Master I Comptabilité Contrôle
Audit
L'industrie des hedge
funds et ses évolutions
par Harry BOUKRIS
Tuteur de mémoire M Jean Michel Rocchi
Sommaire
Introduction
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3
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Partie I : Les hedge funds et leurs
caractéristiques
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A/ Définition d'un hedge fund
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.4
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B/Principaux investisseurs des hedge funds
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5
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C/Caractéristiques des hedge funds
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6
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D/Principales stratégies : caractéristiques
et performances
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17
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Partie II : Les évolutions de
l'industrie
A/Tendances générales de l'industrie
...32
B/ De nouvelles stratégies et de nouveaux
marchés 38
C/Requêtes de transparence des autorités de
régulation des marchés 46
D/De nouveaux investisseurs : les investisseurs
institutionnels ..51
E/ Les perspectives de croissance de l'industrie d'ici
à 2010 ..57
Conclusion ..59
Bibliographie ..60
Introduction
Considérés par certains comme responsables de la
crise financière actuelle, et par d'autres comme de formidables outils
de gestion alternative, les hedge funds en deviennent fascinants.
Depuis les 5 dernières années, nous avons
assisté à une croissance exponentielle des actifs
gérés par ces véhicules d'investissement. Cette croissance
des actifs est du à la fois aux performances
générés par les fonds mais également à
l'augmentation de la demande des investisseurs.
Tout au long de ce mémoire, j'ai cherché
à analyser les évolutions de l'industrie des hedge
funds. L'analyse de cette tendance passe d'abord par l'analyse de
l'état actuel de l'industrie des hedge funds (Partie I). Je me
suis donc intéressé aux caractéristiques des hedge
funds ainsi qu'aux différentes stratégies qu'ils emploient,
source de leur croissance.
Afin de déterminer quel sera l'avenir des hedge
funds je me suis intéressé aux principaux changements qui
vont affecter les fonds et leur croissance (Partie 2). La réglementation
et la plus grande transparence des fonds, demandés par les
autorités de contrôle des marchés financiers compte tenu du
risque des hedge funds, est un premier élément qui va
affecter à la fois l'offre des fonds mais aussi la demande des
investisseurs. Par ailleurs la demande et l'offre des hedge funds se
modifient progressivement. Les hedge funds proposent de nouvelles
stratégies et les investisseurs changent et augmentent.
Ainsi par l'analyse de cette tendance et par ces facteurs
d'évolution nous pourrons déterminer si la croissance des
actifs sous hedge funds est durable et quelle sera l'avenir des
hedge funds.
I. Les hedge funds et leurs caractéristiques
A. Définition d'un hedge fund
Depuis leur création, un grand nombre d'auteurs ont
tenté de définir précisément le terme de hedge
funds. A l'heure actuelle aucune définition officielle n'existe.
L'autorité de contrôle en matière financière au
Royaume Uni, la FSA (Financial Services Authority) a même renoncé
à élaborer une définition des hedge funds du fait
leur nombreuses différences. Nous définirons les hedge
funds par leurs caractéristiques principales à partir de
définition d'auteur et d'organismes publiques.
En premier lieu, les hedge funds sont un des outils
de la gestion alternative, qui a donc pour objectif une maximisation du
rendement financier par une gestion décorrelée des marchés
financiers visant à offrir au porteur une performance
régulière et absolue quelque soit l'évolution de ces
marchés. Il cherche également une préservation de capital
et aucun retour négatif n'est pas jugé acceptable
Ces fonds se caractérisent par les grandes marges de
manoeuvre dont ils disposent dans leurs politiques d'investissement tels que
l'association de positions longues et à découvert, ou le recours
massif l'effet de levier. Ils utilisent de nombreux supports (actions,
obligations devises, matières premières, valeurs non
cotés, immobilier...) ainsi que des produits dérivés
(options et options exotiques, futures swap ...)
Il s'agit de fonds très peu liquides notamment par les
limitations de rachat et les plafonnements de retrait.
