'origine, la Musharakah existait sous deux formes
distinctes :
Shirkah al-milk ou association non contractuelle ;
Shirkah al-uqood ou association contractuelle.
L'association non contractuelle implique une
copropriété et apparaît lorsque deux ou plusieurs personnes
se voient octroyer la copropriété d'un bien sans être
entrées explicitement dans un accord de participation formel. Cette
forme d'association est relativement rare de nos jours, et découle le
plus souvent d'un héritage ou d'un don.
L'association contractuelle est, elle,
considérée comme une participation à part entière,
puisque, dans ce cas, les deux parties concernées ont émis une
volonté explicite d'entrer dans un arrangement contractuel et d'en
partager, par conséquent, les pertes et les profits. Les profits sont
partagés selon un prorata prédéterminé alors que
les pertes sont limitées au capital investi par chacun des
associés.
b) Règles légales
Plusieurs règles légales sont été
établies pour éviter que ces modes de financement ne deviennent
une façon détournée de charger un intérêt, et
qu'un élément de ces contrats ne soit laissé aux prises de
l'incertitude ou du hasard :
Le capital investi peut être soit financier, humain ou
physique. Dans chaque des cas, celui-ci doit être clairement
évalué dans le contrat ;
La quote-part des profits revenant à chacun des
associés doit également être connue au début du
contrat et doit être un prorata de tous les partenaires. Le profit
revenant à chaque associé doit donc être
prédéterminé comme une proportion ou un pourcentage et non
comme un montant fixe.
En principe, cette quote-part doit être proportionnelle
aux parts des associés dans le capital. Cependant, certains juristes
permettant des variations dans la distribution des profits
déterminée par un commun accord entre les
associés ;
Quant aux pertes, chaque partenaire en est responsable selon sa
participation dans le capital, et cette règle ne peut être
altérée par aucune condition.
Lorsque les partenaires investissent dans le projet un montant
égal et qu'ils partagent les mêmes privilèges et la
même proportion de profit, la Musharakah est appelée mufawadah. Si
les différences associés possèdent des droits
différents et qu'ils disposent d'un prorata du profit distinct, la
participation possède une structure dire inan.
c) Application contemporaine
Selon l'avis de majorité des économistes
musulmans, l'application le plus adéquate d'un financement par
Musharakah se situe principalement à petite échelle, dans des
secteurs comme l'agriculture, pour des projets de développement ruraux.
Un des avantages de ce contrat, selon de nombreux économistes, est qu'il
contribue largement à la lutte contre la pauvreté rurale. Cette
affirmation a été illustrée à travers une
étude détaillée de 19948(*) où l'aureur montre comment une structure telle
que la Musharakah pourrait aider à éradiquer la pauvreté
parmi la communauté des pêcheur malais en général,
et celle de Terengganu en particulier.
Cette étude avance que, en combinant leurs ressources
en termes de capital et d'expérience dans le domaine (dans la
pêche elle-même, et dans la vente de leurs prises), les
pêcheurs de Terranganu pourraient acheter de plus grand bateaux et de
plus grands filets, aller plus loin pour pêche, et minimiser le
rôle de l'intermédiaire qui, dans le système actuel,
érode considérablement les revenus générés
par la communauté locale de pêcheurs.
L'auteur propose donc d'intégrer ce rôle
secondaire dans le projet de Msharakah. Selon lui « ... le
financement par Musharakah a donné beaucoup d'espoir aux jeunes et
pauvres fermiers, surtout au Soudan, à travers l'aide octroyée
aux petites fermiers par la Sudanese Islamic Bank. Il les encourage à
travailler dur et à cultiver leur terre. Ils deviennent partenaires dans
un nouveau système, partageant les risques et les profits avec la
banque. Un des plus grands succès de ce projet est d'avoir
endigué l'exode rural. Par conséquent, la Musharakah
possède un réel potentiel dans l'apport d'une réponse aux
plus importants problèmes de développement connus dans le monde
rural9(*) ».
On trouve néanmoins des exemples d'application de
Musharakah dans d'autre secteurs que l'agriculture, même s'ils sont
rares. C'est ainsi que la Dubai Wire FZE, la Kuwait Petoleum Coperation et
Union Carbide se sont unies pour mettre sur pied le projet EQUATE (v.infa), une
usine pétrochimique, utilisant le structures d'in contrat de Musharakah,
pour pouvoir répondre aux besoins financiers de ce projet.
1.1.2. Mudaraba
a) Description du contrat
Dans mudaraba, l'une des parties, le rabb al mal, fournit les
fonds à l'autre partie, appelée le mudarib, qui s'engage dans la
gestion d'une activité pouvant engendrer un certain profit. Le ratio
selon lequel les profits sont distribués est fixé et
prédéterminé, et connu à l'avance par les deux
parties. Les pertes éventuelles engendrées par le processus
normal de l'activité et non dues à une négligence de la
part du mudarib sont à charge du détenteur des fonds. Puisque le
capital humain (représentatif du travail et de l'effor) dans cet
arrangement dispose de même statut que le capital financier
(représentatif de la contre-valeur monétaire du travail), l'agent
entrepreneur aura, en cas de perte, perdu son temps, son effort, et son
travail, mais rien de plus. Cependant, n'ayant investi rien d'autre que son
capital humain, le mudarib n'a droit à aucun salaire pour la gestion de
l'entreprise.
b) Règle légales
§ Le capital investi dans le contrat doit correspondre
à un capital financier exprimé dans la monnaie en circulation.
S'il s'agit d'un capital physique, il doit être clairement
évalué dans le contrat, et ce avec l'accord des deux parties
contractantes ;
§ La quote-part des profits revenant à chacune des
parties, le montant du capital investi et la nature du projet doivent
également être définis d'une manière
détaillée dans le contrat ;
§ La nature du projet doit respecter les prescriptions de
la Chari'a
c) Application contemporaine
Le contrat de Mudaraba est utilisé par les les
institutions financières islamiques comme un substitut à
m'émission d'obligations conventionnelles. Un premier exemple est
l'application au Pakistan du programme PTC ou « Participation Term
Certificates » : « Les institution bancaires et
financières au Pakistan ont développé un nouveau titre
réservé aux entreprises pour remplacer le financement par dette
basées sur l'intérêt. Les PTCs sont des instruments
transférables basés sur le principe des 3P qui sont
désignés pour remplacer les dettes par emprunt en monnaie
nationale à moyen et long terme contractées par le secteur
industriel. Au lieu de recevoir des intérêts, comme c'est le cas
pour prêt, les actionnaires du PTC partagent les profits et les pertes
des sociétés impliquées. John Harrington de
l'Université selon Hall au new Jersey aux Etats-Unis, a
suggéré que le PTC puisse être utilisé afin de
financer la construction de bâtiments publics qui seraient loués
au gouvernement. Les détenteurs du PTC se verraient octroyer les profits
générés par le loyer payé par le gouvernement de ce
type réduiraient la nécessité d'une dette publique,
fournissant un gain attractif aux investisseurs10(*) »
1.2. Modes de financements par dette
La Musharaka et la Mudaraba ne pouvant être
appliquées dans toutes les circonstances, la Chari'a a
spécifié d'autres modes de transactions permises, qui sont
à l'origine plutôt des modes de transactions
opérationnelles que financières.
Suit donc un exposé non exhaustif des principaux
mécanismes utilisés actuellement par les institutions
financières islamiques.
1.2.1. Vente à crédit ou
Murabaha
a) Description du contrat
Dans ce type de transaction, le client désirant
s'approprier un bien, va charger l'autre partie contractante de lui trouver et
lui acheter le bien à une tierce partie. Plutôt que de demander un
crédit directement à une banque, le client va se voir revendre
le bien au prix d'acquisition plus une certaine marge
bénéficiaire fixée au préalable, et réglera
le paiement du bien en déféré, soit en une fois à
un délai déterminé, soit par des versements
réguliers.
b) Règle légales
Il existe plusieurs règles et extensions possibles pour ce
contrat, mais nous se citerons ici que les plus pertinentes.
Lors de l'étape de promesse d'achat :
§ La promesse d'achat peut contenir plusieurs conditions
acceptées par les deux parties, concernant entre autres le lieu de
livraison, le paiement d'in acompte pour garantir l'exécution de
l'opération et la méthode de paiement du prix ;
§ Il est permis de stipuler la nature contraignante de la
promesse d'achat, l'effet de cette contrainte étant
déterminé soit par la satisfaction de la promesse, soit par
l'indemnisation des dommages causés par sa révocation.
Lors du premier achat du bien :
§ Le vendeur doit être en possession du bien avant de
le vendre à son client ;
§ Il peut mandater une terce partie, y compris l'acheteur,
de recevoir le bien à sa place.
Lors de la vente murabaha :
§ La vente par murabaha ne peut être conclue
qu'à la dernière phase de l'opération, c'est-à-dire
après la première livraison du bien ;
§ Cette derrière étape doit observer les
règles de transparence requises quant au prix d'acquisition du bien et
au montant de la marge bénéficiaire prélevée par la
banque.
c) Application contemporaine
Avant de citer un exemple d'utilisation contemporaine de la
murabaha, il est important d'éclaircir une éventuelle confusion
entre celle-ci et la vente à crédit classique. En effet, ce type
de contrat est parfois considéré comme étant le même
que celui reposant sur le paiement d'un intérêt fixe. Lorsqu'une
personne a besoin d'une certaine somme d'argent pour acheter un bien, elle
l'emprunte à la banque et la lui rembourse après un certain
délai, moyennant le paiement d'un intérêt fixe.
Les juristes musulmans ont avancé plusieurs arguments
contre ce type d'allégation. Dans un premier temps, le financement par
murabaha n'est pas un prêt mais une vente. L'argent reste en possession
de la banque qui s'accorde directement avec le fournisseur. Deuxièmes,
la nature du profit est différente : elle ne compense pas
l'utilisation de l'argent, mais correspond plutôt à la
rémunération du service que la banque a fourni au client,
c'est-à-dire la recherche et l'achat du bien au meilleur prix.
Troisièmement, le montant de la marge bénéficiaire n'est
pas lié au temps, c'est-à-dire qu'il est fixé au
préalable et ne varie pas durant la durée du délai de
paiement accordé. Il n'est donc pas lié à des variables
économiques externes comme le taux d'intérêt d'un
crédit à la consommation dépend du comportement de la
courbe des taux à l'époque où le crédit est
octroyé.
Cependant, tous les savants musulmans reconnaissent que le
temps doit être compensé dans une opération : donc,
comme pour le taux d'intérêt, la marge sera d'autant plus
élevée que le délai accordé sera long. La condition
est toutefois que la marge soit fixée dès le départ et
qu'elle ne varie plus.
La vente par Murahaba est sans aucun doute le contrat le plus
populaire et le plus utilisé par les institutions bancaires
islamiques. Cette popularité ressort parfaitement des statistiques
tenues par les différences banques dans leur rapport annuel. C'est ainsi
qu'on lit dans le rapport annuel 1999 de l'ABC Islamic BANK que pas moins de
59,7 % du total de son actif provient du financement par Murabah, contre
à peine 8,1 % pour les arrangements par Mudaraba
1.2.2. Contract-locatio ( leasing) ou IJAR
a) Description du contrat
L'ijara en Islam ressemble, en beaucoup de points, au contrat
de location ou leasing conventionnel. Le contrat de location correspond non pas
à la vente d'un objet, mais à la vente de l'usufruit de l'objet
pendant une période déterminée. La propriété
du bien reste donc en possession de l'agence de leasing jusqu'à la fin
du contrat, alors que le client dispose du bien contre le paiement d'un loyer
et à un rythme spécifiés au début du contrat.
Malgré cette similitude quasi parfaite, il y a quelques règles
auxquelles la validité du contrat est subordonnée qui le
distinguent d'un contrat de leasing classique :
§ Dans un contrat de leasing classique, le locataire du
bien devra payer une indemnité correspondant à un pourcentage
du montant total s'il manquait à un de ses paiements. Ce type de
pénalité est interdit sous la chari'a puisqu'il correspond au
paiement d'un intérêt. Si une saction est souhaitée par la
banque encas de retard dans le paiement, elle doit être
déterminée au début du contrat ;
§ Une autre condition importante de la validité du
contrat est que l'institution qui donne le bien en location doit garder la
propriété de ce bien durant toute la durée du contrat.
D'après différences peuvent encore être
soulevées, mais celles-ci sont celles qui posent le plus souvent
problème. Cette première forme de leasing correspond à
celle sans option d'achat. Récemment, les juristes musulmans ont mis au
point un contrat avec option d'achat appelé IJARA WA IQTINA. Lorsque
l'option d'achat est activée, le transfert de la propriété
et la détermination de la valeur résiduelle doivent faire l'objet
d'un second contrat distinct du premier.
Comme pour les autres contrats, il existe certaines
règles auxquelles la validité du contrat est soumise :
b) Règles légales
§ L'objet du contrat doit pouvoir être
valorisé. Les objets qui n'ont pas d'usufruit ne peuvent être
loués ;
§ Il est important que la propriété de
l'objet reste entre les mains de celui qui donne le bien en location, et que
seul l'usufruit soit transmis au client. Par conséquent, un objet qui ne
peut être utilisé sans être consommé ne peut faire
l'objet d'un contrat d'Ijara. Parmi ceux-ci, on peut citer l'argent, l'essence,
la nourriture, ... ;
§ Puisque la propriété reste entre les
mains de celui qui donne le bien en location, toutes les responsabilités
découlant de la propriété seront supportées par ce
dernier, mais les responsabilités afférant à l'utilisation
du bien sont supportées par le client locataire.
c) Application contemporaine
Les exemples d'utilisation du contrat d'Ijara sont nombreux.
Parmi ceux-ci, on peut citer l'acquisition par la Kuwait Airways d'avions dans
le cadre d'une transaction qui a adopté les structures d'un contrat de
Ijara.
1.2.3. Vente as-Salam
a) Description du contrat
La vente as-salam est la vente d'un bien dont la livraison se
fera dans le futur alors que son paiement se fait au comptant. En
général, la vente d'un bien non-existant est interdite car elle
implique du gharar. Cependant, pour faciliter certaines
transactions, des exception ont été accordées suite
à la lecture du hadith suivant :
Lorsque le Prophète (sbsl) est arrivé à
Médine, il ne constata que la pratique du salam
était répandue parmi ses habitants pour la vente de fruits, et ce
pour des périodes allant de une à trois années. Il dit
alors : « Quiconque pratique une vente par
salam, qu'il spécifie la marchandise par son poids ou son
volume et un terme prédéterminé. ».
Cette vente est donc légale lorsque le prix est
payé en totalité au comptant, et que l'objet clairement
défini dans le contrat soit délivré à une date et
à un lieu déterminé à l'avance. A l'époque
du Prophète (SBSL), ces pré-paiement permettaient aux fermiers
d'acheter la semence nécessaire à la production des fruits.
b) Règles légales
§ Le bien qui fait l'objet de ce type de contrat doit
pouvoir être détaillé le plus précisément
possible, pour éviter tout malentendu lors de sa livraison à la
date spécifiée;
§ L'objet doit être livré à la date
convenue. La probabilité d'e son existence doit donc être assez
élevée. Dans le cas contraire, si l'existence du bien est soumise
à trop d'événements incertains et indéterminables,
il ne peut faire l'objet de ce type de contrat;
§ La vente par salam ne peut se faire
sur un objet qui existe déjà, car les dommages et la
détérioration du bien ne peuvent pas être assurés
avant sa livraison.
c) Application contemporaine
Le contrat de Salam est actuellement utilisé pour
remplacer les produits dérivés qui sont interdits en Islam. En
effet, des contrats tels que les contrats à terme, les options, ... ne
sont pas acceptés, étant donné que la variable prix n'est
pas connue à' l'avance et qu'elle dépend de circonstances
futuresJl8. Le contrat de Salam est souvent utilisé pour combler le vide
laissé par cette interdiction. L'acheteur paie aujourd'hui pour quelque
chose qu'il recevra à une date future. On peut donc considérer
que le prix appliqué ici est comparable au prix comptant appliqué
dans un contrat à terme. Cependant, le prix appliqué dans le
Salam peut s'avérer plus bas que le prix au comptant d'un contrat
à terme, étant donné que dans un contrat à terme,
rien n'est échangé avant l'expiration du contrat, alors que la
validité d'un contrat de Salam est soumise au paiement immédiat
du montant fixé.
