INSTITUT DE THEOLOGIE ET DE PASTORALE POUR LES
RELIGIEUX
JOSEPHINE-BAKHITA
Rattaché à l'Université Catholique
d'Afrique Centrale / Institut Catholique de Yaoundé
YAOUNDE
LA PRESENCE ECCLESIALE EN MILIEU
HOSPITALIER :
LE CAS DE L'ARCHIDIOCESE DE BANGUI EN
REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE
Mémoire de Baccalauréat Canonique en Sciences
Religieuses
Par
Sous la direction de
Elkana NDAWATCHA
Elvis ELENGABEKA
Exégète
2007-2008
DEDICACE
A toute la famille NDAWATCHA,
A la Congrégation du Saint-Esprit,
A la paroisse Saint Marc de Biyem-Assi,
A tous les aumôniers et agents pastoraux.
REMERCIEMENTS
Ce travail est le fruit d'un labeur sans répit et
d'efforts conjugués des uns et des autres. C'est pourquoi nous
remercions ceux qui ont contribué d'une manière ou d'une autre
à sa réalisation.
Nous pensons notamment :
- Au Père Elvis ELENGABEKA, directeur du mémoire
qui, malgré ses multiples responsabilités, a accepté de
mettre à contribution son savoir.
- A la soeur Gertrude KANA BELLA, directrice de l'Institut,
pour l'encouragement et l'appel au travail, car, dit-elle souvent,
« le travail paie ».
- Au corps professoral et administratif pour sa
disponibilité, sa rigueur, sa régularité aux cours.
- Aux parents et amis pour leurs soutiens et leurs
encouragements.
- A nos compagnons d'études pour l'entraide et les
échanges.
Que tous reçoivent notre reconnaissance !
SIGLES ET ABREVIATIONS1(*)
CEMAC = Communauté Economique et Monétaire de
l'Afrique Centrale
CNJS = Centre National de la Jeunesse et du Sport
ENS = Ecole Normale Supérieure
Ibid. = Ibidem (au même endroit du texte,
même ouvrage)
Mgr = Monseigneur
op. cit. = Opus citatum (oeuvre citée)
p. = Page
pp. = Pages
Sida = Syndrome d'Immuno-Déficience Acquis
ss = Suivants
St = Saint
v. = Verset
vol. = Volume
vv. = Les versets
§ = Paragraphe
INTRODUCTION
La République Centrafricaine est un Etat situé
au coeur du continent africain. Elle est limitée à l'Est par le
Soudan, à l'Ouest par le Cameroun, au Nord par le Tchad et au Sud par le
Congo Brazzaville. Sa superficie est de 622 000 km2, pour une
population de 5 000 000 d'habitants.
L'évangélisation du pays a commencé en
1894 avec Mgr Prosper Augouard, missionnaire du Saint-Esprit. En 1994, l'Eglise
de Centrafrique a célébré le centenaire de cet
évènement. L'Eglise locale totalise aujourd'hui neuf
diocèses2(*).
Parallèlement à l'Etat, l'Eglise possède
ses propres structures sanitaires. Dans ces dernières, la prestation
sanitaire est de bonne qualité. Le malade reçoit ce dont il a
besoin pour se rétablir. Cependant, ce n'est pas le cas dans les
hôpitaux publics. Les malades y vivent des situations alarmantes, qui
nécessitent le soutien de l'Eglise. Même si elle dispose de ses
propres structures, elle doit trouver un mode de présence dans les
hôpitaux publics pour soulager moralement, spirituellement et
matériellement les malades indigents.
Dans l'archidiocèse de Bangui, il existe trois
hôpitaux publics de référence. Les malades qui y sont
admis, sont surtout démunis, parfois abandonnés à
eux-mêmes. Les soins ne sont pas toujours donnés dans les
conditions requises. L'équipe pastorale reste faible en effectif. Les
besoins spirituel, moral et matériel ne sont pas correctement couverts.
Alors que les malades ont besoin d'être assistés, soutenus
spirituellement, matériellement et moralement. Ils doivent faire l'objet
d'une attention accrue car la maladie pousse souvent à s'interroger sur
les problèmes essentiels : la vie, la souffrance et la mort. C'est
là l'occasion d'une catéchèse d'accompagnement des
malades. Or, tel n'est pas toujours le cas.
Dans ces conditions, n'y aurait-il pas lieu de réviser
le mode de présence de l'Eglise en milieu hospitalier ? Cette
question constitue la problématique de ce mémoire.
Notre étude sera
axée sur trois points. Nous présenterons d'abord le milieu
hospitalier Banguissois. Ensuite, nous aborderons, à la
lumière d'un extrait biblique, le rapport entre Jésus et le
malade, car elle devrait inspirer la présence de l'Eglise à
l'Hôpital. Enfin, nous dégagerons des perspectives pastorales.
CHAPITRE I
LE CHRETIEN A L'HOPITAL
Lorsqu'un malade chrétien est hospitalisé, il
doit être suivi médicalement et spirituellement. Ce suivi sera
assuré par l'Eglise car cela fait partie de sa mission. Son
indispensable présence permettra au malade de supporter
chrétiennement sa souffrance et de bénéficier de son
secours. Car la maladie ne fait pas perdre au malade son identité
chrétienne et son appartenance à la communauté
ecclésiale.
Ce chapitre consistera à présenter d'abord le
milieu hospitalier, ensuite à décrire la situation du malade,
enfin montrer l'action de l'Eglise.
I. 1. Le milieu
hospitalier
L'hôpital est le lieu qui accueille les malades dont
l'état de santé exige une surveillance constante. La
décision de l'hospitalisation relève de la seule
compétence du médecin. Il le fait après avoir
notifié la gravité de la maladie.
Après la décision du médecin, le malade
est mis à la disposition de l'équipe médicale. Souvent la
durée de l'hospitalisation est fonction de la gravité de la
maladie. L'hôpital devient à cet effet, le nouveau milieu dans
lequel vivra le malade. Pour présenter ce milieu, nous choisirons parmi
les trois hôpitaux publics3(*), l'hôpital communautaire. En effet, la
présence de l'Eglise y semble particulièrement vivante.
Situé sur l'Avenue des Martyrs au sud, à gauche
en allant vers l'aéroport international Bangui M'poko,
limité en amont par la CEMAC, en aval par l'ENS et en face par le CNJS,
l'hôpital communautaire dispose de nombreux services de soins, entre
autres : la pédiatrie, le bloc gynéco-obstétrique
avec la réanimation intégrée et un pavillon, la
traumatologie avec la réanimation intégrée et un pavillon,
le bloc opératoire, la médecine avec la réanimation
intégrée et un pavillon, le service d'hygiène, la
radiologie, la pharmacie, un cabinet dentaire, le laboratoire, le service
d'alimentation (cuisine), une morgue, le service d'orthopédie et de
kinésithérapie, le service d'épuration d'eau sans oublier
le service d'accueil.
Le service d'accueil s'occupe de la réception et de
l'orientation des malades vers les différents services de soins.
L'accueil doit être bien conduit pour mettre le malade en confiance. S'il
est bien fait le malade est deux fois guéri.
De l'accueil, en fonction de la pathologie qu'il
présente, le malade est orienté aux urgences soit médicale
soit chirurgicale soit gynéco-obstétricale pour la consultation.
De là et selon son état, il est référé dans
les services précités pour bénéficier des soins
indispensables au recouvrement de sa santé.
L'hôpital offre un milieu plus ou moins salubre,
à l'exception de quelques vecteurs nuisibles (cafards, souris...) qui en
sillonnent les rigoles. Les locaux sont lavés tous les matins.
L'environnement est propre et peut contribuer au rétablissement de la
santé.
L'hôpital assure la survie médicale et
alimentaire des malades.
Cependant, certains éléments méritent
d'être évoqués afin d'améliorer la condition de vie
du malade. Nous déplorons la qualité des matelas. Certains de ces
matelas sont hors d'usage. Les épaisseurs sont fortement
réduites ; les couvre-lits qui les protègent sont
délabrés et laissent passer les urines des malades incontinents.
Ces matelas se percent donc au centre. Les fesses du malade sont en contact
avec le plan dur ; ceci provoque la formation des escarres et la
durée d'hospitalisation se prolonge. L'hôpital ne dispose pas non
plus de draps. Les lits sont nus. Que fera un malade démuni qui arrive
en urgence ? Le sort d'un tel malade est défini. Il sera
« jeté » comme tel sur le lit. Or nous savons
pertinemment que l'hôpital est un lieu public où des malades se
remplacent sans cesse et chacun avec un tableau clinique différent. Il
peut en découler la contraction d'une infection nosocomiale. Les
affections les plus courantes sont : la méningite, la tuberculose,
le sida et le paludisme.
Comment le malade chrétien vit-il dans ce
décor ?
I. 2. La situation du
malade chrétien
Le malade hospitalisé vit des moments pénibles
liés à son état de santé : des douleurs
atroces, des conditions d'hospitalisation qui laissent parfois à
désirer et surtout quand le malade se sent abandonné.
« L'état du malade exige des soins qui ne
peuvent plus être prodigués à domicile et le médecin
[...] a décidé que l'hospitalisation était
nécessaire. Le malade va donc être séparé de son
milieu familial [...] pour être livré à un milieu que
très souvent il redoute et au sujet duquel il entretient une
série de préjugés [...]. Ces conditions ajoutées
à la sensibilité particulière et à la diminution de
la résistance créées par la maladie déterminent une
appréhension qui mériterait d'être reconnue et
calmée, ce qui n'est pas toujours le cas »4(*).
