III. Concernant l'impact de la réglementation
prudentielle internationale sur la stratégie de la banque :
L'analyse faite, nous a permis de détecter des
relations de dépendance entre la réglementation prudentielle
internationale et la stratégie bancaire. En effet, nous avons
constaté que la réglementation exerce un poids important sur le
comportement de banquier et par suite dicte son choix stratégique. Les
impacts sont les suivants :
· Bâle I
Stratégie :
L'implantation de Bâle I a conduit les banques à
adopter diverses stratégies en fonction des contraintes imposées
et des champs développés. Ainsi cet accord a incité les
banques à la sélection de la clientèle et à la
recherche des activités peu exigeantes en fonds propres pour remplir les
obligations prudentielles et surtout un niveau minimum de ratio Cooke de 8 %. A
cet égard, les banques ont convergé vers la spécialisation
sur les clients et les activités qui présentent des hauts revenus
et nécessitent des faibles capitaux. Ainsi des stratégies de
segmentation et de focalisation se sont observées.
Aussi, et en vue d'ajouter des produits et des services
à la gamme déjà existante pour récompenser les
normes prudentielles et présenter par suite des ratios qui respectent et
dépassent le minimum réglementaire capables de construire un
avantage concurrentiel permettant de se différencier de la concurrence,
les banques ont chercher à se diversifier en élaborant des
opérations de fusions -acquisitions. Ces opérations ont permis en
outre l'envergure géographique par les opérations
transfrontières conclues entre banques de différentes
nationalités.
Donc ces tendances ont conduit à la diversification sur
les produits et sur les zones géographiques. Ce qui a
développé le modèle de la banque universelle sur le
secteur bancaire mondiale donnant la possibilité de figurer des fonds
propres capables d'attirer le client au coeur de toute orientation
stratégique ces dernières années.
Emergences des géants
bancaires.
· Bâle II
Stratégie :
Les impacts de Bâle II se résument dans les
points suivants :
§ Bâle II va continuer le développement des
opérations de fusions -acquisitions car c'est à elle de
dépasser les contraintes imposées par la nouvelle
réglementation prudentielle internationale et de constituer des holdings
capables de bien gérer la concurrence. En effet, les grandes banques
sont les mieux préparées à gérer les nouvelles
contraintes réglementaires : « big is
beautiful »175(*).
§ Aussi, on va assister à l'émergence des
acteurs spécialisés sur certains produits ou services qui leurs
permettent de respecter les normes prudentielles et remplir les exigences
réglementaires. Ces tendances vont se produire à
l'intérieur même des conglomérats financiers
c'est-à-dire que la banque va être sous la forme d'une
unités financière diversifiée par la multiplicité
des domaines d'activité et chaque domaine va être
géré par des unités spécialisées. Ce
modèle de banque est qualifié par L. Bryan de
« banque éclatée ».
§ Selon plusieurs auteurs, Bâle II serait un
conducteur majeur de la stratégie bancaire pour une période
étendue : les banques spécialisées vont tourner vers
la diversification et les banques diversifiées vont changer le
mélange des affaires et tous en vue de respecter les dispositifs
réglementaires et conserver ou constituer leurs
notoriétés. Cela nécessite bien évidemment le
changement de la stratégie globale.
§ Bâle II peut en outre inciter les banques
à quitter certaines activités ou zones géographiques qui
nécessitent plus de capitaux pour rémunérer les fonds
propres capable de couvrir les risques ce qui est un chemin vers la
focalisation : stratégie de niche.
§ L'homogénéité de
l'appréciation des risques imposée par l'accord Bâle II
peut faciliter les opérations de fusions -acquisitions internationales
ce qui facilite les stratégies d'envergure géographique.
L'impact de la réglementation prudentielle
internationale (Bâle I & Bâle II) sur les stratégies
bancaires peut se résumer dans le tableau suivant :
Stratégie / RPI
|
Bâle I
|
Bâle II
|
Pilier 1
|
Pilier 2
|
Pilier 3
|
Diversification
|
- Bâle I a poussé plusieurs banques à se
diversifier : « diversifier pour diversifier le
risque ».
- Il a poussé les banques vers des activités peu
exigeantes en fonds propres tel que les activités de marché,
l'ingénierie financière, les assurances et les crédits
à la consommation.
- Les tendances vers des fusions -acquisitions pour
développer ces activités.
