Vincent BASTIN
Contribution à l'histoire
politique et
religieuse
du monde rural.
Les Doyens ruraux
dans le diocèse de
Liège
au Moyen Âge.
Mémoire déposé pour l'obtention
du
grade de licencié en histoire
Université de Liège
Faculté de
philosophie et lettres
Section des sciences historiques
Année académique 1999-2000
INTRODUCTION.
Si le décanat rural nous est relativement bien connu
pour l'époque moderne, de nombreuses lacunes apparaissent aux yeux des
historiens médiévistes que les institutions liégeoises
passionnent : ils devront, en effet, se contenter de quelques travaux
épars et souvent assez anciens. Par ailleurs, s'ils souhaitent
s'intéresser, par exemple, au statut social des doyens ou à
l'originalité du décanat dans le diocèse de Liège,
ils resteront désespérément sur leur faim car aucune
étude parue à ce jour ne traite de ces sujets. De plus, ces
différents ouvrages devraient être enrichis et
éventuellement confirmés par l'analyse et la confrontation de
très nombreuses sources récemment publiées ou
exhumées de leur dépôt d'archives.
C'est en 1863 que Malbrenne ouvre les portes de la recherche
sur le décanat rural, par une étude d'ensemble, en glanant le
maximum d'informations sur tous les pays et toutes les époques. Il
parvient ainsi à mettre en relief quelques traits saillants de cette
institution.1
Nous ne saurions ici souligner ni toute l'importance de
l'édition des sources, ni l'utilité considérable de
collections comme les Analectes pour servir à l'histoire
ecclésiastique de la Belgique qui, dès le premier volume, paru en
1864, consacrent quelques pages aux records décanaux.2 Les Analectes
vont faciliter le travail de nombreux historiens et, par la même
occasion, leur donner de nouvelles idées de recherche.
En 1875, Habets publie une monumentale histoire du
diocèse de Roermond. Les premières listes de doyens ruraux sont
dressées dans le volume consacré aux régions
septentrionales de l'évêché de Liège.
Le cadre géographique utilisé lors des
recherches se restreint encore par la suite. En 1883, le chanoine Roland
préfère concentrer ses investigations uniquement sur le
doyenné de Graide,4 ce qui lui permet de travailler son sujet
1. MALBRENNE, N.J.A., Des doyens et de leurs fonctions, dans
Revue catholique, t. 3, Louvain, 1863.
2. Records ecclésiastiques de la Belgique, dans A.H.E.B.,
t. 1, Louvain, 1864, pp 337 et suiv.
3. HABETS, J., Geschiedenis van het tegenwoordig bisdom
Roermond, t. 1, Roermond, 1875.
4. ROLAND, C.-G., le Doyenné de Graide, dans Annales de
la société archéologique de Namur, t. 16, 1883, pp.
454-468.
en profondeur. Il commence par se poser la question de
l'origine de ce concile, à laquelle il pense pouvoir répondre par
l'existence de la procession des croix banales. Ses idées, reprises,
développées et augmentées d'autres hypothèses par
Manfred Van Rey en 1981,5 cheminent jusqu'en 1986, date à laquelle Alain
Dierkens publie un article faisant table rase de toutes ces théories.6
De nouvelles explications sur l'origine du décanat rural, qui semblent
faire l'unanimité, ont été publiées cette
année même par l'abbé André Deblon.7 Outre ces
considérations , le chanoine Roland envisage aussi l'aspect
géographique du concile et une liste sommaire des doyens qui l'ont
dirigé.
Le dossier des doyens ruraux dans le diocèse de
Liège est repris, en 1895, par l'abbé Ceyssens,8 à la
suite de la découverte de la copie d'un livre manuscrit,
rédigé en 1516 par un doyen de Beringen, Henri Van der Scaeft.
Nous en reparlerons ultérieurement.
La vie de saint Walhère, doyen de Florennes,
intéresse hagiographes et historiens depuis la fin du XVIe
siècle. En 1879, quand les Analectes publient un document de 1190,
mettant en cause un certain Walter, doyen de ce même concile, bon nombre
d'amateurs d'histoire ecclésiastique pensent détenir la preuve
que saint Walhère a bel et bien vécu à la fin du XIIe
siècle.9 Cependant, en 1912, Jules Feller démontre
l'hétérogénéité des prénoms Walherus
et Walterus.10 S'en suit une controverse qui va passionner plusieurs
générations d'historiens qui, dans le but de développer
leur argumentation sur la vie du saint, seront amenés à
s'intéresser à l'ensemble du décanat rural.11
5. VAN REY, M., les Divisions politiques et
ecclésiastiques de l'ancien diocèse de Liège au Haut Moyen
Âge, dans le Moyen Âge, t. 87, Bruxelles, 1971, pp. 161- 206.VAN
REY, M., Die Lütticher Gaue Condroz und Ardennen im Frühmittelalter.
Untersuchung zur Pfarrorganisation, Bonn, 1977.
6. DIERKENS, A., la Création des doyennés et des
archidiaconés dans l'ancien diocèse de Liège (début
du Xe siècle?), dans le Moyen Âge, t. 92, Bruxelles,
1986, pp.
345-365.
7. DEBLON, A., les Origines des doyennés ruraux dans le
diocèse de Liège, dans le Moyen Âge, t. 105, Bruxelles,
1999.
8. CEYSSENS, J., les Doyens ruraux dans l'ancien diocèse
de Liège, dans Bulletin de la société d'art et d'histoire
du diocèse de Liège, Liège, 1895, pp. 159-224.
9. Documents concernant les paroisses de Waulsort et
d'Hastière, dans A.H.E.B., t. 16, p. 43.
10. FELLER, J., le Nom de saint Walhère, dans Wallonia,
t. 20, Liège, 1912, pp. 326-328.
11. V. annexe 3.
Les études qui ont été publiées
par la suite sont toutes centrées sur un seul aspect de l'institution :
outre les thèmes évoqués en 1883 par le chanoine Roland,
citons l'élection des doyens,12 les actes dressés par ceux-ci,13
les synodes paroissiaux14 et les conciles décanaux.15 La plupart des
listes de doyens, quant à elles, se concentrent sur un endroit ou une
période donnée. Elles présentent, en outre, bon nombre
d'imprécisions. Par cette étude d'ensemble, nous espérons
donc pouvoir remédier à ces différentes lacunes, tout en
étant conscients que la quantité des sources est telle que de
nouvelles mentions de doyens pourront toujours être
découvertes.
Le premier doyen rural connu apparaît dans une source
hagiographique, en même temps que le premier archidiacre. Ce document,
intitulé Virtutes sancti Eugenii, a été
rédigé au début du Xe siècle, sous
l'épiscopat d'Etienne (903-920). Son interprétation, assez
délicate, a déjà fait l'objet de plusieurs travaux parfois
fort controversés.16
Les statuts synodaux liégeois constituent une des
sources essentielles de notre travail. Les droits et devoirs de chaque clerc y
sont réglementés avec le maximum de précision et de
clarté. Un intérêt tout particulier a été
apporté à l'étude des statuts de l'évêque
Jean de Flandre, où un chapitre entier a été
réservé aux archidiacres et aux doyens ruraux.17
12. TOUSSAINT, F., Election et sortie de charge des doyens
ruraux dans les diocèses de Liège et de Cambrai, dans Revue
d'histoire ecclésiastique, t. 42, Louvain, 1947, pp. 50-80.
13. NELIS, H., les Doyens de chrétienté, dans
R.B.P.H., t. 3, Bruxelles, 1924, pp. 59-73, 251-278, 509-525 et 821-840.
14. TOUSSAINT, F., les Doyens ruraux et les assemblées
synodales aux anciens diocèses de Liège et de Cambrai, dans
Miscellanea moralia in honorem Eximii Domini Arthur Janssen, Louvain et
Gembloux, 1948, pp. 665-659.
15. WAGNON, H., les Records ecclésiastiques des
assemblées décanales de l'ancien diocèse de Liège,
dans Monumenta iuris canonici, série C, Subsidia, vol. 1, proceedings of
the Second International Congress of Medieval Canon Law, Vatican, 1964, pp.
473-483.
16. Virtutes S. Eugenii apud Bronium, éd. MISONNE, D.,
dans les Miracles de saint Eugène à Brogne. Etude
littéraire et historique. Nouvelle édition, dans Revue
bénédictine, t. 76, Maredsous, 1966, pp. 231-291.
17. AVRIL, J., les Statuts synodaux de Jean de Flandre,
évêque de Liège (1288), dans B.S.A.H.L., t. 61,
Liège, 1995, pp. 3-228.
En 1516, le doyen de Beringen, Henri Hoegloen ou Van der
Scaeft, écrit un livre sur les doyens de concile, le Registrum sive
Repertorium speculum seu Instrumentum jurium proventuum et emolumentorum decani
christianitatis sive archipresbyteri concilii Beringensis Leodiensis diocesis
et archidiaconatus Campiniae. Dans la première partie de ce registre, il
décrit différents aspects de la fonction décanale. Dans la
seconde sont consignés quelques modèles de lettres ainsi que des
mandements archidiaconaux et épiscopaux où il est question des
droits décanaux. Cet ouvrage ne sera jamais publié. Cependant, il
ne tombe pas dans l'oubli car, à partir de 1547, le vice-doyen Jean
Dompens, un des successeurs de Van der Scaeft, entreprend de le
compléter. Depuis, la plupart des doyens de Beringen y ont ajouté
leur touche personnelle.18
Au début du XVIIe siècle, le doyen Georges
Spierinx fait exécuter des copies du Registrum par des notaires
apostoliques. Deux d'entre elles sont aujourd'hui conservées. La
première date de 160119 et la seconde de 1611.20 Après cette
date, nous perdons toute trace du manuscrit original de Van der Scaeft.
En 1789, Paul-Léonard Tielens, lui aussi doyen de
Beringen, décide de se démettre de ses fonctions.21 Il transmet
alors probablement la copie de 1601 à son successeur,22 puis il se
retire dans le couvent des soeurs franciscaines de Peer avec, dans ses bagages,
la copie de 1611 et le registre de Dompens.23 A sa mort, les religieuses
prennent possession des biens du doyen. Ne sachant que faire de ces deux
volumes, elles décident de les ranger dans leur grenier.
18. Archives de l'Etat à Hasselt (=A.E.Ht.), Registrum
compositionum et caeterum jurium concilii Beringensis cum aliquot
institutionibus 1547-1579.
19. A.E.Ht, Registrum sive Repertorium speculum seu
Instrumentum jurium proventuum et emolumentorum decani christianitatis sive
archipresbyteri concilii Beringensis Leodiensis diocesis et archidiaconatus
Campiniae I (=Registrum I)
20. A.E.Ht, Registrum sive Repertorium speculum seu
Instrumentum jurium proventuum et emolumentorum decani christianitatis sive
archipresbyteri concilii Beringensis Leodiensis diocesis et archidiaconatus
Campiniae II, (=Registrum II).
21. ROBYNS, O., Het Landdekanat Beringen en zijne dekens, dans
Limburg, t. 6, Hasselt-Maaseik, 1925, p. 53.
22. A.E.Ht, ibid., Registrum I . Nous avons retrouvé,
entre le f° 85 et le f° 86, une lettre de 1792
adressée au doyen de l'époque.
23. CEYSSENS, J., Ibid., p. 163.
C'est à cet endroit que les deux registres ont
été découverts, à la fin du XIe siècle.
L'abbé Ceyssens les a alors étudiés et en a publié
certaines parties.24 En 1925, Robyns les utilise pour établir la liste
des doyens du concile de Beringen.25
Les soeurs franciscaines de Peer décident alors
d'envoyer toutes leurs archives au dépôt de Hasselt. Or, cette
démarche a déjà été effectuée par le
prêtre du doyenné de Beringen qui détenait la copie de
1601. Le conservateur décide alors de classer le registre de Dompens et
le manuscrit de 1611 avec celui de 1601, dans les archives de Beringen. A notre
connaissance, ces documents n'ont plus été analysés depuis
1925.
Henri Van der Scaeft a défendu à quiconque de
modifier le contenu de son ouvrage.26 Sa volonté a été
assez bien respectée puisque les deux manuscrits ne présentent
que des différences mineures. La copie de 1601 a été
réalisée sous la direction de maître Cillen27 ; celle de
1611, sous la responsabilité du notaire apostolique Christian Servais.28
Néanmoins, en comparant les deux, nous avons pu constater que certains
de leurs copistes ont parfois été quelque peu négligents
sur les détails. Par exemple, ils n'ont pas toujours pris la peine de
recopier les prières et les chants religieux.29
Parmi les autres sources utilisées figurent
essentiellement des actes où les doyens ruraux apparaissent, le plus
souvent, à titre de témoins, mais aussi, parfois, à titre
d'arbitres. Les décisions des conciles décanaux, basées
sur des coutumes, sont consignées dans des records et prennent ainsi
forme de lois. Durant tout le Moyen Âge, l'établissement de ce
type de document constitue une des principales caractéristiques du
décanat rural.
24. CEYSSENS, J., Ibid., p. 163.
25. ROBYNS, O., Ibid., pp. 49-54.
26. Registrum I, f° 240. Registrum II,
f° 144 v°.
27. Registrum I, f° 21. L'écriture est
particulièrement difficile à déchiffrer car le document a
été recopié très rapidement. Plusieurs scribes y
ont travaillé. Leurs abréviations sont excessivement nombreuses
et peu
conventionnelles.
28. Registrum II, f° 180. Un effort de
lisibilité a été consenti. La majeure partie du manuscrit
a été retranscrite par le même scribe.
29. Contrairement à la copie de 1611, celle de 1601
comprend, par exemple, des partitions de musique avec des chants religieux
(Registrum I, f° 68-70).
De nombreux renseignements sur la situation du postulant et
sur le mode d'élection ont aussi été puisés dans
les suppliques. Ces informations peuvent aussi être tirées des
formulaires de l'officialité épiscopale.26 Il serait fastidieux
d'énumérer et de décrire ici tous ces documents, mais nous
le ferons au cours de notre exposé.
Nous ne manquerons pas non plus de souligner
l'intérêt des documents nécrologiques et
généalogiques, qui fournissent souvent des renseignements
remarquables sur la vie et l'origine sociale des personnages
étudiés. Les sources figurées, elles aussi, sont d'une
importance capitale, bien qu'elles soient trop rarement utilisées par
l'historien.
Les limites chronologiques que nous nous sommes
imposées pour cet ouvrage ne surprendront pas les personnes qui
s'intéressent à l'histoire liégeoise. De l'époque
carolingienne, époque de l'apparition des doyens ruraux, nous
rejoindrons le milieu du XVIe siècle et, plus précisément,
la date de 1559, qui consacre le démembrement du diocèse de
Liège. C'est aussi l'époque du concile de Trente (1545-1563), qui
réforme en profondeur la discipline ecclésiastique et qui annonce
le déclin du décanat rural. Bien sûr, nous envisagerons, au
cours du premier chapitre, de situer la naissance du décanat rural dans
l'évolution du christianisme dans le bassin mosan, afin de mieux cerner
le contexte dans lequel cette institution a vu le jour.
26. La partie de ce formulaire consacrée aux doyens
ruraux a été éditée par LAENEN, J., Notes sur
l'organisation ecclésiastique du Brabant à l'époque de
l'érection des nouveaux évêchés, dans A.A.R.A., t.
56, Bruxelles, 1904, pp. 176- 179. Nous démontrerons, au cours du
chapitre II, relatif aux élections, qu'il s'agit d'une charte
modèle qui compile des formules puisées dans plusieurs autres
documents.
ABREVIATIONS.
A.A.R.A. : Annales de l'académie royale
d'archéologie.
A.D.N.L. : archives départementales du Nord à
Lille.
A.E.A. : archives de l'Etat à Arlon.
A.E.H. : archives de l'Etat à Huy.
A.E.Ht. : archives de l'Etat à Hasselt.
A.E.L. : archives de l'Etat à Liège.
A.E.L. : Analecta eccliastica Leodiensia.
A.Ev.L. : archives de l'évêché de
Liège.
A.E.M. : archives de l'Etat à Mons.
A.G.R. : archives générales du royaume.
A.H.E.B. : Analectes pour servir à l'histoire
ecclésiastique de la Belgique. A.H.L. : Annuaire d'histoire
liégeoise.
A.I.A.L. : Annales de l'institut archéologique du
Luxembourg.
A.S.A.B. : Annales de la société
archéologique de Bruxelles.
A.S.A.N. : Annales de la société
archéologique de Namur.
A.V.B. : Analecta Vaticano-Belgica.
B.A.R.B. : Bulletin de l'académie royale de Belgique
B.C.R.H. : Bulletin de la commission royale d'histoire.
B.I.A.L. : Bulletin de l'institut archéologique du
Luxembourg.
B.S.A.H.L. : Bulletin de la société d'art et
d'histoire du diocèse de Liège. B.S.R.A.B. : Bulletin de la
société royale d'archéologie de Bruxelles. B.S.S.L.L. :
Bulletin de la société scientifique et littéraire du
Limbourg. B.S.R.V.L. : Bulletin de la société royale «Le
Vieux Liège».
B.T.I.A.L. : Bulletin trimestriel de l'institut
archéologique du Luxembourg. Leod. : Leodium.
Nam : Namurcum.
P.S.H.A.L. : Publications de la société historique
et archéologique dans le duché de Limbourg.
P.S.H.L. Publications de la société d'histoire du
Luxembourg.
R.B.P.H. : Revue belge de philologie et d'histoire.
Registrum I : Registrum sive Repertorium speculum seu
Instrumentum jurium proventuum et emolumentorum decani christianitatis sive
archipresbyteri concilii Beringensis Leodiensis diocesis et archidiaconatus
Campiniae I, copie de 1601, conservée aux archives de l'Etat à
Hasselt (doyenné de Beringen, n°5).
Registrum II : Registrum sive Repertorium speculum seu
Instrumentum jurium proventuum et emolumentorum decani christianitatis sive
archipresbyteri concilii Beringensis Leodiensis diocesis et archidiaconatus
Campiniae II, copie de 1611, conservée aux archives de l'Etat à
Hasselt (doyenné de Beringen, n°9).
Registrum compositionum : Registrum compositionum et caeterum
jurium concilii Beringensis cum aliquot institutionibus 1547-1579
(conservé aux archives de l'Etat à Hasselt, doyenné de
Beringen, n°8).
R.H.A. : Revue historique ardennaise.
R.H.E. : Revue d'histoire ecclésiastique.
Virtutes : Virtutes S. Eugenii apud Bronium, éd. MISONNE,
D., dans les Miracles de saint Eugène à Brogne. Etude
littéraire et historique.
BIBLIOGRAPHIE
A. Sources manuscrites.
Archives générales du Royaume, à Bruxelles.
Archives ecclésiastiques.
Abbaye d'Affligem.
- chartrier.
Abbaye d'Aywières.
- chartrier.
Abbaye de Heylissem.
- chartrier. Série I (1133-1376). - cartulaire
n° 8322 (1132-1370). Abbaye de Villers.
- cartulaire n°1096 (XIIe-XIIIe siècles).
Prieuré de Mellemont :
- cartulaire n° 1122 (XIIe-XIVe siècles).
Prieuré de Terbank (léproserie) :
- chartrier.
- Winge-Saint-Georges. Documents concernant la dîme
(n°14422).
Prieuré des Trinitaires de Lérinnes : - cartulaire
n°14831 (1220-1458).
Archives de l'Etat à Liège. Abbaye de Saint-Jacques
:
- chartrier.
Abbaye du Val-Saint-Lambert : - chartrier.
Cathédrale de Saint-Lambert : - chartrier.
Collégiale Sainte-Croix :
- Liber cartarum II.
- Liber cartarum III. - Liber cartarum VIII.
Collégiale Saint-Jean l'Evangéliste : - Liber
cartarum (1337-1514).
- Liber primus testamentorum. - Novus liber stipalis.
- registre des biens à Dürler. Collégiale de
Saint-Pierre :
- cartulaire n° 4.
Fonds Le Fort, 1e partie, t. II, III, IV, X, XIII, XIV, XV, XVII
et XX. (microfilms).
Archives de l'Etat à Namur.
Archives ecclésiastiques.
Abbaye de Grandpré :
- cartulaire des XVIIe et XVIIIe siècles comprenant des
copies de documents de 1210 à 1761 (n°2998).
Abbaye de Salzinnes-lez-Namur :
- chartrier n°3194 (1202-1332).
Abbaye de Waulsort :
- cartulaire du XIVe siècle comprenant des copies de
documents depuis 1990 (n°2811).
Fonds de l'évêché :
- records (1560-1565) avec copies de pièces depuis le XIVe
siècle (n°1). Registres paroissiaux :
- église de Celles (n°1958).
Archives de l'Etat à Huy.
Chartrier de l'abbaye du Neufmoustier. Chartrier de l'abbaye du
Val-Notre-Dame.
Archives de l'Etat à Mons.
Cartulaire de l'abbaye d'Aulne.
Chartrier de l'abbaye d'Aulne.
Chartrier de l'abbaye de Soleilmont.
Abbaye de Bonne-Espérance : recueil de copies de
chartes.
Archives de l'Etat à Hasselt.
Cartulaire de l'abbaye de Rotem, intitulé Registrum
bonorum monasterii de Rotem ; desen boek vernieut anno 1410.
Doyenné de Beringen :
- Registrum sive Repertorium speculum seu Instrumentum jurium
proventuum et emolumentorum decani christianitatis sive archipresbyteri
concilii Beringensis Leodiensis diocesis et archidiaconatus Campiniae I, copie
de 1601 (n°5).
- Registrum compositionum : Registrum compositionum et caeterum
jurium concilii Beringensis cum aliquot institutionibus 1547-1579
(n°8).
- Registrum sive Repertorium speculum seu Instrumentum jurium
proventuum et emolumentorum decani christianitatis sive archipresbyteri
concilii Beringensis Leodiensis diocesis et archidiaconatus Campiniae II, copie
de 1611 (n°9).
Archives de l'Etat à Arlon.
Cartulaire du prieuré du Val-des-Ecoliers, à
Houffalize. Fonds Louis Wirion.
Archives de l'évêché, à
Liège.
Cantatorium concilii Rupefortensis renovatum anno 1700
(photocopies). Chartrier de l'hôpital Saint-Mathieu à la
Chaîne.
Obituaire de la collégiale Saint-Martin-en-Ile.
Archives départementales du Nord, à Lille.
Cartulaire de Liessies, chartes de Sart-les-Moines. Chartrier du
chapitre de Saint-Géry, à Cambrai.
Sources matérielles.
Archives générales du Royaume, à
Bruxelles.
Collection sigillographique :
- n° 43, 446, 1226, 2259, 2259, 10485, 11445,
13825, 19835, 19908 et 24672.
Sources imprimées.
1. Narratives.
Cantatorium, sive Chronicon Sancti Huberti, éd. HANQUET,
K., Bruxelles, 1906.
DU MONIN, G., De S. Walhero martyre, pastore in agro Namurcensis,
apud Belgas, dans Acta sanctorum, juin, t. 4, Anvers, 1707, pp. 613-618.
JACQUES DE HEMRICOURT, le Miroir des nobles de Hesbaye,
éd. DE BORMAN, C. et PONCELET, E., t. 2, Bruxelles, 1925.
JEAN DES PREIS, dit D'OUTREMEUSE, Ly Myreur des histors,
éd. BORGNET, A., t. 3, Bruxelles, 1969.
MOLANUS, J., Natales Sanctorum Belgii, Louvain, 1595.
Virtutes S. Eugenii apud Bronium, éd. MISONNE, D., dans
les Miracles de saint
Eugène à Brogne. Etude littéraire
et historique. Nouvelle édition, dans Revue
bénédictine, t. 76, Maredsous, 1966, pp.
231-291.
2. Diplomatiques.
AVRIL, J., les Statuts synodaux de Jean de Flandre,
évêque de Liège (1288), dans B.S.A.H.L., t. 61,
Liège, 1995, pp. 3-228.
BAIX, F., la Chambre apostolique et les Libri annatarum de Martin
V (1417-1431), dans A.V.B., t. 14, Rome, 1947, p. 220.
BARBIER, J. et BARBIER, V., Cartulaire de l'abbaye de Floreffe,
dans A.H.E.B., t. 17, Louvain-Bruxelles, 1881, pp. 7-68.
BARBIER, J., Documents concernant les monastères de
Waulsort et d'Hastière, dans A.H.E.B., t. 16, Louvain, 1879, pp. 5-81 et
129-191.
BARBIER, J., Documents extraits du cartulaire du chapitre noble
d'Andenne, dans A.H.E.B., t. 15, Louvain, 1878, pp. 317-347.
BARBIER, J., Droits archidiaconaux de l'abbé de Floreffe,
dans A.H.E.B., t. 11, Louvain, 1874, pp. 472-480.
BARBIER, V., Cartulaire de l'abbaye de Malonne, dans A.H.E.B., t.
20, Louvain-Bruxelles, 1886, pp. 5-49 et 129-193.
BARBIER, V., Documents concernant la chapitre et la
collégiale de Saint-Gengoux, à Florennes, dans A.H.E.B., t. 21,
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BARBIER, V., Documents extraits du cartulaire de l'abbaye de
Salzinnes, dans A.H.E.B., t. 4, Louvain, 1867, pp. 75-86.
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Rome, 1906.
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CHAPITRE PRELIMINAIRE.
LA CHRISTIANISATION
DU
BASSIN MOSAN.
§1.Le développement du christianisme au
Bas-Empire.
Le christianisme est un des principaux héritages de la
civilisation romaine. Cette religion, qui se veut universelle, se propage de
ses foyers méditerranéens vers les régions rhénanes
en remontant le cours du Rhône. Elle gagne d'abord Trèves, puis la
province de Germania Secunda, qui comprend les villes de Cologne et de
Tongres.1
De très nombreuses hypothèses, des plus folles
aux plus sérieuses, ont été émises au sujet des
moyens de conversion. Si l'on en croit certaines légendes, des proches
de saint Pierre, seraient venus eux-mêmes évangéliser nos
contrées.2 Le rôle de l'armée dans la propagation du
christianisme a souvent été exagéré car nos
régions ont hébergé assez peu de troupes. De Moreau pense
toutefois que de nombreux guerriers nerviens, ménapiens, taxandres,
trévires et tongres, après avoir fini carrière dans
l'armée romaine, sont retournés dans leurs contrées,
convertis à la parole du Christ et qu'ils y auraient répandu la
nouvelle religion. Les fonctionnaires, les banquiers, les artisans et les
marchands venus d'Italie et d'Orient seraient aussi des vecteurs importants de
diffusion du christianisme3. Des recherches récentes ont montré
que la principale caractéristique de la christianisation, avant le IVe
siècle, réside dans le manque de structures et de méthodes
précises. La nouvelle religion se diffuse donc par contact entre la
population païenne et les milieux convertis sans qu'il n'y ait d'intention
particulière de la part de ceux-ci.4
1. PIRENNE, H., Histoire de Belgique, t. 1, Des origines au
commencement du XIVe siècle, 2e éd. Bruxelles, 1929, p. 10.
NEUSS, W., Die Anfänge des Christentums im Rheinlande, Bonn, 1923, pp.
5-6. DIERKENS, A., Superstitions, christianisme et paganisme à la fin de
l'époque mérovingienne. A propos de l'Indiculus superstitionum et
paganiarum, dans Magie, sorcellerie, parapsychologie,
Bruxelles, 1984, p.
10.
2. SOUPART, A., le Concile de Thuin au diocèse de
Liège, dans Publications du centre d'histoire et d'art de la Thudinie,
t. 2, Thuin, 1979, pp. 1-3.
3. DE MOREAU, E., Histoire de l'Eglise en Belgique, t. 1, la
Formation de la Belgique chrétienne, des origines au milieu du Xe
siècle, 2e éd, Bruxelles, 1947, pp. 24-27.
4 BEATRICE, P.F., la Christianisation des campagnes pendant
l'Antiquité tardive dans les régions
méditerranéennes. Bilan des recherches et questions de
méthode., actes du colloque du C.I.H.E.C., (25-27 août 1994), t.
1, Bruxelles et Rome, 1996 p. 22.
L'Eglise naissante a besoin de se doter d'une organisation
spécifique. Dès le IIe siècle, la primauté du pape
est reconnue ; les communautés de chrétiens se réunissent
sous l'égide d'un évêque ou d'un métropolitain, qui
détient l'un comme l'autre un pouvoir d'ordre et de juridiction sur le
clergé et les fidèles.5 Dans nos régions, ce
phénomène est observable dès le milieu du IIIe
siècle. Le métropolitain siège dans le chef-lieu d'une
province tout entière, comme Trèves (Belgica Prima) ou Cologne
(Germania Secunda), alors que l'évêque dispose d'une civitas,
c'est-à-dire d'une subdivision administrative de celleci.6 La base de la
hiérarchie ecclésiastique est occupée par les
prêtres, assistés de diacres et de sous-diacres.7
Le premier évêque de la civitas Tongrorum dont la
preuve de l'existence a été dûment établie est saint
Servais ; il entre en fonctions au plus tard en 342-343 et il est cité
pour la dernière fois en 359. L'histoire de sa succession pose
problème aux historiens.8 L'hypothèse d'une vacance du
siège épiscopal jusqu'à la fin du Ve siècle,
époque qui consacre la présence de Falcon à la tête
du diocèse, n'est pas à rejeter.9
§2. Les évêques de Tongres,
Maastricht et Liège, de Falcon à Etienne.
D'un point de vue géographique, les limites du
diocèse de Tongres correspondent donc originellement à celles de
la civitas Tungrorum, qui s'étend de Revin (aujourd'hui en France, dans
le département des Ardennes) à Westmaas (près de
Rotterdam).10 Maastricht
5. PALANQUE, J.-R., PARDY, G. et LABRIOLLE, P., De la paix
constantinienne à la mort de Théodose, dans Histoire de l'Eglise
des origines à nos jours, sous la direction de FLICHE, A. et MARTIN, V.,
t. 3, Paris, 1936, pp. 438 et 441.
6. DE MOREAU, E., Ibid., pp. 1-3.
7. PALANQUE, J.-R., PARDY, G. et LABRIOLLE, P., Ibid, pp.
437-439.
8. BOEREN, P. C., les Evêques de Tongres-Maastricht,
dans la Christianisation des pays entre Loire et Rhin (IVe-VIIIe s.), actes du
colloque de Nanterre (3 et 4 mai 1974), 2e éd., Paris, 1993, pp. 28-30.
DE MOREAU, E., Ibid., pp. 31-39. KUPPER, J.-L., dans Series episcoporum
ecclesiae catholicae occidentalis, série 5, Germania, t. 1,
Archiepiscopatus Coloniensis, Stuttgart, 1982, pp. 48-49.
9. BOEREN, P. C., Ibid., p. 30. DARIS, J., Histoire du
diocèse et de la principauté de Liège, t. 1, Des origines
jusqu'au XIIIe siècle, Bruxelles, 1974, pp. 31-40. PAQUAY, J., les
Origines chrétiennes dans le diocèse de Tongres, dans B.S.S.L.L.,
t. 27, Tongres, 1909, p. 90.
10. BOEREN, P. C., Ibid., p. 25.
devient la résidence préférée des
évêques, de par sa position stratégique sur la Meuse, son
dynamisme économique et le culte de ce saint qui s'y est
développé entre-temps.11 D'autres demeures épiscopales ont
vu le jour, notamment à Liège, à Huy, à Namur,
à Dinant et à Givet.12
Le christianisme se définit comme un
phénomène essentiellement urbain et propre aux membres de
l'aristocratie.13 Contrairement à la ville, la campagne se ferme
traditionnelle- ment aux nouvelles doctrines. Une des préoccupations
majeures des évêques, mais aussi des maires du palais et des
rois,14 sera donc de lutter contre le paganisme qui y est ferme- ment
ancré.
Pier Franco Beatrice a relevé cinq méthodes
d'évangélisation très différentes. La plus
spectaculaire est incontestablement l'élimination physique des objets de
culte païen et leur oblitération. La violence est ainsi
utilisée pour la destruction de statues, d'objets sacrés et de
temples ainsi que leur remplacement par des églises, des croix ou autres
symboles chrétiens. Un autre moyen de diffusion des doctrines
chrétiennes consiste à fonder des couvents. L'action des moines
est double. En tant qu'hommes d'Eglise, ils amènent les
communautés rurales à se convertir à la parole de Dieu ;
en tant que médiateurs entre ville et campagne, ils défendent les
intérêts des paysans. L'éventail de leurs méthodes
s'étend de l'agression contre les supports du culte païen à
la prédication et à l'aide accordée aux pauvres. De
nombreux évêques tentent aussi de convaincre les grands
propriétaires fonciers de se tourner vers Dieu, ce qui facilite la
conversion de leurs sujets. Il faut ensuite expliquer aux paysans les
vérités de la foi et la supériorité du pouvoir
divin sur celui des idoles, afin de modifier leur mentalité en
profondeur. Outre l'oblitération par la force d'objets de culte
païen, Beatrice mentionne le remplacement, beaucoup plus pacifique, de
fêtes païennes par des célébrations
évangéliques.15
11. GEORGE, Ph., Saint Remacle, évangélisateur
en Ardenne (ca. 650). Mythe et réalité, dans la Christianisation
des campagnes, actes du colloque du C.I.H.E.C., p. 57.
12. BOEREN, P. C., Ibid., pp. 32-33. GEORGE, Ph., Ibid., p.
57.
13 DIERKENS, A., Quelques aspects de la christianisation du
pays mosan à l'époque mérovingienne, actes du colloque la
Civilisation mérovingienne dans le bassin mosan, Liège, 1986, p.
42. GEORGE, Ph., Ibid., p. 58.
14. DIERKENS, A., Abbayes et chapitres entre Sambre et Meuse
(VIIe-XIe siècles). Contribution à l'histoire religieuse des
campagnes du Haut Moyen Âge, Paris et Sigmaringen, 1985, p. 320.
15. BEATRICE, P.F., Ibid., pp. 24-32.
Dans nos régions, de nombreux exemples étayent
ces considérations. L'action évangélisatrice de saint
Hubert, par exemple, revêt quelquefois un caractère violent,
notamment dans la destruction ou l'oblitération de bois sacrés,
de représentations de dieux païens et de temples consacrés
à leur culte.16 Dès le VIIe siècle, les Pippinides se
rendent particulièrement actifs dans la fondation de couvents, notamment
à Nivelles, à Fosses et à Moustier-sur-Sambre. Ils
participent aussi au développement de monastères existants.17
Grâce à leurs efforts, le culte du panthéon traditionnel
s'éteint progressivement et tend à disparaître au cours du
siècle suivant. Certaines régions, comme la Campine, connaissent
toutefois un retard de développement considérable sur le plan
religieux. Quant aux conversions massives consécutives au baptême
de Clovis, il ne s'agit là que d'une fable.18
Dans le cadre de leur action évangélisatrice,
les rois mérovingiens et les maires du palais peuvent compter sur
quelques grands hommes. Outre saint Hubert, dont nous avons déjà
souligné la verve, citons aussi saint Amand, saint Remacle et saint
Lambert. Sur base d'une étude concernant l'origine géographique
des missionnaires du Haut Moyen Âge, Martine de Reu a mis en
lumière le schéma classique de la progression du christianisme
dans une région donnée. Au sein de celle-ci, il faut distinguer
trois zones, dont les limites évoluent au fur et à mesure de
l'action évangélisatrice. La première est quasi
entièrement vouée à la doctrine du Christ. La seconde est
partagée entre l'Eglise et le culte du panthéon païen. Quant
à la troisième, le christianisme n'a pu y filtrer que très
sporadiquement. La plupart des missionnaires sont originaires de la partie la
plus récemment christianisée de la première de ces trois
zones. Leurs activités se portent essentiellement sur la
deuxième, tout en ayant des répercussions sur la
troisième. Le même processus se reproduit aussi longtemps que la
région comporte des zones de paganisme.19
Saint Amand, originaire d'Aquitaine, a vécu au milieu
du VIIe siècle. Ses rapports de proximité avec le palais l'ont
amené à recevoir l'honneur de baptiser le futur roi d'Austrasie,
Sigebert III. Après s'être retiré dans les
monastères de l'île d'Yeu, de Tours puis de Bourges, il part en
pèlerinage à Rome. Il parcourt ensuite le bassin de l'Escaut,
où il tente, non sans mal, de
16. DE MOREAU, E., Ibid., p. 101.
17. DIERKENS, A., Abbayes et chapitres, p. 318.
18. DIERKENS, A., Superstitions, christianisme et paganisme, p.
9.
19. DE REU, M., Pas à pas : la conversion des campagnes
au cours du Haut Moyen Âge, actes du colloque du C.I.H.E.C., t. 1, pp.
37-46.
convertir la population à la parole du Christ. Vers
649, le roi Sigebert III l'aurait désigné comme
évêque de Tongres-Maastricht. En fait, Amand a été,
durant toute sa vie, ce que De Moreau appelle un «évêque
missionnaire» car il parcourt inlassablement les régions
païennes, sans jamais se fixer nulle part. Il meurt, après 675,
dans le monastère d'Elnone.20
Saint Remacle est le contemporain d'Amand. A Luxeuil, il
reçoit une formation spirituelle drastique, calquée sur les
règles de saint Colomban et de saint Benoît, auxquelles sont
ajoutés quelques règlements originaux. Il se rend ensuite
à Solignac, où il est confié, par ses parents, à
saint Eloi. En 632, il est appelé à diriger cet
établissement. Sigebert III, qui a acquis la souveraineté sur
l'Austrasie, le recrute alors, peut-être sur le conseil de saint Eloi,
pour fonder une abbaye. Grimoald, le maire du palais, pense que Remacle
pourrait lui permettre d'augmenter son pouvoir. Le site de StavelotMalmedy est
choisi comme emplacement pour la nouvelle institution. Remacle se rend donc
dans les Ardennes, où il reçoit le titre d'episcopus abbas, ce
qui le dispense de faire appel à l'évêque pour certaines
tâches. Cela permet aussi au maire du palais de le surveiller de plus
près. Le christianisme a ainsi trouvé un de ses principaux points
d'ancrage dans les campagnes ardennaises.21
La Thudinie est évangélisée en profondeur
à la fin du VIIe et au début du VIIIe siècle par des
moines et autres évêques ambulants. Le dynamisme de saint
Landelin, entre 653 et 686, et de saint Ursmer, de 691 à 713, est
particulièrement percutant. Landelin a fondé les abbayes de
Lobbes, entre 637 et 654, et d'Aulne, vers 656, dont le rayonnement au travers
de l'Europe est remarquable.22
Saint Lambert est le descendant d'une des plus grandes
familles de la ville de Maastricht. Après avoir étudié
l'Ecriture sainte, son père le confie à l'évêque de
Tongres-Maastricht, Théodard, qui jouit d'une influence
considérable au palais royal. Après l'assassinat de ce dernier,
le roi Childéric II décide de placer Lambert sur le siège
épiscopal vacant. Mais, en 675, un coup d'état au
20. DE MOREAU, E., Ibid., pp. 78-91, 107-119, et 133-135. DE
MOREAU, E., Saint Amand, le principal évangélisateur de la
Belgique, Bruxelles, 1942. WERNER, M., Der Lütticher Raum in
frühkarolingischer Zeit, Göttingen, 1981, pp. 231-236. KUPPER, J.-L.,
Ibid., pp. 51-52. DARIS, J., Ibid., pp. 81-90.
21. GEORGE, Ph., Ibid., pp.
22. SOUPART, A., Ibid., pp. 10-11.
palais l'oblige à abandonner ses fonctions pendant sept
ans, au profit de Pharamond. Durant cette époque trouble, Lambert se
retire dans le monastère de Stavelot. Il revient ensuite à la
tête de l'évêché sous Pépin II, à la
faveur de l'effondrement du clan de ses adversaires. La guerre de Pépin
II contre les Frisons devant s'accompagner d' une campagne
d'évangélisation, Lambert décide de se rendre en Toxandrie
afin d'y répandre la foi chrétienne. Il meurt dans sa
résidence de Liège, victime d'une vendetta, en 705 au plus tard.
Son corps est enseveli dans le caveau familial, à Maastricht.23
Saint Hubert est né en 665, dans un milieu
aristocratique proche des Carolingiens. Il succède à Lambert sur
le siège épiscopal. Il se consacre énergiquement à
la lutte contre le paganisme par la destruction d'idoles, de temples et
d'arbres sacrés ; il place aussi les sources et les pierres magiques
sous le signe de la croix. Son action évangélisatrice se porte
surtout sur la Campine et les Ardennes. Il est réputé pour avoir
accompli de nombreux miracles. Douze années après la mort de son
saint prédécesseur, suite à des apparitions miraculeuses
et après maintes réflexions, il prend la décision de
transférer ses reliques de Maastricht à Liège. Le culte du
saint martyr ne tardera pas à s'y développer. Liège se
place alors au centre de la vie religieuse du diocèse. Hubert meurt le
30 mai 727. D'abord enterré à Liège, son corps est
transféré, un siècle plus tard, au couvent d'Andage, sous
l'épiscopat de Walcaud, en plein coeur de la forêt ardennaise,
afin de ne pas concurrencer le culte de saint Lambert et de participer au
développement de cette abbaye.24
C'est probablement dans la seconde moitié du VIIIe
siècle que s'est opéré le transfert du chef-lieu du
diocèse, de Maastricht à Liège. Durant cette
période, cette dernière est qualifiée de vicus publicus et
l'essor du palais de Herstal atteint son apogée. En 908, elle a
définitivement dépossédé Maastricht de son titre de
civitas.25
23. KUPPER, J.-L., Ibid., pp. 54-55 et 58. KUPPER, J.-L.,
Saint Lambert : de l'histoire à la légende, dans R.H.E., t. 79,
Louvain, 1984, pp. 5-49. DE MOREAU, E., Histoire de l'Eglise, pp. 93-98. BAIX,
F., Ibid., pp. 20-23. WERNER, M., Ibid., pp. 241-274. DARIS, J., Ibid, pp.
99-123.
24. DE MOREAU, E., Ibid., pp. 101-107. BAIX, F., Saint
Hubert, dans la Terre wallonne, t. 16, Charleroi, 1927, pp. 106-122 et 200-222.
GENICOT, L., Aspects de saint Hubert, dans Leod., t. 63, Liège, 1978,
pp. 5-18. KUPPER, J.-L., dans Series episcoporum, pp. 55-56. WERNER, M., Ibid.,
pp. 275-280.
25. KUPPER, J.-L., Saint Lambert, pp. 24 et 26.
Pendant la seconde moitié du IXe siècle, les
évêques Hartgarius et Francon doivent affronter les raids
redoutables des Normands, qui pillent et dévastent les principales
entités du diocèse, dont la reconstruction s'amorce sous
l'épiscopat d'Etienne. C'est précisément sous cet
évêque qu'apparaît la première mention d'un
archidiacre et d'un doyen rural, ce qui sera le point de départ de notre
exposé.26
26. KUPPER, J.-L., dans Series episcoporum, pp. 59-61.
CHAPITRE I.
GENESE DE L'INSTITUTION.
§1. Les doyens ruraux dans l'Europe
médiévale.
Les diverses études qui ont été
menées jusqu'à présent permettent de démontrer que
l'importance des fonctions décanales varie d'une région à
l'autre. L'étendue des évêchés, leur organisation
hiérarchique, la législation locale et l'intervalle de temps qui
sépare l'apparition des doyennés de celle des
archidiaconés sont autant de facteurs qui peuvent expliquer l'origine de
ces différences.
Dans la plupart des diocèses du nord et de l'ouest de
la France, l'existence des doyennés ruraux est signalée à
la fin du XIIe siècle.1 Dans les évêchés de Reims,
de Soissons2 et de Cambrai,3 le décanat rural est déjà
organisé trois siècles plus tôt. Le rôle des doyens,
très modeste, ploie peu à peu sous l'autorité des
évêques et des archidiacres et s'amenuise encore durant le XIVe
siècle. Le doyen peut y être révoqué et
remplacé à tout moment par une décision commune de ses
supérieurs. Les prêtres de paroisse ne peuvent prendre part
à l'élection.4 En Angleterre, la création des conciles de
chrétienté remonte à la fin du XIe siècle. Les
conciles ruraux correspondent à des hundred ou centuries,
c'est-à-dire à un ensemble qui comporte initialement une centaine
de familles. Les doyens y sont étroitement soumis aux archidiacres, dont
l'apparition, dans ces régions, se situe à la même
époque. Les institutions ecclésiastiques y ont subi la profonde
influence des coutumes normandes.5
1. GAUDEMET, J., le Gouvernement de l'Eglise à
l'époque classique : le gouvernement local, dans Histoire du droit et
des institutions de l'Eglise en Occident, t. 8, 2e partie, sous la direction de
LE BRAS, G. et GAUDEMET, J., Paris, 1979, p. 308. Voir aussi : IMBART DE LA
TOUR, P., les Origines religieuses de la France. Les Paroisses rurales du IVe
au XIe siècle, Paris, 1900, p. 74. FAURE, J., l'Archiprêtre des
origines au droit décrétalien, Grenoble, 1911, p. 146. GRIFFE,
E., les Origines de l'archiprêtre de district, dans Revue d'Histoire de
l'Eglise de France, t. 13, Paris, 1927, pp. 16-50.
2. DEBLON, A., les Origines des doyennés ruraux dans le
diocèse de Liège, dans le Moyen Âge, t. 105, Bruxelles,
1999, p. 708, note 25.
3. BONENFANT, P., Quelques cadres territoriaux de l'histoire
de Bruxelles, dans Annales de la société royale
d'archéologie de Bruxelles, t. 38, Bruxelles, 1934, pp. 8-10. TOUSSAINT,
F., Election et sortie de charge du doyen de chrétienté dans les
diocèses de Liège et de Cambrai, dans R.H.E., t. 42, Louvain,
1947, pp. 52-53.
4. GAUDEMET, J., Ibid., p. 308.
5. ANDRIEU-GUITANCOURT, P., Essai sur l'évolution du
décanat rural en Angleterre d'après les conciles des XIIe, XIIIe
et XIVe siècles, Paris, 1935.
En Italie centrale, dans la plaine du Pô, ainsi que dans
les diocèses de Tarbes, de Lausanne, de Coire et de Genève, la
hiérarchie ecclésiastique a conservé une forme plus
archaïque due à l'absence d'archidiaconés. Le décanat
rural s'y est maintenu au rang d'institution centrale de l'administration
épiscopale. Une terminologie particulière s'applique à ces
prêtres : les plebani ou, en italien, pievani. Chaque pieve regroupe
entre une dizaine et une trentaine de paroisses.6
Les pays nordiques, en particulier la Suède,
connaissent un retard considérable dans le développement du
décanat rural. L'institution des conciles de chrétienté y
remonte à la fin du Moyen Âge.7
Les caractéristiques du décanat rural des
régions rhénanes du Saint Empire et du diocèse de
Liège se ressemblent en de nombreux points. L'oeuvre de Réginon
de Prüm, rédigée à la fin du IXe siècle ou au
début du Xe, est, chronologiquement, la première source
importante sur laquelle se base l'érudition allemande pour retracer
l'histoire des Dekane. Les prêtres des différents districts se
réunissent au sein des Landkapitel qui, tout comme dans
l'évêché de Liège, élisent leur doyen. Ces
assemblées rurales ont aussi la possibilité d'édicter des
lois sur base des coutumes locales. Le diocèse de Liège, qui
compte vingthuit doyennés au milieu du XIVe siècle et
l'archidiocèse de Cologne, qui en compte vingt-cinq à la
même époque, semblent présenter de nombreuses
caractéristiques communes.8
6. BRENTANO, R., Two Churches, England and Italian in the
thirtheen Century, Princeton, 1968, pp. 70-76.
7. GAUDEMET, J., p. 310.
8. WAGNON, H., les Records ecclésiastiques des
assemblées décanales de l'ancien diocèse de Liège,
dans Monumenta iuris canonici, série C, Subsidia, vol. 1, proceedings of
the Second International Congress of Medieval Canon Law, Vatican, 1964, pp.
473-475. HEINTZ, A., Die Anfänge des Landdekanates, Trèves, 1951,
pp. 26, 45-57 et 87. OEDIGER, W., Geschichte des Erzbistums Köln, t. 1, 2e
éd., Cologne, 1972, pp. 271-282.
§2. Naissance de la charge décanale.
Une large majorité d'historiens s'accordent pour voir,
dans les doyens ruraux, les successeurs des archiprêtres
mérovingiens, allant même jusqu'à parler
d'archiprêtres ruraux antérieurs (Landerzpriester älterer
Ordnung), pour l'époque mérovingienne, et d'ultérieurs
(Landerzpriester jüngere Ordnung) pour les périodes suivantes. Mais
leurs conclusions ne se basent que sur des études approximatives et des
rapprochements hasardeux.9
Les archiprêtres mérovingiens sont directement
désignés par l'évêque. A l'origine, leur rôle
consiste à remplacer l'évêque dans ses fonctions
sacrées. Peu à peu, leur charge s'étend à la
direction d'un groupe d'églises paroissiales. Ils sont alors les seuls
à pouvoir donner le sacrement du baptême, réservé
aux églises mères. Ils ont aussi pour mission de surveiller les
activités des prêtres des églises subordonnées
à la paroisse primitive. Leur charge serait inamovible.10
Comme nous le verrons dans les chapitres ultérieurs, de
toutes ces caractéristiques, le seul point commun entre
l'archiprêtre mérovingien et le doyen rural est
l'inamovibilité de la charge. La surveillance des prêtres ne peut
être retenue pour prouver une quelconque continuité puisque le
doyen rural a droit de regard sur les activités de tous les
prêtres de toutes les paroises de sa circonscription. Contrairement
à l'archiprêtre mérovingien, le doyen rural détient
un réel pouvoir de juridiction.