1.2.4. Vente par Istisna'a
a) Description du contrat
Le contrat d'istisna'a est en quelque sorte un
dérivé de la vente par salam. La validité de ce contrat
est accordée par qiyas suite à la légalité de la
vente par salam. Dans ce type de contrat, le prix du bien est payé
graduellement tout au long de sa fabrication. Ce contrat est utilisé
surtout dans l'immobilier, où l'entrepreneur est payé au fur et
à mesure qu'il avance dans la construction du bien.
b) Règles légales
§ Les biens qui font l'objet de ce contrat doivent
être des biens manufacturables. Ne peuvent, par conséquent, faire
l'objet de cette transaction les biens dont la «fabrication» est
naturelle;
§ Le type de bien, sa taille, les matériaux
nécessaires à sa construction, la date et le lieu de sa livraison
doivent être clairement spécifiés dans le contrat.
c) Application contemporaine
L'expansion du complexe médical de l'hôpital
Mowasat situé à Dubaï a été financée
sur base d'un contrat Istisnâ, contrat qui fut par la suite converti en
un contrat Ijara pour permettre l'investissement de plus amples fonds.
1.2.5. Prêt en Islam ou Qard Hassan
a) Description du contrat
La Chari'a distingue deux types de prêts. Le
prêt 'ariya est un prêt destiné à une
certaine utilisation, qui transfère l'usufruit d'un bien temporairement
et gratuitement à l'emprunteur, alors que la propriété du
bien prêté reste au prêteur. Lorsque l'emprunteur ne voit
plus l'utilité du bien, il le restitue au prêteur. Le second type
de prêt, le qard, est· le prêt d'avoirs fongibles,
c'est-à-dire d'objets qui peuvent être estimés et
remplacés selon leur poids, leur taille ou leur nombre. Dans ce cas,
l'emprunteur s'engage à retourner l'équivalent de ce qu'il a
reçu en dépôt. L'avoir qui fait le plus l'objet d'un
qard est sans conteste l'argent, ou tout autre standard
d'échange; ce qui correspond donc à une transaction dans laquelle
le client obtient de l'argent liquide d'une institution, argent qui doit
être remboursé à une date convenue et sans aucune charge
d'intérêt.
Le Qard Hassan est la seule forme de prêt qui est
permise en Islam, étant donné que les autres types de contrats ne
peuvent être considérés comme des prêts au sens
strict. C'est en effet la seule transaction où un véritable
transfert d'argent est opéré.
Certains juristes permettent au prêteur de charger
l'emprunteur comme contribution des frais engendrés par la mise à
disposition du capital. Une condition importante qui accompagne ce recouvrement
des coûts, pour éviter qu'il ne soit assimilé à de
l'intérêt, est qu'il ne corresponde pas à un pourcentage du
montant total.
b) Application contemporaine
Ce prêt sans intérêt est
généralement utilisé par les banques pour venir en aide
aux personnes se trouvant dans une situation de besoin temporaire ou de
difficulté passagère comme, par exemple, les étudiants.
Il est aussi utilisé en complément d'un ou de
plusieurs contrats. Il peut, en effet, arriver qu'un entrepreneur avec lequel
la banque est engagée dans une relation d'affaire se trouve dans une
situation critique. Par conséquent, en octroyant un prêt sans
intérêt à ce dernier, la banque peut sauver ou relancer un
projet et ainsi sauvegarder les intérêts des deux parties.
2. Le Système bancaire
Après ce bref aperçu des différents
instruments de financement et d'investissement développés en
accord avec les préceptes de la Chari'a, la suite sera destinée
à l'étude de l'application de ces préceptes sur la
structure du marché bancaire dans un premier temps, et ensuite sur celle
des marchés financiers en général.
2.1. Les banques
Dans le système conventionnel, les banques agissent
essentiellement en tant qu'administrateurs du système de paiement de
l'économie et comme intermédiaires financiers entre les
épargnants et les investisseurs. Elles seront nécessaires pour
l'exploitation des imperfections des marchés financiers. Parmi ces
imperfections, on retrouve la divisibilité imparfaite des actifs
financiers, l'imperfection de l'information disponible, les coûts de
transaction, de recherche et d'acquisition de ces actifs, ...
La banque islamique diffère de la banque
conventionnelle en plusieurs points. Premièrement par sa
définition, elle possède une philosophie distincte, basée
sur les principes islamiques de justice sociale, d'équité et
d'équilibre. Pour cela, elle va intégrer les lois, les pratiques,
les procédures et les instruments qui vont l'aider à maintenir et
à dispenser cette justice et cette équité. .
Dans un second temps, la banque islamique se distingue de la
banque conventionnelle dans son rôle: plutôt que de remplir la
seule fonction d'intermédiaire, elle va jouer le rôle d'un
investisseur direct. En effet, étant donné que son fonctionnement
est basé sur le principe de Partage des Pertes et des Profits et que le
risque n'est pas à sa seule charge mais est supporté tant par
elle que par le dépositaire, elle ne peut se contenter d'une simple
relation prêteur-emprunteur. C'est plutôt une véritable
association qui naîtra entre les deux parties, association où des
enjeux communs seront partagés.
Les points suivants nous permettront de mieux structurer
l'écart qui existe entre le fonctionnement de ces deux institutions.
a) Principales distinctions
§ PARTAGE DU RISQUE
L'Islam n'admet pas que le risque soit-transféré
en même temps que le capital. Le risque est dès lors
partagé entre le détenteur de fonds (investisseur), d'un
côté, l'intermédiaire financier (la banque) et
l'utilisateur de ces fonds (l'entrepreneur), d'un autre
côté. Dans une banque conventionnelle, tout le risque est
supporté uniquement par l'entrepreneur. Que le projet dans lequel
l'argent est investi échoue ou réussisse, le détenteur de
fonds se voit garanti d'un montant fixe, matérialisé par
l'intérêt, indépendant du montant du résultat
engendré par ce projet.
L'Islam considère ce type de transaction comme injuste,
et exige que le profit de l'investisseur soit proportionnel à celui de
l'entrepreneur. Si le résultat est positif, les bénéfices
seront partagés selon une quote-part déterminée lors de la
conclusion du contrat. Par contre, si le résultat est négatif, la
perte financière sera à charge du seul détenteur de
capitaux, l'entrepreneur sera alors considéré comme ayant perdu
son temps et ses efforts11(*).
§ DIMENSION MORALE
Chapra12(*) comme Mohsin13(*) insistent sur le fait que le fonctionnement de la
banque islamique ne peut se résumer à la simple abolition de
l'intérêt. De la même manière, Mikharor distingue
« ... la banque en concordance avec le système de valeur de
l'Islam ... (et) ... la banque sans intérêt comme un
concept mécanique qui dénote une mode bancaire qui vise
l'élimination du taux d'intérêt ... 14(*)». Chapra et
Mohsin envisagent un système bancaire dont la nature, la forme et les
opérations puissent être radicalement distinctes de celles d'une
banque conventionnelle. A côté du rejet du Ribâ:
ils considèrent essentiel que la banque islamique serve avant tout
l'intérêt public plutôt que l'intérêt
privé ou celui d'un groupe d'individus.
Comme toute institution liée à un contexte
islamique, elle possède un rôle social qui
Permet de rester en accord avec les objectifs de la Chari'a
que sont la justice sociale
(al'adalah al ijtima'iyah) et la réussite de
l'homme (al falah). Elle se doit non seulement de prospecter les
projets qui lui assureraient la plus haute rentabilité mais
également ceux qui répondent aux exigences sociales et humaines
imposées par ces maqâsid. Son rôle social se
reflète non seulement par son rejet du taux d'intérêt
considéré comme injuste aux yeux des musulmans, mais
également par la promotion et le soutien de projets qui ne vont pas
à l'encontre des valeurs islamiques ou qui sont connus pour être
préjudiciables pour l'intérêt de la
communauté15(*)
Cette dimension sociale de la banque islamique est directement
reflétée dans une branche de son activité qui n'a pas de
contrepartie dans l'activité bancaire conventionnelle: la gestion de la
caisse de l'impôt religieux, la Zakât
§ DIVERSIFICATIO ET ÉTE DUE DES
SERVICES
Une dernière différence à relever est la
nature de l'activité d'une banque islamique. Celle-ci ne va pas se
limiter au pur rôle d'intermédiaire financier. C'est ainsi qu'on
retrouve dans L'éventail des services offerts tant la collecte des
dépôts que la gestion de l'impôt, l'assurance, ...
Cette diversification est directement liée au concept
sur lequel repose une banque islamique: étant donné qu'elle ne
supporte plus seule le risque mais qu'elle en délègue une partie
au dépositaire, elle se doit de diversifier au maximum ses
activités pour tenter d'offrir à ses investisseurs un revenu
aussi élevé que celui offert par les banques conventionnelles.
Cette déspécialisation de l'activité
bancaire n'est cependant pas propre au système islamique. Ce
phénomène se dessine également dans le paysage bancaire
belge de ces dernières années. «Les frontières
entre les différentes professions financières ne cessent elles
aussi de s'estompe1: La tendance la plus frappante à cet égard
est le développement de la bancassurance... une évolution
similaire a marqué le marché des valeurs mobilières ...
(grâce à) la loi du 4 décembre 1990 ... les
banques ont eu indirectement accès à la Bourse via la
détention d'actions dans les sociétés de Bourse
...16(*))).
§ RELATION BANQUE-CLIENT
Le principe sur lequel repose le fonctionnement de la banque
islamique va totalement modifier la relation banque-client telle qu'elle
était jusqu'alors définie dans le système conventionnel.
Etant donné que le client devient un investisseur et qu'il partage quasi
les mêmes risques que la banque, on ne pourra plus parler d'une relation
prêteur-emprunteur neutre mais plutôt d'une véritable
relation entrepreneur-investisseur, semblable à celle rencontrée
dans les opérations d'investissement direct.
Cela veut donc dire que les deux parties seront directement
impliquées et partageront les mêmes intérêts et
seront d'autant plus attentives à la qualité de leur
partenaire. Ainsi, la solvabilité du client ne sera plus le facteur
décisif, mais la banque s'attardera beaucoup plus tant sur sa
qualité d'entrepreneur et sur sa motivation que sur l'éthique et
la productivité de son projet. De la même manière, le
client musulman ne choisira pas de déposer son argent dans une banque au
lieu d'une autre en comparant les rendements offerts. Il va plutôt
sélectionner celle qui lui permettra d'investir son argent de
façon tant rentable que bénéfique pour lui et la
société.
Evidemment, la banque islamique ne détient pas
l'exclusivité d'une telle relation. De plus en plus, les
banques conventionnelles s'impliquent dans des opérations à
risque, essayant de réduire leur activité basée sur le
crédit. De la même manière, les banques islamiques ne vont
pas toujours jouer le rôle d'investisseur mais vont adopter une attitude
plus axée sur la solvabilité du client, lorsqu'elles utiliseront,
pour les transactions commerciales, des produits qui sont, comme la
Murabaha, basés sur la dette.
b) Structure de base: la Mudaraba two-tiers
A travers tolite la littérature qui abonde sur ce
sujet, les économistes musulmans ont développé plusieurs
modèles d'un système bancaire alternatif encadré par les
exigences d'un contexte religieux.
Dans cette optique, Uzair en 195517(*) et plus récemment,
Siddiqi18(*) et
Chapra19(*) ont
développé une forme de structure de banque islamique basée
sur ce qui est appelé la Mudaraba two-tiers. Le principal
objectif de ce modèle est de remplacer l'octroi de
l'intérêt par le partage du profit tant du côté de
l'actif que du passif de la banque. Dans Lille relation contractuelle, les
détenteurs de fonds vont s'accorder avec la firme bancaire pour
«prêter» leur argent et partager les profits
générés par l'activité de la banque. Du
côté de l'actif, la banque s'accorde avec un agent-entrepreneur
à la recherche de fonds, entrepreneur qui accepte de partager ses gains
avec la banque selon un pourcentage prédéterminé
stipulé dans le contrat. La banque réunit alors tous les gains
générés par ses activités et les partage avec les
détenteurs de fonds et ses actionnaires selon les termes de l'accord
contracté avec eux. Le profit qui est engendré par les
dépôts n'est donc plus une charge fixe qui est
déterminée par les fluctuations du marché et la
conjoncture économique, mais est un pourcentage direct du
bénéfice total de la banque. En d'autres termes, la banque va
opérer sur base d'une Mudaraba «two tiers., dans laquelle
elle agit tant comme mudarib du côté de l'épargne
et du financement et comme Rabb al mal du côté de
l'investissement et de la gestion des fonds.
Afin de mieux comprendre l'activité des banques
islamiques, nous distinguerons le côté patrimonial,
représenté par son passif, et l'utilisation de ses ressources, ce
qui équivaut à son actif.
c) Sources de financement
En ce qui concerne les sources internes de financement, la
banque va acquérir son capital soit sur base d'un contrat de
Musharakah, soit sur base d'un contrat de Mudaraba. Dans le
premier cas, les actionnaires feront partie du management de la banque et
disposeront d'un véritable pouvoir de décision. Dans le second
cas, le management, distinct de son actionnariat, se verra confier la gestion
totale des fonds. Les fonds propres de la banque seront composés
également de la partie des profits générés par son
activité qu'elle aura reportée en réserve, ainsi que des
différentes réserves de la banque.
Pour ce qui est des fonds de tierces personnes, la banque va
acquérir ses ressources financières en agissant en tant que
Mudarib. Le passif de son bilan est divisé en deux types de
comptes par Mikharor: les comptes courants et les comptes
d'investissementI32.
Les comptes courants sont des comptes à court terme qui
peuvent être assimilés à ceux existant dans le
système conventionnel. Cependant, bien que la valeur nominale du capital
soit garantie, il ne génère aucun revenu ni pour la banque, ni
pour le client. La banque ne pourra pas utiliser ces fonds et devra garder une
réserve de 100% comme contrepartie. Par conséquent, la banque va
généralement charger le client des frais encourus par la gestion
de ces comptes.
Il arrive quelques fois que certaines banques appliquent pour
ces comptes une réserve fractionnelle: une partie du dépôt
est gardée en liquide par la banque pour faire face aux besoins
quotidiens de ses clients. L'autre est investie par la banque, et
l'entièreté des profits ou des pertes qui en découlent
appartiennent à la banque. Ici également, le dépôt
du client est garanti.
Les comptes d'investissement constituent la principale source
de fonds pour la banque et ils sont plutôt comparables à des parts
dans une société qu'à des dépôts
d'épargne. Dans ce cas, la banque ne fournit aucune garantie sur la
valeur nominale, aucun revenu fixe ne sera payé. Les détenteurs
de fonds seront plutôt considérés comme des
(actionnaires» et le seul accord contractuel entre la banque et le client
se résume au partage des profits et des pertes engendrés par la
gestion des fonds. Le client sera pleinement informé des projets dans
lesquels la banque va investir son argent et aura droit à une quote-part
prédéterminée des profits. De la même
manière, il n'attendra aucune compensation de la banque quant aux pertes
engendrées, qui seront concrétisées par une
dépréciation de la valeur nominale du montant initial.
Dans un article paru dans une revue spécialisée
asiatique, Ariff distingue trois grandes catégories de
comptes mis en place par la banque: les comptes courants, les comptes
d'épargne et les comptes d·investissement.
