CONCLUSION GENERALE
L'élevage bovin sénégalais, en plus de
contribuer à réduire le déficit national en produits
carnés et laitiers, revêt une importance socio économique
remarquable. Son effectif très important et varié,
constitué essentiellement d'animaux de race locale, n'est pas
proportionnel à sa production qui reste très faible.
Cette faible production est expliquée principalement
par le faible potentiel génétique du cheptel exploité, les
contraintes alimentaires, sanitaires et climatiques. La satisfaction de la
demande demeure ainsi tributaire des importations des produits laitiers. Ces
importations coûtent 53 milliards de FCFA chaque année
(QUOTIDIEN LE SOLEIL, 2008). Pour pallier ces
dépenses énormes, l'Etat sénégalais a adopté
une politique d'appui aux productions animales en vue d'une autosuffisance par
l'entremise d'un vaste programme d'amélioration génétique
du cheptel autochtone grâce notamment à la biotechnologie de
l'insémination artificielle (IA).
Malheureusement, les résultats enregistrés par
différents programmes d'insémination artificielle au
Sénégal montrent une faiblesse des taux de réussite. Comme
facteurs incriminés de cette faiblesse de résultats, citons la
non maîtrise des paramètres de la reproduction chez la vache, le
manque d'expérience pour l'organisation des campagnes
d'insémination et surtout les maladies infectieuses et/ou parasitaires
du tractus génital. Les maladies d'élevage, comme la brucellose
ainsi que les autres affections abortives des ruminants telles que la BVD et
l'IBR, réduisent les performances des animaux et occasionnent
d'importantes pertes au sein des exploitations. En effet, chez la vache
laitière, les avortements sont économiquement très graves
pour l'éleveur, car le foetus c'est -à- dire le futur veau est
perdu et limitent ainsi l'élevage à sa source. Qui plus est, des
affections de la sphère génitale et une stérilité
peuvent en résulter, et cela pendant une période plus ou moins
longue, au cours de laquelle la femelle, improductive est une charge pour
l'éleveur (GATSINZI, 1989).
En plus de leur importance économique, certaines de ces
maladies sont des zoonoses comme la brucellose, leur transmission à
l'homme constitue une menace constante pour la santé publique.
La présente étude avait comme objectif
l'évaluation de la prévalence des maladies abortives en
l'occurrence la brucellose, la diarrhée virale bovine(BVD)/maladie des
muqueuses (MM) et la Rhinotrachéïte infectieuse bovine (IBR)
à travers une enquête sérologique sur des vaches faisant
partie du programme d'insémination artificielle dans la région de
Thiès au Sénégal. A partir des résultats de
l'enquête, l'évaluation de l'impact de ces pathologies sur la
faiblesse des taux de réussite de l'insémination artificielle
depuis longtemps constatée, constituait notre unique motivation.
L'enquête, effectuée durant la période de Décembre
2007 à Février 2008, a intéressé les
départements de Tivaouane et celui de Thiès. 132 sérums
provenant des vaches inséminées ont été
récoltés et un diagnostic précoce de gestation (DG) par
palpation transrectale a été établi à deux mois
après l'insémination artificielle où un taux de
réussite de 46% a été enregistré.
Les techniques sérologiques mises en oeuvre au
laboratoire sont, pour le dépistage de la brucellose, le rose bengale et
l'ELISA compétitive et pour le dépistage de la BVD et IBR,
l'ELISA indirect.
Sur les 132 sérums analysés, nous avons obtenu
des prévalences respectives de 1,5% pour la brucellose, de 47% pour la
BVD et 77,3% pour l'IBR. Ces résultats montrent que la BVD et l'IBR
existent à Thiès (Sénégal) avec une
prévalence sérologique relativement élevée. Par
contre, elle est assez faible pour la Brucellose.
Concernant la répartition de l'infection, c'est le
département de Tivaouane qui affiche un nombre important des vaches
infectées avec 2,8% pour la brucellose et 77,8% pour l'IBR. Concernant
la BVD c'est Thiès qui offre la prévalence la plus
élevée (48,3%). Lors de notre étude, nous avons
remarqué que le comportement des vaches vis-à-vis de ces
infections est indépendant de la race. Par contre les prévalences
varient en fonction des systèmes d'exploitation. Nous avons
trouvé un pourcentage plus élevé de vaches
infectées dans le système intensif (47,4% pour la BVD/MM et 84,2%
pour l'IBR) que dans le système semi intensif (46,8% pour la BVD/MM et
74,5% pour l'IBR).
Le facteur âge influe sur la sensibilité et
réceptivité à l'infection. En effet, nous avons
remarqué que les vaches âgées de 7 à 8 ans(en
pleine production) sont les plus infectées en brucellose et en IBR avec
des prévalences respectives de 4,3% et 87,2%. Egalement, la note
d'état corporel de l'animal est un bon reflet du fonctionnement de
l'organisme car c'est chez les vaches maigres (vaches ayant une NEC<2,5) que
l'on a trouvé un pourcentage élevé d'infection avec 47,1%
pour la BVD et 86,3% pour l'IBR.
Le portage d'infection dans la région de Thiès
se confirme par le nombre total de vaches infectées. En effet, sur 132
vaches examinées, 115 vaches soit 87% sont testées positives au
moins à l'une des trois maladies.
Quant à l'impact de ces pathologies sur la
réussite de l'insémination, cette étude nous apporte une
preuve tangible qui serait à l'origine de la faiblesse des
résultats des programmes d'insémination artificielle. En effet,
sur 132 vaches ayant été choisies après une rigoureuse
série de sélection pour subir l'insémination, seulement 63
vaches sont diagnostiquées gestantes. Parmi elles, 8 vaches seulement
ont réagi négativement aux tests de dépistage. Cela montre
qu'en conditions normales, en se référant à la
littérature, on doit s'attendre à 8 naissances soit un taux de 6%
à la fin de la gestation.
Devant l'impérieuse nécessité de
gérer le potentiel reproducteur de la population animale et d'accroitre
sa productivité par tous les moyens dont l'IA, il y a lieu de revoir des
stratégies de lutte contre ces affections abortives des ruminants au
Sénégal, car aucun programme d'IA malgré ses bonnes
ambitions , ne peut parvenir à ses fins avec des animaux
infectés.
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