La séparation d'avec le milieu social, familial et
spirituel affectera le malade. Dès son admission en milieu hospitalier
le malade perd son identité. Il se confond aux autres malades. Il vit
dans une salle d'une capacité de trente à quarante lits. A cause
de l'effectif des malades, chaque malade sera désigné par un
numéro : perte d'identité complète. C'est une
blessure d'amour propre.
Or, dans une paroisse ou dans la vie sociale nous sommes
nommés par ceux qui nous connaissent et nous sommes heureux d'être
connus.
Dans cette situation, le malade chrétien attend le
soutien moral, matériel et spirituel.
Sur le plan moral, le malade reçoit très peu de
visite de ses frères chrétiens et même de ses propres
parents : « Les familles veulent aider mais parfois
craignent la contagion et se posent des questions telles que :
`` Ai-je attrapé la maladie ? Quelle précaution
devrais-je prendre ? Que faire des vêtements ? Est-il prudent
de lui rendre visite ?'' »5(*). Devant le questionnement des parents, le
malade se retrouve seul avec un moral bas. Du coup il se sent rejeté,
abandonné. Face à la maladie l'esprit s'affaiblit. La visite ou
l'assistance morale est indispensable pour celui qui souffre. Elle soulage le
malade et le guérit psychologiquement de ses maux. Evelyne Franc
dira : « La personne atteinte par la maladie a, en plus de
ses besoins physiques et sociaux, de grands besoins d'ordre affectif et
spirituel [...]. Il est important de considérer le patient en tant que
quelqu'un qui a besoin d'être approché d'une manière
personnelle [...]. »6(*)
Quand la visite tarde à venir, le malade se fond en
larmes et c'est le cri du désespoir : « Tout est
fini pour moi ». En effet, rendre visite à un malade
procure du bien à celui qui souffre.
Pour un malade démuni sa situation est plus difficile
car à l'hôpital tout s'achète. Il peut être
exempté de la consultation mais le reste se paie. N'ayant rien pour se
procurer les médicaments et faire les examens qui lui sont prescrits, il
est appelé à mourir. Personne ne s'occupera de lui : c'est
l'abandon total ; car le traitement se fait en fonction du résultat
des examens. Jadis, il y avait une pharmacie de secours. Aujourd'hui, il
existe un service social mais le travail reste à faire.
Le malade chrétien connaît la dimension
caritative de l'Eglise et attend d'être soutenu. Les yeux sont
orientés vers l'Eglise pour une aide quelconque. L'Eglise sera pour lui
un secours inouï. En voyant la misère du malade, nous nous posons
la question suivante : entre le malade et l'argent qu'est ce qui
prime ? En voyant le côté matériel, nous nous
éloignons de la souffrance humaine. Aucun intérêt n'est
porté au malade. Quand le malade se rend compte que l'on ne
s'intéresse pas à lui en tant qu'être humain
créé à l'image de Dieu, il culpabilise et la vie pour lui
devient négative. Plus d'espoir de vivre.
La condition matérielle est un des problèmes
auxquels le malade indigent fait face tous les jours en milieu hospitalier.
L'hôpital offre un cadre au malade, met à sa disposition une
équipe médicale compétente mais lui demande une
participation pour le maintien et le bon fonctionnement de la structure. Sans
cette participation, il est privé de tous soins ; parfois il lui
est demandé de libérer la salle. L'hôpital devient
l'affaire des riches. Or, d'après la Déclaration Universelle des
Droits de l'Homme :
« Toute personne a droit à un niveau de
vie suffisant pour assurer sa santé, [...], les soins médicaux
ainsi que pour les services sociaux nécessaires ; elle a droit
à la sécurité en cas de chômage, de maladie,
d'invalidité...ou dans les autres cas de perte de ses moyens de
subsistance par suite de circonstances indépendantes de sa
volonté »7(*) .
Une attention devrait être portée au malade le
moins assisté ; car la nécessité de sa santé
se manifeste dans des conditions de marginalisation et par un manque
d'assistance sanitaire. S'il ne fait l'objet d'une attention quelconque cela
est lié à sa situation de pauvreté économique,
d'indifférence sociale et de solitude.
Généralement, le malade ne souffre pas seulement
de la maladie, mais aussi de la peur, de l'abandon, de la solitude et de la
marginalisation. Il est angoissé par sa santé, accablé par
la douleur liée à sa maladie et aussi celle causée par
l'indifférence totale à son égard. Il souffre du rejet
social.
L'attention intégrale est le besoin principal du
malade. Le malade est avant tout une personne, pas un objet. Il arrive parfois
de méconnaître cette réalité, et le malade qui
attend de l'aide, devient un objet sur lequel on expérimente un
médicament parce qu'il ne peut l'acheter ou bien on s'intéresse
plus à sa maladie qu'à son être. Ce n'est pas seulement le
médicament qui guérit le patient mais une assistance humaine,
spirituelle faite de proximité.
L'accent ne semble pas mis sur l'aspect religieux du malade.
Très peu de personnes, dans le personnel médical, s'y
intéressent. De temps en temps, un groupe de chrétiens passe pour
une prière avec les malades. Celui qui souffre a plus besoin que tout le
reste de Dieu pour soulager ses peines. Le pape Benoît XVI dira :
« Souvent c'est l'absence de Dieu qui est la racine la plus
profonde de la souffrance »8(*). Le chrétien sait que Dieu peut le
guérir de sa maladie. Devant la maladie, la guérison qui tarde
à venir, la foi faiblit et il faut le soutien des autres pour raviver
cette foi. D'où l'importance pour l'Eglise de voir comment aider le
chrétien dans sa foi quand il est en situation de faiblesse, de
détresse. Car la foi se vit en Eglise.
L'Eglise a reçu la mission d'évangéliser
et de secourir le faible, l'abandonné, le pauvre. Que fait- elle pour
prendre en charge les besoins du malade hospitalisé ?
I. 3. La pratique de
l'Eglise
« Un chrétien, quand il est malade, ne
cesse pas pour autant de faire partie d'une communauté
chrétienne. La maladie peut même lui donner l'occasion de renouer
des liens avec une telle communauté : paroisse, aumônerie,
mouvement, oeuvre peuvent apporter leur soutien au malade par la prière,
des visites, des lettres »9(*).
C'est dans cette optique que s'inscrit l'action de l'Eglise au
côté du malade hospitalisé. C'est le devoir de l'Eglise de
servir le malade car elle considère « le service envers
les malades comme partie intégrale de sa mission [et] l'assume
comme un temps de son ministère »10(*).
L'Eglise pour témoigner de sa solidarité a mis
en place une aumônerie des hôpitaux. Cette aumônerie est
chargée de la santé spirituelle du malade. Une religieuse passe
tous les samedis dans l'après-midi relever les besoins des malades
surtout ceux qui désirent recevoir le sacrement des malades. Nous la
voyons toujours seule. Le lendemain, elle revient avec un prêtre
(aumônier) pour célébrer la messe avec les malades de
l'hôpital. Un hangar construit pour les gardes-malades abrite l'office
eucharistique. Pour les malades qui ne peuvent se mouvoir, la communion leur
est portée. L'aumônerie reviendra encore à la fin de la
semaine.
Heureusement, dans la semaine le relais est pris par les
différents groupes des paroisses de l'archidiocèse qui passent
pour leur apostolat. Aussi, pendant les grands temps de l'Eglise, ces groupes
s'organisent et fêtent avec les malades de l'hôpital : un jour
de nettoyage à l'hôpital et le lendemain, une messe solennelle est
célébrée à leur intention avec distribution des
dons.
Une innovation vient d'être faite dans l'enceinte de
l'hôpital communautaire. Un des mouvements de l'archidiocèse, la
Fraternité saint Joseph, lors de son jubilé d'or, a pris
l'initiative d'y ériger avec l'accord de l'archevêque une
chapelle. Cette chapelle est déjà opérationnelle. Une
équipe pastorale y est présente et permanente. La chapelle est
ouverte, l'adoration du Saint sacrement est possible, l'aumônier s'occupe
de l'enseignement des parents et des malades qui peuvent se déplacer. Il
répond aux sollicitations du malade.
L'Eglise particulière, qui est à Bangui,
s'évertue à se rendre présente et active en milieu
hospitalier pour aider le malade à connaître sa situation,
à préparer et à vivre sa propre mort ; elle aide aussi le
malade sur tous les plans car la maladie comporte aussi un
aspect psychologique, social, familial, [et spirituel]. Cela
fait appel à une attitude d'accueil, d'écoute, de
compréhension, de conseil11(*).
Par le pouvoir de guérison qu'elle a reçu,
l'Eglise peut combattre la maladie au côté du malade :
« Pour vaincre la maladie, Jésus nous a laissé la
foi, la prière, la confiance dans le Père »12(*). Ce sont là des
armes dont dispose l'Eglise dans sa lutte contre la maladie.
En effet, « Il faut admettre [...] que la
prière a aussi son efficacité pour la guérison et le
soulagement des misères humaines »13(*).
Cette présence de l'Eglise en milieu hospitalier pourra
aider à éviter certains dérapages du malade
chrétien. Lorsque le cas se complique, c'est l'inquiétude, le
malade est prêt à soupçonner le prochain et quand la
guérison tarde à venir, il est prêt à recourir au
marabout. L'engagement de l'Eglise vient à point nommé pour
sauver de cette dérive. Malgré tout cela il y a toujours
l'obstination du malade. Un bel exemple est donné par Eric de
Rosny d'un catéchiste de Kribi qui tombe malade et est
hospitalisé. Son curé s'évertue à lui porter tous
les jours la communion et prier avec lui. Mais sa santé ne
s'améliore toujours pas. Il décide de faire venir à son
chevet un Nganga14(*) à l'insu du curé. Selon lui c'est
grâce aux herbes et aux écorces du Nganga qu'il a
été guéri15(*).Etait-ce une coïncidence ?