9. Notons que la particule erz- désigne toujours un
état de supériorité. L'expression Erzpriester
désigne donc l'archiprêtre, alors que Dekan désigne le
doyen. HINSCHIUS, P., System des katholischen Kirchenrechts, t. 2, Berlin,
1878, pp. 262-277. SÄGMÜLLER, J.-B., Die Entwicklung des
Archipresbyterats und Dekanats bis zum Ende des Karolingerreichs,
Tübingen, 1898, pp. 26-88. IMBART DE LA TOUR, P., Ibid., p. 74. FAURE, J.,
Ibid., p. 146. HAUCK, A.,Kirchengeschichte Deutschlands, t. 2, Leipzig, 1912,
p. 744. GRIFFE, E., Ibid., pp. 16-50. ALHAUS, J., Die Landdekanate des Bistums
Konstanz im Mittelalter, dans Kirchliche Abhandlungen, fasc. 109-110,
Stuttgart, 1929, p. 30. AMANIEU, A., Archiprêtre, dans Dictionnaire de
droit canonique, t. 1, Paris, 1935, col. 1004-1026. GESCHER, F., Von der
Frühzeit des Landdekanats in der Erzdiözese Köln, dans
Festschrift lrich Stutz, Stuttgart, 1938. BURCKLE, J., les Chapitres ruraux des
anciens diocèses de Strasbourg et de Bâle, Colmar, 1935, p. 87.
FOURNIER, E., Nouvelles Recherches sur les curies, chapitres et
universités de l'ancienne Eglise de France, Arras, 1942, pp. 248-249. DE
MOREAU, E., Histoire de l'Eglise en Belgique, t. 1, la Formation de la Belgique
chrétienne, des origines au Xe siècle, Bruxelles, 1947, p. 306.
TOUSSAINT, F., Election et sortie de charge du doyen de
chrétienté dans les anciens diocèses de Liège et de
Cambrai, pp. 52-53. HEINTZ, A., Ibid., pp. 23-26. VAN REY, M. Die
Lütticher Gaue Condroz und Ardennen im Frühmittelalter, Untersuchung
zur Pfarrorganisation, Bonn, 1977. VAN REY, M., les Divisions politiques et
ecclésiastiques de l'ancien diocèse de Liège au Haut Moyen
Âge, dans le Moyen Âge., t. 87, Bruxelles, 1981, p. 189. DIERKENS,
A., la Création des doyennés et des archidiaconés dans
l'ancien diocèse de Liège (début du Xe siècle?)
Quelques remarques de méthode, dans la même revue, t. 92,
Bruxelles, 1986, pp. 353-354.
10. En plus de la bibliographie citée ci-dessus :
DEBLON, A., Ibid., pp. 707- 708. LAENEN, J., Introduction à l'histoire
paroissiale du diocèse de Malines. Les Institutions, Bruxelles, 1924,
pp. 30 et 53.
L'élément essentiel, qui distingue
l'archiprêtre de l'époque mérovingienne du doyen rural,
peut être compris en se penchant sur l'étymologie des termes
employés. L'archipresbyter, curé de la paroisse mère, se
trouve au sommet d'une pyramide dont les étages inférieurs sont
occupés par les prêtres qui en desservent les filiales.
Le doyen rural, quant à lui, est le plus souvent
appelé, en latin, decanus concilii et les prêtres qui font partie
de ce concile portent le nom de fratres. Le doyen conserve son ministère
paroissial après sa nomination. La conception hiérarchique est
donc différente :
le doyen ne se trouve pas au sommet d'une pyramide, mais
plutôt au centre d'un cercle de clercs dont il fait, bien entendu,
lui-même partie.11 Dans le diocèse de Liège, il est plus
rarement appelé decanus christianitatis. L'usage de cette expression est
beaucoup plus répandue dans le diocèse de Cambrai. Christianitas
désigne ici le clergé du district.12
G. Mollat définit le décanat rural comme
étant un bénéfice mineur, séculier, sans charge
d'âmes, électif et concédé hors consistoire.13
Il n'est donc pas impossible que l'instauration des doyens
ruraux dans le diocèse de Liège se soit accomplie dans le cadre
des grandes réformes de l'Eglise carolingienne, dont le but est de
réorganiser le clergé dans un esprit de rassemblement et de vie
en communauté.14 D'ailleurs, la charge décanale existe tant dans
le clergé séculier que régulier ; elle a été
notamment prônée, pour les monastères, par saint
Benoît.15 D'ailleurs, l'assemblée qui réunit les
prêtres d'un concile autour de son doyen est parfois appelée
capitula decanalia.16
11. Outre la
1935, col. Gegenwart, Tübingen, 1958,
|
bibliographie citée en note 1 : AMANIEU,
1004-10026. GÖBBEL, W., Dekan, dans Die Religion
Handwörterbuch für Theologie und
Religionwissenschaft,
col. 71-72.
|
A., Ibid., t. 1, Paris,
in Geschichte und
t. 2,
|
12.
|
DEBLON,
|
A., Ibid., p. 708. HEINTZ, A., Ibid., p. 41.
|
|
|
|
13.
|
MOLLAT,
|
G., la Collation des bénéfices, Paris, 1921,
|
pp.
|
24-31.
|
14.
|
DEBLON,
|
A., Ibid., pp. 707-708.
|
|
|
15.
|
SCHMITZ,
|
Ph., la Règle de saint Benoît, Turnhout,
|
1987,
|
pp. 68-69. DEBLON,
|
A.,
|
Ibid., p. 707.
|
|
|
16.
|
A.E.Ht,
|
archives du doyenné de Beringen, Registrum sive
|
|
Repertorium speculum
|
seu
|
Instrumentum jurium proventuum et emolumentorum decani
|
christianitatis sive
|
archipresbyteri concilii Beringensis Leodiensis diocesis et
archidiaconatus Campiniae I, copie de 1601 de l'ouvrage de Henri Van der Scaeft
(=Registrum I), f° 51. A.E.Ht, archives du doyenné de
Beringen, Registrum sive Repertorium speculum seu Instrumentum jurium
proventuum et emolumentorum decani christianitatis sive archipresbyteri
concilii Beringensis Leodiensis diocesis et archidiaconatus Campiniae II, copie
de 1611 du même ouvrage (=Registrum II), f°28.
D'autres hypothèses ont été émises
pour tenter de trouver des prédécesseurs
aux doyens ruraux. Mais les historiens qui s'évertuent
à les formuler oublient
que les nouvelles institutions peuvent être tout à
fait originales et ne
découler d'aucune autre. Ainsi, le senior, qui a pour
tâche d'instruire les jeunes clercs de son canton, a pu apparaître,
aux yeux de certains, comme l'ancêtre du doyen rural, de même que
le prêtre élu par les siens pour ramener dans les campagnes les
huiles saintes consacrées par l'évêque le jeudi saint.17
Ces hypothèses se basent uniquement sur de vagues rappro- chements
qu'aucun texte ne peut corroborer. Nous ne nous y attarderons donc pas
davantage.
Jusqu'il y a peu de temps, l'apparition quasi
simultanée des doyens ruraux et des archidiacres à
l'époque carolingienne semblait être un fait acquis. Pourtant, les
récents travaux de l'abbé Deblon remettent en cause cette
chronologie pour les archidiacres. Le premier archidiacre connu apparaît
dans deux sources relatives à saint Eugène de Tolède.18
Ces textes, rédigés pour le premier vers 925-936 et pour le
second dans le dernier quart du Xe siècle, traitent
d'événements qui se sont produits en septembre 919. Une
controverse est apparue à propos de l'interprétation des termes
parochia sibi commissa,19 que plusieurs historiens ont identifiés
à l'archidiaconé de Hainaut. Cette expression, attribuée
à un archidiacre, désigne-t-elle le diocèse tout entier ou
plutôt une partie de celui-ci? Bien sûr, la même expression
peut aussi qualifier le territoire administré par l'évêque
lui-même, mais, de cette constatation, aucune conclusion
irrévocable ne peut être tirée. A ce jour, nulle mention
connue ne permet de se prononcer sur le caractère territorial des
fonctions archidiaconales avant 1066.20 Par ailleurs, nous savons que cette
charge, à l'époque de l'apparition du décanat rural,
consiste uniquement à seconder
17. DEBLON, A., Ibid., pp. 706-707.
18. Ces deux sources sont amalgamées dans les
Monumenta Germaniae Historicae et dans les Acta Sanctorum. Il faut donc leur
préférer une édition qui les distingue nettement :
Virtutes sancti Eugenii, éd. MISONNE, D., dans les Miracles de saint
Eugène à Brogne. Etude littéraire et historique. Nouvelle
Edition, dans Revue bénédictine, t. 76, Maredsous, 1966, pp.
231-291 (pp. 258- 285 pour l'édition proprement dite). DIERKENS, A.,
Abbayes et chapitres entre Sambre et Meuse. Contribution à l'histoire
religieuse des campagnes au Haut Moyen Âge, Paris et Sigmaringen,
1985.
19. DEBLON, A., Ibid., pp. 704-705. DIERKENS, A., la
Création, p. 351. VAN REY, M., les Divisions, pp. 182-183. VAN REY, M.,
Die Lütticher Gaue Condroz, pp. 138-139.
20. KUPPER, J.-L., Liège et l'Eglise impériale,
XIe-XIIe siècles, Paris, 1981, p. 334, pense que l'on peut supposer
l'existence de sept archidiaconés à cette époque.
l'évêque dans l'administration du diocèse
et à veiller à la discipline des clercs.21 Le rôle de
l'archidiacre, dans les textes précités, est tout à fait
différent et beaucoup moins important que ce que nous en connaissons
pour les siècles ultérieurs.22 Par usurpation, il acquiert, au
fil du temps, des droits qui en font, peu à peu, un
«évêque local».23
Les mêmes questions doivent être posées
pour les doyens ruraux. Dans le chapitre 9 des Virtutes, le doyen Flodin est
chargé par l'évêque d'accomplir diverses missions per omnem
decaniam suae curae commissam.24 Toute la réflexion repose donc sur le
sens exact du terme decania. Lorsque ce mot apparaît pour la
première fois, en 844, dans le 3e canon du concile de Toulouse, il
désigne une subdivision fiscale du diocèse, mise en place par
l'évêque pour percevoir des redevances.25 Or, dans les Virtutes,
le doyen en question doit prélever une taxe due à
l'évêque : la soniata.26 La signification du terme decania est
donc semblable dans les deux documents. Il est indéniable que les
fonctions décanales aient été territorialisées
dès le début.
Le doyen rural est donc, à l'origine, un agent de la
politique fiscale de l'évêque. André Deblon s'autorise
même à penser qu'il pourrait s'agir d'un laïc. Le doyen
avait-il, initialement, d'autres compétences? La documentation nous
manque pour répondre à cette question. Néanmoins, il nous
est possible d'affirmer que, dès le début du Xe siècle, le
doyen rural a réussi à médiatiser les prêtres de
paroisse, si bien que l'évêque s'adresse directement à lui
pour leur transmettre ses ordres. Au milieu du XIe siècle, Hincmar de
Reims désigne par calendes les réunions mensuelles des
prêtres dans chaque doyenné.27 En 989, l'évêque de
Soissons ordonne aux doyens de convoquer chaque mois les prêtres de
paroisse.28 Rien de tel ne nous est parvenu pour le diocèse de
Liège, mais le fait que l'évêque utilise les doyens pour
divulguer des informations laisse
21. KUPPER, J-.L., Ibid., pp. 332-333.
22. Virtutes, p. 264.
23. KUPPER, J.-L., Ibid., p. 335.
24. Virtutes, p. 264.
25. AMANIEU, A., Ibid., t. 1, Paris, 1935, col. 1004-10026.
DEBLON, A., Ibid., p. 703, note 1.
26. Virtutes, p. 264.
27. DEBLON, A., Ibid., p. 708, note 25.
28. AMANIEU, A., Ibid., t. 1, Paris, 1935, col. 1010. DEBLON,
A., Ibid., p. 708, note 25.
supposer l'existence de telles réunions. Selon
l'expression de Devisse, la décanie est, à ce moment, le rouage
essentiel de l'administration diocésaine.29
L'apparition des doyens ruraux dans le diocèse de
Liège s'est opérée à la faveur de l'accroissement
de l'autorité épiscopale, probablement sous Francon
(v. 858-901) ou sous Etienne (901-920), dans une double
optique : la centralisation du pouvoir de l'évêque et
l'amélioration de son emprise sur les prêtres de paroisse. Il est
possible que, tout comme l'évêque de Soissons, celui de
Liège ait calqué, en partie, les institutions de son
diocèse sur l'exemple rémois.30 N'oublions pas que Francon a eu
de nombreux contacts avec Hincmar, l'archevêque de Reims.31 Quant
à son successeur, nous savons qu'il a fréquenté le palais
de Charles le Chauve.32 De plus, son règne correspond à une phase
de reconstruction du diocèse après les attaques des Normands.
Flodin est le seul doyen rural connu pour le Xe siècle
; peu le sont pour le siècle suivant. Deux noms apparaissent dans un
acte du début du XIe siècle : Bernard et Gérard.33 Tout
porte à croire que ce sont là des doyens ruraux et non des doyens
de chapitre.34 Pourtant, aucune indication n'est donnée à propos
des lieux dans lesquels ces deux personnages exercent leurs
prérogatives. Par contre, en 1075, il apparaît clairement que
Fréduard accomplit son devoir décanal dans le concile de
Graide.35 Pour être complets, signalons, aussi, pour ce siècle,
Garnier, doyen du concile d'Ouffet, en 1099.36
Au fur et à mesure qu'augmente la puissance des
archidiacres, au cours des Xe et XIe siècles, les doyens ruraux se sont
eux-mêmes fait, en grande partie, médiatiser par ceux-ci. Les
doyens qui, au départ, ne dépendent que de
l'évêque,
29. DEVISSE, J., Hincmar, archevêque de Reims (845-882),
Genève, 1976, p. 863.
30. DIERKENS, A., la Création, p. 354.
31. Nous connaissons cinq lettres adressées par Hincmar
à l'évêque de Liège (DEVISSE, J., Ibid., pp. 103 et
suivantes).
32. KUPPER, J.-L., Stephanus, dans Series episcoporum, pp.
60-61.
33. NELIS, H., Album belge de diplomatique, éd.
PIRENNE, H., Bruxelles, 1909, pl. VII. Cette donation au chapitre rural de
Walcourt est consignée à la suite d'un acte de 1026.
34. Le chapitre de Walcourt, dont il est question dans le texte,
ne comporte pas de doyen parmi ses membres. DIERKENS, A., Ibid., p. 352, note
42.
35. KURTH, G., Chartes de l'abbaye de Saint-Hubert en Ardenne,
t. 1, Bruxelles, 1903, p. 44.
36. FORGEUR, R., Notes sur la paroisse d'Ouffet et sur les
chapitres collégiaux d'Ouffet et d'Ellemelle, dans Leod., t. 57,
Liège, 1970, p. 57.
entrent peu à peu sous la dépendance d'un
archidiacre, tout en conservant des rapports directs avec le chef de l'Eglise
liégeoise, notamment en matière fiscale. Les fonctions
décanales se ternissent donc au cours de cette période.37
Malheureusement, lorsqu'elles sont clairement définies et mises par
écrit dans les statuts synodaux, à la fin du XIIIe siècle,
le processus de médiatisation par les achidiacres est, depuis longtemps,
totalement achevé.
§3. Aspects géographiques.
Manfred Van Rey, dans son article sur les divisions politiques
et ecclésiastiques dans le diocèse de Liège au Haut Moyen
Âge, pense que le tracé des doyennés est calqué sur
celui des pagi, voire sur les districts de croix banales.38 Alain Dierkens a
clairement démontré la faiblesse de ses propos.39 Ce qu'il faut
remarquer avant tout, c'est que Manfred Van Rey cherche à mettre en
rapport des éléments qui ne sont pas comparables. Les pagi sont
des circonscriptions civiles mentionnées dans nos régions
dès 709, et qui perdurent bien au-delà du moment où
apparaissent les districts religieux que sont les doyennés ruraux.
Les bancroix40 sont des regroupements de paroisses du
diocèse opérés en vue de processions qui se rendent
jusqu'au siège de l'évêché, d'une collégiale
ou d'une abbaye. Dans un premier temps, plusieurs processions sont
organisées chaque année. Puis, une seule se tient au moment de la
Pentecôte. Pour l'occasion, un droit en nature et/ou en argent est
versé à l'évêque, à une collégiale ou
à un abbé. Les bancroix, dont le but serait de rappeler que toute
paroisse est issue de la parochia primitive, restent répandues dans le
diocèse de Liège jusqu'à la fin de l'Ancien Régime,
notamment à Verviers.41 Contraire-
37. NOLET, W. et BOEREN, P.C., Kerkelijke Instellingen in de
Middeleeuwen, Amsterdam, 1951, pp. 299-300.
38. VAN REY, M., les Divisions, pp. 189-192 et 200-201.
39. DIERKENS, A., les Paroisses rurales dans le nord de la
Gaule pendant le Haut Moyen Âge. Etat de la question et remarques
critiques, dans la Paroisse en questions, Des origines à la fin de
l'Ancien Régime, Ath, Mons et SaintGhislain, 1998, pp. 21-49. DIERKENS,
A., la Création., pp. 345-363.
40. BERLIERE, U., les Processions des croix banales, dans
B.A.R.B., 5e série, t. 8, Bruxelles, 1922, pp. 419-446. VANRIE, A., les
Croix banales aux abbayes en Belgique au Moyen Âge, dans Contributions
à l'histoire économique et sociale, t. 2, Bruxelles, 1963, pp.
7-28. DE MOREAU, E., Ibid., t. 1, Bruxelles, 1947, pp. 309-311. LAENEN, J.,
Introduction à l'histoire paroissiale du diocèse de Malines,
Bruxelles, 1924, pp. 165-166. BONIVER, G., les Croix banales, dans B.S.R.V.L.,
t. 2, Liège, 1936, pp. 24-25.
41. BERLIERE, U., Ibid., pp. 426 et 438. VAN REY, M., Die
Lütticher Gaue Condroz, pp. 155-156. FELLER, J., les Processions des croix
banales de HorionHozémont et de Verviers, dans Enquêtes du
musée de la vie wallonne, t. 2, Liège, 1927, pp. 1-12.
ment aux positions de Van Rey et de Paquay, Alain Dierkens est
parvenu à démontrer que les limites des bancroix n'ont pas
engendré celles des doyennés, ni l'inverse.42
Faut-il chercher, dans la configuration géographique de
l'évêché, le principal critère de
délimitation des doyennés? Les paroisses chevauchent souvent les
cours d'eau43 et si les doyennés de Campine sont si vastes, c'est
probablement qu'il était nécessaire de réunir un nombre
minimum de paroisses dans ces régions peu peuplées et non, comme
l'ont affirmé certains historiens, dans le seul souci de réunir
en un concile, un bassin hydrographique tout entier, encore que cela puisse
parfois faciliter les déplacements du doyen.44
Le traçage des limites entre les conciles n'est donc
pas le résultat d'une politique cohérente, basée sur des
critères précis. Comme nous le verrons à la fin de ce
chapitre, la partition du diocèse s'étale sur plusieurs
épiscopats et, contrairement à ce qu'affirme Alain Dierkens, les
évêques successifs peuvent diviser leur territoire à leur
gré, sans nécessairement tenir compte des plans de leurs
prédécesseurs.
Dans Ly Myreur des histors, Jean d'Outremeuse écrit que
le pape Léon III, en 799, aurait lui-même subdivisé le
diocèse de Liège en huit archidiaconés et en vingt-huit
doyennés.45 Cette conception est totalement incompatible avec
l'évolution de l'institution archidiaconale, puisque la création
du dernier archidiaconé est ultérieure à 1200.46 Par
ailleurs, la date de 799 est totalement incohérente par rapport aux
éléments de chronologie que nous avons pu mettre en
évidence précédemment, à savoir que les
archidiaconés ont été créés
ultérieurement aux doyennés. Toutefois, il n'est pas exclu que
Jean d'Outremeuse se soit basé sur des sources, aujourd'hui disparues,
qui prouveraient l'existence des doyennés à l'époque
carolingienne car seulement un peu plus d'un siècle sépare la
date de 799 et la plus ancienne mention d'un doyen rural en notre
possession.
42. DIERKENS, A., la Création., pp. 358-363
43. DIERKENS, A., Ibid., p. 357.
44. DEBLON, A., Ibid., p. 709.
45. JEAN D'OUTREMEUSE, Ly Myreur des histors, éd.
BORGNET, A., t. 3, Bruxelles, 1969, p. 674. Les considérations de ce
chroniqueur tardif et fantaisiste ont fait école, notamment
auprès de FISEN, B., Sancta Legia Romanae Ecclesiae filia sive historia
ecclesiae Leodiensis, Liège, 1642, p. 176. DEBLON, A., Ibid., p. 706,
note 14.
46. KUPPER, J.-L., Ibid., p. 334.
Alain Dierkens pense que les éléments de
géographie plaident en faveur de la thèse de
l'antériorité des doyennés par rapport aux
archidiaconés : les conciles de Hozémont et d'Andenne sont
complètement isolés des archidiaconés dont ils
dépendent.47 Cette constatation ne peut être retenue que si les
limites archidiaconales de la fin du Moyen Âge sont identiques à
celles qui existent très probablement en 1066, ce qui n'est absolument
pas prouvé. C'est le contraire qui semble même plus probable.48
Le problème du nombre initial de doyennés ne
doit pas être négligé. Si, tout comme le chroniqueur
liégeois, nous avons pu relever vingt-huit doyennés au total,
certains indices nous invitent à penser que leur nombre était,
à l'origine, inférieur. Le concile de Susteren s'étendait
primitivement jusqu'à Venlo. Il a ensuite été
scindé en deux parties : les régions du Nord et de l'Est forment
le concile de Wassenberg alors que le reste du district conserve son ancienne
appellation. Des traces de ce passé commun subsistent dans le langage
courant puisque l'ensemble de ces deux doyennés est parfois
désigné par l'expression de concilium aureum.49 La date de la
scission ne nous est pas parvenue, mais elle est nécessairement un peu
antérieure à 1331, année où apparaît pour la
première fois, dans les documents, un doyen de Wassenberg. Le concile de
Hozémont, curieusement enclavé dans l'archidiaconé de
Hesbaye, alors qu' il dépend de celui de Brabant, serait le fruit d'une
partition du doyenné de Tongres, jugé lui aussi trop vaste.50
Quant aux conciles de Campine, leur apparition serait plus tardive,
probablement en raison du développement plus lent de cette partie du
diocèse.51 Jean d'Outremeuse se fourvoie donc complètement en
affirmant qu'il y avait un total de vingt-huit doyennés au
départ.
La répartition des paroisses en doyennés s'amorce
à l'époque carolingienne et tend à s'achever à la
fin du XIe siècle. Nous avons relevé plusieurs exemples de
47. DIERKENS, A., la Création, p. 355.
48. KUPPER, J.-L., Ibid., p. 334.
49. MUNSTERS, A., De Statuten en het statutenboek van het
Gouden Concilie Susteren, dans P.S.H.A.L., t. 88, Maastricht, 1952, p. 65.
Cette expression trouverait-elle son origine dans la richesse du doyenné
ou dans des privilèges fiscaux particulièrement avantageux?
50. PAQUAY, J., les Paroisses de l'ancien concile de Tongres,
dans B.S.A.H.L., t. 18, Liège, 1909, p. 28.
51. PAQUAY, J., Juridiction, droits et prérogatives des
archidiacres du diocèse de Liège, Liège, 1935, p. 14.
DEBLON, A., Ibid., p. 709, note 28.
modifications des limites décanales antérieures
à cette époque. Les paroisses namuroises, dont les filiales sont
partagées entre les doyennés de Gembloux et de Fleurus52 ainsi
que les paroisses d'Auvelais et de Ham-sur-Sambre,53 fournissent la
première preuve d'un remaniement des frontières de ces deux
conciles. Un cas similaire peut être observé pour les
doyennés de Bastogne et de Rochefort, qui se partagent la paroisse de
Saint-Martin, à Lorcy.54 Une fois le quadrillage paroissial
achevé, aucun exemple de paroisse qui serait passée d'un
doyenné à un autre n'est connu à ce jour. La
nécessité d'encadrer les fidèles et les membres du
clergé, dans des structures durables est sans doute la raison
essentielle de cette stabilité: l'Eglise, comme toute
société organisée, a besoin d'institutions rigides pour
fonctionner efficacement.55
§4. Originalité du cas liégeois.
Chaque diocèse possède une organisation propre.
Celui qui réunit nos régions se distingue par l'étendue de
son territoire. Dans les campagnes profondes de la Campine, de Hesbaye, du
Condroz, de Marlagne, de Famenne et des Ardennes, le doyen rural tient, seul,
les rênes de l'administration. Certains conciles occupent une position
très éloignée par rapport à la cité. Les
doyens y sont les uniques représentants d'un évêque
lointain, vu que les archidiacres résident, eux aussi, à
Liège.
Les archidiacres, arrivés plus tardivement au
faîte de leur puissance, n'ont pas réussi à
médiatiser totalement les doyens ruraux. Contrairement à
l'Angleterre, où les deux institutions sont apparues
simultanément et où les archidiacres entrent en lutte contre les
évêques, réduisant ainsi les doyens à un rôle
mineur, les querelles, dans le diocèse de Liège, se situent
plutôt au niveau des doyens et des archidiacres. L'évêque,
en gérant ces disputes, notamment par le biais des statuts synodaux,
tire parti de la situation pour
52. DIERKENS, A., Premières Structures religieuses :
paroisses et chapitres jusqu'au XIIe siècle, dans Namur, le site et les
hommes, de l'époque romaine au XVIIIe siècle, Bruxelles, 1988,
pp. 33-61. DEBLON, A., Ibid., p. 712.
53. DEBLON, A., Ibid., pp. 715-716.
54. NEMERY DE BELLEVAUX, E., l'Ancien Doyenné de
Rochefort, des origines à 1559, dans A.S.A.N., t. 62, Namur, 1982, p.
74. VAN REY, M., Ibid., pp. 766-767. DEBLON, A., Ibid., p. 713.
55. LE BRAS, G., Institutions ecclésiastiques de la
chrétienté médiévale, dans Histoire de l'Eglise des
origines à nos jours, fondée par Fliche, A. et MARTIN, V. et
dirigée par DUROSELLE, J.-B. et JARRY, E., t. 12, 1e partie, Paris,
1959, p. 20.
conforter son autorité que personne, mis à part
le chapitre cathédral, n'ose contester. Certes, les archidiacres et
quelques doyens sont issus de cette institution, mais, à ce moment, ils
se dressent face à l'évêque en tant que chanoines de
Saint-Lambert et non en tant qu'archidiacres ou que doyens. La
caractéristique essentielle du décanat rural liégeois, qui
le distingue de tous les autres, réside dans le caractère
électif de la charge, dont nous reparlerons dans le chapitre suivant.
CHAPITRE II.
LE CHOIX D'UN DOYEN
ET SA SORTIE DE CHARGE.
§1. Origines du suffrage.
L'élection du doyen par les prêtres du concile
est une tradition très ancienne, que nous pouvons faire remonter
à l'époque où les archidiacres n'avaient pas encore
réussi à médiatiser les archiprêtres ruraux.
Comme nous le verrons au cours de ce chapitre, le rôle
de l'archidiacre se limite à convoquer les électeurs et à
assister au déroulement du vote.1 Dans le concilium aureum, qui
regroupe, jusqu'au début du XIVe siècle, les doyennés de
Susteren et de Wassenberg, il possède uniquement le droit de confirmer
ou d'infirmer l'élection. Pour le reste, l'orga- nisation de celle-ci
dépend intégralement des fratres du concile.2 De toute
façon, il n'intervient pas directement dans le choix du doyen.
L'évêque, lui aussi, possède le droit de veto sur la
décision des électeurs. Si l'élu ne convient pas, il peut
en choisir lui-même un autre. Comment les archidiacres, au faîte de
leur prestige, auraient-ils pu concéder aux curés des droits
aussi importants?3 Serait-il possible d'expliquer le rôle
prépondérant de l'évêque et l'intervention si
mineure de l'archidiacre sans envisager l'apparition de cette coutume à
une époque comprise entre les IXe et XIe siècles?4
1. BERLIERE, U., Suppliques d'Innocent VI (1352-1362), dans
A.V.B., t. 5, Bruxelles-Rome, 1911, p. 343.
2. MUNSTERS, A., Ibid., pp. 66-67.
3. DEBLON, A., Ibid., p. 707, note 21.
4. BURCKLE, J., Ibid., p. 234 se trompe donc en situant
l'apparition de l'élection du doyen à une époque plus
tardive. Sohet indique que l'élection dépend uniquement de
l'archidiacre et de l'évêque et que les curés n'ont acquis
ce droit que par une récente délégation (SOHET, D.,
Instituts de droit ou sommaire de jurisprudence canonique, civile,
féodale et criminelle, pour les pays de Liège, Luxembourg, Namur
et autres, t. 1, Bouillon, 1772, p. 89). Au cours de ce chapitre, nous
prouverons que ce discours est totalement erroné.
André Deblon pense que le caractère
électif de la charge décanale proviendrait de la règle
d'Aix de 816.5 A partir de cette époque, les prêtres des paroisses
trop éloignées de la ville de Liège élisent un des
leurs afin de ramener, de la cité épiscopale, les huiles saintes,
consacrées le jeudi saint.6 Mais dire qu'il existe une certaine
continuité entre cette institution et le décanat rural est bien
trop hâtif. Faute de sources, cette hypothèse ne peut,
jusqu'à présent, être confirmée.
§2. Le recrutement.
a. Critères légaux.
Comme le rappellent les conciles de Poitiers (1078),7 de
Latran (1123),8 de Reims (1131)9 et de Latran II (1139),10 la toute
première condition pour devenir doyen rural est d'avoir reçu le
sacrement de l'ordre. Mais, en 1179, lors du troisième concile de
Latran, cette règle est remise en question. Désormais, un clerc
n'ayant pas reçu l'ordination sacerdotale peut être admis à
la charge décanale s'il devient prêtre par la suite, mais s'il ne
reçoit pas le sacrement de l'ordre, son office lui sera retiré.11
Cette mesure étant retranscrite sans plus de précisions, les
glossateurs fixent le délai de l'ordination à six mois.11 En
1274, le concile de Lyon, présidé par Grégoire X, double
la durée du délai.12
Tant les membres du clergé séculier que
régulier peuvent briguer cet office, mais les membres d'un ordre
religieux ont besoin, en principe, d'une autorisation de leur supérieur,
de l'évêque ou du pape pour poser leur
5. WERMINGHOFF, A., Concilia aevi Karolini, t. 1, 1e partie,
dans Monumenta Germaniae Historica, Hannovre, 1906, p. 322 : Ut de his qui
longe positi sunt de octo vel decem unus ab episcopo eligatur qui acceptum
chrisma sibi et sociis diligenter perferat.
6. DEBLON, A., Ibid., p. 707.
7. MANSI, G.-D., Sacrorum Concilium nova et amplissima
collectio, t. 10, Paris-Leipzig, 1901, col. 498.
8. MANSI, G.-D., Ibid., t. 21, Paris-Leipzig, 1903, col. 281. 9.
MANSI, G.-D.,
Ibid., t. 21, col. 459.
10. MANSI, G.-D., Ibid., t. 21, col. 529.
11. MANSI, G.-D., Ibid., t. 22, Paris-Leipzig, 1903, col.
219.
12. TOUSSAINT, F., Ibid., p. 56.
13. MANSI, G.-D., Ibid., t. 24, Paris-Leipzig, 1903, col. 91.
candidature. Malgré tout, certains chanoines se sont
ingéniés à trouver le moyen de contourner ces
règles qui leur enlèvent le droit de disposer librement de leurs
activités.14 Jean Maresco, chanoine régulier de Saint-Augustin,
devient doyen du concile de Rochefort, en 1353, cum dispensatione
diocesani.15
L'âge minimum requis est envisagé dès
1131, au cours du premier concile de Reims,17 où défense est
faite aux adolescents de devenir doyens. Cette règle, reformulée
à Latran huit ans plus tard,18 puis à nouveau à Reims en
114817, est affinée par le troisième concile de Latran,19 qui
fixe à vingt-cinq ans révolus l'âge minimum pour devenir
archiprêtre.
b. Critères traditionnels.
Même si aucun texte règlementaire n'oblige un
candidat à desservir une paroisse du concile pour en devenir le doyen,
il semble que cette coutume se soit répandue partout dans le
diocèse de Liège. Le formulaire de l'officialité
épiscopale, daté du règne d'Erard de la Marck, souligne
toute l'importance, pour le candidat, d'administrer une paroisse appartenant au
concile qu'il souhaite diriger.20 Les listes des doyens confirment l'usage
généralisé de cette tradition.
Fernand Toussaint, se fondant sur ce formulaire,21 ainsi que sur
des mesures
14. Registrum I, f° 81. Registrum II,
f° 51. Contrairement à l'avis de TOUSSAINT, F., Ibid.,
p. 61-62, nous pensons que Henri Van der Scaeft, le doyen du concile de
Beringen qui est l'auteur du registre en question, a pu trouver la
possibilité de se soustraire aux exigences traditionnelles. Nous ne
renions pas le fait qu'il parle de façon intéressée vu
qu'il est lui-même chanoine régulier de l'ordre des
Prémontrés. L'intérêt du texte de Van der Scaeft,
c'est qu'il se fonde sur des textes de lois.
15. BERLIERE, U., Suppliques d'Innocent VI, p. 56.
16. MANSI, G.-D., Ibid., t. 21, col. 460.
17. MANSI, G.-D., Ibid., t. 21, col. 529.
18. MANSI, G.-D., Ibid., t. 21, col. 716.
19. TOUSSAINT, F., Ibid., p. 59.
20. LAENEN, J., Notes sur l'organisation
ecclésiastique du Brabant à l'époque de l'érection
des nouveaux évêchés, dans A.A.R.A., t. 56, Bruxelles,
1904, pp. 176- 179 (annexes). Ce document est une compilation de deux chartes
au moins. La première date du règne de Jean de Horne ; la
seconde, d'Erard de la Marck.
21. TOUSSAINT, F., Ibid., p. 59. LAENEN, J., Ibid., p. 177 : de
legitimo thoro procreatum.
Prises antérieurement par les papes Alexandre III et
Grégoire X,22 pense que la naissance légitime est un argument
pouvant entrer en ligne de compte. Mais l'exemple de Helmicus de Dyck, doyen de
Chimay au début du XVe siècle, infirme cette hypothèse.23
Par contre, on peut penser que l'envoyé de l'évêque ait
reçu pour mission de s'assurer que la charge décanale ne devienne
pas héréditaire et qu'il a utilisé, comme preuve,
l'argument de la naissance légitime. A ce jour, aucun cas de succession
héréditaire n'a pu être clairement établi.
Le bagage intellectuel constitue-t-il un critère
important pour le choix d'un doyen? Le canon 20 du concile de Cologne de 1536
stipule que seuls les prêtres qui dominent par leur savoir peuvent
accéder au décanat rural.24 De nombreux maîtres
universitaires sont devenus doyens dès le milieu du XIIIe siècle.
A cette époque, la charge décanale nécessite un certain
bagage en droit, car elle comprend l'exercice de la justice gracieuse et
contentieuse. De plus, le doyen rural doit être apte à comprendre
tous les règlements énoncés dans les statuts synodaux afin
de pouvoir les expliquer aux prêtres qui ne les comprendraient pas bien.
Ajoutons à cela la nécessité de maîtriser les
règlements et les coutumes locales. La gestion de biens
ecclésiastiques, le recencement des bénéfices et
l'entretien de la comptabilité liée à la collecte des
impôts sont autant de tâches capitales de son ressort.25
c. La richesse.
Si l'on se penche sur le coût des différentes
procédures d'élection, on peut aisément constater que
poser sa candidature demande l'investissement de sommes non négli-
geables. Le scrutin, mode d'élection le plus répandu,
nécessite des dépenses qui, toutes, incombent au nouvel
élu : accueil de l'archidiacre et de toute sa suite, entretien de leurs
chevaux, repas de fête pour l'assemblée, composée de tous
les curés du district et présidée par l'archidiacre et
tous les frais administratifs liés à la confirmation
épiscopale de cette élection.25
22. Corpus Iuris Canonici, t. 2, Decretalium collectiones, Graz,
1959, col. 51.
23. BAIX, F., les Doyens du concile de Chimay, dans Nam., t. 22,
Namur, 1947, pp. 12-13 (annexes) : de soluto
genitus et soluta.
24. MANSI, G.-D., Ibid., t. 32, Paris-Leipzig, 1901, col.
1293.
25. Registrum I, f° 86. Registrum II,
f° 53 v°. CEYSSENS, J., les Doyens ruraux dans
le diocèse de Liège, dans B.S.A.H.L., t. 9, Liège, 1895,
p. 177.
Quant à la provision apostolique, elle implique, elle
aussi, des dépenses considérables. Henri Van der Scaeft, doyen du
concile de Beringen en 1516, donne le détail de l'argent qu'il a
dû débourser pour les frais de bulle, de provision (37 florins or)
et d'envoi du courrier (1/2 florin or). Puis, il a fallu payer un commissaire,
en l'occurrence le doyen de Saint-Pierre de Louvain (35 stuphers), puis un
notaire, pour la même somme, et enfin l'enregistrement de la provision
auprès des autorités locales.26 Certains candidats ont
probablement eu recours à la simonie pour pouvoir avancer une telle
somme,27 que même une année de salaire ne suffit pas toujours
à combler.28
d. Coutumes régionales.
Certaines coutumes locales peuvent s'avérer
décisives pour le choix d'un doyen. Parfois, les fonctions
décanales sont presque systématiquement associées au
titulariat d'un autre bénéfice, si bien que l'on est en droit de
se demander si l'élection ne se joue pas au niveau de l'attribution de
ce bénéfice. Ainsi, dès la fin du XIIe siècle, le
destin du district de Chimay est fréquemment lié à celui
de la cure de Couvin. Une tradition similaire peut être observée
dans la chrétienté de Graide, dont la paroisse de Gedinne est le
seul siège connu entre 1278 et 1363, à tel point que, lorsque
Gilles d'Heure-le-Romain et le seigneur de Seraing sollicitent le pape, vers le
milieu du XIVe siècle, ils évoquent le doyenné de Gedinne,
sans aucune autre précision.29 Dans le concile de Hilvarenbeek, le doyen
est choisi parmi les recteurs des paroisses.30
Ces traditions, lorsqu'elles trouvent un bon ancrage dans les
mentalités, sont particulièrement difficiles à rompre.
Ainsi, depuis la fin du XVe siècle, le doyen de Beringen est
systématiquement choisi parmi les religieux prémontrés
26. Registrum I, f° 87. Registrum II,
f° 54. CEYSSENS, J., Ibid., p. 176.
27. Registrum I, f° 88. Registrum II,
f° 55. Le serment que doit prêter le doyen dans les mains
d'un représentant de l'évêque témoigne de la crainte
de l'autorité épiscopale de voir se répandre de tels
procédés.
28. En 1516, Van der Scaeft écrit que les revenus du
doyenné de Beringen avoisinent généralement les 35 florins
(Registrum I, f° 87. Registrum II, f° 54).
A.E.Ht, archives du doyenné de Beringen, Registrum compositionum et
caeterum jurium concilii Beringensis cum aliquot institutionibus 1547-1579
(=Registrum compositionum), f° 30 et 39. Ce registre de comptes
a été commencé par le vice-doyen Jean Dompens en 1547. A
cette date, celui-ci indique que les revenus du décanat sont de l'ordre
de 39 florins. En 1552, il mentionne que ces revenus ne sont plus que de 30
florins et un stupher.
29. SCHOOLMMEESTERS, E., Recueil de lettres adressées,
pendant le XIVe siècle, aux papes et cardinaux pour les affaires de la
principauté de Liège, dans A.H.E.B., t. 15, Louvain-Bruxelles, p.
49.
30. BERLIERE, U., Ibid., p. 507 : quis de rectoribus parochialum
ecclesiarum dicti concilii.
d'Averbode. Ce n'est que vers 1540 que les choses changent,
suite à un conflit de plusieurs années, dont Gilles Steels,
chanoine de Saint-Martin, à Liège, parvient à sortir
vainqueur.31
§3. Procédures d'élection.
Dans ce chapitre, deux procédures décrites par
F. Toussaint32 ont été volontairement écartées :
l'acclamation unanime (via Spiritus Sancti) et l'acceptation d'un candidat sans
avoir procédé au vote (quasi via Spiritus Sancti). La raison en
est que, dans ses explications, cet auteur se base, non pas sur l'étude
de sources fiables, mais sur une réflexion peu convaincante à
propos de vagues similitudes entre les doyens ruraux et l'archiprêtre
urbain.
Les statuts synodaux et paroissiaux restent
généralement muets à ce sujet. Seuls les statuts
promulgués, en 1548, par Georges d'Autriche mentionnent divers modes de
nomination en vogue dans le diocèse de Liège, mais qui ne
s'appliquent pas tous aux doyens ruraux.33
a. Le scrutin.
Le scrutin est la procédure la plus répandue
pour le choix d'un nouveau doyen. C'est ainsi qu'ont été choisis,
par exemple, Jean de Cansterperre, pour succéder à Gérard
de Rivo à la tête de la chrétienté d'Hilvarenbeek,
en 135034 et Jean de Maresco, à Rochefort, trois ans plus tard.35 A la
fin du XVe, cette tradition est toujours en vigueur puisque les membres du
concile de Louvain élisent per viam scrutinii leur nouveau doyen.36 En
1552, le vice-doyen de
31. CEYSSENS, J., Ibid., p. 176. ROBYNS, O., Het Landdekanat
Beringen en zijne dekens, dans Limburg, t. 6, Maaseik et Hasselt, 1925, p.
52.
32. TOUSSAINT, F., Ibid., pp. 67-68. Voir, à ce sujet :
SCHOOLMEESTERS, E., les Archiprêtres de Liège, dans Leod., t. 8,
Liège, 1909, pp. 61-69.
33. SCHANNAT, J.-F. et HARTZHEIM, J., Concilia Germaniae, t. 6,
Cologne, 1765, p. 393.
34. BERLIERE, U., Suppliques de Clément VI, dans A.V.B.,
t. 1, Rome, 1906, p. 507.
35. BERLIERE, U., Suppliques d'Innocent VI, dans la même
collection, t. 5, Rome, 1911, p. 343.
36. LAENEN, J., Ibid., p. 176.
Beringen, Jean Dompens, mentionne cette coutume dans son
registre.37 En 1543, Englebert de Mérode remporte l'élection,
à Bastogne, au détriment de son rival Englebert de Tavegnis.38
Les seuls électeurs admis à y participer sont
les curés et les vicaires perpétuels de la
chrétienté, qu'ils soient réguliers ou séculiers.
Ni les personnes morales détentrices d'un personnat, ni les vicaires ou
chapelains amovibles, n'ont droit de vote.39 De nombreux historiens pensent que
la réunion, en vue de l'élection d'un doyen, s'opère
uniquement à l'initiative de l'archidiacre, à la date et à
l'heure déterminées par celui-ci.40 Cela ne se vérifie pas
toujours. Dans le concilium aureum, qui regroupe, jusqu'au XIVe siècle,
les doyennés de Susteren et de Wassenberg, les électeurs sont
convoqués par le plus âgé d'entre eux afin de fixer,
ensemble, une date pour le scrutin.41 Ni l'archidiacre, ni son éventuel
remplaçant ne peuvent voter.42 La séance se tient dans la
chapelle où ont lieu, d'habitude, les réunions conciliaires.43 Il
arrive parfois que la vacance des fonctions décanales se prolonge
pendant plusieurs années.44
Henri Van der Scaeft décrit une manière
très simple d'ouvrir la séance au cours de laquelle un nouveau
doyen doit être élu : l'archidiacre ou son
délégué prononce seulement un discours de circonstance, le
plus souvent en latin.45 Les statuts du Concilium aureum dépeignent une
cérémonie beaucoup plus chargée : la prière du Veni
sancte Spiritus est chantée en premier lieu, suivie d'une messe
37. Registrum compositionum, f° 35 : electus
decanus.
38. VANNERUS, J., Documents relatifs à la seigneurie de
Houffalize (1417-1778), Arlon, 1905, p. 9.
39. Registrum I, f° 82. Registrum II,
f° 52. CEYSSENS, J., Ibid., p. 172.
40. Dans certains cas extrêmes, l'archidiacre ne se
résout à convoquer l'assemblée des électeurs
qu'après plusieurs années, profitant ainsi lui-même des
revenus du décanat. Les exemples cités par CEYSSENS, J., Ibid.,
p. 174, remontent seulement à la fin XVIIe siècle, mais de
pareilles situations ont pu se produire antérieurement.
41. MUNSTERS, A., Ibid., p. 66.
42. BERLIERE, U., Ibid., p. 343.
43. TOUSSAINT, F., Ibid., p. 66, note 5, pense qu'il s'agit
souvent d'une chapelle dédiée à Notre-Dame.
44. Registrum compositionum, f° 39. Jean
Dompens écrit, en 1552, que c'est à l'évêque que les
revenus du décanat doivent être versés parce que le
prélat a décidé d'administrer lui-même le
doyenné de Beringen, à la suite d'un litige. Or, nous savons que
le doyen précédent, Guillaume Van der Heesen, est mort en 1547
(Registrum compositionum, f° 30).
45. Registrum I, f° 83. Registrum II,
f° 52 v°.
célébrée par un des électeurs,
afin de placer le vote sous la protection du Saint-Esprit. Un serment
spécial d'honnêteté et d'impartialité doit enfin
être prononcé par chaque membre du concile.46
J. Burcklé, dans les deux évêchés
qu'il a étudiés, a relevé trois procédures
d'élection.47 La première consiste, pour les prêtres
amenés à se prononcer sur le choix d'un doyen, à
révéler au secrétaire de l'assemblée le nom de la
personne choisie ; la deuxième à écrire, sur un morceau de
papier, le nom du candidat favori, puis de le déposer dans une urne. La
troisième ressemble un peu à la précédente, si ce
n'est qu'il suffit de découper le nom du prétendant
souhaité d'une liste fournie à chaque électeur.48 Dans le
«Gouden Concilium»,
il apparaît clairement que c'est la première
procédure qui est suivie par les électeurs.49
Le mode du scrutin nous est, à ce jour, inconnu. Le
droit commun requiert la majorité absolue45. La question est de savoir
s'il a été rigoureusement appliqué. Burcklé, qui a
étudié le décanat rural dans les
évêchés de Bâle et de Strasbourg, conclut que, dans
ce dernier diocèse, la qualité des électeurs
prévaut sur le nombre.50 Englebert de Mérode, est élu
doyen de Bastogne, le 22 mars 1543, selon le principe de la sanior pars.51 Dans
le district de Susteren, les témoins comptent le nombre de voix et les
examinent. Les deux aspects, c'est-à-dire le nombre et la qualité
des électeurs, se retrouvent donc dans cette élection.52
Si l'archidiacre n'oppose pas son droit de veto, la parole est
laissée à l'élu, qui a, bien sûr, la
possibilité de rejeter le choix de ses confrères. Mais nous ne
connaissons pas de cas de refus. Il semble que le nouveau doyen profite souvent
de cette possibilité pour discuter les modalités de son
entrée en fonction et tenter ainsi de tirer parti de la situation.53 Il
prête ensuite le serment d'observer et de conserver les libertés
et les coutumes du concile
46. MUNSTERS, A., Ibid., p. 66.
47. BURCKLE, J., Ibid., pp. 169-172.
48. MUNSTERS, A., Ibid., p. 66.
49. A.H.E.B., t. 5, Louvain, 1868, p. 409. Il s'agit de statuts
du doyenné de Bastogne, non datés, recopiés en 1700. Le
texte original est perdu.
50. BURCKLE, J., Ibid., p. 169. C'est le principe de la sanior
pars des élections épiscopales.
51. VANNERUS, Ibid., p.9.
52. MUNSTERS, A., Ibid., p. 66.
53. BERLIERE, U., Ibid., p. 343 : Et ipsam electionem sibi
praesentaverunt et tandem, cum honesta difficultate, consentiit.
dans leur intégralité.54 Une fois que
l'assemblée a pris connaissance du résultat du vote, toute
personne présente sur le lieu d'élection peut formuler des
objections. La promesse d'obéissance des prêtres au nouveau doyen
et l'établissement du procès-verbal de la séance closent
les débats. Henri Van der Scaeft ajoute, dans le Repertorium, qu'il est
de bon ton, pour le nouveau promu, d'offrir un festin à toute
l'assemblée.55
Mais la procédure n'est pas achevée pour autant.
Après avoir pris connaissance du procès-verbal,
l'évêque ou son délégué se doit d'ouvrir une
enquête, afin de se forger une opinion sur la personne choisie. S'il
décide d'infirmer l'élection, il a le pouvoir de
déterminer lui-même, parmi les membres éligibles du concile
en question, le nouveau doyen.56 Dans le cas contraire, l'élu
prête serment de fidélité, dans les mains de
l'évêque ou de son représentant. Celui-ci lui
confère alors l'institution canonique54. Les frais de procédure,
qui s'élèvent, au début du XVIe siècle, pour la
chrétienté de Beringen, à seize florins du Rhin, sont
intégralement pris en charge par le nouveau doyen.57
L'évêque de Liège n'est pas le seul
à pouvoir confirmer ou non l'élection d'un doyen rural. Dans ses
travaux, Van Hove a mis en évidence le rôle du pape dans
l'attribution des bénéfices ecclésiastiques
liégeois. Le pape détient ce droit sur certains
bénéfices dont il a déposé ou
transféré le titulaire, ceux qui ont fait l'objet d'une
renonciation entre ses mains, ceux dont le détenteur est mort à
Rome et ceux dont la charge ne peut être cumulée avec une
promotion accordée à son dépositaire par le
Saint-Siège. C'est le droit de réserve spéciale.58 En
1351, le doyen d'Ouffet ayant résigné sa charge entre les mains
du notaire
54. A.H.E.B., t. 5, p. 409.
55. Registrum I, f° 85. Registrum II,
f° 53 v°. CEYSSENS, J., Ibid., p. 177.
56. MALBRENNE, N., les Doyens ruraux et leurs fonctions, dans
Revue catholique, t. 21, Louvain, 1863, p. 95.
