a) L?affirmation du caractère socialiste de la
révolution
Comme il a été dit précédemment,
les évènements qui eurent lieu jusqu?en 1961 changèrent
quelque peu le cours de la révolution. En résistance à
l?impérialisme, Les premiers dirigeants cubains avec en tête Fidel
Castro, cherchèrent à diversifier leurs partenaires commerciaux,
tout en rassurant les Etats-Unis sur le caractère non socialiste de la
révolution. Bien sûr Cuba s?est rapidement tourné vers
l?autre grande puissance économique de l?époque, l?URSS.
En pleine Guerre Froide, entre les Etats-Unis et leurs
alliés et le camp « socialiste » emmené par l?URSS, ces
attitudes déplurent aux premiers, et les raffineries étasuniennes
encore présente à Cuba refusèrent de raffiner le
pétrole en provenance d?Union Soviétique. Les quotas sucriers
furent supprimés entre les deux pays. La direction
révolutionnaire pris donc la décision de nationaliser les
entreprises étasunienne encore présente dans l?île. Les
Etats-Unis répondirent par un embargo sur Cuba encore en vigueur
aujourd?hui. Le sabotage, par exemple l?arrêt de la production,
effectué par la bourgeoisie cubaine à ce méme moment
engendra une rupture entre la mouvance révolutionnaire (divisée
en plusieurs courants) et la bourgeoisie au pouvoir. C?est donc en octobre
1961, après ces évènements, que le caractère
socialiste de la révolution fût proclamé.
On a donc une réelle lutte de classe qui s?est
opérée durant ces deux années dont la mouvance
révolutionnaire est sortie gagnante avec un appui populaire
supérieur. Cuba se
tourna donc vers l?URSS et vers les pays « socialistes
» à économies planifiées. Si comme nous l?avons dit,
le mouvement révolutionnaire cubain était
caractérisé par l?existence d?une tendance petite bourgeoise qui
a, qui plus est, fait l?essentiel de la révolution, le mouvement
socialiste était également existant et pas sans importance. Le
PSP était un parti relativement puissant dans les villes, et des
personnalités illustres comme Ernesto Guevara étaient depuis
plusieurs années favorables au marxisme et à la révolution
socialiste même s?il ne pensait pas au préalable qu?elle pourrait
se produire à Cuba.
Cuba se serait donc tourner vers l?URSS et la construction du
socialisme par défaut. La volonté de créer de nouvelles
relations avec les Etats-Unis sur une base plus équitable ayant
échoué, ceux-ci ne souhaitant pas perdre leurs
intérêts économiques, cela n?aurait laissé qu?une
seule autre voie de développement pour Cuba, l?alliance avec l?URSS et
l?instauration de la planification socialiste. Ce jugement est loin
d?être faux, mais il faut le relativiser, et voir dans le soutien de la
population à la révolution et aux différentes
réformes (réforme agraire, nationalisations...) une traduction
d?une lutte des classes qui s?est produites durant ces trois années et
qui a rendu caduc un pouvoir de collaboration de classes.
Cuba s?affirme donc depuis octobre 1961, comme un pays en
transition vers le socialisme. Il a adopté une planification
étatique d?où serait basé le développement du pays
jusqu?à la possibilité du passage au socialisme et ensuite au
communisme. On caractérise un pays ou territoire en transition du
capitalisme au socialisme essentiellement par l?existence effective d?une
dictature du prolétariat, c'est-à-dire que le prolétariat
détient le pouvoir politique qui garantisse une démocratie
socialiste et qu?il soit propriétaire collectif des moyens de production
et donc que des instances juridiques lui permettent de discuter et de prendre
des décisions tant politiques qu?économiques.
Cuba se caractérise juridiquement (la
référence à la dictature du prolétariat est
inscrite dans la constitution de 1975) et par les discours de ses dirigeants
comme étant un pays en transition vers le socialisme. Or, le fait
juridique ne correspond pas forcément aux rapports sociaux effectifs.
S?il est vrai que les masses populaires ont largement soutenues la
révolution et le processus révolutionnaire qui a suivi, nombre
d?analystes, notamment marxistes, ont montré les limites de la
révolution cubaine au niveau de la participation des masses aux
processus de décisions, et donc l?existence méme
dans les faits d?une dictature du prolétariat et donc d?un pays en
transition du capitalisme au socialisme56.
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