Les comptes courants et les comptes d'investissement ne
diffèrent pas des modèles proposés par Mikharor. Le compte
d'épargne va permettre à la banque d'utiliser les fonds. A la
différence des comptes d'investissements, le capital initial sera
garanti; ce qui permet au détenteur de retirer ses fonds lorsqu'il le
désire. Ceux-ci seront investis par la banque sans que le client ne soit
concerté sur la nature de ces investissements. En contrepartie, la
banque s'engage à lui remettre une partie des bénéfices
selon une part déterminée à l'avance.
Enfin, l'AAOlFI (Accounting and Auditing Organisation for
Islamic Financial Instituions), l'association comptable islamique, a
également prévu un modèle de comptes de dépôt
pour la banque et une tendance à s'uniformiser et à adapter cette
dernière structure se dessine à travers les banques islamiques.
La différence de ce modèle avec ceux cités ci-dessus
concerne essentiellement les comptes d'investissement. Ceux-ci sont
partagés entre les comptes restreints et les comptes non-restreints.
Lorsque le client décide d'investir dans un compte
non-restreint, il laisse une totale liberté à la banque dans la
façon dont ses fonds vont être réinvestis. La banque pourra
combiner ces fonds avec ses propres ressources ou d'autres ressources
étrangères. Le client aura, bien sûr, droit à une
partie des bénéfices découlant des décisions
d'investissement.
En investissant dans un compte restreint, le client impose une
série de restrictions sur la manière dont son argent va
être réinvesti. A titre d'exemple, il peut interdire à la
banque de mêler cet argent avec d'autres fonds ou encore d'investir dans
des transactions sans garantie.
d) Utilisation des ressources
Lorsque la banque est autorisée à utiliser les
fonds mis à sa disposition, elle les investira au moyen des
différentes techniques financières islamiques (v. supra).
Lorsque le prêteur dispose d'un droit de contrôle sur la
sélection du projet, les instruments utilisés seront, le plus
souvent, des contrats de Mudaraba et de Musharakah. En effet,
dans ces cas, les projets d'investissement sont évalués et
identifiés d'une manière claire et précise, étant
donné le degré relativement élevé de risque
encouru. De la même manière, ces techniques d'investissement Sont
utilisées lorsque la banque doit traiter avec des emprunteurs
institutionnels, comme par exemple des entreprises ou des instances publiques.
Par contre, il serait, d'un point de vue pratique, fort
difficile d'engager de tels contrats pour les emprunts à petite
échelle ou pour l'octroi de crédits à la consommation.
Dans ce cas, ce sont des techniques telles que la Murababa ou
l'Ijara qui sont utilisées.
La banque islamique possède encore une tâche
supplémentaire qui n'a pas de contrepartie dans l'activité de la
banque conventionnelle et qui consiste en la gestion de la Caisse de la
Zakât.
e) Gestion de la Zakât
Une caisse de gestion de la Zakât est
généralement prévue dans la structure d'une banque
islamique. Elle possède un rôle dual: elle collecte les
Zakât de ses actionnaires, des détenteurs de comptes, de
ses employés et de tout autre dévot qui souhaite l'utiliser comme
intermédiaire pour cette obligation. La banque peut charger des frais
pour la gestion de cette caisse. Elle se chargera du calcul et de la ponction
du montant requis par la loi islamique sur les fonds qui lui ont
été confiés. En collaboration avec d'autres instances
spécialisées et très souvent avec l'Etat, elle s'occupera
ensuite de la réaffectation de la somme ainsi collectée aux
bénéficiaires désignés.
f) Conseil de la Chari'a
Les savants musulmans ont une profonde influence sur la
pratique quotidienne de la finance islamique. La nécessité d'lme
concordance continue avec les préceptes de la loi impose aux banques
islamiques la présence d'un Conseil de la Cbari'a, qui
surveille la conformité de toutes les transactions bancaires avec la loi
islamique. Ce comité joue donc un rôle pivot au sein de la banque.
Philipe Moore définit quatre questions que le
comité est amené à se poser devant toute transaction
proposée:
§ est-ce que les termes de la transaction sont conformes
à la Chari'a?; est-ce le meilleur investissement pour le
client?
§ l'investissement produit-il de la valeur ajoutée
pour le client et pour la communauté ou société dans
laquelle le client est actif?
§ comme gestionnaire de fonds, est-ce une transaction dans
laquelle le banquier, en tant qu'individu, investirait son propre argent?
Si la réponse à une des questions est
négative, la transaction devrait en théorie être
rejetée, bien que la décision des conseillers ne soit
contraignante que lorsqu'elle concerne la légalité de la
transaction. Dans les autres cas, ils ne peuvent émettre qu'un simple
avis1r.
Le rôle de ce comité est essentiel, non seulement
pour des raisons religieuses, mais également pour des
considérations purement commerciales, étant donné que les
clients des banques islamiques n'auront confiance dans leurs opérations
que si les savants musulmans garantissent la conformité de
celles-ci avec leurs convictions.
2.2. Rôle de la Banque Centrale
Selon l'opinion générale, les fonctions basiques
d'une Banque Centrale moderne seraient tout aussi importantes dans le
système monétaire islamique, bien que les mécanismes
soient différents.
Les objectifs de la Banque Centrale devraient également
se conformer aux buts normatifs adoptés par toute institution
créée dans un contexte religieux, entre autres la sauvegarde de
l'intérêt public et la recherche de son bien-être. Dans
cette optique, sa tâche consistera en la supervision du système
bancaire et l'implantation des politiques monétaires de l'Etat. Elle
jouera aussi le rôle de banque de l'Etat et s'occupera de toutes les
transactions monétaires et financières de celui-ci avec
l'étranger, en veillant à sa stabilité tant interne
qu'externe. Enfin, elle sera une banque pour toutes les autres banques
où elles ouvriront un compte et déposeront une partie de leurs
bénéfices et de leurs réserves. La gestion de ces fonds
sera évidemment exempte de toute charge d'intérêt et sera
basée sur l'application du PLS système.
Les banques pourront également financer leur
déficit, selon un prorata du total des prêts qu'elles auront
accordés 25%
La supervision et le contrôle des banques
exécutés par la Banque Centrale devraient être plus
difficiles dans un système islamique qu'ils ne le sont dans le
système conventionnel, étant donné le degré plus
élevé de risque auquel les banques islamiques sont
confrontées Par conséquent, un examen approfondi devra être
effectué sur la viabilité et la faisabilité des projets
dans lesquels la banque investit.
3. Marchés Financiers
Les économistes musulmans insistent sur l'exigence des
marchés financiers tant primaire, secondaire que monétaire. En
effet, ces marchés vont permettre, comme c'est le cas pour le
système conventionnel d'«acheminer les ressources disponibles
vers les besoins de financement, permettre la négociation des actifs
ainsi créés, en fonction des projets, des situations
patrimoniales, des anticipations; et améliorer en conséquence
l'allocation des ressources, par l'intermédiaire d'une diffusion et
d'une utilisation de l'information, sur les supports d'actifs (entreprises) et
sur la valeur des actifs eux-mêmes»20(*)
Ils sont d'autant plus nécessaires qu'ils vont
permettre de compenser le panel encore restreint de produits financiers
islamiques et d'opportunités d'investissement que les banques offrent,
et d'éviter que surplus de liquidité ne soit investi dans des
produits conventionnels qui ne répondent pas aux principes islamiques.
Par ailleurs, l'absence de marché où la banque pourrait
acquérir plus de fonds, est encore une fois un obstacle
à sa croissance et à celle, par conséquent, de tout le
système bancaire islamique.
3.1. Marché primaire
Le marché primaire est le marché vers lequel
l'entreprise se dirigera pour trouver de nouveaux financements. L'objectif de
ce marché est de canaliser l'épargne vers les investissements
à long terme et ainsi de fournir à l'entreprise diverse moyenne
de lever les fonds indispensables à la croissance de son
activité. Ces investissements sont représentés dans le
marché des capitaux conventionnels essentiellement par les obligations
et les actions.
Le rôle du marché primaire ne diffère pas
dans le fond de celui présent sur les places financières
conventionnelles: il va permettre l'acquisition des capitaux nécessaires
à l'élaboration de projets à plus grande échelle.
Seul un filtrage se fera automatiquement pour éviter le commerce et
l'échange de tout produit financier qui pourrait Contredire les
directives islamiques.
L'Islam reconnaît le concept de
«responsabilité limitée" tel qu'il est défini pour
une société opérant dans un contexte conventionnel. Ainsi,
la responsabilité des actionnaires de cette société est
limitée à leur seul apport initial. Cette reconnaissance implique
la légitimité du commerce des actions en Islam. Par
conséquent, la négociation et le transfert de
propriété par un titre symbolisant une part dans la
société sont également permis.
L'émission d'actions est effectuée sur base du
concept de Mudaraba. Les règles appuyant une émission
ordinaire (prospectus, information, ...) sont aussi d'application dans un
contexte islamique. La nature de celles-ci sera cependant différente
dans certains cas. Par exemple, le prospectus devra mentionner que
l'opération s'appuie sur le principe de la Mudaraba, ainsi que
la méthode de distribution.
Un autre aspect important qui est interdit en Islam est
l'émission des actions à un prix différent du pair,
pendant la période où celles-ci sont émises et
achetées. Les transactions durant cette période sont, en effet,
soumises aux règles de la Chari'a régissant les
dispositions monétaires, ce qui implique qu'elles doivent être,
dans un premier temps, vendues à leur valeur nominale. Cette
période est cependant provisoire et le prospectus devra également
spécifier la date du début de négociation des actions.
Elle est généralement équivalente à la· date
où les actions sont listées sur le marché secondaire.
Là, leur prix sera librement soumis à la loi de l'offre et de la
demande.
Les obligations sont également des moyens de
financement importants pour les entreprises non-islamiques. Elles leur
permettent d'atteindre des financements à long terme et à des
taux prédéterminés. En Islam, ces instruments tombent sous
l'interdiction de la Ribâ. Mais cette interdiction ne diminue en
rien le besoin des institutions islamiques de trouver, comme le font les
autres, des sources variées de financement à moyen et long terme.
Dans la pratique, de nombreuses initiatives ont
déjà été prises pour combler le manque
laissé par cette interdiction. Parmi celles-ci, on peut citer
l'émission d'obligations basée sur le Qard Hassan, ne
fournissant donc aucun revenu, mais auxquelles sont attachés des
warrants, donnant droit à l'achat des actions de l'entreprise
émettrice à un prix fixe pendant une période fixe.
La solution serait également de transformer
adéquatement les instruments islamiques basés sur la dette comme
la Murabaha en un instrument de financement à long terme.
Dans ces cas, les investisseurs achèteraient les
équipements nécessaires à l'entreprise dans un premier
temps avant de les lui revendre avec une certaine marge
bénéficiaire.
3.2. Marché secondaire
L'existence d'un marché secondaire est essentielle au
bon fonctionnement du marché primaire. En effet, l'agent
économique musulman possède également une
préférence, à un certain degré, pour la
liquidité, comme dans n'importe quel autre système. Ainsi, si on
permettait aux épargnants de vendre leurs titres rapidement et à
un coût moindre, ceci encouragerait l'investissement dans des instruments
à plus long terme et à plus haut risque.
Malgré que le commerce des actions est tout à
fait légitime en Islam, beaucoup des pratiques qui l'accompagnent ne le
sont pas. Par exemple, la spéculation, qui est assimilée aux jeux
de hasard, est totalement prohibée; ce qui nécessitera la prise
de mesures strictes pour le contrôle du respect de cette interdiction.
Le concept d'efficience des marchés est
également revu. Alors qu'il renvoie à l'intégration
efficace de l'information disponible sur le marché dans les variations
du prix des actifs négociés dans la finance conventionnelle, il
aura une connotation beaucoup plus sociale dans un environnement musulman. Le
marché des actions en Islam sera efficient si et seulement si il
contribue de manière optimale à la justice, à
l'équité et au bien-être dans la société.
3.3. Marché monétaire
Le marché monétaire permet essentiellement aux
institutions de trouver différentes méthodes afin d'ajuster
efficacement leurs positions de liquidité. Les instruments qui sont
utilisés dans ces cas sont des instruments dont le niveau de risque
reste relativement bas, à très court terme, et d'un niveau de
négociabilité assez élevé.
De la même manière, pour faciliter la provision
de liquidité nécessaire entre les intermédiaires
financiers, un marché monétaire islamique est requis. Dans le
système basé sur l'intérêt, le marché
monétaire permet aux institutions financières de corriger la
synchronisation imparfaite entre les versements et les dépôts.
Dans ce cas, le marché monétaire peut être assimilé
à une source de financement temporaire.
Par conséquent, les institutions financières
islamiques doivent développer des produits qui remplissent les
mêmes caractéristiques et qui leur permettraient d'en retirer les
mêmes avantages.
11 n'existe pas encore de réels marchés
financiers islamiques, malgré quelques amorces dans certains pays. Ceci
est essentiellement dû au développement fort récent du
système bancaire et financier islamique. Alors que le système
capitaliste conventionnel se targue d'une existence de plus d'un siècle,
ce n'est que vers les années 70 que les circonstances ont permis le
développement d'un système basé sur les préceptes
islamiques.
CHAPITRE 3 : LE DEVELOPPEMENT DU STSYEME
FINANCIER ISLAMIQUE
Ce chapitre traite des différentes voies qui ont
été adoptées et qui ont permis l'application de tous les
principes et techniques financières développés ci-dessus,
en réponse à diverses circonstances historiques et
économiques de la seconde moitié du 20éme
siècle tant dans le monde musulman que non-musulman.
Nous commencerons par un aperçu rétrospectif du
développement des différentes institutions financières
répondant aux préceptes islamiques et de leur évolution
depuis les années 70 dans le secteur privé à travers le
monde musulman. Nous verrons également comment la restructuration de
tout le système bancaire selon les normes islamiques s'est
déroulée dans des pays comme le Pakistan, l'Iran et le Soudan.
Nous parlerons également de la Malaisie, qui, malgré qu'elle
n'ait pas islamisé tout son système, possède un
état d'avancement assez remarquable dans le domaine. Nous examinerons
ensuite l'intégration du système islamique et de ces principes
dans les pays non-musulmans tels que la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis, tant
au niveau des banques qu'à travers d'autres instances comme les places
financières. Par après, nous entamerons les différentes
coopérations émergeant entre les deux systèmes. Enfin,
nous terminerons par Ime évaluation de la situation actuelle, tant au
niveau des problèmes que rencontrent les banques islamiques qu'à
celui des opportunités qu'elles offrent et des perspectives pour le
futur.
1. Histoire et développement du système
financier musulman.
1.1. Evolution dans le monde musulman
Ce n'est que depuis la Seconde Guerre mondiale et le
début de l'indépendance des pays musulmans qu'on voit
émerger une renaissance de la finance islamique. La fin du colonialisme
et la recrudescence du sentiment de religiosité ont largement
contribué à ce phénomène, mais ce sont
véritablement les immenses revenus engendrés par les
différents booms pétroliers qui ont alimenté et permis sa
croissance.