- On a assisté à l'émergence des
géants bancaires.
|
- La prise en compte des trois risques (de crédit, de
marché et opérationnel) va plus inciter les banques au changement
du portefeuille des affaires.
- La poursuite des fusions&acquisitions et surtout celles
internationales suite à l'appréciation uniforme et mondiale des
risques.
- La recherche des activités qui nécessite moins
de fonds propres et surtout les assurances et l'ingénierie
financière.
|
- La surveillance par les autorités prudentielles peut
freiner la diversification si elle juge que la banque présente un
excès de risque et elle ne peut pas remplir ses engagements futurs
envers les déposants.
-La communication plus soutenue et régulière
entre les autorités et les banques peu aussi pousser ces
dernières à la diversification si elles présentent des
robustes ratios prudentiels.
|
- les obligations de publications des dotations en fonds
propres et des méthodes d'évaluation des risques peu freiner la
diversification du à la difficulté de maîtriser la
communication financière de plusieurs branches d'activités.
- le modèle de la banque éclatée peut
être une solution à cette contrainte imposée par le pilier
3 de l'accord de Bâle II.
|
Spécialisation
|
- Bâle I a instauré une contrainte par le respect
du niveau minimum des fonds propres ce qui a conduit des banques et surtout
celles de petite taille à la sélection de la clientèle qui
possède une faible pondération du risque et à la recherche
des activités les moins consommatrices de capitaux. Ces tendances ont
conduit certains établissements bancaires à se spécialiser
sur un ou petit nombre de métiers ou zones géographiques.
|
- Bâle II et avec l'ajout du risque opérationnel
dans le calcul du ratio des fonds propres va orienter certaines banques et
surtout qui ne possèdent pas les moyens pour se diversifier et conclure
des opérations de partenariats pour maintenir la concurrence à se
recentrer sur un ou quelques métiers ou zones géographiques.
- Bâle II va développer la constitution des
unités spécialisées au sein des banques
diversifiées. On va assister à une spécialisation
interne.
|
- La surveillance des autorités prudentielles et la
communication avec les banques en ce qui concerne l'évaluation des
risques et la dotation en capital spécifique tendront les petites
banques à la spécialisation pour remplir les exigences
réglementaires et présenter des ratios qui satisfont les
autorités nationales.
|
- La tendance vers la spécialisation aidera les banques
à développer une communication financière pertinente
formée des informations fiables qui se concentrent sur les dotations en
fonds propres et les méthodes d'évaluation des risques d'une ou
quelques métiers ce qui facilite la tâche d'être conforme
à ce pilier.
|
Différenciation
|
- le respect du ratio Cooke devient un critère de
différenciation sur l'environnement concurrentiel du secteur bancaire.
- La présentation des ratios qui respectent et surtout
qui dépassent le minimum réglementaire (8 %) devient un
critère qui entre dans la notoriété de la banque un des
éléments clés de se différencier des concurrents.
|
- La meilleure gestion du risque qui tente d'implanter
l'accord de Bâle II à travers l'amélioration de l'ALM
permet à la banque de mieux déterminer ses prix et ainsi mieux
ses fonds ce qui est un facteur de différenciation entre les banques
capable de créer un avantage concurrentiel construit autour du
caractère unique de l'offre qui soit perçu par le client qui est
dans ce cas le prix : « politique de tarification plus
adéquate ».
|
- La supervision des autorités prudentielles peut nuire
à la stratégie de différenciation si l'évaluation
des risques et dotation en capital sont jugées de faible qualité
par les responsables ce qui construit dans le cas contraire un facteur de
différenciation.
|
- la publication des informations pertinentes ou
l'amélioration de la communication financière peuvent être
considérées comme des caractères de
différenciation de la banque à l'égard de ses concurrents.
