EVALUATION DE LA PRESSION ANTHROPIQUE ET SON IMPACT SUR
LA FAUNE DANS LES ZONES D'INTERET CYNENETIQUE AUTOUR DU PARC NATIONAL DE
LA BENOUE (NORD-CAMEROUN): CAS DES ZIC 1 ET 5
Présenté par : Edouard
TAGUEGUIM
MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLOME DE
MASTER COMPLEMENTAIRE EN GESTION DES RESSOURCES ANIMALES ET VEGETALES EN
MILIEUX TROPICAUX
Copyright :
Toute reproduction du présent document, par quelque
procédé que ce soit, ne peut être réalisée
qu'avec l'autorisation de l'auteur et de la promotrice. Le
présent document n'engage que son auteur.
EVALUATION DE LA PRESSION ANTHROPIQUE ET SON IMPACT SUR
LA FAUNE DANS LES ZONES D'INTERET CYNENETIQUE AUTOUR DU PARC NATIONAL DE
LA BENOUE (NORD-CAMEROUN): CAS DES ZIC 1 ET 5
Présenté par : Edouard
TAGUEGUIM
MEMOIRE PRESENTE EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLOME DE
MASTER COMPLEMENTAIRE EN GESTION DES RESSOURCES ANIMALES ET VEGETALES EN
MILIEUX TROPICAUX
Remerciements
« BO accepté ressources animales » c'est par
ce groupe de mots portés en objet d'un mail daté du 13 Mai 2009
(date inoubliable), que Maryvonne Aubry, chargée du programme bourse
à la CUD, m'annonçait la suite favorable accordée à
mon dossier de candidature pour le Master Complémentaire en Gestion des
Ressources Animales et végétales en Milieux Tropicaux. Ainsi,
nous adressons nos sincères remerciements à la Commission
Universitaire pour le Développement (CUD) qui a rendu possible cette
formation.
Ce travail n'aurait pu être mené à bien
sans les efforts conjugués de nombreuses personnes qui ont, d'une
manière ou d'une autre, aidé à sa réalisation et
auxquelles je souhaite exprimer ma profonde reconnaissance :
> Dr. Laurence CULOT, Institut zoologique de
l'Université de Liège, promotrice de ce mémoire, qui a
joué un rôle de premier plan en acceptant de superviser ce
travail. Je lui suis particulièrement reconnaissant, qu'elle
reçoit ici l'expression de ma profonde gratitude ;
> Dr. Jean Luc HORNICK et Mme Marie MALICE, tous deux
chargés de cours et responsables du Master complémentaire GRAVMT,
qui ont toujours été disponibles tout au long de cette formation
;
> Dr. Cédric VERMEULEN pour la documentation mise
à ma disposition;
> Tous nos enseignants et titulaires de cours de ce Master,
dont la liste est si longue et je ne peux les citer nommément, pour la
qualité des informations fournies, et la documentation mise à
notre disposition ;
> Colonel Joulier ZOUROUMBA, Délégué
Régional des forêts et de la faune du Nord-Cameroun, et BENE BENE
Lambert, coordonnateur WWF/PSSN-Cameroun
> Capitaine Jean Joël MONEYE en service à la
Délégation des Forêts et de la Faune du Nord-Cameroun et
Sylvain TIAWOUN TIAWOUN, Coordonnateur CVS (Ceinture Verte du Septentrion)
Cameroun, qui ont accordé un intérêt particulier à
ce travail ;
> Aux Dames Maryvonne AUBRY et Hélène CRAHAY,
pour l'accueil en Belgique et le suivi de notre séjour ;
> Mon épouse Dorette MASSATSA, mes enfants Arol,
Lucress, Dovil et Leslie, qu'ils trouvent ici l'expression de mon attachement
et mes remerciements pour leur endurance pendant mon absence ;
> Mon père et ma mère dont leur mémoire
restera gravée dans mon coeur
> Mes camarades de promotion avec qui nous avons passé
ensemble de bon moment durant les cours en Belgique ;
> Toute ma famille, qui de près ou de loin, m'a
aidé à la réalisation de ce travail, qu'elle trouve ici
l'expression de notre profonde gratitude ;
> Il me plait enfin de remercier, tous ceux qui de près
ou de loin, nous ont aidés à la réalisation de ce travail
; qu'ils trouvent ici l'expression de notre profonde gratitude.
Remerciements i
Sommaire ii
Liste des abréviations iv
Liste des tableaux v
Liste des figures v
Résumé 1
Abstract 2
I. INTRODUCTION 3
1.1. Généralité 3
1.2. Problématique 4
1.3. Objectifs de l'étude 5
II. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE 6
2.1. Brève présentation du Nord 6
2.2. Présentation de l'Unité Technique
Opérationnelle (UTO) (zone de conservation) 7
2.2.1. Localisation géographique et administrative
7
2.2.2. Climat 8
2.2.3. Géomorphologie, formations géologiques
et sols 8
2.2.4. Hydrographie et hydrologie 9
2.2.5. Végétation 9
2.2.6. Faune 9
2.2.7. Historique de l'UTO de la Bénoué
10
2.2.8. Caractéristiques socioculturelles et
démographique de la zone d'étude 11
2.2.9. Caractéristiques économiques de la zone
d'étude 11
2.3. La chasse sportive au Nord Cameroun 11
III. DECLARATION DES CONCEPTS 13
IV. METHODOLOGIE 14
4.1. Les enquêtes formelles 14
4.2. Les patrouilles de reconnaissance 14
4.3. Les transects linéaires 15
4.3.1. Principe des transects linéaires 15
4.3.2. Matérialisation des transects 15
4.3.3. Matériels utilisés 15
4.3.4. Collecte des données 16
4.4. Les affûts 16
4.5. Analyse des résultats 17
V. RESULTATS 19
5.1. Résultats d'enquêtes 19
5.1.1. La pression agricole 19
5.1.2. La pression pastorale 20
5.1.3. La pression de coupe de bois 22
5.1.4. Pression du braconnage 25
5.2. Résultats des patrouilles de reconnaissance 26
5.2.1. Les caractéristiques du terroir 26
5.3. Résultats des transects 29
5.3.1. Activités humaines 29
5.3.2. Corrélation entre activité humaine et
observation de la faune 33
5.3.3. La richesse du potentiel faunique 34
5.3.4. Densités et effectifs des populations animales
36
5.4. Résultats des affûts 37
5.4.1. Les espèces de la classe A 38
5.4.2. Les espèces de la classe B 39
5.4.3. Les espèces de la classe C 39
VI. DISCUSSION 41
6.1. Action agricole 41
6.2. Action de coupe de bois 41
6.3. Action du pâturage 42
6.4. Action du braconnage 43
6.5. Impact sur la faune 43
VII. PERSPECTIVE DE CONSERVATION DE LA FAUNE 45
7.1. Intégration des populations riveraines à la
gestion de la faune 45
7.2. Elevage non conventionnel de la faune 45
7.2.1. Le Game Ranching 45
7.2.2. Elevage en captivité 46
7.3. Développement des alternatives à la coupe de
bois 47
7.3.1. Fabrication et vulgarisation des foyers
améliorés 47
7.3.2 Création des bosquets villageois 47
VIII. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS 48
8.1. Conclusions 48
8.2. Recommandations 48
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES 50
ANNEXE 53
Liste des abréviations
Ap : Aire Protégée
CVF : Comité Villageois de la Faune
DRFFN : Délégation Régionale des
Forêts et de la Faune du Nord
GPS : Global Positioning System
IKA : Indice Kilométrique d'Abondance
MINFOF : Ministère des Forêts et de la Faune
PAPACO : Programme Aires Protégées d'Afriques
Centrale et de l'Ouest
PNB : Parc National de la Bénoué
PNBN : Parc National de Bouba Njidda
PNF : Parc National du Faro
PNGE : Programme National de Gestion de l'Environnement
Sodécoton : Société de Développement
Cotonnier
UCVF : Union des Comités Villageois de la Faune
UICN : Union Mondial pour la Nature
UTO : Unité Technique Opérationnelle
WWF/PSSN : Fonds Mondial pour la Nature/ Projet Savane
Soudanienne du Nord
ZIC : Zone d'Intérêt Cynégétique
ZIC-GC : Zone d'Intérêt Cynégétique
à Gestion Communautaire
ZUM : Zone à Usage Multiple
Liste des tableaux
Tableau I: Quelques caractéristiques culturales dans la
zone 20
Tableau II: Espèces végétales
consommées par le bétail 21
Tableau III: Principales caractéristiques de
l'exploitation du bois dans le terroir 22
Tableau IV: les espèces utilisées comme bois de feu
23
Tableau V: Quelques espèces utilisées comme bois de
service 24
Tableau VI: Les espèces utilisées pour la
pharmacopée 25
Tableau VII: Liste des espèces animales
considérées comme rares et celles souvent observées
à
proximité des villages 26
Tableau VIII : Taux de rencontre des différentes
activités humaines dans la zone 32
Tableau IX : Diversité des espèces animales
observées dans les ZICs 35
Tableau X: Densité (D), populations estimées (PE)
et intervalles de confiance à 95% des espèces
suffisamment observées 37
Tableau XI: observation de la faune dans chaque point
d'affûts 38
Tableau XII: un exemple de ration journalière d'un
élan de derby 46
Liste des figures
Figure 1 : Réseau d'aires protégées du Nord
Cameroun 7
Figure 2: Localisation des ZIC 1 et 5 autour du Parc National de
la Bénoué 8
Figure 3: Représentativité des différents
types d'élevage pratiqués dans la zone 21
Figure 4 : Evolution de la culture du maïs et du coton dans
la zone 27
Figure 5: Exposition et vente du bois par les migrants 28
Figure 6: Abattage des arbres pour la création des
nouveaux champs 28
Figure 7 : Armes locales utilisés par les braconniers
30
Figure 8 : Viande boucanée saisie des mains des
braconniers Erreur ! Signet non défini.
Figure 9: Pacage du bétail dans les aires
protégées Erreur ! Signet non défini.
Figure 10: Feu de brousse tardif dans la zone 32
Figure 11 : Corrélation entre l'IKA de la faune et l'IKA
des activités humaines 33
Figure 12: carte de la pression anthropique dans la zone 34
Figure 13: Répartition des groupes taxonomiques
observés dans la zone 36
Figure 14: Répartition des observations en fonction des
classes de protection 40
Figure 15: Evolution de l'effectif des individus observés
dans la zone entre 2000 et 2008 40
Résumé
Cette étude a été menée dans les
zones d'intérêt cynégétique N° 1 et 5 au
Nord-Cameroun. Les objectifs étaient d'évaluer l'état de
la faune en rapport avec le degré de pression anthropique, d'avoir une
connaissance des espèces fauniques et d'identifier les pratiques de
conservation recommandables. L'approche méthodologique a consisté
en une combinaison d'enquêtes dans les villages, de patrouilles de
reconnaissance, de comptages par affût et d'un inventaire par transect
linéaire. Les données ont été analysées et
traitées à l'aide des programmes Excel, Distance 3.5 et Arview
3.3. Les résultats de cette étude montrent une forte
dépendance des populations riveraines vis-à-vis des ressources
qu'elles prélèvent dans les ZICs. Les principales causes de la
disparition des espèces ligneuses, et par conséquent, de la
disparition de la faune sont : la coupe anarchique du bois, les
défrichements culturaux, le pastoralisme et l'extraction du miel. Les
résultats des inventaires montrent une faune de grands et moyens
mammifères riche de 26 espèces. La densité et les
effectifs de quelques espèces (babouin, patas, cobe de buffon)
évoluent positivement tandis que ceux du damalisque, de l'élan de
derby, de la girafe, et du colobe guereza ont une tendance opposée. Le
taux de rencontre est généralement critique pour les
espèces de la classe A et décroissant pour les espèces de
la classe B. Cette diminution peut s'expliquer par l'accroissement de la
pression anthropique sur la faune et son milieu. En effet, une
corrélation négative existe entre l'IKA des activités
humaines et l'IKA de la faune. Dans un but de conservation et de meilleure
gestion des ressources, nous suggérons l'intégration effective
des populations dans la gestion des ressources qui les entourent, l'utilisation
des foyers améliorés pour faire cuir les repas, la
création des bosquets villageois et le développement de
l'élevage non conventionnel (Game ranching, élevage en
captivité) des espèces phares menacées d'extinction.
Mots-clés : pression anthropique,
faune, Zone d'Intérêt Cynégétique, conservation,
Nord-Cameroun
Abstract
This study was carried out in the hunting zones no 1 and 5 of
North Cameroon. The objectives were to evaluate the state of fauna with regards
to the degree of human activities, to have knowledge of the fauna species and
to identify acceptable conservatory practices. The methodology consisted of a
combination of surveys in the villages, recognizance patrols, blind counts and
inventory by linear transect. Data was analysed and treated using Excel,
Distance 3.5 and Arview 3.3. The results of this study show the huge dependence
of the resident population on the resources they collect in the HAI such as
firewood and timber. The main causes of the disappearance of woody species, and
therefore,
the disappearance of wildlife are the uncontrolled cutting of
woods, the clearing for farming, the
grazing, and the honey extraction. The results of the
inventories show a fauna of large and medium mammals belonging to 26 species.
The density and population size of some species (baboons, patas, and kobus kob)
evolves positively, while those of species such as giant eland, giraffe, and
colobus guereza show an opposite trend. The encounter rate is generally
critical for the class A species and declining for the class B species. This
decrease can be explained by the increasing human pressure on wildlife and its
environment. Indeed, a negative correlation exists between the IKA of human
activities and the IKA of wildlife. In a conservation and better resource
management purpose, we suggest the effective integration of population for the
management of the surroundings resources, the use of improved fireplaces to
cook meals, the creation groves villagers and the improvement of non
conventional breeding (game ranching, captive breeding) of endangered
species.
Key words: human pressure, fauna, Hunting Area
of Interest, Conservation, North Cameroon
I. INTRODUCTION
1.1. Généralité
Bien que localement très peuplé, le
Nord-Cameroun présente encore une grande zone d'intérêt
international pour la conservation de la grande faune sauvage. Cette richesse a
permis la création de plusieurs aires protégées. Elles
couvrent une superficie de 67 798 km2, occupant près de 44%
de la superficie de la région (DRFFN, 2008).
Ces Aires protégées sont constituées
entre autres de Parcs Nationaux et de Zones d'Intérêt
Cynégétique (ZIC). Nous relevons 3 Parcs nationaux dont le Parc
National de la Bénoué (PNB) le Parc National du Faro (PNF) et le
Parc National de Bouba Ndjidda (PNB) ; 28 ZIC dont 22 sont
concédées en affermage aux guides de chasse et 2 sont en
Co-gestion, 2 sont admises pour une expérimentation en « game
farming » et « game ranching » et 2 sont des ZIC-GC (Zone
d'Intérêt Cynégétique à Gestion
Communautaire). Cet important réseau fait partie des 8500 aires
protégées recensées dans le monde (Dilys et al, 2000). Les
aires protégées du Nord-Cameroun renferment une faune de savane
riche et très diversifiée de l'Afrique Tropicale au Nord de
l'équateur. Les Parcs Nationaux furent créés sous
l'impulsion de l'administrateur colonial, notamment MM JASMIN et Pierre FLIZOT
tous deux Inspecteurs Coloniaux de Forêt et de Chasse. Ces domaines
étaient peu habités et croupissaient sous l'influence des
glossines ou mouches tsé-tsé.