Les hedge funds sont souvent
déréglementés du fait de leur nature ou du lieu de leur
domiciliation ; dans des paradis fiscaux le plus souvent.
Ces fonds ont enfin la particularité de voir leur
gérant co-investirent dans le fond ce qui crée une forme de
partnership entre le gérant et les porteurs de parts et donne lieu
à des frais supplémentaires prenant compte de la performance
réalisée par le gérant (commissions de sur performance)
B. Principaux investisseurs des hedge funds
De part leurs caractéristiques d'investissement, leur
relative opacité et leur faible liquidité, les hedge
funds ne s'adressent pas à n'importe quel type d'investisseurs.
Historiquement les investisseurs types sont des clients privés
très fortunés. Avant le développement rapide de
l'industrie qui débuta dans les années 90, la clientèle
fortunée représentait la grande majorité des
investissements dans les hedge funds. Au fil du temps cependant,
d'autres intervenants ont commencé à s'intéresser à
ces fonds et aujourd'hui la clientèle des hedge funds comprend
également des fonds de pensions, des banques privées, des
fondations et d'autres institutions.
Le graphique ci-dessous nous montre la répartition de
l'industrie américaine des hedge funds. 40% des investisseurs
sont une clientèle privée, les fonds de fonds représentent
12% et le fonds de pension 11%. Les 27% restant se divisent entres des
institutions financières et non financières.
Dans le reste du monde, la situation est différente. Le
marché international des hedge funds n'a pas le me historique
qu'aux Etats Unis. Les investisseurs institutionnels représentent une
part importante de l'ensemble comme on peut le voir dans le graphique
ci-dessous. Apres le fonds de fonds qui représentent 25% des
investisseurs, les banques sont les seconds
investisseurs les plus importants avec 23%. Ces banques
investissent cependant généralement pour le compte de leurs
clients. Les fonds de fonds représentent la majorité des
investisseurs non américains car dans de nombreux pays, les fonds de
fonds sont le seul moyen d'investir dans les hedge funds.
Dans une seconde partie nous nous intéresserons plus
particulièrement aux investisseurs institutionnels dont les actifs
données en gestion représentent une part croissante des actifs
des hedge funds.
C. Les caractéristiques des hedge funds
i. Performance absolue
Les hedge funds ont des objectifs de performance qui
ne sont pas relatives à un indice de référence mais
possèdent des perspectives de rendements absolues, stables en toute
circonstance, indépendantes de la performance des marchés et qui,
souvent, protègent le capital.
Ainsi, l'objectif d'un gérant de hedge funds
est de générer un rendement absolu («absolute return»)
quelque soit la performance du marché et non pas de surperformer un
indice de référence. Comme les performances des hedge
funds sont totalement indépendantes de l'état des
marchés financiers, elles doivent refléter les qualités
propres du gestionnaire du fonds.
Comparatif des rendements cumulés entre 1993 et
2006 Source : Crédit Suisse Tremont Hedge fund
Index
Nous pouvons voir sur la le graphique ci dessus que les
rendements des hedge funds ont progressé de manière
quasi-linéaire quelque soit l'état du S&P 500 ou de l'indice
Dow Jones. Que ce soit dans un marché bullish comme en 2000 lors de la
bulle Internet ou en 2002 lors de l'éclatement de cette bulle, la
croissance de l'indice CS-Tremont des hedge funds a été
stable: l'objectif de rendements décorrélées du
marché se concrétise et se vérifie donc
complètement entre 1993 et 2006.
Le graphique illustre aussi la non-corrélation des
hedge funds et du marché en soulignant l'indépendance
des performances des hedge funds lorsque les marchés affichent
des résultats négatifs: nous remarquons qu'en 2002 et en 2003,
lorsque les marchés ont eu des pertes de près de 50%, l'indice
des hedge funds n'a pas été affecté par les
performances fortement négatifs de ces marchés.
ii. Une politique d'investissement flexible
Les gestionnaires de hedge funds ont une multitude
d'options d'investissement et peuvent adopter des stratégies et des
positions variées et flexibles. Dans leur quête de rendement, ces
gérants ont donc la possibilité de profiter d'une large gamme
d'instruments et de techniques financières qui ne sont pas permis aux
fonds traditionnels.