54. CAUCHIE, A. et VAN HOVE, A., Documents concernant la
principauté de Liège, t. 1, Bruxelles, 1908, pp. 172-173. HALKIN,
L.-E., Réforme protestante et Réforme catholique au
diocèse de Liège : le Cardinal de la Marck,
prince-évêque de Liège (1505-1538), Liège-Paris,
1930, p. 66, note 6. MALBRENNE, N., les Doyens ruraux et leurs fonctions, dans
Revue catholique, t. 21, Louvain, 1863, p. 96.
57. Registrum I, f° 85. Registrum II,
f° 53 v°. CEYSSENS, J., Ibid., p. 175.
58. VAN HOVE, A., Etude sur les conflits de juridiction dans
le diocèse de Liège à l'époque d'Erard de la Marck
(1506-1538), Louvain, 1900, pp. 45-57. Selon cet auteur, ce sont les papes
d'Avignon qui ont utilisé le plus ces droits car, leurs
bénéfices en Italie étant perdus, ils cherchent à
augmenter leurs revenus et à se faire de nouveaux alliés.
apostolique, c'est au pape que revient le droit de confirmer
le nouveau doyen.59 Deux ans plus tard, Gauthier d'Ochain, doyen du concile de
Rochefort, accepte du Saint-Siège la dignité d'abbé de
Saint-Gilles de Publémont, qu'il ne peut cumuler avec les fonctions
décanales. La désignation de son successeur est donc du ressort
du pontife romain.60 Dans le district de Chimay, en 1360, une querelle survient
entre Henri, curé d'Olloy et Nicolas, curé de Treignes, pour
l'obtention de la charge décanale. L'examen de la situation est
confié au Saint-Siège, qui tranche en faveur du premier
prétendant.61
Le droit de l'alternative, une réserve
générale, permet au pape d'intervenir dans l'attribution des
bénéfices laissés vacants au cours des mois impairs de
l'année. C'est pour cette raison que le Saint-Siège confirme
l'élection de Gérard de Rivo, à la tête de la
chrétienté d'Hilvarenbeek, en 1350.62
b. Le compromis.
Parfois, le dénombrement des voix ne permet pas de
désigner le vainqueur. Des objections graves peuvent survenir,
génératrices de débats stériles. Lorsque le nouveau
doyen ne peut être élu traditionnellement, le président,
avec l'assentiment de l'assemblée, peut désigner deux arbitres,
qui ont pour mission de trancher en faveur d'un seul candidat. S'ils n'arrivent
pas à se mettre d'accord, le choix revient au président,
c'est-à-dire l'archidiacre ou son remplaçant.63
59. BERLIERE, U., Suppliques de Clément VI, pp.
577-578.
60. BERLIERE, U., Suppliques d'Innocent VI, p. 56.
61. BERLIERE, U., Ibid., p. 616. BAIX, F., les Doyens du
concile de Chimay, dans Nam., t. 22, Namur, 1947, p. 8, pense à tort que
c'est depuis ce moment que les doyens de Chimay sont choisis uniquement par le
pape. Ce dernier n'intervient, en fait, qu'en vertu du droit de réserve
spéciale, comme c'est le cas ici, ou selon les principes de la
nomination par provision apostolique (v. page suivante), ce qui peut se faire
dans tous les doyennés.
62. BERLIERE, U., Suppliques de Clément VI, p. 507 :
ad quem [decanatum concilii Bekensis] consuevit quis de rectoribus parochialium
ecclesiarum dicti concilii per electionem elegi et assumi, etsi fuerit
generaliter vel specialiter reservatum. TOUSSAINT, F., Ibid., p. 73, a raison
d'affirmer qu'il s'agit là d'un cas d'application du droit de
réserve générale, vu que le doyen dont il est question
n'entre pas dans les critères nécessaires à l'utilisation
du droit de réserve spéciale.
63. Aucune description d'une élection par compromis
n'est connue pour le diocèse de Liège. Par contre, BURCKLE, J.,
Ibid, pp. 169-172, en a découvert pour les évêchés
de Bâle et de Strasbourg.
L'élection per viam compromissi est une
procédure exceptionnelle, donc assez rare. Dans le diocèse de
Liège, seul le cas de l'accession de Gauthier Backer au décanat
rural de Léau nous est parvenu.64
c. La nomination par provision apostolique.
Cette procédure évite au candidat de subir
l'épreuve du scrutin. Mais elle engendre un inconvénient de
taille : la révolte des curés, qui se voient ainsi privés
du droit d'élire leur supérieur. L'auteur du Registrum mentionne
plusieurs cas de prêtres de quartes-chapelles qui, dans le but
d'échapper à la juridiction du doyen rural, ont entrepris des
démarches pour élever leur église au statut d'ecclesia
media, se plaçant ainsi sous la tutelle de l'archidiacre.65 Quant aux
dépenses nécessaires, le doyen de Beringen les juge bien trop
élevées ; elles empêchent tout de même bon nombre de
prêtres sans argent de postuler.
Une fois que la décision du Saint-Siège est
prise, le candidat, même s'il n'est pas tenu de demander l'approbation de
l'évêque, est tout de même obligé de prêter
serment entre les mains de l'un de ses représentants : il doit jurer de
rester fidèle et obéissant à ses supérieurs
hiérarchiques, de défendre les droits de sa décanie et de
n'avoir connaissance d'aucun acte de simonie lui permettant d'entrer en
fonctions. La provision apostolique doit, ensuite, être
enregistrée par un notaire. Au premier synode décanal suivant, le
futur archiprêtre fait publier les actes de sa nomination par un notaire
qui rédige, in dorso vel in plica de l'acte de provision, le
procès-verbal de cette publication. Ce n'est qu'à ce moment que
le candidat est officiellement promu doyen. Le traditionnel banquet,
donné par ce dernier échange d'un don collectif de joyeuse
entrée, inaugure sa carrière.66
64. BERLIERE, U., Suppliques d'Innocent VI , p. 343.
65. Henri Van der Scaeft a, dressé la liste des
prêtres qui se sont rebellés à l'occasion de son
entrée en fonctions. Registrum I, f° 89-111. Registrum
II, f° 63-72.
66. Registrum I, f° 88. Registrum II,
f° 56. CEYSSENS, J., Ibid., p. 177.
Les exemples de nomination par provision apostolique sont
assez nombreux. Le plus ancien remonte au milieu du XIVe siècle : le
seigneur de Seraing-le-Château demande au pape de désigner Gilles
d'Heure-le-Romain au poste de doyen de Graide.67 Au début du XVe
siècle, Helmicus de Dyck devient doyen de Chimay après avoir
sollicité Jean XXIII.68 Malgré un cumul irrégulier de
bénéfices, il voit son mandat prolongé sur l'ordre de
Martin V.69 A Beringen, du début du XVe siècle au milieu du XVIe,
la plupart des doyens seraient entrés en charge par provision
apostolique.70
Ainsi donc, dès le milieu du XIVe siècle, les
prêtres de paroisse et l'évêque ont été,
à plusieurs reprises, dépossédés de leurs droits
sur l'élection d'un doyen, alors qu'à l'origine, celle-ci
était de leur seul et unique ressort. L'archidiacre, dont le rôle
a toujours été très limité en cette matière,
est, lui aussi, totalement évincé. Tous ces changements
surviennent en faveur de Rome ; l'emprise du Saint-Siège ne cesse de
s'accroître au détriment des autorités locales.
d. Contestations et contrôles de la
régularité d'une élection.
Des contestations quant à l'attribution de la charge
apparaissent quelquefois. En témoignent les querelles survenues, en
1360, dans le district de Chimay, entre le curé d'Olloy et le
curé de Treignes, de même que la controverse qui a
éclaté à Beringen, vers 1540.
L'élection du doyen rural peut faire l'objet d'une
enquête commandée par l'évêque ou par le pape. Parmi
les différents cas, le plus fréquemment cité est celui du
chanoine Henri Peliser qui, après son élection au décanat
rural de Louvain, est l'objet d'investigations de la part de l'abbé du
Parc, au nom de Boniface VIII, durant la vacance du siège
épiscopal.71
67. SCHOOLMEESTERS, E., Ibid., p. 49.
68. BAIX, F., Ibid., p. 10.
69. BAIX, F., Ibid., p. 11.
70. CEYSSENS, J., Ibid., p. 175.
71. DIGARD, J.-P., FAUCON, M. et THOMAS, A., les Registres de
Boniface VII, t. 1, Paris, 1884, col. 93.
Le doyen rural doit être en mesure de confirmer la
régularité de son entrée en fonctions durant toute la
durée de l'exercice de son ministère. Pour cela, il doit
conserver les lettres testimoniales, qu'il reçoit lors de son
élection et qui attestent de sa promotion. Il doit pouvoir les
présenter en cas de protestation ou de contrôle.
Durant le mois d'août 1516, un légat de la curie
romaine décide de mener une enquête sur les doyens en fonctions
dans le diocèse de Liège. Le doyen de Woensel n'étant pas
en possession des précieuses preuves de la régularité de
son entrée en fonctions, le légat s'enquiert du passé de
l'intéressé à la tête du concile et de sa prestation
de serment. Il statue finalement en faveur de l'archiprêtre et le
confirme dans ses fonctions.72
§4. Décès ou démission d'un
doyen.
L'inamovibilité de la charge décanale a
été longuement débattue durant la première
moitié du XXe siècle. Contrairement aux conclusions d'Alhaus,73
pour l'évêché de Constance, et de Fournier,74 pour la
France, Robyns,75 Toussaint,76 Paquay77 et Léon-Ernest Halkin78 pensent
que la charge décanale ne peut, en général, être
soustraite à son détenteur. Le formulaire de l'officialité
épiscopale confirme clairement leurs propos : le doyen rural ne peut, en
effet, laisser son bénéfice vacant que per mortem ou per liberam
resignationem.79
72. TOUSSAINT, F., Ibid., p. 71.
73. ALHAUS, J., Die Landdekanate des Bisdums Konstanz im
Mittelalter, dans Kirchliche Abhandlungen, fasc. 109, Stuttgart, 1929, p.
119.
74. FOURNIER, E., Nouvelles Recherches sur les curies, chapitres
et universités de l'ancienne Eglise de France, Arras, 1942, p. 253.
75. ROBYNS, O., Het Landdekanat Beringen en zijne dekens, dans
Limburg, t. 6, Maaseik-Hasselt, 1925, p. 50.
76. TOUSSAINT, F., Ibid., pp. 74-80.
77. PAQUAY, J., les Synodes au diocèse de Liège,
dans Leod., t. 15, Liège, 1922, p. 19.
78. HALKIN, L.-E., Réforme protestante et Réforme
catholique au diocèse de Liège, p. 66, note 6.
79. LAENEN, J., Ibid., p. 176.
Au début du XIIIe siècle, le pape Alexandre III
précise que le doyen rural ne peut être démis de ses
fonctions que sur une décision commune de l'évêque et de
l'archidiacre. Il insiste aussi sur le caractère exceptionnel que doit
revêtir une telle résolution.80 Dans les diocèses de Reims,
Bâle et Strasbourg, le motif de la révocation doit être une
faute grave, sanctionnée le plus souvent par l'excommunication. Le fait
qu'un doyen, qui n'est pas encore prêtre au moment de son
élection, ne le soit pas devenu dans le temps qui lui a
été imparti constitue aussi un argument suffisant pour le
remplacer.81 Le même sort peut lui être réservé si,
à l'occasion d'un contrôle ou d'une contestation, il ne peut
prouver, par la présentation des lettres testimoniales, la
régularité de son entrée en fonctions.82
L'incapacité physique ou mentale à assumer les
fonctions de doyen, si elle est manifeste, peut théoriquement engendrer
les mêmes conséquences.83
Dans le diocèse de Liège, il est très
difficile de déchoir un archiprêtre. Seulement deux cas, où
une destitution a été envisagée, ont été
relevés dans nos régions. Ces destitutions ne sont le fait ni
d'un évêque, ni d'un archidiacre et aucune des deux n'a abouti
à la révocation du doyen. La première date du mois de
décembre 1254 : le doyen de Graide, frappé d'excommunication par
le prieur de Menimes,84 ayant plaidé sa cause auprès du pape,
obtient la levée de cette sentence.85 L'autre, déjà
évoquée au paragraphe précédent, concerne la perte
des lettres testimoniales par le doyen de Woensel, en août 1516, lors
d'une vérification entreprise par un légat romain.
80. FRIEDBERG, A., Ibid., col. 151-152 : quaesivisti utrum
decani rurales qui pro tempore statuuntur, ad mandatum tuum solum [episcopi],
vel archidiaconi vel etiam utriusque institui debeant vel destitui, si fuerint
amovendi. Ad hoc breviter respondeam quia cum ab omnibus quod omnes tangit,
approbari debeat et commune eorum decanus officium exerceat, communiter est
eligendus vel etiam amovendus.
81. TOUSSAINT, F., Ibid., p. 54.
82. CAUCHIE, A. et VAN HOVE, A., ibid.
83. BURCKLE, Ibid., p. 90.
84. Dans le diocèse de Reims.
85. GOFFINET, H., Cartulaire de l'abbaye d'Orval depuis
l'origine de ce monastère à l'année 1356 inclusivement,
époque de la réunion du comté de Chimay au duché de
Luxembourg, Bruxelles, 1879, p. 332.
Les statuts du concile de Susteren, au début du XIVe
siècle, ne mentionnent que deux raisons pouvant entraîner la
vacance du bénéfice décanal : la libre renonciation du
doyen ou le décès de celui-ci. Au XVIIe siècle, le concile
de Bastogne stipule que les fautes graves dont le doyen se rendrait coupable
provoqueraient sa destitution.86
Même un doyen qui change de paroisse ne peut, en aucun
cas, être démis de sa charge, même si son nouveau domicile
se trouve à l'extérieur du concile dont il est titulaire.87 Comme
rien ne lui défend de se faire élire dans le doyenné dont
dépend sa nouvelle paroisse, il lui est permis de cumuler la
présidence des deux districts.88
Mais le doyen rural peut, à tout moment, mettre
lui-même un terme à l'exercice de ses fonctions, pour les motifs
les plus divers : les nouvelles attributions, l'insuffisance des revenus, la
vieillesse ou la maladie.89 Cela ne l'empêche pas de continuer à
desservir la paroisse dont il est titulaire.
86. A.H.E.B., t. 5, pp. 408-409.
87. MUNSTERS, A., Ibid., p. 66.
88. LAENEN, J., Documents concernant la paroisse de Desschel,
dans A.H.E.B., t. 35, Louvain, 1909, p. 425. Dans cet acte, daté du 8
janvier 1271 (n. st.), un même personnage est présenté
comme étant decanus conciliorum de Woncele (Woensel) et de Beverle
(Beverlo, dans le district de Beringen). L'éditeur, perplexe, se demande
si Beverlo est l'ancienne dénomination du doyenné de Beringen, le
lieu de résidence du doyen ou une erreur du copiste. BROUETTE, E., les
Doyens de chrétienté dans le diocèse de Liège des
origines à la fin du XIIIe siècle, dans Leod., t. 58,
Liège, 1971, p. 27. Ayant découvert que ce doyen est titulaire de
la paroisse de Lummen, dans le district de Woensel, cet auteur conclut,
après avoir écarté la thèse peu fondée d'un
changement de dénomination, à une erreur du scribe. Mais il ne
tient pas compte que les doyens sont toujours élus parmi les
curés du concile et que, dans l'usage courant, la formule decanus de
Beverle est une abréviation usuelle de decanus de Beringen et presbyter
de Beverle. L'hypothèse la plus vraisemblable est que ce doyen de
Woensel ait quitté la paroisse de Lummen pour celle de Beverlo et que,
en toute régularité, il soit devenu doyen du district de
Beringen, dont dépend cette église. Dans ce cas, seule
l'inamovibilité de la charge permet d'expliquer qu'il soit resté
doyen de Woensel tout en étant élu à Beringen. Un
raisonnement semblable nous permet de conclure que ce personnage a aussi
été doyen de Fleurus (DE RIDDER, C.B., Encore quelques mots sur
Balen et Meerhout, dans A.H.E.B., t. 8, Louvain-Bruxelles, 1871, p. 361).
89. TOUSSAINT, F., ibid., p. 75.
CHAPITRE III.
SITUATION SOCIALE, INTELLECTUELLE ET ORIGINE
GEOGRAPHIQUE.
§1. Dépenses et revenus.
Le train de vie mené par le doyen rural est bien
supérieur à celui du prêtre de paroisse. Les fonctions
pastorales, cumulées à la charge décanale, sont
très lourdes à porter. C'est pourquoi, pour
célébrer l'office divin, les doyens ont pris l'habitude de se
faire remplacer par un vicaire à leur charge.1 Ils peuvent aussi
s'adjoindre les services d'un ou de plu- sieurs vice-doyens qu'ils doivent
rémunérer eux-mêmes. Dans le cadre de leurs fonctions,
l'entretien de chevaux leur est bien utile pour parcourir les chemins de leur
concile. Suivant les statuts de Jean de Flandre, deux doivent leur suffire pour
accomplir leur devoir de visite.2
Les doyens doivent supporter, seuls, les frais du voyage et du
séjour à Liège, le jeudi saint, ainsi que le repas qui y
est pris en communauté, ce qui pousse d'ailleurs certains à
commettre des exactions.3
Tous les prêtres du district et les détenteurs de
bénéfices ecclésiastiques sont traditionnellement tenus de
présenter à l'élu un don de joyeuse entrée, qui
compense partiellement le coût de l'élection.
L'évêque ainsi que l'archidiacre participent à cette
donation. Tout prêtre qui ne se résout pas à livrer au
doyen l'argent qui lui est exigé est passible de se faire rappeler
à l'ordre par l'official.4
Outre cette donation d'accueil, la charge décanale
comporte de nombreux avantages financiers. Au début du XVe
siècle, Jordan et Nicolas de Baest
1. CEYSSENS, J., Ibid., p. 183.
2. AVRIL, J., les Statuts synodaux de Jean de Flandre,
évêque de Liège (1288), dans B.S.A.H.L., t. 61,
Liège,
1995, p. 157.
3. AVRIL, J., Ibid., pp. 162-163.
4. Registrum I, f° 88. Registrum II,
f° 56. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 177-178.
informent le pape que le concile de Léau rapporte huit
marcs d'argent.5 Helmicus de Dyck évalue que la cure de Couvin et le
doyenné de Chimay lui rapportent ensemble de seize à vingt marcs
d'argent, soit entre quatre-vingts et cent florins d'or.6 Un siècle plus
tard, Henri Van der Scaeft se lamente en estimant les revenus annuels du
concile de Beringen à trente-cinq florins du Rhin seulement.7 Jean
Dompens écrit qu'en 1547, ce chiffre est monté à
trente-neuf florins, alors qu'en 1552, il n'est plus que de trente florins et
un stupher.8 Bien sûr, il est difficile de comparer les
différentes monnaies. De plus, contrairement aux chiffres avancés
par les doyens de Beringen, celui de Helmicus de Dyck comprend aussi les
revenus de la paroisse. Signalons aussi que le doyen de Chimay touche
probablement d'autres revenus, en tant que membre du clergé de
Münster et familier du cardinal de Plaisance.9 D'autre part, Van der
Scaeft mentionne qu'aux trente-cinq florins qu'il perçoit, il faut
ajouter plusieurs droits importants, dont ceux perçus lors de
l'institution de nouveaux curés et bénéficiers dans les
quartes-chapelles.10 Il est donc impossible de tirer une conclusion tant les
paramètres pris en compte par ces deux personnages sont
différents, mais notons tout de même que le gain annuel minimum de
Van der Scaeft est inférieur au coût de la partie administrative
de la procédure d'élection.11
Le cathedraticum et l'obsonium, perçus dans les
quartes-chapelles, reviennent intégralement au doyen de
chrétienté. Pour les églises entières et
médianes, il ne perçoit qu'un neuvième du droit
cathédratique. Au début du XVIe siècle, le droit
cathédratique s'élève, pour les églises
entières, à soixante stuphers et six plackes ; pour les
médianes, à trente stuphers et trois plackes, et enfin, pour les
quartes-chapelles, à quinze stuphers et un placke et demi. Lors de la
perception de ces droits, chaque curé doit encore verser au doyen trois
stuphers pour frais de registre et de quittance. Celui-ci doit alors
s'acquitter de ces frais, dont le montant est bien sûr plus
élevé, auprès de l'évêque et de
l'archidiacre.12
5. BAIX, F., la Chambre apostolique et les Libri annatarum de
Martin V (1417- 1431), dans A.V.B., t. 14, Rome, 1947, p. 220.
6. BAIX, F., Doyens du concile de Chimay, dans Namurcum, t. 22,
Namur, 1947, pp. 12-13 (annexes).
7. Registrum I, f° 27. Registrum II,
f° 15. CEYSSENS, J., Ibid., p. 182.
8. Registrum compositionum, f° 30 et
f° 39.
9. BAIX, F., Ibid., p. 13.
10. Registrum I, f° 27. Registrum II,
f° 14. Registrum compositionum, f° 79.
11. Registrum I, f° 87. Registrum II,
f° 54.
12. MUNSTERS, A., Ibid. PAQUAY, J., Juridiction, p. 107, notes 1
et 2. Registrum I, f° 33. Registrum II, f° 15
v°.
Lors de l'institution d'un nouveau curé dans une
quarte-chapelle, le doyen perçoit le huitième, puis la
vingtième part des revenus annuels de cette église, des droits
fixes pour les lettres proclamatoires et les revenus de la cure durant la
vacance. Toutefois, le doyen a dû rémunérer un prêtre
pour administrer cette paroisse avant l'arrivée du nouveau
titulaire.13
La moitié des amendes perçues lors des synodes
paroissiaux revient au doyen, sauf si l'official de l'archidiacre est
convié à s'y rendre personnellement. Dans ce cas, le doyen ne
perçoit que le tiers du montant.14 Le principe selon lequel «une
once de juridiction vaut mieux que dix livres d'or»15 semble avoir
été d'application puisqu'il arrive, parfois, que les frais
nécessaires à la tenue de la séance surpassent les
revenus.16
Le doyen rural perçoit aussi le droit de
funérailles sur tous les nobles, les soldats, les prêtres et les
personnes de condition misérable. Les honoraires sont proportionnels
à la situation du défunt. Dans le doyenné de Beringen,
l'enterrement d'un clerc rapporte au doyen rural entre un florin et demi et six
florins du Rhin. De plus, le doyen reçoit l'offrande, un cierge, le
surplis, la barrette, le bréviaire et aussi, dans certains districts, le
plus beau meuble ayant appartenu au défunt. Au cours des
funérailles d'un noble, les héritiers déposent, sur le
drap mortuaire, une pièce d'or qui revient au doyen. Celui-ci s'empare
aussi de tous les biens meubles des comédiens, de certains soldats, des
gardes forestiers, des vagabonds, des prostituées et des lépreux.
Leurs possessions doivent éventuellement servir à payer leurs
dettes. Tout ce qui a appartenu aux lépreux doit, le plus souvent,
être brûlé. La demeure du doyen rural recèle donc,
parfois, une collection d'objets saugrenus. Henri Van der Scaeft raconte qu'au
décès d'un ménestrel, un de ses
prédécesseurs a hérité d'un instrument de musique
qu'il nomme tuba.17
Les gains d'argent peuvent aussi provenir des activités
que le doyen mène parallèlement à son office, notamment
pour l'apposition de son sceau.18
13. En 1572, Guillaume Van der Heesen écrit, à
la suite du registre de Dompens, le détail des revenus de l'institution
d'un curé dans son concile (Registrum compositionum, f°
79).
14. Registrum I, f° 52. Registrum II,
f° 31. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 201-202.
15. CEYSSENS, J., Ibid., p. 179.
16. Registrum I, f° 52. Registrum II,
f° 31 v°. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 201- 202.
17. Registrum I, f° 79. Registrum II,
f° 48. CEYSSENS, J., Ibid., p. 216-219.
18. CEYSSENS, J., Ibid., p. 208.
§2. La condition sociale.
La disparition totale des serfs, au XIIe siècle, et des
ministeriales, au siècle suivant, sonne le glas des principales
inégalités sociales et juridiques du Moyen Âge. C'est aussi
une époque marquée par une grande mobilité sociale, due
notamment à l'apparition du patriarcat urbain, dont le style de vie est
comparable à celui de la petite noblesse ou de la chevalerie. Notons
aussi que cette dernière adopte un mode d'existence de plus en plus
proche de celui de la noblesse, sans toutefois se confondre avec elle avant le
XIVe siècle.
Toute personne de sang noble qui détient des biens
féodaux et des droits seigneuriaux appartient à la noblesse.
Cette qualité est donc héréditaire.19
Avant le XIVe siècle, la plupart des sources restent
muettes quant au rang social des doyens ruraux. Néanmoins, la
présence de quelques grands lignages est manifeste. Henri de Dyck, doyen
de Léau et archidiacre de Liège, en est le meilleur exemple ; il
appartient à une famille seigneuriale originaire de la région
rhénane.20
D'autres doyens occupent des fonctions importantes, sans qu'il
soit possible de définir précisément leur origine, comme
Englebert, doyen de Louvain et président de la justice ducale de
Brabant21 et Michel, doyen de Thuin et prévôt du chapitre de
Walcourt.22 Maître Jean Crassawe, médecin de formation, est
cité comme doyen de ce même concile en 1257. Un an plus tard, il
devient coûtre du chapitre de Saint-Paul, à Nivelles et
collectionne une multitude de prébendes. En 1260, il entreprend un
nouveau voyage à Rome comme représentant du clergé
secondaire liégeois devant le Saint-Siège.23
19. CHOT-STASSART, S., le Chapitre cathédral de
Saint-Lambert, à Liège, au Moyen Âge. Nationalité,
condition juridique, sociale et intellectuelle des chanoines, mémoire
présenté à l'université de Liège en 1955,
pp. 89-92. VERCAUTEREN, F., Luttes sociales à Liège (XIIIe-XIVe
siècle) 2e éd., Bruxelles, 1946, pp. 12-34. LEJEUNE, J.,
Liège et son pays, Liège, 1948, pp. 275-273.
20. ROLAND, C.-G., Chartes namuroises inédites, dans
A.S.A.N., t. 27, Namur, 1908, pp. 68-70. CHOTSTASSART, Ibid., p. 71
(annexes).
21. WAUTERS, A., Chartes inédites extraites du cartulaire
de Saint-Nicaise de Reims, dans B.C.R.H., 4e série, t. 7, Bruxelles,
1880, p. 387.
22. BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté, des
origines au XIIIe siècle, p. 36.
23. WAUTERS, A., De l'origine des premiers développements
des libertés communales en Belgique, Bruxelles, 1968, pp. 185-186
(preuves). RENARDY, Ch, les Maîtres universitaires dans le diocèse
de Liège. Répertoire bibliographique (1140-1350), Paris, 1981,
pp. 338-339.
A partir du XIVe siècle, force est de constater que les
décanats ruraux reviennent de plus en plus souvent aux
représentants de certaines grandes familles. Bien qu'étant de
naissance illégitime, Helmicus de Dyck est le second du nom à
briguer le poste de doyen. Il appartient à l'entourage direct du
cardinal Branda de Castillone.24 Un nombre considérable de grands
lignages se retrouvent dans l'institution décanale : les la Roche,25 les
Boulant ou Roley,26 les Lambert,27 les Mettecoven,28 les Brandebourg,29 les
Mérode,30 les Heure-le-Romain,31 les Bierset,32 les Hodeige,33 les
Harroy,34 et les la Marck.35
24. BAIX, F., Ibid., pp. 12-13. 25. BROUETTE, E., les Libri
annatarum pour les pontificats d'Eugène IV à Alexandre VI, dans
A.V.B., t. 24, Rome, 1963, p. 63. A.E.L., fonds Le Fort, 1e partie, t. 20,
f° 14 (microfilm). 26. Jean de Boulant, doyen de Bastogne dans
la première moitié du XVIe siècle (DE THEUX DE MONTJARDIN,
J., le Chapitre de Saint-Lambert, à Liège, t. 3, Liège,
1872, pp. 62-63) et Guillaume de Boulant, doyen de Stavelot au XVe
siècle (GUILLAUME, D., Doyens du concile de Stavelot, dans Leod., t. 8,
Liège, 198, p. 147. DE THEUX DE MONTJARDIN, Ibid., p. 62). A.E.L, ibid,
t. 4, f° 2 et 4.
27. DE VILLERMONT, Aublain, Anvers, 1883, pp. 169-170 et
172-173. BAIX, F., Doyens du concile de Florennes, dans A.H.E.B., t. 36,
Louvain, 1910, pp. 105- 123. Geoffroi Lambert est le fils d'Ide de Wanlin.
28. A.E.L., ibid., t. 15, p. 19. STRAVEN, F., Inventaire
analytique et chronologique des archives de la ville de Saint-Trond, t. 2,
Saint-Trond, 1886, p. 456.
29. WÜRTH-PAQUET, M.F.X. et VAN WERVEKE, N., Archives de
Clervaux, analysées et publiées, dans P.S.H.Lux, t. 36,
Luxembourg, 1883, p. 309. A.E.L., ibid., t. 4, f° 116.
30. VANNERUS, J., Ibid., p. 9. DE THEUX DE MONTJARDIN, J.,
Ibid., t. 3, pp. 54- 55.
31. Gilles d'Heure-le-Romain, curé de Redu et doyen de
Graide v. 350 (DE BORMAN, C. et PONCELET, E., Oeuvres de Jacques de Hemricourt,
t. 2, le Miroir des nobles de Hesbaye. Codex diplomaticus. Tableaux
généalogiques, Bruxelles, 1925, p. 252. PONCELET, E., Inventaire
analytique des chartes de la collégiale Sainte-Croix, t. 1, Bruxelles,
1911, pp. XCVI, CXXIX, CXXXIX, CXXXIX, CLX. SCHOOLMMEESTERS, E., Recueil de
lettres adressées aux papes et cardinaux pour les affaires de la
principauté de Liège, dans A.H.E.B., t. 15, Louvain-Bruxelles, p.
49).
32. A.Ev.L., obituaire de la collégiale
Saint-Martin-en-Ile, f° 182. A.E.L., ibid., t. 3,
f° 130.
33. A.E.L., archives de l'abbaye du Val-Saint-Lambert, chartrier
(24 novembre 1426). BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté, p.
10.
34. A.E.N., cartulaire de l'abbaye de Florennes,
f° 31 et 32 v°. A.E.L., fonds Le Fort, t. 10,
f° 145. Cénotaphe de saint Walhère à
Onhaye (v. illustration p. 166).
35. Philippe de la Marck serait le neveu du cardinal
(A.Ev.L., Cantatorium concilii Rupefortensis (photocopies), f°
9. DE THEUX DE MONTJARDIN, J., Ibid., t. 3, p. 52). Il faut cependant
déplorer les imprécisions considérables de l'auteur de ce
document qu'aucune autre source ne peut corroborer, ce qui rend cette
information quelque peu suspecte. Il n'est pas exclu que celui-ci ait pu
confondre ce personnage avec son homonyme, le curé de Serinchamps, qui a
vécu un demi-siècle plus tard (CHESTRET DE HANEFFE, J., Histoire
de la maison de la Marck, Liège, 1898, p. 272). Une erreur de plus d'un
siècle a été relevée pour
d'autres doyens recensés dans cette liste. Quant
à Josse de la Marck, doyen d'Ouffet au milieu du XVe siècle, nous
n'avons pu le replacer dans l'arbre généalogique de cette
famille.
Les arbres généalogiques des familles de
Bléhen,36 d'Ochain,37 de Vaulx,38 de Liers39 et Boileau40 sont trop
incomplets pour pouvoir y replacer leurs membres promus au décanat
rural. Remarquons que plusieurs lignages comptent, parmi leurs membres, deux
doyens ruraux, qui exercent généralement à la même
époque. La famille de Baest, par exemple, en compte probablement
trois.41
Dans son étude sur les prêtres dans le Brabant
septentrional, Arnoud-Jan Bijsterveld a constaté que près de la
moitié de ceux-ci vivent dans la pauvreté et que l'autre
moitié a un mode de vie aisé. Le nombre de nobles varie aux
alentours de 5%.42 La condition sociale de la majorité des doyens ruraux
semble donc nettement supérieure à celle des curés qu'ils
doivent administrer. Cependant, n'oublions pas que c'est uniquement parmi
ceux-ci qu'ils sont élus.
Le fait d'élire quelqu'un d'important comme doyen peut-il
constituer un quelconque avantage pour les membres du concile? Nous ne
connaissons pas de cas
36. Nicolas de Bléhen, doyen de Chimay à la fin
du XIVe siècle (BRIEGLEB, P. et LARET-KAYSER, A., Suppliques de
Benoît XIII (1394-1422), dans A.V.B., Rome, 1973, p. 58) ne figure ni
dans les oeuvres de Jacques de Hemricourt, ni dans les manuscrits Le Fort.
37. Gérard d'Ochain, doyen d'Ouffet au milieu du XIVe
siècle (HALKIN, J. et ROLAND, C.-G., Cartulaire de l'abbaye de
Stavelot-Malmedy, t. 2, Bruxelles, 1930, p. 290) et Gauthier d'Ochain, doyen de
Rochefort à la même époque (BERLIERE, U., Suppliques
d'Innocent VI, dans A.V.B., t. 5, Rome, 1911, p. 56). Leur éventuel lien
de parenté reste inconnu.
38. Pholien de Vaulx, doyen de Chimay au milieu du XVIe
siècle (PONCELET, E., Inventaire analytique des chartes de la
collégiale Saint-Pierre, à Liège, Bruxelles, 1906, p.
XXXVI. A.E.L., ibid., t. 23, f° 13). Ce personnage n'a pas
été recencé par Le Fort (t. 23, f° 13 et
suivants).
39. Philippe de Liers, doyen de Rochefort en 1401 (A.E.A.,
chartrier du prieuré du Val-des-Ecoliers, à Houffalize).
40. Henri Boileau, successeur de Philippe de Liers (A.Ev.L.,
Ibid., f° 9). Aucun de ces deux doyens n'apparaît, ni
dans les ouvrages de Jacques de Hemricourt, ni dans ceux de Le Fort.
41. Jean de Baest, doyen de Tongres au milieu du XVe
siècle (DARIS, J., Histoire du diocèse et de la
principauté de Liège durant le XVe siècle, Bruxelles,
1974, p. 241), Jordan de Baest, son successeur à ce poste (A.G.R.,
cartulaire de l'abbaye de Herkenrode, f° 70) et Nicolas de
Baest, recommandé par ce dernier auprès du pape pour le
doyenné de Léau (BAIX, F., la Chambre apostolique, p. 220). Nous
n'avons pas pu établir les liens de parenté entre ces trois
personnages, mais leur proximité et leurs contacts nous permettent de
penser qu'ils appartiennent à la même famille. Le même
raisonnement pourrait être tenu pour Arnould de Bruexhem, doyen de
Susteren au début du XVIe siècle (HABETS, J., Geschiedenis van
het tegenwoordig bisdom Roermond, t. 1, Roermond, 1875, p. 404) et Jean de
Bruexhem, doyen du même concile au milieu de ce siècle (HABETS,
J., Ibid., p. 405), ainsi que pour Hermann Gruyter, doyen de Wassenberg
à la fin du XVe siècle (HABETS, J., Ibid., p. 413) et Jean
Gruyter, doyen de Woensel à la même époque (VAN BAVEL, H.
et PRAEM, O., Regesten van het archief van de abdij van Berne (1400-1500),
Heeswijk, 1990, p. 78).
42. BIJSTERVELD, A.J.A., Laverend Tussen Kerk en wereld : de
pastoors in Noord-Brabant (1400-1570), Nimègue, 1993, p. 106.
où un doyen rural aurait profité de sa condition
élevée pour faire prévaloir les intérêts de
son district. Cependant, on pourrait penser que l'éloignement,
lié le plus souvent à une dignité assez
élevée, peut être un avantage pour des prêtres
souhaitant se débarrasser du regard inquisiteur de l'oculus episcopi.
§3. Lieux d'origine des doyens.
Comme nous l'avons signalé précédemment,
le doyen est traditionnellement recruté parmi les prêtres du
concile et aucun doyen connu n'a dérogé à cette
coutume.
De plus, la circulation des prêtres est strictement
réglementée : tout prêtre étranger au concile doit
être muni d'une autorisation archidiaconale pour pouvoir professer.43
Une des difficultés les plus importantes est celle de
la langue. Jean de Flandre stipule, par exemple, que les statuts synodaux
doivent être expliqués aux curés par les doyens ruraux in
lingua propria.44 Or, le diocèse de Liège est subdivisé en
deux parties : l'une, latine, l'autre, germanique. En plus, chacune d'elles est
fragmentée en diverses régions où sont parlés des
dialectes différents. Helmicus de Dyck, par exemple, ne comprend pas la
langue parlée dans son doyenné.45 Mais peu lui en importe, vu
qu'il passe probablement le plus clair de son temps auprès du cardinal
de Plaisance et dans le diocèse de Münster,46 se faisant remplacer
dans le concile de Chimay par une vice-doyen.47
Ces trois facteurs se conjuguent et provoquent, logiquement,
une certaine immobilité des prêtres. Toutefois, un autre
élément important entre en ligne de compte et agit dans le sens
opposé : ce sont les paroisses dont le ministère a
été attribué aux chapitres réguliers et, surtout,
séculiers.48
43. AVRIL, J., Ibid., pp. 121 et 141.
44. AVRIL, J., Ibid., p. 161.
45. BAIX, F., Ibid., p. 13 : non obstante quod prefatus Helmicus
ydeoma illarum partium perfecte loqui nesciat nec etiam intelligat.
46. BAIX, F., Ibid., p. 13.
47. BAIX, F., Ibid., p. 12.
48. TOUSSAINT, F., Election et sortie de charge, p. 61.
Le bénéfice décanal intéresse, en
premier lieu, les chanoines de Saint-Lambert, dont le premier à avoir
brigué cette charge n'est autre que Henri de Dyck, doyen de Léau
au début du XIIIe siècle.49 Il sera imité par Gauthier
Backer, doyen de Hilvarenbeek à la fin du XIVe siècle,50 Arnold
Buck, de Boisle-Duc, doyen de Chimay au début du XVe siècle,51
Jean Godefroi, doyen de SaintTrond,52 Guillaume de Boulant ou de Roley, doyen
de Stavelot,53 Nicolas de Baest, doyen de Tongres,54 Jordan de Baest, doyen de
Léau,55 puis, dans la première moitié du siècle
suivant, Christian d'Havelange ou Daveloes, doyen d'Ouffet,56 Jean de Boulant
ou de Roley doyen de Bastogne,57 Philippe de la Marck,58 doyen de Rochefort et
Englebert, baron de Mérode et doyen de Bastogne.59
Le critère linguistique est donc
généralement respecté. Mis à part Arnold Buck, tous
les chanoines qui semblent provenir d'un milieu germanique administrent des
conciles situés, en tout ou en partie, dans la partie thioise du
diocèse, alors que les doyens originaires des contrées de langue
romane sont placés à la tête de circonscriptions se situant
dans le sud de l'évêché.
La même constatation doit être établie pour
les membres des autres chapitres de la cité. Jean Rusener occupe, de
1439 à 1456, le poste privilégié de doyen de
49. ROLAND, C.-G., Chartes namuroises inédites, pp.
68-70. CHOT-STASSART, S., Ibid., p. 71 (annexes).
50. BAIX, F., la Chambre apostolique, p. CCLVI.
51. Epitaphe éditée par DE THEUX DE MONTJARDIN,
J., Ibid., t. 2, p. 179. BAIX, F., les Doyens de Chimay, pp. 12-13.
CHOT-STASSART, S., Ibid., p. 228.
52. BROUETTE, E., Liste provisoire, p. 14.
53. GUILLEAUME, D., Ibid., p. 147. DE THEUX DE MONTJARDIN,
Ibid., p. 62.
54. A.G.R., cartulaire de l'abbaye de Herkenrode,
f° 70.
55. BAIX, F., la Chambre apostolique, p. 220.
56. DE THEUX DE MONTJARDIN, J., Ibid., t. 3, p. 23.
57. DE THEUX DE MONTJARDIN, J., Ibid., t. 3, pp. 62-63.
58. A.Ev.L., Ibid., f° 9. DE THEUX DE
MONTJARDIN, J., Ibid., t. 3, p. 52
59. VANNERUS, J., Ibid., p. 9. DE THEUX DE MONTJARDIN, J.,
Ibid., t. 3, pp. 54- 55.
Sainte-Croix, ainsi que le bénéfice
décanal de Hilvarenbeek.60 Les autres membres de cette collégiale
sont Denis de Somprez,61 doyen de Stavelot, qui en est le chantre à
partir de 1508, et Christian d'Havelange.62
Le chapitre de Saint-Paul est représenté par
Jean Crassawe, doyen de Thuin,63 dont nous avons déjà eu
l'occasion d'évoquer la brillante carrière, Jean de Bierset,
doyen de Hozémont au milieu du XIVe siècle,64 maître
Thierry de Hockelem, doyen de Léau au début du siècle
suivant,65 Henri du Mont66 et Jacques de Villers,67 tous deux doyens de
Bastogne, respectivement à la fin du XVe siècle et au
début du XVIe.
Plusieurs doyens ruraux appartiennent au chapitre de
Saint-Jean l'Evangéliste : Arnould de Brunshorn, doyen de Graide au XVe
siècle,68 Nicolas Mouton, doyen d'Ouffet,69 maître Arnold Buck,
à la même époque70 et maître Tilman de Herkenrode,
doyen de Ciney au début du XVIe siècle.71 Pholien de Vaulx72 et
Arnold Buck,73 tous deux doyens du concile de Chimay, ont eu l'honneur
d'être élus doyens de Saint-Denis. Notons enfin que
60. PONCELET, E., Sainte-Croix, à Liège, t. 1, pp.
LXIV, CLI, CLXVII et CLXXXI. LEDUC, B., la Collégiale de Sainte-Croix au
Moyen Âge, mémoire de licence
présenté à
l'Université de Liège en 1981, t. 3, pp. 127-128.
61. PONCELET, E., Ibid., t. 1, p. LXXIV et errata, t. 2, p. 295.
LEDUC, B., Ibid., pp. 134-135. 62. PONCELET, E., Ibid., , pp. LXV et CIX.
LEDUC, B.,
Ibid., pp. 37-38.
63. WAUTERS, A., Ibid., pp. 185-186. RENARDY, Ch., Ibid., pp.
338-339. 64.
A.E.L., chartrier de l'abbaye de Saint-Jacques (4 mai, entre 1338
et 1356)
65. BAIX, F., la Chambre apostolique, p. 220.
66. A.E.L., archives de Sainte-Croix, cartulaire III,
f° 227 et 228 (PONCELET, E., Ibid., pp. 73 et 97).
67. HABRAN, V., Coutumier ecclésiastique du
doyenné de Bastogne, dans A.I.A.Lux., t. 58, Arlon, 1929, p. 12.
68. A.E.L., liber primus testamentorum. LAHAYE, L., Chartes de
Saint-Jean l'Evangéliste, Bruxelles, 1921, p. LX.
69. LAHAYE, L., Ibid., p. LXXXIX.
70. BAIX, F., Doyens du concile de Chimay, dans Nam., t. 22,
Namur, 1947, p. 9.
71. Millénaire de la collégiale Saint-Jean,
à Liège. Exposition d'art et d'histoire, Liège, 1982, p.
224.
72. PONCELET, E., Inventaire analytique des chartes de la
collégiale Saint-Pierre, à Liège, Bruxelles, 1906, p.
XXXVI.
73. BAIX, F., Ibid., pp. 12-13 (annexes).
Jean Crassawe cumule les nombreux bénéfices
cités avec le canonicat du chapitre de Saint-Pierre.74
Les chapitres ruraux jouissent d'un rayonnement beaucoup plus
limité. Les membres en sont le plus souvent réduits à
devenir doyens du concile où se situe la collégiale ou d'un
concile tout proche. Par exemple, Alard de Couvin, doyen de Chimay au milieu du
XIVe siècle,75 Jacques de Rosières, doyen de Fleurus,
probablement à la même époque76 et Gauthier Gruter, doyen
de Florennes, un siècle plus tard,77 font tous trois partie de l'ordre
des Prémontrés du chapitre de Floreffe. Remarquons aussi la
mainmise des membres de l'abbaye d'Averbode sur le concile de Beringen : de la
fin du XVe siècle au milieu du siècle suivant, la plupart des
doyens de ce district en font partie.78 Notons enfin que quelques doyens ruraux
font partie de chapitres extérieurs au diocèse : Saint-Etienne
à Metz,79 Saint-Germain à Montfaucon (Paris)80 et
Trèves.81
Nos conclusions sont donc similaires à celles
d'Arnoud-Jan Bijsterveld, qui a établi qu'une majorité de
prêtres brabançons proviennent du diocèse de
Liège.82 Dans son étude sur la fonction épiscopale aux
XIIIe et XIVe siècles, Alain Marchandisse démontre que les
princes-évêques Adolphe et Englebert de la Marck ont
drainé, à Liège, un ensemble de prêtres allemands.83
Etant donné que les doyens sont élus par les curés de leur
concile, il n'y a donc rien d'étonnant à ce que nous ne puissions
corroborer ses propos.
74. RENARDY, Ch., Ibid., pp. 338-339.
75. ROLAND, G. et ROLAND, C.-G., les Doyens du concile de
Chimay, dans Nam, t. 12, 1935, p. 60.
76. BARBIER, J., Nécrologe de Floreffe, dans A.H.E.B., t.
8, Louvain, 1876, p. 203.
77. BARBIER, J., Ibid., p. 216.
78. Il s'agit de Jean Raymakers (SLECHTEN, G., Necrologium
monasterii S. Mariae sanctique Johannis Baptistae in Averbode ordinis
Praemonstratensis, Averbode, 1983, pp. 76-77), de Gauthier Wytmans (SLECHTEN,
G., Ibid., pp. 302-303), de Henri Van der Scaeft (SLECHTEN, G., Ibid. Averbode,
1983, pp. 290-291) et de Guillaume Van der Heesen (CEYSSENS, J., Ibid., p. 146
et ROBYNS, O., Ibid., pp. 50-51).
79. Henri de Romagne, doyen de Bastogne à la fin du XIVe
siècle (A.E.A., cartulaire de Houffalize, f° 57).
80. Nicolas de Bléhen (BRIGLEB, P. et LARET-KAYSER, A.,
Ibid., p. 58).
81. Frédéric de Brandebourg (WÜRTH-PAQUET,
M.F.X. et VAN WERVEKE, N., Ibid., p. 309).
82. BIJSTERVELD, A.J.A., Ibid., pp. 91-94.
83. MARCHANDISSE, A., la Fonction épiscopale, à
Liège, aux XIIIe et XIVe siècles. Etude de politologie
historique, Genève, 1998, p. 316.
§4. La formation intellectuelle.
Les universitaires apparaissent, à la tête des
doyennés, dès le premier tiers du XIIIe siècle. Premier
maître à remplir les fonctions décanales, Simon de
Libertange84 sera bientôt rejoint par d'autres : Nicolas, doyen de
Thuin,85 Gérard, doyen de Fleurus,86 Herbrand d'Affremont, doyen de
Jodoigne87 et Jean Crassawe, que nous avons déjà cité
antérieurement.88 Le XIVe siècle est pauvre en doyens
diplômés. Deux seulement sont connus pour la fin de ce
siècle : maître Jean Bye89 et maître Jean Poncelet.90 Quant
à Pierre de la Meuse,91 nul ne sait s'il a réussi ses
études à Cologne. Les universitaires réapparaissent en un
nombre beaucoup plus significatif durant les XVe et XVIe siècles, sans
toutefois marquer l'évolution du décanat rural de leur empreinte.
Ils se sont généralement spécialisés en droit
canon. Tel est le cas, au XVe siècle, d'Arnold Buck, doyen de Chimay92
puis, au siècle suivant, de Pierre Boels93 et de Barthélemy
Nicolas,94 tous deux doyens de Bastogne, de Henri Van der Scaeft, doyen de
Beringen,95 Christian
84. A.G.R., cartulaire du prieuré de Mellemont,
f° 159. RENARDY, Ch., Ibid., pp. 443-444.
85. PONCELET, E., Chartes du prieuré d'Oignies, dans
A.S.A.N., t. 31, Namur, 1912, p. 148. RENARDY, Ch., Ibid., p. 397.
86. PONCELET, E., Ibid., p. 90. BARBIER, J., Nécrologe de
Floreffe, p. 203. RENARDY, Ch., Ibid., p. 234.
87. BARBIER, V., Cartulaire de l'abbaye de Malonne, dans
A.H.E.B., t. 20, Louvain-Bruxelles, 1886, p. 28.
88. WAUTERS, A., Ibid., pp. 185-186. RENARDY, Ch., Ibid., pp.
338-339.
89. GASTOUT, M., Suppliques et lettres d'Urbain VI et de
Boniface IX, dans A.V.B., t. 29, Rome, 1976, p. 236.
90. BRIEGLEB, P. et LARET-KAYSER, A., Ibid., pp. 36 et 182.
91. HEINRICHS, H. et BROICH, J., Kirchengeschichte des
Wassenberges Räumes, Geilenkirchen, 1958, p. 238.
92. DE THEUX DE MONTJARDIN, J., le Chapitre de Saint-Lambert,
à Liège, t. 2, Bruxelles, 1871, p. 179. BAIX, F., les Doyens de
Chimay, pp. 12-13.
93. GUILLEAUME, D., la Publication des décrets du concile
de Trente à Bastogne, dans Leod., t. 8, Liège, 1909, p. 141.
94. A.E.A., fonds Wirion
95. Registrum I, f° 68-69. Registrum II,
f° 35. SLECHTEN, G., Ibid., p. 290-291. GOVAERTS, L.,
Ecrivains, artistes et savants de l'ordre des Prémontrés.