Le PNB a été classé Réserve
Forestière et de Faune par Arrêté N° 341/32 du
11/11/1932 du Haut Commissaire de la République Française au
Cameroun. Conscient des pressions anthropiques, le Gouvernement de la
république du Cameroun l'a érigé en Parc National par
Arrêté N° 120/SEDR du 05 décembre 1968 afin de lui
accorder le statut de Réserve de protection intégrale sur une
superficie de 1 800 Km2 pour l'inscrire ensuite par l'UNESCO comme
Réserve de la Biosphère.
Le PNF a été classé comme Réserve
Forestière par Arrêté du Haut commissaire de la
République Française au Cameroun N° 025 du 13 Février
1947. L'objectif principal était de permettre la
régénération végétative des ligneux afin de
protéger les bassins versants du fleuve Faro qui est l'un des affluent
de la Bénoué, le seul fleuve navigable de la Région. La
même année, cet objectif économique a très vite
évolué en objectif de conservation/protection : chasse et
agriculture interdites ; les villages déplacés pour
empêcher et minimiser les feux sauvages et incontrôlés
d'où l'appellation de Réserve Forestière et de Faune avec
3 300 km2. C'est le 08 Juillet 1980 que cette aire
protégée fut érigée par Décret
Présidentiel N°80/243 en Parc National du Faro.
Le PNBN, par l'Arrêté N° 270 du 29 Juillet
1947, est l'acte du Haut commissaire de la République Française
au Cameroun qui créa la Réserve de Faune et de Chasse de Bouba
Ndjidda. Si le PNB et le PNF ont pris les noms des cours d'eau permanents qui
les traversent, Bouba Ndjidda était le nom du Souverain de Rey qui
régnait sans partage dans la sous région. Réserve de Faune
et de Chasse très
giboyeuse et infestée de tsé-tsé, elle
couvrait 2 200 km2 et constituait la chasse gardée du Lamido
(chef traditionnel) de Rey-Bouba.
Autour de trois (3) Parcs Nationaux ci-dessus cités,
gravitent des zones de chasse dont les 16 premières ont
été créées en 1969. Elles étaient
désignées soit par des noms d'animaux spécifiques au
biotope le plus marquant, soit par le nom des rivières qui sillonnent
ces zones, soit par les noms des villages ayant été
déplacés. Leurs limites sont balisées par des lignes
imaginaires ou des limites naturelles (cours d'eau, montagnes). Leurs
superficies varient de 50 000 à 160 000 ha. Ces zones de chasse sont
créées par divers arrêtés du Ministre en charges de
la Faune après l'avis motivé d'une Commission Consultative
Départementale. Elles sont au nombre de 28 de nos jours.
1.2. Problématique
Les aires protégées sont créées
pour la conservation et les seules activités permises sont le tourisme
de vision pour les parcs nationaux et la chasse sportive pour les ZIC. Il n'y a
que dans les zones de chasse que les droits d'usage de populations humaines
riveraines sont autorisés. C'est pourquoi, ces territoires de chasse
renferment entre autres des hameaux, des espaces culturaux et pastoraux. Ces
activités pratiquées sur de faibles superficies avaient une
faible importance à l'origine et affectaient très peu l'habitat
faunique.
Aujourd'hui, l'augmentation de la population entraine une
augmentation de la pression anthropique sur cet écosystème. En
effet, à cause des migrations des populations venues de l'Extrême
Nord (en moyenne 5,9% par an) à la recherche de meilleurs sols, la
démographie est galopante à la périphérie du PNB
surtout dans les ZICs1, 4 et 5. Des villages s'agrandissent et de nouvelles
habitations s'établissent de manière anarchique. Les populations
qui augmentent ont besoin de plus de ressources et les espaces naturels sont,
de ce fait, transformés en champs pour les activités agricoles.
Par une combinaison de diverses activités (pastorales, agricoles,
orpaillage, exploitation du bois ...) sur les même espaces, les sols se
trouvent surexploités. La faune est la principale source de
protéine animale, plus de 60 à 90% de la viande consommée
par les populations rurales provient de la faune sauvage (Souleymane, 2000). Ce
prélèvement est à l'origine de la disparition d'environ 85
espèces de mammifères dans le monde (Raveloarinoro, 2006). Au
Cameroun, la disparition de l'une des plus importantes espèces
clés, le rhinocéros noir, illustre l'ampleur du problème
(Zobo et al, 2008). Malgré son statut d'aire protégée,
cette zone fait donc face à certains problèmes qui mettent en
danger la conservation de la faune et de la flore. La sensibilisation des
populations n'apporte pas toujours de solutions satisfaisantes, dans la mesure
où les populations migrantes arrivent de manière continue et que
les mesures alternatives ne leur sont pas toujours proposées à la
place de leurs activités dégradantes. Les principales menaces sur
les ressources naturelles dans la zone sont :
> L'installation de nouvelles concessions ;
> Le braconnage ;
> La coupe du bois de feu et de service ;
> Le surpâturage ;
> L'orpaillage ;
> La fragmentation des habitats naturels ;
> Les feux de brousse incontrôlés issus des
activités humaines ;
> La pêche à l'aide de pesticides.
Si les ressources végétales sont assez bien
conservées dans les parcs, les ressources fauniques connaissent plus de
problèmes : la pression du braconnage y est permanente et est devenue
une activité commerciale à grande échelle (Hassan,
1998).
A l'état actuel, on connait mal le niveau de l'action
anthropique dans les ZIC. Notre étude vise à pallier à ce
manque de connaissances en tentant de répondre aux questions suivantes
:
> Le système actuel d'exploitation des ressources
est-il compatible avec la gestion durable des ressources naturelles ?
> Quels sont les principaux risques auxquels sont
exposées les ressources animales dans les aires protégées
à forte densité de population ?
> Quelles est l'impact de la pression humaine sur la faune
dans son habitat naturel ?
1.3. Objectifs de l'étude
L'objectif principal de cette étude est d'apporter une
contribution à la conservation des ressources naturelles. Plus
spécifiquement l'étude se propose :
· D'évaluer le degré des pressions humaines
sur l'habitat de la faune ;
· D'avoir une connaissance du potentiel faunique ;
· D'identifier les pratiques traditionnelles de
conservation des ressources naturelles recommandables.
II. PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
2.1. Brève présentation du Nord
La province du Nord-Cameroun est située entre 8°
et 10° de latitude Nord, 13° et 14°05' de longitude Est (Humbel
et Barbery, 1974). Elle est limitée au Nord par la Région de
l'extrême -Nord, au Sud par la Région de l'Adamaoua, à
l'Ouest par la République du Nigeria, à l'Est par la
république du Tchad et la République centrafricaine. Elle couvre
une superficie de 67 798 km2 pour une population d'environ 1,3
millions d'habitants, soit une densité d'environ 20 habitants/
km2 (Anonyme, 1997).
Cette Région compte 4 départements:
- Bénoué chef lieu Garoua
- Faro chef lieu Poli
- Mayo-Rey chef lieu Tcholliré
- Mayo-Louti chef lieu Guider
Plusieurs ethnies peuplent cette Région. Parmi les
ethnies autochtones, on y retrouve : les Dourou, Doupa, Véré,
Voko, Guidar, Foulbés, Falis et Mboums. A ces autochtones, il faut
ajouter : les Mafas, Toupouri, etc...venus de l'extrême-Nord.
Le réseau hydrographique de la Région est
constitué de plusieurs cours d'eaux (mayos) qui tarissent pour la plus
part en saison sèche. Ces cours d'eaux sont: le fleuve
Bénoué (13614 km), le fleuve Faro (13493 km), le Mayo-louti (4152
km), le Mayo-rey (36529 km).
Le Nord-Cameroun est doté d'une grande
variété de type de sol : les lithosols, les régosols, les
sols ferrugineux tropicaux, les sols hydromorphes et les sols lessivés.
Le climat est de type soudanosahélien de type tropical, avec des
précipitations comprises entre 800 - 1500 mm/ an. La température
moyenne annuelle est d'environ 35°C.
Figure 1 : Réseau d'aires
protégées du Nord Cameroun
2.2. Présentation de l'Unité Technique
Opérationnelle (UTO) (zone de conservation)
2.2.1. Localisation géographique et
administrative
L'UTO de la Bénoué englobe le parc national de
la Bénoué (PNB) et huit zones d'intérêts
cynégétiques adjacentes (1, 2, 3, 4, 5, 7, 9 et 15) telles que
les montrent les cartes n°1 et 2. Cette UTO se trouve dans la
Région du Nord située entre 8° et 10° de latitude Nord
et entre 12° et 16° de longitude Est. Elle couvre les
départements de la Bénoué, du Rey Bouba et de Mayo Rey.
Le PNB créé en 1968 couvre une superficie de
180.000 ha et jouit d'un statut de protection intégrale. Il est
limité au nord par les cours des Mayo Ladé et Laindelaol, au sud
par le cours du Mayo Dzoro, à l'est par le cours du fleuve
Bénoué, et à l'ouest par la route nationale N°1
Ngaoundéré - Garoua, le village Banda et le cours du Mayo Salah
et du Mayo Ladé. Les ZIC N°1 et 5 situées à l'ouest
de l'UTO de la Bénoué couvrent respectivement 39 552
et 79 150 ha. Leurs limites sont définies par
l'arrêté N°0580/A/MINEF/DFAP/SDF/SRC du 27 août
1998.
La ZIC N°1 localisée dans l'arrondissement de Rey
Bouba est limitée au nord par le Mayo Wani, les villages Dogba et Bouk,
à l'est par le village Banda (vers le sud), au sud par les villages
Banda et Nigba, et à l'ouest par le village Nigba et le Mayo Wani. La
ZIC N°5 est localisée dans le département de Mayo Rey et
limitée au nord par le village Banda, à l'est par le PNB, la ZIC
1 et 4 et la route Nationale N°1 Garoua -Ngaoundéré, au sud
par les ZIC 15 et 16 et à l'ouest par la ZIC 18.
Z5
Mayo Alim
Gamba#
Banda
#
Sakjé
#
#
Gidjiba
Ex-Djaba
Z1
Campement Buffle #
#
#
# Campement Bel El
PNB
Figure 2: Localisation des ZIC 1 et 5 autour du Parc
National de la Bénoué (page suivante)
2.2.2. Climat
L'UTO de la Bénoué et ses environs
bénéficient d'un climat soudano-guinéen. Ce climat se
caractérise par une saison sèche (4 à 5 mois) allant de
novembre à mars et une saison de pluie (6 à 7 mois) allant
d'avril à octobre. La moyenne pluviométrique corroborée
par les archives de la station de Buffle-Noir la plus proche était
d'environ 1.400 mm / an dans les années 1998 ; les mois les plus
pluvieux étant août et septembre avec 352,5 et 362,5 mm de pluie
respectivement (Mendjemo, 1998).
L'analyse de la variation des précipitations moyennes
annuelles montre une tendance à la sécheresse. Ces contraintes
climatiques contribuent, pour beaucoup, à l'exacerbation du processus de
désertification dans cette zone. Les températures moyennes
diurnes sont voisines de 28°C, avec des écarts thermiques
(7,7°C) très importants.
2.2.3. Géomorphologie, formations
géologiques et sols
La topographie de l'UTO de la Bénoué est
constituée d'une succession de collines séparées par des
vallons à fonds évasés, souvent érodés ou
ravinés. Elle est caractérisée par un relief relativement
accidenté comprenant un ensemble de massifs localement appelés
« Hossérés », dont l'altitude minimale est de 220 m et
la maximale de 759 m au niveau de Mbana. Ces Hossérés sont
séparés par des plaines plus ou moins vastes.
Deux principales formations géologiques dominent le
bassin de la Bénoué : il s'agit du socle granitogneissique et des
alluvions fluviales (Braband et Gavaud, 1985). Les roches grenues
acides prédominent dans la région.
La carte des sols de la Région du Nord
éditée par l'ORSTOM (Braband et Gavaud, 1985) indique que le PNB
et ses zones périphériques sont constitués essentiellement
de régosols et de lithosols. On y trouve également des sols
ferrugineux qui constituent environ 60% des sols cultivés de la
Région. Ils ont une faible teneur en argile, souffrent d'un lessivage
important et leur structure est peu développée en surface avec un
horizon sablo-argileux en profondeur. Ces sols sont acides avec un pH compris
entre 5 et 6.
2.2.4. Hydrographie et hydrologie
L'UTO de la Bénoué fait partie du Bassin de la
Bénoué arrosé par le fleuve Bénoué. Celui-ci
constitue le principal affluent du Bassin du Niger et est l'unique cours d'eau
permanent de la zone. Le réseau hydrographique du Bassin de la
Bénoué est de moindre importance que celui du Niger et est de
type saisonnier.
Le régime hydrologique des principaux cours d'eau est
marqué par le climat soudano-guinéen avec comme principales
caractéristiques des débits élevés, des crues
annuelles brutales, des étiages très prolongés et un
écoulement saisonnier localement appelé Mayo ou cours d'eau
saisonnier dont les Mayo Sala, Altou, Wani et Konwa.
Le régime des cours d'eau est davantage lié
à l'importance de la durée de la saison sèche et/ou
à la durée/intensité de la saison des pluies, ainsi
qu'à un ensemble de facteurs variables relatifs à l'état
du sol. La hauteur et la durée des crues sont localement très
importantes pour les cultures de décrue et pour les activités
agro-sylvo-pastorales d'une manière générale. Ces
ressources en eau sont complétées par des retenues d'eau vitales
pour la population, au rang desquels le barrage de Lagdo, le barrage de Maga et
le Lac Tchad.
2.2.5. Végétation
D'après les travaux de Letouzey (1968), la
végétation de la zone soudano-sahélienne est
composée de steppes arbustives soudano-sahéliennes de la
région de Garoua, de savanes arbustives de la vallée de la
Bénoué et de savanes médio-soudaniennes sur sols plus ou
moins caillouteux. Elle est dominée par les savanes soudanaises avec une
présence de galeries forestières qui jonchent les lits des cours
d'eau. Ce sont des facteurs qui favorisent l'habitat de la faune sauvage et qui
font de l'UTO Bénoué et ses environs un gîte par excellence
pour les animaux.