Cependant, pour retrouver l'origine de ce mouvement, il faut
remonter bien plus en arrière, vers la moitié des années
30, époque à laquelle certains ulémas (savants
musulmans) tentent une approche islamique des différents
problèmes socio-économiques, problèmes qui les
amenèrent à s'interroger sur la légitimité de
l'application de l'intérêt dans leur économie. Ainsi, ils
se distinguaient, dans leur réflexion, des économistes de
l'époque puisque leur volonté ne résidait pas, comme ce
fut le cas jusqu'alors, à modifier les injonctions islamiques pour les
adapter aux pratiques financières occidentales. Ils désiraient,
au contraire, réaffirmer les préceptes islamiques, sans accorder
aucun compromis, et convaincre l'opinion publique de la nécessité
d'un retour vers un système économique en conformité avec
les normes de l'Islam. Certains banquiers et économistes musulmans
répondirent à l'appel mais aucune des tentatives n'eut
réellement un impact décisif. On retrouve plusieurs exemples
remontant à cette époque en Malaisie dans le milieu des
années 40 et dans le Pakistan des années 50, à travers
l'apparition de coopératives rurales accordant des crédits sans
intérêt. En 1962, le gouvernement malais mit à la
disposition de sa population le «Pilgrim's Management Fund", qui permit
aux fidèles d'épargner pour l'accomplissement du
pèlerinage à la Mecque. Malgré que l'étendue de
l'activité de ces différentes instances reste limitée,
elles représentaient sans conteste l'ouverture à de plus larges
aspirations et certains voient en cette première ébauche la
première phase de l'islamisation du système économique et
financier.
L'émergence des discussions théoriques sur
l'économie et la finance islamique n'a été
concrétisée dans la réalité qu'en 1963 à Mit
Ghamr en Egypte. Cette première banque jouait essentiellement le
rôle d'une banque d'épargne basée sur le système du
partage des profits et des pertes mais ne projetait cependant aucun dessein
religieux, évitant de cette manière d'être perçue
comme une manifestation du «fondamentalisme musulman» qui
était alors un anathème aux yeux du régime politique en
place à cette époque. Cette expérience se poursuivit
jusqu'en 1967, temps auquel plus de neuf succursales s'étaient
implantées à travers tout le pays, étant donné le
succès grandissant qu'avait connu l'application d'un système en
conformité avec la Chari'a. Peu de temps après la
cessation de l'activité de cette première banque apparut, en
1971, la Nasser Social Bank, qui opérait également sans
intérêt et dans les statuts de laquelle n'apparaissait aussi
aucune référence à la Chari'a
Le début des années 70 fut la scène d'un
véritable changement politique et idéologique dans le paysage
arabo-musulman. L'indépendance économique et politique face
à la mainmise occidentale était de plus en plus marquée,
et permit à la population de ces différents Etats d'exprimer et
de pratiquer librement sa foi. Ce regain religieux se manifestait à tous
les niveaux de la population et dans tous les domaines, en particulier dans
celui de l'économie et de la finance. Ceci nous conduit à la
deuxième phase dans laquelle les contours d'un système bancaire
alternatif rejetant l'intérêt et conforme aux objectifs de la
Chari'a furent dessinés pendant différents
séminaires et conférences tenus à cette époque
En 1975, un premier pas dans la concrétisation de ce
système va être la constitution de la Banque Islamique du
Développement, la BID, à jeddah. La BID, considérée
comme le point de départ de l'essor des banques islamiques, est une
banque intergouvernementale qui fournit les fonds nécessaires à
des projets de développement dans ses 54 pays membres. La BIO fournit
des services rémunérés par la couverture des frais qu'ils
engendrent et une assistance financière à ses pays-membres
basée sur le partage des profits. Les opérations de la 81D ne
contiennent aucun taux d'intérêt et font, cette fois,
explicitement référence aux principes de la Chari'a.
Lors d'une interview à un programme télévisé
pakistanais, le Dr Ahmad Muhammad Ali, Président de la BIO, tente de
donner un aperçu des objectifs de l'institution: « ... les
principaux objectifs derrière l'établissement de la Banque
Islamique de Développement sont de promouvoir la solidarité et de
renforcer les relations entre les pays-membres musulmans21(*)». II continue en
expliquant comment la 81D a opéré jusqu'à aujourd'hui pour
remplir son rôle: « ... la banque a financé un certain
nombre de projets non seulement dans les pays membres mais également
pour les musulmans vivant dans des pays non-membres ... la banque a
mis en place divers programmes afin de promouvoir l'investissement direct entre
les pays-membres au lieu d'utiliser des voies divergentes22(*)».
De la même manière, plusieurs banques islamiques,
tant dans la lettre que dans l'esprit, vont apparaître dans les
années 70 au Moyen-Orient. Ainsi, on peut citer la Dubaï Islamic
Bank (1975), la Faysal Islamic Bank du Soudan (1977), la Faysal Islamic Bank
d·Egypte (1977), la Banque Islamique de Bahreïn (1979), pour ne
mentionner que celles-ci.
Les pays de l'Asie du Pacifique, bien que précurseurs
du système financier islamique, étaient à cette
époque moins enclins au changement, et il fallut attendre le
début des années 80 pour voir s'établir en Malaisie la
première banque islamique à part entière, la Bank Islam
Malaysia Berhad (81MB). Le mouvement fut dès lors enclenché, et
le nombre de banques islamiques ne cesse d'augmenter depuis cette
époque.
La plupart des banques islamiques sont d'initiative
privée, dans lesquelles le gouvernement n'a pas de rôle ou
seulement un rôle passif. Dans ce cas, les banques islamiques coexistent
avec des banques opérant selon le système conventionnel,
c'est-à-dire en pratiquant l'intérêt. Cependant, quelques
pays musulmans, comme l'Iran, le Pakistan et le Soudan ont adopté une
approche différente, celle de l'islamisation progressive de tout leur
système économique et financier.
1.2. Evolution dans le monde occidental
Nous entrons ici dans ce que nous appellerons la
troisième phase de développement du système bancaire
islamique, c'est-à-dire son intégration dans des régions
où la population musulmane est minoritaire et dans des pays occidentaux.
1.2.1. Europe continentale
Hormis le cas de la Grande-Bretagne, le mouvement
d'intégration des banques islamiques en Europe est assez paradoxal. En
effet, c'est dans les pays où la population musulmane est presque
insignifiante qu'on retrouve les principales institutions implantées en
Europe. Le mouvement d'intégration des banques islamiques en Europe
Continentale ne connaît pas encore un réel succès, et
celles qui ont été établies jusqu'à présent
le sont essentiellement pour les avantages fiscaux et légaux qu'offre
leur pays d'accueil.
C'est en 1978 qu'apparaîtra la première
institution islamique en Europe, plus exactement au Luxembourg. L'«Islamic
Banking System», qui sera rebaptisé plus tard la «Islamic
Finance House Universal Holdings», sera essentiellement consacrée
à l'acquisition par achat, échange, souscription, ... de parts
dans des sociétés tant en Europe que dans le reste du monde.
Cette banque s'est également largement impliquée dans le
financement de projets communautaires (petits supermarchés, boucheries,
...), principalement en Allemagne.
IBS Luxembourg tentera d'élargir sa présence
jusqu'au Danemark, où il installera une filiale en 1982. il sera ensuite
racheté par la Dar al-Maal al Islami (DMI), avant de fermer
définitivement ses portes en 1997.
Beaucoup plus tard, en 1990, va s'établir la Faisal
Finance à Genève en Suisse, filiale de la Dar al-Maal al Islamic
(DMl). Cette institution remplira principalement le rôle d'une banque
d'affaires avec toutes ses implications. Une autre filiale de la DMI ouvrira
également ses portes au Luxembourg, mais cette fois en tant que holding
de type Soparfi (société de participations financières),
et non pas sous le statut d'une banque.
Dans les pays d'Europe Continentale où la
communauté musulmane représente une partie non-négligeable
de la population, comme l'Allemagne, la France ou la Belgique, les banques
islamiques sont jusqu'à présent non-existantes. Le principal
argument avancé pour justifier cette carence est la présence de
législations qui s'opposent à l'établissement de telles
institutions.
En Belgique, plusieurs règles légales viennent
entraver le développement de cette initiative. Dans un premier temps, la
législation bancaire belge prévoit que toutes «les
succursales d'établissements de crédit ne relevant pas d'un
Etat-membre de l'Union Européenne sont soumises aux mêmes
règles que les établissements de crédit de droit belge ...
La Commission Bancaire et Financière peut ... refuser un agrément
à la succursale d'un pays ne faisant pas partie de l'UE si elle
estime que la protection des épargnants ... requiert la création
d'une société de dmit belge23(*))). Les banques islamiques établies
à J'étranger, étant en général des
succursales de groupes basés au Moyen-Orient, sont soumises à
cette règle.
L'une des règles les plus contraignantes est le
système de garantie de dépôts géré par
J'Institut de Réescompte et de Garantie des dépôts. Par ce
système, tous les dépôts sont protégés des
pertes réalisées ou de la faillite des banques par leur
adhésion obligatoire à cette instance. Dans le système
islamique, seuls les comptes courants garantissent le capital initial. Par
contre, le capital investi sur les comptes d'investissement peut être
sujet à une dépréciation, suite aux pertes possibles
engendrées par le projet financé.
La législation bancaire belge
énumère24(*)
toutes les activités que les banques sont autorisées à
pratiquer. Parmi celles-ci, certaines dispositions communes aux deux
systèmes se retrouvent, telles que la collecte des dépôts,
le leasing, les opérations de paiement, ... Au demeurant, les
opérations commerciales réalisées dans le cadre des
contrats de Murabaha ne sont pas couvertes par la loi et ne peuvent
donc être appliquées en Belgique.
Enfin, J'une des dernières contraintes légales
qu'il est encore important de citer est la limitation de détention de
droits d'associés et de participations qu'une banque peut
détenir. Un arrêté royal prévoit à cet effet
que «chaque poste n'excède pas 15% des fonds propres
de l'établissement de crédit et que le montant total
n'excède pas 45% des fonds propres de
l'établissement25(*)». Etant donné que
J'activité principale d'une banque islamique est J'investissement des
fonds déposés selon, entre autres, un contrat de Mudaraba
qui peut prendre la forme de participation dans le capital d'une
société pour le compte propre de la banque, il est évident
que ces normes seront inévitablement dépassées.
En Allemagne, la seule initiative connue jusqu'à nos
jours est celle qui a été entreprise par l'IFH
située au Luxembourg.
Mis à part ce projet, l'Allemagne reste surtout le
siège d'une certaine réflexion sur le système. Plusieurs
personnalités ont révélé un véritable
intérêt à J'égard du système bancaire
islamique, bien que cet intérêt se soit jusqu'ici
résumé au potentiel du système d'un point de vue global,
plutôt qu'à une application spécifique à J'Allemagne
Un autre argument qui est souvent cité pour justifier
J'absence de banques islamiques en Europe Continentale est le poids relatif de
la communauté musulmane dans la partie la moins favorisée de la
population. Cet argument reviendrait pourtant à dire que « ...
le système bancaire islamique ne serait réservé qu'aux
riches et aux hommes d'affaires musulmans, ce qui est .évidemment en
contradiction avec les principes énoncés par le Coran...
26(*)».
1.2.2. Grande-Bretagne
La Grande-Bretagne est le seul pays d'Europe176
qui, jusqu'ici, a autorisé l'établissement d'une banque islamique
sur son territoire. Malgré que J'expérience ne dura que jusque
1993, J'établissement de la Al-Baraka International Bank Lirnited
(AlBL), filiale du groupe Al-Baraka, est considéré comme
J'expérience pionnière du système bancaire islamique en
Europe. La fermeture de la banque en 1993 est essentiellement due à son
incapacité à répondre aux exigences de la Banque Centrale
d'Angleterre. Dans une lettre adressée à J'Association des
Banquiers Arabes en mars 1994, Eddie George, gouverneur de la Banque
d'Angleterre à cette époque.
L'interruption de J'activité de l'AlBL en
Grande-Bretagne laissa un vide qui ne fut comble qu'en 1997, lorsque l'United
Bank of Kuwait (UBK) basée à Londres proposa un nouveau plan de
financement immobilier sans intérêt. L'Islamic Investment Banking
Unit (lBU), comme est appelé ce projet, propose
principalement des contrats de Murabaha et de Ijam pour
permettre le financement de l'achat de biens immobiliers aux musulmans
britanniques qui ne désirent pas contracter un emprunt à
intérêt. Il est important de noter que l'UBK avait
déjà lancé le même type de service en Irlande en
1994. L'IIBU Fund II PLC basé à Dublin permet l'investissement de
fonds dans un assez large portefeuille d'équipement basé sur le
principe de l'Ijara. D'autre part, l'UBK avait également
déjà proposé le Healthcare Fund en décembre 1996,
né de l'association de l'UBK et de la Kuwait Finance House, offrant la
possibilité d'un financement immobilier par Ijara.
D'autres tentatives ont été entreprises
entre-temps, mais sans grand succès. Ce fut le cas, par exemple, pour
l'El Medina Islamic Equity Fund lancé en 1994, qui sélectionnait
une centaine de sociétés dans un panier de 500, dans lesquelles
les investisseurs musulmans pouvaient investir. Ce fonds n'eut pas le
succès attendu, à cause d'un manque de crédibilité
et de la carence d'un plan de marketing adéquat, étant
donné la nouveauté du produit.
En dépit du peu de réussite engendré par
la tentative d'implantation d'une institution islamique en Angleterre, Londres
reste sans conteste la première place financière islamique et
également la plaque tournante des réflexions et des discussions
sur ce sujet et le lieu d'édition des différents ouvrages
publiés en anglais dans le domaine. Par conséquent, la
Grande-Bretagne est le pays d'Europe le plus avancé et le plus ouvert
à une réelle implantation du système financier islamique.
Ceci sera illustré lorsque nous aborderons les différentes
coopérations qui existent entre les deux systèmes. Nous verrons,
en effet, comment plusieurs banques britanniques se sont lancées dans
l'offre de produits financiers islamiques.
1.2.3. Etats-Unis
Avec plus de 6 millions de musulmans de toute origine, les
Etats-Unis dispose d'un réel marché pour le développement
de services financiers en accord avec la loi islamique. En outre, contrairement
à la situation des immigrés musulmans vivant en Europe, la
communauté musulmane américaine n'est pas confinée dans ce
qu'on pourrait appeler la classe précaire de la population
En réponse à cette constatation, plusieurs
initiatives ont été lancées sur le sol américain.
Parmi celles-ci, on peut citer la LARIBA Bank de l'American Finance House, qui
est autorisée à opérer dans plus de 13 Etats
américains. Actuellement, la LARIBA Bank propose une diversité de
services de financement parmi lesquels le Lease-to-Purchase pour les biens
immobiliers, les voitures et les équipements médicaux. Elle offre
également diverses opportunités de financement et
d'investissement aux petites et moyennes entreprises.
Une autre institution qui s'est également largement
développée est l'Amana Mutual Fund basée à
Washington. Ce fonds permet à des investisseurs de placer leur argent
dans un portefeuille diversifié d'actions de compagnies dont
l'activité est en accord avec les principes de la Chari'a.
La liste des institutions offrant de pareils services est
encore longue. Un dernier exemple pourrait être l'initiative
lancée par Omar Clark Fisher, consultant chez OPIC converti à
l'Islam en 1980. Il lança en 1992 la Première
Société de Leasing Islamique, qui, après trois ans
d'existence, atteignit un portefeuille d'investissement de plus de 6 millions
d'USD.
2. Etat actuel du système financier islamique
2.1. Taille du marché
La taille actuelle du marché financier musulman est
assez difficile à mesurer. Le nombre d'institutions bancaires totalement
islamiques était estimé à plus ou moins 200 unités
en 1999 par le magazine spécialisé Private Banker, alors que le
Président de l'Abu Dhabi Islamic Bank, Al Nassiri parlait
déjà d'une augmentation de 34 en 1983 à 194 banques
islamiques en 199727(*)
D'après le Miraj International Investîmes, un
fonds d'investissement islamique basé au Canada, les institutions
financières islamiques disposent à l'heure actuelle
d'investissements totalisant 140 milliards de dollars dans plus de 40 pays, un
chiffre qui croît à un rythme annuel allant de 15% à
20%195, alors que Ibrahim Warde évalue le total des actifs des banques
islamiques à plus de 230 milliards de dollars dans plus
de 75 pays 196.