L'initiative de l'Eglise se heurte à des pratiques
sociales et traditionnelles. L'Eglise voudrait justement par son action aider
le malade à regarder plus loin, à regarder vers Celui qui a le
pouvoir de donner et d'ôter. La mission de l'Eglise au côté
du malade s'inscrit à la suite du Christ. Lui qui est passé en
faisant le bien et a guéri les malades (Ac 10,38). L'accompagnement du
malade est un objectif vers lequel doit toujours tendre la communauté
ecclésiale16(*).
CHAPITRE II
JESUS ET LE MALADE
Pour ressortir l'attitude de Jésus envers le malade,
nous allons analyser Mc 1, 29-31. Cet extrait parle de la guérison de la
belle-mère de Simon appelé Pierre. Marc n'est pas le seul
à relater cet épisode. Matthieu et Luc la racontent aussi.
Cependant, nous avons choisi Marc parce qu'il nous parait plus explicite et cet
épisode vient au tout début du ministère de
Jésus.
Ce chapitre propose d'abord une analyse littéraire du
texte en étude, ensuite dégage une réflexion
théologique.
I. ANALYSE LITTERAIRE
Pour découvrir l'identité littéraire de
Mc 1, 29-31, nous étudions sa délimitation, son contexte, son
approche synoptique, son genre littéraire et sa structure.
I. 1. Délimitation et
contexte
Les versets qui précèdent le v. 29, parlent de
l'évènement de la synagogue et finissent au v. 28. A partir du v.
29, nous sommes hors de la synagogue. Après le v. 31,
c'est-à-dire du v. 32-34 c'est un autre épisode qui ne concerne
pas directement la belle-mère de Simon mais de Jésus avec un
groupe de malades même si la scène a lieu dans la même
maison.
Comme nous voulons présenter un cas de guérison
qui met Jésus en contact direct avec un malade, nous avons
préféré limiter notre texte du v. 29-31en le
libellant : Jésus et la belle-mère de Simon malade. Ces
éléments justifient les limites fixées à la
péricope.
Quant à son contexte, Mc 1, 29-31 est la
deuxième guérison opérée par Jésus au
début de son ministère après celle du démoniaque
qui est un cas de possession.
Mc 1, 21-28 inaugure une série de guérisons
opérées par Jésus et rythme tout l'évangile de
Marc. En effet, sur seize chapitres, neuf contiennent les multiples
guérisons effectuées par Jésus
( Mc 1, 21-28 ; 29-31 ; 32-34 ; 40-45 ; 2,
1-12 ; 3, 1-6 ; 5, 1-20 ; 21-34 ; 6, 53-56 ; 7,
24-30 ; 31-37 ; 8, 22-26 ; 9, 14-29 ; 10, 46-52). Ceci
amène Marc à attribuer à Jésus l'image ou la figure
du médecin, de Jésus guérisseur.
Le texte de guérison de la belle-mère de Simon
est précédé de l'enseignement de Jésus à
Capharnaüm suivi de la guérison du démoniaque.
De prime abord, nous avons un lien entre les deux
textes : texte de la guérison du démoniaque et celle de la
belle-mère de Simon. En fait, sur le plan littéraire, il y a une
récurrence adverbiale dans les deux passages : ``Et
aussitôt'' (v.21b ; v. 23 ; v. 29). La formule ``Et
aussitôt'' est suivie d'une mention synagogale : entrant dans la
synagogue, sortant de la synagogue. Cela exprime un mouvement et met
étroitement en relation les deux textes. En entrant et en sortant de la
synagogue, Jésus manifeste son autorité sur les esprits
démoniaques et la maladie : l'esprit impur le libère et la
fièvre la quitta.
Pour ce qui est du contexte subséquent, il est
constitué par le sommaire (1,32-34). Ce sommaire a un style particulier.
Il fait une présentation des malades apportés à
Jésus et de leur guérison. Tandis que dans le texte
précédent, il y a un mouvement, une description avec des formules
très expressives et vivantes.
Mc 1,32-34 apparaît comme une synthèse des
guérisons opérées par Jésus. En effet, dans
l'ensemble formé par Mc 1, 21___2, 12, Mc 1,32-34 se situe au
centre de quatre épisodes de guérisons dont deux
antérieurs et deux postérieurs. Ces quatre guérisons sont
différentes : un démoniaque, la fièvre de la
belle-mère de Simon, un lépreux et un paralytique. C'est un
résumé de guérisons et une annonce des guérisons
qui s'en suivront.
Mc 1,32-34 boucle la journée de Jésus chez
Simon17(*) car le
lendemain matin, il doit quitter Capharnaüm et la maison de Simon.
Mc 1, 29-31 est un cas de guérisons parmi tant d'autres
et qui se situe dans une suite de guérisons. Il est encadré avant
et après par des guérisons qui attestent la messianité de
Jésus.
Les vv. 32-34 peuvent être reliés aux vv. 29-31
parce que la scène a lieu dans la maison mais plutôt le soir au
coucher du soleil.
La guérison de la belle-mère de Simon est
signalée dans les évangiles synoptiques. Cela nous permet de
voir les différentes approches de ce texte.
I. 2. Approche synoptique
D'après la théorie des sources, Marc serait
antérieur à Matthieu et Luc et les deux auraient sans doute
puisé chez Marc. Ceci amène à déceler des
particularités et des ressemblances chez les trois
évangélistes synoptiques.
En ce qui concerne leur particularité, Matthieu
présente Jésus étant déjà dans la maison de
Simon. C'est Jésus qui vit la malade et prit, ainsi, l'initiative de la
guérir. Il lui toucha la main. Jésus est seul avec la malade.
Matthieu nous laisse voir à travers cette attitude,
« le mystère de tout homme malheureux, touché par
le regard de Jésus et ressuscité par sa
grâce »18(*).
Marc, pour sa part, a un style propre et vivant. Il est le
seul à employer la formule `` Et aussitôt'' ; il
mentionne la présence des disciples qui accompagnent Jésus :
Simon, André, Jacques et Jean. Contrairement à Matthieu, Marc
signale que Jésus s'approche et la prend par la main.
Quant à Luc, en tant que médecin, il place juste
les mots en signalant que la fièvre est forte sinon elle serait
debout. Cela jaillit dans l'expression « en proie à une
forte fièvre » (Lc 4,38b) ; Jésus se penche et
menace la fièvre. Ce sont là des styles propres à chaque
auteur mais la finalité est la même : relater la
guérison de la belle-mère de Simon.
Pour ce qui est de ressemblances, Marc et Luc sont très
proches. Ils retracent l'itinéraire de Jésus : de la
synagogue à la maison de Simon. Dans leurs épisodes, la demande
de guérison est indirecte. Les deux évoquent la présence
des disciples : elle est plus explicite chez Marc et implicite chez Luc.
Luc les désigne par le pronom « ils ». A la
fin de l'épisode, la malade guérie servait Jésus et ses
disciples tandis que chez Matthieu, elle servait uniquement Jésus.
Matthieu et Luc sont aussi proches dans le sens où ils
écartent toute la suite de Jésus pour s'atteler aux
principaux : Jésus et la malade.
Cette analyse littéraire va se prolonger à
l'examen du genre littéraire de Mc 1, 29-31.
I. 3. Genre littéraire
et structure
Le texte que nous étudions est un récit. Ce
genre littéraire se caractérise par : un lieu, des
personnages, un thème, une intrigue, des mots de transition et surtout
la référence au passé. Notre texte y répond. Le
récit de guérison a lieu à Capharnaüm dans la maison
de Simon. Des personnages sont nommés dans le récit :
Jésus, Simon, André, Jacques, Jean et la malade. Jésus est
le personnage principal qui agit en faveur de la belle-mère de Simon qui
est, elle, le personnage bénéficiaire de l'acte de Jésus.
Les autres sont des personnages secondaires intermédiaires qui
accompagnent Jésus dans son ministère.
Le thème central du récit est la guérison
d'une maladie.
Quant aux mots de transition ou style, le récit est
écrit de manière très vivante. Nous notons une
récurrence comme : ``Et aussitôt'' (v. 29 et v. 30b) ;
les deux sont séparés par une conjonction de coordination
« or » (v. 30a). Elle marque la transition en
mettant en exergue le noeud du problème. L'expression ``Et
aussitôt'' marque l'évolution et la rapidité de
l'action : « Et aussitôt sortant de la synagogue...et
aussitôt ils lui parlent à son sujet ».
Nous notons la présence des temps de narration. Nous
avons les verbes : venir (v.29b), faire (v. 31a), quitter (v. 31b) qui
sont au passé simple et être (v. 30a), servir (v. 31b) qui sont
à l'imparfait.
En outre, il y a un mouvement dans le récit. Il est
dynamique. Nous partons d'une situation initiale (couchée) à une
situation finale (debout).
Nous avons ainsi cette structure :
1- Arrivée de Jésus chez Simon et André
en compagnie de Jacques et Jean (v. 29)
2- Annonce à Jésus de la maladie de la
belle-mère de Simon (v.30a)
3- Demande indirecte de guérison (v. 30b)
4- Intervention miraculeuse de Jésus (v. 31a)
5- Guérison de la belle-mère de Simon (v.
31b)
Après cette analyse littéraire qui nous permet
de cerner le récit, nous allons en dégager le message
théologique.
II. LA REFLEXION
THEOLOGIQUE
Nous allons, ici, aborder d'abord la conception de la maladie
à l'intérieur et à l'extérieur du texte, ensuite
montrer l'attitude de Jésus par rapport au malade.
II. 1. Conception de la maladie
intra et extra texte
Dans le récit de la guérison de la
belle-mère de Simon, il s'agit d'une maladie : la fièvre.
