II.3.
Caractéristiques étiologiques et épidémiologiques
des agents abortifs.
II.3.1. Etiologie des
avortements
En élevage bovin, les avortements ont une
étiologie très variée (KARABAGHALI,
1972). Certains surviennent indépendamment de toute infection.
Il s'agit d'avortements non infectieux, d'autres, dont la nature est
mieux décelée, sont le fait d'infestations parasitaires ou
d'infections virales et bactériennes. Il s'agit d'avortements
infectieux et parasitaires.
II.3.1.1. Les causes
non-biologiques
Les avortements non infectieux peuvent être dus à
des facteurs nutritionnels, chimiques, physiques, génétiques ou
iatrogènes.
II.3.1.1.1. Facteurs
nutritionnels
Diverses publications (PICARD et al.,
2003) ont rapporté des avortements imputables à la
consommation par les animaux d'une trop grande quantité de
protéines hautement dégradables (herbe jeune, herbe
pâturée trop rapidement après addition d'engrais). De
même, l'avortement peut être observé chez des animaux
débilités ou consommant des rations connues pour leur faible
apport en bêta carotène, en sélénium ou en iode. La
consommation de certaines espèces végétales a
également été rendue responsable d'avortement quoique leur
principe actif n'ait point toujours été identifié. Ainsi
en est-il de l'ergot de seigle (Claviceps purpurea), d'une
graminée, le sorgho (Sorghum almum) etc.
II.3.1.1.2. Facteurs
physiques et stress
La palpation manuelle de l'utérus entre le
35ème et le 60ème jour de gestation,
l'insémination ou l'irrigation d'un utérus gestant, la
présence de jumeaux, le transport, les interventions chirurgicales, la
torsion de l'utérus et le déplacement du cordon ombilical,
l'hyperthermie prolongée constituent autant de facteurs pouvant
être responsables d'avortements (TAINTURIER,
1997).
II.3.1.1.3. Facteurs
iatrogènes
Diverses substances sont connues pour leur effet abortif. Il
s'agit de : oestrogènes en début de gestation,
corticoïdes en fin de gestation, les purgatifs, la phénothiazine,
les dérivés du benzimidazole, les organophosphorés...
II.3.1.2. Agents
biologiques
II.3.1.2.1 Causes
parasitaires
II.3.1.2.1.1. Mycoses
Les avortements mycosiques sont dus à la localisation
placentaire de champignons (Aspergillus, Mucor, Candida, etc.)
absorbés par voie digestive à la suite d'ingestion d'aliments
(fourrages, ensilages) mal conservés ou moisis (CAUSLAND et
al., 1987). Ces avortements mycosiques sont
généralement sporadiques et ont lieu plus tardivement
(7ème- 8ème mois de gestation). Ils sont
souvent suivis de rétention annexielle.
II.3.1.2.1.2. Trichomonose
C'est une affection vénérienne des bovins due
à Trichomonas foetus, qui entraîne chez la vache une
inflammation utéro-vaginale génératrice
d'infécondité, d'avortement précoce et de pyomètre.
L'avortement est caractérisé par sa précocité
(1er- 2ème mois) et par la lyse foetale.
II.3.1.2.1.3.
Toxoplasmose
La toxoplasmose est une anthropozoonose de répartition
mondiale. Elle affecte l'homme et de nombreuses espèces animales
domestiques et sauvages. Elle est causée par Toxoplasma gondii,
protozoaire intracellulaire obligatoire capable de parasiter presque toutes les
cellules des animaux à sang chaud.
Si une vache est contaminée pendant la gestation,
l'infection peut se traduire par un avortement.
Les mycoses, la trichomonose et la toxoplasmose ne sont pas
les seules affections parasitaires en cause dans les avortements des bovins.
Loin s'en faut car le rôle abortif des trypanosomoses (DJABAKOU
et al., 1985), de la babesiose (TRUEMAN et
al.,1986), de la néosporose (MUKAKANAMUGIRE,
2008) et bien d'autres parasitoses est tout aussi important à
considérer.