Les hedge funds ne sont donc pas contraints de
détenir des titres (actions, obligations) constituant l'indice de
référence comme c'est le cas dans la gestion traditionnelle mais
peuvent adopter des stratégies alternatives présentant un niveau
de risque plus élevé telles que:
- La vente à découvert
- « L'active trading »
- L'arbitrage : l'exploitation des inefficacités dans
l'établissement des prix entre des titres apparentés.
- Utilisation de produits structurés
- Utilisation de fort levier d'endettement
- Investissement dans des titres sous-évalués qui
ont perdu la cote ou sont méconnus
Ainsi, afin de bénéficier de la
flexibilité des hedge funds, CalPERS, (California Public
Employees' Retirement System) le plus grand fonds de pension aux Etats-Unis a,
pour son fonds obligataire de $ 6,7 milliards, abandonné la gestion
traditionnelle qui investit à long terme dans des obligations, pour
s'orienter vers de nouvelles stratégies alternatives comme la
stratégie 130/30 dans laquelle le tiers de la valeur du fonds est vendu
à découvert et le levier financier est de 1/3.
Revenons sur trois caractéristiques principales des
hedge funds que sont l'usage du levier d'endettement, la vente
à découvert et « l'active trading »
Endettement
Le levier est utilisé par les gestionnaires de
hedge funds quand ils pensent que le coût d'emprunts des fonds
sera minime par rapport aux rendements de leurs investissements. Cela peut
être un point clé de la gestion d'un hedge funds puisque
il donne aux gestionnaires la possibilité d'améliorer
significativement le rendement (mais aussi perdre potentiellement plus)
grâce aux fonds empruntés.
Le levier type des hedge funds dépend du type
d'instruments financiers utilisés :
- Les stratégies obligataires ont les niveaux de risques
plus faibles (mais aussi
des rendements espérés plus faibles) de tel sorte
qu'il est commun d'avoir un levier de 4 ou 5 fois la valeur des fonds.
- Les stratégies « actions » présentent
un profil de risque plus important et ainsi
le levier typique est de 1,5 à 2. Cependant, même
si les stratégies « actions » sont plus volatiles, un bon
équilibre des positions profitables et perdantes dans le portefeuille
limitera significativement les impacts d'une forte hausse ou baisse du
marché.
Les hedge funds réalisent leurs emprunts
auprès de banques (« prime broker ») et utilisent les titres
qu'ils ont acquis et déposés sur leur compte chez leur «
prime broker » comme collatéral. Si le hedge fund ne peut
rembourser l'emprunt, l'institution financière créancière
peut alors vendre le collatéral pour rembourser l'emprunt.
Le graphique, ci-dessus, nous montre dans un premier temps que
le niveau d'actifs sous gestion des hedge funds a augmenté de
manière significative depuis 1994 mais surtout que les gestionnaires de
hedge funds ont, surtout depuis fin 2003, massivement recours à
l'endettement pour générer du rendement. Selon les recherches et
calculs de Bridgewater Associates, les hedge funds ont, pour
générer leur niveau de rendement dans un environnement faiblement
volatil, augmenté leur niveau d'endettement de 70% au cours des trois
dernières années; ils ont atteint un niveau d'endettement qui
n'avait pas été atteint depuis 1998 et la faillite de LTCM.
La vente à découvert (short
selling)
C'est un procédé qui consiste à vendre un
titre que l'on ne possède pas en portefeuille. On emprunte un titre, que
l'on revend ensuite. On rachète le titre à un moment futur afin
de le rendre au propriétaire qui a prêté le titre.
La vente à découvert a cependant un coût.
En effet, il faut rémunérer le prêteur. Il faut aussi payer
au propriétaire les dividendes du titre que l'on emprunte. Mais le
gérant qui vend le titre place en général le cash
reçu et perçoit un intérêt sur cette somme, ce qui
diminue le coût d'emprunt (voir l'annule).