C'est un symptôme commun à plusieurs maladies. Cette fièvre
est une maladie qui entrave la belle-mère de Simon et Camille FOCANT
affirme que Marc la perçoit comme une maladie19(*). A la fin du récit,
comme pour l'esprit impur, la fièvre la quitta. Pour Camille FOCANT,
« cela ne signifie pas que la fièvre soit vue comme un
démon, mais bien que toutes les instances du mal, qu'elles soient
démoniaques ou corporelles, sont mises en déroute par l'action de
Jésus »20(*). La fièvre est l'instance du mal qui ankylose
l'homme. Nous voyons dans l'expression « la fièvre la
quitta », une personnification de la fièvre. Simon
LEGASSE le confirme : « La maladie semble
personnifiée puisque c'est elle qui ``quitte'' la
malade »21(*). Mais elle n'est guère synonyme d'expulsion de
démon.
Plus loin, en Luc, il a la même lecture de la
fièvre ; il la considère comme une puissance nuisible, une
force du mal. Il la personnifie comme ses prédécesseurs en ce
terme : « il menaça la
fièvre » comme si elle était une personne.
Lorsque nous parlons de la maladie, nous pensons le plus
souvent à une perte de force physique ou mentale et spirituelle ou
à l'atteinte de l'organisme par un agent microbien ; or , la
conception de la maladie va au-delà de toutes ces considérations.
On impute la maladie aux démons, aux esprits, aux forces du mal et
même à Dieu.
La maladie, dans la civilisation traditionnelle et juive, est
censée résulter d'une transgression du sacré et prend
ainsi le caractère d'une sanction. Cette conception de la maladie est
admise par la tradition synoptique22(*). Avec le récit de guérison du
paralytique dans les évangiles synoptiques (Mt 9,1-8 ; Mc 2,
1-12 ; Lc 5, 17-26), Jésus guérit le malade pour confirmer
le pardon de ses péchés. Cette guérison obtenue,
concrétise l'existence d'une relation symétrique, de cause
à effet entre la maladie et le péché. Cette conception va
évoluer.
Jésus, le Médecin par excellence, est venu
sauver et guérir l'homme de ses maladies qui l'empêchent de
glorifier Dieu. Il est venu pour les malades et les pécheurs. Car la
maladie, dans le judaïsme et l'antiquité, était synonyme du
péché, la conséquence du péché, la punition
de Dieu, la sanction d'une faute. Ce qui amène les apôtres
à poser la question à Jésus à propos de
l'aveugle-né : « Rabbi, qui a péché,
lui ou ses parents pour qu'il soit né aveugle ? »
(Jn 9, 2). Jésus répond ni lui ni ses parents (Jn 9, 3).
Jésus s'inscrit en faux contre cette conception. Il
prend le parti de l'homme contre la maladie et contre le péché.
Il démythifie la maladie. Il va s'évertuer durant sa mission
à réinsérer les « malades
pécheurs » dans la société. Exemple :
en purifiant les lépreux, Il les réinsère dans la
société car ils sont considérés comme des
impurs.
La maladie n'est pas une fin en soi et ne doit pas être
caricaturée. Elle est présentée, dans le Nouveau
Testament, comme ce qui doit être évacué du Royaume de
Dieu. Le Nouveau Testament ne spécule pas sur la responsabilité
de la maladie. A l'aveugle-né, Jésus répond ni lui ni ses
parents. Il ne situe pas la maladie dans une perspective causaliste, mais dans
une perspective finaliste23(*). Ainsi l'idée que Dieu envoie la maladie comme
une épreuve est intenable. Elle n'est pas une épreuve venant de
Dieu car Dieu ne veut pas le malheur de l'homme mais son bonheur.
De la maladie, peut découler soit la guérison
soit la mort et la vie éternelle. C'est le sens finaliste que
Jésus donne à la maladie durant son ministère de
guérisseur. Pour Lui, « chaque guérison est un
signe du Signe par excellence qu'est la mort et la
résurrection »24(*) ; ces dernières ouvrent, en effet, la
porte de la vie éternelle.
Maladie et guérison sont inséparables du
ministère de Jésus. Elles sont, pour Lui, l'occasion de
révéler son Royaume. Ce Royaume est déjà
présent quand Il guérit un malade.
La maladie n'est pas imputable à Dieu. Les
chrétiens doivent le comprendre. Pour cela, il faut insister sur une
doctrine chrétienne de la maladie.
En s'inscrivant en faux contre toute conception erronée
de la maladie, Jésus se montre accueillant et compatissant envers les
malades.
II. 2. Attitude de Jésus
par rapport au malade
La maladie est perçue comme un handicap physique,
mental et spirituel qui isole le malade de la société, de sa
famille et de l'Eglise. Elle brise parfois les relations entre familles et
amis. Jésus aura, Lui, un comportement humain envers tout malade.
A travers le récit de guérison de la
belle-mère de Simon, Jésus se rend présent à la
malade par ses gestes et ses actes.
Tout au long de sa vie publique, Jésus est
environné des malades de toute sorte. Il les accueille avec sympathie,
attention, en les soulageant de leurs maux. Il n'a jamais rejeté un des
malades pour sa sévère maladie, ni affiché
brutalité, répugnance, dédaignement ou mépris
envers un des malades. Au contraire, Il en est proche par des gestes et actes
humains.
L'évangéliste note la compassion de
Jésus, il note aussi le geste étonnant : Jésus touche
la malade en la prenant par la main ; signe qu'en Lui est la vie, le
salut ; signe aussi du contact avec l'être humain qu'Il
rétablit. Il rompt avec une tradition qui prohibe tout contact avec les
malades. C'est un regard d'amour, un geste d'amour qu'Il pose sur la malade.
Il est pris de compassion, Il est ému, troublé dans son coeur
d'homme. Son coeur est touché. Sur la demande de ses disciples, Il
guérit la malade. Cette guérison octroyée, est donc la
réponse de l'amour de Dieu à la détresse humaine. L'amour
du Christ « prend forme humaine, coeur humain pour saisir l'homme
au niveau de sa misère pour lui rendre perceptible l'intensité de
l'amour divin »25(*).
En effet,
« Dans le tableau de la création, sur la
voûte de la Chapelle Sixtine, c'est du contact du doigt de Dieu avec
celui de l'homme que jaillit l'expression de la vie de l'humanité
entière ; ici, en Saint Marc, c'est dans l'intimité de la
famille : du contact de la main du Christ et de celle de la malade
jaillissent la guérison et la santé, l'affection et la
gratuité [...] »26(*).
La maison de Simon devient une Eglise de salut. Par un geste
simple, inattendu vient la guérison. Jésus a posé un geste
essentiel : « S'approchant, il la fit se lever en la prenant
par la main » ; résultat « Et la
fièvre la quitta ». En effet, Marc très
méthodique, nous montre la suite chronologique de l'action de
Jésus : approche, prise par la main et la guérison. La
guérison obéit à une suite logique. Par là, Marc
nous enseigne que nous ne pouvons pas guérir une personne sans
s'approcher d'elle ni la toucher.
Jésus relève la malade. Relever chez Marc
signifie « ressusciter ».
Du matin au soir, où qu'Il aille, Il est toujours
assailli par les malades, au milieu d'eux. Par sa présence aux malades,
deux formes essentielles de son activité apparaissent : parler,
s'entretenir avec les malades et vivre au milieu d'eux.
Les Evangiles contiennent de multiples récits de
guérisons. Tous ces malades, présentés à
Jésus, ont été satisfaits dans leur être.
En portant notre regard sur le récit de la
guérison de la belle-mère de Simon, présenté dans
les évangiles synoptiques, nous constatons que le fond est le
même ; tandis que la manière de le relater et de ressortir
l'attitude de Jésus diffèrent d'un auteur à un autre.
C'est son attitude que nous voulons mettre en exergue. Elle
sera pour nous une référence dans notre relation avec les
malades. Dans ces trois récits, Jésus : touche,
relève, s'approche, se penche, prend par la main, menace. Ce sont des
gestes que les malades attendent de nous. Roland BUGNON le relève :
« Lorsqu `un malade découvre, au
gré d'une visite ou d'une rencontre, de quel amour Dieu l'aime, sa
maladie perd beaucoup de son importance. S'il a la chance d'expérimenter
presque physiquement l'immensité de l'amour de Dieu pour lui, il peut
continuer à vivre malgré son handicap, avec
une grande paix ou joie intérieure »27(*).
Une présence attentive de l'Eglise donnera de
l'espérance au malade et ses tourments se transformeront en joie.
Cette femme malade alitée, a été
guérie grâce à Simon et André car ce sont eux qui
ont parlé d'elle à Jésus. Ils sont pour elle la petite
communauté ou l'Eglise. Ils agissent pour sa cause. Nous
chrétiens, partout où nous sommes, nous formons l'Eglise
même les malades qui sont à l'hôpital. Pour cela, nous
devons être attentifs pour plaider la cause de nos frères malades
et intercéder en leur faveur.
La maladie de la belle-mère de Simon plonge la famille
dans l'angoisse. Cette angoisse est implicite. Jésus, quand à
Lui, a répondu présent à une demande angoissante.
Jésus compatit à la douleur de cette famille et sauve un
être cher.
L'attitude de Jésus en face d'un être humain
malade est très profonde. Que l'Eglise qui est sur les traces de
Jésus fasse de même. Que par sa présence, les malades
sentent la proximité de Dieu.
L'Eglise multiplie des efforts de proximité aux malades
mais cette proximité reste beaucoup plus dans les intentions que dans la
réalité du vécu. Dans les documents de l'Eglise, elle
définit l'identité du malade. Le malade est accueilli, servi,
protégé et défendu par l'Eglise mais jamais compris et
accompagné personnellement dans son cheminement de foi.