2.2.6. Faune
D'après les travaux de Depierre et Vivien (1991) et de
Tsagué (1995), l'UTO de la Bénoué constitue une
région représentative de la diversité animale des savanes
d'Afrique Centrale. Elle abrite de
nombreuses espèces et populations de
mammifères, d'oiseaux et de poissons. Plus de 26 espèces
appartenant à 11 familles ont été recensées dans le
PNB. Les grands et moyens mammifères sont les plus
représentés et comprennent principalement : les bubales
(Alcelaphus buselaphus major), les élans de Derby
(Taurotragus derbianus), les hippotragues (Hippotragus
equinus), les buffles (Syncerus caffer caffer), les reduncas
(Redunca redunca), les cobes Defassa (Kobus defassa), les
cobes de Buffon (Kobus kob kob), les guibs harnachés
(Tragelaphus scriptus), les ourébis (Ourebia ourebi),
les céphalophes à flancs roux (Cephalophus rufilatus),
les phacochères (Phacochoerus africanus), les hippopotames
(Hippopotamus amphibus), les éléphants (Loxodonta
africana africana), les lions (Panthera leo), les hyènes
tachetées (Crocuta crocuta), les patas (Erythrocebus
patas), les babouins doguera (Papio anubis), les colobes à
manteau blanc (Colobus guereza) et les singes verts (Cercopithecus
aethiops). Certaines espèces de carnivores tels que les lycaons
(Lycaon pictus) et les panthères (Panthera pardus)
sont en voie de raréfaction, l'élan de derby est menacé et
le rhinocéros noir (Diceros bicornis longipes) a
été éliminé du PNB.
L'avifaune comprend plus de 306 espèces. Les
principales sont : le touraco (Tauraco leucolophus), l'oie de Gambie
(Plectropterus gambensis), le busard des roseaux (Circus
aeruginosus), le coucal du Sénégal (Centropus
senegalensis), le héron garde-boeufs (Bubulcus ibis), le
héron goliath (Ardea goliath), les tourterelles
(Streptopelia sp.), l'ombrette (Scopus umbretta), le
francolin (Francolinus bicalcaratus) et la pintade commune (Numida
meleagris). Par ailleurs, les espèces telles que la cigogne
(Ciconia sp.), le jabiru d'Afrique (Ephippiorhynchus
senegalensis) et l'ibis sacré (Threskiornis aethiopicus)
sont en voie de disparition de la région.
La faune aquatique de la zone est riche et diversifié
mais reste sous la dépendance de l'unique fleuve Bénoué.
Ce fleuve offre aux populations toute une large variété de
poissons : le hareng (Pellonula miri), l'hétérotis
(Heterotis niloticus), le clarias (Clarias albopunctatus, C.
anguillaris, C. gariepinus), le tilapia (Tilapia rendalli, T.
zillii), le tetraodon (Tetraodon lineatus), le barbeau
(Barbus spp.), le poisson-chat (Auchenoglanisbiscutatus, A.
occidentalis), et le binga (Hydrocinus vittatus, H. brevis, H.
forskalli).
2.2.7. Historique de l'UTO de la BénouéA
l'époque précoloniale, la zone actuellement occupée par le
PNB et sa périphérie était utilisée par le
Lamido (autorité traditionnelle suprême) de
Rey-Bouba comme son domaine privé de chasse. Sous l'impulsion de
l'administrateur colonial Pierre Flizot, une partie de ce domaine fut
classée "réserve de la faune de la Bénoué" suivant
l'arrêté N° 341/32 du 11 novembre 1932 du haut commissaire de
la république française au Cameroun. Afin de limiter la pression
sur les ressources naturelles, l'arrêté N° 120/SEDR du 5
décembre 1968 érigea ce domaine en "Parc National de la
Bénoué". En 1982, l'UNESCO classa le PNB dans la liste des
réserves de la Biosphère en raison de la présence humaine
autour du parc. Son premier plan d'aménagement fut élaboré
en 2002 (Donfack et Tsakem, 2004). Les zones d'intérêt
cynégétique 1 et 5 comme toutes les autres ZIC de la province ont
été créées autour du
parc par l'arrêté N° 86/SEDR/DEFC du 21
octobre 1969. Ce sont les zones vouées à la protection et
à l'exploitation de la faune par la chasse moyennant paiement de droits
et taxes tels que prévus par la réglementation en vigueur.
L'UTO de la Bénoué est l'unique aire
protégée de première catégorie dans la
région septentrionale du Cameroun. Bien qu'elle soit classée
parmi les plus riches du pays en termes de diversité biologique, cette
aire protégée, tout comme les zones à usage multiple (ZUM)
environnantes, sont exposées à la chasse illégale ou
braconnage; les populations locales appréciant bien le gibier (Hassan,
1998).
2.2.8. Caractéristiques socioculturelles et
démographique de la zone d'étude
· Groupes ethniques et migrations des populations
Plusieurs ethnies composent la population vivant dans l'UTO
de la Bénoué. Les groupes autochtones sont composés des
Haoussas essentiellement commerçants, des Foulbés
particulièrement éleveurs, des Fali, Kangou, Mboum, Laka, Dourou,
Veré, Tchamba et Bata qui sont des agriculteurs. L'ethnie majoritaire
est constituée par les Dourou pour la plupart des agriculteurs.
Les allogènes sont représentés par les
immigrants venus de l'Extrême-Nord et du Tchad: il s'agit des Toupouris,
Massa, Matakam, Moundang, Guiziga, Laka et Mada qui pratiquent pour la plupart
la culture du coton (WWF, 2002). Ils sont fortement impliqués dans
l'exploitation et la vente de bois de chauffage ; activités qui
contribuent substantiellement à la destruction du couvert
végétal, et donc de l'habitat pour la faune.
La population de la région du Nord est à la
fois moins dense et inégalement répartie dans la zone (73% de la
population y occupe seulement 26% de la superficie). L'UTO s'étend sur
un seul département et est peuplée d'environ 176 708 habitants
(Endamana et al, 2006).
2.2.9. Caractéristiques économiques de la zone
d'étude
Les principales activités économiques des
populations de l'UTO sont l'agriculture, l'élevage, la pêche, le
petit commerce, l'artisanat et la chasse. Les principaux produits de
l'agriculture sont le sorgho, le mil, le coton, le maïs, le riz,
l'arachide, le niébé et les cultures maraîchères.
Les principaux produits d'élevage sont les bovins, les caprins, et la
volaille. La pêche est pratiquée dans la Bénoué et
dans les Mayo. Le petit commerce se résume à la petite
restauration, à la vente des produits manufacturé, à la
vente des produits de récolte, à la vente du bois de chauffage en
bordure de la route et à la vente clandestine de la viande de
brousse.
2.3. La chasse sportive au Nord Cameroun
La chasse sportive est organisée au sein des ZIC.
Toutes les ZIC sont sous le contrôle du Ministère des Forêts
et de la Faune (MINFOF) qui est lui même représenté par la
direction de la faune et des aires protégées. Il existe deux
modes de gestion des zones de chasse :
-- Les zones affermées ou amodiées sont
gérées par un guide chasse professionnel dans le respect d'un
cahier des charges rédigé par le MINFOF. Celui-ci prévoit
notamment que le guide chasse doit procéder à un inventaire
annuel de la faune et évaluer ses tendances évolutives. Sur cette
base, il propose un plan de tir au MINFOF qui fixe ensuite les quotas. Durant
l'amodiation, le guide chasse est aussi tenu de faire des investissements pour
l'aménagement de sa zone;
-- Les zones à cogestion sont gérées par
les populations riveraines, qui mettent en place un comité chargé
de la gestion. Ce comité est dénommé Union des
Comités Villageois de la Faune (UCVF). Le comité peut louer la
zone à un chasseur professionnel ou lui même organiser les
safaris.
Il existe 3 types de permis de chasse :
-- Le permis de grande chasse donne le droit d'abattre 2 grands
mammifères du groupe I et 4 du groupe II, tous devant être
d'espèces différentes ;
-- Le permis de moyenne chasse permet de tuer 4 animaux du
groupe II et 4 du groupe III;
-- Le permis de petite chasse de gibier à poil donne
droit à 20 animaux du groupe III par an et celui de gibier à
plume à 5 semaines de chasse sur des animaux du groupe III.
Dans le cas des zones de chasses étudiées, il
s'agit principalement de permis de grande chasse.
Tout chasseur doit s'acquitter de la taxe sur les armes, du
permis de chasse (500 000 FCFA) et du droit de chasse (1 550 000 FCFA). A ceci
s'ajoutent la taxe d'abattage pour chaque animal tué et le droit de
sortir le trophée du territoire camerounais. Les tarifs des
différentes taxes diffèrent suivant si le chasseur est touriste,
résident ou local. Pour les chasseurs chassant sur les zones
amodiées, les différentes taxes fixes sont incluses dans un
forfait qui comprend l'ensemble des prestations du séjour (acheminement,
logement, frais de chasse...). Pour les zones en cogestion, le chasseur doit
s'acquitter lui même des taxes auprès de la
délégation Régionale du tourisme (DRFFN, 2008).
III. DECLARATION DES CONCEPTS
L'étude entreprise aborde le problème de la
dégradation des ressources suite à la pression humaine. Elle
concerne surtout l'état de ces ressources en rapport avec le
degré de pression anthropique, et traite en particulier du cas des ZIC
habitées et traversées par un axe important. S'intéresser
à cette étude nécessite une prise en compte de tous les
facteurs de dégradation et de conservation. Quatre concepts nous
semblent importants pour cerner la question de gestion des ressources
naturelles.
La zone d'intérêt
cynégétique qui est une aire ou le gibier et la chasse
présente un intérêt économique ou scientifique
majeur et où la faune est susceptible d'être maintenue par des
moyens d'aménagement appropriés à un potentiel aussi
élevé que possible en vue de son étude scientifique ou de
son exploitation rationnelle afin d'obtenir un rendement maximum soutenu. C'est
une aire protégée habitée et dont les populations tirent
leur besoin de subsistance de cette dernière. Pour freiner la pression
des riverains dans les aires protégé, la nouvelle politique les
intègre à la gestion, d'où la gestion participative des
ressources naturelles.
Réserve de la biosphère : le
parc de la Bénoué est depuis 1980 classé réserve de
biosphère qui est une réserve nationale déclarée
comme bien du patrimoine mondial en raison de ses spécificités
biologiques, écologiques, culturelles ou historiques et dont la
conservation est l'un des objectifs principaux.
La pression anthropique selon Ramades (1993)
est une action propre à l'homme, elle peut être
bénéfique lorsqu'elle vise à conserver ou
réhabiliter un milieu naturel. Mais dans la plupart des cas, elle est
néfaste et entraine la dégradation des ressources naturelles.
La Conservation, définie comme
étant la conduite et l'utilisation des ressources
génétiques de façon à ce qu'elles puissent procurer
de manière soutenue un maximum d'avantages aux générations
présentes, tout en maintenant leur capacité à
répondre aux besoins et aspirations des générations
futures (UICN, 1995).
IV. METHODOLOGIE
D'une manière globale, le système mis en place
a permis de déterminer les types d'activités humaines
pratiquées et les espèces fauniques présentes dans les
ZICs. Au vu de la complexité du système (grande
biodiversité, action anthropique et nombreuses interactions
régissant l'écosystème), il était assez difficile
d'utiliser une seule méthode qui tiendrait compte de toutes les
variantes. Dès lors, nous avons choisi de combiner plusieurs
méthodes, à savoir :
· Les enquêtes formelles ;
· Les patrouilles de reconnaissance.
· Les transects linéaires ou pédestres ;
· Les affûts ;
4.1. Les enquêtes formelles
Les enquêtes formelles ont été
menées dans la zone par Tagueguim (1999). Une fiche d'enquête
reprenant les questions à poser auprès des ménages avait
été préparée (voir annexe 1). A l'aide de la
méthode d'échantillonnage systématique, nous avions choisi
35 ménages à enquêter. Dans chaque ménage, la
personne source était le chef de ménage, qui était, dans
certains cas, assisté de sa femme ou de ses enfants.
Les enquêtes formelles nous ont permis de collecter les
informations relatives au différentes ressources utilisées, au
mode de prélèvement, aux zones les plus
fréquentées, aux espèces animales les plus
rencontrées au village et celles devenues rares, ainsi qu'à la
conception des populations sur la notion d'aires protégées.
Afin de compléter les enquêtes formelles, nous
avons procédé à des enquêtes informelles
auprès des personnes ressources. Les personnes cibles étaient
généralement des chefs de postes forestiers ou agricoles, le chef
de secteur Sodécoton, les chefs des villages, les pisteurs du village,
les guides chasses et le président de comité villageois de la
faune (CVF) de la ZIC N° 1.
4.2. Les patrouilles de reconnaissance
Le système de patrouille de reconnaissance a permis de
compléter les informations issues des enquêtes et de
caractériser le terroir en fonction des activités
observées. Les patrouilles ont été effectuées
après les enquêtes qui se sont déroulées au mois
d'avril, début de défrichements culturaux dans la zone.
Son principe est de matérialiser les transects
linéaires qui nous permettent de parcourir le village.
Six transects ont été
matérialisés en partant d'un même point,
considéré comme le centre des villages, et suivis jusqu'au niveau
où les activités humaines étaient jugées moindres.
Deux transects suivaient la route nationale, deux autres étaient
perpendiculaires à la route nationale et enfin deux suivaient
obliquement la direction Nord-Est / Sud-Ouest. Les distances variaient de 3,8
km à 6 km. Ces
distances étaient fonction des zones
d'activités. Une fois que nous constatons la fin des zones de culture,
c'est à ce point que nous limitons notre transect. Les informations
suivantes étaient relevées : les différentes zones
d'activités (habitation, culture, brousse), les jachères, aussi
quelques espèces fauniques rencontrées.
4.3. Les transects linéaires
Les transects linéaires sont des transects parcourus
à pied à une vitesse d'environ 2 km/h. Cette méthode a
été utilisée avec succès dans les
écosystèmes de savanes (Bosch, 1976 ; Tsakem et Donfack, 2004).
Ils permettent de faire le dénombrement des grands et moyens
mammifères dans la zone et a été effectué en
Février 2008 par WWF/PSSN. Cette période coïncide avec la
saison sèche au Nord-Cameroun.
4.3.1. Principe des transects linéaires
Une ligne droite appelée transect est parcourue par
une équipe (1 pisteur, 1 releveur, 1 boussolier, 1 garde chasse) et la
distance entre l'observateur et l'objet (Ri) est notée ainsi que l'angle
de l'objet (ai) par rapport à la ligne de marche. En
général, plusieurs lignes de longueurs L1, L2, .Lk sont
parcourues pour une longueur totale L connue. La distance perpendiculaire (Xi)
est estimée par la formule : Xi = Ri sin(ai)
Dans son concept théorique, la méthode des
transects linéaires est une méthode probabiliste et son
application exige que les conditions suivantes soient remplies :
> Tous les objets sur la ligne de marche doivent être
détectés ;
> Les objets sont détectés à leur
position initiale avant tout mouvement éventuel dû à une
réponse de l'observateur ;
> Les distances mesurées doivent être exactes
;
> Les détections sont des mouvements
indépendants ;
> Aucun objet n'est compté plus d'une fois sur une
même ligne de marche.