Il est surtout indispensable de comprendre les contraintes de
liquidités auxquelles celui qui pratique la vente à
découvert est soumis. C'est en effet le risque principal.
Le coût d'emprunt est d'ailleurs d'autant plus
élevé que le titre est peu liquide. Le gérant doit
déposer un collatéral lorsqu'il emprunte le titre, en
général 10% du montant. Les ajustements journaliers de la valeur
du titre s'effectuent sur cette somme ; Si cette somme tombe sous un certain
seuil), il y a un appel de marge et le gérant doit remettre un nouveau
collatéral. S'il ne peut pas, la position est dénouée, le
gérant doit racheter le titre au prix du marché, donc
potentiellement plus cher qu'à l'origine, et subit ainsi une perte
sèche sans avoir pu garder sa position jusqu'à la maturité
prévue. C'est en partie ce qui a conduit le fonds LTCM à la
faillite en 1998.
L' « Active Trading »
Il s'agit de faire tourner massivement le portefeuille, de
manière à profiter d'un maximum d'opportunités
d'arbitrage. Il faut cependant que les gains de cette rotation accrue soient
supérieurs aux coûts de transaction (frais de courtage, etc.).
Iii Investissement personnel du gérant
L'univers des hedge funds est un monde
d'entrepreneurs dans lequel les gérants de hedge funds
investissent souvent une partie significative de leur fortune personnelle dans
les fonds qu'ils gèrent. Ceci peut les aider à rassurer les
autres investisseurs sur le fait que leurs intérêts et ceux des
gérants sont alignés. L'opportunité de gagner des
commissions élevées et de profiter de leurs propres perceptions
sont les raisons qui attirent les meilleurs cerveaux de l'industrie
financière dans les hedge funds.
Certains des « plus brillants » gérants ont
ainsi quitté la gestion traditionnelle pour la flexibilité,
l'indépendance et les opportunités financières offertes
par les hedge funds.
Iv Structure de rémunération du
gérant
La rémunération des hedge funds se
structurent comme ceci : une rémunération fixe des gestionnaires
et une participation à la performance.
Les frais fixes de gestion vont de 0 à 2% des actifs
sous gestion. Les commissions sur le rendement (« performance fee »)
sont exprimées comme un pourcentage du rendement du fonds, ce qui permet
au gérant du hedge fund de participer à la performance
du fonds. Elles sont de l'ordre de 15% à 25% de la performance du fonds
et peuvent être d'une part conditionnées à l'atteinte d'un
niveau minimum (« hurdle rate »), en général le
rendement d'un T-Bill ou EONIA, et d'autre part soumises à un «
high-water mark », c'est-à-dire que la performance fee n'est
perçu que sur le dépassement du plus haut historique (le «
highwater mark »). Ainsi, comme le montre la figure ci-dessous, si la
« Net Asset Value » (NAV) actuelle est en dessous du high-water mark,
le gestionnaire devra dans un premier temps regagner la différence entre
la NAV actuelle et le high-water mark et ne recevra de commissions sur la
performance que sur la partie de la NAV du fonds dépassant le high-water
mark.
.
Cette réminiscence des performances antérieures
permet de diminuer les comportements risqués du type « quitte ou
double » que pourrait adopter un gestionnaire en fin d'année
lorsque la performance annuelle est loin du high-water mark car une mauvaise
décision creuserait encore plus l'écart entre le NAV et le
high-water mark et cela l'handicaperait encore plus pour espérer
percevoir son performance fee l'année suivante.
v. Liquidité réduite
Un investissement dans un hedge fund ou un fonds de
hedge funds est illiquide. Il n'y a pas de marché secondaire
sur lequel pourraient s'échanger des parts de hedge funds et
aucune création de ce type de marché n'est prévu.