Cela revient à dire que l'Eglise n'a pas toujours
aidé l'homme à intérioriser l'expérience de vie de
foi dans la maladie.
Au regard de ce que le malade chrétien vit et ce que
Jésus fait aux malades, l'archidiocèse de Bangui doit revoir son
mode de présence en milieu hospitalier en réactualisant, en
inventant des nouvelles pistes pastorales en milieu hospitalier.
Le comportement de Jésus doit avoir un sens. Une fois
le compris, nous pouvons l'imiter.
L'attitude de Jésus est pleine de sens.
A travers ce récit de guérison, Marc nous
présente l'identité de Jésus comme médecin par
excellence, qui est venu sauver et guérir l'homme de ses
maladies28(*) qui
l'entravent et l' empêchent de glorifier Dieu et de se réaliser en
tant qu'homme ou femme. Tel est l'exemple de cette femme fiévreuse
incapable de vaquer à ses activités quotidiennes. Après sa
guérison, elle est libérée. Aussitôt, elle se
montre reconnaissante en se mettant au service de Jésus et de ses
disciples.
Le rétablissement de la santé est la
finalité de l'action de Jésus29(*) et l'une de ses missions. Car, après l'appel
des quatre premiers disciples, Il inaugure son ministère par une
série de guérisons (Mc 1, 21ss). L'Homme malade devient le centre
de l'action missionnaire de Jésus. Lui-même déclare qu'Il
est venu pour les malades et ce sont eux qui ont besoin du médecin (Mc
2, 17).
La mission de Jésus consiste, en effet, à
rétablir non seulement l'Homme malade dans la
société mais aussi à le rétablir dans son
équilibre physique, mental et social30(*). La belle-mère de Simon a ainsi
retrouvé son équilibre psychosomatique, spirituel grâce au
regard compatissant de Jésus. En effet, « la compassion du
Christ envers [la malade], les malades et ses nombreuses guérisons ...
sont un signe éclatant de ce `` que Dieu a visité son
peuple'' »31(*).
Marc nous montre Jésus qui accomplit le programme
messianique de sa mission. Il redonne vie au souffrant.
Cette guérison exalte la grande compassion de
Jésus en face de la misère humaine et explique la dimension
libératrice de sa mission.
Jésus guérisseur, image de Jésus
présenté par Marc, ne se penche non seulement du
côté de la maladie mais approche la personne dans toute son
intégralité. Philippe GAUER le dit:
« La santé physique et la santé
psychique et spirituelle impliquent la mission unique du Christ. Jamais nous ne
voyons Jésus s'apitoyer sur la maladie, son regard se fixe toujours
d'abord sur la personne. C'est un regard d'amour, de compassion, de
miséricorde qu'Il vient poser sur chaque personne [...]. Tout malade est
avant tout pour Lui, un homme [une femme] prédestiné à
devenir Fils de Dieu, un frère [une soeur]. »32(*)
Dans son agir envers la belle-mère de Simon, Il voit la
personne malade de cette femme, une malade qui souffre dans son corps et dans
son âme. Ce sont là les deux dimensions de la
guérison : celle du corps et celle de l'âme. Car
« la maladie n'est jamais seulement un mal physique elle est en
même temps une période d'épreuves morale et
spirituelle 33(*)».
Dans ce récit de guérison, guérir pour
Jésus, signifie réintégrer ; car la maladie exclue,
isole parfois de la société. La belle-mère de Simon a
retrouvé sa place après avoir été guérie.
C'est aussi engager son être et sa personne. Il fait
voir sa puissance et sa bonté. « Les guérisons sont
avant tout les manifestations de la charité de Dieu, de l'amour vrai de
Dieu, amour actif et compatissant, qui se penche vers toute misère
humaine 34(*)».
Jésus a toujours été présent
auprès des malades. Son attitude est très caractéristique.
Il pose des gestes et actes pleins de signification. Attitude qu'attend tout
malade.
Par ses gestes, Il a réconforté et relevé
la belle-mère de Simon, qu'en Lui est la vie.
A travers ce récit de guérison, Matthieu nous
montre le salut acquis par la venue de Jésus. Il est venu mettre l'homme
debout, le guérir pour glorifier Dieu35(*). Car être debout, c'est la gloire de Dieu
disait Irénée de Lyon. C'est cette gloire de Dieu que
Jésus témoigne sans cesse dans sa rencontre avec les malades.
Luc montre l'attitude éternelle de l'homme-Dieu.
Jésus, chaque fois qu'Il est en face d'un malade, pose souvent un geste
qui sauve et qui met en mouvement le malade. Il le sort d'un état de
dépendance pour l'inviter à prendre la route avec Lui. En outre,
Luc nous présente Jésus qui déploie par son comportement,
sa puissance, son autorité sur les puissances du mal et sa bonté
par une intervention efficace : « En se penchant sur la
malade, le Christ exprime sa bonté et en commandant à la
fièvre de telle sorte que son ordre est immédiatement
exécuté, il relève sa puissance »36(*). Après la
guérison, la malade pose un geste qui libère : elle sert
Jésus. La belle-mère de Simon est une figure. Quand Jésus
guérit, son action n'a pas une fin uniquement thérapeutique mais
s'adresse à toute la personne pour la rétablir dans son
intégrité physique, morale, spirituelle et sociale. La
belle-mère de Simon retrouve son état de complet bien-être
physique, mental et social. Le comportement de Jésus va au-delà
de nos apparences.
Ces études nous permettent de découvrir les
véritables problèmes auxquels est confronté le malade. Du
comportement de Jésus avec les malades, ressortent quelques
réponses.
CHAPITRE III
PERSPECTIVES PASTORALES
Aujourd'hui, le texte de la guérison de la
belle-mère de Simon garde toute sa pertinence pour la pastorale en
milieu hospitalier. L'Eglise peut s'en inspirer pour réviser sa
présence à l'hôpital comme le pense Mario ALBERTON37(*).
C'est ce que va proposer ce chapitre qui portera primo sur la
proximité entre Jésus et le malade, secundo sur la
médiation entre Jésus et le malade.
III. 1. LA PROXIMITE ENTRE
JESUS ET LE MALADE
Un survol de l'Evangile de Marc permet de nous apercevoir de
la place que le Christ accorde aux malades. Neuf chapitres sur seize sont
consacrés aux relations de Jésus avec les malades (Mc 1,
21-28 ; 29-31 ; 32-34 ; 40-45 ; 2, 1-12 ; 3,
1-6 ; 5, 1-20 ; 21-34 ; 6, 53-56 ; 7, 24-30 ;
31-37 ; 8, 22-26 ; 9, 14-29 ; 10, 46-52).
Sa rencontre, avec la belle-mère de Simon, laisse
percevoir toute une démarche personnelle et profonde. Il porte une
grande attention à cette femme, car, dès qu'Il apprend la
nouvelle, Il se rend aussitôt à son chevet. Son attention est
réelle, physique. Il voit, regarde, s'approche, prend la main, touche.
Jésus se pose devant cette malade comme une personne et non comme un
thaumaturge. Son comportement très personnalisé le rend proche de
chaque malade et Il est capable d'inventer vis-à-vis de chacun, une
nouvelle attitude dont la finalité est toujours la même.
Les gestes et les actes de Jésus doivent
intéresser, tous les chrétiens, mais particulièrement ceux
qui prennent en charge la santé des malades. C'est surtout cette
approche très personnalisée que désire un malade. La peur
de contagion est le plus souvent un élément qui brise la relation
avec les malades. Nous avons peur qu'en les touchant, nous nous exposions
à leurs maladies. Nous nous mettons hors de leur portée.
Jésus nous laisse son bel exemple. Toute son existence
se déroule en grande partie dans le monde des malades.
C'est en intégrant ce modèle d'approche des
malades par Jésus que l'Eglise pourra revoir aussi son mode de
présence aux malades et de leur prise en charge.
Elle peut créer une proximité à partir de
l'eucharistie, du sacrement des malades, de la visite et de l'accompagnement
des malades.
En effet, l'eucharistie est une forme
privilégiée de la proximité de l'Eglise vis-à-vis
du malade. Elle témoigne non seulement de la proximité du Christ
au malade mais aussi celle de la communauté chrétienne :
c'est une double proximité.
En effet, la participation du malade à l'eucharistie,
s'inscrit dans la tradition de l'Eglise38(*). Elle procure du bien au malade. Par cette
célébration, Dieu visite celui qui est atteint dans son
être. « Toute communauté chrétienne est un
corps où tous sont solidaires et où chacun, quel qu'il soit, a
son importance pour l'ensemble. Lorsque l'un d'entre eux est
éloigné, il faut créer, inventer des moyens nouveaux de le
rejoindre »39(*). L'eucharistie est, ainsi, considérée
comme le moyen de se rendre présent, visible au malade isolé,
hospitalisé. Elle réconforte et soulage le malade.
Célébrer quotidiennement l'eucharistie au milieu et avec les
malades, permettra à l'Eglise de s'apercevoir de sa mission
vis-à-vis du monde hospitalier et du malade.
Avec l'existence de la nouvelle chapelle au sein de
l'hôpital, nous proposons qu'il y ait tous les jours la messe comme dans
les paroisses. Cela fortifiera le chrétien malade dans sa foi, dans sa
maladie et le rendra plus proche de sa paroisse. Si les chrétiens
bien-portants communient tous les jours, celui qui est malade a aussi le droit
au corps du Christ qui lui procurera force, courage dans la maladie et la foi.