Dictionnaire biobibliographique, t. 2, Bruxelles, 1902, pp. 285-286. ROBYNS,
O., Ibid., pp. 51-52.
d'Havelange, doyen d'Ouffet96 et de Charles Nicquet, doyen de
Fleurus.97 Leur présence à la tête des doyennés
ruraux est clairement exprimée par le vingtième canon du concile
de Cologne de 1536 : Ad has functiones uiros tantum assumant cum doctrina
praestantes, tum uitae innocentis inculpataeque qui nullius criminis labe
notabiles, officium suum irreprehensilibiter exsequantur.98
Comme nous l'avons vu, la présence des chapitres de la
cité de Liège s'affermit à partir du XVe siècle.
Or, la formation intellectuelle de ces chanoines est souvent fort
élevée. Béatrice Leduc a récemment
démontré que, dès 1423, le chapitre collégial de
Sainte-Croix oblige les jeunes chanoines à recevoir une formation de
base en grammaire et en logique dans un établissement extérieur
à la cité de Liège. A partir de dix-huit ans, ceux-ci
étudieront pendant quatre ans dans un studium. Si, durant le XIVe
siècle, deux années passées dans une université
suffisent à l'émancipation canoniale, trois seront exigées
tout au long du siècle suivant.99 Le chapitre de Saint-Lambert a
largement contribué à l'éclat de la vie intellectuelle
liégeoise. L'école cathédrale, où les chanoines
reçoivent leur formation de base, jouit d'une réputation
considérable. Les laïcs et les clercs sont formés
séparément. Selon Godefroid Kurth, l'instruction dispensée
par cet institut à ces derniers est comparable à celle d'un grand
séminaire actuel.100
§5. La vie quotidienne.
Les doyens ruraux semblent constituer un ensemble fort
disparate. Les revenus du décanat, nous l'avons vu, varient beaucoup
d'un concile à l'autre. De plus, ils dépendent étroitement
d'éléments occasionnels tels que le nombre d'institutions de
nouveaux prêtres et le nombre de décès de nobles, de clercs
et de vagabonds. D'autre part, il ne faut pas perdre de vue que l'Eglise joue
un rôle de promoteur social : des roturiers peuvent accéder
à des postes élevés, parfois supérieurs à
ceux des nobles.
96. PONCELET, E., Sainte-Croix, t. 1, pp. LXV et CIX. DE THEUX
DE MONTJARDIN, J., Ibid., t. 3, p. 23.
97. PONCELET ,E., Ibid., pp. XXVIII, LXV et LXVI.
98. MANSI, G.D., Ibid., t. 32, Paris-Leipzig, 1901, col.
1293.
99. LEDUC, B., Ibid., t. 1, pp. 227-228.
100. CHOT-STASSART, S., Ibid., p. 135. DARIS, J., Notices sur
les églises du diocèse de Liège, t. 3, Louvain, 1872, pp.
225-236. KURTH, G., Notger de Liège et la civilisation au Xe
siècle, Paris, 1905, pp. 261-262.
Tentons, dans un premier temps, d'établir le profil
type d'un doyen rural de condition aisée, sur base de divers
éléments dont nous disposons, au risque de décrire un mode
de vie qu'aucun doyen n'a partagé dans sa totalité. Une
première remarque s'impose : certains doyens ruraux ont souvent pour
habitude de cumuler les bénéfices, ce qui, de fait, les
empêche de se consacrer à la tâche décanale.
Quelques-uns fréquentent des ecclésiastiques de haut rang, se
faisant remplacer, dans leur district, par un vice-doyen.101 Ils
possèdent un patrimoine foncier considérable, qu'ils s'efforcent
même d'augmenter par l'acquisition de nouvelles seigneuries.102 A ce
sujet, le legs du doyen de Tongres en faveur de l'hôpital de
Saint-Mathieu à la Chaîne,103 et le testament de
Frédéric de Brandebourg, daté du 1er septembre 1503,104
sont assez éloquents. Ils s'entourent d'objets de luxe et, en amateurs
d'art avertis, commandent des objets liturgiques personnalisés
auprès des plus grands artistes de leur temps.105 La richesse de leurs
vêtements témoigne, elle aussi, de leur aisance.106 Comme tous les
grands princes territoriaux, ils s'adonnent aux plaisirs de la chasse, pour
laquelle ils élèvent des faucons.107
Le quotidien d'un doyen rural pauvre n'a rien de commun avec
ce qui vient d'être écrit.
Bien que beaucoup de doyens envieraient la condition de Henri
Van der Scaeft, celui-ci écrit, dans son ouvrage sur le décanat
rural : decanatus fere nihil habet in certis redditibus.108 Il ne faut
cependant pas perdre de vue que ce personnage est souvent excessif et qu'il
aime se plaindre, surtout pour des questions d'argent.
101. Helmicus de Dyck, familier du cardinal Branda de
Castillone (BAIX, F., Ibid., pp. 12-13), Nicolas de Bléhen, cubiculaire
du cardinal Pierre de Vergne (BRIGLEB, P. et LARET-KAYSER, A., Ibid., p. 58.)
et Gauthier Backer, familier du pape Boniface IX (BAIX, F., la Chambre
apostolique, p. CCLVI).
102. En 1532, Godefroi Lambert, doyen de Florennes, en plus
du fief de Roly, qu'il tient de sa mère, acquiert la seigneurie de
Sart-en-Fagne. DE VILLERMONT, Aublain, Anvers, 1883, pp. 169-170 et 172-173.
103. A.Ev.L., chartrier de l'hôpital
Saint-Mathieu-à-la-Chaîne (1281).
104. WÜRTH-PAQUET, M.F.X. et VAN WERVEKE, N., Ibid., p.
309. Une partie du testament de Frédéric de Brandebourg peut
être reconstituée à partir de celui de son frère.
105. En témoigne le calice de maître Tilman de
Herkenrode, chanoine de Saint-Jean et doyen de Ciney, dans la première
moitié du XVIe siècle, exécuté probablement par
Hans de Reutlingen. Le nom du doyen est d'ailleurs gravé sur cette
pièce conservée aujourd'hui au Rijksmuseum d'Amsterdam (photo
publiée dans Le Millénaire de la collégiale Saint-Jean, p.
224).
106. Cénotaphe de saint Walhère, à Onhaye
(illustration p. 166).
107. Cela leur a été interdit par Jean de Flandre,
dans le cadre des visites des paroisses (AVRIL, J., Ibid., p. 157).
108. Registrum I, f° 87. Registrum II,
f° 54.CEYSSENS, J., Ibid., p. 183.
CHAPITRE IV.
LE DOYEN ET SES FONCTIONS.
A. Droits et obligations.
§ 1. L'assistance aux synodes
généraux.
Depuis l'Antiquité jusqu'à la fin de l'Ancien
Régime, les synodes épiscopaux,1 qui réunissent autour de
l'évêque l'ensemble des prêtres qui en dépendent,
occupent une place prépondérante dans la gestion des
diocèses. Dans certaines régions de France, ils apparaissent
dès l'époque mérovingienne. Dans le diocèse de
Liège, dès la fin du VIIIe ou le début du IXe
siècle, l'évêque guide les prêtres dans l'exercice de
leur ministère par des capitula qui, selon certains historiens, seraient
expliquées lors des synodes diocésains. En fait, l'existence de
ces synodes n'est attestée qu'au Xe siècle.2 Son
développement est à mettre en rapport avec l'efflorescence du
christianisme dans les campagnes3 et à la volonté de
l'évêque d'affirmer partout son autorité.4 Les curés
y rendent compte de leurs activités et reçoivent, de
l'évêque, de nouvelles recommandations, dont certaines sont issues
des conciles provinciaux. Le prélat profite de cette assemblée
pour contrôler la discipline du clergé et pour rendre la
justice.5
Dès le Xe siècle, deux types de synodes coexistent6
: le synode général, qui se tient dans la cité
épiscopale, et le synode rural,7 véritable tribunal
1. LECLERCQ, H., Synode, dans Dictionnaire
d'archéologie chrétienne et de liturgie, t. 15, 2e part., Paris,
1953, col. 1837-1838. EID, E., Synode, dans Lexikon für Theologie und
Kirche, t. 9, Fribourg, 1964, col. 1237-1238.
LAIS, H., Konzil, dans le même dictionnaire, t. 6,
Fribourg, 1961, col. 525-532.
|
2.
|
AVRIL, J., Ibid., p. 28.
|
|
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|
|
3.
|
KUPPER, J.-L., Ibid., p. 255.
|
|
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|
|
4.
|
DAVENNE, G., les Synodes épiscopaux à Liège
du
|
Xe
|
au XIIIe
|
siècle,
|
(mémoire
|
|
de
|
licence présenté à l'Université de
Liège), 1947,
|
p.
|
233.
|
|
|
5.
|
KUPPER, J.-L., Ibid., p. 255.
|
|
|
|
|
6.
|
AVRIL, J., Ibid., p. 29.
|
|
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|
|
7.
|
Voir §2.
|
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itinérant présidé, à l'origine, par
l'évêque. Le rôle des doyens, nous le verrons, est
remarquable dans l'un comme dans l'autre.
Au début du XIe siècle, l'institution synodale
est parfaitement structurée. Elle est subdivisée en une session
religieuse et en une session mixte, à laquelle les grands seigneurs
laïcs sont conviés, et elle se tient sous deux formes : devant une
assemblée restreinte ou dans le cadre de l'audientia in generali
concilio.8 Il devient un instrument politique de tout premier ordre pour
l'évêque. Au cours de ce siècle, il accède au
faîte de sa gloire.9
Le synode général mixte se rassemble sur l'ordre
de l'évêque,10 à raison de deux fois par an, au printemps
et en automne.11 Pour des raisons pratiques, les deux sessions, mixte et
religieuse, se tiennent au même moment.12 La compétence du synode
général s'étend à tout ce qui relève du
pouvoir épiscopal, en plus des compétences d'ordre temporel. Les
participants y débattent du culte des saints, de l'élection
d'abbés, de la discipline des clercs, de querelles entre
monastères, de conflits entre monastères et laïcs, de
contesta- tions relatives aux dîmes et aux prébendes,
d'hérésies et d'outrages à l'autorité
épisco- pale. Il exerce aussi une juridiction gracieuse. Il va de soi
que les affaires temporelles ne concernent pas l'ensemble du diocèse,
mais seulement la terre de saint Lambert.13
Dès le milieu du XIIe siècle, cette institution
décline irrémédiablement.14 Selon Joseph Avril, cette
décadence s'explique par une poussée à la fois interne et
externe.15 L'évêque, véritable souverain foncier, voit son
pouvoir se
8. KUPPER, J.-L., Ibid., p. 257.
9. DAVENNE, G., Ibid., p. 234.
10. KUPPER, J.-L., Ibid., p. 258.
11. DAVENNE, G., Ibid., pp. 64-66, pense qu'il y en a trois.
Par contre, KUPPER, J.-L., Ibid., pp. 259-260, pense que la session de
février-mars serait une «session de rechange». Selon AVRIL,
J., Ibid., p. 32, la règle des deux synodes annuels souffre de
nombreuses exceptions.
12. KUPPER, J.-L., Ibid., p. 258.
13. KUPPER, J.-L., Ibid., pp. 263-271.
14. DAVENNE, G., Ibid., p. 234.
15. AVRIL, J., Ibid., pp. 32-33.
maintenir intact seulement dans les limites de la terre de
saint Lambert, qui se transforme irrésistiblement en
principauté.16 Dès lors, au début du XIIIe siècle,
plusieurs seigneurs laïcs ne daignent plus participer au synode, dont ils
contestent aussi les institutions de paix. Par ailleurs, à la fin du
XIIe siècle, la victoire du pape sur l'Empire ne fait plus aucun doute.
L'évêque de Liège se rapproche de plus en plus de l'orbite
pontificale. Or, certains légats ont dénoncé les carences
de l'Eglise de Liège et la nécessité de certaines
réformes. L'influence du pontife romain se fait
omniprésente.17
Sous l'épiscopat de Hugues de Pierrepont, les pouvoirs
judiciaires du synode mixte sont répartis entre l'officialité de
l'évêque et celle des archidiacres.18 Cette évolution, nous
le verrons, a provoqué un impact important sur les synodes paroissiaux
qui, des mains de l'archidiacre, passent entre celles des doyens ruraux.19
Au début du XIIIe siècle, l'évêque
de Paris, Eude de Sully, rédige les Precepta ; il est très vite
imité par nombre de ses confrères. Au cours du XIIIe
siècle, l'archevêché de Cologne et la plupart des
diocèses voisins (Tournai, Cambrai, Arras et Münster), se dotent de
statuts synodaux.20 Quant au concile «national» de Würzburg, son
influence sur l'Eglise de Liège, ainsi que sur l'ensemble du
clergé de l'Empire, ne doit pas être négligée.21
Les évêques de Liège ressentent alors de
plus en plus le besoin de formuler par écrit un certain nombre de
résolutions et de les regrouper dans un ouvrage de
référence. A cet effet, Jean de Flandre réunit, en 1288,
dans la ville épiscopale, un important synode diocésain. Selon
Jean-Pierre Delville,21 le
16. Ce phénomène prend racine lors de
l'accession de Raoul de Zähringen au siège épiscopal.
KUPPER, J.-L., Raoul de Zähringen, évêque de Liège
(1161-1191). Contribution à l'histoire de la politique impériale
sur la Meuse moyenne, Bruxelles, 1974, p. 829.
17. AVRIL, J., Ibid., pp. 32-33.
18. DAVENNE, G., Ibid., pp. 212-220.
19. Voir §2.
20. AVRIL, J., Ibid., pp. 34-36 et 61. DELVILLE, J.-P.,
Synodes et statuts synodaux liégeois sous l'Ancien Régime,
(mémoire de licence présenté à l'Université
de Liège), 1973, pp. 2-4.
21. DELVILLE, J.-P., Ibid, p. 4.
moment est particulièrement bien choisi pour une telle
entreprise car l'évêque a réussi à rétablir
la paix, d'une part avec la cité de Liège et, d'autre part, avec
les Brabançons. Mais les villes et les nobles, écartés des
débats, s'insurgent lors de la proclamation de ces statuts. Jean de
Flandre rédige alors une lettre à leur attention, où il
s'explique notamment sur le sens précis des termes civitas, oppida et
villa. Mais cela ne suffit pas à calmer les protestataires, qui
informent le pape Nicolas IV du conflit qui les oppose à
l'évêque. Ce dernier est alors contraint de corriger certains
points des statuts. En 1291, il en publie une modération.22
L'ensemble du clergé liégeois se rassemble
encore en 1360 et en 1423 mais, cette fois, à l'invitation de papes ou
de légats pontificaux. La première réunion trouve son
origine dans la volonté d'Innocent IV de travailler à la
réforme du clergé.23 La seconde s'opère à
l'initiative de Martin V, afin de préparer le concile
général de Pavie.24
De nombreux troubles sévissent dans le diocèse
de Liège, au milieu du XVe siècle : outre la guerre contre les
Bourguignons, l'évêque doit surmonter des discordes avec le
clergé quant au soutien à apporter au pape Eugène IV.
Après avoir réuni les prêtres en 1337 et en 1339 à
propos de la conduite à adopter envers les mandements du concile de
Bâle, jugé schismatique par le pape, Jean de Heinsberg les
réunit une troisième fois, en 1445, dans l'optique de corroborer,
de préciser et de compléter les statuts de 1288. Il en profite
aussi pour demander les subsides nécessaires à l'attaque de
plusieurs châteaux détenus par l'ennemi. Les nouveaux statuts sont
promulgués en 1446.25
L'apparition du luthéranisme, à Wittenberg, en
1517, et sa rapide propagation poussent Erard de la Marck à convoquer un
synode diocésain, en 1526. Mais ses démarches ne sont pas
couronnées de succès car le clergé le soupçonne de
vouloir lui retirer ses exemptions.26 Il échoue à nouveau en
1535. Puis, en 1538, suite
22. DELVILLE, J.-P., Ibid., pp. 4 et 10-12.
23. DELVILLE, J.-P., Ibid., p. 16.
24. DELVILLE, J.-P., Ibid., p. 20.
25. DELVILLE, J.-P., Ibid., pp. 23-26.
26. VAN HOVE, A., Ibid., pp. 16-43. HALKIN, L.-E.,
Réforme protestante et Réforme catholique pp. 96-108 et
227-242.
à une nouvelle tentative de réunir le
clergé, les chanoines de la principauté, exaspérés
par la politique de l'évêque, décident d'émigrer
à Louvain.27 Son successeur, Georges d'Autriche, conserve les
mêmes objectifs. En 1548, la nécessité de publier la
Formula reformationis édictée par Charles Quint, en attendant les
conclusions du concile de Trente, lui fournit une excellente opportunité
pour réunir l'ensemble du clergé liégeois.28
Pour l'évêque, le synode est occasion
privilégiée pour transmettre à tous les membres du
clergé les décisions relatives au statut de chacun dans la
hiérarchie ecclésiastique. Comme tous les prêtres ne
peuvent, pour des raisons pratiques, se présenter simultanément
dans la cité mosane, seuls s'y rendent leurs
délégués. Ainsi, les curés des paroisses rurales
sont représentés par le doyen du concile, éventuellement
accompagné de l'un ou l'autre prêtre du district.29
Pour participer au synode, les doyens revêtent l'aube et
l'étole, alors que les curés ne portent que le surplis. Ils
doivent s'y rendre à jeun et ne peuvent se faire remplacer, sauf pour
des motifs graves qu'ils doivent transmettre à l'évêque.30
Leur présence est d'autant plus primordiale qu'ils ont le devoir de
diffuser et d'expliquer les statuts synodaux au clergé de leur district.
Pour cela, ils reçoivent chacun un exemplaire de l'ouvrage.
L'évêque insiste sur la parfaite compréhension de tous les
préceptes ; lui et son official se chargent eux-mêmes de
répondre aux questions des doyens qui n'en auraient pas bien saisi le
sens.31
C'est aussi au cours du synode diocésain que les doyens
présentent leurs comptes, en particulier ceux relatifs au cathedraticum,
taxe qui revient en partie à l'évêque.32 Ils lui rapportent
aussi les noms des prêtres décédés, des usuriers,
des faussaires et des excom- niés.33 Le prélat peut ainsi
gérer son diocèse avec soin.
27. DELVILLE, J.-P., pp. 28-34.
28. DELVILLE, J.-P., pp. 35-39.
29. AVRIL, J., Ibid., p. 95. DELVILLE, J.-P., pp. 92-94.
Cette obligation est toujours d'actualité dans la seconde moitié
du XVIIIe siècle (SOHET, D., Ibid., p. 88.
30. AVRIL, J., Ibid., p. 97.
31. AVRIL, J., Ibid., pp. 97, 161, 184 et 185.
32. KUPPER, J.-L., Liège et l'Eglise impériale, p.
255.
33. AVRIL, J., Ibid., pp. 109, 117, 161, 167 et 168.
Une fois retournés dans leur canton, les doyens doivent
convoquer un concile dans un délai de deux mois afin de savoir si tous
les prêtres se sont procuré une copie des statuts et s'ils en ont
compris le contenu. Jean de Flandre34 et Jean de Heinsberg35 prévoient
des sanctions très lourdes, allant jusqu'à l'excommunication,
pour les prêtres qui ne posséderaient pas les statuts.
§ 2. Le tribunal synodal.
L'origine du tribunal synodal remonte, selon le doyen Henri
Van der Scaeft, à des coutumes antiques, dont le souvenir a
vraisemblablement été perdu.36 Sans doute faut-il voir dans le
tribunal rural, dont l'apparition remonte à l'époque
carolingienne, l'ancêtre de l'institution décrite par le doyen de
Beringen. Dès le IXe siècle, l'évêque visite chaque
année les paroisses de son diocèse. Il y rend la justice et
interroge les prêtres sur la vie religieuse de l'endroit.37 Selon
Réginon de Prüm, la venue de l'évêque est
préparée par des prêtres et des diacres. Leur mission
essentielle consiste à s'informer des délits commis et ils
invitent des testes synodales, qu'ils soient ecclésiastiques ou
laïcs, à dénoncer, sous serment, tous les délits dont
ils ont connaissance, suivant la procédure de l'inquisitio per testes.
Les accusés comparaissent alors devant le juge. S'ils sont de condition
libre, un serment prêté au nom de l'Evangile suffit à les
innocenter ; s'ils ne le sont pas, ils doivent se soumettre au jugement de
Dieu.38 Il est probable que les visites épiscopales de
l'évêque de Liège se soient déroulées de
façon semblable.
34. AVRIL, J., Ibid., pp. 97, 161, 184 et 185.
35. SCHANNAT, J.-F., Ibid., p. 314.
36. Registrum I, f° 51. Registrum II,
f° 30 v°. CEYSSENS, J., Ibid., p. 198.
37. TOUSSAINT, F., les Doyens ruraux et les assemblées
synodales aux anciens diocèses de Liège et de Cambrai, dans
Miscellanea moralia in honorem Eximii Domini Arthur Janssen, Louvain et
Gembloux, 1948, p. 655.
38. REGINON DE PRÜM, De Ecclesiasticis dispiplinis et
religione christiana, éd. MIGNE, J.-P., Patrologiae cursus completus, t.
132, Petit-Montrouge, 1853, col. 280-281. Deux remarques s'imposent à
l'interprétation de Fernand Toussaint à propos de ce
témoignage :
- l'existence des doyens ruraux et des archidiacres n'est pas
prouvée à cette époque. Réginon de Prüm
n'utilise d'ailleurs guère les termes archipresbyter, decanus ou
archidiaconus mais seulement presbyter et diaconus. (MIGNE, J.-P., Ibid., col.
280-281).
- le rôle de ces différents personnages semble
très éloigné de celui qu'on leur connaît pour les
époques ultérieures, ce qui renforce la thèse selon
laquelle il n'est question, dans ce texte, ni de doyens ruraux, ni
d'archidiacres. (MIGNE, J.-P., Ibid., col. 280-281).
Dans le diocèse de Liège, les premières
traces d'une juridiction archidiaconale remontent au début du XIIe
siècle.39 Dès cette époque, la présidence des
synodes, confiée à l'archidiacre seul, apparaît
déjà comme une ancienne coutume.40
Au cours du XIIIe siècle, les archidiacres,
dotés de leur propre officialité, confèrent à leurs
vicaires forains et aux doyens ruraux la présidence de ce tribunal, si
bien qu'au milieu de ce siècle apparaît l'expression synodus
archidiaconi et decani ruralis.41 Toutefois, rien n'exclut qu'à
l'occasion, ils reprennent aux doyens cette concession.42 Selon l'abbé
Ceyssens, cette institution entame alors un long déclin dont le concile
de Trente sonnera le glas. A la base de cette décadence se trouveraient
l'ingratitude et la dépréciation du rôle de
l'échevin ainsi que le manque de rigueur des enquêtes, souvent
fondées sur de simples rumeurs.43
Le nombre décroissant des échevins serait donc
un des signes les plus marquants de l'enlisement des synodes paroissiaux. Selon
E. Proost, leur nombre s'élèverait originelle- ment à
sept, comme pour les plaids royaux.44 Or, au début du XVIe
siècle, dans le doyenné de Beringen, ils ne sont plus que
39. TANDEL, E., les Communes luxembourgeoises, t. 4, Arlon,
1891, p. 103. En 1104, l'archidiacre Bruno tient un synode à Andage.
40. MIRAEUS, A. et FOPPENS, J.-F., Opera diplomatica et
historica, t. 1, Louvain, 1723, p. 95.
41. MARCHAL, E., le Village et la paroisse d'Hodeige, dans
B.S.A.H.L., t. 15, Liège, 1906, p. 364 (documents).
42. GORISSEN, P., Fragment d'un registre aux causes synodales
touchant la ville de Namur (XIVe s.), dans Etudes sur l'histoire du pays mosan
au Moyen Âge, Bruxelles, 1958, pp.349-355. Ce registre, dont l'original
est en très mauvais état, cite, comme juges
ecclésiastiques, l'archidiacre, l'official de l'évêque, son
clerc forain et trois autres prêtres, mais pas de doyen rural. Pourtant,
les quelques mentions de délits préservées de la
désagrégation de ce parchemin (bagarres impliquant probablement
des membres du clergé et relations extra conjugales) nous laissent
penser qu'il s'agit là d'un synode paroissial. Deux possibilités
s'offrent à nous :
- les parties du texte relatives au doyen rural ont
été détruites.
- le doyen rural n'a pas été convié
à ce synode qui, à l'examen des noms des accusés et de
leur métier, s'avère être celui d'une ville importante :
Namur.
43. CEYSSENS, J., Ibid., p. 199-200. Les conclusions de
Ceyssens sont excessives, puisque Sohet mentionne l'existence de ce tribunal
dont la présidence est confiée aux doyens (SOHET, D, Ibid., p.
88).
44. PROOST, E., les Tribunaux ecclésiastiques en
Belgique, dans A.A.R.A., t. 28, Bruxelles, 1872, p. 13.
45. Registrum I, f° 51. Registrum II,
f° 30 v°. CEYSSENS, J., Ibid., p. 199.
quatre45; dans l'évêché de Cambrai, au
même moment, ils ne sont plus que deux.46 Suivant le raisonnement de
Fernand Toussaint,47 les échevins, choisis parmi les notables de
l'endroit, sont chargés de dénoncer au doyen les auteurs des
méfaits commis dans leur paroisse. Ils attirent à eux la
méfiance et la haine de la population. Seule une lourde amende peut
avoir raison de leur désistement. Leur tâche est d'autant plus
difficile et ingrate que l'inventaire des délits est établi
uniquement sur base de rumeurs. De la conjugaison de ces éléments
aurait résulté l'enlisement de ce tribunal ambulant.
Nous ne pensons pas que les synodes paroissiaux soient
tombés en désuétude pour ces raisons. Rien ne prouve que
les conclusions de Proost s'appliquent à tous les conciles du
diocèse de Liège. D'autre part, le doyen Van der Scaeft
décrit l'institution uniquement telle qu'elle se présente dans le
district de Beringen. L'enquête, fondée sur des on-dit, semble
pour le moins irrationnelle aux yeux de certains historiens. Pourtant, nous
savons que la mentalité médiévale est telle que seule la
crainte d'un châtiment divin suffit, dans la majeure partie des cas,
à pousser les gens à la délation, voire à
l'autoaccusation. Il n'y a donc pas de raison d'y voir une décadence des
synodes paroissiaux, dont les méthodes sont harmonisées avec la
mentalité de l'époque.
En fait, le déclin du synode paroissial trouve son
origine ailleurs. A partir du XIe siècle, certains couvents obtiennent
le droit d'exemption de la juridiction archidiaconale. En 1066,
l'évêque Théoduin accorde ce privilège au chapitre
Notre-Dame de Huy.48 En 1248, la visite canonique du chapitre de Tongres est
entreprise par un légat apostolique car lui seul est habilité
à inspecter les établissements exemptés.49 Dès la
fin du XIe siècle, des paroisses, placées sous l'égide de
certains de ces couvents, obtiennent, elles aussi, l'exemption de la
juridiction archidiaconale.50 En 1124, l'abbé de
46. LAENEN, J., Introduction à l'histoire paroissiale du
diocèse de Malines, pp. 321-322.
47. TOUSSAINT, F., Ibid., p. 659-661.
48. BORMANS, S. et SCHOOLMEESTERS, E., Notices sur un
cartulaire de l'ancienne église collégiale et archidiaconale de
Notre-Dame, à Huy, Bruxelles, 1873, pp. 12-13. JORIS, A., Villes,
affaires, mentalités : autour du pays mosan, Bruxelles, 1993, pp.
101-115.
49. PAQUAY, J., la Visite canonique de l'église de
Tongres en 1248, dans Leod., t. 3, Liège, 1904, pp. 56-63.
50. Une première liste des régions exemptes a
été dressée par DE MOREAU, E., Histoire de l'Eglise en
Belgique, t. suppl., Bruxelles, 1948, pp. 20-21.
Floreffe obtient le droit de rendre la justice dans la
paroisse du même nom, à l'exclusion de l'archidiacre et du
doyen.51 En 1139, l'abbé de Flône obtient les mêmes
privilèges pour l'ensemble des terres dépendant de son abbaye.52
En 1314, le chapitre cathédral annonce que, mis à part les
religieux desservant une paroisse non exempte, les membres de tous les
chapitres liégeois ne seraient plus jugés par un archidiacre.53
Or, c'est bien de celui-ci que dépendent les synodes paroissiaux.
Certains nobles seraient aussi parvenus à
échapper à la juridiction archidiaconale et à la
juridiction décanale qui en est issue. C'est du moins ce que mentionne
le concile de Cologne de 1266.54 Les synodes paroissiaux entraînent aussi
des révoltes au sein de la bourgeoisie, désireuse, elle aussi,
d'acquérir les droits d'exemption. Au XIIIe siècle, à
Saint-Trond, ils obtiennent gain de cause.55
Si la juridiction décanale décline lentement au
cours de cette période, ce n'est que durant les XIVe et XVe
siècles qu'elle s'affaiblit véritablement. La subordination des
synodes paroissiaux à la juridiction épiscopale est clairement
rappelée en 1337, par un précepte d'Adolphe de la Marck
adressé aux doyens ruraux et aux vicaires forains de l'archidiacre, afin
que ceux-ci soumettent à l'évêque la liste des
délits qu'ils ont jugés.56 Le prélat reprend ainsi le
contrôle de la justice locale. La décadence du tribunal synodal
est précipitée par les statuts diocésains de 1405, qui
affirment qu'aucun jugement rendu par un doyen rural ne peut être
considéré comme définitif.57 Quant à la paix Saint-
Jacques, elle corrobore l'ordonnance de 1337.58
51. BARBIER, J., Droits archidiaconaux de l'abbé de
Floreffe, dans A.H.E.B., t. 11, Louvain, 1874, pp. 472-473. Ce privilège
est confirmé par le pape Honorius III, en 1128, puis par
l'évêque Alexandre, en 1130. TOUSSAINT, F., l'Abbaye de Floreffe,
de l'ordre des Prémontrés, Namur, 1879, p. 11. BARBIER, V.,
Histoire de l'abbaye de Floreffe, t. 2, Namur, 1892, pp. 7-8.
52. EVRARD, M., Documents relatifs à l'abbaye de
Flône, dans A.H.E.B., t. 23, Louvain, 1892, pp. 301-302.
53. EVRARD, M., Ibid., p. 318.
54. MANSI, J.-B., Amplissima collectio, t. 23, Paris-Leipzig,
1903, col. 1141.
55. TOUSSAINT, F., Ibid., pp. 665-666.
56. BORMANS, S., Recueil des ordonnances ecclésiastiques
de la principauté de Liège (974-1506), Bruxelles, 1878, p.
420.
57. BORMANS, S., Ibid., pp. 418-419.
58. BORMANS, S., Ibid., p. 687. Voir aussi : HARSIN, P.,
Etudes critiques sur l'histoire de la principauté de Liège, t. 2,
le Règne d'Erard de la Marck (1505- 1538), Liège, 1955, pp.
236-237.
Il arrive aussi que les différentes juridictions de
l'Eglise de Liège se concurrencent entre elles. Ainsi, dans une liste du
XIVe siècle, reprenant les accusés invités à
comparaître devant le synode paroissial, figure étrangement un
chanoine d'une abbaye exempte de cette juridiction.59
Il faut toutefois relativiser la décadence progressive
des synodes paroissiaux liégeois. Les doyens ruraux ont toujours su
conserver l'exercice de leur juridiction, malgré les diverses exemptions
accordées aux bourgeois, aux nobles, aux religieux et aux dépen-
dances des abbayes, alors que, à la fin du Moyen Âge, dans le
diocèse de Cambrai, l'évêque a complètement
sapé les compétences des synodes paroissiaux. Les doyens n'ont le
droit d'y juger que les cas de relations extraconjugales et de violation des
jours de fête.60
Chaque paroisse du concile, du moins chaque paroisse
mère,61 accueille annuellement, au début du carême, le
synode paroissial. L'archidiacre forain, après avoir convenu d'une date
avec le doyen, convoque l'assemblée. A Maastricht, la tenue du synode
est stricte- ment soumise à un règlement édicté par
l'évêque Jean de Bavière, en 1307. Le synode doit se tenir
en l'église Notre-Dame dans un délai de trois jours suivant le
dimanche du Laetare.62 La présence d'un représentant de
l'archidiacre n'est pas requise. Parfois, le synode fait appel à
l'official forain de l'archidiacre, probablement dans le but d'impres- sionner
les délinquants récalcitrants.63
A l'ouverture de la séance, le doyen
énumère les cas synodaux, c'est-à-dire tous les
délits qui relèvent de la compétence de ce tribunal. Y
sont jugés tous les cas de mariage clandestin, d'adultère,
d'inceste, de divorce ainsi que de violence entre époux ou à
l'encontre de membres de la famille ou du clergé. Les
59. GORISSEN, P., Ibid., pp. 349 (note 5) et 352.
60. TOUSSAINT, F., les Doyens ruraux, p. 668.
61. Du démembrement de la paroisse d'Hermalle, dans le
concile de Saint-Remacle, en 1288, naît l'église de Richelle, mais
seule la paroisse mère continue à accueillir le synode, auquel
les habitants de Richelle sont évidemment tenus de participer. CEYSSENS,
J., Etude historique sur l'origine des paroisses, dans B.S.A.H.L, t. 14,
Liège, 1903, pp. 193-195 et 213-217. La même obligation est
imposée aux paroissiens d'Embourg lors du démembrement de
l'église de Chênée. PAQUAY, J., l'Eglise mère de
Chênée et sa filiale Embourg au commencement du XIIe
siècle, dans Leod., t. 11, , Liège, 1912, p. 134. PAQUAY, J., les
Synodes au diocèse de Liège, dans Leod., t. 15, 1922, p. 21.
62. HABETS, J., Geschiedenis van het tegenwoordig bisdom
Roermond, Roermond, 1875, pp. 601-602 (bijlagen).
63. Registrum I, f° 51. Registrum II,
f° 30 v°. CEYSSENS, J., Les doyens ruraux, p.
201.
non-exécution des testaments y sont condamnés.
Le doyen peut aussi sanctionner les mécréants, les
hérétiques, les enchanteurs et toute personne ayant traité
avec ceux-ci, surtout en matière d'envoûtement. Une enquête
peut être ouverte sur des logements suspects.64
Le doyen précise ensuite que les échevins ne
peuvent intervenir à titre personnel dans les débats. Lors du
synode, il leur est défendu d'accuser quelqu'un ainsi que de soumettre
au tribunal une affaire dont il n'a pas été informé
antérieurement. Les échevins prêtent alors serment. Ils
soumettent ensuite au président la liste des personnes
décédées depuis le dernier synode. Les prêtres qui
en font partie reçoivent alors l'absolution. Des messes abus des
mambours, l'usure et la solennelles seront célébrées
à leur mémoire. Les nouveaux cas de lèpre sont
dénoncés. Après avoir présenté au doyen tous
les délits qui leur ont été soumis, les échevins se
retirent avec, chacun, une petite indemnité.65 Un mandement du
prince-évêque Adolphe de la Marck, en 1337, confirmé en
1305 par Jean de Bavière, défend aux doyens de faire
comparaître, devant le synode, des individus qu'ils savent coupables mais
qui n'ont pas été dénoncés par la rumeur
publique.66
Les accusés se présentent alors devant le doyen
par ordre alphabétique, mais à rebours.67 Celui-ci leur demande
alors, le plus souvent, de prouver leur innocence en prêtant un serment
au nom de la foi. Le jugement est alors rendu. L'amende est
généralement assortie d'un pèlerinage dont la longueur
dépend de la gravité du délit. Par exemple, le coupable
d'un viol, à l'époque de Henri Van der Scaeft, doit s'acquitter
d'une somme d'un florin d'or et entreprendre un voyage de deux ou trois jours
dans un lieu saint. Le doyen peut aussi infliger des pénitences
publiques comme, par exemple, marcher en chemise à la tête d'une
procession, un cierge à la main.68
Le montant des amendes perçues est partagé en
deux parts égales entre le doyen et l'archidiacre forain, qui supportent
aussi tous les frais engendrés par la mise en place de ce tribunal. Si
l'official forain est invité à prendre part
64. Registrum I, f° 52. Registrum II,
f° 31. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 202-203.
65. Cette indemnité s'élève au XVIe
siècle, à un stupher. HABETS, J., Ibid., p. 602.
66. GORISSEN, P., Ibid., pp. 349 et 352-354
67. BORMANS, S., Ibid., pp. 240 et 410.
68. Registrum I, f° 52. Registrum II,
f° 31. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 203-204.
aux débats, il touche le tiers de la somme. Il arrive
parfois que les dépenses surpassent les recettes.69
Avant de lever la séance, le doyen profère des
menaces contre tout qui enfreindrait les lois de l'Eglise. Il rappelle le nom
des membres de la paroisse décédés au cours de
l'année. Le tribunal se retire au son des cloches ou, à partir du
XVe siècle, d'une salve d'armes à feu.70
Les affaires qui n'ont pas été soumises au
synode peuvent être dénoncées à l'archidiacre dans
un délai de six semaines. Le même laps de temps est imparti aux
coupables pour s'acquitter de leur peine. S'ils ne s'y résolvent pas,
ils sont passibles de la juridiction archidiaconale. Le synode paroissial peut,
bien sûr, juger des délinquants qu'il a déjà
condamnés auparavant pour les mêmes faits, qu'ils se soient
acquittés de leur peine ou non.71 Contrairement à ce qu'affirme
le chanoine Toussaint, ce n'est pas une cour d'appel mais uniquement une cour
de première instance.72 Les statuts synodaux de Jean de Heinsberg
insistent d'ailleurs très clairement sur ce point.73
§3. La dénonciation des faussaires et des
usuriers.
Outre les délits mineurs, qu'il a le pouvoir de juger
lui-même, le doyen de chrétienté a le devoir de soutenir
l'officialité de l'évêque ainsi que celle de leur
archidiacre en leur dénonçant les fautes graves, notamment si
leurs auteurs sont passibles d'une peine d'excommunication ou de la justice du
sang.
En dénonçant les faussaires, ils sont les
garants des finances liégeoises. N'oublions pas que les doyens ruraux
sont, dès l'origine, des agents fiscaux de l'évêque. Par
ailleurs, ils doivent aussi empêcher la propagation de faux documents et
d'imitations de sceaux.74
69. Registrum I, f° 52. Registrum II,
f° 31 v°. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 203- 204.
70. HABETS, J., Ibid., pp. 604-605.
71. Registrum I, f° 52. Registrum II,
f° 31 v°. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 200- 201.
72. TOUSSAINT, F., Ibid., p. 669.
73. SCHANNAT, J.-F., Ibid., t. 5, p. 313.
74. AVRIL, J., Ibid., pp. 105, 133-134.
Les usuriers doivent être dénoncés au cours
du synode ainsi que les dimanches et jours de fête par les curés
et les doyens devant l'assemblée des fidèles.75
§ 4. Les sentences d'excommunication.
Si le doyen rural peut infliger des amendes à son
gré, il ne peut exécuter lui-même les sentences
d'excommunication. Son rôle se limite, dans un premier temps, à
proférer des menaces d'anathème. Il en va de même pour
l'interdit et la suspense.76
Si les différents avertissements ne produisent aucun
effet sur les personnes concernées, ou si celles-ci décident de
ne pas payer l'amende, le doyen rural ne peut engager des poursuites. Il doit
soumettre le litige à l'officialité archidiaconale.77
Henri Van der Scaeft signale que les difficultés sont
causées essentiellement par les curés refusant de payer le
cathedraticum et l'obsonium, ainsi que de participer aux frais
nécessaires à la défense des droits du clergé et de
l'Eglise de Liège. Des héritiers d'un noble ou d'un prêtre,
qui refusent que la messe d'enterrement soit célébrée par
le doyen, entrent, eux aussi, fréquemment dans
l'illégalité.78
Selon les statuts synodaux de Jean de Flandre, les membres de
la justice séculière qui refusent d'expulser un excommunié
de l'office divin sont, ipso facto, eux aussi excommuniés. Ce genre
d'incident est assez grave pour que l'évêque, alerté par le
curé de la paroisse concernée, s'empare de l'affaire. Le
rôle du doyen consiste alors à faire connaître, de tous les
fidèles de leur district, le nom des agents de justice qui viennent
d'être exclus de l'Eglise.79 L'archevêque ne peut accomplir cette
mission avec efficacité étant donné qu'il ne réside
pas dans leur district ; si l'évêque devait avertir tous les
curés des paroisses environnantes, sa démarche serait très
fastidieuse et beaucoup trop lente.
75. AVRIL, J., Ibid., pp. 109, 117, 161, 167 et 168.
76. CEYSSENS, J., Ibid., p. 221.
77. C'est la raison pour laquelle Van der Scaeft a reproduit,
dans son formulaire, une lettre adressée à l'official de
l'archidiacre. Registrum I, f° 210-215. Registrum II,
f° 124-127.
78. Registrum I, f° 40. Registrum II,
f° 20. CEYSSENS, J., Ibid., p. 221.
79. AVRIL, J., Ibid., p. 109.
Les doyens ruraux peuvent aussi être sollicités
par une instance supérieure de la hiérarchie
ecclésiastique pour exécuter les aggraves ou rénovations
d'une sentence d'excommunication, c'est-à-dire pour
répéter chaque dimanche et jour de fête, le
cérémonial qui exprime symboliquement l'exclusion d'une personne
de la communauté des paroissiens, et ce, jusqu'à ce que celle-ci
accepte de se soumettre à la puissance de l'Eglise. Devant
l'assemblée des paroissiens, au son des cloches et à la
lumière des cierges, le prêtre cite solennellement le nom des
excommuniés, afin que les fidèles se détournent de leur
présence.80
Nous citerons, à titre d'exemple, une affaire
concernant le village de Châtelineau. Le 8 mai 1270,
l'écolâtre de Notre-Dame de Maastricht somme, avec insistance, les
doyens de Fleurus, de Florennes, de Gembloux, de Thuin, de Ciney et de Hanret
d'effectuer les aggraves de l'excommunication contre le chevalier de
Châtelineau.81 Cet ordre est réitéré le 12
juillet.82 Deux ans plus tard, alors que tous les prêtres cités
ci-dessus répétaient, chaque semaine, le
cérémonial, le chevalier reconnaît solennellement ses torts
devant l'écolâtre.83 Déclaration hypocrite car, un mois
plus tard, celui-ci est obligé de réitérer l'ordre de
prononcer les aggraves.84 Ce n'est qu'en novembre 1272 que le conflit prend
fin, suite à l'intervention de l'official de l'évêque.85
Dans d'autres affaires, l'évêque, par une
démarche similaire, s'adresse directement au doyen rural, son
représentant dans les campagnes. En 1249, l'évêque Henri de
Gueldre excommunie les Trudonnaires qui ont pêché dans un
étang appartenant à une abbaye. Il s'adresse, pour cela, au doyen
du concile de Saint-Trond.86
80. AVRIL, J., Ibid., p. 109.
81. A.E.M., chartrier de l'abbaye de Soleilmont. (DEVILLERS, L.,
Description
analytique
|
de cartulaires et de chartriers du Hainaut, t. 7, Mons, 1875, p.
12).
|
82.
|
A.E.M.,
|
ibid.
|
(DEVILLERS,
|
L.,
|
Ibid.,
|
pp. 13 et 16).
|
83.
|
A.E.M.,
|
ibid.
|
(DEVILLERS,
|
L.,
|
Ibid.,
|
pp. 15-16).
|
84.
|
A.E.M.,
|
ibid.
|
(DEVILLERS,
|
L.,
|
Ibid.,
|
p. 15).
|
85.
|
A.E.M.,
|
ibid.
|
(DEVILLERS,
|
L.,
|
Ibid.,
|
pp. 15-16).
|
86. PIOT, C., Cartulaire de l'abbaye de Saint-Trond, t. 1,
Bruxelles, 1870, p. 241.
Dans les statuts synodaux de 1548, Georges d'Autriche
préconise l'excommunication des concubines per officiales nostros et
decanos rurales.87 Cette formule, qui révèle le rôle majeur
du doyen dans la procédure d'anathème, est quelque peu
ambiguë. En fait, l'excommunication proprement dite est du ressort des
officialités épiscopales et archidia- conales. Le rôle du
doyen consiste seulement à dénoncer des délits et à
recourir aux aggraves, à moins que l'évêque ne lui ait
extraordinairement délégué son pouvoir d'excommunication
pour une affaire bien précise. Ainsi, en 1258, Henri de Gueldre ordonne
au doyen de la chrétienté de Maastricht d'excommunier le seigneur
d'Aalburg et de Gronsveld au cas où celui-ci ne cesserait pas ses
agissements néfastes envers l'abbaye d'Herkenrode.88
Henri Van der Scaeft regrette beaucoup que le doyen rural ne
puisse lui-même exclure quelqu'un de l'Eglise. La procédure
d'anathème est très complexe et donc peu efficace : pendant que
doyens et curés prolifèrent des menaces et accomplissent
inlassablement le cérémonial symbolique, l'évêque et
l'archidiacre attendent la soumission des excom- muniés qui, très
souvent, restent sur leurs positions. L'auteur du Registrum cite un autre
exemple témoignant des lacunes de ce système. Devant le refus de
certains curés de payer le voyage du doyen et de ses accompagnants
à Liège, celui-ci leur envoie à chacun plusieurs lettres
de menaces. Cette démarche ayant échoué, l'official de
l'archidiacre s'empare de l'affaire. Il demande aux prêtres de se
justifier, mais ils ne le font pas. La censure est alors prononcée, mais
elle ne peut être appliquée que lorsqu'elle sera parvenue, par
courrier, aux personnes concernées.89
Les absences très fréquentes de certains doyens
tendent évidemment à enrayer le bon fonctionnement de la
procédure d'excommunication, telle qu'elle est décrite ci-dessus,
de même que l'envie de certains doyens de régler eux-mêmes
les affaires concernant leur district.90
87. SCHANNAT, J.-F., Ibid., t. 6, Cologne, 1765, p. 396.
88. REUSENS, E., Documents relatifs à l'abbaye de
Herkenrode, dans A.H.E.B., t. 16, Louvain, 1879, pp. 261-262. DELESCLUSE, A.,
Catalogue des actes de Henri de Gueldre, prince-évêque de
Liège, Bxl, 1900, p. 61. RENARDY, Ch., Synodes, juridiction de la paix
et cessions de dîmes aux Eglises (XIe-XIVe s.), dans le Moyen Âge,
t. 81, Bruxelles, 1975, p. 259.
89. Registrum I, f° 210-215. Registrum II,
f° 124-127. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 222-223.
90. Registrum I, f° 210-215. Registrum II,
f° 124-127. Le doyen de Beringen prétend avoir soumis un
cas d'anathème à ses supérieurs après avoir
prodigué des menaces pendant plus de deux années.
§5. Le saint chrême.
La règle d'Aix de 816 prévoit que, le jeudi
saint, les curés des régions éloignées de la
cité épiscopale doivent choisir un délégué
dont la mission est de ramener de cette ville les huiles saintes.91 En
médiatisant les prêtres de paroisse, les doyens ruraux s'emparent
tout naturellement de cette tâche.
Tous les doyens ruraux se rendent donc à Liège
durant la semaine sainte. Le jeudi, ils assistent ensemble à la
grand-messe dans leurs habits solennels.92 Chaque doyen, à la
réception des huiles saintes, doit verser une somme d'argent qui
s'élève, au début du XVIe siècle, à un
stupher et demi. S'en suit le traditionnel dîner qui regroupe, autour de
la table, les doyens de tous les conciles.93
Ceux-ci retournent alors rapidement dans leur district car, le
lundi de Pâques, s'y tient un concile au cours duquel les huiles doivent
être distribuées.94 A cette occasion, les doyens ont pris
l'habitude d'imposer aux curés le remboursement des frais
contractés durant le voyage, n'hésitant pas à percevoir un
petit bénéfice. Cette pratique, vigoureuse- ment condamnée
par Jean de Heinsberg,95 n'en demeure pas moins vivace durant des
siècles, puisqu'il en subsiste encore trace dans les records
ecclésiastiques des doyennés de Fleurus96, de Florennes97 et du
concilium aureum.98 Ceux-ci imposent, en effet, aux curés de payer une
taxe afin de subvenir aux dépenses du doyen.
91. SCHANNAT, J.-F. et HARTZHEIM, J., Concilia Germaniae, t. 1,
Cologne, 1759, p. 546. DEBLON, A., Ibid., p. 707. DOHET, D., Ibid., p. 89.
92. AVRIL, J., Ibid., p. 163.
93. Registrum I, f° 22. Registrum II,
f° 11. CEYSSENS, J., Ibid., p. 193.
94. MUNSTERS, A., Ibid., p. 67.
95. SCHANNAT, J.-F., t. 5, p. 312.
96. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 4, p.
198.
97. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 2, p.
214.
98. MUNSTERS, A., Ibid., p. 67.
Dans l'éventualité d'un quelconque
empêchement, le doyen peut se faire remplacer et confier
l'intégralité de cette mission à un prêtre digne de
foi. Celui-ci non plus n'a théoriquement pas le droit de se faire payer
pour l'accomplissement de cette tâche.99
§6. Les conciles décanaux.
Les conciles décanaux regroupent, autour du doyen
rural, l'ensemble des titulaires des paroisses de son district. Ces
réunions existent, dans l'archevêché de Reims, dès
le début du IXe siècle, sous le nom de «calendes».100
Dans le diocèse de Liège, elles sont mieux connues sous les
termes synoda, placita ou capitula decania.101 Flodin, le doyen de Florennes
cité dans les Virtutes Sancti Eugenii, est chargé de transmettre
aux prêtres de sa decania les ordres donnés par
l'évêque Etienne (901-920), ce qui implique très
probablement la tenue d'un concile.102 Selon Henri Wagnon, l'activité
conciliaire s'est surtout développée dans l'Empire.103
Beaucoup de conclusions trop hâtives ont
été apportées quant à la périodicité
de ces conciles, tout simplement parce que certains historiens ont
généralisé à l'ensemble du diocèse des
conclusions valables pour un seul doyenné. Contrairement à
l'évêque de Soissons, qui préconise, dès la fin du
IXe siècle, la tenue mensuelle des conciles de
chrétienté,104 l'évêque de Liège n'en a
jamais réglementé ni le nombre, ni le moment auquel ils doivent
se réunir. Il existe néanmoins quatre périodes dans
l'année durant lesquelles se tiennent habituellement les conciles. La
session de printemps a lieu au mois
99. AVRIL, J., Ibid., p. 163.
100. DEBLON, A., Ibid., p. 708.
101. Registrum I, f° 22. Registrum II,
f° 11.