Le dernier recensement officiel des institutions bancaires
islamiques a été effectué en 1996 par l'Association
Internationale des Banques Islamiques. Malgré que les chiffres
de cette enquête ont inévitablement augmenté en six
années de temps, les graphiques et tableaux qui en ressortent permettent
d'obtenir une idée relativement claire da la taille et de la structure
actuelles du marché.
Le nombre de banques islamiques était alors
estimé à environ 90, hormis les banques du Pakistan, de
l'Iran et du Soudan où la totalité du système bancaire a
été islamisée. En 1996, la valeur totale de l'actif qui
était géré par ces banques s'élevait à 28
milliards d'USD alors qu'elle est évaluée en 1998 à plus
ou moins 50 milliards d'USD.
Les différents tableaux présentés
ci-dessous sont directement repris des différentes enquêtes
menées en 1996 par J'Association des Banques Islamiques basée
à Jeddah en Arabie Saoudite.
2.2. Analyse des performances du marché
2.2.1. Répartition par région
Le tableau suivant nous donne la répartition des banques
islamiques à travers le monde:
Tableau 1: Institutions Financières Islamiques
par Région
Région
|
Nombre d'institutions
|
Pourcentage
|
Asie du Sud et du Sud-Est
|
36
|
42,4
|
Pays du Golfe
|
19
|
22,4
|
Autres Pays du Moyen-Orient*
|
13
|
15,3
|
Afrique
|
9
|
10,6
|
Europe et Amérique
|
8
|
9,4
|
Total
|
85
|
100
|
* Cette catégorie inclut la Turquie.
Ces chiffres montrent que le plus grand nombre d'institutions
financières islamiques se trouvent en Asie, suivi par les pays du Golfe
et les autres pays du Moyen-Orient. Bien que ces chiffres nous offrent une
première idée sur l'étendue et la répartition du
marché financier islamique par région, ils ne nous permettent pas
d'évaluer le poids de différentes régions sur le
marché. Une répartition de la valeur des actifs
gérés par région résout ce problème.
Tableau 2: Valeur des fonds gérés par
Région
Région
|
Fonds gérés
(en millions de USD)
|
Pourcentage
|
Asie du Sud et du Sud-Est
|
2250,7
|
8,2
|
Pays du Golfe
|
17834,5
|
64,7
|
Autres Pays du Moyen-Orient
|
5430,1
|
19,7
|
Afrique
|
334,5
|
1,2
|
Europe et Amérique
|
1 723
|
6,2
|
Total
|
27573
|
100
|
Grâce à ce dernier tableau, il est facile de voir
qu'une très grande partie de l'activité bancaire islamique est
gérée au Moyen-Orient, dans les Pays du Golfe. Cette
région compte, en effet, plus de 84% des totalités fonds qui sont
gérés par les institutions bancaires et financières
islamiques.
2.2.2. Répartition par taille
La taille est une variable importante pour pouvoir
déterminer l'efficacité d'une banque.
Tableau 3: Institutions Financières Islamiques
par taille de l'actif
Actifs (en millions d'USD)
|
Distribution fréquentielle
|
0-50
|
39
|
51-100
|
13
|
101-200
|
4
|
201-300
|
3
|
301-400
|
8
|
401-500
|
1
|
500-1000
|
3
|
> 1000
|
7
|
Total
|
78
|
D'après les données de ce tableau, nous pouvons
constater que la majorité des banques islamiques se trouvent en dessous
du seuil d'efficacité fixé à 500 millions d'USD. Seules 10
banques sur les 80 dont les données sont disponibles publiquement
atteignent ce seuil. La petite taille adoptée par la majorité des
banques islamiques est souvent justifiée comme une manière de
minimise!": le risque à travers une diversification de leur portefeuille
d'actifs.
Tableau 4: Institutions financières islamiques
par taille du capital
Capital (en millions d'USD)
|
Distribution fréquentielle
|
0-25
|
55
|
26-50
|
10
|
51-75
|
5
|
76-100
|
2
|
101-150
|
2
|
151-200
|
2
|
201-300
|
2
|
Total
|
78
|
Ce tableau nous permet de constater que seulement 8 institutions
ont atteint ce niveau d'optimalité.
Des résultats qui sont dégagés de ces
différents tableaux, on peut conclure que seul un nombre restreint
d'institutions financières islamiques a atteint les différents
niveaux d'optimalité. Ces résultats peu encourageants sont, de
manière générale, à imputer au très jeune
âge de la plupart de ces institutions. Au demeurant, il est de
notoriété publique qu'un haut niveau de capital facilite l'appel
à de nouveaux fonds puisqu'il reflète l'intérêt que
portent des actionnaires à la société.
2.2.3. Analyse du financement par mode
A présent, il est intéressant de voir quels sont
les modes de financement qui sont le plus usités par un
échantillon de 10 banques islamiques. Les banques reprises dans cet
échantillon par l'Association des Banques Islamiques ont
été sélectionnées selon deux critères:
premièrement, selon une taille minimum pour que les données
puissent être statistiquement significatives; deuxièmement, selon
la disponibilité des informations requises. Les dix banques reprises
dans l'échantillon représentent ensemble environ 50% de l'actif
total agrégé des banques islamiques en 1996; ce qui assure une
certaine représentativité à l'échantillon.
La banque islamique se procure ses ressources en utilisant un
contrat de Mudaraba et va les utiliser par le biais des
différents modes de financement qui ont également
été étudiés dans le chapitre
précédent.
Ce graphique reprend l'utilisation des divers modes de
financement par les moyennes des différentes banques. Cela indique la
proportion de chaque mode de financement dans l'activité de la banque.
On constate que la Murabaha représente plus de 70% et
l'Ijara 5%. Donc, les instruments financiers basés sur la dette
représentent plus de 75%, alors que les instruments basés sur le
partage du profit représentent moins de 14% du total.
2.2.4. Analyse du financement par secteur
Ici encore, pour pouvoir examiner quelle était la position
du financement par secteur en 1996, un échantillon d'une dizaine de
banques a été sélectionné.
Graphique1: La position du financement par
secteur
De ce graphique, il paraît évident que la
majorité des banques investissent leurs fonds dans des activités
commerciales avec 42% du total investi. Le second secteur dans lequel les
banques investissent le plus est celui de l'immobilier, avec 13%. Le secteur
industriel suit de très près avec 12% et l'agriculture arrive en
dernier lieu avec à peine 2,4%.
Les résultats obtenus ici sont à imputer
à ceux obtenus lors de la répartition des ressources par modes de
financement. La Murabaha est, en effet, à l'origine un mode de
financement commercial. Ces résultats peuvent également
être expliqués par la répartition géographique des
banques. La majorité des fonds gérés se situent dans la
région du Golfe où l'agriculture est très peu
développée.
Après avoir étudié les différents
résultats du secteur bancaire islamique en 1996, il nous est maintenant
possible de ·les exploiter pour pouvoir envisager les différents
problèmes et opportunités auxquels est confronté le
système.
3. Problèmes rencontrés par le
système financier musulman
3.1. Problèmes d'ordre opérationnel
3.1.1. Carence en instruments basés sur le
principe des 3P
A la lumière des données étudiées
ci-dessus, un premier problème qui se pose aux banques islamiques est
l'impopularité des instruments basés sur le partage du profit.
L'ensemble des techniques financières se scinde, en effet, en deux
parties: celles qui sont basées sur un revenu fixe du capital
et celles basées sur le partage des pertes et des profits
(Mudaraba et Musharakah). Alors que les premiers
économistes musulmans préconisaient la Musharaka et la
Mudaraba comme les principales méthodes de financement, elles
ne représentent actuellement que 10 à 15% de l'activité
bancaire.
Pourtant, les théoriciens de la finance islamique ont
bâti leurs espoirs sur de tels instruments et comparé leurs effets
sur l'économie à ceux produits par l'investissement directe. Ils
ont également développé toute une série d'arguments
et de théories qui démontrent la supériorité du
partage des profits sur l'octroi d'un revenu fixe20I. L'utilisation
de ce type de transaction a été conseillée comme
méthode de financement uniquement lorsque le partage des risques et des
profits n'est pas applicable. Si ce n'est pas le cas, les juristes et
économistes musulmans désapprouvent leur application, les banques
préservant de cette manière le statique avec le système
conventionnel, par l'insistance sur la solvabilité du client et le
maintien de la relation créditeur/débiteur.
Plusieurs approches doivent être adoptées pour
comprendre les causes de cette impopularité. Partant de la perspective
bancaire, le principal obstacle à leur développement semble se
résumer aux risques et aux coûts transactionnels que ceux-ci
engendrent.
Il existe, en effet, une différence fondamentale entre
la banque conventionnelle et la banque islamique. La sélection
d'un projet nécessite des études de faisabilité et
plusieurs évaluations techniques et financières,
évaluations qui requièrent des analystes
expérimentés. Les coûts afférents à ces
transactions sont, par ailleurs, dans la majorité des cas bien plus
élevés que ceux liés à l'autre type de
fmancement204 La conclusion d'un contrat de Mudaraba
nécessite, en outre, un suivi et un contrôle perpétuel
de l'activité du Mudarib, pour ainsi détecter toute
erreur de sa part, erreur qui pourrait être à l'origine d'une
éventuelle perte.
La banque préfère également les contrats
de Murabaha ou d'Ijara aux contrats basés sur le
partage des profits pour la perspective à court terme qu'ils offrent.
Les banques favorisent le court terme étant donné qu'elles
travaillent généralement sur des petites réserves; elles
doivent donc pouvoir disposer rapidement de liquidités si le besoin s'en
fait ressentir.
Partant de la perspective du client, les contrats de
Musharaka et de Mudaraba sont également peu
sollicités. L'investissement dans un projet est souvent un
investissement à long terme, et une première phase de croissance
est requise avant de pouvoir entrevoir les premiers bénéfices
significatifs. Cette optique à long terme implique également plus
de risque, ce qui n'est généralement pas un argument en faveur de
ces contrats.
Par conséquent, il n'est pas surprenant que le
financement par Murabaha et par Ijara représente plus
de 75% de l'activité globale de financement des banques islamiques. Ce
type de contrat, en plus d'être basé sur le court terme, offre un
haut niveau de liquidité et peu de risque aux investisseurs. Ces
avantages ont donc largement contribué à la forte
popularité de ces techniques, mais cette utilisation abusive pose
actuellement certains problèmes sur la scène financière
islamique: le risque de défaut de paiement des clients et la
difficulté de négociabilité de ces actifs.
Le danger engendré par l'insolvabilité du client
est illustré de la manière suivante: même s'il est permis
d'imposer un prix plus élevé pour la vente à crédit
comparé à la vente au comptant, une fois le contrat conclu, une
dette fixe naît du côté de l'acheteur. Si celui-ci
n'acquitte pas sa dette, les banques ne peuvent pas le pénaliser
financièrement, cela étant assimilé à du
Ribâ.
Il faut néanmoins rester vigilant lorsque la question
de la pénalisation du client est abordée. Les juristes musulmans
s'accordent sur la légalité d'une sanction financière,
mais la banque ne peut retirer aucun bénéfice de celle-ci. La
question de savoir si la banque utilise cette astreinte pour réparer le
dommage qu'elle a subi reste aujourd'hui une question non résolue.
L'autre problème engendré par l'utilisation
excessive de ces contrats basés sur la dette est leur difficulté
à transformer ces modes financiers en instruments financiers
négociables205. Une fois qu'une dette a été
créée, elle ne peut, en effet, être transmise à une
tierce personne, si ce n'est dans sa propre valeur. Vu le poids important de
ces instruments sur le marché financier islamique, celui-ci devient
très peu négociable, et représente par conséquent
l'un des obstacles les plus importants à la mise sur pied d'un
marché islamique secondaire.
3.1.2. . Concurrence et diversification des produits
Les taux de croissance spectaculaires le prouvent, les banques
islamiques ont connu un succès considérable dans la mobilisation
de fonds dans le passé. Cependant, les circonstances actuelles ne sont
plus celles des années 70, et de nouveaux éléments
menacent leur prospérité. Les taux de croissance continuent
à évoluer mais de manière décroissante
et de nouveaux efforts sont requis pour tenter de stabiliser ces taux.
Un premier élément qui remet en question le
futur des banques islamiques est que celles-ci, après de nombreuses
armées de .monopole» dans leur domaine, doivent affronter
aujourd'hui l'intérêt grandissant que portent les banques
conventionnelles sur leur marché. Bien qu'il est difficile
d'établir une liste complète des institutions qui pratiquent le
système bancaire islamique parmi leurs nombreuses activités, il
n'en reste pas moins que celles qui l'appliquent de notoriété
publique sont des géants de la scène bancaire internationale.
Leur concurrence introduit graduellement de nouvelles réalités
auxquelles les banques islamiques ne sont pas préparées.
Au demeurant, la concurrence semble, à première
vue, ne pas être un élément totalement négatif. Elle
est généralement supposée être un facteur de
croissance, en promouvant l'innovation, la réduction des coûts et
l'amélioration de la qualité des produits et services offerts aux
consommateurs. Elle n'est pas recommandée dans un seul cas: lorsque les
firmes se trouvent encore dans leur stade de développement, stade durant
lequel elles doivent au contraire être protégées de la
concurrence jusqu'à ce qu'elles atteignent l'expérience et les
qualités nécessaires pour que ce phénomène ne leur
'soit plus défavorable. Les banques islamiques émergent à
peine de cette période qu'elles doivent déjà affronter
l'expérience et le savoir-faire des banques conventionnelles dans des
domaines comme les techniques d'innovation, la stratégie marketing, la
diversification de portefeuilles, ...
Ainsi, la concurrence de grandes banques multinationales
menace l'avenir des banques islamiques. Les banques islamiques se doivent donc
de réagir rapidement et d'investir dans une diversification accrue des
produits qu'elles offrent pour pouvoir répondre aux besoins croissants
de leurs clients, eu égard à leurs exigences en matière de
revenu, de délai et de risque. Jusqu'ici, les outils utilisés
restent confinés dans des modes de financement classiques qui ont
été développés il y a des siècles et qui
répondaient aux exigences de cette époque. Malgré que ces
outils gardent toute leur efficacité aujourd'hui, les circonstances et
l'environnement obligent les banques islamiques à redoubler d'efforts et
d'investissements dans le domaine de l'innovation.
Cette innovation est d'autant plus nécessaire que c'est
le manque de diversification dans les produits proposés qui a
mené la banque islamique à agir comme un intermédiaire
plutôt que comme un véritable investisseur. Les
investissements en recherche et développement sont, par
conséquent, indispensables.
Cette idée pourrait paraître évidente,
mais elle n'en est pas moins extrêmement difficile à appliquer,
étant donné le filtre religieux par lequel tout nouveau produit
doit passer. Une condition sine qua non pour que celui-ci soit attractif
auprès des principaux clients de la banque, les musulmans, est son
adéquation aux règles du droit islamique. Cependant, plusieurs
techniques sont à la disposition des juristes musulmans, comme le
qiyas, la maslaha ou encore l'istihsan . Ce fut le
cas, par exemple, pour la procédure d'approbation du contrat de
Salam. Rappelons qu'au départ, la vente d'un objet qui n'est
pas en possession du vendeur est interdite. Cependant, dans le cas du contrat
de Salam, le Prophète (sbsl) a autorisé une telle
transaction pour les besoins des gens de son époque, pour autant que la
protection des intérêts des deux parties soit assurée .
Ici aussi, de nouveaux besoins sont apparus et la
nécessité de l'innovation se fait nettement ressentir. Les
marchés financiers conventionnels débordent de nouveaux produits
tels que les options, les plans de pension, les cartes de crédit, ...