Il est bon au cours de la messe de prier pour le malade ; il est encore
mieux qu'un membre de l'assemblé ou que le prêtre vienne
établir un lien visible de l'Eglise avec le malade : venir à
son chevet lui porter la communion. A cela, « la
visibilité de l'Eglise n'est pas seulement l'organisation
hiérarchique, elle est aussi la présence réelle des uns
aux autres dans la charité, prolongeant la présence eucharistique
du Christ ».40(*) La célébration eucharistique ouvre
à la charité. C'est pourquoi, en plus de la chapelle, un service
caritatif peut être envisagé pour aider ponctuellement les
démunis. La chapelle et le service caritatif sont pour le malade un
grand soulagement spirituel et matériel.
La visibilité de l'Eglise au malade doit s'exprimer
aussi dans le sacrement des malades. Saint Jacques a souligné
l'importance de ce sacrement dans la maladie : « Quelqu'un parmi
vous est-il malade ? Qu'il appelle les presbytres de l'Eglise et qu'ils
prient sur lui après l'avoir oint d'huile au nom du Seigneur. La
prière de la foi sauvera le patient et le Seigneur le
relèvera » (Jc 5, 13-15). N'attendons pas l'agonie pour
nous présenter au chevet du malade. C'est une pratique courante. Il y a
là, l'urgence d'une prise de conscience du clergé et de la
sensibilisation des parents des malades.
Dans ce sacrement, il y a l'intervention de la puissance de
Dieu et des gestes humains pleins de signification : imposition des mains
et onction d'huile. Ces gestes mettent l'Eglise en contact étroit avec
le malade. Ils nous rappellent aussi les gestes de Jésus à
l'égard des malades. Il les touche, les prend par la main, leur impose
les mains ; et fait des onctions d'huile (Mc 6, 13) en vue de la
guérison. Ainsi Mario ALBERTON nous dit :
« Les gestes, les paroles, les démarches
[de Jésus] en faveur des malades seront le modèle de
référence qui nous permettra de saisir le dynamisme profond du
sacrement de l'onction des malades. Ce dynamisme sera situé aussi dans
un contexte plus large, celui des milieux de santé actuels, et
éclairé par la doctrine et l'histoire de
l'Eglise »41(*).
Ce sacrement peut être administré au cours d'une
célébration eucharistique ou en dehors de celle-ci. Ce sacrement
manifeste la solidarité profonde de la communauté
ecclésiale au malade. A travers la personne du prêtre
auprès du malade, nous voyons l'Eglise tout entière qui souhaite
sa guérison. Dans ce sacrement, nous voyons deux aspects : l'image
de Jésus qui prend soin des malades et les guérit et l'image de
la souffrance.42(*) Ce
double aspect doit attirer notre attention dans notre relation mutuelle les uns
avec les autres car « celui qui souffre a besoin, dans sa
solitude, de savoir qu'il n'est pas seul dans sa
lutte »43(*).
Le plus souvent, ce sacrement est mal compris et
célébré. Nous attendons les dernières minutes et
nous arrivons en urgence pour l'administrer. Il est ainsi vidé de son
sens : on dirait un ritualisme ou un formalisme. Dans ces conditions, le
sacrement n'est pas un moment de communion ; car, pour l'administrer, il
faut d'abord écouter, échanger et rencontrer le malade. Cela
crée la proximité. Que la valeur de ce sacrement soit
restituée et que sa célébration soit plus communautaire
que privée et soit soigneusement préparée en impliquant si
possible certains malades.
L'eucharistie et le sacrement des malades sont une richesse
inépuisable pour l'Eglise et les malades. A côté de
ceux-ci, s'ajoutent la visite, l'écoute et l'accompagnement du malade.
« La visite aux malades vient recréer la
communauté, la communion entre l'Eglise et un des
membres »44(*).
Dans le récit de guérison de la
belle-mère de Simon, c'est Jésus qui se rend dans la famille de
Simon et rencontre la malade. Aujourd'hui, le malade est le plus oublié
de la société et de surcroît de l'Eglise. Il est le grand
absent de notre monde. C'est sans lui que se poursuit la vie. Nous oublions sa
présence et ne lui rendons pas visite. Si la société ne le
fait, l'Eglise, elle a le pressant devoir de visiter, d'écouter et
d'accompagner le malade : « j'étais ...malade et vous
m'avez visité...» (Mt 25, 36). Elle doit
pousser les bien-portants et les malades à se rendre plus solidaires les
uns aux autres car nous formons un seul corps dans le Christ et si un membre
souffre tous les membres souffrent (1Co 12, 24-26). Le malade est très
peu visité, écouté et accompagné. Or, la visite,
l'écoute et l'accompagnement sont les grandes dimensions de la pastorale
des malades en milieu hospitalier. L'accent doit y être mis.
Les groupes qui rendent visite aux malades, ne passent pas
dans toutes les salles des malades et ne prennent pas suffisamment le temps de
dialoguer ; certains éprouvent de malaises à entrer dans les
chambres surtout des tuberculeux par peur de contagion. Même s'ils
entrent, ils préfèrent mettre une réelle distance
vis-à-vis du malade.
Que toutes les visites au malade soient soigneusement
préparées. Car derrière la visite, il y a l'écoute
et l'accompagnement. Quand la visite est préparée, elle est
fructueuse, profitable et réconfortante. Nous ne venons pas par
formalisme pour visiter et écouter. C'est une pastorale très
délicate, un ministère.
En visitant et en écoutant les malades, nous
comprendrons beaucoup mieux leurs problèmes et nous pourrons alors
apporter l'aide dont ils ont besoin : aide spirituelle, matérielle,
psychologique, familiale, affective et sociale.
Le plus souvent, le malade lie sa maladie à des
querelles, des antécédents d'envoûtement. La visite et
l'écoute sont indiquées pour l'amener à un
dépassement de soi, à considérer sa maladie comme un
phénomène naturel, à l'accepter et à l'affronter
chrétiennement : c'est la méthode
psychothérapeutique.
Tous ceux qui visitent les malades, doivent avoir une attitude
d'écoute, une oreille attentive aux cris, aux doléances des
malades. Ces plaintes ne sont pas à négliger ni à balayer
d'un revers de main. Elles seront utiles dans la prise en charge
psychosomatique et spirituelle du malade.
La chapelle servira de lieu de référence,
d'accueil et d'écoute des malades qui peuvent se mouvoir. Après
la sortie de l'hôpital, le relais sera assuré dans chaque paroisse
où seront aménagés des lieux d'écoute, d'accueil et
d'accompagnement des malades. Car la présence de l'Eglise doit
s'exprimer tout au long de la vie, non seulement pendant la mort ou la
maladie45(*).
En effet, « Accueillir, écouter la
personne qui souffre, en Eglise, pourrait peut-être éviter le
recours aux féticheurs »46(*). C'est un des aspects de cette pastorale. Dans cette
pastorale, la présence doit être attentive, discrète, non
imposante. Présence faite d'écoute, de silence, de
dialogue et de soutien dans la lutte47(*).
La visite et l'écoute seront régulières
et organisées en dehors des heures de services. Visiter et
écouter ne sont pas seulement un privilège réservé
aux chrétiens. « Tout homme, pourvu qu'il soit [d'] une
conscience réfléchie, est capable de comprendre que d'autres ont
besoin de sa présence »48(*). C'est donc sans surprise que nous constations
à l'heure de visite des incessants va-et-vient à l'entrée
de l'hôpital. C'est une attitude toute naturelle pour faire sortir le
malade de son isolement.
Tous, prêtres, chrétiens, parents, amis et
soignants, sont interpellés pour entourer le malade pour qu'il ne soit
dépaysé et pour éviter un dangereux repli sur soi ou une
ouverture à des mauvais conseillers.
Jean BOUCHARD dira ; « La plus grande peine
de ceux qui séjournent à l'hôpital est bien connu ;
c'est parfois une véritable angoisse : n'avoir aucune visite, ne
compter sur personne »49(*). Le fait de visiter un malade, de se mettre
près de son lit, est un signe sensible qu'un autre a pensé
à lui. De là, il existe pour quelqu'un, la relation est
nouée, l'espoir est retrouvé.
Jésus de son vivant, visitait les malades dans leur
être, les touchait, leur parlait, cheminait avec eux. Aujourd'hui, la
communauté chrétienne, en rendant visite aux malades, renouvelle
la fraîcheur des gestes de Jésus50(*).
Hormis l'existence de la chapelle, l'eucharistie
célébrée avec les malades, le sacrement des malades, la
visite et l'écoute, le service caritatif, d'autres formes de
présence, de proximité peuvent être inventées et
définies dans le plan pastoral des malades de l'archidiocèse.
L'Eglise doit songer à intégrer l'organisation
hospitalière par la formation des agents hospitaliers (chrétiens)
et pastoraux qui seront des médiateurs entre l'Eglise et les malades
comme les disciples de Jésus et la belle-mère de Simon. C'est une
nécessité pour que sa présence, en milieu hospitalier, ait
un impact.
III. 2. MEDIATION ENTRE
JESUS ET LE MALADE
Marc et Luc relèvent la notion de solidarité et
de médiation avec la malade en évoquant les personnes qui
l'entourent : Jésus et ses disciples. L'Eglise doit aussi entourer le
malade à l'hôpital comme Jésus et ses disciples le
faisaient.
Chez Matthieu, c'est cette attitude d'intimité avec la
personne qui est mise en lumière. C'est cette attitude qui devrait
être réservée aux malades en principe à
l'hôpital. Préserver la pudeur, la dignité et
l'intimité de la personne malade. Car, aujourd'hui, le malade est
dépossédé de son corps : il est exposé,
confié à tout le monde, soigné, regardé,
touché manipulé par tout le monde.
Le malade ne doit pas être exposé au vu et au su
de tout le monde quand il est traité. Jésus l'a compris et c'est
ce qu'Il a fait à la belle-mère de Pierre. C'est une
interpellation pour tous ceux qui entourent les malades de faire comme
Jésus.