102. MISONNE, D., Ibid., p. 264. PAQUAY, J., Synodes, p. 17.
103. WAGNON, H., Ibid., p. 474.
104. DEBLON, A., Ibid., p. 708, note 25.
d'avril ou au début du mois de mai105 ; celle
d'été, en juin ou en juillet106 ; celle d'automne en septembre ou
en octobre107 et celle d'hiver, au début du mois de janvier.108
Tout dépend donc des coutumes en vigueur dans chaque
district. Ainsi, dans le doyenné de Beringen, le concile se
réunit deux fois par an : le lendemain du dimanche du Jubilate et la
veille de la Saint-Mathieu.109 A Tongres, il se rassemble pour la
première fois le mercredi après Pâques closes.110 Il n'est
pas exclu qu'il se tienne jusqu'à quatre reprises par année111
puisque, à l'instar du district de Hanret, une session s'y tient aussi
en hiver. A Andenne, le concile se réunit, en été, le
mardi avant la Saint-Jean-Baptiste.112 Dans le doyenné de Hanret, le
jeudi suivant la Quasimodo113 et dans le concilium aureum,
105. Dans le doyenné de Beringen, sous le décanat
de Henri Van der Scaeft, le concile se réunit pour la première
fois en avril (Registrum I, f° 23. Registrum II,
f° 11 v°) ; à Ciney, le 5 mai 1534
(BLOUARD, R., Mozet, histoire et archéologie, Namur, 1939, p. 187,
pièces justificatives) ; le 7 mai 1538, (Records ecclésiastiques
de la Belgique, dans A.H.E.B., t. 5, Louvain, 1868, p. 189 et le 5 mai 1556
(Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 176) ; à Hanret, le 20 avril 1447
(Records ecclésiastiques, t. 4, p. 181) ; à Tongres, le 27 avril
1367 (PAQUAY, J., Records ecclésiastiques de l'ancien concile de
Tongres,
archidiaconé de Hesbaye, dans B.S.S.L.L., t. 25, Tongres,
1907, p. 265) et le 12 avril 1458 ; à Susteren, en avril (MUNSTERS, A.,
Ibid., p. 67) et à Gembloux, le 5 avril 1434 (Records
ecclésiastiques de la Belgique, dans A.H.E.B., t. 5, p. 275).
106. Dans le district d'Andenne, il se rassemble, le 22 juin
1423 (Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 4, p. 165) ; à
Fleurus, le 8 juillet 1406 (Ibid., dans A.H.E.B., t. 2, p. 282) ; à
Hanret, le 25 mai 1453 (BARBIER, V., Documents extraits du cartulaire de
l'abbaye de Salzinnes, dans A.H.E.B., t. 4, Louvain, 1867, p. 83) ; à
Rochefort, le 27 juillet 1378 (BROUETTE, E., Records du concile de Rochefort,
dans A.I.A.L., t. 79, Arlon, 1948, p. 133) ; à Jodoigne, le 31 juillet
1466, le 31 juillet (Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 1,
Louvain, 1864, p. 339) ; à Tongres, le 28 juin 1458 (PAQUAY, J., Ibid.,
p. 266) et le 1er juillet 1448 (PAQUAY, J., Ibid., p. 253) et à
Maastricht, le 12 juin 1282 (SCHOOLMEESTERS, E., Diplômes de l'abbaye du
ValBenoît relatifs à Simpelveld, Elsloo, Gronsveld et Vaesrade,
dans P.S.H.A.D.L., t. 81, Roermond, 1884, p. 139).
107. Dans le doyenné de Beringen, au début du
XVIe siècle, il se réunit en septembre (Registrum I,
f° 24. Registrum II, f° 12 v°)
; à Gembloux, le 2 octobre 1458 (BROUETTE, E., Records conciliaires
inédits, dans Leod., t. 38, Liège, 1951, p. 2).
108. A Tongres, le 7 janvier 1461 (PAQUAY, J., Ibid., 260) et
le 8 janvier 1230 (BORMANS, S. et SCHOOLMEESTERS, E., Cartulaire de
l'église Saint-Lambert, à Liège, t. 1, Bruxelles, 1893, p.
258) ; à Fleurus, le 9 janvier 1502 (Records ecclésiastiques,
dans A.H.E.B., t. 2, p. 285) et à Maastricht, le 10 janvier 1281
(CUVELIER, J., Cartulaire de l'abbaye du Val-Benoît, Bruxelles, 1906, p.
244).
109. Registrum I, f° 22-25. Registrum II,
f° 11-12. CEYSSENS, J., Ibid., p. 195.
110. PAQUAY, J., Ibid., pp. 26-29. PAQUAY, J., Juridiction,
droits et prérogatives, p. 29.
111. PAQUAY, J., Ibid., p. 20, note 1.
112. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 4, p.
165.
113. Ibid., p. 181.
trois jours après cette fête.114 Dans les quatre
doyennés de l'archidiaconé de Brabant (Léau, Jodoigne,
Louvain et Hozémont), les prêtres se réunissent quatre fois
par an : en hiver, après l'Epiphanie, au printemps, après les
Rameaux ou après Pâques, en été, après la
Saint-Jean, et en automne.115 Outre le lundi de Pâques, jour où le
doyen distribue l'huile sainte aux prêtres de son district, le concile
décanal peut se tenir extraordinairement à n'importe quel moment
de l'année.116
Le lieu de la réunion ne varie guère.117 Il
s'agit souvent d'une église située dans le chef- lieu du
doyenné. A Jodoigne, le concile se réunit en la chapelle de la
Vierge Marie118 ; à Ciney, dans l'église dédiée
à la même sainte.119 Les prêtres du doyenné d'Andenne
et de Rochefort se rassemblent, eux aussi, dans la cité
éponyme.120 Comme toute règle a ses exceptions, signalons, par
exemple, que le doyen de Hanret, en 1447, rassemble les prêtres dans
l'église paroissiale de Meeffe.121 Le concile de Tongres se tient,
générale- ment, dans une des chapelles à proximité
du chef-lieu. Toutefois, sur l'ordre de l'évêque Louis de Bourbon
(1456-1482), il se réunit en la chapelle du chapitre de Looz.122
Dans le district de Beringen, la réunion débute,
vers neuf heures, par un discours du doyen ou de l'archidiacre. Si celui-ci ne
peut être présent, il se fait représenter par son official
forain, un de ses vicaires ou un homme de
114. MUNSTERS, A., Ibid., p. 67.
115. Dans la seconde moitié du XVe siècle,
l'archidiacre de Brabant, poursuit activement la réforme de la
discipline ecclésiastique commencée sous l'épiscopat de
Jean de Heinsberg (1419-1455). Entre 1470 et 1478, il édicte une
série de mandements à proclamer lors des quatre conciles annuels
(in quatuor conciliis anni). PAQUAY, J., Juridiction, pp. 33-43.
116. Registrum I, f° 25. Registrum II,
f° 12. CEYSSENS, J., Ibid., p. 197.
117. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 5, p. 189
: au lieu accoutumé de nostre concil.
118. Ibid., dans A.H.E.B., t. 1, p. 339.
119. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 176. Ibid., dans A.H.E.B.,
t. 5, p. 194.
120. Ibid., p. 165. NEMERY DE BELLEVAUX, E., l'Ancien
Doyenné de Rochefort, des origines à 1559, dans A.S.A.N., t. 60,
Namur, 1980, p. 87 (annexes).
121. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 4, p.
180.
122. PAQUAY, J., Records ecclésiastiques de Tongres, pp
253-256 et 259-262.
confiance. Les prêtres absents, s'ils n'ont pas
présenté leurs excuses au doyen, sont sanctionnés par une
amende. S'en suit une cérémonie religieuse. Après
l'exhortation, le doyen proclame les mandements de l'évêque et les
ordonnances de l'archidiacre.123 Le concile statue ensuite sur les questions ou
les conflits
les plus divers : l'élection des doyens,124 la tenue des
conciles,125 les
réparations, agrandissements et reconstructions
d'églises,126 le droit
cathédratique et l'obsonium,127 l'absence des
prêtres,128 leurs exactions et leurs punitions,129 les disputes entre les
confratres du concile,130 les conditions sous lesquelles ils peuvent
témoigner en justice,131 l'entretien des objets liturgiques, des missels
et des cloches,132 la manière de célébrer
l'Eucharistie,133 les droits et les devoirs des paroissiens,134 des
décimateurs,135 des mambours136 et des fabriques d'église,137 les
droits
123. Registrum I, f° 52. Registrum II,
f° 30 v°. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 194- 195.
124. MUNSTERS, A., Ibid., pp. 66-68.
125. MUNSTERS, A., Ibid., p. 67.
126. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 1, pp.
340-341. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 172. Ibid., dans A.H.E.B., t. 5, p.
191-192.
127. Ibid., dans A.H.E.B., t. 1, p. 342. Ibid., dans A.H.E.B.,
t. 2, p. 215. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 198. MUNSTERS, A., Ibid., pp.
68-69.
128. Ibid., pp. 217-218.
129. MUNSTERS, A., Ibid., pp. 67-68.
130. MUNSTERS, A., Ibid., p. 70.
131. MUNSTERS, A., Ibid., pp. 70-71.
132. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 1, p.
343. Ibid., dans A.H.E.B., t. 2, p. 214. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, pp.
165-166 et 172-174. Ibid., dans A.H.E.B., t. 5, p. 191-192. NEMERY DE
BELLEVAUX, E., Ibid., pp. 86-87 (annexes).
133. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 4, p.
197.
134. NEMERY DE BELLEVAUX, E., Ibid., pp. 86-87. PAQUAY, J.,
Records
ecclésiastiques, pp. 255 et 262. Records
ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 5, p. 191. A.E.N., archives
ecclésiastiques, registres paroissiaux (Celles), f°
5.
135. NEMERY DE BELLEVAUX, E., Ibid., pp. 86-87. Ibid., dans
A.H.E.B., t. 1, p. 342. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 2, p.
215. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, pp. 165-166, 172-174, 182-183 et 197. PAQUAY,
J., Ibid., pp. 248, 254-255, 258-259, 261-262 et 270-271. BORMANS, S. et
SCHOOLMEESTERS, E., Ibid., pp. 257- 258. A.E.N., ibid. F° 5.
136. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 1, p.
344. Ibid., dans A.H.E.B., t. 2, p. 217.
137. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 167. PAQUAY, J., Ibid., p.
256 et 262-263.
relatifs à la collation d'une chapelle ou d'une
cure,138 les visites des quartes-chapelles,139 les noces,140 les
funérailles,141 en particulier celles des prêtres,142 l'huile
sainte,143 la musique religieuse,144 le statut des personnes venues d'une autre
paroisse,145 les lépreux,146 les orphelins,147 la manière de
considérer une femme d'origine noble avant et après le mariage148
et même la façon d'élever les animaux que doivent
entretenir les décimateurs.149 Les conciles décanaux sont aussi
de véritables tribunaux, compétents aussi bien pour des affaires
purement ecclésiastiques que mixtes.150 Cette juridiction leur sera
d'ailleurs enlevée par le concile de Trente au profit de l'official de
l'évêque.151
En séance extraordinaire, le concile statue sur des
questions telles que le don de joyeuse entrée, la nomination de
députés dans des circonstances graves ou l'accord de subsides
pour la défense du clergé et des intérêts de
l'Eglise de Liège.152 N'oublions pas la séance prévue dans
un délai de deux mois après
138. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 1, p.
344.
139. MUNSTERS, A., Ibid., p. 69.
140. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 4, pp.
174-175.
141. Ibid., pp. 174-175. Ibid., dans A.H.E.B., t. 5, p. 193-194.
MUNSTERS, A., Ibid., p. 69.
142. MUNSTERS, A., Ibid., pp. 69, 71 et 72.
143. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 2, pp.
214 et 218. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 198.
MUNSTERS, A., Ibid., p. 67.
144. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 2, p.
214. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, pp. 165 et 198.
145. Ibid., dans A.H.E.B., t. 2, p. 216.
146. Ibid., pp. 216-217 et 219-221.
147. Ibid., p. 218.
148. Ibid., p. 218.
149. Ibid., dans A.H.E.B., t. 1, p. 342. Ibid., dans A.H.E.B.,
t. 2, p. 214. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 172.
150. Ibid., p. 165 : ut multis querelis remedium adhibeatur.
151. CEYSSENS, J., Ibid., p. 199.
152. Registrum I, f° 25. Registrum II,
f° 12 v°. CEYSSENS, J., Ibid., p. 198.
certains synodes paroissiaux, qui se tient dans l'optique
d'étudier les statuts,153 et la réunion annuelle de la
distribution du saint chrême, entre le jeudi saint et le lundi de
Pâques.154
Les décisions du concile, qui se basent le plus souvent
sur des coutumes locales et ancestrales,155 sont alors consignées dans
des records.156 De nombreuses traditions prennent ainsi force de loi,157 ce qui
explique que plusieurs d'entre eux soient conservés et/ou
recopiés par des notaires, principalement durant le XVIIe
siècle158 : à l'instar du droit romain, l'Eglise reconnaît
la coutume comme une véritable source de loi.159 Ces règlements
restent donc en vigueur jusqu'à la fin de l'Ancien Régime,
malgré les dispositions défavorables aux juridictions
inférieures prises par le concile de Trente et le synode
diocésain convoqué, à Liège, en 1585, par le nonce
de Cologne, Jean-François Bonomi.160
Le travail accompli, le doyen et les fratres concilii
interprètent un chant religieux, le Salve Regina ou le Regina Coeli, et
récitent le Miserere et le De Profundis, en hommage aux confrères
défunts. La séance s'achève par un repas payé
à frais communs par tous les prêtres du doyenné, y compris
par les absents.161
153. AVRIL, J., Ibid., p. 161.
154. MUNSTER, A., Ibid., p. 67.
155. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 1, p.
340. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 165. Ibid., dans A.H.E.B., t. 5, p. 189.
Une formule, extraite du record du doyenné de Hanret de 1447, illustre
clairement ce propos : Et haec sunt consuetudines dicti nostri concilii
inconcussae, ab antiquissimis temporibus per nos nostrosque praedecessores
confratres eiusdem concilii a tempore, de cuius contrario hominum memoria non
existit, observatae.
156. «Record» provient du latin recordari, qui
signifie «se souvenir». WAGNON, H., Ibid., p. 476.
157. En 1385, l'abbé de Saint-Jacques, pour arbitrer
un différend entre l'abbesse de Munsterbilzen et le magistrat de Bilzen,
se base sur le droit coutumier du concile de Tongres. PAQUAY, J., Ibid., p.
247-248.
158. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 1, p.
345. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, pp. 168-169.
159. WAGNON, H., Ibid., p. 473.
160. WAGNON, H., Ibid., p. 481. VAN HOVE, A., Les Statuts
synodaux liégeois de 1585. Un document inédit de la nonciature de
Bonomi à Cologne, dans A.H.E.B., t. 33, Louvain, 1907, p. 51.
161. Registrum I, f° 52. Registrum II,
f° 36. CEYSSENS, J., Ibid., p. 197.
L'archidiacre ratifie alors les statuts.162 A partir de la fin
du XVIe siècle, il se charge plus souvent de présider
lui-même l'assemblée réunie en vue d'établir ces
statuts, enlevant ainsi aux doyens une de leurs prérogatives les plus
importantes en matière juridique.163
§7. Les quartes-chapelles.
Trop préoccupés par leurs tâches
spirituelles et temporelles, les évêques de Liège ont
confié à leurs subalternes la charge de visiter, à titre
personnel, les paroisses de leur diocèse. Les doyens ruraux ont
hérité de cette fonction pour les quartes-chapelles. Nous ne
savons pas s'ils tiennent ce droit de l'évêque ou des
archidiacres. Nous ignorons aussi quand cette évolution s'est
opérée. Néanmoins, nous pensons qu'elle doit être
mise en parallèle avec la cession de la présidence du synode
paroissial aux archidiacres, puis aux doyens ruraux, respectivement aux XIIe et
XIIIe siècles.
Les doyens ruraux visitent annuellement les quartes-chapelles
de leur district. Les statuts synodaux de 1288 leur accordent deux chevaux pour
leur voyage, le premier pour eux-mêmes et le second pour un assistant ou
un domestique. Cette loi a été édictée afin
d'éviter aux paroisses pauvres le coûteux entretien d'une horde de
cavaliers et de leurs montures. Les doyens se voient aussi défendre la
visite de quartes-chapelles au hasard de la chasse car il leur est
désormais interdit d'emmener avec eux des chiens et des faucons.164 De
trop nombreuses exactions ont sans doute été commises dans ce
domaine.
Le même esprit d'épargne et de
sobriété se rencontre dans un autre précepte : celui de
visiter, en un seul jour, les paroisses les plus modestes afin que celles-ci
puissent se partager les frais de réception, supportés à
parts égales par le curé et le conseil de fabrique.165 Nul autre
frais ne doit être exigé de celui-ci. Il est enfin défendu
aux doyens de leur extorquer des fonds, directement ou par
l'intermédiaire de qui que ce soit.166
162. PAQUAY, J., Ibid., p. 240.
163. PAQUAY, J., Ibid., p. 239, est excessif lorsqu'il
prétend que les archidiacres monopolisent cette prérogative au
détriment des doyens à partir du XIIIe siècle. Si l'on
s'en réfère à Sohet, tout porte à croire que
ceux-ci
ont
88).
|
conservé
|
ce pouvoir par délégation de leurs
supérieurs (SOHET, D., Ibid., p.
|
164.
|
AVRIL,
|
J.,
|
Ibid.,
|
p.
|
157.
|
165.
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AVRIL,
|
J.,
|
Ibid.,
|
p.
|
158.
|
166.
|
AVRIL,
|
J.,
|
Ibid.,
|
p.
|
158.
|
A l'occasion de la visite annuelle des quartes-chapelles, le
doyen rural s'enquiert de l'administration de la fabrique d'église et de
la table du Saint-Esprit. Il examine aussi l'état des bâtiments et
de tous les objets liturgiques, en particulier les livres pieux.167
Originellement, le doyen rural a pour mission de
récolter, dans chaque paroisse, la soniata. Cette taxe, due tous les
quatre ans à l'évêque, lui est versée à
l'occasion des visites qu'il entreprend. Elle donnera naissance au
cathedraticum et à l'obsonium.168
Le droit cathédratique (cathedraticum) ou droit synodal
(synodaticum), est une redevance que tout bénéficier doit verser
à l'évêque tous les quatre ans. Le montant en est
fixé par les coutumes locales, en fonction des revenus de chaque
bénéfice. L'appellation synodaticum provient du fait que cette
taxe doit être versée, du moins à l'origine, à
l'occasion des synodes épiscopaux. L'évêque, l'archidiacre
et le doyen rural se la partagent à raison de deux tiers (six
neuvièmes) pour le premier, deux tiers du tiers restant (deux
neuvièmes) pour le second et un neuvième pour le dernier. Les
églises du diocèse de Liège sont réparties en
églises entières, églises médianes et
quartes-chapelles selon qu'elles sont tenues de verser la totalité, la
moitié ou le quart du cathedraticum.169
L'obsonium ou procuratio est perçu par
l'évêque, les archidiacres ou les doyens ruraux
à l'occasion des visites de paroisses. Il s'agit, au
début, d'un impôt en nature : l'Eglise visitée entretient
les associés, les valets et les chevaux des visiteurs. Elle leur fournit
aussi la nourriture, un logement et tout ce qui est nécessaire à
leur subsistance.170 Les exagérations des archidiacres et des doyens,
qui arrivent parfois dans des paroisses accompagnés par de nombreux
cavaliers, voire des chiens de chasse et des faucons, seront interdites par
l'évêque Jean de Flandre.171 A cette procuration en nature se
substitue bientôt un don en espèces.172
167. Registrum I, f° 51. Registrum II,
f° 26. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 187-188.
168. MUNSTERS, A., Het Cathedraticum in het oude bisdom Luik,
dans De Maasgouw, t. 66, Maastricht, 1952, pp. 17-20, 33-36 et 52-55. DEBLON,
A., Ibid., p. 704, note 5.
169. PAQUAY, J., Juridiction, droit et prérogatives,
p. 107, note 1. DEWIT, J., Notes sur des quartes-chapelles de l'ancien
doyenné de Beringen, dans l'Ancien Pays de Looz, t. 12, Hasselt, 1910,
pp. 58-59. HENRY, W., Cathedraticum, dans Dictionnaire d'archéologie
chrétienne et de liturgie, t. 2, 2e part., Paris, 1910, col. 2623. MAY,
G., Cathedraticum, dans Lexikon für Theologie und Kirche, t. 2, Fribourg,
1958, col. 980.
170. PAQUAY, J., Ibid., p. 107, note 2.
171. AVRIL, J., Ibid., p. 157.
172. PAQUAY, J., Ibid., p. 107, note 2.
Les doyens ruraux sont parfois surnommés les
«archidiacres des quarteschapelles»173 car ils exercent sur ces
églises un pouvoir comparable à celui de leurs supérieurs
sur les églises entières et médianes. Dans les
quarteschapelles, le doyen perçoit, seul, l'intégralité du
cathedraticum et de l'obsonium.174 Il a le droit d'y instituer les
prêtres et de visiter leur paroisse. Il y porte aussi le titre de iudex
ecclesiasticus.175
La collation de ces cures peut appartenir à diverses
personnes ou
institutions, le plus souvent une abbaye ou un seigneur local.
S'il s'agit d'une quarte-chapelle, le nouveau curé doit alors être
présenté, dans les délais légaux, au doyen rural
par les personnes qui l'ont choisi. Les laps de temps impartis sont de six mois
pour les collateurs ecclésiasti- ques et de quatre mois pour les
laïcs. Si ces limites sont franchies, la collation du béné-
fice revient au seul doyen. Dans le cas où celui-ci ne trouverait
personne dans un inter- valle de six mois, l'évêque a le droit de
reprendre l'affaire en main.176
L'admission d'un nouveau curé dépend, en
principe, de l'enquête menée par le doyen au sujet de sa vie, de
son comportement, de ses connaissances et de son discernement. Il semble
toutefois que de nombreux individus ne correspondant pas au profil
souhaité aient été reçus.177 Les statuts de 1288
sont beaucoup trop peu précis à cet égard. Ils
légifèrent uniquement sur l'âge du candidat, qui doit
être de vingt-cinq ans au moins, et sur le délai d'un an
accordé à tout individu non-prêtre pour se faire ordonner
et pour s'installer dans sa nouvelle paroisse. Ils ne s'attardent guère
sur le savoir et le comportement du postulant. Ils attirent toutefois
l'attention des archidiacres et des doyens sur le fait que tout candidat doit
acquérir son bénéfice sans enfreindre le droit canonique,
qu'il essaiera de récupérer tout ce qui a éventuellement
été extorqué à sa paroisse, qu'il n'a pas
versé dans la simonie et qu'il n'a pas connaissance que de tels actes
aient été posés dans son entourage. L'admission de
prêtres étrangers au doyenné et, à fortiori, au
diocèse est formellement prohibée, sauf si
l'intéressé détient une lettre spéciale
rédigée par l'archi-
173. MUNSTERS, A., Ibid., p. 69. Cette réputation s'est
perpétuée jusqu'au XVIIIe siècle (SOHET, D., Ibid. p. 88).
BIJSTERVELD, A.J.A., Ibid., p. 44.
174. MUNSTERS, A., Ibid., p. 69.
175. MUNSTERS, A., Ibid., p. 69.
176. Registrum I, f° 44. Registrum II,
f° 21. CEYSSENS, J., Ibid., p. 186.
177. En témoignent les modèles de lettres de
refus de candidature recopiés par Van der Scaeft dans son formulaire.
Registrum I, f° 219-224. Registrum II, f°
116-121. CEYSSENS, J., Ibid., p. 186.
diacre.178 Sous l'épiscopat de Georges d'Autriche
(1544-1557), les règlements relatifs à l'institution des
dignitaires ecclésiastiques sont complétés et
améliorés. Les qualités requises pour tout candidat sont
enfin explicitement définies.179
Le doyen accorde alors au candidat les lettres proclamatoires.
Sa présentation est alors proclamée par le curé
intérimaire à la grand-messe. Celui-ci invite, par cet acte,
toute personne opposée à l'institution du postulant à se
manifester auprès du doyen. Si aucune difficulté ne subsiste, le
nouveau curé prête serment en les mains du doyen. Une
cérémonie présidée par le doyen lui-même ou
par un autre prêtre du concile consacre le nouvel élu. Au cours de
cette célébration, le curé reçoit symboliquement
les clefs de l'église, le calice, un missel et divers ornements. Le
procès-verbal de l'institution est dressé par un juriste,
assisté au minimum de deux témoins.180
L'exemple de l'église de Dürler, une
quarte-chapelle située dans le concile de Stavelot, illustre
parfaitement ces propos. Le 30 janvier 1280, le chapitre Saint-Jean
l'Evangéliste, à Liège, passe un accord avec le seigneur
local, Alard d'Ouren, pour nommer alternati- vement le desservant de cette
église.181 En 1314, c'est au tour d'Alard de choisir le nou- veau
curé de Dürler. Le 27 février, il le présente au
doyen de chrétienté, Nicolas, par l'intermédiaire d'un
représentant.182 En 1485, dans le même concile, le doyen
Frédéric de Brandebourg nomme curé de Deiffelt, le
prêtre choisi par le couvent de Sainte-Marie, à Houffalize.183
Le pape, lui aussi, peut intervenir dans l'installation d'un
curé d'une quarte-chapelle en vertu des droits de réserve et de
la nomination par provision apostolique. Cela n'empêche pas le postulant
de devoir prêter serment en les mains du doyen, après lui avoir
exhibé les documents émanant de la curie romaine.184
178. AVRIL, J., Ibid., p. 159.
179. SCHANNAT, J.-F., Ibid., t. 6, pp. 392-393.
180. Registrum I, f° 43. Registrum II,
f° 20 v°. CEYSSENS, J., Ibid., p. 186.
181. A.E.L., Archives de la collégiale Saint-Jean, Novus
liber stipalis, f° 59.
182. A.E.L., ibid., f° 59.
183. Les références de cet acte ne sont pas
mentionnées par GUILLEAUME, D., Doyens du concile de Stavelot,
dans Leod., t. 8, Liège, 1908, p. 147.
184. Registrum I, f° 42. Registrum II,
f° 20 v°. CEYSSENS, J., Ibid., p. 185.
L'institution d'un curé est aussi l'occasion, pour le
doyen, de percevoir différents droits déterminés par les
coutumes locales. C'est une des sources de revenus les plus importan- tes que
perçoit le doyen,185 et ce, malgré la prohibition des pratiques
simoniaques.186
Il est possible que le doyen rural ait possédé,
à l'origine, le droit de révoquer les desser- vants des
quartes-chapelles, mais nous ne connaissons pas d'exemples qui illustreraient
ces propos.187
Selon l'abbé Ceyssens, les doyens ruraux auraient
anciennement détenu une juridiction spéciale pour les causes
bénéficiales et matrimoniales propres aux quartes-chapelles,188
mais Van der Scaeft ne s'étend guère sur ces
prérogatives.
Les doyens ruraux doivent délivrer les lettres de
mariage ou placeta matrimonii lorsque les futurs époux proviennent de
diocèses différents. En cas de naissance extraconjugale, ils
peuvent contraindre le père naturel de l'enfant à épouser
la mère de celui-ci ou à la dédommager.189 Cette
juridiction sera retirée aux doyens par les statuts de 1618.190
185. Registrum compositionum, f° 79.
186. AVRIL, J., Ibid., p. 166.
187. CEYSSENS, J., Ibid., p. 190.
188. CEYSSENS, J., Ibid., p. 190.
189. Registrum I, f° 47-50. Registrum II,
f° 23-24. CEYSSENS, J., Ibid., p. 191. Un exemple de lettre
visant à corroborer un marriage a été reproduit dans le
formulaire : Registrum I, f° 154-156 et Registrum II,
f° 102-103.
190. CEYSSENS, J., Ibid., p. 191.
191. Registrum I, f° 33. Registrum II,
f° 16. CEYSSENS, J., Ibid., p. 211.
§ 8. La visite des églises entières et
médianes.
Sous le poids de leurs fonctions, les archidiacres ont peu
à peu concédé aux doyens le droit de visiter, à
leur place, les églises entières et médianes, bien que,
selon J. Paquay, les archidiacres se réservent, en
général, la première visite après leur
nomination.192
L'examen des paroisses s'opère selon un questionnaire
établi. L'archidiacre ou le doyen, son délégué,
commence par définir le type d'église qui fait l'objet de son
enquête.
Il doit savoir s'il s'agit d'une église mère ou
filiale, d'une entière, d'une médiane ou d'une quarte-chapelle et
si elle est incorporée à un autre établissement
(hôpital, château ou couvent). Il s'informe aussi sur le saint
patron de l'église et sur le collateur de celle-ci. Il s'enquiert
ensuite de l'étendue de la paroisse, de ses limites, de ses
dépendances ainsi que du nombre de fidèles. Le troisième
point est généralement consacré aux dîmes et aux
obligations des décimateurs. Il interroge ensuite le titulaire du
bénéfice sur ses absences, ses revenus, les
caractéristiques de son bénéfice, la fabrique
d'église, le marguillier, l'état du cimetière, de
l'église, des cloches, des reliques et de l'ensemble des objets
liturgiques. Il termine l'examen de la paroisse en glanant quelques
informations sur la mense des pauvres, le catéchisme et la
qualité de l'enseignement.193
Quand une église n'est pas desservie par son titulaire,
le doyen doit en informer l'évêque ou son official afin que
celui-ci mène une enquête et sanctionne, éventuelle- ment,
le prêtre absent.194
192. PAQUAY, J., Ibid., p. 67.
193. PAQUAY, J., Ibid., pp. 48-69.
194. AVRIL, J., Ibid., p. 162.
§ 9. La surveillance du clergé.
De nombreux surnoms caricaturent le travail des doyens ruraux.
Les expressions oculus episcopi et speculator episcopi, utilisées aussi
bien à Augsbourg qu'à Tournai, en sont les fleurons.195 Elles
réduisent l'ensemble des fonctions décanales à la seule
mission de surveillance des prêtres.
Dans le diocèse de Liège, tous les titulaires
d'une paroisse doivent faire parvenir annuellement au doyen, entre la
Saint-Jean et la Sainte-Madeleine, la liste des bénéfices de leur
entité, avec, notamment, les charges, les revenus, les noms des
bénéficiers, leurs absences, leur lieu de résidence et les
gens qui ont encouru une peine d'excommuni- cation.196 Un rapport doit
être rédigé aussi, par exemple, à l'encontre des
prêtres qui ne se confessent pas au moins une fois par an.197 Les statuts
du «Gouden concilium» stipulent même que le doyen se doit
d'espionner les prêtres et de les corriger lorsqu'ils commettent des
exactions. Si ceux-ci refusent de se soumettre à ses réprimandes,
il doit les poursuivre en justice. Des sanctions seront prises à leur
encontre aussi longtemps qu'ils resteront insoumis.198
D'autres surnoms, plus élogieux, ont été
attribués aux doyens, comme, par exemple, principes pastorum, pour
souligner leur autorité sur les confratres.199
Les doyens ne peuvent admettre l'arrivée de
prêtres étrangers qu'après avoir examiné la lettre
de recommandation de l'archidiacre qui les a autorisés à
partir.200
195. MALBRENNE, N.J.A., Des doyens et de leurs fonctions, dans
R.C., t. 3, Louvain, 1863, p. 25, notes 1 et 2.
196. Registrum I, f° 78. Registrum II,
f° 48. CEYSSENS, J., Ibid., p. 211.
197. AVRIL, J., Ibid., p. 109.
198. MUNSTERS, A., Ibid., p. 67.
199. MUNSTERS, A., Ibid., p. 67.
200. AVRIL, J., Ibid., pp. 121, 141 et 162.
La célébration des jubilés.201
Après cinquante ans de prêtrise, tout curé
peut fêter son jubilé et glaner ainsi quelques privilèges.
Outre l'exemption d'un certain nombre d'obligations, dont la présence
aux conciles, il s'affranchit de l'autorité de ses supérieurs,
sauf pour les fautes graves. Pour obtenir ces droits, il doit solliciter le
consentement du doyen.
Les festivités débutent par la formation du
cortège des invités, que le doyen emmène au domicile du
jubilaire. Celui-ci les accueille en s'agenouillant devant le chef de la
chrétienté. Il lui demande de lui accorder le privilège du
jubilé. Tous se rendent ensuite à l'église où une
messe sera chantée à la gloire du pasteur. Avant de passer
à table, pour le banquet traditionnel, le doyen offre au jubilaire une
couronne de fleurs et de verdure en signe de reconnaissance pour sa vaillance
et son dynamisme.
Le droit de funérailles.
Les doyens ruraux ont le droit, et même le devoir, de
présider aux funérailles de tous les clercs, de tous les nobles
et de tous les pauvres de leur district.202
En tant que curatus curatorum ou pastor pastorum, le doyen
célèbre les obsèques de tous les prêtres, quels
qu'ils soient, et de tous les clercs, même ceux qui n'ont pas reçu
les ordres mineurs ni même la tonsure.203 Leurs exécuteurs
testamentaires doivent soumettre leur testament au doyen, qui doit l'examiner,
puis le confirmer.
201. Registrum I, f° 112-117. Registrum II,
f° 72-77. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 213-214.
202. Registrum I, f° 89-99. Registrum II,
f° 57-62. SOHET, D., Ibid., p. 89. L'assentiment du doyen rural
est nécessaire à l'établissement d'un chapitre sur le
territoire du doyenné. Le doyen profite de sa position pour tirer parti
de la situation : il ne donne son consentement qu'en échange de divers
avantages. Il est ainsi certain d'obtenir le droit de funérailles sur
les religieux. (CEYSSENS, J., Ibid., p. 211).
203. Registrum I, f° 90. Registrum II,
f° 57 v°. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 214- 215.
Que faut-il exactement entendre par «noble»? Les
statuts de Susteren, de 1307, indi- quent que sont aussi enterrés dans
l'église des roturiers qui ont porté les armes pour les grandes
familles.204 Une loi de 1549, émanant de l'archidiacre de Hesbaye,
témoigne des difficultés causées par les bellatores
roturiers qui souhaitent que leurs funérailles soient semblables
à celles de leurs collègues nobles. Leur demande a
été reçue. Ordre est donc donné aux doyens de
chrétienté de célébrer aussi la messe d'enterrement
de tous les guerriers. Une différence subsiste néanmoins : le
blason du défunt noble peut toujours être exposé durant les
obsèques. Pour les soldats non-nobles, il est remplacé par les
armes portées par le défunt lors de ses combats.205 Dans le
concile de Maastricht, ce droit revient aux curés de toutes les
paroisses se situant à l'intérieur d'une enceinte. Le curé
de Visé, par exemple, enterre luimême ses paroissiens nobles,
malgré les protestations du doyen de la chrétienté.206
La troisième catégorie regroupe les
comédiens, les prostituées et les vagabonds étrangers et
inconnus.207 Les lépreux en font partie, eux aussi. Aux yeux de
l'Eglise, leur statut est pourtant fort différent. Leur prise en charge
par les doyens dépasse largement le cadre des obsèques.208
Les funérailles des nobles et des clercs comprennent,
bien sûr, la messe d'enterrement, mais aussi l'office de sépulture
ou commendatio super corpus. Le cercueil doit être porté par
quatre prêtres, officiant comme diacres, qui se tiennent aux quatre coins
du cercueil tout au long de la cérémonie. Après la
récitation du Non intres et du Subvenite, ils enton- nent, chacun
à leur tour, le début d'un des quatre évangiles. Entre ces
chants sont prononcées les oraisons, pendant lesquelles le doyen encense
et asperge d'eau bénite la bière et la tombe. Celle-ci se situe
très souvent à l'intérieur de l'église. Avant de
déposer
204. MUNSTERS, A., Ibid., p. 69.
205. DARIS, J., Notices sur les églises de Liège,
t. 12, Liège, 1885, p. 206.
206. CEYSSENS, J., Ibid., p. 218.
207. Registrum I, f° 94. Registrum II,
f° 60. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 215-216.
208. Voir paragraphe suivant.
le cercueil dans la fosse, l'assemblée
interprète divers psaumes qui expriment la joie de l'âme à
son entrée dans le monde éternel : le Confitemini Domino, le
Quemadmodum desiderat, le Jubilate et le Memento. Une fois que le corps du
défunt est placé dans le trou, le doyen prie pour sa
résurrection et pour le repos de son âme en le bénissant
avec de l'eau. Il jette ensuite la première pelletée de terre.
Pendant que les proches accomplissent, à sa suite, le même geste,
il entonne des psaumes avec les autres prêtres présents : le
Domine probasti me, le Domine exaudi, le Laudate et d'autres prières. La
solennité de la cérémonie dépend du rang du
défunt. Le doyen touche évidemment des droits à cette
occasion.209
Ces prérogatives disparaîtront, en partie, au
cours des siècles suivants. Au XVIIIe, les doyens conserveront
uniquement leurs droits de funérailles sur les prêtres, à
l'exception des autres clercs et des nobles.210
§ 12. La prise en charge des lépreux.
Depuis l'Antiquité, la lèpre211 hante la vie des
communautés humaines. Les autorités civiles et
ecclésiastiques ont tenté plus d'une fois de l'éradiquer,
mais, dans un premier temps, les mesures d'hygiène prises par les
autorités civiles et la charité ne peuvent enrayer sa
progression.212 La grande contagiosité de la maladie, la
pauvreté,213 l'insalu- brité de nombreuses habitations et les
disettes fréquentes ont raison des efforts entrepris
209. Registrum I, f° 89-93. Registrum II,
f° 57-59 v°. CEYSSENS, J., Ibid., p. 212.
210. CEYSSENS, J., Ibid., p. 219.
211. Une bibliographie générale sur ce sujet
est disponible à la fin de l'ouvrage de F. BERIAC, Histoire des
lépreux au Moyen Âge. Une société d'exclus, Paris,
1988. Pour la principauté de Liège : PITON, E., la Lèpre
en Hesbaye, dans B.S.A.H.L., t. 32, Liège, 1946. KURTH, G., la
Cité de Liège au Moyen Âge, t. 1, Liège, 1910, p.
126. HANKART, R., l'Hospice de Cornillon à Liège, dans la Vie
wallonne, t. 41, Liège, 1967. DE SPIEGELER, P., les Hôpitaux et
l'assistance à Liège (Xe-XVe siècle). Aspects
institutionnels et sociaux, thèse de doctorat présentée
à l'Université de Liège en 1984, publiée sous le
titre les Hôpitaux et l'assistance à Liège au XIIIe
siècle, Paris, 1987. DE SPIEGELER, P., la Léproserie de Cornillon
et l'assistance à Liège (XIIe-XVe siècles), dans Annales
de la société belge d'histoire des hôpitaux, t. 28,
Bruxelles, 1980. COCHELIN, I., Juette de Huy. Analyse de la Vita, Paris, 1987.
COCHELIN, I., Bourgeoisie et léproseries dans la principauté de
Liège (fin XIIe-début XIIIe s.), dans Sources. Travaux
historiques, t. 13, Lèpre et société au Moyen Âge,
Paris, 1988, pp. 15-18.
212. KURTH, G., la Lèpre en Occident avant les croisades,
Paris, 1907.
213. Van der Scaeft a recensé, parmi les
lépreux, une très large majorité de pauvres. Registrum I,
f° 70-71. Registrum II, f°
38v°-39. CEYSSENS, J., Ibid., p. 204.
en ce sens.214 Des études ont été
menées pour connaître le pourcentage de la population atteinte par
cette maladie,215 mais leurs résultats sont très divergents.
Bruno Tabuteau pense d'ailleurs qu'il n'est pas possible d'estimer le
pourcentage de malades.216 Néan- moins, il partage l'avis que la
période la plus critique de l'extension de ce fléau se situe aux
XIIe et XIIIe siècles. C'est aussi l'époque du plein essor des
léproseries liégeoises. Au milieu du XVIe siècle, une
dizaine de décès dus à la lèpre sont
recencés chaque année. Un quart de siècle plus tard, il
n'y en a déjà plus que trois.217 Le siècle suivant verra
disparaître cette maladie de l'ouest de l'Europe.218
Les premières sources qui évoquent l'assistance
que doit fournir le doyen rural aux lépreux datent du début du
XVIe siècle. Ces documents, qui témoignent de pratiques
immémoriales, proviennent de différents districts : Maastricht,
Tongres, Saint-Trond,219 Beringen220, Florennes221 et Bastogne.222 En les
comparant, il est aisé de constater que l'attitude du doyen envers le
lépreux et les démarches qui doivent être entreprises pour
enrayer le développement du fléau diffèrent assez peu d'un
concile à l'autre. Ces différentes traditions se sont donc
très probablement forgées sur une même base, qu'il n'a
malheureusement pas été possible d'identifier. Tout ce que nous
savons de ce tronc commun, c'est qu'il est déjà totalement
tombé dans l'oubli au début du XVIe siècle, d'où la
nécessité, pour les doyens de l'époque, de mettre par
écrit leurs droits et leurs devoirs dans les statuts synodaux ou dans un
quelconque recueil. Selon Sohet, ce sont les statuts archidiaconaux qui
seraient à la base de ces règlements, ce que nous avons du mal
214. PITON, E., Ibid., pp. 29-30.
215. DELORT, R., la Vie au Moyen Âge, 3e éd.,
Paris, 1982, p. 53 estime qu'au XIIIe siècle, 1 à 5% de la
population d'Europe occidentale est atteinte par la lèpre. BERIAC, F.,
la Peur de la lèpre, dans l'Histoire, t. 74, Paris, 1984, p. 57
réduit ce chiffre à 4 pour mille au maximum.
216. TABUTEAU, B., Combien de lépreux au Moyen
Âge? Essai d'étude quantitative appliquée à la
lèpre. Les Exemples de Rouen et de Bellencombre au XIIIe siècle,
dans Sources. Travaux historiques, t. 13, Lèpre et société
au Moyen Âge, Paris, 1988, p. 22.
217. CEYSSENS, J., Ibid., p. 209.
218. DE POTTER, F., De Leproos in de Middeleeuwen, dans Het
Belfort, t. 5, Gand, 1890, p. 338 et t. 6, Gand, 1891, pp. 91 et 170.
219. MANIGART, H., Praxis pastoralis seu continuatio theologiae
moralis, Liège, 1786, p. 353.
220. Registrum I, f° 70-76. Registrum II,
f° 38-43.
221. Records ecclésiastiques de la Belgique, dans
A.H.E.B., t. 1, pp. 219-221.
222. HABRAN, H., Ibid., pp. 16-26.
à croire, étant donné que ceux-ci sont
postérieurs aux records décanaux.223
Dans la seconde moitié du XIIe siècle, à
l'heure où les populations européennes sont
décimées par le fléau, le pape Alexandre III
préconise que toute communauté de lépreux doit disposer
d'une église, d'un cimetière particulier et d'un prêtre qui
lui serait tout spécialement attaché.224 Malgré la
présence de l'évêque Raoul de Zähringen au
troisième concile de Latran,225 ces mesures n'ont été
appliquées, dans le diocèse de Liège, qu'à partir
de 1185. La léproserie de Cornillon en a été la
première bénéficiaire.226 Mais, dans les régions
rurales éloignées des grandes maladreries, là où
les lépreux errent, désespérément isolés,
dans l'attente d'une hypothétique guérison, il est
évidemment impossible d'appliquer ce genre de disposition. C'est
peut-être à ce moment que, dans le diocèse de Liège,
décision a été prise de confier officiellement, aux doyens
de concile, la prise en charge des personnes contaminées.
Les doyens considèrent les lépreux comme leurs
propres paroissiens et non comme ceux du curé dont ils
dépendaient.227 Les offrandes de ceux-ci, excepté celle de
Pâques,228 leur reviennent ; une rente leur est versée à la
mort de chacun d'entre eux.229
Au cours d'un synode paroissial, lorsqu'un doyen prend
connaissance d'un éventuel cas de lèpre dans son district, il
doit obliger la personne présumée atteinte, de se rendre dans une
léproserie, afin d'y être examinée.230 Si le lépreux
vit dans l'indigence, le doyen
223. SOHET, D., Ibid., t. 1, Namur, 1770, p. 41.
224. FOREVILLE, R., Latran I, II, III et Latran IV, Paris, 1965,
p. 221.
225. DE SPIEGELER, P., les Hôpitaux et l'assistance
à Liège (Xe-XVe siècle), p. 83. KUPPER, J.-L., Raoul de
Zähringen, évêque de Liège (1167-1191). Contribution
à l'histoire de la politique impériale sur la Meuse moyenne,
Bruxelles, 1974, pp. 62-64.
226. DENIS, E., Sainte Julienne et Cornillon, 1927, pp.
151-152. Ces privilèges sont confirmés par une charte de 1189.
DENIS, E., Ibid., p. 154 et BORMANS, S., et SCHOOLMEESTER, E., Cartulaire de
Saint-Lambert à Liège, t. 1, Bruxelles, 1893, p. 115.
227. HABRAN, V., Ibid., p. 24 : quia sunt decani parochiani,
non autem curati. Records ecclésiastiques de la Belgique, dans A.H.E.B.,
t. 1, 1864, p. 219 : quia [decanus] est eorum (=leprosorum) superior solus, nec
habet amplius de eis se intromittere curatus.
228. HABRAN, V., Ibid., p. 24.
229. A partir de 1596, les doyens de Hasselt mentionnent les
lépreux morts dans leurs livres de recettes (CEYSSENS, J., Ibid., p.
209).
230. Registrum I, f° 207-210. Registrum II,
f° 109-112. CEYSSENS, J., Ibid., p. 179.
a le pouvoir de contraindre les membres de la paroisse du
malade à prendre en charge les frais du voyage, sous peine d'amende et
d'excommunication.231 Selon le droit coutumier du concile de Bastogne, une
partie des dépenses incombe uniquement à ceux qui, au
début du synode, dénoncent un malade.232 Pour obliger les
villageois à se soumettre à ces obligations, le doyen a souvent
dû faire appel à l'archidiacre ou à son official.233
A son retour, le malade doit remettre au doyen une lettre
contenant le diagnostic. Si celui-ci est positif et qu'il n'y a pas de
léproserie à proximité pour accueillir le malade, le doyen
doit exiger, des habitants de la paroisse du souffrant, la construction d'une
petite
maison à l'écart, appelée lazaret,234
proche d'un chemin de passage. S'il n'y a pas de cours d'eau tout proche, un
puits doit être creusé à l'usage exclusif du
lépreux.
Une fois le bâtiment construit, il faut le meubler. Le
doyen Van der Scaeft a dressé, en 1516, la liste précise des
objets qui doivent être fournis au lépreux ; une armoire, une
table, un garde-manger, un banc, une chaise, un lit, une cuve pour le bain, un
foyer, une crémaillère, un soufflet, un mortier à piler,
deux chaudrons, deux patelles, deux urnes, deux paires de draps de lit, des
couvertures, un oreiller, des taies, une nappe, six écuelles, six
cuillers en bois, deux pots, l'un d'airain, l'autre de pierre et une pelle. Les
paroissiens doivent aussi lui donner des vêtements distinctifs, une
crécelle, du bois de chauffage, de la nourriture, un coq et six
poules.235
Une cérémonie funèbre symbolise le
passage du monde des hommes à celui de la maladie, ou de la
sphère de la vie à l'antichambre de la mort. Quand les
préparatifs énoncés ci-dessus sont accomplis, le doyen ou
un autre prêtre,236 parfois accompagné de
concélébrants, se rend en procession, vêtu de noir, avec de
l'eau bénite et des croix, dans
231. Registrum I, f° 70. Registrum II,
f° 38-38 v°. CEYSSENS, J., Ibid., p. 203.
232. HABRAN, H., Ibid., pp. 22-23.
233. Registrum I, f° 71. Registrum II,
f° 39. CEYSSENS, Ibid., p. 202.
234. PITON, E., Ibid., p. 16.
235. Registrum I, f° 73-74. Registrum II,
f° 40-41. CEYSSENS, Ibid., p. 201-202.
236. Le record ecclésiastique du doyenné de
Florennes utilise le terme sacerdos et non decanus pour cette
cérémonie (Records ecclésiastiques, p. 219).
la maison où le lépreux a vécu
jusqu'ici.237 Après la bénédiction du malade, le
cortège se rend au cimetière du village au son des chants
funéraires en l'honneur de Dieu (le Subvenite Sancti Dei et le Miserere
mei)238 et de saint Lazare (Qui Lazarum).239 Dans le concile de Beringen, c'est
à ce moment que le lépreux peut se confesser au doyen avant de
revêtir ses habits gris et de rentrer à l'église en agitant
la crécelle,240 alors qu'à Florennes, l'absolution a lieu juste
avant la communion.241
Dès le début de la messe de Requiem,242 le
lépreux, ainsi que le catafalque, sont recouverts du voile mortuaire.243
Dans le canton de Florennes, une motte de terre, dépo- sée sur le
voile, symbolise la mort du malade et son passage dans une autre vie.244 C'est
ainsi que les hommes du Moyen Âge et du début des Temps modernes
sont parvenus à matérialiser, aux yeux de tous, cette
séparation d'un homme de la communauté des paroissiens.
Après ce côté sombre et morbide, la cérémonie
prend des allures de fête nuptiale afin de symboliser l'alliance du
malade avec l'Eglise.245 A la fin de la messe, le doyen ou son
remplaçant conjure l'assemblée de l'aider plus que les autres
pauvres et de beaucoup prier pour lui.246
237. Registrum I, f° 95. Registrum II,
f° 60 v°.CEYSSENS, J., Ibid., pp. 202- 203.