Les institutions islamiques ne peuvent donc se permettre de rester à
l'arrière-plan de la scène. C'est ainsi que de nombreux contrats
classiques ont été améliorés, voire
modifiés, pour répondre aux besoins contemporains. On peut citer
comme exemple le modèle même de la structure bancaire islamique,
la Mudaraba two-tiers. Ce modèle est basé sur une
adaptation du principe de Mudarib udarib:qui donne le droit au
Mudarib (la banque) de devenir elle-même Rabb al mâl
vis-à-vis de ses clients. Ce principe est également
usité pour l'application des sous-contrats pour d'autres techniques
financières. Le processus d'innovation est donc en cours mais requiert
d'importants investissements en Recherche et Développement. En vue
d'optimiser leurs investissements dans ce domaine, les banques ont
décidé de centraliser leurs efforts par la création, en
1992, du Bureau de Coordination et de Recherche Académique, qui est
situé dans le Centre Saleh Kamel pour l'Economie Islamique, à
l'Université Al Azhar au Caire, en Egypte.
3.1.3. Diversité des conseils de la Chari'a
L'une des plus grandes difficultés que rencontrent les
Conseils de la Chari'a dans leur fonction est la diversité des
opinions des savants musulmans. Bien qu'ils soient unanimes sur les principes
fondamentaux, il existe souvent plus d'une interprétation pour un seul
sujet. Le gouvernement malais a tenté de faire face à ce
problème au début du développement de son industrie
bancaire islamique. Sa Banque Centrale, la Banque Negara, dispose de son propre
conseil religieux qui détermine les règles applicables pour
l'ensemble des banques islamiques actives sur son territoire.
Une tentative de centralisation des conseils de la Chari'a
a été amorcée par les différentes initiatives
de séminaires internationaux réunissant des juristes et des
experts financiers musulmans, séminaires dont le plus
célèbre est le OIC Fiqh Academy tenu
régulièrement à Jeddah, en Arabie Saoudite.
La situation est cependant loin d'être idéale.
Les discussions entre juristes et financiers sont souvent vides de sens,
ceux-ci utilisant des termes techniques qui varient non seulement d'une
discipline à l'autre, mais également d'un pays ou d'un courant de
pensée à l'autre. Le véritable problème qui se pose
dès lors est « ... la carence en savants qui maîtrisent
tant les enseignements coraniques qu'économiques et financiers. Dans une
interview donnée à l'auteur, Muazzam Ali de la IIBI à
Londres estimait qu'il n); avait pas plus de 20 savants à
travers le monde qui répondent à ces conditions210)).
Ce problème de concordance des avis émis
mène souvent à des opinions contradictoires et à des
conflits d'intérêts. De plus, la diversité des conseils de
la Chari'a ralentit considérablement le développement du
système financier islamique, sans lesquels il ne peut cependant pas
fonctionner.
3.2. Problèmes d'ordre institutionnel
Chaque système possède ses exigences
institutionnelles, et le système financier islamique n'est pas une
exception. Comme tout système, il nécessite également la
présence d'instances de contrôle et d'assistance qui lui
permettent d'opérer dans l'environnement le plus favorable qui soit.
Jusqu'ici, les institutions financières islamiques
à travers le monde ont toujours essayé de
bénéficier de la structure institutionnelle déjà
établie pour le système conventionnel. Cependant, elles ne
peuvent se contenter d'une structure reposant sur des principes
différents et souvent contradictoires à son fonctionnement. La
nécessité de l'établissement d'institutions
orientées plus spécifiquement vers leurs besoins et leur nature
se fait donc vivement ressentir.
3.2.1. Nécessité d'instances de
régulation et de contrôle
Le manque d'instances de contrôle dans le paysage
financier musulman est l'un des problèmes les plus urgents à
résoudre, étant donné les carences qu'engendre ce manque.
En effet, trois raisons expliquent cette urgence: la difficulté
d'acquisition d'informations disponibles pour les investisseurs et le manque de
transparence, le manque d'assurance quant à la faisabilité et au
futur du système financier, et l'amélioration des politiques
monétaires.
L'information est un élément essentiel pour
assurer la continuité d'un système financier, et dire que la
transparence est une qualité du marché bancaire islamique serait
un leurre. Il n'est pas rare, par exemple, que le procédé exact
de calcul des pans de profits sur les différents dépôts
soit gardé confidentiel. De la même manière, les
détails quant à l'utilisation des fonds par les banques ne sont
que rarement rendus publics. Cette attitude de la part de la majorité
des banques islamiques enraye la fiabilité de leur activité. Une
transparence plus accrue est donc requise et celle-ci pourrait être
exigée par une instance de contrôle, qui obligerait les banques
à révéler les informations cruciales aux investisseurs
potentiels et ainsi augmenter l'efficacité des marchés
financiers.
L'industrie bancaire conventionnelle est l'un des secteurs les
plus contrôlés et les plus régulés. Bien qu'une
instance comme la Banque Centrale est présente dans tous les pays
où il existe des institutions islamiques, la structure et le
fonctionnement de celle-ci sont trop souvent calqués sur celle du
système conventionnel.
Ces dernières années, des efforts ont
été entrepris dans certains pays; ainsi, en Egypte et en
Jordanie, un Acte Bancaire Islamique a été édité,
prévoyant des règles spécifiques aux institutions
financières islamiques et les relations de celles-ci avec la Banque
Centrale. D'autres pays comme la Malaisie ont édicté des
règles, pour les opérations des banques islamiques
parallèlement à celles déjà présentes pour
les banques conventionnelles.
Cependant, aucune de ces initiatives ne prévoit un
système d'assistance conforme aux règles de la Chari'a.
Ainsi, les dépôts des banques auprès de la Banque
Centrale restent rémunérés par une charge
d'intérêt, et il en est de même pour les prêts
octroyés. Plusieurs solutions ont déjà été
avancées, mais rares sont leurs applications. Ainsi,
Chapra212 propose un dépôt commun par les banques
islamiques sous le contrôle des Banques Centrales pour fournir une aide
à une autre en cas de problème de liquidité, et ce sur une
base coopérative.
Enfin, une dernière institution qui devra être
mise sur pied prochainement est un Conseil de la Chari'a commun
à toutes les banques et qui fournirait des règles
standardisées et communes à chacune.
3.2.2. Nécessité d'un marché
secondaire
Un système financier requiert qu'une bonne partie de
ses activités soit basée sur du long terme. Dans le
système conventionnel, ces activités sont assumées par
l'émission de titres comme les obligations à long terme et les
actions. Cette fonction est assurée par les marchés de titres et
les institutions spécialisées. En plus du public, les plus
importantes sources de ces investissements à long terme sont les banques
d'investissement, les fonds communs, les compagnies d'assurance et les fonds de
'pension.
Dans le système islamique, une émission
d'obligations à long terme n'est pas possible puisqu'elle repose sur
l'intérêt. Le besoin en marché des actions est, par
conséquent, bien plus élevé. De plus, un manque latent de
standardisation des produits empêche les banques islamiques de se
développer. Cette standardisation permettrait aux banques de
coopérer, tout comme les méthodes basées sur
l'intérêt ont été uniformisées. Cette
uniformisation favoriserait la syndication de beaucoup de transactions
bancaires et la capacité de pouvoir titriser ces produits endiguerait le
manque de négociabilité de ces produits, permettrait la
croissance d'un marché secondaire spécifique et encouragerait les
investissements à long terme213.
Malheureusement, dans la plupart des pays musulmans, le
marché des actions n'est pas vraiment développé.
Parallèlement, le nombre d'institutions spécialisées est
relativement négligeable. Des fonds communs et des fonds Mudaraba
sont apparus mais leur nombre reste assez restreint et l'information sur
leur performance presque inexistante. De la même manière, le
nombre de compagnies d'assurance islamiques peut tenir sur les doigts d'une
main.
Ce retard pose plusieurs problèmes au système
musulman: d'une part, il l'empêche d'assurer son avenir et sa
longévité à cause du déséquilibre flagrant
qui existe entre le court terme et le long terme. D'autre part, il augmente le
décalage déjà existant avec le marché conventionnel
où le nombre et les performances des institutions
spécialisées sont relativement croissants
3.2.3. Absence d'uniformisation comptable
Alors que les banques conventionnelles disposent de
règles comptables internationales qui leur sont communes et que leur
Banque Centrale publie les comptes annuels consolidés des banques
après supervision, le système financier islamique dispose d'une
diversité de pratiques comptables, pratiques qui varient d'une
institution à l'autre, entravant ainsi toute tentative de comparaison
entre les documents comptables. De plus, les concepts utilisés pour
l'élaboration du bilan et du compte de résultat ne sont que
rarement définis d'une manière rigoureuse.
Cependant, ces dernières armées, plusieurs
initiatives ont été prises pour neutraliser ce problème et
pour tenter une standardisation des pratiques comptables. Etant donné
l'ampleur et la nouveauté de cette initiative, un simple paragraphe ne
nous permettrait de l'aborder d'une manière adéquate
CHAPITRE 4 : LES PRODUITS ISLAMIQUE AU
MAROC
1. L'introduction des nouveaux produits islamique au
Maroc
L'arrivée au Maroc des techniques bancaires conformes
aux préceptes de l'islam est désormais une réalité.
Bank Al-Maghreb a enfin annoncé l'introduction de nouveaux produits
bancaires conformes à la Charia dés le mois d'octobre 2007, cette
annonce a été faite par le wali du Bank Al-Maghreb Abdellatif
Jouahri lors d'une conférence de presse tenue à Rabat mardi 23
Mars 2007.
L'introduction de ces produits « "Ijara",
"Moucharaka" et "Mourabaha" » devrait permettre d'élargir la
gamme de services bancaires et de contribuer à une meilleure
bancarisation de l'économie », a relevé M. le wali dans une
déclaration publié par l'agence de presse MAP.
Il a aussi souligné que les nouveaux produits
financiers autorisés concernaient uniquement le financement, et non les
dépôts. Il a indiqué que 53 pour cent des
dépôts en espèces dans les banques marocaines se faisaient
sous la forme de dépôts non productifs et qu'il n'y avait donc
aucune raison pour les citoyens préférant conduire des
transactions sans intérêt d'avoir des réserves sur les
dépôts bancaires. Il convient aussi de signaler que l'offre de ces
produits, afin qu'elle s'aligne avec les standards internationaux, a
donné lieu à la signature de contrats établis sur la base
des règles édictées par «The Accounting and Auditing
Organization for Islamic Financial Institutions», organisme basé
à Bahreïn, qui compte 130 membres, représentant 29 pays.
L'introduction au Maroc, de ces trois techniques de
financement qui sont parmi les opérations islamiques les plus
répondu dans le monde, vient d'une part dans un contexte international
dans le quelle la présence des techniques de financement islamiques dans
le marché est de plus en plus pesante, plus de 800 milliards de dollars
gérées selon la charia surtout après le boom
pétrolier des années soixante-dix qui a entraîner une
grande disponibilité de pétrodollars et de ce fait la
création du premier grand établissement islamique de financement,
et une croissance de plus de 25 % sur six ans . La finance islamique,
jusque-là laissé à quelques institutions
financières du Golfe du Pakistan ou de Malaisie, s'avère receler
un énorme potentiel qui intéresse de plus en plus les occidentaux
notamment en grande Bretagne « l'Islamic Bank of Britain »
et les Etats-Unis dans laquelle le Dow jonce a par exemple
créé un indice de placement islamique. Et d'autre part ces
techniques vont répondre à une demande interne de plus en plus
ascendante pour ce type de financement, par les citoyens comme par les
investisseurs venus du moyen orient, surtout après une vaste renaissance
de l'islam et de ces valeurs dans le monde musulmans.
L'activité bancaire islamique proprement dite a
commencé avec la création de la banque de DubaÏ en 1975. Ce
fut une initiative populaire qui a été suivie par la
création de la banque islamique de développement à Djedda,
établissement international, groupant les pays membres de l'Organisation
de la Conférence Islamique.
D'autres banques islamiques virent le jour au cour de la
décennie 70 tel que le groupe « DAR AL AMAL AL
ISLAMI », « AL BARAKA », le rythme de la
création va s'accélérer dans beaucoup de pays arabes
à savoir le KOWEÏT, QUATAR,JORDANI... on voit naître
également des guichets d'opérations bancaires islamiques au sein
de banques traditionnelles, notamment aux ETATS-UNIS et en suisse. D'autre pays
tel que l'Iran, et lors de la montée des islamistes au pouvoir, a
adopté intégralement un programme de restructuration de leurs
institutions dans le sens islamique en interdisant complètement aux
banques de percevoir ou de verser des intérêts.
Nous trouvons quelques banques islamiques au Maroc. Cependant,
ces banques apparaissent toutes sous un statut particulier. En effet nous ne
trouvons que des B.I.D : Banque islamique de Développement, a
travers ce nom nous comprenons que ces banque ne sont amenées à
financer (conformément au système islamique) que les projets
publics généralement de grosse envergure, d'ailleurs, même
le capital de ces banques est public. Nous pouvons donc nous poser la question
de savoir pourquoi n'y a-t-il pas de banques susceptibles de financer les
projets privés de plus petites envergures au Maroc ?
La réponse est de la part de M. jouahari dans une
interview du journal La Nouvelle Tribune 17/1/2007 « Quelle
réponse avez-vous donnée à la demande que vous adressent
des banques islamistes, de venir s'installer au Maroc ? Comme vous le savez, le
rôle des organes de régulation et de supervision est de
prévenir des situations, de replacer les décisions dans leur
contexte général, intérieur et externe, sans se retrouver
dos au mur, de veiller à ne pas désarticuler le marché qui
existe. En conséquence, notre réponse à ces
interpellations est claire. Nous ne pouvons accorder d'autorisation
d'établissement sans projet industriel clair et défini. Mais,
avec le GPBM, nous avons mis au point toute une panoplie de produits bancaires
qui répondent aux spécificités et règles de la
Charia».
Ces produits bancaires dits alternatifs sont :"Ijara",
"Moucharaka" et "Mourabaha". BAM a défini, en concertation avec le
Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM), le cadre devant
régir l'offre de ces produits par les établissements de
crédit marocains. L'opération "Ijara" est définie comme
étant tout contrat selon lequel un établissement de crédit
met, à titre locatif, un bien meuble ou immeuble à la disposition
d'un client.
L'opération "Moucharaka" est définie comme
étant tout contrat ayant pour objet la prise de participation, par un
établissement de crédit, dans le capital d'une
société existante ou en création, en vue de
réaliser un profit. Les deux parties participent aux pertes à
hauteur de leur participation et aux profits selon un prorata
prédéterminé.
L'opération "Mourabaha" est définie comme
étant tout contrat par lequel un établissement de crédit
acquiert, à la demande d'un client, un bien meuble ou immeuble en vue de
le lui revendre moyennant une marge bénéficiaire convenue
d'avance, le règlement par le client se fait en un ou plusieurs
versements, à une date ultérieure, ne dépassant pas 48
mois.
Parmi les banques marocaines qui ont déjà
commercialiser ces produits, c'est bien sûr Attijariwafa bank qui a
dévoilé ses deux premières formules depuis le 8 octobre
2007 dans ses agences. Baptisés «Miftah Al Kheir» et
«Miftah Al Fath», les deux produits sont la déclinaison du
concept «Mourabaha» et «Ijara wa Iqtinaa».
La première formule est un contrat par lequel la banque
acquiert, à la demande de son client, un bien immobilier à usage
d'habitation ou professionnel en vue de le lui revendre, immédiatement,
moyennant une marge bénéficiaire connue d'avance. Le
règlement par le client se fait en un ou plusieurs versements
étalés sur une durée convenue avec la banque, qui peut
atteindre 25 ans, et le prix de vente au client est calculé sur la base
du coût de revient de l'immeuble que supporte la banque (prix, frais,
taxes...).
Miftah Al Kheir peut couvrir la totalité du prix de
l'immeuble. La capacité d'endettement de l'emprunteur est cependant
plafonnée à 40% de ses revenus. Le produit offre par ailleurs la
possibilité de remboursement par anticipation sans
pénalité et donne lieu à l'inscription d'une
hypothèque en premier rang pour la banque ainsi que la souscription
à un contrat d'assurance décès et invalidité dont
la prime est comprise dans la mensualité.