Aujourd'hui, les agents pastoraux et hospitaliers assurent
cette médiation. Pour cela, l'Eglise doit assurer leur formation dans la
prise en charge convenable des malades.
Ils seront formés dans les domaines de la psychologie
du malade, de l'éthique, de la spiritualité, de la pastorale.
Etant formés, ils pourront alors mieux servir le malade qui leur est
confié sans toutefois altérer l'image de Dieu qui est en lui.
Cette formation s'avère importante car elle permettra à ceux-ci
d'agir avec compétence dans les soins et dans l'accompagnement du
malade. Le pape Benoît XVI a mis l'accent sur cette
compétence :
« En ce qui concerne le service des personnes
qui souffrent, la compétence professionnelle est avant tout
nécessaire : les soignants [et les agents pastoraux] doivent
être formés de manière à pouvoir accomplir le geste
juste au moment juste, prenant aussi l'engagement de poursuivre les soins [et
l'accompagnement] »51(*).
Il poursuit, car ce sont des êtres humains qui ont
besoin, en plus des soins techniques corrects, d'humanité, de
l'attention du coeur, de la « formation du
coeur 52(*)». Ceux qui s'engagent auprès du malade
doivent comprendre que leur présence est un ministère. Ils jouent
un rôle privilégié dans l'accomplissement humain du
malade53(*)
Parmi les soignants, il y a des chrétiens. Le
chrétien qui travaille auprès du malade, est là pour
exprimer la volonté et les désirs de Dieu54(*) envers son prochain. En effet,
le rôle du chrétien qui sert le malade se situe dans cette prise
de conscience qu'il y a un lien nécessaire entre vie et foi, engagement
dans le monde et vie de charité. Le service des malades : visites
d'amitié, services professionnels, visite pastorale auront une
importance capitale pour faire cheminer les malades vers l'acceptation de leur
état et vers Dieu. Le geste de celui qui approche les malades est
symbole d'un geste plus grand et plus total, geste qui vient de Dieu pour
envelopper l'homme et le développer.
La mission de l'Eglise se poursuit à travers les agents
hospitaliers ainsi que les visites faites aux malades et à leurs
familles. C'est déjà un accompagnement du malade et une forme de
présence aux malades : présence à travers ceux qui
procurent les soins médicaux et spirituels aux malades. La
présence de l'Eglise doit s'exprimer tout au long de la maladie et doit
se poursuivre après la guérison d'où la
nécessité de connaître les dimensions religieuse,
biologique, psychologique, sociale du malade. Et pour réaliser une
assistance authentique, il faut des ressources en personnel.55(*) En effet,
« L'accompagnement personnel des malades par les
chrétiens, les prêtres [et même les soignants] est
indispensable pour éclairer et garantir le sens le plus profond de toute
l'aide qui leur est apportée au nom du
Seigneur »56(*).
Pour que la présence de l'Eglise soit authentique et
fructueuse en milieu hospitalier, elle doit collaborer étroitement avec
les professionnels médicaux. Car elle a besoin d'eux et eux aussi ont
besoin de l'Eglise. La présence de cette dernière en milieu
hospitalier n'est pas une occasion de défendre unilatéralement
les causes du malade et de fustiger les pratiques et les comportements des
soignants. Il faut une présence pacifique.
L'Eglise doit aux soignants reconnaissance et gratitude pour
le travail qu'ils effectuent pour le bien des malades. Siracide l'a
souligné : « Honore le médecin pour ses
services, car lui aussi, c'est le Seigneur qui l'a
créé... » (Si 38, 1-12). Ils ont besoin d'une
écoute, d'une proximité, d'un soutien et d'une aide pour vivre
leur travail de manière consciente et salutaire. Pour cela, l'Eglise
leur assurera une formation. La formation des professionnels de santé et
agents pastoraux sera une préoccupation de l'Eglise. Prendre soin de
celui qui soigne, qui accompagne les malades, est une manière indirecte
de soigner les malades eux-mêmes et de se rendre présent à
leur côté.
Elle leur enseignera à être des serviteurs
compétents et dévoués, promoteurs de l'humanisation,
défenseurs des droits des malades, témoins de Jésus dans
le milieu hospitalier.
Ces agents considéreront que recueillir une main
moribonde, un geste gentil et un sourire sont plus importants que tous les
médicaments. Ils recevront en plus de leur formation, une formation en
bioéthique chrétienne et médicale.
L'Eglise entretiendra avec eux une relation faite de dialogue,
de collaboration, de formation, de respect. Promouvoir le dialogue et la
collaboration avec les soignants et agents pastoraux sera un devoir prioritaire
pour l'Eglise.
Parmi les soignants qui font office de soins en milieu
hospitalier, il y a des chrétiens. Sous l'impulsion du service de la
pastorale ou de l'aumônerie ou relevant de leur propre initiative, ils
peuvent créer une association des professionnels chrétiens
laïcs qui collabore avec l'aumônier de l'hôpital et
l'archidiocèse. Ils vivront l'expérience de leur foi dans
l'exercice de leur profession. Par leur canal, l'Eglise pourra intégrer
l'organisation hospitalière puisqu'elle est quasi inexistante.
Cette association pourra avoir comme objectif par
exemple :
- Promouvoir un laïcat chrétien engagé dans
le milieu hospitalier vivant l'Evangile dans sa profession.
- Susciter des méthodes de soins et des occasions de
rencontre, de réflexions sur les questions de santé.
- Aider les agents hospitaliers dans leur
épanouissement humain, professionnel, spirituel et religieux ainsi que
dans leur formation en bioéthique.
- Promouvoir la santé et les milieux hospitaliers,
l'attention intégrale au malade et l'assistance sanitaire à tous
les niveaux.
- Collaborer à la défense des droits des malades
sans aucune discrimination : « je ne sais qui tu es, de quel
pays, de quelle race, de quelle religion tu es, tu souffres et cela me
suffit »57(*).
CONCLUSION
L'hôpital est le lieu destiné à procurer
la guérison aux malades. Pour cela, il doit être salubre ;
car, un environnement sain contribue au maintien de la santé. Le malade
admis dans ce milieu recevra du corps médical, de son entourage et de
l'Eglise ce dont il a besoin pour se rétablir.
L'Eglise, quand à elle, en tant que famille de Dieu,
doit être aujourd'hui comme hier un lieu d'entraide mutuelle et, en
même temps, un lieu de disponibilité pour servir aussi des
personnes qui, hors d'elles, ont besoin d'aide58(*).
Cette diaconie s'inscrit à la suite de Jésus qui
s'est préoccupé de son vivant de soins des malades. Ce n'est pas
surprenant, aujourd'hui, de voir l'Eglise s'engager sur les pas de Jésus
pour la cause des malades en initiant les hôtels-Dieu et les
hôpitaux59(*). Elle
est en train de pérenniser l'oeuvre du Christ dans le soin des malades.
Nous assistons de nos jours à la multiplication des congrégations
religieuses pour s'occuper convenablement des malades avec l'illustre
Mère Teresa de Calcutta.
La situation du malade chrétien commence à
s'améliorer ; car, l'Eglise l'entoure de sa présence :
la chapelle, l'eucharistie, l'onction des malades et la visite. C'est vraiment
une Eglise qui se veut proche du monde hospitalier.
L'Eglise doit prendre conscience que seule, elle ne peut
résoudre les grands problèmes du monde et surtout du monde
hospitalier. Elle a besoin de la collaboration des autres. Sa présence
sera faite de coresponsabilité vis-à-vis du milieu. Elle doit
contribuer à l'édification d'un milieu favorable à
l'épanouissement du malade. Elle veillera à créer à
l'intérieur de l'hôpital et des hôpitaux de nouveaux styles
de vie chrétienne, adaptés aux temps d'aujourd'hui. Pour cela,
l'Eglise doit disposer d'un réel projet pastoral pour les malades et
pour le milieu hospitalier. Une priorité sera accordée à
la formation de l'équipe pastorale des malades sans oublier les agents
médicaux qui le désirent.
Il faut que l'Eglise prie l'Esprit Saint afin qu'il lui donne
le charisme d'une nouvelle organisation du service des malades, d'une nouvelle
stratégie de présence aux malades. Elle cherchera à
assurer la suppléance en milieu hospitalier en réinventant le
bénévolat, en signant le contrat, en engageant des
chrétiens. Ils deviendront des médiateurs en milieu
hospitalier.
La présence de l'Eglise auprès du malade et son
soutien à la famille sont possible quand il y a l'engagement et la
collaboration de toute une équipe : prêtres, personnel
médical, chrétiens et parents.
Les gestes d'écoute, de compréhension et
d'affection sont libérateurs pour le malade. L'équipe pastorale y
veillera. Elle aura, en outre, un rôle à jouer dans la formation
des agents hospitaliers, les inviter à faire leur travail de
façon apostolique, à partager une spiritualité, les
valeurs et le style du service pastoral s'il y en a. Inviter à vivre les
principes éthiques de l'Eglise : c'est un objectif
nécessaire. Les soignants seront des signes visibles de l'amour de Dieu
pour les patients et leurs familles. Ils témoigneront les valeurs
évangéliques auprès des plus vulnérables et souvent
oubliés.
Alors, l'archidiocèse aura, ainsi, accompli sa mission
de présence auprès du malade hospitalisé.
BIBLIOGRAPHIE
TEXTE BIBLIQUE
Bible de Jérusalem, Cerf / Verbum bible, Paris
/ Rome, 1999.
INSTRUMENT DE TRAVAIL
Théo. L'Encyclopédie Catholique
pour tous, Droguet-Ardant / Fayard, Paris, 1992.