Records ecclésiastiques, p. 219.
238. Registrum I, f° 96. Registrum II,
f° 61. CEYSSENS, Ibid., pp. 202-203. Records
ecclésiastiques, p. 219.
239. Records ecclésiastiques, p. 219. La lèpre
porte aussi le nom de mal SaintLazare (CEYSSENS, J., ibid., p. 207).
Origène et les premiers pairs de l'Eglise dépeignent le pauvre
Lazare, qui se voit refuser l'entrée de la maison d'un riche, comme un
lépreux (CULE, J., Diagnostic et traitement de la lèpre au Moyen
Âge au pays de Galles, dans Colloque international d'histoire de la
médecine, Orléans, 1985, p. 4. BEROU, N., et TOUATI, F.-O.,
Voluntate Dei leprosus. Les Lépreux entre conversion et exclusion aux
XIIe et XIIIe siècles, Spolète, 1991, p. 35). L'autre Lazare,
qui, selon les Evangiles, serait ressuscité à Béthanie,
souffrirait, selon certaines traditions, de la même maladie (NEBROU, N.,
et TOUATI, F.-O., Ibid., p. 36. SAXER, V. et CARDINALI, A., Lazaro di Betania,
dans Bibliotheca Sanctorum, t. 7, Rome, 1990, pp. 1141 et suivantes et BERIAC,
F., Ibid., pp. 123-128).
240. Registrum I, f° 97. Registrum II,
f° 61 v°. CEYSSENS, Ibid., p. 206.
241. Records ecclésiastiques, p. 219.
242. Registrum I, f° 97. Registrum II,
f° 61 v°. CEYSSENS, Ibid., p. 206. Records
ecclésiastiques, p. 219.
243. Registrum I, f° 97. Registrum II,
f° 61 v°. CEYSSENS, Ibid., p. 206. Records
ecclésiastiques, p. 219.
244. Records ecclésiastiques, p. 220. : ... terra
superposita per totam missam, ac si esset defunctus.
245. Registrum I, f° 98. Registrum II,
f° 62. CEYSSENS, Ibid., p. 206. Records ecclésiastiques,
p. 219. : ac si essent nuptiae.
246. Registrum I, f° 98. Registrum II,
f° 62. CEYSSENS, J., Ibid., p. 206.
L'office achevé, le lépreux communie,247 prend
l'eau de ses ablutions dans une écuelle248 et prend sa crécelle
pour se rendre, avec tout le cortège, dans son nouveau et dernier lieu
de séjour.249 A Florennes, le doyen, après une courte
prière, bénit alors le souffrant avec de l'eau ainsi que la
maison construite pour lui par les paroissiens. Il jette ensuite de la terre
à trois reprises sur la léproserie en prononçant encore
quelques mots en latin.250
Le doyen rural est aussi le garant des bons rapports entre la
population et le malade : après la cérémonie religieuse,
il ordonne publiquement au souffrant de faire pénitence, de rester
à jamais éloigné des habitations et de ne causer de mal
à personne.251 Il est le seul à pouvoir juger tout méfait
commis par le lépreux,252 contre qui il peut prononcer une sentence
d'excommunication.253 Il doit aussi protéger ce dernier, en cas de
préjudice. Dans le district de Florennes, le doyen a, en plus, le devoir
d'ordonner aux paroissiens de servir le malade.254 Ce sont les lépreux
et les Juifs qui subissent le plus souvent les foudres de la population locale
notamment par des jets de pierres et des incendies boutés aux
léproseries. Une certaine tranche de la population est convaincue que
les lépreux s'emploient à nuire à son bien-être, par
exemple en empoisonnant les sources et les ruisseaux.
247. Registrum I, f° 98. Registrum II,
f° 62. CEYSSENS, Ibid., p. 206. Records ecclésiastiques,
p. 220.
248. Registrum I, f° 98. Registrum II,
f° 62. CEYSSENS, J., Ibid., p. 206.
249. Registrum I, f° 98. Registrum II,
f° 62. CEYSSENS, J., Ibid., p. 206.
Records
ecclésiastiques, p. 220.
250. Records ecclésiastiques, p. 220.
251. Registrum I, f° 99. Registrum II,
f° 62. CEYSSENS, J., Ibid., pp. 207-208.
252. Records ecclésiastiques, p. 219 : Item decanus habet
juridictionem omnimodam leprosorum judicatorum. CEYSSENS, J., Ibid., p.
208-209.
253. Registrum I, f° 74. Registrum II,
f° 40 v°. CEYSSENS, J., Ibid., p. 207.
254. Registrum I, f° 98. Registrum II,
f° 62. CEYSSENS, J., Ibid., p. 208. Records
ecclésiastiques, p. 219 : idem decanus debet [...] defendereque ipsos
leprosos ab omni molestatione. BERIAC, F., Ibid., pp. 128-134, parle du
fantasme du complot des lépreux et des Juifs. COCHELIN, I., Ibid., p.
17, a relevé l'affaire de l'incendie de la ferme de la léproserie
de Cornillon par des membres du clan Donmartin, en 1220. PITON, E., Ibid., p.
16.
A la mort du lépreux, c'est au doyen que revient la
tâche de célébrer les funérailles. Le cadavre,
après avoir été amené dans le cimetière, est
incinéré.255 Puis, les cendres sont dispersées dans un
endroit particulier,256 conformément au canon 23 du troisième
concile de Latran. La messe qui suit l'inhumation est celle des martyrs car les
lépreux sont considérés comme tels par l'Eglise.257
Dans le concile de Beringen, les biens du défunt,
donnés par la communauté, reviennent au doyen. Celui-ci peut les
revendre aux paroissiens pour le lépreux suivant, ou, s'il est moins
cupide et plus soucieux des conditions d'hygiène, faire brûler la
propriété avec tous les objets qu'elle contient.258 Dans le
concile de Bastogne, au XVIIe siècle, l'incendie des biens des
lépreux a été rendu obligatoire,259 ainsi que dans ceux
qui dépendent de l'archidiaconé de Hesbaye (Maastricht, Tongres
et Saint-Trond).260
255. Registrum I, f° 99. Registrum II,
f° 62. CEYSSENS, J., Ibid., p. 208 et HABRAN, V., Ibid., p. 24
: Omnes leprosorum domus, mortuis leprosis debent igne consumi. Selon SOHET,
D., Ibid., p. 40, il doit être enterré près de son
lazaret.
256. Registrum I, f° 98. Registrum II,
f° 62. CEYSSENS, J., Ibid., p. 208.
257. Registrum I, f° 94-99. Registrum II,
f° 60 v°-62. CEYSSENS, J., Ibid., p. 208.
258. Registrum I, f° 76. Registrum II,
f° 43. CEYSSENS, J., Ibid., p. 208.
259. HABRAN, V., v. supra. Pour éviter toute tentative
de vol, le doyen, accompagné de témoins, dresse l'inventaire des
biens dans la maison du défunt et le compare avec la liste des objets
qui lui ont été donnés par la communauté. SOHET,
D., Ibid., p. 41.
260. MANIGART, H., Ibid., p. 353.
B. Tâches courantes.
A côté des fonctions qui leur sont
imposées, les doyens ruraux détiennent des pouvoirs en
matière de juridiction gracieuse et contentieuse. La plupart d'entre eux
sont connus par des actes à l'élaboration desquels ils ont
participé, à titre d'auteurs ou, le plus souvent, à titre
de témoins. Pourtant, cette facette importante de leur activité a
rarement été étudiée. Seuls deux historiens s'y
sont intéressés : Hubert Nélis261 et Emile Brouette.262 Le
premier a publié, en 1924, une analyse de la juridiction gracieuse
rendue par les doyens du Moyen Âge, dans les limites de la Belgique
actuelle. Or, le choix du cadre géographique est totalement
incohérent car de nombreuses différences apparaissent entre le
développement du décanat rural liégeois et
cambrésien. Dans le diocèse de Liège, les doyens ruraux
jouissent de pouvoirs beaucoup plus étendus, notamment en matière
de justice synodale et conciliaire.263 En un mot, Nélis croit pouvoir
appliquer à toutes les régions du royaume des conclusions qui, en
fait, ne sont valables que pour l'évêché de Cambrai. Emile
Brouette a le mérite de prendre enfin en considération le
diocèse de Liège. Malheureusement, il utilise toujours les propos
de Hubert Nélis comme base pour ses recherches.
Durant tout le XIIIe siècle, les doyens ruraux entrent
régulièrement dans l'élaboration d'actes consignant des
donations et des décisions arbitrales relatives, pour la plupart, aux
dîmes. Pour Hubert Nélis, une décrétale non
datée du pape Alexandre III (1159-1181), qui reconnaît la valeur
juridique des actes munis d'un sceau authentique, serait à l'origine de
ces pratiques.264 Dans le diocèse de Liège, l'activité
législatrice des conciles décanaux, inconnue à Cambrai,
fait du doyen rural un personnage de référence en matière
juridique.
261. NELIS, H., les Doyens de chrétienté, dans
R.B.P.H., t. 3, Bruxelles, 1924, pp. 59-73, 251-278, 509-525, et 821-840.
262. BROUETTE, E., Regeste des doyens de la
chrétienté de Jodoigne aux XIIe et XIIIe siècles, dans
Leod., t. 46, Liège, 1959, pp. 27-38.
263. v. chapitre 5A, §2 et §6.
264. NELIS, H., Ibid., p. 60. Le texte de la
décrétale stipule ceci : Scripta vero authentica, si testes
inscripti decesserint, nisi per manum publicam factam fuerint, ita quod
appareant publica aut authenticum sigillum habuerint, per quod possint probari,
non videntur nobis alicuius firmitatis robur habere (Corpus Iuris Canonici,
éd. FRIEDBERG, E.A., 2e éd., Graz, 1959, p. 344).
A partir de la fin du XIIe siècle, les doyens ruraux,
réputés pour la connaissance approfondie des lois et des coutumes
locales, font régulièrement partie d'un comité
d'arbitrage. La première décision arbitrale rendue par un doyen
rural remonte à 1183 : Hermann, doyen du concile de Fleurus,
déclare que les religieux de Frasnes-lez-Gosselies ne sont pas
obligés de fournir de la nourriture aux membres du concile lorsqu'ils
siègent à Frasnes.265 Très rapidement, les doyens ruraux
sont appelés à rendre la justice en dehors des activités
conciliaires. Vers 1202, Baudouin, doyen de Gembloux, accompagné de
l'abbé de Malonne, et l'écolâtre du chapitre de Fosses
prononcent une sentence pour mettre un terme à une querelle opposant
l'abbaye de Floreffe et le prieuré de Sart-les-Moines au sujet de la
propriété du bois de Dampremy.266 Les doyens ruraux ont nettement
devancé les prêtres de paroisse en matière juridique
puisque le premier jugement connu rendu par un curé remonte seulement
à 1224.267
En général, les conflits arbitrés par les
doyens se caractérisent par leur portée locale et leur importance
moindre, alors que le haut clergé prend en charge les conflits de plus
grande ampleur.268 Les doyens de concile jugent essentiellement des affaires
ayant trait aux dîmes.269
Contrairement à l'avis d'Emile Brouette, nous ne
croyons pas en la naissance de bureaux d'écriture, placés sous la
direction du doyen.270 En dehors des tâches imposées,
l'activité juridique des doyens ruraux reste assez faible durant tout le
XIIIe siècle, puis s'amenuise rapidement, probablement en raison du
développement de l'officialité et du notariat public. Au
début du XVIe siècle, Henri Van der Scaeft note, dans son
Registrum, que les doyens ruraux
265. DE MARNEFFE, E., Cartulaire d'Affligem et des
monastères qui en dépendent, Louvain, 1896, pp. 249-250.
266. BARBIER, V. Histoire de l'abbaye de Floreffe, t. 2
(documents), Namur, 1892, p. 51.
267. BOUCHAT, M., l'Arbitrage dans le diocèse de
Liège aux XIIe et XIIIe siècles, mémoire de licence
présenté à l'Université de Liège en 1987, p.
146.
268. BOUCHAT, M., Ibid., p. 145.
269. Par exemple : A.G.R., cartulaire de l'abbaye
d'Heylissem, f° 47. A.E.N., cartulaire de Waulsort, t. 5,
f° 128 v° et 129 v°. REUSENS,
Documents relatifs à l'abbaye norbertine de Heylissem, dans A.H.E.B., t.
27, Louvain, 1898, p. 189. La plupart des contestations relatives aux
dîmes sont traitées, non pas par un comité d'arbitrage,
mais par le concile décanal. A.E.L., chartrier du chapitre de
Saint-Lambert (8 janvier 1230). PAQUAY, J., Records ecclésiastiques de
l'ancien concile de Tongres, archidiaconé de Hesbaye, dans B.S.S.L.L.,
t. 25, Tongres, 1907, pp. 247-251).
270. BROUETTE, E., Ibid., pp. 27-28.
sont parfois sollicités pour sceller des actes qui leur
sont tout à fait étrangers pour deux raisons : les parties
contractantes ne possèdent pas toujours elles-mêmes un sceau et
celui du doyen permet de garantir l'authenticité de l'acte.271 Une
formule, issue d'un acte de 1268 , illustre clairement la valeur du sceau
décanal en matière juridique : Nos avons pendut nostre sael avech
le sael de Raoul, vestit de Montenaeken et doyen del concille de Saint tron en
tesmoignage de veriteit.272 En fait, dès la seconde moitié du
XIIe siècle, le doyen peut être assigné comme seul
témoin d'un acte.273
271. Registrum I, f° 114-116. Registrum II,
f° 75-76. CEYSSENS, J., Ibid., p. 107.
272. A.E.H., chartrier du Val-Notre-Dame.
273. A.E.H., ibid. (1268). D'autres exemples nous sont
parvenus : en 1290, le chevalier de Bokstel et son frère demandent au
doyen du concile de Woensel d'authentifier de son sceau un acte de renonciation
(BARBIER, V., Ibid., p. 200). En 1244 déjà, le doyen de
Hozémont authentifie, avec le vestit de Fexhe, une donation qui ne les
concerne pas (A.E.L., chartrier de l'abbaye du ValSaint-Lambert).
C. La forme des actes.
La matière subjectile, l'encre et la réglure des
actes décanaux ne recèlent aucune information remarquable ; elles
se conforment en tout point aux usages de l'époque, connus par de
nombreuses études de diplomatique. Nous ne nous y attarderons donc pas
davantage. Le format de ces actes témoigne de leur importance moindre.
Leur hauteur est comprise entre 11,1274 et 20 cm.275 Il ne faut pourtant pas en
conclure une grande disparité dans la taille des documents
décanaux car la majorité de ceux-ci mesure, en fait, aux
alentours de 15 cm de haut.276 Leur largeur, véritablement fort
aléatoire, varie entre 17,4277 et 30 cm.278 Le document le plus grand
étant une décision arbitrale d'un concile décanal (20 cm
de haut sur 26,4 cm de large),279 nous pouvons en déduire l'existence
possible d'un rapport entre la taille et l'importance, toute relative, de ces
documents. L'étude de l'ornementation de l'écriture impose les
mêmes conclusions : presque aucun acte dressé par un doyen ne
comporte d'ornement. Seule l'invocation de quelques sentences conciliaires est
écrite en majuscules et comprend quelques crochets et apex, de
même que la première lettre du nom du doyen.280 Par ailleurs,
aucun document ne présente la moindre correction, surcharge ou note
marginale.
L'étude des sceaux décanaux revêt un
intérêt certain car ceux-ci semblent jouir d'une valeur juridique
relativement importante. La cire verte est le plus fréquemment
utilisée, même pour les décisions conciliaires.281
Seulement deux
274. A.E.H., ibid. (1263).
275. A.E.L., chartrier du chapitre de Saint-Lambert (8 janvier
1230).
276. A.E.H., ibid. (mars 1243) et chartrier de l'abbaye du
Neufmoustier (9 décembre 1523) A.E.N., chartrier de l'abbaye de
Salzinnes (19 juin 1238 et 1235). A.G.R., chartrier de l'abbaye de Heylissem
(août 1240). A.E.L., chartrier de l'abbaye du Val-Saint-Lambert (19
août 1244).
277. A.E.N., ibid. (19 juin 1238).
278. A.E.N., ibid. (24 juillet 1235).
279. A.E.L., ibid. (8 janvier 1230).
280. A.E.L., ibid. (8 janvier 1230).
281. A.G.R., collection sigillographique, n°
43, 446, 1226, 2259, 2259, 10485, 11445, 13825, 19835, 19908 et chartrier de
Heylissem (août 1240). A.E.N., ibid. (19 juin 1238). A.E.L., ibid. (8
janvier 1230). A.E.H., Val-Notre-Dame (mars 1243 et 1268). A.D.N.L., chartrier
du chapitre de Saint-Géry à Cambrai (5 juin 1551).
sceaux en cire brune ont été relevés.
L'un a été apposé par le doyen d'Andenne, en 1223, au bas
d'une sentence arbitrale.282 L'autre figure au bas d'un vidimus
délivré en 1350 par le doyen de Rochefort, Gauthier
d'Ochain.283
Tous les sceaux connus pendent sur une double queue de
parchemin, sauf celui de Gauthier d'Ochain, doyen de Rochefort au milieu du
XIVe siècle, qui est fixé sur une languette simple,284 et celui
de Rodolphe, doyen de Fleurus en 1207, qui est attaché au document par
un lacs de soie jaune et bleue.285
La place du sceau semble fort aléatoire. En voici la
meilleure illustration : en 1223, le doyen de la chrétienté
d'Andenne, Hellin, appose son sceau, à titre de témoin, à
un document consignant une sentence arbitrale rendue par l'abbé de
Flône. L'acte a été rédigé en plusieurs
exemplaires, dont deux sont conservés aujourd'hui. Dans le premier, le
sceau du doyen se situe en septième et dernière position, en
commençant par la gauche, alors que dans le second, il arrive en
troisième place.286
Les contre-sceaux sont plus rares. A notre connaissance, seuls
trois doyens en ont utilisé : Lambert, doyen de Gembloux (1264),287
Roger, doyen de Maastricht (1281)288 et Jacques, doyen de Fleurus (1296).289
Par contre, aucune trace de sous-sceau n'a été relevée.
282. A.E.H., ibid. (1223).
283. Description dans VERKOOREN, A., Inventaire des chartes
et cartulaires des duchés de Brabant et de Limbourg et des pays
d'Outre-Meuse, t. 2, Bruxelles, 1911, p. 227. A.G.R., collection
sigillographique, n°24672.
284. A.G.R., ibid., n° 24672.
285. Selon DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 336.
286. A.E.H., ibid.
287. Ce sceau est aujourd'hui disparu. Néanmoins, nous
en possédons une description sommaire grâce aux travaux de
PONCELET, E., Chartes du prieuré d'Oignies, dans A.S.A.N., t. 31, Namur,
1912, p. 74 et de BROUETTE, E., les Doyens ruraux de Gembloux du XIIe au XVIe
siècle, dans B.S.R.A.B., (sans tomaison), Bruxelles, 1946, p. 24.
288. Description dans CUVELIER, J., Cartulaire de l'abbaye du
Val-Benoît, Bruxelles, 1906, p. 244.
289. NELIS, H., Ibid., p. 518, omet de donner une
référence.
Conformément à de nombreux sceaux
cléricaux, ils se présentent généralement en forme
de navettes et sont de type pédestre.290 Cependant, il faut noter que
certains doyens d'origine noble utilisent des sceaux de type héraldique.
Celui de Philippe d'Avin, doyen de Hanret en 1551, qui se distingue en outre
par sa forme ronde, en est le meilleur exemple.291 D'autres sont de type
hagiographique, comme ceux de Gauthier d'Ochain292 et de Jacques, doyen de
Fleurus (1296),293 qui représentent la Vierge tenant l'Enfant dans ses
bras. En dessous figure le blason familial. Autre exemple : celui de Lambert,
doyen de Gembloux en 1264, représente le doyen agenouillé aux
pieds d'un saint.294 Quant aux sceaux de Thomas, de Hanret,295 et de Jean, de
Jodoigne,296 ils représentent un saint tenant la Bible dans ses mains.
L'Agnus Dei figure sur le sceau de Thomas, doyen de Hanret (1247).297 Le type
monumental est plus inattendu de la part de prêtres. Pourtant, deux
d'entre eux ont été retrouvés: celui de Jean, doyen de
Gembloux au milieu du XIIIe siècle,298 et celui de Henri, son
vicedoyen.299 Certains sceaux sortent quelque peu de la norme, comme celui de
Baudouin, doyen de ce concile au début du XIIIe siècle : il
représente un personnage assis, de profil, penché sur un pupitre
où figure un livre ouvert. De la main gauche, il tient une fleur de
lis.300 Gauthier, doyen de ce même district en 1249,301 et Pierre, doyen
de Louvain en 1243,302 possèdent un sceau représentant une
main
290. A.E.L., ibid. (8 janvier 1230). A.E.H., ibid. (1223 et
mars 1243). A.E.N., ibid. (19 juin 1238). A.G.R., collections
sigillographiques, n° 43, 1226 et 1765.
291. A.D.N.L., ibid. (5 juin 1551).
292. A.G.R., ibid. , n°24672.
293. A.G.R., ibid., n°19908.
294. BROUETTE, E., Ibid., p. 24 et PONCELET, E., p. 74 (v.
n°140).
295. A.G.R., ibid., n° 2259.
296. A.G.R., ibid., n° 19835.
297. A.G.R., ibid., n° 13825.
298. A.G.R., ibid., n° 10485.
299. A.G.R., ibid., n° 446.
300. BROUETTE, E., Ibid., p. 20. Une photo de ce sceau a
été publiée par cet historien p. 26.
301. Ce sceau a, aujourd'hui, disparu de l'acte auquel il
était appendu. Néanmoins, il est décrit par PONCELET, E.,
Ibid., p. 119 et par BROUETTE, E., Ibid., p. 23.
302. A.G.R., chartrier de l'abbaye de Sainte-Gertrude à
Louvain.
tenant un lis. Celui du doyen de Maastricht, Roger, montre une
main entourée de trois figures : le Christ, le soleil et la lune.303 Sur
celui de Raoul de Montenaeken figure une grande fleur de lis qui divise le
sceau verticalement en deux parties symétriques. Chacune de ces deux
parties est occupée par un grand oiseau tenant la tige dans son bec.304
En 1233, le doyen du concile de SaintTrond emploie un sceau représentant
un aigle à ailes déployées.305 Sur celui du doyen de
Maaseik est représenté le chêne (eick), emblème de
la ville.306
La plupart des sceaux soulignent la piété,
l'érudition ou la puissance relative des doyens. Sur ceux de type
pédestre, les doyens sont représentés dans des
vêtements de cérémonie aux manches particulièrement
amples, détail qui, selon G. Demay, exprime leur grande
dignité.307 Les sceaux du type de celui de Baudouin, qui
représente le doyen assis et penché sur un pupitre, soulignent la
grande érudition de leur détenteur.308 Ils seront, d'ailleurs,
utilisés ensuite par les docteurs des universités.309 La
piété est, bien sûr, clairement mise en évidence
dans les sceaux de type hagiographique, mais aussi dans les sceaux de type
pédestre car ils représentent des doyens accordant la
bénédiction de la main droite et tenant une Bible dans la main
gauche. Quant au sceau de type monumental, il est probable qu'il s'agisse d'une
représentation de l'édifice religieux dans lequel sont
passés les contrats.310
La légende, toujours écrite en latin, est
très stéréotypée : elle consigne le nom du doyen et
le concile dont il est titulaire avec, généralement, une mention
de la paroisse qu'il est chargé de desservir.
303. Selon CUVELIER, J., Ibid., p. 234.
304. A.E.H., ibid. (1268).
305. A.G.R., ibid., n° 20975.
306. NELIS, H., Ibid., p. 517.
307. DEMAY, G., le Costume au Moyen Âge d'après les
sceaux, Paris, 1880, p. 272.
308. BROUETTE, E., Ibid., p. 20.
309. ROMAN, J., Manuel de sigillographie française, p.
140.
310. BROUETTE, E., Ibid., pp. 22-23, propose une autre
hypothèse. Selon lui, il s'agit d'une allusion à la puissance des
doyens, que l'auteur de la matrice a voulu comparer à celle des villes.
Cette explication nous semble, en fait, assez peu plausible car nous ne voyons
pas vraiment de rapport entre le décanat rural et les villes en
matière du juridiction gracieuse.
L'étude des caractéristiques internes est
très complexe car les formules utilisées varient
considérablement selon le concile et, bien sûr, selon qu'il s'agit
de records conciliaires, d'une décision arbitrale ou d'un acte
notarié. En fait, il faut voir, dans les premiers, les seuls documents
caractéristiques du décanat rural. Les autres actes sont
dressés occasionnellement et ne relèvent pas de pouvoirs
réservés exclusivement aux doyens. Ceci explique que les records
sont rédigés dans un style très libre, sans réel
souci d'uniformité, contrairement aux autres documents, pour lesquels
les doyens ruraux doivent se conformer aux usages de leur époque.
En ce qui concerne les records de conciles, une
première constatation s'impose : l'ordre des formules diffère
énormément d'un concile à l'autre. A Jodoigne, les
décisions conciliaires débutent par des précisions sur la
date et sur le lieu de la tenue du concile. Figure ensuite la liste des
participants. Suivent le préambule, l'exposé, très bref,
et le dispositif qui occupe la plus grande partie du document. Le texte se
termine par des closes injonctives.311 A Florennes, l'acte débute par
l'adresse et le salut, avant de passer directement au préambule. Le
texte s'arrête au dispositif ; les clauses finales sont inexistantes.312
Dans les districts de Ciney313 et de Hanret,314 la formule d'adresse, par
laquelle l'acte débute, est suivie de la suscription et du salut. A
Ciney, contrairement aux usages en vigueur dans les autres conciles, la
corroboratio du record de 1556 est particulièrement
développée,315 alors qu'en 1538, elle est inexistante.316 Les
caractéristiques internes des sentences du concile de Maastricht, de
1281 et de 1282, se rapprochent beaucoup des autres actes, dont les doyens sont
les auteurs.317 Le schéma de ceux-ci, beaucoup plus conventionnel, se
rapproche des actes des officiaux, par souci d'uniformité.318
311. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 1, pp.
339-345.
312. Ibid., dans A.H.E.B., t. 2, pp. 213-214 et 221.
313. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, pp. 169-170 et t. 5, p. 189.
314. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 180.
315. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 176.
316. Ibid., dans A.H.E.B., t.5, p. 194.
317. CUVELIER, J., Ibid., pp. 243-244. SCHOOLMEESTERS, E.,
Diplômes de l'abbaye du Val-Benoît relatifs à Simpelveld,
Elsloo, Gronsveld et Vaesrade, dans P.S.H.A.D.L., t. 21, Roermond, 1884, p.
139.
318. NELIS, H., Ibid., p. 509.
Il faut remarquer que, outre ces profondes divergences, qui
donnent aux records conciliaires un aspect chaotique, quelques traits communs
subsistent. L'acte débute généralement par une adresse
générale,319 suivie de la liste des prêtres participant
à la réunion.320 S'il est très rare de trouver des
formules d'invocation dans ces textes, le salut comporte fréquemment une
référence à Dieu.321 Le doyen du district de Tongres,
Jordan de Baest, utilise une formule de salut singulière, qui a pour
caractéristique d'associer Dieu et la quête de
vérité, soit les deux éléments qui président
à l'élaboration des actes cléricaux : salutem in Eo in quo
est omnium vera salus.322 Le préambule rappelle le rôle du concile
et s'attarde parfois aussi sur les activités du concile durant la
journée de réunion.323 L'exposé décrit les conflits
qui ont surgi, mettant souvent en cause les décimateurs. Il va de soi
que, dans tous les cas, le dispositif occupe la place centrale du document et
consigne tous les nouveaux règlements. Dans tous les doyennés,
l'accent est mis, généralement à l'issue du dispositif,
sur la reconnaissance des coutumes qui constituent les nouvelles lois afin
d'assurer leur validité.324 En 1538, le doyen du concile de Ciney
écrit ceci : Cette sont les coustumes et discussions des doutes
prétouchées, usées, tenues et observées en notre
concil de Ciney par nous et nos prédécesseurs de si longtemps,
qu'il n'est mémoire du contraire ; ce qui de jour en jour, le cas
advenants, se usent, tiennent et observent, et sont en fresche et
récente observation.325 Le record de Hanret de 1447 illustre, lui aussi,
clairement ce propos : Et haec sunt consuetudines dicti nostri concilii
inconcussae, ab antiquissimis temporibus per nos nostrosque praedecessores
confratres eiusdem concilii a tempore, de cuius contrario hominum memoria non
existit, observatae.326 Toutefois, il faut noter que, dans les records de la
chrétienté de Tongres de 1367 et de 1448, ce genre de formule est
placée juste avant l'énumération des décisions
conciliaires.327
319. PAQUAY, J., Ibid., pp. 252, 260 et 265. Records
ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 2, p. 213, t. 4, pp. 170, 180, 197 et
t. 5, p. 189. CUVELIER, J., Ibid., p. 243 et SCHOOLMEESTERS, E., Ibid., p.
139.
320. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 180.
321. Ibid., dans A.H.E.B., t. 2, p. 213, t. 4, pp. 170, 180 et
t. 5, p. 189. CUVELIER, J., Ibid., p. 243 et SCHOOLMEESTERS, E., Ibid., p.
139.
322. PAQUAY, J., Ibid., p. 253.
323. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B, t. 2, p.
213-214, t. 4, pp. 165 et 170.
324. Ibid., dans A.H.E.B., t. 1, p. 344, t. 4, pp. 175-176 et
199.
325. Ibid., dans A.H.E.B., t. 5, p. 194.
326. Ibid., dans A.H.E.B., t. 4, p. 183.
327. PAQUAY, J., Ibid., pp. 254 et 270.
Pour ce qui est des autres actes, les invocations sont aussi
rares que pour les records conciliaires, mis à part dans les conciles de
Jodoigne,328 où certains actes sont placés sous la protection
divine, de Fleurus329 et de Tongres,330 où référence est
faite à la Trinité. Herman, doyen de Fleurus à la fin du
XIIe siècle, est le seul à utiliser, en plus, une invocation
monogrammatique se présentant sous la forme d'une croix.331 Dans la
majeure partie des cas, le document est inauguré par une adresse
générale du type Universis presentes litteras visuris332 ou
inspecturis.333 S'il s'agit d'une adresse spéciale, c'est que le
destinataire du document occupe une place plus élevée dans la
hiérarchie ecclésiastique.334 En 1258, Jean, doyen de Ciney,
adresse un document à toute personne fidèle à
Jésus-Christ.335 Le doyen se présente ensuite en mentionnant,
parfois, la paroisse qu'il dessert. Dans ce cas, il se nomme parfois doyen de
cette paroisse en omettant le nom du concile dont il est titulaire. Ainsi, dans
un acte de 1270, le curé de Beverlo et doyen de Beringen se fait appeler
decanus de Beverle.336 D'autres formules particulières peuvent
apparaître. Dans un acte de 1208, le doyen de Chimay mentionne, dans la
suscription, l'ensemble du concile de Coving, tout simplement parce que,
à cette époque, le doyen de Chimay est souvent curé de
Couvin.337 Contrairement à l'avis de H. Nélis,338 nous pouvons
affirmer que les formules du type N., Dei gratia decanus Lewensis concilii sont
assez fréquentes pour des
328. REUSENS, E., Ibid., p. 189.
329. DE MARNEFFE, E., Ibid., pp. 249, 256 et 336. La même
formule est utilisée à trois reprises : In nomine sancte et
individue Trinitatis.
330. BORMANS, S. et SCHOOLMEESTERS, E., Cartulaire de
l'église Saint-Lambert, à Liège, t. 1, Bruxelles, 1893, p.
257. La même formule est employée à Tongres et à
Fleurus.
331. Monogramme reproduit dans l'ouvrage de DE MARNEFFE, E.,
Ibid., p. 249.
332. LAENEN, J., Documents concernant la paroisse de Desschel,
dans A.H.E.B., t. 35, Louvain, 1909, p. 429. A.E.H., ibid.(mars 1243 et 1263).
A.E.N. (1235).
333. REUSENS, E., Ibid., p. 143.
334. BARBIER, V., Ibid., p. 154.
335. BARBIER, V., Histoire du monastère de
Géronsart, Namur, 1886, p. 269.
336. LAENEN, J., Ibid., p. 425.
337. LAHAYE, L., Chartes de l'abbaye de Brogne, dans B.C.R.H.,
t. 76, Bruxelles, 1907, p. 676.
338. NELIS, H., Ibid., p. 510.
doyens de chrétienté.339 Le salut peut, lui aussi,
comporter une référence à Dieu.340
Le corps du texte débute par
l'énumération des parties en présence et, le plus souvent,
de leur qualité. Voici donc les formules qui introduisent ou qui
achèvent cette liste : in nostra presentia constitutus,341 in presentia
nostra342 ou encore coram nobis.343 L'exposé s'attarde sur les
circonstances qui poussent ces parties à comparaître devant la
justice. Parfois, le dispositif est amené par une formule qui met,
à nouveau, en évidence la présence personnelle du doyen
et, dans un certain nombre de cas, le respect de la loi : in presentia nostra
constitutus,344 sub testimonio nostro inque praesentia nostra,345 in jure
constitutus coram nobis346 ou encore coram nobis in jure.347 Les deux
qualités principales du dispositif, que l'on retrouve dans la majeure
partie des documents, sont la brièveté et la clarté.
Avant de citer la liste des témoins, introduite le plus
souvent par une formule très classique, l'auteur de l'acte peut
introduire une sanctio composée, ici, de formules d'imprécation.
Celles-ci ne se rencontrent qu'à la fin du XIIe siècle et au
début du XIIIe : Rodolphe, doyen de Fleurus en 1207, frappe
d'anathème tout qui serait assez téméraire pour
transgresser la sentence décanale.198 Une poena spiritualis
particulièrement développée a été
utilisée
339. DE MARNEFFE, E., Ibid., pp. 332 et 421. REUSENS, E.,
Ibid., pp. 143 et 152. BARBIER, J. et BARBIER, V., Cartulaire de l'abbaye de
Floreffe, dans A.H.E.B., Louvain-Bruxelles, 1881, t. 17, p. 29. LAHAYE, L.,
Ibid., p. 676.
340. REUSENS, E., Ibid., pp. 143 et 152.
341. BARBIER, V., Ibid., p. 270.
342. MIRAEUS, A. et FOPPENS, J.-F., Opera diplomatica et
historica, t. 1, Bruxelles, 1723, p. 772.
343. DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 421. BARBIER, J. et BARBIER, V.,
Ibid., p. 54.
344. REUSENS, E., Ibid., p. 143.
345. REUSENS, E., Ibid., p. 190.
346. DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 422.
347. DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 250.
348. DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 337.
par Herman, doyen de Fleurus. Dans un acte de 1185, il
écrit ceci : H., decanus concilii de Flerus congratulabatur hiis que
videbat fieri ad sustentacionem pauperum et remedium Christi fidelium consilio
et iuditio clericorum et synodalium excommunicavit eos qui super hac elemosina
ultam deinceps pauperibus inferrent molestiam [...]. Ce doyen cite alors une
formule de corroboration non moins singulière : [...] ut hoc nullatenus
infirmari valeat, sigillo concilii de Flerus universa christianitas fore
agnoscat.349 La plupart des actes ignorent la sanctio et comportent une
corroboratio bien plus classique. Les mentions de lieux sont extrêmement
rares. Il ne faut pas oublier que les sentences conciliaires sont
évidemment prononcées sur le lieu habituel de réunion.
La deuxième partie du Registrum de Van der Scaeft
comporte plusieurs modèles de lettres. Malgré leur
caractère officiel, leur forme semble très libre. Seule la
suscription est invariable : N., decanus christianitatis ou concilii
Beringensis Leodiensis diocesis. Dans les lettres proclamatoires, elle est
directement suivie de la présentation du candidat. Si celui-ci ne
satisfait pas aux exigences du doyen, la motivation du refus de sa candidature
est spécifiée.350
Comme nous l'avons vu précédemment, toute
personne qui présente les symptômes de la lèpre doit
être dénoncée au doyen rural. Celui-ci lui remet alors une
lettre adressée aux spécialistes de la léproserie la plus
proche afin qu'un examen soit établi dans les plus brefs délais.
La principale caractéristique de cette lettre réside dans le fait
qu'elle débute par la date à laquelle le malade a
été présenté au doyen.351 Les médecins
voient donc tout de suite si le souffrant est venu directement les consulter.
S'il s'avère qu'il s'agit bien d'un cas de lèpre, ils tiennent
ainsi un indice quant à l'état d'avancement de la maladie.
Aucun acte consignant des donations, des héritages et
des sentences arbitrales n'a été recopié dans ce registre.
Il est possible que Van der Scaeft n'ait pas voulu introduire dans
349. DE MARNEFFE, E., Ibid., p. 257.
350. Registrum I, f° 196-205. Registrum II,
f° 116-121.
351. Registrum I, f° 218-225. Registrum II,
f° 129-135.
son ouvrage des modèles de chartes qui ne
relèvent pas des obligations décanales. Mais une autre
hypothèse s'impose : l'activité des doyens en matière de
juridiction gracieuse est si faible que le doyen de Beringen n'a pas pris la
peine d'y consacrer quelques pages.
Dans la première moitié du XIIIe siècle,
tous les actes décanaux sont rédigés en latin. Le premier
document en français remonte au mois de février 1254.352 Par
contre, aucun document en langue thioise, ayant pour auteur un doyen rural, ne
nous est parvenu. H. Nélis ne peut que constater ce silence pour la
partie du diocèse de Cambrai, où la première charte en
français date de 1229.253
Les documents émanant de l'autorité
décanale sont théoriquement protégés des faussaires
par les statuts synodaux de Jean de Flandre.354 Les imitations et les
falsifications ne semblent pourtant pas avoir été nombreuses. A
ce jour, en tout cas, aucune n'a été recensée.
352. BARBIER, V., Floreffe, p. 109.
353. NELIS, H., Ibid., p. 524.
354. AVRIL, J., Ibid., p. 133.
CHAPITRE V.
LES VICE-DOYENS.
Origine de l'institution.
Il est difficile de situer chronologiquement l'apparition des
vice-doyens. Leur mission principale étant d'assister un titulaire
débordé, trop vieux ou trop malade dans la gestion
du concile,1 rien n'empêche de faire remonter leur
origine à celle des doyens eux-mêmes. Le premier vice-doyen connu
a exercé au début du XIIIe siècle,2 c'est-à-dire au
moment où les doyens, en plus des obligations liées à leur
tâche, se chargent d'affaires juridiques. La nomination de vice-doyens se
généralise à cette époque et demeure en usage
au-delà
de la période que nous désirons étudier.
Dans les documents, les vice-doyens prennent, eux aussi, le
titre de decanus. Cette pratique, largement répandue dans toute l'Europe
médiévale, sera condamnée par le concile de Constance
(1414-1418).3
L'entrée en fonctions.
Tout doyen rural a le droit de léguer ses pouvoirs in
toto vel in parte à des assistants. Ceux-ci, s'ils agissent dans un
secteur bien précis d'activités comme, par exemple, le
prélèvement des taxes ou l'établissement des actes, sont
choisis par le doyen rural seul. Dans le district de Beringen, aucune
contrainte ne pourrait restreindre son choix. Ni les prêtres de paroisse,
ni l'archidiacre, ni même l'évêque ne peuvent intervenir
dans cette nomination.4 Par contre, dans le concile de Susteren, le doyen et le
vice-doyen sont élus en même temps et selon les mêmes
principes.5
1. CEYSSENS, J., Ibid., p. 182.
2. Henri, vice-doyen du concile de Chimay de 1202 à
novembre 1208 au moins, sous le titulariat du curé de Couvin, Boson,
à qui il succédera (BARBIER, J. et BARBIER, V., Cartulaire de
l'abbaye de Floreffe, dans A.H.E.B., t. 17, Louvain, 1881, p. 29. PONCELET, E.,
Actes des princes-évêques de Liège : Hugues de Pierrepont,
Bruxelles, 1946, p. 5).
3. MALBRENNE, J., Ibid., pp. 95-96.
4. Registrum I, f° 60. Registrum II,
f° 35. CEYSSENS, J., Ibid., p. 182.
5. MUNSTERS, A., Ibid., p. 67.
Par contre, si un doyen, qui ne réside pas dans son
district, engage un vice-doyen pour le remplacer dans la totalité de ses
fonctions, il doit tenir compte des critères en usage.6 Cela sous-entend
donc que le choix doit se porter sur un curé ou un vicaire
perpétuel du concile âgé de vingt-cinq ans au minimum.
La procédure qui mène à l'institution
d'un vice-doyen, qu'il soit simple assistant ou qu'il remplisse les fonctions
décanales dans leur intégralité, se caractérise par
sa simplicité. Le doyen, de sa propre autorité, dresse un acte
qui consigne la passation de pouvoir et y appose son sceau.7
Une troisième catégorie de vice-doyens nous est
connue : ceux qui, sur l'ordre de l'évêque, dirigent le concile
durant la vacance du poste décanal. C'est évidemment le chef de
l'Eglise de Liège qui désigne, dans ce cas, le prêtre qui
remplira ces fonctions.8
§3. Condition sociale.
Aucune conclusion ne peut être apportée quant
à l'origine sociale des vice-doyens connus. Notons tout de même
que plusieurs d'entre eux ont succédé au doyen qu'ils ont
assisté et qui leur a appris les rouages du métier.9
Leurs revenus dépendent évidemment tant de ceux
du doyen que de sa générosité. Jean Dompens, vice-doyen de
Beringen au milieu du XVIe siècle, gagne la misérable somme de
six ou sept florins par an, alors que ce concile rapporte à son
titulaire cinq fois plus, pour les années les moins fastes.10
6. Registrum I, f° 60. Registrum II,
f° 35. CEYSSENS, J., Ibid., p. 182.
7. Registrum I, f° 60. Registrum II,
f° 35. CEYSSENS, J., Ibid., p. 182.
8. PAQUAY, J., Juridiction, droits et prérogatives des
archidiacres, p. 29. Tel est le cas de Jean Dompens, vice-doyen de Beringen,
probablement désigné par l'évêque durant la vacance
du siège décanal. Registrum compositionum, f°
39.
9. Henri, vice-doyen du concile de Chimay, de 1202 à
novembre 1208 au moins, puis doyen jusqu'en 1223. (BARBIER, J. et BARBIER, V.,
Cartulaire de l'abbaye de Floreffe, dans A.H.E.B., t. 17, Louvain, 1881, p. 29.
PONCELET, E., Actes des princes-évêques de Liège : Hugues
de Pierrepont, Bruxelles, 1946, p. 5). Jean, vice-doyen du concile de Beringen
de 1273 à 1279 au moins, puis doyen jusqu'en 1296 ou au-delà
(BROUETTE, E., Les doyens de chrétienté des origines au XIIIe
siècle, p. 28). Le vice-décanat de ces deux prêtres peut
être déduit du fait qu'ils apparaissent au cours du décanat
d'un autre personnage, qui s'efface par la suite (voir annexe I). L'exemple le
plus sûr reste donc celui de Jean Dompens, vice-doyen durant la vacance
du siège décanal de Beringen (1547-1556), puis doyen de 1556
à 1562 (Registrum compositionum).
10. Registrum compositionum, f° 39.
Description de leur mission.
Le vice-doyen peut assister le titulaire de la charge
seulement pour une activité bien définie. Il peut être, par
exemple, juge, pour statuer, au nom du doyen, sur les litiges qui lui ont
été soumis. En tant que procureur, il défend les
intérêts du doyen et de son concile devant toutes les juridictions
; en tant qu'agent fiscal, il tient à jour toute la comptabilité
décanale.11 Le doyen, au cours de ses visites, a aussi parfois besoin
d'un accompagnateur pour sillonner les chemins, parfois dangereux, du
district.12
Si le vice-doyen remplace le titulaire de la charge, absent du
concile causa studii vel alia licita, tous les droits et devoirs cités
antérieurement lui reviennent.13
§4. La charge décanale dans les régions
exemptes.
Certaines régions du diocèse sont exemptes de
l'autorité archidiaconale et décanale. Les droits et devoirs du
doyen reviennent alors à d'autres ecclésiastiques, comme, par
exemple, le doyen du chapitre Notre-Dame, à Huy.14
11. CEYSSENS, J., Ibid., p. 182.
12. AVRIL, J., Ibid., p. 157. Tel est le sens qu'il faut
accorder, semble-t-il à la permission donnée aux doyens de
voyager avec deux chevaux : un pour lui-même et l'autre pour son
assistant.
13. Registrum I, f° 60. Registrum II,
f° 35. CEYSSENS, J., Ibid., p. 182.
14. BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté depuis
les origines jusqu'au XIIIe siècle, p. 23, note 9.
CONCLUSIONS.
Tout au long de notre étude, nous avons approché
quelques aspects de la vie politique, religieuse et quotidienne des campagnes
du diocèse de Liège par le biais du décanat rural, une
institution qui ne nous était connue que par diverses monographies
isolées. Nous avons tenté d'en démontrer
l'originalité et l'importance pour le Moyen Âge et le début
de l'époque moderne. Voici donc, rapidement brossés, les traits
saillants de notre exposé.
Le décanat rural apparaît à
l'époque carolingienne, probablement sous l'épiscopat de Francon
ou d'Etienne. Cette institution, inspirée de la règle d'Aix de
816, a pour but de réunir tous les curés d'un même district
sous l'égide d'un seul homme : le doyen rural, qui occupe une place
centrale dans la hiérarchie ecclésiastique
séculière, entre l'évêque et les curés. Il
est aussi, à l'origine un agent fiscal de l'évêque. Telles
sont les conclusions que nous pouvons tirer des Virtutes Sancti Eugenii, texte
daté du début du Xe siècle, dans lequel apparaît le
premier doyen connu. Durant les Xe et XIe siècles, les archidiacres
acquièrent plus d'importance. De simples vicaires de
l'évêque, ils se placent à la tête de
circonscriptions géographiques regroupant plusieurs doyennés. Les
doyens ruraux, ainsi médiatisés, conservent tout de même
des rapports directs avec le prélat, notamment en matière
fiscale.
Traditionnellement, la nomination du doyen rural dépend
quasi uniquement des prêtres du concile. L'archidiacre en est tenu
éloigné ; l'évêque ou le pape n'y interviennent que
pour la confirmer. A partir du milieu du XIIe siècle, les conditions
d'éligibilité se précisent : toute personne
âgée de vingt-cinq ans au moins et étant sur le point de
devenir prêtre dans l'année peut briguer cet office. Toutefois,
nous constatons la présence d'un certain nombre de lois tacites,
respectées par l'ensemble des conciles : tout candidat au décanat
doit desservir une paroisse du district qu'il souhaite administrer et doit
faire preuve de certaines aptitudes intellectuelles. Le coût de
l'élection peut, lui aussi, être défini comme un
critère important de sélection. Dans certains districts, les
électeurs privilégient les prêtres d'une paroisse ou d'un
chapitre déterminés par la coutume. Si le scrutin ne permet pas
de départager deux candidats, le président de l'assemblée
a recours au compromis, en choisissant deux arbitres parmi les
électeurs. Pour éviter la procédure traditionnelle, le
postulant peut avoir recours à la nomination par provision apostolique.
La charge décanale est inamovible.
Le chapitre relatif à la condition sociale des doyens
ruraux nous a permis de découvrir un groupe d'hommes aux modes de vie
très différents, selon qu'il s'agit de nobles, de clercs
passés maîtres dans l'art de cumuler les bénéfices
ou de simples prêtres de campagne. Hormis ces quelques
considérations, leurs émoluments varient dans des proportions
considérables selon deux paramètres : le revenu minimum,
apparemment différent pour chaque district et un certain nombre
d'événements de nature exceptionnelle, comme le
décès des nobles, des prêtres et des gens de basse
condition, l'institution de nouveaux curés dans les quarteschapelles,
les amendes perçues lors des synodes paroissiaux et les activités
en matière de juridiction gracieuse et contentieuse. En
général, les doyens proviennent de la région linguistique
à laquelle appartient le concile car leur mission nécessite la
connaissance des idiomes locaux.
La première obligation du doyen rural consiste à
assister aux synodes généraux afin de pouvoir expliquer à
tous les prêtres de son district les tenants et les aboutissants de
chaque mesure prise par l'évêque. Il doit aussi rendre la justice,
pour les causes mineures, lors des synodes paroissiaux et dénoncer
publiquement les usuriers et les faussaires. Si les doyens ruraux ont le droit
d'infliger des amendes à ceux qui enfreignent les lois et d'obliger
ceux-ci à effectuer un pèlerinage proportionnel à la
gravité de leur méfait, ils ne peuvent prononcer eux-mêmes
des sentences d'excommunication, d'interdit ou de suspense. Pour cela, ils
doivent s'en remettre à l'officialité
archidiaconale ou épiscopale. Néanmoins, il leur
est demandé de tenter de ramener les excommuniés sur le droit
chemin par la cérémonie symbolique des aggraves ou
rénovations. Véritables oculi episcopi, les doyens savent, en
principe, tout ce qui se passe dans leur doyenné. Les archidiacres leur
délèguent habituellement le droit de visiter les églises
entières et médianes. Ce droit, les doyens le possèdent
ordinairement pour les quartes-chapelles, sur lesquelles ils détiennent
des droits archidiaconaux. Ils enregistrent tous les déplacements de
leurs subordonnés et ils s'enquièrent, en outre, de tenir
à jour un registre consignant leurs absences. Ils doivent aussi
célébrer les jubilés et procéder aux
funérailles des prêtres, des nobles, des comédiens, des
prostituées, des vagabonds et des lépreux qui meurent dans leur
district. Ces derniers, qui jouissent d'un statut particulier aux yeux de
l'Eglise, sont placés, tout au long de leur existence, sous la
protection des doyens. Les cérémonies religieuses relatives au
passage d'un homme dans le monde de la lèpre, qui préfigure
l'au-delà, par leur symbolisme, nous ont permis de mieux cerner les
mentalités de l'époque. Par ailleurs, nous nous
réjouirions de découvrir les résultats d'une recherche sur
le traitement de la lèpre dans le diocèse de Liège car les
travaux que nous avons dû utiliser sont assez anciens ou traitent de
sujets connexes, comme l'assistance aux pauvres.