Quant à Miftah Al Fath, il s'agit d'un contrat selon
lequel Attjariwafa bank met à la disposition de son client, à
titre locatif, un bien immobilier, assorti de l'engagement ferme du client
d'acquérir le bien au terme du contrat. Le produit s'adresse à la
fois aux particuliers et aux professionnels et peut également financer
100% du bien en question. La durée du contrat varie entre 10 ans et 20
ans au maximum.
A partir de janvier 2010, la TVA sur les produits bancaires
alternatifs comme la mourabaha et l'ijara sera de 10 pour
cent, contre les 20 pour cent qui étaient préalablement
appliqués.
Les nouveaux taux de l'emprunt signifient que les produits
bancaires alternatifs conformes à la charia seront désormais
taxés au même taux que les produits bancaires et les prêts
traditionnels. Les Musulmans qui hésitaient à contracter des
prêts classiques pourront maintenant utiliser un grand nombre de produits
bancaires alternatifs sans craindre de violer les règles de leur
religion.
Les banques proposent un grand nombre de produits alternatifs.
Avec les contrats murabaha, une banque ou un établissement de
crédit achète un bien dans l'intention de le revendre au client
avec une marge de profit convenue à l'avance. Les clients peuvent
également opter pour un contrat ijara, par lequel une banque
loue un bien à un client avec une option d'achat à la fin de la
période du prêt en leasing. Les entreprises et les PME peuvent
également profiter de contrats musharakah, par lesquels une
banque contribue au financement de la nouvelle entreprise dans l'espoir d'en
tirer un profit.
Tous ces services renoncent à appliquer le taux
d'intérêt traditionnel, pour rester conformes aux restrictions
islamiques sur les profits tirés des intérêts.
Des taux de TVA élevés constituaient un obstacle
aux pratiques bancaires alternatives, a expliqué lundi à Rabat le
spécialiste financier Othmane Mehdi, soulignant qu'un manque
d'information sur ces services avait également empêché leur
développement.
"Pour réussir ces opérations dites islamiques,
il faut miser sur la publicité pour que la clientèle cible soit
au fait des nouveautés", a-t-il ajouté.
Il reconnaît que certains mettront en doute la
"légalité islamique" des produits proposés et se
demanderont si les dispositions financières proposées sont
vraiment halal.
2. Le contenu des nouveaux produits
islamique
Les nouveaux produits islamiques, sont des modes de
financements qui émane et respecte la théorie économique
islamique et ils se distinguent des produits bancaires traditionnels sur
plusieurs points
2.1.
Caractéristiques des nouveaux produits bancaires islamiques par rapport
aux autres produits bancaires traditionnels:
Pour mieux comprendre le contenu de ces nouveaux produits
bancaires, il vaut mieux faire une petite comparaison, entre ces derniers et
les autres produits dit traditionnels assimilables :
· « Ijara wa Iqtinaa » et le contrat
de leasing : comme on a vu dans la première sous partie,
« Ijara wa Iqtinaa » est très proche du leasing, sur
beaucoup de points à savoir :
1 : Il s'agit dans les deux cas de l'acquisition
d'équipement au profit d'un client les ressources financières ne
lui permettent pas de faire face à un investissement
déterminé.
2 : Il s'agit aussi dans les deux cas d'un contrat de
location, c'est-à-dire que le bien reste propriété de la
banque qui le donne en location au client pour un période
déterminée.
3 : Dans le ta'jir, comme dans le leasing le client a
l'option d'achat du bien à la fin de la durée du contrat pour une
unité monétaire symbolique.
4 : Dans les banques islamiques, comme dans les banques
classiques, il s'agit là de l'un des plus chers modes de financement
Mais à l'instar de ces points de convergences, il y en
a pas mal de points de divergences qui apparaissent essentiellement dans le
principe de résiliation du contrat de location avant son terme. En effet
dans l'orthodoxie du droit musulman le bénéficiaire du ta'jir
peut le résilier avant l'échéance de la dernière
traite, contrairement au leasing, où le bénéficiaire est
tenu de respecter l'échéancier et ce n'est qu'à cette date
qu'il peut soit : lever l'option d'achat du bien, ou refuser de lever
l'option d'achat, ou bien convenir sur la base résiduelle de cession,
d'un nouveau loyer échelonné dans le temps. Toutefois la
différence qui a de la taille c'est que « Ijara wa
Iqtinaa » pose sur le principe de la marge bénéficiaire
alors que le leasing sur les taux d'intérêt qui sont
prohibées par la charia.
· La Murabaha et le crédit -acheteur : la
Murabaha est souvent comparer avec le crédit-acheteur qu'on
utilise souvent dans le domaine du commerce international. Dans le
crédit-acheteur la banque accorde à un acheteur un prêt
d'un montant déterminé qu'il remboursera à des
échéances déterminées. Tant dans le
crédit-acheteur que dans la Murabaha , il y a l'avantage pour le
fournisseur d'être payé directement et au comptant.
Néanmoins le crédit-acheteur est un
crédit financier qui porte sur le moyen de paiement, alors que
dans la Murabaha il y a un contrat commercial (vente) et un financement
à terme. De même dans le crédit acheteur la banque est
étrangère au contrat commercial, alors que dans la Murabaha la
banque est une partie intégrante.
Al Moucharaka : la principale distinction entre al
moucharaka et les autres crédits de financement, c'est la notion de
risque. Dans al moucharaka la banque va devenir associée avec le client,
non seulement dans les gains mais aussi dans les pertes, alors que dans le
crédit conventionnel elle ne connaît que la réception des
intérêts. Ainsi présentées, les produits bancaires
alternatifs vont certainement contribuer au développement que
connaît le Maroc durant ces dernières années.
2.2. L'apport socio-économique des produits
bancaires alternatif au Maroc
En introduisant des produits bancaires islamiques, le Maroc
voulait que ces derniers contribuent au développement du pays, surtout
au niveau social et économique, et comme ça conserver
l'équilibre social et économiques que l'Etat se batte depuis
toujours pour le stabiliser.
2.2.1. Conserver l'équilibre
social:
Comme beaucoup de pays du tiers monde le Maroc connaît
une grande crise d'habitat, que les crédits traditionnels, n'ont pas pu
résoudre, et encore plus, les banques sont même
soupçonnés de l'accentuer notamment par la
spéculation , et par des crédits qui ne répondent pas
aux demandes d'un grand nombre de clients, qui ont des convictions religieuses
contraires aux principes sur lesquelles ces crédit sont basées,
surtout les taux d'intérêts prohibés par les
préceptes de la charia ( 42% de ceux qui refusent les crédits
bancaires au Maroc c'est pour des motifs religieux) selon une étude
faite par une association spécialisé dans la matière.
Donc l'introduction de ces produits va certainement encourager
cette catégorie de citoyen, pour acheter leurs propres maisons, par des
produits bancaires comme «Miftah Al Kheir» et «Miftah Al
Fath», qui répondent à leurs attentes, et de cette
façon on va remédier au moins partiellement à ce
fléau qui peut engendrer des problèmes sociaux, qui menace la
stabilité sociale du pays, notamment les bidonvilles que le Maroc
combatte avec voracité.
D'autre part la finance islamique en interdisant
l'intérêt, il va empêcher le favoritisme du capital par
rapport au travail, le capital doit par conséquent profiter à son
détenteur et à celui qui le profite par son travail. Et d'une
autre côté elle vise à empêcher la formation au sein
de la société d'une classe détentrice des capitaux et
d'une autre misérable qui travaillerait pour le bien être de la
première, et c'est le but de la mucharaka qui va créer une
complémentarité entre ces deux classes pour le bien de la
société toute entier.
Enfin il vaut mieux signaler qu'en acceptant la
commercialisation de ces produits, l'Etat marocain va rompre la route contre
toute éventuelle utilisation politique de ces modes de financement,
surtout par l'opposition islamique, et de cette manière il n'y aura
aucun changement sur le niveau sociopolitique interne. Et d'ailleurs c'est la
principale cause qui a poussé l'Etat pour autoriser la commercialisation
des produits bancaires islamiques.
2.2.2. Contribuer au
développement économique du pays
Selon Omar al katani l'expert économique marocain, les
produits alternatifs auront un impact positif sur l'économie marocaine,
et cela va apparaitre dans plusieurs domaines : tous d'abord et selon une
étude faite par l'association de M. katanii 6% des entreprises marocaine
refuse de nouer des relations avec les banques pour des raisons religieuses, et
20% veulent changer leurs modes de financement par un autre islamique, donc
c'est une grande partie d'entreprise qui ont maintenant ce qu'elles cherchaient
depuis longtemps pour leur épanouissement .
Il y a aussi l'intérêt financier du fait que ces
produits ; vont certainement contribuer dans le processus de bancarisation
que le Maroc poursuit ces derniers années, car d'une part les banques
auront plus de produits à présenter, et d'autre part elles
cibleront une nouvelle catégorie de clients, qui' ont été
négligé auparavant.
Il faut aussi signaler que les produits islamiques, vont aider
beaucoup ceux qui pratiquent des métiers libéraux, comme les
médecins, les avocats, les notaires pour équipier leurs bureaux,
par ijara ou murabaha, notamment ceux qui ont des convictions religieuses.
Il y' a aussi un autre intérêt de plus grande
importance, qui est l'épanouissement du secteur de l'immobilier, car en
donnant plus de crédits conformes aux préceptes de l'islam, en va
encourager beaucoup de gens à acheter des logements ce qui va se
répercuter sur ce secteur qui est liée avec plusieurs secteurs
économiques majores.
Enfin l'intérêt économique de ces produits
réside aussi dans le fait, que c'est une manière qui va attirer
plus d'investisseurs des pays de golf, qui vont amener avec eux plus de devises
et créeront de ce fait plus d'emplois. Mais toutefois il reste de savoir
si tous ces apports sont palpables sur la pratique, ou seulement de simples
spéculations théoriques.
3. Analyse et appréciation sur les nouveaux
produits bancaires islamiques après leurs commercialisation au
Maroc
Cette seconde partie il va être consacré pour
l'analyse de ces produits. Cette analyse a pour but de relever les contraintes
et les difficultés que ces produits alternatifs ont rencontrées
«contraintes fiscales ; réglementaires, politiques,
organisationnelles, commerciales...... » Ce qui a engendrer la
cherté de ces produits par rapport aux autres produits
déjà existante dans le marché financier, et pour donner
à cette étude plus d'envergure on va tenter de présenter
les mesures nécessaires qui vont contribuer au succès de ces
modes de financement au Maroc.
3.1. Problématique de la
cherté des nouveaux produits bancaires islamiques
Des produits halals mais trop
chère .... C'est la réflexion faite par les clients
vis-à-vis les nouveaux produits islamiques, alors qu'on attendait
à des produits moins chères que ceux des banques traditionnels.
Cette cherté est due à des causes directes et des causes
indirectes.
Les causes directes : pour Miftah Al Keir la mensualité
est plus élevée que dans le cas d'un prêt immobilier
conventionnels, par ex si l'immeuble coute 300000DH il doit payer 8192DH par
mois pendant une duré n'excédant pas 120mois, et donc le montant
de cette vente va être de 980000DH ce qui est énorme. Cela est
expliqué par la double transaction à faire dans le cadre du
contrat, (achat de la banque puis revente au client, ce qui va induire beaucoup
de frais à savoir les honoraires de notaires, les taxes d'enregistrement
et d'inscription foncière...) et aussi par les frais d'assurance vie et
incendie.
Pour MIftah AL fath c'est la même chose, la
mensualité est aussi trop supérieur par rapport à un
crédit logement conventionnel, parce que d'une part la duré est
plus courte, d'autre part les frais de la double transaction, et enfin les
clients supportent la TVA sur toute la mensualité, et non pas uniquement
sur les intérêts comme dans les crédits classique.
Les causes indirectes : comme on a dit c'est seulement
attijari wafa bank, qui a osé à commercialiser ces produits,
alors que les autres banques sont soit des réticents, soit des refusant
à ces produits. Pour les premiers ils attendaient à voir le
comportement des clients, avant d'entrer pour commercialiser ces nouveaux
produits, mais après ce premier mauvais résultat ils n'ont pas pu
s'aventurier, ce qui a contribuer au maintien de cette hausse de prix, pour
défaut de compétitivité entre les banques.
Par ailleurs il y'a d'autre causes, qui ont poussé ces
banques à ne pas commercialiser ces nouveaux modes de financement
à savoir:
o des convictions politiques douteuses de tous ce qui est
islamiques, surtout après la montée en force du PJD, et les
demandes qu'il a fait pour l'introduction de ces modes de financement.
o la pression du lobby des banques, qui redoute le
succès de ces produits, chose qui va certainement encourager
l'introduction de banques islamiques au Maroc.
o une mauvaise formation des personnels des banques sur la
finance islamique.
o un marketing trop modeste qui n'a pas aidé à
une bonne commercialisation de ces produits bancaires.
o la non utilisation des personnalités religieuses,
pour sensibiliser les clients et les banques sur l'importance de ces produits
alternatifs
3.2. Les conséquences de la
cherté
Selon un cadre de la banque attijari wafa bank, seulement 72
dossiers de demande pour les produits alternatifs ont été
accepté, et un seule dossier été refusé, et cela
depuis leurs commercialisation en octobre 2007. Donc les résultats sont
décevants alors qu'on attendait le contraire, surtout après le
succès de ces produits dans les autres pays.
Par ailleurs aucune autre banque n'a eu le courage de
concurrencer attijari wafa bank dans ces produits, par ce qu'ils ont
été découragé, dans un premier temps par le flou de
la fiscalité appliqué sur les produits alternatifs, selon une
étude faite par l'économiste, et aussi par le faible
résultat réalisé après leur commercialisation. Il
y'a même des rumeurs qui parlent de mesures, visant à retirer ces
produits du marché marocain.
Cette cherté à engendrer un
mécontentement général au sein de la
société, on parle d'un prix lourde pour faire ce qui est halal en
islam, payer plus chère pour préserver ses conviction
religieuses, et il y'en a même qui parle de complot qui vise les nouveaux
produits islamiques.
Mais malgré tout ça le Maroc, après avoir
introduit ces nouveaux produits bancaires islamiques ne semble pas se
décourager pour autant, bien au contraire il compte continuer à
encourager les modes de financement islamiques qui ont fait le succès
des banques islamiques, notamment dans les pays du golf et en Europe. Mais pour
le faire il est nécessaire de prendre un certains nombre de
dispositions.
3.3. les mesures nécessaires pour un vrai
succès des produits alternatifs
Afin que les nouveaux modes de financement islamiques,
réalisent leur but, il faut prendre un certains nombres de mesures
adéquates pour les rendre plus compétitifs, et pourquoi pas
autoriser l'entré des banques islamiques au Maroc pour une meilleure
gérance.
Tous d'abord il faut que les responsables
marocains aient, une vraie volonté de promouvoir ces nouveaux produits
bancaire, en méconnaissant toutes sortes, de conviction politiques
contraires ou pression défavorable du lobby des banques, car c'est une
question qui intéresse tous les marocains qui veulent voir leur pays en
plein développement, et l'intérêt général
bien sûr prévaut à l'intérêt privé de
quelques minorités.
Ensuite il faut prévoir une réglementation
fiscale adéquate : premièrement il faut que l'IS dans Ijara
wa iqtinaa soit étalé sur la durée du contrat,
deuxièmement la tva appliquées aux acquisitions d'immeubles doit
être diminué, en fin les taxes d'enregistrement fiscales ne
doivent pas être payé doublement, et ce en prévoyant des
mécanismes fiscales appropriés à cette situation.