Ainsi, pour pouvoir vendre ses parts et sortir d'un hedge
fund, les investisseurs ne disposent que de fenêtres de conversion
peu fréquentes, de l'ordre d'une fois par mois.
De plus, la liquidité réduite d'un
investissement dans un hedge fund est accrue par le fait que les
investisseurs qui souhaitent sortir du fonds doivent notifier et
prévenir les gestionnaires du hedge funds longtemps à
l'avance. C'est pourquoi, l'évaluation et la décision d'investir
dans un hedge fund doivent être menées et prises dans le
cadre d'une vision à long terme de l'investissement.
La période de sureté
La période de sureté (lock up period) fait
référence à la durée pendant laquelle
l'investisseur voit son investissement bloqué dans le fonds, avant de
pouvoir demander un éventuel remboursement. Cette période est
généralement d'un an.
L'origine de ces périodes est de limiter les flux
d'argent afin de permettre aux gérants de se concentrer sur des
investissements plutôt que de devoir rembourser des investisseurs alors
qu'il vient de réaliser un investissement. Ensuite, de nombreuses
stratégies d'investissement alternatives investissent dans des produits
d'investissement peu liquides qui dans certains cas sont traités de
gré à gré. De tels titres ont difficiles à
évaluer et a vendre. Il peut donc y avoir un impact sur la performance
sans ces contraintes.
Les dates de liquidité
Les dates de liquidités (liquidity date) fait
référence au fait que les désinvestissements dans le
hedge funds ne peuvent se faire généralement qu'à
des moments spécifiques dans l'année. Typiquement, c'est
trimestriellement ou annuellement que les retraits peuvent être
effectués. Il est également souvent exigé des
investisseurs qu'ils rendent une notification de leur désir de se
retirer trente ou soixante jours avant la date de délivrance. Ceci
entraine qu'il n'est pas possible de retirer son investissement d'un fonds que
quelques fois par an et qu'il faut anticiper la sortie plusieurs semaines
à l'avance.
Nous sommes donc en présence de fonds très peu
liquides. Dans le contexte actuelle ce « crédit crunch » du
à la crise des subprimes, cette absence de liquidité
détériore l'attrait des
hedge funds en particuliers de la part des investisseurs
institutionnels comme les banques ou les fonds de pensions.
vi. Opacité
Les hedge funds ont la réputation d'être
des investissements très opaques et secrets. La plupart ne
révèle pas l'exacte nature des actifs qu'ils possèdent et
s'attachent, en particulier, à protéger les informations
concernant leurs positions « short ».
Périodiquement, les investisseurs vont recevoir des
lettres passant en revue les performances et les expositions mais l'endettement
n'y est pas mentionné. Certains des fonds les plus secrets ne
révèlent même pas les types de stratégies
utilisés. L'opacité des hedge funds reflètent un
compromis entre deux objectifs contradictoires : soit les investisseurs
préfèrent un haut niveau de transparence de telle sorte qu'ils
comprennent mieux les processus d'investissement et la philosophie du
gérant, soit ils font confiance dans les capacités du
gérant pour générer des rendements supérieurs mais
avec un minimum d'informations.
Les gérants de hedge funds, pourtant,
investissent typiquement dans des stratégies qui ont des
capacités limitées et sont concernés que la transparence
augmente les flux de capital dans ces stratégies, réduisant les
opportunités d'ajouter de la valeur.
Cependant, comme le souligne Vishal Joyram,
vice-président chez Almas Capital Management, il existe certaines
règles de transparence que le gérant doit respecter : « tout
hedge fund doit avoir un administrateur chargé de calculer les
positions de fond à la fin de chaque journée. Ceci est fait en
collaboration avec un prime broker qui s'attache à faciliter la
communication entre le gérant et l'administrateur. Le hedge
fund doit aussi disposer d'un auditeur qui s'occupera de la
vérification des chiffres à la clôture des comptes en fin
d'année».
Ainsi, selon lui, ces trois intervenants permettent de
contrôler le bon déroulement des opérations du hedge
fund et représentent, par leur crédibilité et leur
travail de contrôle, une assurance et une sécurité pour
l'investisseur qui n'a que peu d'informations sur les actifs et les
stratégies d'investissement du hedge fund.