4.3.2. Matérialisation des
transects
A partir des feuilles nc33ii de la carte topographique du
Cameroun au 1/200.000e, la zone a été
systématiquement quadrillée à raison de 2,5 x 2,5 km. Les
transects suivis étaient des lignes de quadrats variant de 5 à 30
km, pour un total de 26 transects. Un effort de collecte de données de
l'ordre de 397,5 km a été atteint. Les points de départ de
chaque transect et leurs coordonnées ont été
déterminés sur la carte de manière aléatoire et
repérés avec précision sur le terrain à l'aide d'un
GPS Garmin 12 XL. L'orientation des transects était perpendiculaire au
cours d'eau.
4.3.3. Matériels utilisés
Pour collecter les données, plusieurs outils
étaient mis à la disposition des équipes de terrain :
· Un GPS (Global positioning System) de marque Garmin
12 XL pour la prise des coordonnées géographiques des
différentes observations ;
· Une boussole pour s'orienter sur le terrain afin d'aller
d'un point à l'autre ainsi que, pour la prise des angles observateur
animal ou groupe détecté;
· Des jumelles pour les observations
éloignées ;
· Un télémètre pour mesurer la
distance entre l'observateur et l'animal détecté ;
· Plusieurs fiches de relevé et du petit
matériel (crayon, planchette, gomme, etc.) ;
· Du matériel de camping si possible.
4.3.4. Collecte des données
La collecte des données a été
assurée par 4 équipes composées chacune de 4 à 5
personnes dont 1 boussolier, 1 pisteur, 1 releveur, 1 garde chasse pour la
sécurité et 1 porteur. Environ vingt personnes ont
été mises à contribution pour la réalisation de ce
travail. Quelques gardes chasses, gardes communautaires et jeunes gens
formés par le WWF sur les techniques de dénombrement à
pied des grands et moyens mammifères ont été
recrutés dans les villages riverains. Cette équipe a
été appuyée sur le terrain par cinq encadreurs.
Cette opération sur le comptage des animaux proprement
dit a duré 12 jours. Elle commençait tous les jours tôt le
matin entre 6 h00 et 7 h00 et se terminait le soir autour de 17 h30 et 18h. La
vitesse de progression le long des transects n'excédait pas 2 et 3
km/h.
Une fois que le point de départ du transect
était repéré sur le terrain à l'aide d'un GPS, le
boussolier orientait l'équipe dans la bonne direction et surveillait de
façon permanente la constance de l'azimut. Les membres de
l'équipe se déplaçaient en file. Quand un animal (ou un
groupe d'animaux) ou une activité humaine était observé,
les informations suivantes étaient notées sur des fiches de
données préétablies :
· l'heure de l'observation ;
· l'espèce ou le type d'activité humaine
(braconnage, activités pastorales, coupe de bois etc.);
· le nombre d'individus observés ;
· la distance observateur-animal ou activité
détecté ;
· l'angle d'observation, elle est mesurée entre la
ligne de marche et le lieu où l'animal est vu avant son éventuel
déplacement.
4.4. Les affûts
La méthode par affût avait pour but de suivre
l'évolution des effectifs des espèces fauniques dans la zone.
Elle repose sur la réalisation des comptages en un point fixe (mirador).
Pour ce travail nous avons utilisé les données collectées
en 2008 par WWF/PSSN.
Le principe des affûts consistait à se poster
à un point fixe remarquable où la faune se concentre et à
comptabiliser les animaux observés (Verwilghen, 2003). L'observateur est
placé dans un arbre, en hauteur, ou sur un mirador afin de mieux voir
les animaux.
Nous avons choisi des sites représentatifs comme des
salines et des mares dans la zone. Leur localisation était
repérée à l'aide du pisteur. Pour cette méthode,
les heures de pointe sont les plus recommandées. Les affûts ont
été effectués le matin entre 6 h et 8h30, le midi entre 11
h et 13 h 30 et en fin d'après midi entre 15h30 et 18 h durant trois
jours par période (début saison sèche et début
saison des pluies) c'est-à-dire six jours par an (Verwilghen, 2003).
L'observateur était muni d'une fiche de relevée qui se trouve en
annexe 2.
4.5. Analyse des résultats
L'analyse des données est orientée pour
comprendre les effets de la pression humaine et les conséquences sur la
faune et son habitat. Il s'agit non seulement de décrire les actions des
populations, mais aussi de juger ces pratiques en termes de gestion durable des
ressources naturelles et de conservation.
Les données collectées lors des enquêtes,
patrouilles de reconnaissances et affûts ont été
traitées à l'aide du logiciel Microsoft Excel. L'analyse des
données a été faite sur base de simples statistiques
descriptives présentant les différentes proportions des
utilisations de ligneux, des pratiques agricoles etc.
L'estimation des densités et des effectifs ont
été faites à l'aide du programme Distance 3.5 (Laake et
al, 1994). Ce programme exige une grande précision dans la mesure de
distance et analyse les données pour les espèces suffisamment
observées (au moins 40 observations).
Pour les espèces animales dont le nombre d'observation a
été insuffisante, les estimations des densités ont
été faites selon la formule suivante (Gaillard et al., 1993):
D = n/2Lw
Où D est la densité de l'espèce, n est le
nombre d'individus observés pour l'espèce, L l'effort de collecte
des données et w la largeur du transect. Ces espèces ont
été, pour la plupart, observées dans quelques quadrats de
surface connue.
Afin de déterminer la corrélation entre la faune
et la pression anthropique, l'ensemble des données collectées
(directe et indirecte) a été réorganisé dans chaque
quadrat. Le taux de rencontre ou IKA (indice kilométrique d'abondance)
de chaque espèce et de chaque activité humaine (Bousquet 1996) a
été calculé pour permettre la détermination de la
répartition de la faune par rapport aux activités humaines par le
biais de Arcview 3.3.
Calcul des indices kilométriques d'abondance
(IKA)
L'indice kilométrique d'abondance (IKA) est le rapport
du nombre d'individus ou d'indice de pression humaine observé sur le
nombre de kilomètre de distance parcourus. Il se calcule pour une
espèce ou pour l'ensemble des espèces dans une zone et pour
chaque type d'activité humaine. Effectué chaque année dans
les mêmes conditions, cet indicateur permet de savoir si la population
animale ou la pression anthropique augmente, diminue ou stagne. Sa formule est
la suivante :
Nombre de contact avec une espèce ou d'indice de pression
IKA =
épartition des animaux et Distance totale parcourue
|
Le programme Arview 3.3 a également permis la production
de la carte de distribution des activités humaines.
V. RESULTATS
5.1. Résultats d'enquêtes
Un total de 35 ménages a participé aux
enquêtes. Les réponses ainsi que les résultats sont
présentés sous forme de texte et de tableaux. Parmi les questions
posées, celle portée sur la chasse a obtenu un taux de
réponse faible. Mais dans l'ensemble, les ménages ont
répondu avec beaucoup de soins au questionnaire.
5.1.1. La pression agricole
a) Techniques de labour
Dans la zone, plusieurs techniques sont utilisées
(tableau 1) :
- le semis sans labour : traitement des parcelles aux herbicides
(gramosome, gliphoxate ...) avant de les cultiver ;
- le labour manuel : grattage superficiel du sol à l'aide
de la houe traditionnelle (cette technique est la plus utilisée dans les
villages) ;
- le labour attelé : retournement de la terre à une
profondeur de 10 à 15 cm à l'aide d'une paire de boeuf attelant
une charrue ;
- le labour mécanique : retournement de la terre à
une profondeur supérieure à 15 cm à l'aide d'un
tracteur
Suivant les réponses des ménages
interrogés, la culture manuelle est la plus pratiquée dans la
zone avec 97,14% suivi de labour attelé (20%) et de labour
mécanique, peu pratiqué avec 8,57%.
b) Systèmes de culture
Le système de culture avec jachère est le plus
utilisé dans la zone. Plus de 70% des cultivateurs le pratiquent pour
améliorer la fertilité du sol. Les engrais sont aussi
utilisés sur des parcelles qui ne sont pas laissées en
jachère, plus de 60% le font et généralement dans les
parcelles qui portent la culture du coton. Les arbres sont dans la plupart des
cas coupés dans les parcelles de culture. Cependant 5,71% des
ménages laissent quelques arbres dans les parcelles soit pour l'ombrage,
soit pour la fertilisation grasse aux feuilles mortes.
Tableau I: Quelques caractéristiques culturales
dans la zone
|
Caractéristiques
|
Nombre de
répondant/ 35
|
Proportion de personne
pratiquant le système (%)
|
Technique de
labour
|
Sans labour
|
3
|
8.57
|
Labour manuel
|
34
|
97.14
|
Labour attelé
|
7
|
20
|
Labour mécanique
|
3
|
8.57
|
Système de
culture
|
Culture continue
|
10
|
28.57
|
Système jachère
|
25
|
71.42
|
Utilisation d'engrais
|
21
|
60
|
Système agro forestier
|
2
|
5.71
|
Durée de jachère
|
0 - 4 ans
|
21
|
60
|
4 - 8 ans
|
8
|
22.85
|
> 8 ans
|
6
|
17.14
|
5.1.2. La pression pastorale
Près de 32% des ménages ne pratiquent pas
l'élevage tandis que 34% pratiquent l'élevage des ovins et des
caprins (figure 2). C'est un petit élevage de subsistance
pratiqué pour l'autoconsommation et les dons. Les ménages qui
possèdent les bovins représentent 6% et ils précisent que
les bovins sont utilisés pour la culture attelée. Chaque
ménage possède un enclos pour garder ses animaux pendant la
période de culture et les laisse en divagation après les
récoltes. La taille maximale de troupeau par ménage est faible
(environ 12 têtes). Les répondants ont signalé la
présence des glossines (mouches tsé tsé) qui ne les permet
pas d'agrandir la taille de leur troupeau. Près de 28% des
répondants précisent qu'ils préfèrent le petit
élevage de la volaille pour substituer à leur besoin en
protéine. Les populations signalent l'installation temporaire des
éleveurs Mbororos (transhumants) dans la zone en saison sèche
à la recherche du bon pâturage.
aucun 32%
vache 6%
26%
ovin
poule
28%
caprin 8%
Figure 3: Représentativité des
différents types d'élevage pratiqués dans la
zone
Les mêmes enquêtes nous ont permis de dresser une
liste des espèces végétales consommées par le
bétail. Ces résultats sont consignés dans le tableau 2.
Pour chaque espèce citée, les répondants
précisaient les différentes parties utilisées par le
bétail, qui de préférence sont les feuilles et les
fruits.
Tableau II: Espèces végétales
consommées par le bétail
Espèces
|
Nom local : Dii (Dourou)
|
Partie du végétal
utilisée
|
Feuille
|
fruit
|
Acacia seyal
|
|
x
|
x
|
Acacia sieberiana
|
|
x
|
x
|
Afzelia africana
|
Bambam
|
x
|
|
Annona senegalensis
|
Soup
|
x
|
x
|
Anogeissus leiocarpus
|
Ta'ap
|
x
|
|
Bombax costatum
|
Bal
|
x
|
|
Detarium microcarpum
|
Guedok
|
|
x
|
Entada africana
|
Bazième
|
x
|
|
Piliostigma thonningii
|
Ba'al
|
x
|
x
|
Prosopis africana
|
Siansian
|
x
|
x
|
Pterocarpus luscens
|
Hahal
|
x
|
|
Stereospermum kunthianum
|
Gop
|
x
|
|
Tamarindus indica Terminalia sp.
|
Pa'at
|
x x
|
|
Ximenia americana
|
Bock
|
x
|
x
|
5.1.3. La pression de coupe de bois
a) Les zones de ravitaillement
Trois domaines sont généralement explorés
pour la recherche du bois :
· les champs de culture : ils sont visités par les
personnes âgées n'ayant plus assez de force pour aller plus loin
chercher du bois de feu de bonne qualité ;
· les nouveaux défrichements agricoles (bois de feu
et de service) ;
· les brousses (le bois de feu et de service).
Une majorité de la population (60%) se ravitaille dans
la brousse, tandis qu'une petite proportion en majorité
constituée des personnes âgées (14,2%) se ravitaille dans
les champs de culture aux alentours des cases. On compte plus de 25% des
personnes qui se ravitaillent dans les nouveaux défrichements (Tableau
III).
b) Distance des zones de ravitaillement
Suivant les résultats d'enquêtes, 37% de la
population va à plus de 2000 m du village pour rechercher le bois,
surtout le bois de bonne qualité (Tableau III). Cette proportion
élevée justifie la disparition progressive du couvert
végétal du village vers la zone de brousse. Autour des villages,
on note cependant quelques arbres abandonnés, ou de faible valeur
calorifique, qui sont exploités par les personnes ne pouvant pas faire
de longues distances pour rechercher le bois de bonne qualité.
c) Période de coupe de bois
Trois périodes de coupe de bois ont été
signalées par les répondants. Presque la moitié (48,57%)
se ravitaille pendant la période de repos agricole, 37,14% au moment des
défrichements tandis que 14,28% font de l'exploitation du bois leur
activité quotidienne (Tableau III). Ainsi, les besoins en bois se
manifestent en toute période dans la zone entrainant l'exploitation
anarchique et par conséquent la disparition du couvert
végétal
Tableau III: Principales caractéristiques de
l'exploitation du bois dans le terroir
|
Caractéristiques
|
Nombre de répondant /35
|
Proportion (%)
|
Points de
ravitaillement en
bois
|
Champ de culture
|
5
|
14.2
|
Nouveau défrichement
|
9
|
25.7
|
Brousse
|
21
|
60.0
|
Distance des zones de ravitaillement
|
0 - 500
|
4
|
11.4
|
500 - 1000
|
11
|
31.4
|
1000 - 2000
|
7
|
20.0
|
>2000
|
13
|
37.1
|
Période de coupe de bois
|
Lors de défrichement
|
13
|
37.1
|
Repos agricole
|
17
|
48.5
|
Activité permanente
|
5
|
14.2
|
d) Les ressources exploitées et leur utilisation
+ Le bois de feu
Le bois est la principale source d'énergie
utilisée dans la zone. D'après les enquêtes, les
espèces les plus appréciés comme bois de feu sont
Anogeissus leiocarpus (88.56%), Acacia polyacantha (57.14%)
et Pterocarpus luscens (42.85%) parce qu'elles sèchent
très vite, conservent la flamme, prennent feu rapidement et ne font pas
trop de fumée. D'autres espèces sont aussi utilisées
(tableau IV).