En dehors de la distribution du saint chrême, le lundi
de Pâques, le concile de chrétienté se réunit, au
maximum quatre fois par an, selon les traditions en vigueur dans chaque
district. Il statue sur tous les conflits ayant rapport aux droits et devoirs
des décimateurs, des mambours et des paroissiens, essentiellement au
sujet de l'entretien des églises et des objets liturgiques. Ses
décisions se basent sur les coutumes et sont, le plus souvent,
consignées sous forme de lois dans des records.
A côté des tâches qui leur sont
imposées, les doyens ruraux sont parfois appelés à faire
partie d'un comité d'arbitrage, à dresser des actes que nous
qualifierions aujourd'hui de notariés et à y apposer leur sceau
afin de les authentifier.
Notons enfin que, pour accomplir tous ces travaux, les doyens
ont pris l'habitude de se faire seconder ou remplacer par des vice-doyens, qui
sont entièrement à leur charge et qui, de fait, sont assez mal
rémunérés.
En somme, nous espérons, par ce travail, avoir
contribué à mettre en lumière quelques aspects de la vie
d'hommes qui, ayant décidé de consacrer leur vie à leurs
convictions religieuses, se sont aussi impliqués, au quotidien, dans la
vie politique de leur région.
ANNEXES.
1. LISTE DES DOYENS.1
Au cours de notre étude, nous avons pu
compléter, corriger et préciser les listes existantes. Celle que
nous proposons ici reprend, pour chaque doyenné, classé dans
l'ordre alphabétique, une liste chronologique des doyens et des
vice-doyens qui s'y sont succédé. Les dates mentionnées se
rapprochent le plus, pour la première, du jour de l'élection et,
pour la seconde, de la sortie de charge. Les principales attributions des
doyens y sont aussi précisées, ainsi que diverses informations
recueillies à propos de leur vie. Les noms entre crochets
désignent les dignitaires repris dans certains travaux dont les sources
n'ont pu être retrouvées. Pour plus de clarté, nous avons
préféré rejeter la bibliographie à la fin de la
liste.
Andenne (Hainaut).
Hellin (1223-mars 1233)2.
Jean (1246-1275), curé de Fumal.3
Robert (5 mars 1338-22 octobre 1343), curé de Marneffe.4
Jean Guillon (1378), curé d'Oteppe.5
Jean Libert (1394), curé d'Oteppe.6
Jean Helmont (22 juin 1423), vice-doyen et curé
d'Haltinne.7
Bastogne (Ardennes).8
Alard (29 juin 1104).9
Hubert (1153-1170).10
Arnould (à une date comprise entre le 25 mai 1189 et
1196).11 Nicolas (1er mai 1224).12
Jean (1240-1246).13
Daniel (1253).14
Herbert (1254-[1273]).15
Henri (1259).16
[Henri de Compogne (1282-1293)].17
Thibaut (7 novembre 1297-1302), curé de Sainte-Marie
Chevigny.18
Henri (29 mars 1306-1er juin 1312), curé d'Ortho.19
Gauthier (23 juillet 1311), curé de Sibret et vice-doyen
du concile. 20 Henri (1320), curé de Tillet.21
Gilles (1352-[1389]), curé d'Amberloup et ancien official
forain.22
Henri de Romagne (1389-1390), chanoine de Saint-Etienne à
Metz et curé de Bastogne.23
Gauthier (16 décembre 1413-[18 avril 1443]), curé
de Sibret.24
Maître Barthélémy Nicolas de Saint-Hubert
(1466), docteur en droit canon.25 Henri du Mont (27 mai 1487-19 octobre 1497),
chanoine de Saint-Paul à Liège.26 [Anselme de Sart (9 janvier
1502), chanoine du chapitre de Floreffe, religieux de l'abbaye de
Bonne-Espérance, curé de Gouy-lez-Piéton jusqu'au 25
janvier 1500, puis chapelain de Saint-Nicolas à Gentinnes et doyen du
concile de
Fleurus].27
[Arnould (15 novembre 1514-1515), curé de Sainlez].28
[Pierre de Longvilly (6 octobre 1520-1537), curé de
Noville-lez-Bastogne, mort en 1579].29
[Jacques de Villers (30 juin 1538), chanoine de Saint-Paul].30
[Jean de Boulant, dit de Roley, curé de Bastogne,
titulaire de plusieurs bénéfices dans le diocèse de
Liège, dont le canonicat de Saint-Lambert depuis 1531, mort en
1543].31
Englebert, baron de Mérode (22 mars 1543), chanoine de
Saint-Lambert et seigneur
de Houffalize.32
Maître Pierre Boels (1544), étudiant à
Louvain, puis licencié en droit de l'université de Dôle,
vicaire général de Liège, mort le 20 mai 1575.33
Beringen (Campine).34
Robert (1180-1190), curé de Belle.35
Henri (18 juillet 1266-1279), doyen de Fleurus (1266-1279) et de
Woensel (1266- 1271).36
[Jean (1273-1296), vice-doyen de 1273 à 1279 au moins,
puis doyen].37 [Jean de Bonen (1400), curé de Heusden].38
[Jean de Bouchout (1400 ou 1440), curé de Zolder].39
Jean Raymakers, (fin XVe-début XVIe siècle),
curé de Zolder et chanoine prémontré d'Averbode.40
Gauthier Wytmans (1511-1516), curé de Balen et chanoine
prémontré de la même abbaye.41
Maître Henri Hoeghloen ou Van der Scaeft (1516),
né à Diest vers 1480, curé de Hechtel, licencié en
droit canonique de l'université de Paris, ancien prévôt de
l'abbaye d'Averbode, mort en juillet 1521.42
[Jean Saemelen, curé de Kwaadmechelen, vice-doyen de Van
der Scaeft].43 [Guillaume Van der Heesen (1522-1547), curé de Zolder et
chanoine prémontré d'Averbode].44
Jean Dompens (1547-1562), curé de Heusden et vice-doyen du
concile durant la vacance du siège décanal (1547-1556).45
Gilles Steels (1556-[v. 1569]), curé de Lummen et chanoine
de Saint-Martin à Liège. 46
Chimay (Famenne).47
Thomas (1180).48
Renier (1188), curé de Couvin.49
Boson (1198-22 novembre 1208), curé de Couvin.50
Henri (1202-1223), vice-doyen au moins jusqu'en 1208, puis
doyen.51
Jean (7 décembre 1223-4 novembre 1230) 52
[Godefroi (1231)].53
Le curé de Couvin (juin 1243).54
Jean de Treigne (9 août 1249-mars 1269).55
Gilles de Saint-Quentin, mort en 1322.56
Gérard (22 novembre 1322), curé de Petigny.57
[Alard de Couvin, chanoine prémontré de l'abbaye de
Floreffe et curé d'Aublain, mort le 15 août 1355].58
Henri (17 août 1360), curé d'Olloy-sur-Viroin.59
Nicolas de Blehen (16 juillet 1384), curé de Couvin,
chanoine prébendé de Saint- Germain à Montfaucon et de
Saint-Gorgon à Hoegaarden, en expectative de prébende à
Saint-Servais de Maastricht et cubiculaire du cardinal Pierre de Vergne.60
Maître Arnold Buck, de Bois-le-Duc (cité à une date
comprise entre le 26 août 1412 et le 26 août 1413), docteur en
droit canon, curé de Couvin, chapelain à Dinther, chanoine
prébendé de Saint-Jean, de Saint-Lambert et du chapitre de
Bois-le-duc, puis prévôt de Saint-Denis, à Liège,
mort en 1427.61
Helmicus de Dyck (à partir d'une date comprise entre le
26 août 1412 et le 26 août 1413-17 novembre 1418), clerc du
diocèse de Münster, curé de Couvin et familier du cardinal
de Plaisance.62
Nicolas Tamison (20 janvier 1493).63
[Gérard Martin, ou Colcher (1504-1515), curé de
Treignes].64
[Jean Le Tonnelier ou Le Cuvelier (1527-1538), curé de
Treignes].65 Jacques Stassin (25 octobre 1536), vice-doyen et curé de
Vierves.66
[Pholien de Vaulx (1545), doyen de la collégiale
Saint-Pierre de Liège dès 1539, mort le 3 ou le 10
décembre 1560].67
Ciney (Condroz).
Henri (1202).68
W. (1225).69
Jean (1230-1264).70
Lambert (1313).71
Warnier (24 janvier 1385- 24 mars 1386).72
Nicolas de Blehen (1394), ancien doyen du concile de Chimay.73
[Maître Tilman de Herkenrode (1519-1526), chanoine de la
collégiale Saint-Jean l'Evangéliste et curé de Hamoir,
mort le 3 mars 1555].74
Henri (5 mai 1556), vice-doyen.75
Fleurus (Hainaut).76
Rodolphe (1146).77 Henri (1161-1167).78 Guillaume (v. 1175).79
Herman (1180-1188), curé de Nivelles.80
Libert (cité à une date comprise entre 1190 et
1192).81
Rodolphe (1195-1217).82 Gosuin (1220-1240).83
R. (1242).84
Gérold (1243-1244).85
Jean (entre le 1 et le 8 décembre 1246-1259), curé
de Houtain-le-Val.86
Maître Gérard (1258-1260), curé de
Viesville.87
[L. (1267)].88
Henri (1266-10 octobre 1279), doyen de Woensel (1266-1271) et de
Beringen (1266- 1279).89
Pierre ([1288]-1296), curé de Viesville.90
Jacques (1296-1312), prieur conventuel d'Oignies, curé de
Fosses-la-ville, puis de Franière.91
Jacques de Rosières, chanoine prémontré de
l'abbaye de Floreffe, mort le 5 avril 1400.92
Nicolas Pirard (1438), vice-doyen du concile et chanoine de
Fosses.93 [Jean Porcheal (1445-1449)].94
Anselme de Sart (1502), religieux des abbayes de
Bonne-Espérance et de Floreffe, curé de Gouy-lez-Piéton
jusqu'au 25 janvier 1500, puis chapelain de Saint-Nicolas à Gentinnes et
doyen du concile de Bastogne, mort le 14 janvier 1515.95 [Maître Charles
Nicquet (1540), licencié en droit, chanoine, puis doyen de Sainte-Croix
et official de Liège, mort le 29 novembre 1579].96
Florennes (Hainaut).97
Flodin (septembre 919).98
Saint Walhère (avant 1161), curé de Flavion,
d'Onhaye et de Hastière.99
Gauthier (1187-1199), curé de Flavion, probablement
recteur du couvent de Waulsort durant la vacance du siège abbatial,
à la fin du XIIe siècle.100 Gilbert (1199).101
Nicolas (juin 1243).102
Jean ([1247]-5 mai 1257), curé de Senzeille,mort le 10
juin 1272.103 Baudouin (1287-1309), curé d'Anthée.104
Lambert (23 octobre 1323).105
Jacques (21 mai 1359).106
Laurent (9 avril 1363).107
Maître Jean Lonial (6 novembre 1415).108
Gauthier Gruter, né à Oerle, chanoine
prémontré de Floreffe depuis 1446, mort en 1503.109
[Godefroi Lambert (7 novembre 1532), curé de Saint-Aubin,
mort peu après avoir acquis, en 1532, la seigneurie de
Sart-en-Fagne].110
Désiré-Pierre de Harroy (16 janvier 1536-1552),
curé d'Onhaye, probablement commanditaire de la pierre
sépulchrale en marbre qui orne le tombeau de saint Walhère.111
Gembloux (Hainaut).112
Sigefroid (1172-1178).113
Lambert (1187-1190).114
Baudouin (v. 1202-1215).115
Henri (v. 1215-[1227]), peut-être curé de
Corbais.116
Jean (mars 1234-4 décembre 1254), curé de
Nil-Saint-Martin.117
Henri (octobre 1235-27 juillet 1239), vice-doyen.118
Gauthier (décembre 1249), vice-doyen.119
Lambert (25 septembre 1264), curé de Corbais.120
Jean (13 juillet 1269-avant 1272).121
Guillaume (1282).122
[Jean d'Ermoye (27 mars 1288), curé de Spy].123
Gérard (1313), curé de Bierges.124
Pierre (30 août 1359), curé de
Wanfercée.125
Maître Jean Bye (1389), curé de Court-Saint-Etienne,
étudiant à Cologne.126 Lambert Tulpais ou Colpin (1410-18 octobre
1420), curé de Jemeppe-sur-Sambre.127 Renier de Waseige (1429-1434),
étudiant à l'université de Louvain.128
[Renaud de Stralen (18 octobre 1445)].129
Jean Baudolet (2 octobre 1458), curé de Limal.130
Graide (Famenne).131
Fréduard (1075).132
[Etienne (1163)].133
Simon (1183).134
[L. (1219), curé de Bouillon-Sensenruth].135
Gérard (1254).136
[Le curé de Gedinne (1278)].137
Gilles d'Heure-le-Romain (v. 1350), curé de Redu,
secrétaire et chapelain du seigneur de Seraing-le-Château, mort le
25 juin 1351.138
[Gilles d'Heure (1363), curé de Gedinne].139
Arnould de Brunshorn, curé de Villance et chanoine de la
collégiale Saint-Jean l'Evangéliste (1403), mort le 6
décembre 1404.140
[Jean de Houyet (1474), curé de Mesnil-Eglise, doyen du
concile de Hilvarenbeek, en 1474 et prévôt du chapitre de Dinant,
mort le 5 juillet 1475].141
[Jean du Chêne (1474-1478)].142
Hanret (Condroz).143
Nicolas (1171).144
[Francon (1221-1229)].145
Thomas de Namèche (19 juin 1238-février
1254).146
Jean (12 avril 1265-1268).147
Nicolas (17 juin 1279-1321), curé de Ramillies.148
Jean Servais (1397), curé de Meeffe.149
Maître Baudouin-Pierre de Wynes (20 avril 1447-10
février 1450), de Liège, ancien étudiant de
l'université de Louvain.150
[Philippe d'Avin (5 juin 1551)].151
Hilvarenbeek (Campine).152
Godefroi (1157-1192).153
[W. (1250)].154
Thomas (1261-1273).155
Jacques Consey (26 octobre 1297-1303), curé de
Ghilse.156
[Henri Cuisère (1310)].157
[Englebert (1315)].158
Jean d'Ijmhuizen (1331-1334).159
Gérard Van de Beek, mort en 1350.160
Jean de Cansterperre (1350), curé de Drimmelen.161
Jacques Groy, ou Last (avant 1372), curé d'Eersel.162
Jean (1372), chapelain de l'autel Notre-Dame, à
Visé.163
X., chanoine à Oirschot, assassiné au cours
d'une vendetta, dont le commanditaire présumé, un chanoine du
même couvent, est libéré de la prison épiscopale en
1377 pour être jugé par son chapitre.164
[Jean (1385), chanoine de Saint-Jean à Bois-le-Duc].165
[Gauthier Backer (1385-1418), curé de Haren, ancien doyen
du concile de Léau, chanoine de Saint-Lambert et familier du pape
Boniface IX].166
[Jean Rusener (18 octobre 1445), doyen de Sainte-Croix depuis
1439, mort le 1er juillet 1456].167
[Jean de Houyet (1474), ancien doyen du concile de Graide].168
Guillaume d'Aphen (1484).169
[Jean Groote (1486)].170
Hozémont (Brabant).
Gilbert (1196-1203).171
Henri (1178-1182).172
Gérard (1196-1203).173
Bastien (1229).174
Servais (5 juillet 1233).175 Nicolas (1239-1244).176
Robert d'Ottignies (février 1259).177 Gérard
(1273), curé de Limont.178
Jean de Bierset (cité un 4 mai, entre 1338 et 1356),
chanoine de Saint-Paul et curé de Ramet.179
[Jean de Tirlemont (1400)].180
Jean Cochair de Hodeige (24 novembre 1426-13 février
1431), moine du Val-Saint- Lambert et curé de Momalle.181
Jodoigne (Brabant).182
Rodolphe (1173).183
Jean (23 avril 1183), curé de Lathuy.184
Renier (1187-1189).185
Frère Jean de Saint-Marc (1198-juin 1225), de l'ordre de
Malte ou des Hospitaliers et curé de Jodoigne-Saint-Médard.186
Maître Simon de Libertange (septembre 1230-août
1240), curé de Marilles.187 Nicolas (16 février 1244-4 mars
1249), curé d'Opprebais.188
Pierre de Grez (12 septembre 1254).189
J. (4 décembre 1254).190
Maître Henri de Folx-les-Caves (31 janvier 1258-2 mai
1267), curé de Marilles.191
Herbrand d'Affremont (8 janvier 1274-23 décembre
1292).192
Renier (1307).193
[Otton (1352)].194
Arnould de la Chapelle (avant 1371), curé de Hamme Mille,
mort avant le 8 décembre 1375.195
[Godefroi (1449), né à Breischem, près de
Tirlemont].196
Maître Gérard Warnier (13 juillet 1466), curé
de Mélin.197
[Jacques de Vesque, recteur du béguinage de Jodoigne, mort
en 1540].198
Kuyck (Campine).
[B. (1274)]199
Arnould (1319), curé de Lith.200 Henri de Neynsel (17 mars
1347).201 [Alard (XVe), curé de Langel].202
[Georges de Bronckhorst, dit Loef (1456)].203
[Gérard de Beek (1470-1484)].204
[Gerrit Clyngell (1535-1543), curé de Kuyck].205
Léau ou Zoutleeuw (Brabant).
Achille (1198).206
Henri de Dyck (1226), archidiacre de Liège.207
[R. (1237)]208
S. (juin 1248).209
[H. (1261-1268)].210
Jean (1270).211
Guillaume (1310).212
Gilles de Welnescem, curé de Wommersom, mort en fonctions
en 1357.213 Gauthier Baker (1357).214
Maître Thierry de Hoeckelem ou de Keukelom , né
à Bar-le-Duc clerc du diocèse d'Utrecht, diplômé
l'université de Paris, sous-collecteur de la chambre apostolique en 1407
et collecteur en 1414, chanoine de Saint-Paul et titulaire de plusieurs autres
bénéfices dans les diocèses de Liège et de Cologne,
mort avant 1427.215
Maître Nicolas de Baest (1426-[18 octobre 1445]),
curé de Gosoncourt, chanoine de Notre-Dame, à Huy et de
Notre-Dame, à Thorn.216
Jean Gallier (1490), vice-doyen.217
Louvain (Brabant).
Pierre (1189).218
Englebert (1203 ou peu avant-1211), président de la
justice ducale de Brabant, à Tirlemont.219
Louis (décembre 1220).220
Francon (mars 1225- janvier 1240), curé de Kumtich.221
Pierre (15 août 1243-[1249]).222
[Renier (1251-1274)].223
S. (1253), vice-doyen.224
[Henri (1262-1266), vice-doyen].225
[Lambert (1275-1276), vice-doyen].226
Jean (1291).227
Louis (mars 1293).228
Arnould (1310), curé de Kumtich.229
Jean (22 mai 1357).230
[Gauthier (1422), chanoine de Saint-Pierre, à
Louvain].231
Jean (20 juin 1470).232
Jean de Steenwinckel (probablement fin du XVe siècle ou
début du XVIe), curé de Winksele.233
Jean Bye (probablement fin du XVe siècle ou début
du XVIe), vice-doyen.234
Maaseik (Campine).
[Th. (1231-1232)].235
[Renaud (1286)].236
[Jean (1306), curé de Rotem].237
[Matthieu (1314), curé de Gherdinge].238
[Jean de Reychs (1352-1372)].239
Roger (1375).240
[Jean Copis (1485)].241
[Herman d'Ertwech (1492-1505), écolâtre de l'abbaye
d'Aldeneyck].242
Maastricht (Hesbaye).
Jean (1143).243
Henri (1258-1262).244
Roger (10 janvier 1281-26 juin 1282).245
[Henri (1297)].246
[Herman de Wydoye (1456), vice-doyen et curé de
Grooten-Spauwen].247 [Henri de Puthem (1477)].248
[Lambert du Chêne (1477), curé de Bemelen].249
Nicolas Tonnart (30 juin 1517).250
Jean Barchon (30 juin 1517), vice-doyen.251
Ouffet (Condroz).
Garnier (1099).252
[Thierry (mai 1235-1256)].253
[Gauthier (31 juillet 1261-1264)].254
[Rodolphe (1276-1278)].255
Thomas Wéréal (avant le 21 juillet 1351),
curé de Fronville.256
Bastien (1351), curé de Fronville.257
Gérard d'Ochain, ou d'Oxhem (1358), curé de
Clavier.258
Nicolas (1374), curé de Harzé.259
[Nicolas Mouton, chanoine de Saint-Jean].260
[Josse de la Marck (18 octobre 1445)].261
Gilles de la Roche (1484-1488), curé de Hermalle.262
[Maître Christian d'Havelange (1509), clerc de Tournai,
licencié en droit canonique, curé des églises d'Ellemelle,
puis de Terwagne, chanoine de Sainte-Croix et de Saint-Lambert, mort le 17
novembre 1510].263
Louis d'Orchimont ([1515]-1538), curé de Melreux.264
[Léonard de Nandrin (1551), curé de Modave].265
Rochefort (Famenne).266
Albéron (1175).267
Nicolas (1209-1er mai 1224).268
Hubert de la Roche, curé de Saint-Martin-Vieil-Humin et
doyen du concile pendant quarante ans.269
J. (1265-1270).270
Ponchard (16 avril 1317-1329).271
Gauthier d'Ochain (1348-avant le 10 mars 1353), chanoine
régulier de Saint-Augustin, curé d'Arville, devenu abbé de
Saint-Gilles de Publémont après sa sortie de charge.272
Jean de Maresco (après le 10 mars 1353), curé
d'Arville et chanoine de SaintAugustin.273
Jean de Heraus ou Posmon (1378), curé de Tellin.274
Maître Jean Poncelet (avant 1394-1395), curé de
Marche-en-Famenne, étudiant en
droit canonique en expectative de
prébende à Notre-Dame de Huy et à Saint-
Servais de
Maastricht et prieur de Saint-Laurent, dans le diocèse d'Aix-en-
Provence.275
Philippe de Liers (3 mars 1401), curé de Tellin, mort en
1409.276
Henri Boileau (v. 1437), curé de Hour.277 Philippe de la
Marck (1528), curé de Houyet.278 Louis de Stremont, curé de
Rochefort.279
Jean Blanchart (1559), curé de Hour.280
Saint-Remacle (Condroz).281
Lambert (1183).282
C. (1225), curé de Herstal.283
[Gilbert (1231-1232)].284
Nicolas (1270).285
[Richard (1291), curé d'Olne].286
[Guillaume de Durbuy (1528-1543), curé de Dieupart].287
Saint-Trond (Hesbaye).
[Guillaume (1299)].288
[Hekana (1233-22 mai 1243)].289
Raoul (1263-1268), curé de Montenaken.290
[Thierry (1271)].291
Henri (1294).292
Jean (1320-31 juillet 1329), coûtre du chapitre de
Saint-Odulphe de Looz.293 Robin (1361), curé de Zepperen et
vice-doyen.294
[Jacques Ighenig (1485), curé de Brecht].295
[Jean Godefroi (1498), d'Eindhoven, curé à
Saint-Trond et chanoine de Saint- Lambert].296
Herman de Mettecoven (1550), doyen du concile de Tongres.297
Stavelot (Ardennes).298
Alard (1173).299
[Harduin (1182-1183)].300
Christian (1183).301
Harduin (1234).302
[Henri (1264-1286)].303
Nicolas (13 février 1314), curé d'Ouren.304
Gilles (4 février 1413).305
[Jean de Visé (1445-1466), curé de Vielsalm].306
[Guillaume de Boulant, dit de Roley (1467-1471 ou 1472),
seigneur de Montjardin, chanoine de Notre-Dame à Huy et, dès
1455, de Saint-Lambert, élu chantre de ce chapitre en 1480, mort
à Rome en 1484].307
Frédéric de Brandebourg (18 décembre 1483-15
juin 1494), seigneur de Clervaux, chanoine à Trèves et
archidiacre de Saint-Maurice à Tholey, mort avant le 1er septembre
1503.308
[Denis de Somprez (v. 1503-15 octobre 1517), chanoine de
Sainte-Croix depuis 1470, puis chantre de cette collégiale à
partir de 1508].309
[Englebert de Tavigny (1er janvier 1540-1554), chanoine de la
collégiale Saint- Barthélemy, mort le 19 octobre 1554].310
Susteren (Campine).311 Guillaume (1144).312
[Herewige (1165)].313
[Henri (1201), curé de Roosteren].314
[Jean (1230), curé de Linne].315
[Anselme (1268-1290), prêtre à l'abbaye de
Susteren].316
[Godschalk (1299)].317 Pierre Kispens (1307).318
[Hubert de Berghe (1430)].319
[Henri Jager (1437), curé de Papenhoven].320
[Jean Wolf (1476), curé de Born].321
[Arnould de Bruexhem ou de Bruexkem (1522), curé de
Bingelrade].322
[Henri Werpen (1528)].323
[Jean de Bruexhem ou de Bruexkem (1558), curé à
Sittard].324
Thuin (Hainaut).
Bernard (1026 ou après).325
Rohard (1123).326
Nicolas (1189).327
[Michel (1190-1211), prévôt du chapitre de
Walcourt].328
[Arnould (1211-1243)].329
Maître Nicolas (1248-14 mai 1255).330
Maître Jean, dit Crassawe (22 septembre 1257-novembre
1257), curé de Thuillies, médecin, procurateur à Rome du
prince-évêque Henri de Gueldre, puis, dès 1258,
coûtre de Saint-Paul à Nivelles et détenteur de
prébendes à Fosses, à Saint-Pierre et à Saint-Jean
de Liège ; il représente le clergé secondaire
liégeois au Saint-Siège en 1260.331
Hugues de Lille (27 juin 1270), curé de
Thiméon.332
Tongres (Hesbaye).
Godefroi (1165).333
Gérard (1200).334
Gilbert ([1204]-1234).335
[Simon (1241-1247)].336
Daniel (1244), vice-doyen.337
[A. (1257)].338
Pierre (1263).339
L. (1271).340
Henri (1271), curé d'Othée,
décédé au plus tard en 1281.341
Henri (1321-[14 avril 1326]), curé de Berlingen.342
Gilbert (1329).343
Thierry (1367), curé de Waltwilder.344 [Alard de Langel
(1379), curé de Heers].345 [Jean de Baest (18 octobre 1445)].346 Jordan
de Baest ([1445]-1472).347
Jean Boten (7 janvier 1461), vice-doyen.348 [Louis de Groenendael
(1472)].349
[Herman de Mettecoven (1542-1560), curé de Melveren et
doyen du concile de Saint-Trond].350
Wassenberg (Campine).351
[Gosuin de Ghelabeke (1331-1337)].352
[Renier (1343-1358)].353
[Pierre de la Meuse (1396-1412), étudiant à Cologne
et curé de Waldniel].354 [Tilman de Daelen (1416), curé de
Beek].355
[Englebert Goldstein (1431)].356
[Herman Gruyter (1488-1493), chanoine du Saint-Esprit à
Roermond].357
[Guillaume de Barle (XVe siècle)].358
[Tilman de Düren ou Borchgreven (1519-1530), curé
d'Orsberg].359 [Adam de Hatzfeld (1533-1571), curé de
Dillickradt].360
Woensel (Campine).
Henri (1266-10 octobre 1271), doyen de Fleurus (1266-1279) et de
Beringen (1266- 1279).361
Guillaume (1286-28 mars 1290), curé de Dinther.362
Arnould (1296-1306), curé de Strijp.363
Jean (1350), curé de Sceepstale, mort en 1351.364
Jean de Neysel (20 octobre 1351-2 août 1375), curé
de Waalre.365
[Thierry (1352)]366
Antoine Pruynen (14 mai 1482).367
Jean Gruyter (14 mai 1482), vice-doyen.368
Maître Guillaume Ponty (1498), curé de
Sainte-Catherine d'Eindhoven.369 Borman (août 1516).370
1. NELIS, H., les Doyens de chrétienté. Etude de
diplomatique sur leurs actes de juridiction gracieuse en Belgique au XIIIe
siècle, dans R.B.P.H., t. 3,
Bruxelles, 1924, pp. 22-32 et 89-97.
BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté dans le diocèse de
Liège, des origines à la fin du XIIIe siècle, dans Leod.,
t. 58, Liège, 1971, pp. 27-37. BROUETTE, E., les Doyens de
chrétienté dans le diocèse de Liège au XIVe
siècle, dans Leod., t. 61, Liège, 1975-1976, pp. 8-16. BROUETTE,
E., Liste provisoire des doyens de concile de l'ancien diocèse de
Liège (1400-1559), dans Leod., t. 64, Liège, 1979, pp. 5-15. Ces
listes, fort lacunaires, ont fait l'objet, après vérification, de
nombreux ajouts et corrections dans le but de doter ce travail du
répertoire chronologique le plus précis possible.
2. A.E.H., chartrier de l'abbaye du Val-Notre-Dame.
3. A.E.H., ibid. YANS, M., Chartes originales des Templiers et
des Hospitaliers au château de Warfusée, dans Leod., t. 55,
Liège, 1968, p. 12.
4. BARBIER, J., Documents extraits du cartulaire du chapitre
noble d'Andenne, dans A.H.E.B., t. 15, Louvain, 1878, p. 328. EVRARD, M.,
Documents relatifs à l'abbaye de Flône, dans A.H.E.B., t. 24,
Louvain, 1893, p. 422.
5. HANQUET, K., Suppliques de Clément VII (1378-1379),
dans A.V.B., t. 8, Rome, 1924, pp. 162-163 et 331-332.
6. GASTOUT, M., Suppliques et lettres d'Urbain VI et de Boniface
IX, dans A.V.B., t. 29, Rome, 1976, p. 127.
7. Records ecclésiastiques de la Belgique, dans A.H.E.B.,
t. 4, Louvain, 1867, p. 168.
8. GUILLEAUME, D., les Doyens du concile de Bastogne, dans
Leod., t. 8, Liège, 1872, pp. 17-18. HABRAN, V., Coutumier
ecclésiastique du doyenné de Bastogne, dans A.I.A.Lux., t. 58,
Arlon, 1927, pp. 11-12.
9. HANQUET, K., la Chronique de Saint-Hubert, dite Cantatorium,
Bruxelles, 1906, p. 246.
10. KURTH, G., Chartes de l'abbaye de Saint-Hubert en Ardenne,
t. 1, Bruxelles, 1903, pp. 129 et 578.
11. KURTH, G., Ibid., p. 173.
12. KURTH, G., Ibid., p. 236.
13. WAMPACH, C., Urkunden- und Quellenbuch zur Geschichte der
altluxemburgischen Territorien bis zur burgundischen Zeit, t. 2, Luxembourg,
1938, p. 491 et t. 4, Luxembourg, 1939, p. 546.
14. WAMPACH, C., Ibid., t. 3, 1939, p. 140.
15. KURTH, G., Ibid., p. 379. BROUETTE, E., les Doyens de
chrétienté des origines au XIIIe siècle, p. 28.
16. WAMPACH, C., Ibid., p. 325.
17. BROUETTE, E., Ibid., p. 28.
18. KURTH, G., ibid., pp. 440 et 444
19. A.E.A., cartulaire du prieuré du Val-des-Ecoliers,
à Houffalize, f° 37. KURTH, G., ibid., p. 404.
20. KURTH, G., ibid., p. 460.
21. A.E.A., ibid., f° 41.
22. A.E.L., archives de la collégiale Sainte-Croix,
Liber cartarum III, f° 230 v°. (PONCELET, E.,
Inventaire analytique des chartes de la collégiale Sainte-Croix à
Liège, t. 1, Bruxelles, 1911, p. 361). BROUETTE, E., les Doyens ruraux
au XIVe siècle, p. 8.
23. GOFFINET, H., Cartulaire de Clairefontaine, Arlon, 1876,
p. 188. A.E.A., ibid., f° 72. Contrairement à ce
qu'affirme GUILLEAUME, D., Ibid., p. 5, rien ne nous permet de penser que ce
doyen est entré en fonctions au milieu de ce siècle.
24. KURTH, G., Ibid., p. 460. GUILLEAUME, D., Ibid., p. 5
(référence
incorrecte).
25. A.E.A., fonds Louis Wirion.
26. A.E.L., ibid., f° 227 et 228 (PONCELET, E.,
Ibid., t. 1, pp. 73 et 97).
27. HABRAN, V., Ibid., p. 12.
28. HABRAN, V., Ibid., p. 12.
29. HABRAN, V., Ibid., p. 12.
30. HABRAN, V., Ibid., p. 12.
31. DE THEUX DE MONTJARDIN, J., le Chapitre de Saint-Lambert, t.
3, Bruxelles, 1871, pp. 62-63.
32. VANNERUS, J., Documents relatifs à la seigneurie de
Houffalize (1417-1778),
Arlon, 1905, p. 9.
33. GUILLEAUME, D., la Publication des décrets du concile
de Trente à Bastogne, dans Leod., t. 8, Liège, 1909, p. 141.
34. DARIS, J., Notices sur les églises de
Liège, t. 3, Liège, 1872, pp. 17-18. ROBYNS, O., Het Landdekanat
Beringen en zijne dekens, dans Limburg, t. 6, Hasselt-Maaseik, 1925, pp.
49-54.
35. MIRAEUS, A. et FOPPENS, F., Opera diplomatica et
historica, 2e éd., t. 2, Bruxelles, 1723, p. 176. DE MARNEFFE, E.,
Cartulaire de l'abbaye d'Affligem et des monastères qui en
dépendent, Louvain, 1896, p. 259.
36. DE RIDDER, C.B., Encore quelques mots sur Balen et Meerhout,
dans A.H.E.B.,
t. 8, Louvain, 1871, p. 360. SCHOOLMEESTERS, E.,
l'Archidiaconé de Campine en 1400, , dans A.H.E.B., t. 32, Louvain,
1906, p. 40.
37. BROUETTE, E., les Doyens ruraux des origines au XIIIe
siècle, p. 28.
38. ROBYNS, O., Ibid., p. 51.
39. Selon ROBYNS, O., Ibid., p. 51, ce doyen est cité en
1400, alors que pour DARIS, J., Ibid., p. 17, il n'apparaît que quarante
ans plus tard.
40. SLECHTEN, G., Necrologium monasterii S. Mariae sanctique
Johannis Baptistae in Averbode ordinis Praemonstratensis, Averbode, 1983, pp.
76-77. CEYSSENS, J., les Doyens ruraux dans l'ancien diocèse de
Liège, dans B.S.A.H.L., t. 9, Liège, 1895, p. 175. ROBYNS, O.,
Ibid., p. 51.
41. SLECHTEN, G., Ibid., pp. 302-303. ROBYNS, O., Ibid., p.
51.
42. A.E.Ht, archives du doyenné de Beringen, Registrum
sive Repertorium speculum seu Instrumentum jurium proventuum et emolumentorum
decani christianitatis sive archipresbyteri concilii Beringensis Leodiensis
diocesis et archidiaconatus Campiniae I et II, copies de 1601 et de 1611 d'un
manuscrit de 1516. CEYSSENS, J., Ibid., p. 162. GOVAERTS, L., Ecrivains,
artistes et savants de l'ordre des Prémontrés. Dictionnaire
biobibliographique, t. 2, Bruxelles, 1902, pp. 285-286. ROBYNS, O., Ibid., p.
50. DARIS, Ibid., p. 17. SLECHTEN, G., Ibid., pp. 290-291.
43. ROBYNS, O., Ibid., p. 51.
44. Contrairement à DARIS, Ibid., p. 17, qui situe ce
personnage en 1422, CEYSSENS, J., Ibid., p. 175 et ROBYNS, O., Ibid., pp. 50-51
prétendent que celui-ci a vécu au XVIe siècle.
45. A.E.Ht, archives du doyenné de Beringen, Registrum
compositionum et caeterum jurium concilii Beringensis cum aliquot
institutionibus.
|
46.
|
A.E.Ht,
|
ibid., Registrum compositionum, f° 35. ROBYNS,
O., Ibid., p. 52.
|
|
|
47.
|
ROLAND,
|
G. et ROLAND, C.G., les Doyens du concile de Chimay, dans
Nam.,
|
t.
|
12,
|
Namur,
|
1935, pp. 58-62. BAIX, F., Doyens du concile de Chimay, dans
Nam.,
|
t.
|
22,
|
Namur,
|
1947, pp. 7-13
|
|
48.
|
A.E.M.,
|
abbaye de Bonne-Espérance, recueil de copies de chartes
(1127-1734),
|
f°356.
49. Documents concernant Sautour et Aublain, extraits du
cartulaire de l'abbaye de Floreffe, dans A.H.E.B., t. 8, Louvain, 1879, p.
365.
50. BARBIER, J. et BARBIER, V., Cartulaire de l'abbaye de
Floreffe, dans
A.H.E.B., t. 17, Louvain, 1881, p. 29. LAHAYE, L., Chartes de
l'abbaye de Brogne, dans B.C.R.H., t. 76, Bruxelles, 1907, p. 676.
51. BARBIER, J. et BARBIER, V., Ibid., p. 29. PONCELET, E.,
Actes des princesévêques de Liège : Hugues de Pierrepont,
Bruxelles, 1946, p. 5.
52. BARBIER, J., Documents concernant les monastères
de Waulsort et d'Hastière, dans A.H.E.B., t. 16, Louvain, 1879, p. 65.
A.E.M., chartrier de l'abbaye d'Aulne (DEVILLERS, L., Description analytique de
cartulaires et de chartriers, accompagnée du texte de documents utiles
à l'histoire du Hainaut, t. 5, Mons, 1870, p. 11).
53. ROLAND, G. et ROLAND, C.-G., Ibid., p. 60.
54. BORMANS, S. et SCHOOLMEESTERS, E., Cartulaire de
l'église Saint-Lambert à Liège, t. 1, Bruxelles, 1893, p.
449.
55. BARBIER, J, Obituaire de l'abbaye de Brogne ou de
Saint-Gérard, dans A.H.E.B., t. 18, Louvain, 1882, p. 364. BERLIERE, U.,
les Droits de l'abbaye de Florennes à Dourbes, dans A.S.A.N., t. 19,
Namur, 1891, pp. 57-58.
56. PONCELET, E., le Livre des fiefs de l'Eglise de Liège
sous Adolphe de la Marck, Bruxelles, 1898, p. 85.
57. PONCELET, E., Ibid., p. 85
58. ROLAND, C.-G., Ibid., p. 60.
59. BERLIERE, U., Suppliques d'Innocent VI (1352-1362), dans
A.V.B., t. 5, Namur, 1911, p. 616.
60. BRIGLEB, P. et LARET-KAYSER, A., Suppliques de
Benoît XIII (1394-1422), dans A.V.B., t. 26, Rome, 1973, p. 58. Ces
éditeurs confondent Ciney et Chimay. BAIX, F., Ibid., p. 8 et 9, fait de
Nicolas de Blehen le successeur de Gilles de Serainchamps comme curé de
Couvin et comme doyen de Chimay. Or, rien ne prouve que ce dernier est
effectivement doyen du concile. Contrairement à Baix, sur base des
listes que nous avons dressées, nous pouvons affirmer que le curé
de Couvin n'est pas nécessairement élu doyen, même s'il
l'est fréquemment.
61. DE THEUX DE MONTJARDIN, J., Ibid., t. 2, Bruxelles, 1871,
p. 179. SCHOOLMEESTERS, E., les Prévôts de la collégiale de
Saint-Denis, à Liège, dans Leod., t. 13, Liège, 1914, p.
5. BAIX, F., Ibid., annexes 1, 2 et 3, pp. 12-13.
62. BAIX, F., Ibid., annexes 1 et 3, pp. 12-13.
63. BERLIERE, U., les Terres et seigneuries de Maredsous et de
Maharenne, Maredsous, 1920, p. 120.
64. ROLAND, C.-G., Ibid., p. 60.
65. ROLAND, C.-G., Ibid., p. 61. MAGEOTTE, H., Treignes,
histoire de la paroisse et de son église, dans le Guetteur wallon, t.
50, Namur, 1974, p. 67.
66. A.E.N., registre des transports de Fagnolle,
f°15.
67. PONCELET, E., Inventaire analytique des chartes de la
collégiale Saint-Pierre à Liège, Bruxelles, 1906, p.
XXXVI.
68. BARBIER, J., Cartulaire de l'abbaye de Floreffe, de
l'ordre de Prémontré, au diocèse de Namur, dans A.H.E.B.,
t. 17, p. 29. Il ne s'agit pas d'un doyen de Chimay, mais de Ciney.
69. A.H.E.B., t. 3, Louvain, 1866, p. 216.
70. A.E.N., cartulaire de l'abbaye de Grandpré, t. 1,
f° 40, f° 58 et f° 63. BARBIER,
V., Histoire du monastère de Géronsart, Namur, 1886, p. 281.
71. CUVELIER, J., Cartulaire de l'abbaye du Val-Benoît, t.
1, Bruxelles, 1906, pp. 347-348
72. A.E.L., ibid., f° 100 et 101
v° (Poncelet, E., Sainte-Croix, pp. 346-347 et 352).
73. BRIEGLEB, P. et LARET-KEYSER, A., Ibid., p. 58.
74. Inscription sur un calice attribué à Hans de
Reutlingen conservé au Rijksmuseum d'Amsterdam, dont la photo a
été publiée dans Millénaire de la collégiale
Saint-Jean, à Liège. Exposition d'art et d'histoire,
Liège, 1982, p. 224. LAHAYE, J., Chartes de la collégiale de
Saint-Jean l'Evangéliste, t. 1, Bruxelles, 1921, p. L.
75. Records ecclésiastiques, t. 4, 1867, p. 170.
76. ROLAND, C.-G., les Doyens du concile de Fleurus, dans Leod.,
t. 12, Liège, 1913, pp. 133-136.
77. A.D.N.L., cartulaire de Liessies, chartes de Sart-les-Moines,
f° 74 v°.
78. BARBIER, J., Documents extraits du cartulaire du chapitre de
Fosses, dans A.H.E.B., t. 4, Louvain, 1887,
pp. 407 et 410.
79. A.E.M., ibid., f° 46 v°. La
datation de ce document est proposée par ROLAND, C.-G., Ibid., p.
134.
80. DE MOREAU, E., Chartes du XIIIe siècle de l'abbaye de
Villers-en-Brabant, Louvain, 1905, pp. 42-43. DE MARNEFFE, E., Herkenrode, pp.
249-250 et 256.
81. DE MARNEFFE, E., Cartae Parcensis, dans Bijtragen tot de
Geschiedenis bijzonderlijk van het aloude Hertogdom Brabant, t. 3, 1904, p.
145.
82. REGAUS, B., Bona et iura monasterii Haffligemensis,
éd. VERBESSELT, J., dans Wavriensia, t. 4, Wavre, 1955, p. 29. BARBIER,
V., Histoire de l'abbaye de Floreffe, t. 2 (documents), Namur, 1892, p. 69.
83. A.E.M. ibid., f° 210 v°. DE
REIFFENBERG, F., Monuments pour servir à l'histoire des provinces de
Namur, de Hainaut et de Luxembourg, Bruxelles, 1847,
t. 7, p. 669.
84. Documents concernant Grand-Leez au prieuré de
Basse-Wavre, dans A.H.E.B., t. 8, Louvain, 1871, p. 242.
85. DE MARNEFFE, E., Herkenrode, p. 616. A.D.N.L., même
cartulaire, f° 39.
86. WAUTERS, A., Analectes de diplomatique (2e série),
dans B.C.R.H., 4e série,
t. 8, Bruxelles, 1880, p. 363. Documents concernant les paroisses
de Frasneslez-Gosselies et Tillies, dans A.H.E.B., t. 4, Louvain, 1867, p.
481.
87. RENARDY, Ch., les Maîtres universitaires du
diocèse de Liège. Répertoire bibliographique (1140-1350),
Paris, 1981, p. 234. PONCELET, E., Chartes du prieuré d'Oignies, de
l'ordre de Saint-Augustin, dans A.S.A.N., t. 31, Namur, 1912, p. 90. BARBIER,
J., Nécrologe de Floreffe, dans A.H.E.B., t. 13, Louvain,
1876, p. 203.
88. ROLAND, C.-G., Ibid., p. 135.
89. DE RIDDER, C.B., Encore quelques mots sur Balen et Meerhout,
dans A.H.E.B., t. 8, Louvain-Bruxelles, 1871, p. 361. A.D.N.L., ibid.,
f° 41.
90. BROUETTE, E., Ibid., p. 29. A.E.L., chartrier de l'abbaye du
Val-Notre-Dame, p. 107.
91. A.G.R., collections sigillographiques,
n°19908. Records ecclésiastiques, p. 197. BARBIER, J.,
Ibid., p. 217.
92. BARBIER, J., Ibid., p. 217.
93. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 2,
Louvain, 1865, p. 285.
94. ROLAND, C.-G., Ibid., p. 136. Ces documents n'ont jamais
été classés parmi les archives du séminaire
de Liège.
95. Records ecclésiastiques, t. 2, p. 285. Selon
ROLAND, C.-G., Ibid., p. 136 ce doyen serait mort en fonctions. MAGHE, E.,
Chronicon eccleasiae B.M.V. Bonae Spei, Bonne-Espérance, 1704, p.
445.
96. PONCELET, E., Sainte-Croix, t. 1, pp. XXVIII, LXV et
LXVI.
97. BAIX, F., Doyens du concile de Florennes, dans A.H.E.B., t.
36, Louvain-Bruxelles, 1910, pp. 105-123.
98. MISONNE, D., les Miracles de saint Eugène à
Brogne. Etude littéraire et historique, 2e éd., dans
Revue bénédictine, t. 76, n°3 et
4, Maredsous, 1966, p. 264.
99. V. annexe 3.
100. MIRAEUS, A., et FOPPENS, J.-F., Opera diplomatica, t. 4,
Bruxelles, 1748, pp. 523-524. BERLIERE, U., Documents inédits pour
servir à l'histoire ecclésiastique de la Belgique, t. 1,
Maredsous, 1894, pp. 29-30. Ce doyen a souvent été confondu avec
saint Walhère (v. annexe 3).
101. ROLAND, C.-G., Chartes namuroises inédites, dans
A.S.A.N., t. 27, Namur, 1908, pp. 68-70.
102. BORMANS, S. et SCHOOLMEESTERS, E., Ibid., p. 449.
103. BAIX, F., Ibid., p. 110. BARBIER, J., Obituaire de
Saint-Gérard, dans A.H.E.B., t. 18, p. 360.
104. A.E.N., cartulaire de l'abbaye de Waulsort, t. 5,
f° 226, v°, et 129, v°.
105. PONCELET, E., Chartes du prieuré d'Oignies, p.
20.
106. BORMANS, S., Cartulaire de la commune de Dinant, t. 1,
Namur, 1880, p. 76.
107. DEVILLERS, L., Documents concernant
Merbes-le-Château, Solre-sur-Sambre, Horrues et Loverval, dans A.H.E.B.,
t. 14, Louvain, 1877, p. 27.
108. BARBIER, V., Documents concernant le chapitre et la
collégiale de SaintGengoux, à Florennes, dans A.H.E.B., t. 21,
Louvain, 1888, p. 409-412.
109. BARBIER, J., Nécrologe de Floreffe, p. 216.
110. DE VILLERMONT, Aublain, Anvers, 1883, pp. 172-173.
111. A.E.N., cartulaire de l'abbaye de Florennes,
f° 31 et 32 v°. Cénotaphe de saint
Walhère à Onhaye (v. annexe 3).
112. BROUETTE, E., les Doyens ruraux de Gembloux, du XIIe au
XVIe siècle, dans B.S.R.A.B., (sans tomaison), Bruxelles, 1946, pp.
19-25.
113. ROLAND, C.-G., Recueil des chartes de l'abbaye de Gembloux,
Gembloux, 1921, p. 66. MIRAEUS, A. et FOPPENS, J.-F., Ibid., t. 2, Bruxelles,
1723, p. 1183.
114. MAGHE, E., Ibid., pp. 126 et 131.
115. BARBIER, V., Histoire de l'abbaye de Floreffe, t. 2, p. 51.
LAHAYE, L., Chartes de l'abbaye de Brogne, dans B.C.R.H., t. 77, Bruxelles,
1907, p. 678.
116. A.G.R., chartrier d'Aywières. PLOEGAERTS, Th.,
Histoire de Corbais, Nivelles, 1911, p. 9.
117. A.E.N., chartrier de Salzinnes. A.G.R., chartrier
d'Affligem.
118. PONCELET, E., Chartes du prieuré d'Oignies, pp. 74
et 90.
119. PONCELET, E., Ibid., p. 119.
120. PONCELET, E., Ibid., p. 170.
121. A.E.N., Cartulaire de Malonne, f° 26.
A.G.R., chartrier d'Affligem. Emile Brouette pense que ce doyen a exercé
ses fonctions de 1234 à 1272 sans discontinuité. Or, nous en
perdons la trace de 1254 à 1269. Rien ne prouve donc qu'il s'agit du
même personnage et, si même c'est le cas, nous sommes de l'avis que
la période comprise entre ces deux dates marque une interruption dans sa
carrière.
122. PONCELET, Ibid., p. 234.
123. BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté des
origines au XIIIe siècle, p. 31.
124. A.G.R., cartulaire de Villers, n° 10967,
f° 2 v°.
125. A.G.R., cartulaire des Trinitaires de Lérinnes,
f° 7 v°.
126. GASTOUT, M., Ibid., p. 236.
127. A.E.N., fonds de l'évêché, registre
1, f° 42. A.E.L., cartulaire de la collégiale
Saint-Pierre, f° 114 (PONCELET, E., Inventaire analytique des
chartes de la collégiale Saint-Pierre, à Liège, p.
167).