La transparence des hedge funds est actuellement une
problématique importante sur la scène politique et
financière. Selon les Echos du 11 avril 2007, les ministres des Finances
des pays du G7 ont, pour la première fois de manière officielle,
dans le cadre du congrès mondial tenu par le FMI et la Banque mondiale
à Washington le 14 et 15 avril 2007, entamer le dialogue, avec une
vingtaine de gestionnaires des plus grands hedge funds tels que
Blackstone, Cerberus ou Fortress, en présence des principaux prime
brokers. Ces discussions, basées sur les premières conclusions du
rapport rédigé par le Forum de Stabilité
Financière, ont pour objectif d'établir à terme un code de
conduite qu'adopteraient de manière facultative les hedge
funds.
Le sujet de la transparence des hedge funds est un
thème majeur abordé lors du Finance G7 à Essen et sera
à nouveau discuté lors de la réunion des ministres de
Finances du G7 en mai à Postdam quand le rapport du Forum de
stabilité financière sera finalisé.
La question de transparence des hedge funds est une
donné importante pour résoudre la problématique de la
croissance des hedge funds. En effet si de nombreux ont vu leur actifs
croitre, c'est notamment du aux fait que les obligations réglementaires
des fonds étaient restreintes. Dans la seconde partie nous reviendrons
sur cette question en insistant sur propositions effectués par les
organismes de réglementation des marchés financiers et sur les
impacts que ces mesures peuvent avoir sur la croissance des actifs.
vii. Forte mortalité
L'étude sur la « survie des fonds de protection
» dans le cadre du 72ème congrès de l'ACFAS
(Association Francophone pour le Savoir) menée par Greg Gregoriou,
professeur de finance à l'université d'état de New
York-Plattsburgh et auteur de nombreux articles ouvrages sur les hedge
funds, a analysé la durée de survie des hedge funds
à partir de divers modèles tels que Product-Limit Estimator, le
Life Table Method et le Cox Proportional Hazards. Si l'espérance de vie
dépend des caractéristiques du hedge fund (taille des
actifs sous gestion, niveau de commissions, effet de levier, rendements
mensuels, stratégies utilisées), la médiane de survie des
hedge funds sans distinction de classification est de 5,5
années.
De plus, l'industrie des hedge funds est un secteur
dont le taux de faillite est très important. Ainsi dans sa chronique
dans les Echos du 16 avril 2007, Kenneth Rogoff, professeur à
l'université de Harvard et ancien économiste en chef du FMI,
rappelle qu' « un millier de hedge fund sur les 9000 existant
dans le monde ont fait faillite en 2006 ».
Quelques fonds ont fait faillite avec de très grandes
pertes et en faisant les premières pages de la presse comme les
faillites de LTCM en 1998 ou de Amaranth en 2004.
Viii. Acces restreint
Les investissements hedge funds sont
généralement des « partnerships » et le choix des
associés d'un hedge fund est une étape charnière
et cruciale.
Les principales caractéristiques qui guident
l'évaluation et le choix d'un partenaire sont bien sûr
l'expérience, la formation et le track record des personnes
impliquées dans les hedge funds.
Les gérants de hedge funds ont cependant des
parcours académiques ou des expériences de gestion variés.
Beaucoup de gestionnaires ont auparavant travaillé dans les divisions de
trading pour compte propres des banques d'affaires mais d'autres ont
été analystes en recherche ou même des gérants de
fonds traditionnels.
Si l'expertise dans les investissements est un
pré-requis, la capacité à gérer une compagnie est
un élément clé de telle sorte que, si le principal
associé s'investit pleinement dans la gestion des investissements, un
spécialiste est embauché pour gérer la compagnie. En
effet, dans un hedge fund qui possède plusieurs associés
impliqués dans les investissements, une des clés de la
réussite de ce hedge fund est la gestion du travail en commun
et la résolution des divergences.