II.3.1.2.2. Causes
bactériennes
Dans la majorité des cas, les avortements causés
par des bactéries se manifestent de manière sporadique. Ils se
répartissent en deux groupes. Le premier concerne des germes
ubiquitaires qui ne sont habituellement pas responsables de pathologies chez
l'animal adulte : Listeria, Escherichia coli, Bacillus,
Streptococcus spp. Ne se propageant pas d'un animal à l'autre, ils
n'entraînent généralement pas de problèmes à
l'échelle du troupeau et leur identification peut de ce fait être
considérée comme d'importance mineure. Le second groupe est
représenté par les bactéries qui sont pathogènes
pour l'animal adulte dont Brucella. Leur contagiosité les rend
responsables de problèmes au niveau du troupeau (HANZEN,
2008).
a. Brucellose
Maladie infectieuse, virulente, contagieuse, la brucellose est
une zoonose due à différents sérotypes de Brucella
melitensis. Elle va faire objet d'une étude spéciale dans le
prochain chapitre.
b. Chlamydiose
Maladie contagieuse due à Chlamydophora. Les
avortements chlamydiens surviennent tardivement. Ce germe est un parasite
intracellulaire obligatoire dont la transmission se fait surtout par voie orale
mais aussi vénérienne ou par inhalation (KPOMASSI, 1991,
cité par OLLOY, 1992)
c. Listériose
C'est une maladie contagieuse, frappant diverses
espèces animales et l'homme, due à un germe spécifique,
Listeria monocytogenes.
Chez la vache gestante, la bactérie présente un
tropisme pour les tissus foetoplacentaires. Habituellement, l'avortement
s'observe au cours des trois semaines suivant la mise en service d'un ensilage
et concerne le dernier trimestre de la gestation. Il se manifeste sous forme
sporadique. Il est plus fréquemment précédé et/ou
suivi de signes cliniques tels que la diarrhée, des troubles nerveux
(encéphalite), de la métrite et de l'amaigrissement. Il
s'accompagne également plus fréquemment de rétention
placentaire.
d. Leptospirose
C'est une maladie infectieuse, contagieuse due à
l'action pathogène des leptospires qui affectent les animaux et l'homme.
L'avortement leptospirosique peut être dû à une complication
de la forme ictéro-hémorragique ou à un germe
spécifique Leptospira interrogans serovar hardjo. L'avortement
est la principale manifestation d'une infection chronique. Il s'observe au
cours des deux derniers trimestres de la gestation. L'infection peut
également se traduire par la naissance de veaux chétifs. La
leptospirose est également responsable d'une chute de la
production laitière.
e. Vibriose
La vibriose ou campylobactériose est une infection
abortive vénérienne due à C. foetus, var
venerealis chez la vache, se traduisant par un catarrhe
vagino-utérin responsable d'infécondité et de
mortalité embryonnaire, ainsi que par des avortements, vers le
5ème-6ème mois de gestation, parfois suivis
de rétention annexielle.
f. Fièvre
Q
Maladie infectieuse, contagieuse affectant de nombreuses
espèces animales domestiques et sauvages, mais également l'homme,
où les animaux jouent le rôle de réservoir. Elle est due
à une rickettsie, Coxiella burneti ; elle évolue le
plus souvent sous une forme inapparente et parfois avec des troubles de la
reproduction et l'avortement. Les avortements ont lieu
généralement en fin de gestation. Son caractère abortif a
été confirmé par KPOMASSI, 1991 au Togo
puis par OLLOY, 1992 au Congo et par AKAKPO et
al., 1994 au Togo.
II.3.1.2.3. Les causes
virales
Les conséquences d'une infection virale
dépendent du stade de gestation auquel l'infection a été
contractée. Le plus souvent, au cours des deux premiers trimestres,
l'infection se traduira par une mortalité embryonnaire ou foetale,
l'avortement proprement dit pouvant s'observer selon un délai variable.
Il en résulte l'expulsion d'un foetus qui sera le plus souvent
autolysé.
Une infection contractée au cours du dernier trimestre,
s'accompagnera d'une réponse immunitaire suffisante pour permettre au
foetus de naître à terme ou si la réponse immunitaire est
excessive d'induire un état de stress chez le foetus qui dans ce cas
sera expulsé prématurément. Dans ce second cas, l'autolyse
ne sera pas systématiquement observée.
Beaucoup de virus ont été incriminés dans
les avortements de la vache. En Tanzanie, KONDELA, LORETU et MELLA
en 1985 ont pu mettre en évidence le
rôle abortif du virus de la fièvre de la vallée de Rift
chez les bovins. Cela a été confirmé par AKAKPO
et al., 1994 au Togo. Les autres virus indexés sont
ceux de l'IBR et de la BVD qui feront objet d'une étude
détaillée [(MILLER et VAN DER MAATEN,
1985) ; (DONNIS, 1988) ;(SMITH,
1990) ; (ARCANGIOLI M. et MAILLARD,
2006) ; (YOUNGQUIST et al., 2007)].
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