128. REUSENS, E., Matricule de l'université de Louvain,
t. 1, Bruxelles, 1903, p. 222. A.E.N., ibid., f° 42.
129. DARIS, J., Histoire du diocèse et de la
principauté de Liège pendant le XVe siècle, Bruxelles,
1974, p. 241.
130. A.E.N., ibid., f°44 et 45.
131. ROLAND, C.-G., Etude historique sur le village et le
doyenné de Graide, dans A.S.A.N., t. 16, Namur, 1883, pp. 454-468,
spéc. pp. 465-466.
132. KURTH, G., ibid., t. 1, p. 44.
133. BROUETTE, E., Ibid., p. 31.
134. Documents concernant Sautour, p. 365.
135. Selon ROLAND, C.-G., Ibid., p. 156, note 3 et 159, L. n'est
pas curé de Bioul, mais de Bouillon-Sensenruth. .
136. GOFFINET, H., Cartulaire de l'abbaye d'Orval depuis
l'origine de ce monastère jusqu'à l'année 1365
inclusivement, époque de la réunion du comté de Chiny au
duché de Luxembourg, Bruxelles, 1896, p. 332.
137. ROLAND, C.-G., Ibid., p. 446.
138. SCHOOLMEESTERS, E., Recueil des lettres
adressées, pendant le XIVe siècle, aux papes et cardinaux pour
les affaires de la principauté de Liège, dans A.H.E.B., t. 15,
Louvain-Bruxelles, p. 49. PONCELET, E., Sainte-Croix, t. 1, pp. XCVI, CXXIX,
CXXXIX et CLX.
139. ROLAND, C.-G., Ibid., p. 446.
140. A.E.L., archives de la collégiale
Saint-Jean-l'Evangéliste, Liber primus testamentorum, f°
8. LAHAYE, L., Chartes de la collégiale de Saint-Jean
l'Evangéliste, t. 1, p. LX et p. 297.
141. BROUETTE, E., Liste provisoire, p. 10.
142. BROUETTE, E., Liste provisoire, p. 10. ROLAND, C.-G.,
Ibid., p. 466.
143. BROUETTE, E., Doyens de Hanret, dans Leod., t. 39,
Liège, 1952, pp. 16-19.
144. DE MARNEFFE, E., Documents pour servir à l'abbaye
norbertine de Heylissem, dans A.H.E.B., t. 24, Louvain, 1893, p. 216.
145. Ce doyen n'apparaît pas dans la
référence donnée par BROUETTE, E., Ibid., p. 16.
146. A.E.N., chartrier de Salzinnes. BARBIER, V., Ibid., p.
109.
147. PAQUAY, J., Inventaire analytique des chartes de la
collégiale SaintBarthélemy, à Liège, Liège,
1935, p. 117. A.G.R., cart. de Mellemont, f° 44
v°.
148. BARBIER, V., Ibid., t. 2, p. 154. A.D.N.L., chartrier du
chapitre SaintGéry de Cambrai.
149. YANS, M., Cartulaire de l'abbaye de
Saint-Laurent-lez-Liège conservé au British Museum, dans
B.S.A.H.L.,
t. 48, Liège, 1967, p. 61.
150. Records ecclésiastiques, t. 4, p. 180. LAHAYE,
L., Inventaire analytique des chartes de la collégiale de
Saint-Jean-l'Evangéliste à Liège, t. 1, Bruxelles, 1921,
p. 401.
151. BROUETTE, E., Liste provisoire, p. 11. La
référence donnée en note 54 ne correspond pas à
Philippe d'Avin, mais à son prédécesseur Boudoin-Pierre de
Wynes.
152. SCHUDTES, L.H.C., Geschiedenis van het Bisdom's
Hertogenbosch, t. 3, SaintMichel-Gestel, 1873, pp. 4-5.
153. ERENS, M.-A., Ibid., t. 1, Tongerlo, 1948, p. 14.
A.G.R., chartrier de l'abbaye de Sainte-Gertrude à Louvain. SCHUDTES,
L.C.H., Ibid., p. 4, hésite à placer ce personnage dans la liste
des doyens ruraux car il ne sait si le terme decanus désigne un doyen de
chrétienté ou un doyen de chapitre. Etant donné que cet
acte mentionne le nom du doyen du chapitre de Hilvarenbeek, Godefroi ne peut
être que doyen rural de ce concile.
154. BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté des
origines à la fin du XIIIe s., p. 32.
155. VAN DEN BERG, L.T.C., Oorkondenboek van Holland en Zeeland,
t. 2, Amsterdam et La Haye, 1873, p. 38.
156. HABETS, J., De Archiven van het kappitel en hoogadellijke
rijksabdij Thorn, t. 1, 1889, pp. 75 et 89.
157. SCHUTJES, L.H.C., Ibid., p. 4.
158. SCHUTJES, L.H.C., Ibid., p. 4.
159. HABETS, J., Ibid., p. 169.
160. BERLIERE, U., Suppliques de Clément VI (1342-1352),
dans A.V.B., t. 1, Rome, 1906, p. 507.
161. BERLIERE, U., Ibid., p. 507.
162. TIHON, C., Lettres de Grégoire XI (1371-1378), dans
A.V.B., t. 20, Rome, 1962, p. 146.
163. TIHON, C., Ibid., p. 146.
164. A.E.L., archives de Sainte-Croix, Liber Cartarum II,
f° 249 v° (PONCELET, E., Sainte-Croix, t. 1, p.
318).
165. SCHUDJES, L.H.C., Ibid., p. 5.
166. BAIX, F., la Chambre apostolique et les Libri annatarum de
Martin V (1417- 1431), dans A.V.B., t. 14, Rome, 1947, p. CCLVI.
167. PONCELET, E., Sainte-Croix, t. 1, pp. LXIV, CLI, CLXVII et
CLXXXI.
168. BROUETTE, E., Liste provisoire, p. 11.
169. PONCELET, E., Cartulaire de Saint-Lambert, t. 5, Bruxelles,
1913, p. 220.
170. BROUETTE, E., Ibid., p. 11.
171. A.E.L., chartrier de l'abbaye de Saint-Jacques.
172. YANS, M., Ibid., p. 70. THIMISTER, C.J., Cartulaire ou
recueil des chartes et documents inédits de l'église
collégiale de Saint-Paul, Liège, 1878, pp. 12- 14.
173. YANS, M., Ibid., p. 93.
174. YANS, M., Ibid., p. 119.
175. EVRARD, M., Documents relatifs à l'abbaye de
Flône, dans A.H.E.B., t. 23, Louvain, 1892, p. 348.
176. SCHONBROODT, J.G., Inventaire analytique et
chronologique des archives de l'abbaye du Val-Saint-Lambert-lez-Liège,
Liège, 1875, p. 59. A.E.L., chartrier de l'abbaye du Val-Saint-Lambert
(FAIRON, E., Supplément à l'inventaire analytique des chartes du
Val-Saint-Lambert, dans B.C.R.H., t. 74, Bruxelles, 1905, p. 182).
177. MARCHAL, E., le Village et la paroisse d'Hodeige, dans
B.S.A.H.L., t. 15, Liège, 1906, p. 364 (documents).
178. A. E. L., chartrier de l'abbaye de Saint-Jacques.
179. A.Ev.L., obituaire de la collégiale
Saint-Martin-en-Ile, f° 182.
180. Cette information nous a été aimablement
fournie par M. l'abbé Deblon. Voir l'ouvrage collectif intitulé
Pouillés des archidiaconés de Campine (à
paraître).
181. A.E.L., chartrier du Val-Saint-Lambert.
182. BROUETTE, E., Regeste des doyens de la
chrétienté de Jodoigne aux XIIe et XIIIe siècles, dans
Leod., t. 46,
Liège, 1959, pp. 27-38.
183. MAGHE, E., Ibid., p. 105.
184. A.H.E.B., t. 1, Louvain, 1864, pp. 48-49.
185. REUSENS, E., Documents relatifs à l'abbaye
norbertine de Heylissem, dans A.H.E.B., t. 25, Louvain, 1895, p. 257. DE
GOURGAULT, O. et WAUTERS, A., Chartes inédites extraites du cartulaire
de Saint-Nicaise de Reims, dans B.C.H.R., 4e série, t. 10, Bruxelles,
1882, p. 194.
186. THIMISTER, C.J., Ibid., p. 26. A.G.R., cartulaire du
prieuré de Mellemont, f° 302. HANON DE LOUVET, R.,
Histoire de la ville de Jodoigne, t. 2, Gembloux, 1941, p. 713 le mentionne
dans la liste des Hospitaliers. Voir aussi BROUETTE, E., ibid., p. 30, note
1
187. A.G.R., ibid., f° 159. REUSENS, E.,
Documents relatifs à l'abbaye norbertine de Heylissem dans A.H.E.B., t.
27, Louvain, 1898, pp. 118-119. BROUETTE, E., Ibid., p. 33, note 1, pense que
ce doyen est sorti de charge avant le 19 octobre 1241 car, à partir de
cette date, il est seulement paré du titre de curé de Marilles.
RENARDY, Ch., ibid., pp. 443-444.
188. A.G.R., ibid., f° 304
v°.
189. A.G.R., chartrier de l'abbaye d'Affligem.
190. A.G.R., Ibid.
191. REUSENS, E., ibid., p. 189. PLOEGAERTS, Th., Histoire de
Corbais, Nivelles, 1935, pp. 178-179. RENARDY, Ch., ibid., p. 322.
192. BARBIER, V., Cartulaire de l'abbaye de Malonne, dans
A.H.E.B., t. 20, Louvain-Bruxelles, 1886, p. 28. Comme l'indique BROUETTE, E.,
ibid., p. 37, une erreur de millésime a été commise dans
cette édition. A.G.R., chartrier de l'abbaye de Heylissem.
193. A.G.R., cartulaire de l'abbaye de Heylissem,
f° 58 v°.
194. HANON DE LOUVET, R., Ibid., p. 714 (v 8 n°
+ ht).
195. TIHON, C., Ibid., dans A.V.B., t. 11, Rome, 1958, pp.
133-134 et t. 25,
Rome, 1964, pp. 122-123.
196. DARIS, Ibid., p. 273.
197. Records ecclésiastiques, dans A.H.E.B., t. 1,
Louvain, 1864, p. 339.
198. Cette information nous a aimablement été
fournie par M. l'abbé Deblon.
199. BROUETTE, E., les Doyens ruraux, des origines à la
fin du XIIIe siècle, p. 33.
200. SCHOONBROODT, J.-G., Chartes du chapitre de Saint-Lambert,
à Liège, Liège, 1863, p. 149.
201. VAN BAVEL, H. et PRAEM, O., Regesten van het archief van de
abdij van Berne (1134-1400), Heeswijk, 1984, p. 51.
202. SCHUTJES, L.H.C., Ibid., t. 3, p. 9.
203. HABETS, J., Geschiedenis van het tegenwoordig bisdom
Roermond, t. 1, Roermond, 1875, p. 358.
204. HABETS, J., Ibid., t. 1, p. 358.
205. SCHUDJES, L.H.C., Kerklijke Geschiedenis van het bisdom van
`s
Hertogenbosch, t. 3, Bois-le-Duc, 1875, p. 408.
206. A.G.R., chartrier de Heylissem.
207. RAYMAEKERS, F.J., Notice sur l'église primaire de
Saint-Sulpice, à Diest, dans le Messager des sciences historiques ou
Archives des arts et de la bibliographie de Belgique, t. 3, Gent, 1859, p. 35
(Le texte est édité en note 2).
208. BROUETTE, E., Ibid., p. 33.
209. REUSENS, E., ibid., t. 27, p. 143.
210. BROUETTE, E., Ibid., p. 33 (références
incorrectes).
211. BROUETTE, E., la Plus Ancienne Mention de la
léproserie de Danebroeck, dans Leod., t. 57, Liège, 1970, p.
49.
212. A.E.Ht., cartulaire de l'abbaye de Rotem,
intitulé Registrum bonorum monasterii de Rothem ; desen boek vernieut
anno 1410, f° 30-31 (GRAUWELS, J., Inventaris van het artchief
van de abdij van Rotem te Halen, Bruxelles, 1980, p. 40).
213. BERLIERE, U., Suppliques d'Innocent VI, p. 714.
214. BERLIERE, U., Ibid., p. 343.
215. BAIX, F., la Chambre apostolique, p. 220.
216. BAIX, F., Ibid., p. 220. DARIS, J., Ibid., p. 221.
217. A.E.L., archives de Saint-Jean, Liber cartarum (1337-1514),
f° 134.
218. MIRAEUS, A. et FOPPENS, F., Ibid., t. 1, p. 191.
219. A.G.R., chartrier du prieuré de Terbank
(UYTTEBROUCK, A., Inventaire
analytique des archives ecclésiastiques du Brabant. 2e
série : établissements religieux, t. 1, Inventaire des archives
de la léproserie de Terbanck, Bruxelles, 1963, pp. 122-123). WAUTERS,
A., Ibid., dans B.C.R.H., 4e série, t. 7, Bruxelles, 1880, p. 387.
220. A.G.R., ibid. (UYTTEBROUCK, A., Ibid., p. 127).
221. A.G.R., ibid. (UYTTEBROUCK, A., Ibid., pp. 129 et 132).
222. A.G.R., chartrier de Sainte-Gertrude de Louvain. BROUETTE,
E., les Doyens de chrétienté des origines au XIIIe siècle,
p. 28.
223. BROUETTE, E., Ibid., p. 34.
224. BROUETTE, E. et PEYNS-RIGO, P., Regestes des officiaux des
évêques de Liège, dans B.S.A.H.L., t. 46, Liège,
1966, p. 37.
225. BROUETTE, E., Ibid., p. 34.
226. BROUETTE, E., Ibid., p. 34.
227. ERENS, M.A., De Oorkonden der abdij Tongerloo, t. 2,
Tongerlo, 1950, p. 74.
228. A.G.R., recueil de documents relatifs à la
dîme de Winge-Saint-Georges (copie du XVIe s).
229. A.E.Ht, ibid., f° 30-31 (GRAUWELS, J.,
Ibid., p. 40).
230. REUSENS, E., dans A.H.E.B., t. 14, Louvain, 1877, p.
483.
231. BROUETTE, E., Liste provisoire, p. 12.
232. PAQUAY, J., Juridiction, droits et prérogatives
des archidiacres de l'Eglise de Liège. Contribution à l'histoire
de l'ancien droit ecclésiastique liégeois, Liège, 1935, p.
38
233. LAENEN, J., Notes sur l'organisation
ecclésiastique du Brabant à l'époque de l'érection
des nouveaux évêchés, dans A.A.R.A., t. 56, Bruxelles,
1904, pp. 176-178.
234. LAENEN, J., Ibid., pp. 176-178.
235. BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté des
origines au XIIIe siècle, p. 34.
236. DARIS, Notices sur les églises du diocèse de
Liège, t. 4, Liège, 1871, p. 196.
|
237.
|
BROUETTE, E., les Doyens ruraux au XIVe siècle, p. 13.
|
|
|
238.
|
SCHUTJES, L.H.C., Geschiedenis van s' Hertogenbosch, t. 3, pp.
118
|
et
|
121.
|
239.
|
SCHUTJES, L.H.C., Ibid., pp. 241 et 279.
|
|
|
240.
|
TIHON, C., Lettres de Grégoire XI (1371-1378), t. 3,
Brux., 1964,
|
p.
|
35.
|
241.
|
BROUETTE, E., Liste provisoire, p. 12.
|
|
|
242.
|
HABETS, J., Ibid., t. 1, p. 363.
|
|
|
243.
|
DE THEUX DE MONTJARDIN, J., Ibid., t. 2, Bruxelles, 1871, p.
366.
|
|
|
|
244. DELESCLUSE, A., Catalogue des actes de Henri de Gueldre,
prince-évêque de Liège, Bruxelles, 1900, p. 61. CUVELIER,
J., Cartulaire de l'abbaye du ValBenoît, Bruxelles, 1906, p. 170.
245. CUVELIER, J., Cartulaire du Val-Benoît, Bruxelles,
1906, p. 243.
SCHOOLMEESTERS, E., Diplômes de l'abbaye du
Val-Benoît relatifs à Simpelveld, Elsloo, Gronsveld et Vaesrade,
dans P.S.H.A.D.L., t. 21, Roermond, 1894, p. 139.
246. La référence de BROUETTE, E., les Doyens de
chrétienté des origines au XIIIe siècle, p. 34, est
inexacte.
247. BROUETTE, E., Liste provisoire, p. 13, commet une erreur
dans la référence.
248. BROUETTE, E., Ibid., p. 13.
249. BROUETTE, E., Ibid., p. 13.
250. FRANQUINET, G.-D., Beredendeerde Inventaris der oorkonden
en bescheide van het kappitel van O. L. Vrouwkerke te Maastricht, Maastricht ,
1870, p. 279.
251. FRANQUINET, G.-D., Ibid., p. 279.
252. FORGEUR, R., Notes sur l'histoire de la paroisse
d'Ouffet et sur les chapitres collégiaux d'Ouffet et d'Ellemelle, dans
Leod., t. 57, Liège, 1970, p. 57.
253. BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté des
origines au XIIIe siècle, p. 34.
254. BROUETTE, E., Ibid., p. 34.
255. BROUETTE, E., Ibid., p. 34.
256. BERLIERE, U., Suppliques de Clément VI, dans A.V.B.,
t. 1, Rome, 1906, pp. 577-578.
257. BERLIERE, U., Ibid., pp. 577-578.
258. HALKIN, J. et ROLAND, C.-G., Cartulaire de l'abbaye de
Stavelot-Malmedy, t. 2, Bruxelles, 1930, p. 290.
269. A.E.H., chartrier de l'abbaye du Neufmoustier.
260. LAHAYE, L., Ibid., t.1, p. LXXXIX.
261. DARIS, J., Ibid., p. 221.
262. BROUETTE, E., les Libri annatarum pour les pontificats
d'Eugène IV à Alexandre VI, t. 4, dans A.V.B., t. 24, Rome, 1963,
p. 63.
263. PONCELET, E., Sainte-Croix, t. 1, pp. LXV et CIX. DE THEUX
DE MONTJARDIN, J., Ibid., p. 23.
264. HALKIN, J., les Eglises paroissiales de Hotton-Melreux,
dans Mélanges De Borman, Liège, 1919, p. 42 A.E.H., ibid.
(HANSOTTE, G., Inventaire des archives de l'abbaye de Neufmoustier, t. 1,
Bruxelles, 1960, pp. 283 et 291).
265. BALAU, S., Histoire de la seigneurie et de la paroisse de
Modave, dans B.S.A.H.L., t. 8, Liège, 1894, p. 186.
266. BROUETTE, E., Anciens Doyens de Rochefort (XIIe-XIIIe
siècles), dans B.T.I.A.L., t. 27, Arlon, 1951, pp. 14-17.
267. MIRAEUS, A. et FOPPENS, J.-F., Ibid., t. 2, Bruxelles,
1723, p. 1181.
268. GOFFINET, H., Cartulaire d'Orval, Bruxelles, 1879, p. 159.
KURTH, G., Ibid., t. 1, Bruxelles, 1903, p. 126.
269. A.Ev.L., Cantatorium concilii Rupefortensis renovatum
anno 1700, f° 9. Selon l'auteur de ce document, ce doyen aurait
exercé ses fonctions pendant une quarantaine d'années. Comme il
ne semble pas très bien renseigné, il le situe entre Henri
Boileau et Philippe de la Marck, sans mentionner de dates précises. Or,
nous avons retrouvé son homonyme qui, de plus, est curé de la
même paroisse, le 23 juillet 1241 (KURTH, G., Ibid., p. 288). Etant
donné qu'aucun autre doyen n'a pu être trouvé entre 1224 et
1265, soit une période de 41 ans, nous pensons que l'auteur du registre
s'est bel et bien trompé et que Hubert de la Roche a vécu au
XIIIe siècle et non pas au XIVe.
270. A.E.M., cartulaire de l'abbaye d'Aulne, f°
216 v° (DEVILLERS, L., Description, t. 1, p. 151).
271. KURTH, G., Ibid., p. 484.
272. BERLIERE, U., Suppliques d'Innocent VI, dans A.V.B., t. 5,
Rome, 1911, p. 56.
273. BERLIERE, U., Ibid., p. 56.
274. HANQUET, K., Documents relatifs au grand schisme, dans
A.V.B., t. 8, Rome, 1924, pp. 338 et 495.
275. BRIEGLEB, P. et LARET-KAYSER, A., Suppliques de
Benoît XIII (1394-1422), Bruxelles, 1973, pp. 36 et 182.
276. A.E.A., chartrier du prieuré du Val-des-Ecoliers
à Houffalize. PONCELET, E., Inventaire analytique des chartes de la
collégiale de Saint-Pierre, à Liège, Bruxelles, 1906, p.
LXXII.
277. A.Ev.L., Iibid., f° 9.
278. A.Ev.L., Iibid., f° 9. Entre Henri
Boileau et Philippe de la Marck, l'auteur du registre mentionne, à tort,
croyons-nous, Hubert de la Roche. Par ailleurs, il n'est pas exclu que l'auteur
du registre ait pu confondre ce personnage avec son homonyme, le curé de
Serinchamps, qui a vécu un demi siècle plus tard (CHESTRET DE
HANEFFE, J., Histoire de la maison de la Marck, Liège, 1898, p. 272).
279. A.Ev.L., Ibid., f° 9. L'auteur du registre
ne donne pas de dates précises, mais situe ce doyen entre Philippe de la
Marck et Jean Blanchard.
280. A.Ev.L., Ibid., f° 9.
281. BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté des
origines à la fin du XIIIe siècle, p. 35, rappelle très
justement que le doyen de Saint-Remacle est très souvent aussi
curé de Saint-Christophe. Mais il oublie que cette tradition
n'apparaît clairement qu'au XVIe siècle. Au Moyen Âge, le
fait qu'un individu soit curé de Saint-Christophe ne nous apparaît
pas être un argument suffisant pour en faire un doyen de concile. C'est
pourquoi nous avons préféré soustraire, de la liste de
Brouette, Lambert, curé de cette paroisse en 1313. Voir aussi VAN
WINTERSHOVEN, E., Notes et documents concernant l'ancien béguinage de
Saint-Christophe à Liège, dans A.H.E.B., t. 23, Louvain, 1892,
pp. 62 et 70.
282. YANS, M., A propos du domaine de l'abbaye de Saint-Laurent,
dans A.H.L., t.
5, Liège, 1957, p. 929.
283. BROUETTE, E. et PEYNS-RIGO, P., Ibid., p. 16.
284. BROUETTE, E., Ibid., p. 35, ne donne pas de
références.
285. BROUETTE, E., Recueil des chartes et documents de l'abbaye
du Val-SaintGeorges à Salzinnes (Namur), Achel, 1971, p. 187.
286. QUIX, C., Geschichte der Stadt Aache, t. 2,
Aix-la-Chapelle, 1842, p. 164.
287. La référence fournie par BROUETTE, E., Liste
provisoire, p. 14 ne correspond pas aux dates mentionnées dans la
liste.
288. BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté des
origines au XIIIe siècle, p. 35.
289. BROUETTE, E., Ibid., p. 35.
290. A.E.H., chartrier de l'abbaye du Val-Notre-Dame.
291. BROUETTE, E., Ibid., p. 35.
292. PIOT, C., Cartulaire de l'abbaye de Saint-Trond, t. 2,
Bruxelles, 1874, p. 397.
293. DARIS, J., Cartulaire de l'abbaye de Herkenrode, dans
A.I.A.L., t. 11, Liège, 1872, p. 290. REUSENS, E., Documents relatifs
à l'abbaye de Herkenrode, p. 290.
294. STRAVEN, F., Inventaire analytique et chronologique des
archives de la ville de Saint-Trond, t. 1, Saint-Trond, 1886, p. 64. PIOT, C.,
Ibid., t. 1, Bruxelles, 1874, p. 567.
295. BROUETTE, E., Liste provisoire, p. 14.
296. BROUETTE, E., Liste provisoire, p. 14.
297. STRAVEN, F., Ibid., t. 2, Saint-Trond, 1886, p. 456.
298. GUILLEAUME, D., Doyens du concile de Stavelot, dans Leod.,
t. 8, Liège, 1908, pp. 146-148.
299. HALKIN, J. et ROLAND, C.-G., Cartulaire de l'abbaye de
Stavelot-Malmedy, t. 1, Bruxelles, 1909, p. 525.
300. GUILLEAUME, D., Ibid., p. 146.
301. HALKIN, J. et ROLAND, C.-G., Ibid., p. 102.
302. HALKIN, J. et ROLAND, C.-G., Ibid., p. 515.
303. BROUETTE, E., les Doyens ruraux des origines au XIIIe
siècle, p. 35.
304. A.E.L., archives de Saint-Jean, Novus liber stipalis,
f° 59.
305. WÜRTH-PAQUET, M.F.X. et VAN WERVEKE, N., Archives de
Clervaux, analysées et publiées, dans P.S.H.Lux., t. 36,
Luxembourg, p. 144.
306. GUILLAUME, D., Ibid., p. 147.
307. GUILLAUME, D., Ibid., p. 147. DE THEUX DE MONTJARDIN, J.,
Ibid., t. 3, p.
62.
308. A.E.L., archives de Saint-Jean, registre des biens
à Dürler. (LAHAYE, L., Ibid., t. 2, Bruxelles, 1933, p. 10).
WÜRTH-PAQUET, M.F.X. et VAN WERVEKE, N., Ibid., p. 309.
309. PONCELET, E., Sainte-Croix, t. 1, p. LXXIV et errata, t. 2,
p. 295. GUILLAUME, D., Ibid., p. 147.
310. GUILLAUME, D., Ibid., p. 148.
311. HABETS, J., Bijdragen tot de geschiedenis van de
voormalig stad Susteren en van de adellijke vrouwen abdij Sint-Salvator, dans
P.S.A.H.L., t. 16, Maastricht, 1869, p. 528.
312. LACOMBLET, Th.-J., Urkundenbuch für die Geschichte
des Niederrheims, t. 1, Düsseldorf, 1840, p. 239. Même si ce
personnage ne porte pas le titre de doyen dans l'acte où il est
cité, ses fonctions, notamment en matière de discipline du
clergé paroissial, nous permettent de le placer dans notre liste.
313. HABETS, Ibid., p. 528.
314. HABETS, Ibid., p. 528.
315. HABETS, Ibid., p. 528.
316. BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté des
origines au XIIIe siècle, p. 36.
317. HABETS, Ibid., p. 528.
318. MUNSTERS, A., De Statuten en het statutenboek van de Gouden
concilie Susteren, dans P.S.H.A.L., t. 88, Maastricht, 1952, p. 65.
319. HABETS, J., Ibid., p. 526.
320. Cette information, qui nous a été
aimablement fournie par M. l'abbé André Deblon, sera
prochainement éditée dans un ouvrage collectif à propos
des registres archidiaconaux de Campine.
321. HABETS, J., Geschiedenis van Roermond, t. 1, p. 391.
322. HABETS, J., Ibid., t. 1, p. 404.
323. HABETS, J., Ibid., t. 1, p. 404.
324. HABETS, J., Ibid., t. 1, p. 405.
325. NELIS, H., Album belge de diplomatique, Bruxelles, 1909,
pl. VII. Le chapitre de Walcourt, dont il est question dans le texte, ne
comprend pas de doyen parmi ses membres. Bernard donc est probablement le doyen
du concile local, c'est-à-dire Thuin (DIERKENS, A., la Création
des doyennés et des archidiaconés dans l'ancien diocèse de
Liège (début Xe siècle?). Quelques remarques de
méthode, dans le Moyen Âge, t. 92, Bruxelles, 1986).
326. WOTQUENNE, A.-C., Une charte inédite de
Théoduin, évêque de Liège, dans Leod., t. 29,
Liège, 1936, p. 35.
327. A.E.M., cartulaire de l'abbaye d'Aulne, f°
86 v°.
328. BROUETTE, E., Ibid., p. 36.
329. BROUETTE, E., Ibid., p. 36.
330. PONCELET, E., Chartes du prieuré d'Oignies, p.
148.
331. Selon Ch. RENARDY, Ibid., p. 338-239, le cumul des
bénéfices avec charge d'âmes lui a été
autorisé par le pape Alexandre IV le 13 décembre 1258. Brouette
commet une erreur en l'identifiant au curé de Nalinnes. WAUTERS, A., De
l'origine des premiers développements des libertés communales en
Belgique, pp. 185-186 (preuves).
332. DE RIDDER, C.-B., Documents concernant la paroisse de
Thiméon, extraits du cartulaire de Floreffe, dans A.H.E.B., t. 9,
Louvain, 1872, pp. 276-279. Ce document a été daté de 1272
par l'éditeur, contrairement à la date figurant dans le texte
(M° CC° LXX°). Cette erreur a
été plusieurs fois répétée depuis lors,
notamment dans les travaux d'Emile Brouette.
333. DUVIVIER, Ch., Actes et documents anciens
intéressant la Belgique, t. 1, Bruxelles, 1898, p. 145.
334. A.E.L., archives de Sainte-Croix, Liber cartarum VIII,
f° 3 (PONCELET, E., Sainte-Croix, t. 1, p. 23). BROUETTE, E.,
Val-Saint-Georges, p. 43.
335. BROUETTE, E., les Doyens ruraux des origines au XIIIe
siècle, p. 36. BROUETTE, E., Val-Saint-Georges, p. 43.
336. BROUETTE, E., Ibid., p. 37.
337. BORMANS, S. et SCHOOLMEESTERS, Cartulaire de
l'église Saint-Lambert, à Liège, t. 1, Bruxelles, 1893, p.
461.
338. BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté des
origines au XIIIe siècle, p. 36. Ce document ne se trouve pas dans le
chartrier de l'hôpital Saint-Mathieu à la Chaîne
(A.Ev.L.).
339. DELESCLUSE, A., Catalogue des actes de Henri de Gueldre, p.
344.
340. PAQUAY, J. et SCHOOLMEESTERS, E., Chartes et documents
anciens concernant la paroisse de Diepenbeek, dans B.S.S.L.L., t. 28, 1910, p.
140.
341. A.Ev.L., chartrier de l'hôpital Saint-Mathieu
à la Chaîne.
342. DARIS, J., Cartulaire de Herkenrode, p. 83. DARIS, J.,
Notices, t. 10, Liège, 1882, p. 243.
343. PAQUAY, J., Records ecclésiastiques de l'ancien
concile de Tongres, archidiaconé de Hesbaye, dans B.S.S.L.L., t. 25,
Tongres, 1907, p. 64.
344. PAQUAY, J., Ibid., p. 64.
345. DARIS, J., Notices, t. 4, Liège, 1871, p. 36.
346. DARIS, J., Histoire du diocèse, p. 221.
347. BROUETTE, E., Liste provisoire, p. 15. A.E.L., cartulaire
de l'abbaye de Herkenrode, f° 70.
348. PAQUAY, J., Records ecclésiastiques, p. 260.
349. BROUETTE, E., Liste provisoire, p. 15.
350. PAQUAY, J., les Paroisses de l'ancien concile de Tongres,
dans B.S.A.H.L.,
t. 18, Liège, 1909, p. 117.
351. Le doyenné de Wassenberg n'a été
créé qu'au début du XIVe siècle. Auparavant, cette
région était administrée par le doyen de Susteren.
352. HEINRICHS, H. et BROICH, J., Kirchengeschichte des
Wassenberger Räumes, Geilenkirchen, 1958, p. 238.
353. HEINRICHS, H. et BROICH, J., Ibid., p. 238.
354. HEINRICHS, H. et BROICH, J., Ibid., p. 238.
355. HABETS, J., Ibid., t. 1, p. 412.
356. HABETS, J., Ibid., t. 1, pp. 412-413.
357. HABETS, J., Ibid., t. 1, p. 413.
358. BROUETTE, E., les Doyens de chrétienté au
XIVe siècle, p. 16, mentionne ce doyen sur base de renseignements qui
lui ont été fournis par le conservateur des archives
générales de Düsseldorf.
359. HEINRICHS, H. et BROICH, J., Ibid., p. 239.
360. HEINRICHS, H. et BROICH, J., Ibid., p. 239.
361. DE RIDDER, C.B., Encore quelques mots sur Balen et
Meerhout, dans A.H.E.B., t. 8, Louvain, 1871, p. 361. LAENEN, J., Documents
concernant la paroisse de Desschel, dans A.H.E.B., t. 35, Louvain, 1909, p.
428.
362. Corpus sigillorum nederlandicorum, t. 1, La Haye, 1937, p.
29. BARBIER, V., Histoire de l'abbaye de Floreffe, 2e éd., t. 2
(documents), Namur, 1892, p. 200.
363. ERENS, M.-A., De Oorkonden der abdij Tongerlo, t. 2,
Tongerlo, 1950, p. 74.
364. BERLIERE, U., Clément VI, pp. 599 et 608.
365. BERLIERE, U., Clément VI, pp. 599 et 608.
366. SCHUTJES, L.H.C., Geschiedenis van s' Hertogenbosch, t. 3,
p. 6.
367. VENNER, G.H.A., Inventaris van het archief van de familie
De Heusch, later van Scherpenzeel-Heusch (1386-1895), Maastricht, 1989, p.
221.
368. VAN BAVEL, H. et PRAEM, O., Regesten van het archief van de
abdij van Berne (1400-1500), Heeswijk, 1990, p. 78.
369. CAUCHIE, A., et VAN HOVE, A., Documents concernant la
principauté de Liège, t. 1, Bruxelles, 1908, p. 419.
370. VAN BAVEL, H. et PRAEM, O., Ibid., p. 78.
2. LA VIE DE SAINT WALHERE.
Des nombreux ouvrages parus à propos de saint
Walhère, peu sont utiles pour la recherche scientifique. Jusqu'en 1926,
les historiens qui se sont intéressés à ce personnage1 ne
tiennent compte que des légendes qui l'entourent, en tenant pour vrais
les faits, les dates et les noms, parfois saugrenus, véhiculés
par ces fables, qui ont entretenu des idées fausses sur l'existence du
saint, d'autant plus que l'époque à laquelle il a vécu
reste inconnue. Une confusion totale s'empare de ce sujet lorsque, à la
fin du XIXe siècle et au début du XXe, saint Walhère
(Walherus) est confondu avec un autre doyen de Florennes, Gauthier (Galterus ou
Walterus) sur base d'un enchevêtrement d'erreurs et de
coïncidences.2 En 1912, Jules Feller jette les bases d'une étude
critique sur la vie du saint,3 mais ce n'est que treize ans plus tard que le
premier article retraçant l'existence du martyr avec discernement est
rédigé, sous la plume du chanoine Roland.4 Plusieurs
études, témoignant d'un esprit critique plus pointu, sont alors
parues.5 La dernière en date, signée par Alain Dierkens,6 est
consacrée à l'essor du culte de ce saint.
1. MIRAEUS, A., Fasti Belgici et Burgundici, Bruxelles, 1622, p.
388. FISEN, B., Historia Ecclesiae Leodiensis, Liège, 1642, pp. 413-414.
FISEN, B., Flores Ecclsiae Leodiensis, Liège, 1647, p. 279 - Eloge de
saint Vohy ou Walhère, curé d'Onhaye et doyen du concile de
Florennes, Namur, 1714. DE MARNE, J., Histoire du comte de Namur, Bruxelles,
1764, p. 226. Notice historique sur la vie de saint Walhère, Dinant,
1871. WEBER, Drapelet et légende de saint Walhère, dans
C.S.V.A.H., t. 6, Verviers, 1905, pp. 67-70. COLSON, O., la Légende et
le culte de saint Walhère, dans Wallonia, t. 20, Liège, 1912,
pp.316-325 et
417-418. Après 1926, Emile Brouette est le seul
historien qui persiste à tenir pour vrais des faits totalement
légendaires, notamment dans l'article de la Bibliotheca Sanctorum, t.
12, Rome, 1969, col. 1382-1383.
2. C'est le cas de Paquot, dans son édition de
l'ouvrage de DEMARNE, J., Ibid., Bruxelles, 1761, p. 210, puis de BAIX, F., les
Doyens du concile de Florennes, dans A.H.E.B., t. 36, Louvain, 1910, pp.
105-123.
3. FELLER, J., le Nom de saint Walhère, dans Wallonia,
t. 20, Liège, 1912, pp.326-328. Son travail est complété
l'année suivante par BAIX, F., le Nom de saint Walhère, dans
A.S.A.N., t. 32, Namur, 1913, pp. 263-281.
4. ROLAND, C.-G., Etude critique sur la vie de saint
Walhère, dans la Terre wallonne, t. 14, Charleroi, 1926, pp. 233-266.
5. JANUS, R.-E., Onhaye et Saint Walhère,
Dinant-Onhaye, 1945 - HOEX, C., Saint Walhère : culte, vie,
iconographie, Gembloux, 1974 - DELFORGE, Th.-J., les Saints populaires en
Wallonie, Gembloux, 1977, pp. 59-61 - HOEX, C., Médecine populaire et
religion : les Saints guérisseurs, dans la Médecine populaire en
Wallonie. Actes du colloque organisé par l'U.L.B. le 26 octobre 1974,
Bruxelles, 1978, pp. 59-67 et 114.
6. DIERKENS, A., l'Essor du culte de saint Walhère
à Onhaye, dans R.H.E., t. 82, Bruxelles, 1987, pp. 28-43.
Afin de ne pas reprendre ce qui a déjà
été développé par cet historien, nous nous
contenterons de dégager les étapes de l'existence de
Walhère mentionnées dans les différentes sources tout en
les éclairant par les commentaires critiques des chercheurs
précités.
Voici la liste des sources à notre disposition pour
l'étude de la vie de Saint Walhère : - Quatre panneaux de la
première châsse de saint Walhère, dans la chapelle de
Bonair à Onhaye, datés de la fin du XVe ou du début du
XVIe siècle, retraçant le martyre du saint.7
- Le cénotaphe de saint Walhère, en
l'église Saint-Martin d'Onhaye, exécuté sur l'ordre de
Pierre de Harroy en 1552.8 Les archives paroissiales d'Onhaye ayant
été détruites dans un incendie en 1554, le texte qui
figure sur la pierre tombale est le plus ancien conservé. Mais, comme le
démontre Alain Dierkens, les informations qu'ils contient sont
orientées et ne peuvent donc être admises dans leur
totalité.9
- Les Natales Sanctorum Belgii, de Molanus,10 où se
trouvent compilés la tradition orale et des renseignements reçus
directement de l'église d'Onhaye entre 1573 et 1585.11 Il est possible
que la personne qui a transmis ces informations à Molanus ait pu
étudier les documents concernant saint Walhère disparus au cours
du sinistre de 1554.
- La Vita de saint Walhère, composée en 1603 par
Gilles du Monin sur base des travaux
de Molanus et d'une compilation des témoignages des
curés d'Onhaye et de Hastière.12
Les autres ouvrages de la première moitié du
XVIIe siècle ne sont que des compilations des sources citées
ci-dessus. Par ailleurs, l'endroit où gît le corps du saint n'a pu
être déterminé avec certitude.
7. Une photo de ces peintures a été publiée
par DIERKENS, A., Ibid., p. 35.
8. Les inscriptions figurant sur la pierre tombale ont
été éditées par BAIX, F., les Doyens du concile de
Florennes, p. 113 - Deux photos du cénotaphe ont été
reproduites p. 33 et 34 de l'article de Dierkens. (V. p. 166).
9. DIERKENS, A., Ibid., p. 41.
10. MOLANUS, J., Natales Sanctorum Belgii, Louvain, 1595, p.
126.
11. DIERKENS, A., Ibid., p. 42.
12. DU MONIN, G., De S. Walhero martyre, pastore in agro
Namurcensis, apud Belgas, dans A.A.S.S., juin, t. 4, Anvers, 1707, pp. 613-618.
Ce texte a été composé en 1603.
De l'étude de ces différentes sources, il
ressort que Walhère est né à Bouvignes, non loin de
Dinant, à une date inconnue. La condition sociale de sa famille ne peut
être déterminée par l'analyse des sources
précitées car elles sont soit muettes sur ce sujet, soit trop peu
fiables en ce qui concerne ce genre de détails. Par contre,
l'onomastique nous révèle l'existence du lieu-dit Terre de
Saint-Vohy, sur le chemin joignant Onhaye et Dinant, à hauteur de
Forbos. Cela suffit-il pour démontrer que Walhère est
propriétaire terrien, comme semble le soutenir le chanoine Roland?13
Rien n'est moins certain si l'on sait que la première mention des
héritages Saint-Wohier, que l'on ne peut d'ailleurs identifier à
coup sûr à l'endroit précité, remonte à
1531,14 époque où, dans cette région, le culte du martyr
entre en plein essor.
Comme le souligne Alain Dierkens, la vie de saint
Walhère échappe presque totale- ment à l'historien.15
Néanmoins, certains aspects de son existence sont communément
admis car ils apparaissent dans l'ensemble des sources. Ainsi, nous pouvons
affirmer que Walhère cumule les fonctions de curé de
Hastières, d'Onhaye et de Flavion16 et de doyen du concile de
Florennes.
Les différents documents s'accordent dans la
description du martyre du saint. La paroisse d'Hastière, placée
sous l'autorité de Walhère, est en fait desservie par un de ses
vicaires. Cette paroisse étant extérieure au concile de
Florennes, c'est en tant que curé et non pas en qualité de doyen
que Walhère s'y rend afin de la visiter.17 Le travail accompli,
Walhère, reprend le bateau en compagnie de son vicaire. Puis, au cours
du voyage sur la Meuse, celui-ci l'agresse et le précipite dans les
flots. Molanus rapporte que la Saint-Walhère se fête le 23 juin,
jour où, traditionnellement, les prêtres qui manquent à
leurs fonctions sont révoqués. Si l'on admet que le 23 juin est
le jour de l'assassinat, il y
13. ROLAND, C.-G., Ibid., p. 234-236.
14. A.E.N., registre des transports d'Anthée,
f° 106.
15. DIERKENS, A., Ibid., pp. 29 et 43.
16. Seul le cénotaphe ignore les fonctions du saint
à Flavion. La mégalomanie de son commanditaire, le doyen
Désiré-Pierre de Harroy, qui cherche par tous les moyens à
s'identifier à son prédécesseur, pourrait expliquer
l'absence de cette mention.
17. ROLAND, C.-G., Ibid., p. 248-253.
a tout lieu de penser que l'acte du vicaire a
été motivé par la crainte de sa destitution. Toutefois,
cette hypothèse, formulée par le chanoine Roland,18 est assez peu
plausible car cette date, qui n'apparaît que dans la deuxième
édition des Natales, a pu être déterminée uniquement
sur base de la légende. Il est possible que, dans l'ignorance de la date
réelle de la mort du saint, sa fête soit
célébrée le jour où, traditionnellement, les
prêtres indignes de célébrer l'office divin sont
renvoyés.
L'année de la mort de saint Walhère est, depuis
le XVIIIe siècle, sujet de polémiques. Suite à une
mauvaise lecture des ouvrages de Fisen, plusieurs historiens, notamment De
Marne, ont fixé la date de l'assassinat à l'année 1209.19
En 1781, Paquot veut corriger cette méprise mais, sur base d'une faute
figurant dans les Opera diplomatica de Miraeus et Foppens,20 il soutient que
saint Walhère a vécu à la fin du XIIe siècle,21
remplaçant ainsi une erreur par une autre. En 1879, dans les Analectes
pour servir à l'histoire ecclésiastique, est publié un
document de 1190, à propos de l'église d'Onhaye, dans lequel
apparaît un certain Walter, lui aussi doyen de Florenne22. Dans des actes
datés de 119623 et 119924, ce personnage est présenté
comme étant le curé de Flavion. Tablant sur une erreur du copiste
et après avoir fait de Walter le curé d'Onhaye, alors que le
texte indique clairement que Walter est investitus de Waulsort, divers
historiens ont cru habile de compiler la vie du saint, agrémentée
de nombreux faits légendaires, avec les données fournies par les
documents diplomatiques cités. D'erreurs grossières en
coïncidences malencontreuses, ils ont contribué à figer,
dans les esprits, une image fausse de l'existence
18. ROLAND, C.-G., Ibid., p. 250.
19. DEMARNE, J., Ibid., p. 226.
20. MIRAEUS, A. et FOPPENS, J.-F., Opera diplomatica et
historica, t. 4, Bruxelles, 1748, p. 224 : dans la liste des témoins,
apparaît le nom de Walaerus au lieu de Walterus.
21. DEMARNE, J., Ibid., éd. Paquot, p. 210.
22. BARBIER, J., Documents concernant les monastères de
Waulsort et d'Hastière, dans A.H.E.B., t. 16, Louvain, 1879, p. 43.
23. BORMANS, S., Cartulaire de la commune de Dinant, t. 1,
Namur, 1880, pp. 21- 23.
24. BERLIERE, U., Documents inédits pour servir à
l'histoire ecclésiastique de la Belgique, t. 1, Maredsous, 1894, pp.
29-30.
de Walhère. Mais, en 1926, le chanoine Roland, par une
réflexion critique fondée sur des arguments solides,
démontre que Walhère a nécessairement vécu avant
1161. Après avoir détecté la leçon fautive des
Opera diplomatica et précisé
l'hétérogénéité des deux prénoms,
Walterus et Walherus, il rappelle l'interdiction du cumul des cures par le
concile de Latran III, en 1179. La paroisse d'Hastière ayant
été incorporée au couvent de Waulsort en 1161,
Walhère n'a pas pu en être le curé après cette date.
C'est en qualité de curé de cette paroisse que Walhère
s'est rendu auprès du prêtre rebelle.25 L'hypothèse du
chanoine Roland, reprise récemment par Alain Dierkens, semble la plus
cohérente et, à ce jour, aucun élément ne semble
pouvoir l'infirmer.
Des miracles se seraient manifestés autour du corps de
Walhère dès le moment où des villageois le
retrouvèrent sur les rives du fleuve, ce qui aurait engendré un
engouement populaire pour ce saint.26 Pourtant, comme le souligne Alain
Dierkens, il n'existe pas de trace certaine du culte de saint Walhère
avant la fin du XVe siècle.26
25. ROLAND, C.-G., Ibid., pp. 260-262.
26. DIERKENS, A., Ibid., pp. 35-42.
TABLE DES MATIERES.
Introduction. (pp. 2-7)
Bibliographie. (pp. 8-20)
Chapitre préliminaire. La christianisation du bassin
mosan. (pp. 21-27)
§1. Le développement du christianisme au Bas-Empire.
(pp. 21-22)
§2. Les évêques de Tongres, Maastricht et
Liège, de Falcon à Etienne. (pp. 23-27)
Chapitre I. Genèse de l'institution. (pp. 28-39).
§1. Les doyens ruraux dans l'Europe
médiévale. (pp. 28-29).
§2. Naissance de la charge décanale. (pp. 30-35)
§3. Aspects géographiques. (pp. 35-38)
§4. Originalité du cas liégeois. (pp.
38-39)
Chapitre II. Le choix d'un doyen et sa sortie de charge. (pp.
40-54)
§1. Origines du suffrage. (pp. 40-41)
§2. Le recrutement. (pp. 41-45)
a. Critères légaux. (pp. 41-42)
b. Critères traditionnels. (pp. 42-43)
c. La richesse. (pp. 43-44)
d. Coutumes régionales. (pp. 44-45)
§3. Procédures d'élection. (pp. 45-52)
a. Le scrutin. (pp. 45-49)
b. Le compromis. (pp. 49-50)
c. La nomination par provision apostolique. (pp. 50-51)
d. Contestations et contrôle de la
régularité d'une élection. (pp. 51- 52)
§4. Décès ou démission d'un doyen. (pp.
52-54)
Chapitre III. Situation sociale, intellectuelle et origine
géographique. (pp. 55-67)
§1. Dépenses et revenus. (pp. 55-56)
§2. La condition sociale. (pp. 57-60)
§3. Lieux d'origine des doyens. (pp. 61-64)
§4. La formation intellectuelle. (pp. 65-66)
§5. La vie quotidienne. (pp. 66-67)
Chapitre IV. Le doyen et ses fonctions. (pp. 68-118)
A. Droits et obligations. (pp. 68-105)
§1. L'assistance aux synodes généraux. (pp.
68-73)
§2. Le tribunal synodal et l'exercice de la juridiction
contentieuse. (pp. 73-79)
§3. La dénonciation des faussaires et des usuriers.
(pp. 79-80)
§4. Les sentences d'excommunication. (pp. 80-82)
§5. Le saint chrême. (pp. 82-84)
§6. Les conciles décanaux. (pp. 84-90)
§7. Les quartes-chapelles. (pp. 90-94)
§8. La visite des églises entières et
médianes. (p. 95)
§9. La surveillance du clergé. (p. 96)
§10. La célébration des jubilés. (p.
97)
§11. Le droit de funérailles. (pp. 97-99)
§12. La prise en charge des lépreux. (pp. 99-105)
B. Tâches courantes. (pp. 106-108)
C. La forme des actes. (pp. 108-118) Chapitre V. Les
vice-doyens. (pp. 119-121)
§1. Origine de l'institution. (p. 119)
§2. L'entrée en fonctions. (pp. 119-120)
§3. Condition sociale. (pp. 120)
§4. Description de leur mission. (p. 121)
§5. La charge décanale dans les régions
exemptes. (p. 121)
Conclusions. (pp. 122-123) Annexes.
1. Listes chronologiques des doyens. (pp. 124-150)
2. La vie de saint Walhère. (pp. 151-155)
ERRATA.
Quelques erreurs se sont malencontreusement glissées
dans notre travail. Ainsi, nous avons omis de supprimer quelques
références relatives au chartrier de Houffalize, pp. 65, 69 et
157. Cette référence, a été proposée par
GUILLEAUME, D., Doyens du concile de Bastogne, dans Leod., t. 8, Liège,
1909, pp. 4-6 et les Doyens du concile de Stavelot, dans Leod., t.7,
Liège, 1908, pp. 146-147. Nous avons donc poursuivi nos recherches afin
de retrouver les références correctes. Nous avons retrouvé
les documents en question aux archives de l'Etat à Saint-Hubert, et non
à Arlon.