Par ailleurs l'état doit encourager les banques
réticentes, à servir les produits alternatifs soit par des
récompenses fiscales, soit par la pression et ne pas se contenter de
subir leur pression, car de cette manière on créera une
concurrence entre ces banque ce qui va certainement baisser le prix desdites
produits. D'autre part il faut que l'Etat incite les banques, pour envoyer
leurs personnels à faire des séjours de formation dans les
banques islamiques du pays de golf, pour qu'ils puissent avoir plus de
compétence en la matière.
Il faut aussi faire des compagnes de sensibilisation, surtout
par des personnalités religieuses et économiques, dans les
mosquées comme à la télévision sans ignorer, les
autres moyens de sensibilisation tel que les journaux et internet......Cette
compagnes de sensibilisation doit cibler à la fois les banques et les
particuliers, pour les sensibiliser sur l'importance des produits bancaire
islamiques, pour l'économie marocaine.
Enfin les banques doivent prendre, plusieurs mesures
techniques comme par ex l'adaptation de ces produits avec les demandes des
clients, et aussi de faire un marketing de taille, pour une meilleure
commercialisation des nouveaux modes de financement islamique.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Nous sommes arrivés au terme de cette mémoire
dédié à mettre la lumière sur le système
financier musulman en théorie et de ses implications dans la pratique.
Face à un monde occidental où parler de Dieu est devenu tabou et
où la soumission à ses lois relève de l'aberration, il est
étonnant de voir avec quelle obstination et quelle
ténacité les économistes et financiers musulmans
s'emploient à une adaptation viable de leur système avec leurs
croyances, malgré la nature immuable de celles-ci.
Les règles régissant le système financier
islamique sont claires et incontournables: le rejet absolu de
l'intérêt comme loyer de l'argent et la recherche d'une harmonie
entre le bien-être individuel et social. A cet effet, un système
alternatif a commencé à se dessiner au début des
années 40 pour aboutir, à partir des années 70, à
l'apparition d'un véritable marché bancaire islamique.
Actuellement, en dépit des nombreuses
difficultés internes et des obstacles posés par son
environnement, le système financier islamique a réussi à
franchir une première étape plus que décisive pour son
avenir: plus de 30 ans de coexistence avec un système dominé par
l'application du taux d'intérêt. Cependant, son avenir n'est pas
encore totalement assuré, et les défis qu'il doit relever restent
encore nombreux. L'expérience nous a montré que l'activité
bancaire est l'une des fonctions commerciales les plus difficiles à
pratiquer d'une manière religieusement acceptable.
Le contexte compétitif dans lequel les banques
islamiques évoluent les a souvent obligées à rester
confiner dans une attitude de mimétisme du système conventionnel;
cette attitude les incite à promouvoir les instruments à court
terme et peu risqués, tentant ainsi d'offrir à leurs clients des
opportunités similaires à celles proposées par la banque
conventionnelle. Ces circonstances, et d'autres en parallèle, ont
éloigné les banques islamiques de leur rôle initial
d'intermédiaires financiers basés sur le partage des profits et
des pertes comme il est prévu par la doctrine islamique.
Une autre difficulté que rencontre le système
financier islamique est le manque de coordination et de collaboration entre ses
différents acteurs. Malgré que des débuts de solutions
soient apportés par des associations telles que l'AAOIFI28(*) et la BID29(*), le chemin vers un
résultat réellement effectif est encore long.
Après plus ou moins trente premières
années d'existence, le système financier islamique se trouve
actuellement dans une phase de transition dont l'aboutissement sera capital
pour son avenir. S'il arrive à surmonter ses difficultés, il
entrera probablement dans une nouvelle période de développement
et pourra passer d'un phénomène de croissance à un
système permanent et fermement établi.
Les perspectives qui s'ouvrent alors à lui sont
nombreuses, parmi lesquelles la plus importante est assurément son
intégration dans l'environnement économique occidental, tant
américain qu'européen, qui ne manque pas, vu l'importance de la
communauté musulmane dans ces régions, d'opportunités.
La conduite de cette étude nous a enfin permis de
relever un certain nombre de thématiques encore trop peu
traitées et qu'il incombe aux étudiants, chercheurs et
professionnels d'explorer ; parmi lesquelles :
La nécessité d'innover, sans répliquer,
en matière de montages financiers « Sharia Compliant
» afin d'offrir aux investisseurs la gamme la plus large en
termes de produits de placement et d'investissement mais également en
termes d'instruments de couverture des risques.
La nécessité d'imaginer des indicateurs de
mesure de performance propres aux investissements « Sharia
Compliant ». En effet, nous avons souligné, au cours de
sections précédentes, la question de la pertinence des outils
classiques de mesure de performance lorsqu'adressés a l'investisseur
musulman.
La question de ce que nous appellerons la « Prime Sharia
». Les professionnels de la Finance Islamique semblent en effet relever
un attachement plus fort de la clientèle retail a l'aspect
religieux des produits financiers relativement a la clientèle
corporate qui semblerait considérer l'aspect religieux comme un
bonus relégué au second plan face a la performance. Dans le
cas de l'asset manager, quelle est la marge de manoeuvre ?
Au-delà de quel niveau de sous-performance risque-t-il de voir fuir ses
clients vers un produit conventionnel ?
.
La nécessité de mettre en avant le
caractère profondément éthique d'une Finance Islamique
encore trop étiquetée
L'ensemble des observations ci-dessus laisse entrevoir un
avenir radieux a la Finance Islamique, tant au plan professionnel que de la
recherche académique, et ce à l'échelle
internationale.
BIBLIOGRAPHIE
ð MÉMOIRES :
§ « Le système bancaire islamique à
l'ère de la mondialisation » de Hosni Zaouali
§ « les nouveaux produits bancaires islamiques au
Maroc » de LAKHAL NABIL
§ « Le système financier
islamique » de Achraf Azri
ð OUVRAGES
§ Imane KAROCH « Le système Financier
Islamique : De la religion à la Banque » 2002
§ Berrada « techniques de banque et de
crédits au Maroc » ; édition SECCA Casablanca
§ Mohssin ahmed alkhadiri « Les banques
islamiques »
§ Mohammed Bâqer al-Sadr « NOTRE
ECONOMIE »
ð ARTICLES
§ André MARTENS. (2001), «La Finance Islamique :
Fondements, Théorie et Réalité», Cahier 20-2001
§ Bank Al-Maghreb. (2008), «La Finance Islamique au
Maghreb», Paris 2008
§ Nordine Grim. (2009), «Crise Financière : Les
Banques Islamiques Prennent du Galon»
§ L'économiste (Mardi 04 Mars 2008) : Banque
islamique: Les déclinaisons réglementaires (Nouaim SQALLI)
ð WEBOGRAPHIE
§ http://www.fifrance.com/finance_islamique.php
§ http://www.controledegestion.org/e-books.html
§ http://www.financeislamiquefrance.fr/
§ http://www.islamic-finance.net
§ http://www.islamiQ.com
§ http://www.islamic-fbanking.com
§ http://www.dowjonesindex.com
§ http://www.investopedia.com/terms/
TABLE DES MATIÉRES
·
Remerciement...................................................................................
P 02
· Introduction
générale......................................................................
.... P 04
· Chapitre 1 : Les fondements de la
finance islamique...................................... P 06
1. La loi
islamique...............................................................................
P 06
1.1. Les sources de la
« Sharia ».................................
....................... P 06
1.2. Objectifs de la « Sharia » et leur
impact sur l'économie islamique ........... P 07
2. Principes d'Économie
Islamique................................................................ P
08
2.1. Présentation
général..............................................................
.... P 08
2.2. Les trois piliers de la doctrine économique
islamique........................... P 09
2.3. Le système
agraire................................................................... P
10
2.4. Le
commerce..........................................................................
P 11
2.5. Les rôles de la Monnaie en Économie
Islamique................................. P 11
2.6. Focus sur l'interdiction du
Riba.................................................... P 12
3. Principes de Finance
Islamique................................................................ P
13
3.1. Présentation
général..................................................................
P 13
3.2. Les cinq de la Finance
Islamique................................................... P 15
3.3. Le rôle du Sharia
Board.............................................................. P 17
· Chapitre 2 : Le fonctionnement du
système financier islamique ........................ P 18
1. Financement participatif vs financement par
dette......................................... P 18
1.1. Modes de financement
participatif.................................................P 18
1.1.1.
Musharakah.........................................................................
P 18
1.1.2.
Mudaraba...........................................................................P
20
1.2. Modes de financement par
dette................................................... P 22
1.2.1. Vente à crédit ou
Muravaha...................................................... P 22
1.2.2. Contrat-location ou
Ijar........................................................... P 24
1.2.3. Vente
As-Salam....................................................................P
25
1.2.4. Vente par Istisn'a
................................................................. P 26
1.2.5. Prêt en Islam ou Qard Hassan
................................................... P 27
2. Le système
bancaire............................................................................
P 28
2.1. Les
banques............................................................................P
28
a) Principales
distinction...........................................................P 29
b) Structure de base : la Mudaraba
two-tiers.....................................P 32
c) Sources de
financement......................................................... P 33
d) Utilisation des
ressources.......................................................P 34
e) Gestion de la
Zakat..............................................................P 35
f) Conseil de la
« Shariaa ».......................................................
P 35
2.2. Le rôle de la banque
Centrale.......................................................P 36
3. Les marchés
Financiers......................................................................
.. P 37
3.1. Marchés
primaire.....................................................................P
37
3.2. Marché
secondaire....................................................................P
39
3.3. Marché monétaire
· Chapitre 3 : Le développement
du système financier islamique ......................... P 41
1. Histoire et développement du système financier
musulman ............................. P 41
1.1. Évolution dans le monde
musulman...............................................P41
1.2. Évolution dans le monde
occidental................................................P44
1.2.1. Europe
continentale...........................................................P 44
1.2.2. Grande
Bretagne...............................................................P 46
1.2.3.
Etats-Unis......................................................................P
48
2. État actuel du système financier
islamique.................................................. P 49
2.1. Taille du
marché.......................................................................P
49
2.2. Analyse des performances du
marché..............................................P 50
2.2.1. Répartition par
région.........................................................P 50
2.2.2. Répartition par
taille..........................................................P 51
2.2.3. Analyse du financement par mode
......................................... P 52
2.2.4. Analyse du financement par
secteur........................................P 53
3. Problèmes rencontrés par le système
financier musulman................................ P 54
3.1. Problèmes d'ordre
opérationnel.................................................... P
54
3.1.1. Carence en instruments basés sur le principe des
3P......................P 54
3.1.2. Concurrence et diversification des
produits................................ P 56
3.1.3. Diversité des conseils de la
« Sharia ».................................... P 58
3.2. Problème d'ordre
institutionnel.....................................................P 59
3.2.1. Nécessité d'instances de régulation
et de contrôle........................P 59
3.2.2. Néccessité d'un marché
secondaire.........................................P 60
3.2.3. Absence d'unifomisation
comptable.........................................P 61
· Chapitre 4 : Les produits
islamiques au Maroc.............................................. P 62
1. L'introduction des nouveaux produits islamique au
Maroc...........................P 62
2. Le contenu des nouveaux produits
islamique........................................... P 66
2.1. Caractéristiques des nouveaux produits bancaires
islamiques par rapport aux autres produits bancaires
traditionnels.......................................P 67
2.2. L'apport socio-économique des produits bancaires
alternatif au Maroc..... P 67
2.2.1. Conserver l'équilibre
social................................................. P 67
2.2.1. Contribuer au développement économique
du pays...................... P 68
3. Analyse et appréciation sur les nouveaux produits
bancaires islamiques après leurs commercialisation au
Maroc........................................................P 69
3.1. Problématique de cherté des nouveaux
produits bancaires islamiques ........P 69
3.2. Les conséquence de la
cherté........................................................P 71
3.2. Les mesures nécessaires pour un vrai
succès des produits alternatifs..........P 71
· Conclusion générale
............................................................................P
73
·
Bibliographie.....................................................................................P
76
· Table des
matières..............................................................................P
77
* 1 _ On entend par ordre
d'importance un rapport de subordination.
* 2 __ Coran, sourate 38, verset
27
* 3 _ Chapra, M.U., Towards a
Just Monetary System, Ed. The Islamic Foundation, Leicester, 1958? P. 67
* 4 _ Coran, Sourate35, verset
29.
* 5 _ Sudin, H., Bala, S.,
Islamic Banking System, Concept and Application, Ed. Pelanduj Publication,
Malaisie, 2011, p. 31
* 6 _ Conseil de jurisconsultes
musulmans chargé de certifier et de contrôler la conformité
a la Sharia des produits bancaires et financiers
* 7 _ Accounting and Auditing
Organisation for Islamic Financial Institutions
* 8 _ Al Harran, M.Z.., Proposal
for an integrad marketing model of Musharakah financing to help disadvantaged
fishing people in Malasia, PelanduknPublication 1994
* 9 _ Al Harran, M.Z.., a.c,
* 10 _ AUSAF, A.., Tariqullah,
K.., Islamic Financial Instruments for Public Sector Resources Mobilisation,
Institut Islamique de Recherche et de Formation, BID, Jeddah, p. 100
* 11 _ Certaines banques
acceptent de prendre en charge Wle partie de la perte en réduisant leur
part du profit pour pouvoir garder leur clientèle.
* 12 _ CHAPRA, M.U., Towarcls a
Just Monetary System, Ed. The Islamic Foundation, Leicester, 1985
* 13 _ MOHSIN, M., Profile of
Riba-Free Banking, Ed. M. Ariff, 1985.
* 14 _ MJKHAROR, A.,
.Short-Term Asset Concentration and Islanùc Banking., dans Tbeorical
Studies in Islamic Banking and Finance, Ed. The Institute for Research and
Islanùc Studies, Texas, 1987, p. 185
* 15 _ Ainsi, la banque
islamique évitera les projets dans lesquels sont impliqués des
éléments interdits comme le porc, l'alcool, les jeux de
hasard,...
* 16 _ Association Belge des
Banques, Le. Système Bancaire Belge, Publication mensuelle, Mai
1997, p. 87.
* 17 _ UZAJR, M., An
Outline for Interestless Banking, Ed. R Publication, Karachi, 1955.
* 18 _ SIDDIQI, M.N.,
Banking without Interest, Islamic Educations Series, Ed. The Islamic
Foundation, Leicester, 1988, Chapitre 1, p. 15.
* 19 _ CHAPRA, M.O., Money
and banking in an Islamic economy, Ed. The Islamic Foundation, 1982.
* 20 _ GEOURS, J, Les
Marchés Financiers, Ed. Dominos Flanunarion, France, 1994, p. 71.
* 21 _ Discours de Ahmad
Muhammad Ali, Président de la BID, reprises dans Interest-Free Banking
absolutely workable System, Islamabad, 19 septembre 1999,
www.brecorder.com.
* 22 _ Discours d'Ahmad
Muhammad Ali, o.c. Il continue en évoquant J'exemple du Soudan. liCe
pays était CJccoutumé à acheter de la marchandise au
Bangladesh en passant par la Grande-Bretagne jusqu'à ce que la banque
intervienne et maintenant, la transaction se/ait directement.» Il continue
par la présentation des résultats obtenus: Il ... le commerce
entre les différents pays membres ne s'élevait qu'à 4 ou
5% lorsque la banque a commencé ses/onctions, taux qui atteint
aujourd'hui J(JO/o ... la banque vise à atteindre les 15% ... ».
* 23 _ Association Belge des
Banques, a.c., p. 27.
* 24 _ Art 3, § 2,
alinéa 1er à 14, loi du 22 mars 1993.
* 25 _Art 1 er de
l'Arrêté Royal du 17 juin 1996.
* 26 _ The Institute of Islamic
Banking and Insurance" European Perceptions an Islamic Banking,
Londres, 1996, p. 134-135.
* 27 _
« yahoo », Actualités Economique, 14 Novembre
1999
* 28 _ AAOIFI - Accounting and Auditing Organization
for Islamic Financial Institution
* 29 _ Banque
interaméricaine de développement
|