Tableau IV: les espèces utilisées comme
bois de feu
Espèces
|
Nom local : Dii (Dourou)
|
% utilisation
|
Anogeissus leiocarpus
|
Ta'ap
|
88.5
|
Acacia polyacantha
|
Sat
|
57.1
|
Pterocarpus luscens
|
Hahal
|
42.8
|
Stereospermum kunthianum
|
Gop
|
22.8
|
Afzelia africana
|
Bambam
|
22.8
|
Isoberlinia doka
|
Ko't
|
20.0
|
Hymenocardia acida
|
Targnane
|
17.1
|
Pterocarpus erinaceus
|
Seme
|
17.1
|
Combretum micranthum
|
Magfili
|
14.2
|
Prosopis africana
|
Siansian
|
14.2
|
Monotes kerstingii
|
Nome
|
11.4
|
Généralement, le bois est utilisé pour
faire cuire les repas. La consommation est en moyenne d'un fagot par jour par
foyer, soit environ 4.5 à 5 kg. Cette consommation double dans les
cabarets de « bil-bil », pour la fabrication du vin local. Une partie
est vendue en bordure de la route pour ravitailler les centres urbains tels que
Garoua et Ngaoundéré. Le bois est entassé devant les
concessions en fagots de 50 F et 100 F. Les principaux preneurs sont les
chauffeurs de camion qui voyagent à vide ou à moitié
chargés. Le commerce du bois occupe plus de 48.57% de ménages.
+ Le charbon de bois
Le charbon est utilisé par les forgerons comme
combustible pour fabriquer des outils. Le charbon est peu utilisé pour
la cuisine, il est vendu en bordure de la route. Les forgerons et certains
vendeurs fabriquent du charbon en brousse par le procédé suivant
: l'arbre est coupé, couché sur le sol, puis on l'entoure de
brindilles auxquelles on met le feu. Le charbon est retiré incandescent
du feu, puis éteint avec de la terre. On utilise également le
résidu du foyer allumé pour la préparation de la
nourriture. Pterocarpus erinaceus et Prosopis africana sont
les espèces les plus utilisées car il s'agit de bois dur qui ne
donne pas de cendre.
+ Le bois de service
Le tableau V présente les espèces les plus
utilisées comme bois de service. Parmi ces espèces, Monotes
kerstingii, Anogeissus leiocarpus, Burkea africana et Prosopis
africana sont les plus appréciés grâce à leur
solidité, leur durabilité et leur résistance aux attaques
des termites. Ce bois est utilisé pour les toitures, les
barrières, les enclos à bétail et les manches des outils
(houes, haches etc.).
Tableau V: Quelques espèces utilisées comme
bois de service
Espèces
|
Nom local : Dii
(Dourou)
|
utilisation
|
% d'utilisation
|
Monotes kerstingii
|
Nome
|
Toiture,
|
45.7
|
Anogeissus leiocarpus
|
Ta'ap
|
manche des
|
37.1
|
Burkea africana
|
Him
|
outils,
|
34.2
|
Stereospermum kunthianum
|
Gop
|
clôture.
|
28.5
|
Prosopis africana
|
Siansian
|
|
22.8
|
Diospyros mespiliformis
|
Gwadip
|
|
14.4
|
Pterocarpus luscens
|
Hahal
|
|
11.4
|
Pseudocedrella kotschyi
|
Boueto't
|
|
11.4
|
Le bois de service est également utilisé comme
tuteurs d'ignames dans les champs. Les tiges les plus utilisées sont
celles ayant un diamètre de 4 à 5 cm et de 125 à 140 cm de
hauteur, les jeunes tiges étant les plus sollicitées. Les
espèces les plus utilisées sont : Prosopis africana,
Pterocarpus erinaceus, Piliostigma thonningii, Annona senegalensis,
Crossopteryx febrifuga et Pterocarpus luscens.
e) Quelques produits forestiers utilisés dans la
pharmacopée traditionnelle
Outre les produits forestiers susmentionnés, les
personnes enquêtées ont également signalées quelques
produits forestiers non ligneux entrant dans la pharmacopée
traditionnelle. Ces informations ont été données par des
personnes ressources (les guérisseurs traditionnels) lors des
enquêtes informelles. Plus de 25 espèces ainsi que les
différentes parties utilisées et les maladies soignées
sont, à cet effet, consignées dans le tableau VI.
Tableau VI: Les espèces utilisées pour la
pharmacopée
Espèce
|
Nom local : Dii (Dourou)
|
Partie de l'arbre utilisée
|
Maladies soignées
|
Feuilles
|
Racine
|
Ecorce
|
Adansonia digitata
|
Book
|
x
|
|
|
Nanisme chez les enfants
|
Adenodolichos paniculatus
|
Boun
|
|
x
|
|
Rougeole, toux
|
Anogeissus leiocarpus
|
Ta'ap
|
x
|
|
x
|
Dysenterie, jaunisse
|
Asparagus africanus
|
Gouavo
|
|
x
|
|
Maladie vénérienne
|
Boswellia dalzieli
|
Biemfi
|
x
|
|
x
|
Morsure de serpent
|
Cassia arereh
|
Gamohi
|
x
|
x
|
|
Utiliser comme vitamine
|
Ceiba pentandra
|
Koun
|
x
|
|
x
|
Paludisme
|
Crossopteryx febrifuga
|
Guip
|
|
|
x
|
Diarrhée
|
Cussonia arborea
|
Bemzete
|
|
x
|
x
|
Paralysie
|
Daniellia oliveri
|
Dop
|
|
x
|
|
Yeux, trouble mental
|
Detarium microcarpum
|
Goueto'ot
|
|
x
|
|
Mal de coeur, filaire
|
Entada africana
|
Bazième
|
|
x
|
x
|
Sorcellerie
|
Erythrina senegalensis
|
Bembeh
|
x
|
|
x
|
Jaunisse
|
Ficus etrangleur
|
Dian
|
x
|
|
x
|
Hernie
|
Ficus sycomorus
|
Siip
|
x
|
x
|
|
Toux
|
Gardenia aqualla
|
Diag
|
|
|
x
|
Plaie
|
Grewia bicolor
|
Goglam
|
|
x
|
|
Sorcellerie, dysenterie
|
Ipomoea heterotricha
|
Demhock
|
|
x
|
|
Verres intestinaux
|
Khaya senegalensis
|
Pep
|
|
x
|
x
|
Bas ventre
|
Nauclea latifolia
|
Vo'op
|
|
x
|
|
Règle douloureuse, plaie
|
Parkia biglobosa
|
Lii
|
|
|
x
|
Rougeole
|
Piliostigma thonningii
|
Ba'al
|
x
|
|
|
Sorcellerie
|
Prosopis africana
|
Siansian
|
|
x
|
x
|
Gale, carie dentaire
|
Securidaca
|
Zoun
|
|
x
|
|
Chasse les démons
|
longepedonculata
|
Bock
|
|
x
|
x
|
Mal des yeux
|
Ximenia americana
|
|
|
|
|
|
5.1.4. Pression du braconnage
Le faible nombre de réponse à cette question n'a
pas permis de déterminer le pourcentage des braconniers dans la zone.
Cependant quelques réponses permettent d'établir la liste des
espèces animales observées par les populations. La
majorité signale l'observation des babouins, patas et civettes proche
des villages et plus particulièrement dans les jardins de case en
période de maturité agricole. D'autres répondants, et
surtout les personnes âgées des villages, n'ont pas manqué
de lister un certain nombre d'espèces qu'ils observaient dans les
villages il y a plus de 20 ans mais sont devenues rares aujourd'hui (tableau
VII). Ils évoquent plusieurs raisons qui seraient à l'origine de
cette disparition : les défrichements culturaux, les bruits des moteurs
et dans une moindre mesure, la chasse.
Tableau VII: Liste des espèces animales
considérées comme rares et celles souvent observées
à proximité des villages
|
Nom commun
|
Nom scientifique
|
Nom local : Dii (Dourou)
|
Proportion des
répondants /35
|
|
Rhinocéros
|
Diceros bicornis
|
Ngandaga
|
77.1%
|
|
Damalisque
|
Damaliscus korrigum
|
Gbéélvil
|
25.7
|
Espèces
|
Eland de derby
|
Tragelaphus derbianus
|
Lièck
|
8.5
|
rares à
|
Girafe
|
Giraffa camelopardalis
|
Gueloba
|
11.4
|
proximité
|
Lion
|
Panthera leo
|
Keuci
|
2.8
|
des villages
|
Lycaon
|
Lycaon pictus
|
Quedoum
|
5.7
|
|
Panthère
|
Panthera pardus
|
Zack'
|
5.7
|
|
Babouin
|
Papio cynocephalus a
|
Mgbo
|
48.5%
|
|
Phacochère
|
Phacochoerus aethoipus
|
Ndag
|
14.2
|
|
Cynocéphale
|
|
|
11.4
|
Espèces qui
|
Patas
|
Erythocebus patas
|
Degue
|
25.7
|
viennent
|
Singe vert
|
Cecopithecus aethiopus
|
Kièh'wa
|
22.8
|
proche des
|
Civette
|
Viverra civetta
|
Maal seouwa
|
5.7
|
villages
|
Eléphant
|
Loxodonta africana
|
Mbal
|
14.2
|
|
Cob de buffon
|
Kobus kob kob
|
Baal
|
5.7
|
|
Cob de roseau
|
Redunca redunca
|
Kovul
|
5.7
|
|
Hyppotrague
|
Hyppotragus equinus
|
Dal
|
14.2
|
|
Porc-épic
|
Histrix cistata
|
Targa
|
5.7
|
5.2. Résultats des patrouilles de
reconnaissance
5.2.1. Les caractéristiques du terroir
Trois zones ont été identifiées en fonction
du type d'occupation. La zone d'habitation, la zone de culture et la zone de
brousse
> La zone d'habitation
Les maisons sont alignées de part et d'autre de la
route nationale sous une végétation dominée par les
espèces ligneuses fruitières, parmi lesquelles le manguier, le
citronnier, l'oranger. Autour des maisons on trouve des jardins de case soumis
à des cultures continues. En plus des espèces fruitières
quelques espèces d'ombres telles que : Ficus sicomorus et
Acacia polyacantha sont aussi présentes.
L'activité commerciale axée sur la vente du bois de
chauffage, les palissades et les ignames est plus développée en
bordure de la route.
Dans cette zone, les traces d'animaux sauvages (surtout des
babouins et des singes patas) sont rencontrées dans les champs de
maïs. Des nouvelles habitations se créent progressivement par les
migrants qui ont pour principale activité l'agriculture. Lorsqu'ils
viennent de s'installer dans le village, ils se ravitaillent directement en
bois de chauffage qui est facilement vendu en bordure de la route afin d'avoir
un petit revenu leur permettant de faire de l'agriculture (figure 5).
> La zone de culture
Elle est dominée par la culture du maïs, du coton
et d'igname. Une première ceinture proche des jardins de case est
fortement dominée par les jachères. La végétation
dans les jachères est dominée par la strate arbustive
constituée des brins de petit diamètre. La strate arborée
reste très faible à l'exception de certaines parcelles contenant
de gros arbres conservés il y a plusieurs années. Entre ces
jachères, se trouvent des champs de culture très pauvre en
ligneux. Après cette bande, on trouve des blocs soumis à des
cultures continues, dominées par le coton, le maïs (figure 4) et
l'igname. Ces blocs proches de la brousse, sont caractéristiques des
nouvelles friches. Les densités des ligneux sont importantes et
constituées d'Anogeissus leiocarpus, Prosopis africana, Combretum
nigricans et Combretum collinum.
Pour les cultures d'ignames, la principale remarque est
l'utilisation des jeunes tiges pour faire les tuteurs. Chaque pied d'igname
correspond à un tuteur. Une parcelle d'un hectare porte 3132 pieds. Ces
tuteurs sont en majorité des jeunes brins prélevés dans la
brousse et les jachères. C'est ce qui justifie la présence des
champs d'ignames toujours proche de la brousse ou des jachères.
En plus des babouins et des patas, les reduncas et les guibs
harnachés sont rencontrés dans cette zone et par endroit des
traces d'éléphants ont été trouvées. Les
populations signalent l'arrivée des éléphants
périodiquement, en période de maturité agricole.
superficie(ha)
450
400
350
300
250
200
150
100
50
0
1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005
année
maïs coton
Figure 4 : Evolution de la culture du maïs et du
coton dans la zone
Figure 5: Exposition et vente du bois par les
migrants
Figure 6: Abattage des arbres pour la création des
nouveaux champs
> La zone de brousse
La végétation est de type savane arbustive et
arborée, à dominance arbustive. Les arbustes les plus
représentés sont Piliostigma thonningii, Annona senegalinsis,
Combretum collinum, et les arbres : Entada africana, Zizifus
mauritiana. On rencontre par endroit des souches d'arbres, des troncs
d'arbres couchés et des arbres morts sur pied au passage des feux de
brousse.
La zone de brousse est la zone dans laquelle les
activités agricoles laissent place aux activités d'extraction du
miel, de braconnage, d'exploitation de l'orpaillage et les feux de brousse. Les
résultats concernant ces activités sont présentées
ci-après, et ont été obtenues lors du parcours des
tansects.
5.3. Résultats des transects 5.3.1.
Activités humaines
Extraction du miel : Deux principales
techniques d'exploitation sont observées sur le terrain. La
première consiste à abattre les arbres hôtes des abeilles
(Uapaca togolinsis, Daniellia oliveri, Afzelia africana, Parkia biglobosa,
Lannea kerstingii) et à les coucher sur le sol avant l'extraction
du miel. La deuxième technique est utilisée si la ruche est basse
: le diamètre du trou est augmenté sans abattre l'arbre. Cette
activité est d'une faible importance car son IKA est de 0,002.
L'orpaillage : L'extraction se passe dans les
cours d'eau, elle consiste à creuser les berges ou les lits et extraire
un mélange de poudre qui se lave intensément pour avoir la poudre
d'or. Cette activité se mélange avec la pêche. Le nombre
d'observation était de l'ordre de 8 cas pour 1000 km parcouru.
Le braconnage : Plusieurs signes ont
été rencontrés notamment les pièges, les fils en
aciers, les campements actifs ou abandonnés, les trophées
abandonnés, les empreintes et même les braconniers saisis. Il faut
signaler que toutes les autres activités concourent au braconnage, car
l'éleveur ou l'orpailleur peut avoir recourt aux animaux sauvages pour
son alimentation. Le braconnage se présente comme l'une des
activités les plus importantes avec un taux de rencontre de 14 signes
pour 100 km de distance parcourue. Les figures 7 et 8 représentent les
pièges, fusils et la viande boucanée saisis des mains des
braconniers. Ces objets de chasse témoignent une forte pression du
braconnage dans la zone.