DOCUMENTS DU MAGISTERE
BENOIT XVI, Dieu est amour, Cerf, Paris, 2006.
BENOIT XVI, « En premier lieu l'accompagnement du malade
frappé par une maladie infectieuse : il s'agit d'un objectif auquel
doit toujours tendre la communauté ecclésiale »,
in Dolentium hominum 64, 2007, pp. 7-8.
Conseil Pontifical pour la Pastorale des Services de la
Santé, Charte des personnels de la santé, Cité du
Vatican, Rome, 1995.
OUVRAGES
ALBERTON M., Un sacrement pour les malades dans le
contexte actuel de la santé, Centurion, Vendôme, 1978.
BEGUERIE P., DUCHESNEAU C., Pour vivre les
sacrements, Cerf, Paris, 1991.
BUGNON R., Lève-toi et marche. Ce Dieu qui invite
au voyage, Champ libre, sl, 2000.
FOCANT C., L'évangile selon Marc, Commentaire
biblique : Nouveau Testament, Cerf, Paris, 2004.
GAUER P., Le Christ médecin. Soigner : la
découverte d'une mission à la lumière du
Christ-médecin, C.L.D. L'Emmanuel, Nancy, 1994.
ISRAEL L., Le médecin face au malade, Pierre
Mardaga, Belgique, 1968.
LAMARCHE P., La révélation de Dieu chez
Marc, Beauchesne, Paris, 1976.
LARCHET J-C., La théologie de la maladie,
Cerf, Paris, 1991.
LEGASSE S., L'évangile de Marc. vol.
1, Lectio Divina, Commentaire 5, Cerf, Paris, 1997.
ROSNY (De) E., L'Afrique des guérisons,
Karthala, Paris, 1992.
SCHATTNER M., Souffrance et dignité humaine,
Mame, Paris, 1993.
SCHILLEBEECKX, E., « Les sacrements dans le plan de
Dieu », in Présences 102, 1968.
ARTICLES
BOUCHARD J., « La communauté
chrétienne et les malades. Réflexions d'un aumônier
d'hôpital », in Lumière et vie 86, 1968, pp.
85-98.
CRESPY G., « La maladie et guérison dans le
Nouveau Testament », in Lumière et vie 86, 1968, pp.
45-69.
FRANC E., « Pastorale des maladies infectieuses du
point de vue de la personne », in Dolentium hominum 64,
2007, pp. 137-140.
TABARD R., « La paroisse St Kisito à
Brazzaville », in Spiritus 154, 1999, pp. 65-70.
DOCUMENT ELECTRONIQUE
http://www.healthpastoral.org/texts/esalud_fr.htm,
« La belle-mère de Simon », in
L'Evangile de la Santé, consulté le 05 / 01 / 2008
à 10 : 47.
TABLE DES MATIERES
DEDICACE
2
REMERCIEMENTS
3
SIGLES ET ABREVIATIONS
4
INTRODUCTION
5
CHAPITRE I : LE CHRETIEN A
L'HOPITAL
6
I. 1. Le milieu hospitalier
6
I. 2. La situation du malade chrétien
7
I. 3. La pratique de l'Eglise
10
CHAPITRE II : JESUS ET LE
MALADE
12
I. ANALYSE LITTERAIRE
12
I. 1. Délimitation et contexte
12
I. 2. Approche synoptique
13
I. 3. Genre littéraire et structure
14
II. LA REFLEXION THEOLOGIQUE
15
II. 1. Conception de la maladie intra et extra
texte
15
II. 2. Attitude de Jésus par rapport au
malade
17
CHAPITRE III : PERSPECTIVES
PASTORALES
22
III. 1. LA PROXIMITE ENTRE JESUS ET LE MALADE
22
III. 2. MEDIATION ENTRE JESUS ET LE MALADE
27
CONCLUSION
30
BIBLIOGRAPHIE
32
TABLE DES MATIERES
34
* 1 Pour les citations des
livres bibliques, nous utiliserons les abréviations courantes en
usage.
* 2 L'archidiocèse de
Bangui et les diocèses de : Alindao, Bangassou, Bambari,
Berbérati, Bossangoa, Bouar, Kaka-Bandoro et M'baïki.
* 3 Nous avons l'hôpital
Communautaire, l'hôpital de l'Amitié et le Centre Hospitalier
Universitaire.
* 4 Lucien ISRAEL, Le
médecin face au malade, Pierre Mardaga, Belgique, 1968, p. 136.
* 5 Evelyne FRANC,
« Pastorale des maladies infectieuses du point de vue de la
personne », in Dolentium hominum, 64, 2007, p.
139.
* 6 Ibid.
* 7 Déclaration
Universelle des Droits de l'Homme, article 25, § 1.
* 8 Benoît XVI,
Dieu est amour, Cerf, Paris, 2006, p. 64.
* 9 Théo.
L'Encyclopédie Catholique pour tous, Droguet-Ardant/ Fayard,
Paris, 1992, p. 1107 b.
* 10 Conseil Pontifical pour
la Pastorale de la Santé, Charte des personnels de la
santé, Cité du Vatican, Rome, 1995, p. 14.
* 11 René TABARD,
« La paroisse saint Kisito à Brazzaville »,
in Spiritus 154, 1999, p. 67.
* 12 Ibid.
* 13 Ibid., p.
66.
* 14 Nganga
désigne un médecin traditionnel en Afrique qui soigne à
base des herbes et écorces.
* 15 Eric DE ROSNY,
L'Afrique des guérisons, Karthala, Paris, 1992, p. 13.
* 16 Benoît XVI,
« En premier lieu, l'accompagnement du malade frappé par une
maladie infectieuse : il s'agit d'un objectif auquel doit toujours tendre
la communauté ecclésiale », in Dolentium
hominum 64, 2007, p. 7.
* 17 Camille
FOCANT, L'évangile selon Marc, Commentaire biblique :
Nouveau Testament, Cerf, Paris, 2004,
p. 94.
* 18 Paul LAMARCHE,
Révélation de Dieu chez Marc, Beauchesne, Paris, 1976,
p. 60.
* 19 Camille FOCANT, op.
cit. , p. 95.
* 20 Ibid., p. 93.
* 21 Simon LEGASSE,
L'évangile de Marc, vol. 1, Lectio Divina, Commentaire 5, Cerf,
Paris, 1997, p. 135.
* 22 Georges CRESPY,
« Maladie et guérison dans le Nouveau Testament »,
in Lumière et Vie 86, 1968, p. 49.
* 23 Georges CRESPY, op.
cit., p. 51.
* 24 Ibid., p. 68.
* 25 Mario ALBERTON, op.
cit., p. 65.
* 26
http://www.healthpastoral.org/texts/esalud_fr.htm,
« La belle-mère de Simon », in l'Evangile de la
Santé, p. 1, consulté le 05 / 01 / 2008 à 10: 47.
* 27 Roland BUGNON,
Lève-toi et marche. Ce Dieu qui invite au voyage, champ libre,
sl, 2000, p. 80.
* 28 Jean-Claude LARCHET,
La théologie de la maladie, Cerf, Paris, 1991, p. 79.
* 29 Ibid., p. 78.
* 30 Ceci rejoint la
définition de la santé proposée par l'Organisation
Mondiale de la Santé (OMS) selon laquelle : « La
santé est un état de complet bien-être physique, mental et
social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou
d'infirmité ». Mr BIRO, cours sur La déontologie
médicale, Année scolaire 2001-2002 (inédit).
* 31 Philippe GAUER, Le
Christ médecin. Soigner : la découverte
d'une mission à la lumière du Christ-médecin, C.L.D.
l'Emmanuel, Nancy, 1994, p. 42.
* 32 Ibid.,
p.43.
* 33 Ibid.
* 34 Mario ALBERTON, Un
sacrement pour les malades, dans le contexte actuel de la santé,
Centurion, Vendôme, 1978, p. 65.
* 35 Jean-Claude LARCHET,
La théologie de la maladie, Cerf, Paris, 1991, p. 77.
* 36 Paul LAMARCHE, op.
cit., p. 57.
* 37 Mario ALBERTON, op.
cit., p. 19.
* 38 Jean BOUCHARD,
« La communauté chrétienne et les malades »,
in Lumière et vie 86, 1968, p. 93.
* 39 Ibid.
* 40 Ibid.
* 41 Mario ALBERTON, op.
cit., p. 6.
* 42 Philippe BEGUERIE, Claude
DUSCHESNEAU, Pour vivre les sacrements, Cerf, Paris, 1991, p. 203.
* 43 Ibid.
* 44 Jean BOUCHARD, op.
cit., p. 94.
* 45 Mario ALBERTON, op.
cit., p. 162.
* 46 René TABARD,
op. cit., p. 66.
* 47 Jean BOUCHARD, op.
cit., p. 100.
* 48 Ibid., p. 89.
* 49 Ibid.
* 50 Mario ALBERTON, op.
cit., p. 162.
* 51 Benoît XVI, op.
cit., p. 62.
* 52 Ibid., p. 63.
* 53 Mikaël SCHATTNER,
Souffrance et dignité humaine, Mame, Paris, 1993, p. 164.
* 54 Mario ALBERTON, op.
cit., p. 122.
* 55 Evelyne FRANC, op.
cit., p. 138.
* 56 Edouard SCHILLEBEECKX,
« Les sacrements dans le plan de Dieu », in
Présences 102, 1968, pp. 33-34.
* 57 Citation
utilisée dans le jargon médical pour combattre toute forme de
discrimination à l'égard du malade. C'est l'être malade qui
est le centre d'attention et non les détails.
* 58 Benoît XVI, op.
cit., p. 65.
* 59 Philippe BEGUERIE, Claude
DUSCHESNEAU, op.cit., p. 21.
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