- Dans le cas contraire, le manque de transparence peut
dissoudre ou faire perdre les facteurs de différenciation.
|
Segmentation
|
- La stratégie de segmentation permet à toute
banque optant pour cette solution d'avoir la possibilité de mieux servir
les clients que les concurrents, d'être clairement identifiée par
la cible et de mieux mettre en oeuvre son professionnalisme. Ces avantages
peuvent générer des revenus capables de remplir les exigences
réglementaires.
|
-L'incitation à une meilleure gestion des risques
publié par l'accord Bâle II est un facteur à la
segmentation. En fait, l'expérience révèle que la
concentration sur un nombre restreint de segments induit un meilleure suivi et
un meilleur contrôle des risques.
|
- La surveillance des autorités prudentielles tend
à freiner la segmentation si la banque qui opte pour cette orientation
stratégique trouve des difficultés à satisfaire les
règles qui reflètent ce pilier de nouvel accord de Bâle.
|
- La segmentation est l'une des solutions qui aidera les
banques à faciliter la publication des dotations en fonds propres et des
méthodes d'évaluation des risques. Segmenter permet de
déterminer facilement pour chaque segment ses informations
nécessaires pour respecter le pilier 3.
|
Focalisation
|
- Bâle I a poussé certaines banques de
s'aménager de quelques activités ou zones géographiques
à cause de leurs besoins en capitaux supplémentaires
nécessaires pour répondre aux contraintes réglementaires.
La quittance continue de ces activités et zones a conduit les
établissements bancaires à la focalisation.
- Choisir un segment de clientèle, une zone
géographique ou un produit qui génère des hauts revenus
capables de répondre aux exigences réglementaires imposées
par l'accord de Bâle I.
|
- La prise en compte du risque opérationnel va
générer plus de capitaux supplémentaires ce qui va pousser
les banques qui ne peuvent pas respecter le minimum réglementaire
à travers d'autres stratégies à la focalisation.
- Le choix de la stratégie de niche peut en particulier
aider les banques de petites tailles à respecter les exigences minimales
de fonds propres et ainsi jouer la concurrence.
|
- Pour répondre à la surveillance des
autorités réglementaires, les banques peuvent se focaliser.
- La stratégie de niche facilite la communication entre
ces deux acteurs aussi bien que l'évaluation des risques et des
dotations en capital spécifiques à chaque banque.
|
- La tendance vers la focalisation aidera les banques à
développer une communication financière pertinente formée
des informations fiables qui se concentrent sur les dotations en fonds propres
et les méthodes d'évaluation des risques d'un seul type de
clientèle ou d'une seule zone géographique ou enfin d'un seul
produit ce qui facilite la tâche de respecter ce pilier.
|
Envergure géographique
|
- L'application du ratio Cooke au niveau internationale a
poussé les banques à l'internationalisation.
- la stratégie d'envergure géographique a
été choisit par plusieurs banques à cause de
l'appréciation commune des risques et des opérations
transfrontières ont été conclues.
- L'accord de Bâle I constitue un facteur pour la
stratégie d'internationalisation.
|
- Le ratio McDonough va continuer d'être un facteur de
cette stratégie. En effet, la même appréciation des risques
par toutes les banques va faciliter les coopérations entre celles-ci et
donc l'implantation dans diverses zones géographiques.
- Cette stratégie peut aider à diversifier le
risque sur différentes zones géographiques.
|
- La surveillance peut freiner l'envergure
géographique. Toutefois, si on trouve des différences entre les
réglementations nationales qui organisent les surveillances des
autorités ceci limitera la tendance à l'internationalisation et
par suite l'implantation dans d'autres zones géographiques.
|
- La nécessité de la publication des
informations pertinentes et de la transparence tend à limiter les
orientations bancaires vers l'internationalisation.
- Plus on se développe géographiquement plus on
trouve des difficultés à fournir les informations
nécessaires pour respecter ce piler.
|
Quelque soit Bâle I ou Bâle
II, ces deux réglementations prudentielles internationales ont
poussé les banques vers des orientations stratégiques suites aux
contraintes imposées ou aux champs développés. En effet,
suite à la genèse de ces deux normes mondiales, plusieurs
stratégies se sont émergé et connues un
développement important.
La stratégie qui domine au niveau mondial ces
orientations est la diversification à travers l'augmentation du nombre
des fusions -acquisitions nationales ainsi qu'internationales en vue de
constituer des banques universelles répondant au but de
« one stop shopping » :
Bâle I
Diversification des métiers
Tendances vers les fusions
Bâle II et des
zones géographiques et acquisitions
Banques universelles
* 175Bank safety and
soundness - The Bergamo Report: Proceedings of the Third International
Conference on Financial Services: "Bank Safety and
Responsibility towards the Consumer" - Bergamo, Italy, 23
through 25 September 1993- Reprint 2004.
|