Figure 7 : Armes locales utilisés par les
braconniers
Figure 8 : Viande boucanée saisie des mains des
braconniers
La coupe de bois : Les besoins en bois d'une
population accrue (bois de chauffage ou de construction) accentuent les effets
de destruction de la savane. La coupe de bois se pratique plus dans les zones
proches des villages et dans les zones de culture. Au fur et à mesure
qu'on s'éloigne les signes de coupe deviennent rares. On rencontre des
souches d'arbres abattus. Les espèces abattues sont du bois de bonne
qualité utilisé pour les constructions. La valeur d'IKA pour
cette activité est de 1 coupe de bois pour 100 km de transect
parcouru.
Action pastorale : La zone est recouverte
d'une végétation luxuriante qui constitue un fourrage abondant et
de qualité. A partir du couloir de transhumance qui n'est pas loin de la
route nationale, les éleveurs nomades y accèdent. Lors du
parcours des transects plusieurs signes ont été observés
dans la zone : les arbres émondés et des troupeaux de
bétail rencontrés dans la réserve (figure 9). Le
piétinement intense des cheptels rend le sol compact et empêche la
régénération. Cette situation a évidemment des
conséquences sur la faune qui doit subir les perturbations
perpétrées par le bétail et les humains. La pression
pastorale présente un IKA assez élevé de l'ordre de
0,18.
Figure 9: pacage du bétail dans les aires
protégées
Les feux de brousse : Les feux de brousse
sont un phénomène des savanes de toute la région du nord.
En général les feux de brousses sont allumés par l'homme
(éleveur, chasseur) pour les raisons suivantes : le nettoyage des tapis
herbacés pour faciliter l'accès aux jeunes repousses,
l'amélioration des pâturages par l'élimination des
arbustes, l'ouverture de la végétation pour la chasse et
l'utilisation du feu pour chasser. Les effets des feux sont énormes via
la perte du fourrage tandis que la faune est directement brulée. Nous
pouvons signaler qu'il y a trois types de feu de brousse : le feu
précoce, le feu de pleine saison et le feu tardif. Le plus destructif
est le feu tardif qui peut parcourir des dizaines de kilomètre et parait
être le plus utilisé par les détracteurs (figure 10).
Figure 10: Feu de brousse tardif dans la zone
Tableau VIII : Taux de rencontre des différentes
activités humaines dans la zone
Type de pression
|
IKA
|
Braconnage
|
0.140
|
Activités pastorale
|
0.180
|
Champs de culture
|
0.025
|
Coupe de bois
|
0.010
|
Extraction du miel
|
0.002
|
Orpaillage
|
0.008
|
La pression pastorale et la pression de braconnage sont les
plus intenses dans la zone de brousse. L'activité agricole est peu
représentée dans les zones éloignées des villages.
En générale, les champs sont regroupés pour faciliter la
surveillance pendant la période de maturité agricole,
période pendant laquelle les primates détruisent les cultures.
Pour les activités de coupe de bois, d'extraction du miel et
d'orpaillage, leur densité est faible mais contribue à la
perturbation de l'habitat faunique.
La carte établie par le WWF (figure 12) montre une
extension importante des pressions anthropiques. De nombreuses traces
d'activités illégales sont signalées et ont
été regroupées en zones :
Une zone à forte pression anthropique au Sud-Est de la
ZIC 5 et au Centre de la ZIC 1, le long de la route nationale reliant
Ngaoundéré à Garoua. C'est la zone de concentration des
champs de culture et des activités pastorales. L'agriculture est
l'activité la plus importante dans cette zone. Des nouvelles habitations
sont installées. Ce sont des migrants venant de l'extrême nord,
ils se regroupent en quartiers séparés des autochtones. D'autre
part, la pénétration des ZICs par les cheptels domestiques
est également notée. Elle se fait à partir
du couloir de transhumance. Les pasteurs profitent pour séjourner
quelques jours dans les ZICs. Aucun campement d'éleveurs n'a
été observé dans la zone. Une zone à pression
moyenne située sur la partie Nord- Ouest de la ZIC 5 et la partie Est de
la ZIC1. Ce sont les traces des braconniers qui sont les plus notées.
Deux campements ont été observés. Autour de ces campements
très peu d'observations d'animaux ont été faites. Ce sont
les braconniers venus des villages Gamba et Sakjé qui y
sévissent. Ils profitent de l'éloignement par rapport à la
route nationale pour s'installer.
Une grande partie de la ZIC 5 ne subit presque pas de pression
humaine, il s'agit du Sud- Ouest et Ouest en limite avec la zone de chasse
communautaire Doupa et les ZIC 16 et 18. Dans ces zones, le réseau de
pistes est dense et facilite les actions de surveillance menées par les
gestionnaires.
5.3.2. Corrélation entre activité humaine et
observation de la faune
Il existe une corrélation négative (coefficient
de corrélation = -0,46, P < 0.05) entre l'IKA de la faune et l'IKA
des activités humaines (figure 11), montrant un impact négatif
des activités humaines sur la faune. On note une très faible
densité des animaux proche des villages, les espèces qui y vont
sont des primates qui se ravitaillent dans les champs de cultures. Au fur et
à mesure qu'on s'éloigne des villages, les activités
humaines se font plus rares et les observations de la faune de plus en plus
importantes. Autour des camps de braconniers et dans les zones de forte
fréquentation du bétail, les observations de la faune sont
également rares.
0 0.2 0.4 0.6 0.8 1
IKA Faune
0.8
0.4
1.2
0
2.4
2
1.6
IKA activités humaines
Figure 11 : Corrélation entre l'IKA de la faune et
l'IKA des activités humaines
Figure 12: carte de la pression anthropique dans la zone
(source WWF)
5.3.3. La richesse du potentiel faunique
Les résultats des transects indiquent la
présence de six ordres du règne animal : les primates, les
artiodactyles, les lagomorphes, les proboscidiens, les tubulidentés et
les carnivores. L'ordre des artiodactyles est le plus représenté
avec trois familles et quinze espèces, suivi des carnivores avec trois
familles et quatre espèces, et les primates avec deux familles et quatre
espèces. Les lagomorphes, les tubulidentés et les proboscidiens
sont représentés respectivement par une famille et une
espèce. Au total, vingt six (26) espèces de grands et moyens
mammifères ont été recensés dans la zone (tableau
IX). Les observations directes ont porté sur 23 espèces tandis
que les 3 autres espèces étaient observées
indirectement.
Tableau IX : Diversité des espèces animales
observées dans les ZICs
Groupe taxonomique (ordre)
|
Famille
|
Nom scientifique
|
Nom français
|
Nom dourou
|
Statut au Cameroun
|
Primates
|
Colobidae
|
Colobus guereza
|
Colobe guéréza
|
M'bangné
|
A
|
Cercopithecida e
|
Papio anubis
|
Babouin doguera
|
Ndoro
|
C
|
Erythrocebus rufilatus
|
Patas
|
Wandou wadérou
|
C
|
Cercopithecus aethiops
|
Singe vert
|
Banguil laendé
|
C
|
Artiodactyles
|
Bovidae
|
Sincerus cafer
|
Buffle
|
Lohindou
|
B
|
Tragelaphus scripus
|
Guib-hanarché
|
Djama thirga
|
B
|
Potamochoerus larvatus
|
Potamochère
|
|
B
|
Taurotragus derbianus
|
Elan de derby
|
Yamoussa
|
B
|
Kobus ellipsyprimmus
|
Cobe de fassa
|
Doumsa
|
B
|
Cephalophus grimmia
|
Céphalophe de grimm
|
Am fourdé
|
C
|
Kobus kob kob
|
Cobe de buffon
|
M'bada
|
B
|
Ourebia ourebi
|
Ourebi
|
djabaré
|
C
|
Cephalophe rufilatus
|
Céphalophe à flanc roux
|
M'bewa laindé
|
C
|
Acephalophus buselaphus major
|
Bubale
|
lohindou
|
B
|
Redunca redunca
|
Redunca
|
Padala
|
B
|
Hippotragus equinus
|
Hippotrague
|
koba
|
B
|
Damaliscus lunatus
|
Damalisque
|
|
A
|
Giraffidae
|
Giraffa camelopardalis
|
Girafe
|
Tiréaoua
|
A
|
Suidae
|
Phacocherus africanus
|
Phacochère
|
Ndag
|
B
|
Lagomorphes
|
Lepriodae
|
Lepus crawshayi
|
Lapin d'Afrique
|
M'bodjou
|
C
|
Carnivores
|
Canidae
|
Canis aureus
|
Chacal commun
|
|
C
|
Felidae
|
Panthera leo
|
Lion
|
Keusi
|
A
|
Panthera pardus
|
Panthère
|
zack
|
A
|
Hyenidae
|
Crocuta crocuta
|
Hyène tachetée
|
|
B
|
Tubulidentés
|
Orycteropidae
|
Orycteropus afer
|
Oryctérope
|
|
A
|
Proboscidiens
|
Elephantidae
|
Loxodonta africana africana
|
Eléphant
|
Gnioua
|
A & B
|
Au Cameroun, la classe A regroupe les espèces rares ou
en voie de disparition qui bénéficient d'une protection
intégrale, la classe B regroupe les espèces à protection
partielle et la classe C comprend les espèces autres que celles de la
classe A et B, mais qui bénéficient d'une protection
partielle.
(Source WWF)
Il ressort de la figure 13 que l'ordre des artiodactyles est
le plus représenté dans la zone avec 58 cas sur 100
observés. Il est suivi des carnivores et des primates avec chacun 15%.
Les lagomorphes, les proboscidiens et les tubulidentés sont
également représentés avec chacun 4%.
lagomorphe 4%
carnivores 15%
proboscidiens 4%
arthiodactyles 58%
primates 15%
tubulidentés 4%
Figure 13: Répartition des groupes
taxonomiques observés dans la zone
5.3.4. Densités et effectifs des populations
animales
L'estimation de la densité et de l'effectif a
été possible pour neuf espèces suffisamment
observées (Tableau X) : cinq espèces de la classe B et quatre
espèces de la classe C. Le cobe de buffon et le babouin sont les
espèces les plus abondantes avec des densités de 17,5 et 8,7
individus au km2 respectivement. Pour une population estimée
à 16045 et 14042 individus dans les ZICs, le bubale, l'ourébi et
le phacochère sont également abondants avec une densité
comprise entre 1 et 2 individus au km2.
Nous avons observé, lors des inventaires, sept
espèces de la classe A, qui représentaient un faible nombre
d'observations (ex. : le colobe guereza avec une densité de 0,3
ind/km2 pour une population estimée à 120 individus,
la girafe avec une densité de 0,04 ind/km2 pour une
population estimée à 38 individus). En outre, les espèces
de la classe B les plus observées sont de moyenne taille. Les
observations portées sur les espèces de grande taille telle que
l'élan de derby, le buffle ou le cobe de fassa sont faibles
(densité de 1,33 ; 0,3 et 0,6 ind/km2 et une population
estimée à 530, 466 et 148 individus respectivement).
En dehors des espèces observées directement
pendant les transects, d'autres ont été observées
indirectement à partir des traces (crottes, empreintes, cri etc.) sur
les transects. Il s'agit de l'hyène tacheté et
l'éléphant dont leur densité n'a pas été
calculée.
Tableau X: Densité (D), populations
estimées (PE) et intervalles de confiance à 95% des
espèces suffisamment observées
Espèce
|
|
|
Coefficient de variation (%)
|
Degré de liberté (df)
|
Intervalle de confiance à 95 %
|
|
D
|
17.5
|
31.13
|
167
|
10.5 - 29.11
|
Cobe de buffon
|
|
|
|
|
|
|
PE
|
16045
|
31.13
|
167
|
12885 - 28580
|
|
D
|
2.64
|
43.73
|
39
|
1.13 - 6.17
|
Bubale
|
|
|
|
|
|
|
PE
|
4236
|
43.73
|
39
|
1818 - 9874
|
|
D
|
0.26
|
36.77
|
70
|
0.12 - 0.53
|
Guib harnaché
|
|
|
|
|
|
|
PE
|
422
|
36.77
|
70
|
208 - 859
|
|
D
|
0.36
|
44.43
|
61
|
0.15 - 0.84
|
Redunca
|
|
|
|
|
|
|
PE
|
581
|
44.43
|
61
|
248 - 1356
|
|
D
|
1.12
|
30.75
|
91
|
0.61 - 2.0
|
Ourébi
|
PE
|
1793
|
30.75
|
91
|
987 - 3258
|
Céphalophe de grimm
|
D
|
0.51
|
31.93
|
74
|
0.27 - 0.96
|
|
PE
|
831
|
31.93
|
74
|
446 - 1546
|
Céphalophe à flanc
|
D
|
0.43
|
34.25
|
76
|
0.22 - 0.84
|
roux
|
PE
|
695
|
34.25
|
76
|
358 - 1348
|
|
D
|
1.47
|
34.26
|
81
|
0.76 - 2.86
|
Phacochère
|
|
|
|
|
|
|
PE
|
2362
|
34.26
|
81
|
1217 - 4583
|
|
D
|
8.77
|
46.38
|
34
|
3.57 - 21.52
|
Babouin
|
|
|
|
|
|
|
PE
|
14042
|
46.38
|
34
|
5726 - 34434
|
5.4. Résultats des affûts
Les informations sur la taille des effectifs de chaque
espèce présente dans la zone ont été
récoltées à partir des points d'affûts. Le groupe
taxonomique le plus abondant de toutes les observations est celuides
primates. Ce groupe est principalement constitué des babouins avec 828
individus observés, les
singes verts (365 individus), les patas (126 individus), et
les colobes guéreza (8 individus) soit 1327 individus sur un total de
1606 observés dans les différents points. Malgré leur
faible densité, nous avons pu observer plusieurs artiodactyles : les
hippotragues (3), les Bubales (4), les cobs de fassa (2), les cobs de buffon
(64). L'ensemble des observations est consigné dans le tableau XI
Tableau XI: Observation de la faune dans chaque point
d'affûts
|
Les points d'affuts
|
Espèces
|
1
|
2
|
3
|
4
|
5
|
6
|
7
|
total
|
%
|
Babouin
|
53
|
270
|
235
|
47
|
29
|
126
|
68
|
828
|
51,56
|
Singe vert
|
31
|
105
|
59
|
11
|
30
|
31
|
98
|
365
|
22,73
|
Colobe guéreza
|
0
|
0
|
8
|
0
|
0
|
0
|
0
|
8
|
0,50
|
Patas
|
3
|
0
|
47
|
3
|
1
|
70
|
2
|
126
|
7,85
|
Bubale
|
4
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4
|
0,25
|
Céphalophe à flancs roux
|
3
|
2
|
4
|
3
|
2
|
7
|
3
|
24
|
1,49
|
Céphalophe de grimm
|
2
|
8
|
7
|
0
|
0
|
6
|
5
|
28
|
1,74
|
Cobe de buffon
|
4
|
22
|
18
|
2
|
1
|
12
|
13
|
72
|
4,48
|
Cobe de fassa
|
0
|
0
|
2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
0,12
|
Cobe des roseaux
|
0
|
0
|
4
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4
|
0,25
|
Guib harnaché
|
2
|
1
|
9
|
0
|
0
|
9
|
1
|
22
|
1,37
|
Hippotrague
|
3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
0,19
|
Ourébi
|
2
|
0
|
9
|
0
|
2
|
8
|
0
|
21
|
1,31
|
Phacochère
|
3
|
10
|
17
|
0
|
0
|
0
|
0
|
30
|
1,87
|
Porc-épic
|
0
|
3
|
4
|
0
|
0
|
0
|
0
|
7
|
0,44
|
Ecureuil fouisseur
|
0
|
0
|
1
|
2
|
1
|
0
|
0
|
4
|
0,25
|
Lapin d'Afrique
|
1
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
0,12
|
Genette vulgaire
|
0
|
0
|
2
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
0,12
|
Chacal commun
|
0
|
2
|
12
|
0
|
0
|
0
|
0
|
14
|
0,87
|
Civette
|
6
|
0
|
4
|
0
|
10
|
10
|
10
|
40
|
2,49
|
Total
|
117
|
423
|
443
|
68
|
76
|
229
|
200
|
1606
|
100 %
|
En prenant en compte les différentes classes de protection
au Cameroun, ces espèces ont été classées en trois
grandes classes (figure 14):
La classe A (regroupe les espèces intégralement
protégées)
La classe B (regroupe les espèces partiellement
protégées)
La classe C (regroupe les espèces qui n'appartiennent ni
à la classe A, ni à la classe B, mais leur chasse est
réglementée).
5.4.1. Les espèces de la classe A
Ce sont les espèces rares, menacées ou en voies
de disparition dans leur aire de répartition au Cameroun. On trouve
dans cette classe le colobe guéréza, le lion, le
rhinocéros noir, la panthère,
l'oryctérope, la girafe, l'éléphant et le
damalisque. Ce sont les espèces caractéristiques de la zone qui
font l'objet d'un intérêt ludique particulier. Ces espèces
profitent d'une protection intégrale et leur chasse est assujettie
à un permis spécial au Cameroun. Sur les huit espèces
susceptibles d'exister dans la zone, une seule (colobe guéréza) a
été observée pendant les affûts. Son observation
était sur un seul point des sept affûts suivis. Dans l'ensemble,
les espèces de la classe A représente le plus bas effectif
d'observation avec 5%. Il faut retenir que certaines espèces de la
classe A telle que les carnivores sont à moeurs nocturne, ce qui
justifie leur faible taux de rencontre. Par contre d'autres sont victimes de la
pression du braconnage et de la destruction de leur habitat.
5.4.2. Les espèces de la classe B
Ce sont les espèces partiellement
protégées, faisant l'objet d'un intérêt particulier
dans la chasse sportive. Il s'agit de l'élan de derby, le buffle, le
cobe de buffon, le cobe de fassa, l'éléphant dont le
trophée pèse plus de 5 kg et le bubale. Au cours du suivi,
quelques espèces de la classe B ont été observées.
Les espèces les plus fréquentes sont : le cobe de buffon (4,48%)
et le phacochère (1,87%). Il est a noté que l'élan de
derby et le buffle, qui sont très sollicitées par les chasseurs,
se font rares et aucune observation n'a été faite pendant la
collecte des données, d'autre part, ces espèces sont très
recherchées par les braconniers qui disent faire beaucoup de paquets de
viande avec un seul gibier abattu contrairement à un petit gibier de la
classe C.
5.4.3. Les espèces de la classe C
Ce sont les espèces communément appelée
vulgaire mais qui profitent également d'une protection partielle. Il
s'agit du babouin, du singe vert, du singe patas, de l'ourébi, du
céphalophe à flanc roux et du céphalophe de Grimm. Ces
espèces sont d'un intérêt secondaire pour les chasseurs et
sont très peu sollicitées par la chasse sportive. Cette classe
est fortement représentée avec un taux d'observation de 63%. On
note l'observation accrue des babouins qui représente à eux seul
51,56% des observations, suivi des singes verts (22,73%) et des patas (7,85%).
Ces trois espèces fortement représentées appartiennent
à l'ordre des primates. L'une des raisons de leur
prospérité vient du fait que la région est
cohabitée par les musulmans qui dans leur culture ne consomment pas la
viande des primates. En outre ces espèces sont relativement
résistantes aux modifications du milieu. Quelques espèces de
l'ordre des artiodactyles appartenant à la classe C ont
été également observées. Les plus fréquentes
sont : le céphalophe de grimm et le céphalophe à flanc
roux, respectivement 1,74% et 1,49%.
D'une manière générale, les
espèces de la classe A sont menacées dans la région, suivi
des espèces de la classe B et plus particulièrement les
espèces de grande taille. L'effectif assez abondant est constitué
des espèces de la classe C en général et des primates en
particulier.
classe A 5%
clace C 63%
classe B 32%
Figure 14: Répartition des observations en
fonction des classes de protection
La figure 15 représente l'évolution des
observations animales obtenues dans les points d'affûts de 2000 à
2008. La courbe montre que le nombre le plus élevé des
décomptes a été observé en 2000. Depuis lors, ce
chiffre a diminué progressivement pour atteindre l'effectif le plus bas
en 2005. A partir de 2005, ce chiffre a évolué en dents de scies,
mais n'a jamais pu retrouver le niveau maximum.
2000 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008
effect ifs
3500
3000
2500
2000
1500
1000
500
0
années
Figure 15: Evolution de l'effectif des individus
observés dans la zone entre 2000 et 2008
VI. DISCUSSION
6.1. Action agricole
Dans la zone, de nouveaux champs sont créés
chaque année aussi bien par les migrants que par les populations
autochtones. Les techniques de mise en valeur de ces nouvelles terres semblent
être à l'origine de la disparition du couvert
végétal. La mécanisation agricole exige la coupe de bois
à blanc et toc pour faciliter le passage de la charrue.
Au niveau de la zone et en dehors du parc national, les
défrichements agricoles ont progressé avec 56,44 ha de nouvelles
friches par an. C'est ainsi que 2 661,40 ha auraient été
convertis en complexes champs/jachères/habitations durant ces
dernières années (Tagueguim, 1999).
Un autre aspect remarquable est l'utilisation des feux pour
nettoyer les parcelles. Cette pratique, à la longue, ne permet plus la
régénération des ligneux et doit être par
conséquent à l'origine de la disparition de certaines
espèces ligneuses (Bossou, 1997).
Concernant la culture d'igname, l'aspect le plus visible est
l'utilisation des jeunes brins (4 à 5 cm de diamètre) dans les
parcelles comme tuteurs. Le rythme intensif de coupe (3132 tuteurs tous les
deux ans pour un hectare) peut entraîner une chute brutale de la
capacité de la production des jeunes tiges dans les villages et la
rareté des espèces les plus appréciées dans les
jachères (Kaire, 1996).
D'autre part, la demande des nouveaux champs est très
importante et peut être expliquée par le faible revenu issu de la
chasse qui n'est pas suffisant pour décourager la progression des
surfaces agricoles. La convoitise des populations riveraines sur les terres des
ZICs risque de constituer un facteur de précarité pour l'avenir
des ZICs si des solutions alternatives ne sont pas rapidement mises en place.
Ces observations ont été faites dans plusieurs zones de chasse
(SOFRECO, 2003).
Les villages environnants des ZICs représentent des
zones d'accueil par excellence pour les migrants. Cette immigration a pour
motivation principale la recherche de nouvelles terres agricoles et plus
particulièrement pour la culture du coton et du maïs. En Afrique,
les fronts cotonniers recoupent la majorité des ZICs (UICN, 2009)
6.2. Action de coupe de bois
L'aspect qui attire plus l'attention est l'absence des arbres
à gros diamètres dans les parcelles les plus proches des
villages. Par conséquent, la structure des peuplements ligneux dans la
zone est caractérisée par l'abondance des jeunes tiges, les
grosses tiges étant systématiquement coupées. Les
mêmes observations ont été faites par Kaire (1996) au
Sénégal où les zones proches des villages portent des
arbres de petites tiges. La coupe de bois serait à l'origine de la
rareté de certaines espèces végétales dans les
villages.
Dans la zone, trois facteurs sont à l'origine de la
coupe du bois ; le défrichement cultural, la recherche du bois de
service et l'émondage pour nourrir le bétail, ce qui constitue
une surexploitation de la ressource (Achard et al, 1996).
L'exploitation du miel dans la zones se fait par la
destruction des arbres, les populations ne fabriquent pas les ruches, ce sont
les arbres qui sont les hôtes des abeilles. Les espèces telles que
: Uapaca togolensis, Parkia biglobosa, Lannea kerstingii font partie
de ces hôtes et sont devenues rares dans les villages. Ce problème
a été rencontré dans la région de Kilum où
les populations riveraines faisaient pression sur les espèces
végétales porteuses du miel (Gartlan, 1987). La coupe de bois
modifie le couvert végétal et par conséquent facilite la
visibilité des animaux par les chasseurs et les
braconniers.et aussi par les
prédateurs.
6.3. Action du pâturage
La pénétration des ZIC par le cheptel domestique
est l'une des principales activités notées. Cette pression
perturbe considérablement une faune ayant déjà subi les
effets d'une recrudescence du braconnage dans un passé récent
selon plusieurs observateurs (Hassan, 1998 ; Bene et al, 2007)
En outre, les espaces sylvo-pastoraux au Nord ne sont pas
soumis à un système de gestion. Les éleveurs sont pour la
plupart des sédentaires ou pratiquent un système
intermédiaire. Il s'en suit une dégradation avec parfois
disparition d'espèces importantes (PNGE, 1995). Les espèces
inventoriées par Yonkeu (1993) et Onana (1995) dans la zone telles que :
Acacia polyacantha, Annona senegalensis, Vitex doniana, Ficus sychomorus,
Afzélia african, Anogeissus leocarpus et Ximenia americana
sont très appréciées par les bovins. Les mêmes
ressources sont appétées par la faune sauvage en
générale et par les bovidés en particulier. Cela suppose
un sur émondage et par conséquent la disparition du couvert
végétal. Dans les zones les plus fréquentées par
les éleveurs, on a noté une fréquence très faible
de la faune sauvage. La cohabitation entre la faune sauvage et domestique
entraine des risques de contamination de la faune par la peste bovine
(Dépierre et Vivien, 1992).
En général, au Nord-Cameroun la pression
pastorale a considérablement diminué les espaces
pâturables. Le rapport publié par PNGE (1995) montre que la
superficie pâturable dans la région s'élevait en 1974
à sept millions d'hectares pour 160 000 têtes de bovins, en 1995
cette superficie était réduite à 3,5 millions d'hectares
et abritait paradoxalement un effectif 8 fois plus important qu'en 1974. Ce
chiffre peut sans doute expliquer l'envahissement des aires
protégées par les éleveurs. Dans leur course à la
recherche de l'herbe fraiche en saison sèche, certains éleveurs
font paître leur troupeau à l'intérieur des parcs pendant
la nuit et campent en journée dans les ZICs (Mahamat, 1991).
L'envahissement parait généralisé dans la
région. Les campements d'éleveurs on été
observés dans d'autres zone lors des inventaires pédestre et
aérien de 2006 et 2008 (Béné, 2006, Tchamba, 2008). Les
éleveurs pratiquent l'émondage, une technique qui consiste
à rabattre les branches hautes d'arbres ayant une bonne valeur
fourragère (par exemple les acacias) pour les mettre à
portée de leur bétail.
Pratiquée trop intensément, cela peut tuer les
arbres et initier le phénomène de diminution du couvert
végétal. Le passage du bétail ne cause donc pas seulement
un dérangement pour la faune sauvage, mais aussi une dégradation
de son espace (UICN, 2009).
Il semble que les éleveurs sont les grands utilisateurs
des feux pour favoriser les jeunes pousses appréciées par leur
bétail. Ainsi, l'abattage des arbres et l'usage du feu peuvent favoriser
la création de nouvelles zones agricoles.
6.4. Action du braconnage
Les populations ont été très
méfiantes lors des enquêtes sur la question concernant la chasse.
Cette méfiance est due au fait qu'elles sont souvent menacées et
taxées de braconniers. Cependant, les signes de braconnage et les
résultats antérieurs confirment que le braconnage a pris de
l'ampleur dans la zone, qu'il soit d'origine interne (en complément de
revenus pour des pisteurs et des employés insuffisamment payés
par les ZICs) ou d'origine externe (braconniers d'origine diverse au service de
marchands de gibier qui approvisionnent le marché à
Ngaoundéré, Garoua et même Yaoundé) (Hassan,
1998).
D'après plusieurs auteurs (Hassan, 1998, DRFFN, 2008)
cette activité illégale s'effectue avec des moyens disparates :
pièges divers, armes de traite ou de fabrication artisanale, fusils
modernes de chasse, armes de guerre, empoisonnement des points d'eau à
l'aide des produits chimiques très toxiques (soit des intrants agricoles
tels les pesticides et herbicides, soit insecticides à large spectre et
à grande rémanence) soit même des plantes
vénéneuses.
6.5. Impact sur la faune
En référence aux travaux antérieurs dans
la zone d'étude, la tendance des densités est en
général à la décroissance pour la plupart des
espèces, à l'exception des primates et de quelques petites
antilopes de moindre importance pour la chasse sportive. Il est toujours
démontré que la pression de chasse sportive (dans les ZICs) et du
braconnage (Hassan, 1998) constituent toujours un danger pour la conservation
des ZICs.
L'état actuel de la diversité spécifique
est globalement peu stable sur l'ensemble des ZICs. Par contre, les
données de recensement présentant l'évolution des
effectifs publiées par Donfack et al (2004) et Bene et
al (2006) signalent respectivement 35 et 29 espèces tandis que
notre étude n'en recense plus que 26. Il est important de noter que le
dénombrement n'a pas été fait dans les mêmes
conditions par rapport aux travaux antérieurs, ce qui pourrait
influencer les données sur les effectifs. A partir des résultats
obtenus, il est légitime de formuler des inquiétudes à
l'égard de la grande faune des ZICs.
Ce sont les grands mammifères qui sont les plus en
danger, parce qu'ils sont les premiers visés par la chasse sportive pour
leur trophées et par les braconniers pour la quantité de viande
produite. Ils subissent une réduction continue de leurs effectifs depuis
de nombreuses années. Ainsi, beaucoup se
trouvent aujourd'hui dans une situation très
précaire (élan de derby, girafe, damalisque) qui en l'absence de
revirements, risque fort de les mener progressivement vers l'extinction.
Nombreux sont ceux qui ne subsistent plus que dans les Parcs
et leur nombre est très réduit dans les ZICs ; c'est le cas par
exemple du lion, de la panthère et de la girafe. D'après
l'étude menée par Donfack et al (2004) le rhinocéros
aurait disparu de la région. Ainsi, selon Djimadoum (1998), les aires
protégées deviennent, toutes proportions gardées, de
véritables îlots de conservation de la faune dans un océan
de dégradation des ressources naturelles.
La petite faune et les primates (porc épic, babouin,
patas, singe vert), par contre, résistent relativement bien à
l'emprise humaine et à la dégradation des habitats. Certaines
espèces peuvent même proliférer dans les terroirs
agricoles, trouvant dans les champs et les jachères un habitat favorable
dans lequel ils peuvent prospérer. Ces espèces sont moins
chassées par les chasseurs sportifs qui ne trouvent aucun
intérêt sur ces derniers, par les braconniers qui visent les
animaux pouvant leur fournir plusieurs centaines de kilogrammes de viande et
par la communauté musulmane qui ne consomme pas la viande des
primates.
Selon les travaux de Tagueguim (1999), nous pouvons dire que
la pression anthropique a augmenté dans la zone car les populations vont
plus loin des villages pour se ravitailler en bois de bonne qualité et
pour rencontrer certaines espèces animales qui ont disparu dans les
zones proches des villages. Cela montre que la population de certaines
espèces a diminué à cause de la fragmentation de leur
habitat et de la surexploitation. De plus, la population locale a beaucoup
augmenté à cause de l'immigration de l'extrême nord vers le
nord à la recherche des terres fertiles. Au fur et à mesure que
la population augmente, la pression sur les ressources devient de plus en plus
importante. Enfin, le front cotonnier a provoqué de nombreux changements
dans la zone, dont l'accès facile dans les villages, favorisant le
transport du gibier et du bois de chauffage vers les marchés
extérieurs.
Le système de gestion serait un facteur non
négligeable qui amène les populations à faires pression
sur les ZIC.
D'après les études menées par Tsakem
(2008), la cogestion n'a pas d'effet positif sur la gestion de la faune. Il
ressort de ces études que les populations de la ZIC 1, dite de
cogestion, partagent seulement les taxes de location qui représentent
moins de 10% des recettes, les autres taxes étant versées dans le
trésor public. Dans la pratique, les deux parties ne gèrent pas
ensemble les safaris.
Dans la ZIC 5 affermée, les populations
reçoivent 10% des taxes de location de la zone qui
s'élèvent à moins de 1 million de franc de la
communauté française d'Afrique (fcfa) chaque année. Cela
suppose que les populations ne sont pas du tout impliquées dans la
gestion des ressources qui les entourent, ce qui semble les motiver au
défrichement anarchique et au braconnage démentiel.
VII. PERSPECTIVE DE CONSERVATION DE LA FAUNE
7.1. Intégration des
populations riveraines à la gestion de la faune
Le problème de gestion repose sur la faible implication
des populations riveraines et aux conditions de vie de ces derniers. On se rend
compte qu'au fil du temps, la disparition des espèces de la faune
sauvage va croissante. Aujourd'hui on ne parle plus du rhinocéros noir
dans le parc national de la Bénoué et ses ZIC adjacentes. Si rien
n'est fait, ce sera le tour de l'élan de derby, la plus majestueuse de
toutes les antilopes. Cette sauvegarde ne pourrait se faire qu'en donnant la
priorité aux hommes, acteurs incontournables de la conservation de la
biodiversité. Il est important de bien intégrer les populations
dans la gestion de leur écosystème en prenant exemple sur le
système de gestion communautaire de Campfire au Zimbabwé, Admade
en Zambi ou Biozim dans la moyenne vallée du Zambèse
(Vermeulen, 2003).
7.2. Elevage non conventionnel de la faune
Les espèces menacées d'extinction peuvent
être élevées à la Bénoué comme c'est
le cas dans beaucoup de régions du monde (zoo de Washington, Los
Angeles, Afrique du Sud, etc...) (Sabot, 2001). Le
rhinocéros aujourd'hui disparu peut être réintroduit dans
une ZIC de l'UTO Bénoué mieux contrôlée afin de
favoriser sa production. Les enjeux multiples pour une telle espèce sont
des raisons pour son élevage.
7.2.1. Le Game Ranching
Par définition, le game ranching est un élevage
extensif, en milieu naturel, d'espèce sauvage ou de gibier.
Bien que peu connu du milieu, l'élevage du gibier a
été testé avec succès dans plusieurs régions
du monde. En Afrique du Sud, il représente 50% du marché mondial,
en Namibie avec la loi de 1967 permettant la propriété de la
faune aux propriétaires fonciers, les ranches sont passés de 52
à 411 en 5 ans. En Amérique, 38% de la population ont une
activité corrélée à la faune sauvage (SOFRECO,
2003).
Le processus du projet de Game ranching dans la région
est en cours depuis 2000. L'objectif du game ranching serait d'élever
les espèces phares en voie de disparition dans une des zones de chasse
autour du parc national de la Bénoué. Ceci développera au
mieux le tourisme de vision et générera plus de richesse et de
bien être car il est clair que si la conservation n'est pas soutenue,
c'est parce qu'elle ne génère pas de bénéfices aux
populations riveraines. Il ne peut y avoir de gestion saine de l'environnement
tropical sans épanouissement des êtres humains qui en vivent. Si
nous voulons que
les espèces sauvages, les hippopotames, la girafe et bien
d'autres survivent, assurons d'abord un avenir décent aux
communautés humaines riveraines.
Il est temps que la faune sauvage soit élevée
pour solutionner le problème de disparition des espèces. Les
méthodes de gestion tant vulgarisées et appliquées
n'assurent toujours pas leur perpétuation. L'élevage des animaux
sauvages peut avoir un impact économique important et permettrait de
mieux préserver la biodiversité tout en octroyant des revenus
substantiels aux populations. Le développement des Games Ranching pourra
être une motivation pour maintenir l'écosystème naturel.
Les espèces de
la faune sauvage décroissent progressivement et risquent
d'atteindre un niveau critique d'ici peu, d'oüla nécessité
d'anticipation sur l'alternative d'élevage de nouvelle espèces
sauvages.
7.2.2. Elevage en captivité
Un accent sera mis sur l'élevage en captivité de
certaines espèces menacées notamment, l'élan de derby dans
la périphérie du PNB, dans un objectif de préserver cette
espèce dans la zone. Cet élevage en captivité
nécessite des conditions particulières :
Taille des abris et des enclos : Une boxe mesurant 6,5
m2 est suffisant pour l'élan, mais dans les régions
nécessitant de longue période d'hébergement, les logements
intérieurs devront mesurer au moins 14 m2 pour une seule
antilope et il faudra ajouter 7,4 m2 pour chaque animal
supplémentaire. Quant aux enclos extérieurs, leur surface sera au
minimum de 30 m2 par élan (Smith et al, 1997).
Les clôtures doivent être relativement hautes car les
élans peuvent passer par-dessus des obstacles allant jusqu'à 2 m
de haut.
Composition des troupeaux : En général, les
antilopes peuvent être élevées en groupe composé
d'un mâle adulte, de plusieurs femelles adultes et de jeunes. Les
mâles peuvent ainsi être laissés avec les femelles et les
jeunes tout au long de l'année. Si l'on souhaite établir une
saison de reproduction, alors il faudra toujours séparer dans les boxes
les mâles des femelles, car les mâles peuvent blesser les femelles
lorsque les animaux sont confinés dans un espace réduit.
Alimentation de l'élan en captivité : Le guide
d'élevage des antilopes (Smith et al, 1997) recommande un régime
alimentaire composé d'herbe, de foin, et d'un aliment industriel pour
herbivores. En pratique, à ce régime alimentaire de base sont
souvent ajoutés des fruits et légumes (pommes, carottes) et
parfois des branches et des feuilles d'arbres. Certains aliments pourront
être substitués en tourteau selon la disponibilité (exemple
au Cameroun on a le tourteau de coton, de palmiste).
Tableau XII: un exemple de ration journalière d'un
élan de derby
|
Mâle
|
Femelle
|
Concentré pour herbivore
|
2 kg
|
1 kg
|
Granulé de luzerne déshydraté
|
0,7 kg
|
0,5 kg
|
Farine d'avoine
|
0,5 kg
|
0,4 kg
|
Foin (pâturage)
|
Oui
|
Oui
|
Fruits et légumes
|
4 kg
|
2,5 kg
|
Branches d'arbres
|
Oui
|
Oui
|
Complément minéral et vitaminé
|
oui
|
oui
|
(Source : Sabot, 2001)
Reproduction : La réussite de
l'élevage des élans comme de tout autre élevage repose sur
le choix des reproducteurs. Il est conseillé pour le démarrage de
capturer les petits élans et de les nourrir sur place au biberon.
L'opération consiste à capturer dans la zone quelques petits
élans de derby et les amener dans les enclos. Après 24 mois on
peut déjà les croiser, la durée de gestation est de 9 mois
pour une portée de 1 petit rarement 2. En captivité il est
possible qu'elle mette bas chaque année.
7.3. Développement des alternatives à la coupe
de bois
7.3.1. Fabrication et vulgarisation des foyers
améliorés
Les besoins croissants en bois de chauffage peuvent être
solutionnés par l'utilisation des foyers améliorés. Pour
ce faire, il faut fabriquer et vulgariser le foyer amélioré dans
les villages riverains des ZICs. Le but est d'amener les populations à
substituer le bois de feu par les foyers améliorés.
D'après les études menées dans la zone, plus de 90% de la
population utilise le bois comme combustible. Les populations ont besoin du
bois, qu'elle coupe de façon anarchique et par conséquent
perturbe la faune dans son milieu naturel. Un projet initié à
cette fin serait sans doute une solution pour freiner les populations
riveraines dans l'exploitation du bois.
7.3.2 Création des bosquets villageois
Les besoins en bois vont croissant dans la région. La
seule source de ravitaillement reste la végétation naturelle.
L'action du reboisement n'est pas encouragée et les populations se
contentent de la flore des ZIC et du parc pour satisfaire leurs besoins. Si un
arbre coupé correspondait à un arbre planté, la
végétation ne disparaitrait pas au rythme actuel. Il est grand
temps de penser à remplacer les arbres coupés. Pour chaque
village, créer un bosquet commun. L'objectif serait d'amener les
populations à reboiser et par conséquent limiter l'avancée
de la coupe du bois dans les aires protégées.
VIII. CONCLUSIONS ET RECOMMANDATIONS
8.1. Conclusions
Les ZICs 1 et 5 jadis considérées comme aire
protégées subissent de nos jours une forte pression humaine. Les
riverains dépendent entièrement des ressources issues de ces
zones : le bois de chauffage, le bois de service, les produits de la
pharmacopée traditionnelle. Le front agricole avance au détriment
de la réserve et les techniques utilisées ne favorisent pas la
régénération du couvert végétal. Trois
principales zones d'attraction sont repérées sur le terrain : la
zone d'habitation, la zone de culture et la zone de brousse. A chaque zone
correspond un type d'activité, les principales étant le
pastoralisme, les défrichements culturaux et le braconnage. Ces
activités ont une conséquence négative sur la faune.
D'après les résultats des études
précédentes, on dénombrait 39 espèces de grands,
moyens et petits mammifères dans la zone ou 35 espèces de grand
et moyens mammifères, nos études en comptent 26 espèces de
grands et moyens mammifères. Les effectifs de quelques espèces
(babouin, patas, cobe de buffon) évoluent positivement tandis que
d'autres ont une tendance décroissante. Les espèces de la classe
A sont les plus visées par le braconnage et leur effectif décroit
de façon alarmante. Les espèces de la classe B subsistent mais
avec un effectif en dessous de la moyenne.
Il y a donc un besoin urgent d'établir des mesures de
conservation pour les zones d'intérêt cynégétique et
plus particulièrement pour les espèces fauniques menacées
d'extinction. La conservation n'est possible si on intègre effectivement
les populations riveraines à la gestion des ressources qui les
entourent. Il faut également accélérer le processus de
game ranching et initier l'élevage en captivité des
espèces menacées (élan de derby, damalisque), sinon, d'ici
peu on parlera de ces espèces sur le papier comme le cas du
rhinocéros noir qui a disparu il y a quelques années.
8.2. Recommandations
> Déterminer et matérialiser les limites de
chaque village situé dans la ZIC afin de contrôler les fronts de
défrichement;
> Initier les projets de reboisement axés sur la
création des bosquets villageois dans chaque village situé dans
la ZIC, ou créer des forêts de particuliers. Cette initiative
pourra les amener à créer et gérer les forêts
artificielles et par conséquent freiner la pression sur les ZICs.
> Organiser régulièrement des campagnes de
sensibilisation dans les villages riverains afin de susciter la conscience des
populations sur l'intérêt de conserver la biodiversité, et
auprès des éleveurs bororos en période de transhumance
;
> Intégrer effectivement les populations dans la
gestion des ressources en leur affectant un pourcentage de revenu raisonnable
pour l'aménagement de leurs structures sociales d'encadrement
(école, centre de santé, électrification rurale) ;
> Accélérer le processus de la
réalisation d'un projet pilote pour la création d'un « Ranch
à gibier » comme celui développé à Nazinga au
Burkina Faso et mettre l'accent sur l'élevage en captivité de
l'élan de derby qui est menacée d'extinction.
> Mener une étude sur les grandes antilopes en
général et sur l'élan de derby en particulier qui
jusqu'à nos jours n'a pas encore fait l'objet d'une étude
spécifique dans la zone.
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périphérique. Rapport WWF, 39 p.
ANNEXE
Annexe 1 : Guide d'entretien pour les
ménages
GUIDE D'ENTRETIEN MENAGE
Nom du chef de famille : Date :
N° de la ZIC : Village :
1) Présentation de l'équipe et des objectifs de
l'étude.
2) Quels sont vos occupations : agriculture ? élevage ?
pêche ? coupe de bois ? Agriculture :
· Les techniques de labour
· Système de culture
· Les types de culture
Elevage :
· espèces élevées
· problèmes rencontrés
· zone de pâturage
Coupe de bois :
· zones les plus fréquentées
· les espèces recherchées
· les différentes utilisations, mode de
prélèvement
3) Quels sont les animaux les plus souvent rencontrés
dans la ZIC 1 et 5 ?
4) Quelles sont les espèces rares ? Pourquoi ?
5) La chasse et pêche
Type de chasse et de la pêche, le matériel
utilisé, espèces prélevées
6) Autres activités
Annexe 2 : fiche de suivie des populations animales
Date :
Nom de l'observateur : Zone d'affut :
|
SUIVI DES POPULATIONS ANIMALES DANS LES ZIC : OBSERVATIONS
AUPRES DES AFFUTS
|
|
N°
|
Heure
|
Espèce
|
Effectifs observés
|
Point remarquable atteint
|
Type de végétation
|
Feux
|
Remarques
|
M
|
F
|
J
|
Ind.
|
OUI
|
NON
|
Z B
|
Z N B
|
1
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
2
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
3
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
4
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
5
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
6
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
7
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
8
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
9
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
10
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|