Ix. Contrainte de capacité
Les hedge funds, souvent ceux qui ont d'excellentes
performances et des procédures d'investissements robustes, s'imposent
des contraintes de capacités et font face à une
demande de la part des investisseurs beaucoup plus grande que
la capacité qu'ils estiment critique de la stratégie. La grande
partie des revenus d'un hedge fund vient des commissions sur les
performances plutôt que des rémunérations fixes de gestion.
De ce fait, beaucoup de gérants s'attachent à atteindre et
à ne pas dépasser la taille critique et optimale à partir
de laquelle ils n'accepteront plus de nouveaux investissements.
En fait, les hedge funds extrêmement
performants vont même jusqu'à rendre du capital aux investisseurs,
préférant maintenir la capacité à
générer d'excellentes performances sur une plus petite base de
capital que d'avoir trop d'actifs sous gestion.
D. Principales stratégies :
caractéristiques et performances
i. Long Short Equity (LSE) ou Equity Hedge
Le principe de base est de prendre des positions longues dans
des titres sous évalués, en anticipant une hausse, et
d'être court (short) dans des titres dont on pense qu'il sont
surévalués, en anticipant donc une baisse.
Il existe des variantes un peu plus complexes : les plus
courantes sont la couverture par le short selling et le pair trading.
Cette stratégie est très répandue, car
elle offre les avantages de l'investissement classique (miser sur un titre
sous-évalué), tout en permettant de prendre position sur des
titres surévalués grâce au short. Cependant, le nombre
croissant d'acteurs fait diminuer les opportunités d'arbitrage,
notamment en ce qui concerne le pair trading, ou les spreads ont tendance
à diminuer. Il faut alors augmenter le levier pour contrer cette
tendance.
On constate que sur ces 5 dernières années, en
moyenne la stratégie LSE a un rendement supérieur à la
fois au S&P et au DJ World, tout en offrant une volatilité moins
élevée.
Avec l'éclatement de la bulle, la stratégie LSE
a connu des difficultés, dues au fait que les managers LSE sont
structurellement plus longs que short sur l'intégralité de leur
book. Depuis le rebond des actions 2004-2007, on constate une très bonne
performance.
ii. Short biased
Il s'agit en fait exactement de la mise en place du short
selling : le trader utilise alors le short comme couverture ou comme source de
profit. Il dégage du cash sur la baisse éventuelle du titre,
ainsi que sur l'intérêt gagné sur le cash obtenu lors de la
vente à découvert.
Il existe des obstacles à la vente à
découvert : dans de nombreux pays, elle est tout simplement interdite
(Chine, pays émergents). Dans d'autres cas, l'aspect fiscal rend la
vente à découvert peut attractive. Les fonds de pensions n'ont
pas le droit de vendre à découvert.
Il faut aussi parfois trouver la contrepartie qui accepte le
prêt, ce qui n'est pas toujours aisé du fait notamment des
contraintes légales.
L'aspect éthique a son importance aussi : certains fonds
ne veulent pas être traités de «vautours » en vendant un
titre à découvert car c'est profiter d'une déroute...
Il est à noter que les marchés étant
structurellement haussiers sur le long terme, la stratégie short biased
dans son ensemble apparaît comme non-attractive en termes de rendements
(négatifs sur 5 ans en moyenne), avec une volatilité
supérieure aux indices classiques. Toutefois, l'intérêt de
cette stratégie réside dans son potentiel de diversification, en
raison de sa corrélation largement négative avec le S&P et le
DJW.
Il est important de comprendre que dans cette
stratégie, les gains sont limités (le prix d'une action ne
descend jamais en dessous de 0) alors que les pertes sont illimitées.
Bien maîtriser cette stratégie reste un bon moyen de diversifier
son portefeuille et/ ou de se couvrir en période de baisse des
marchés.
iii. Event driven
On peut traduire le terme event driven par « gestion
évènementielle ». Il s'agit pour le gérant de saisir
des opportunités d'investissement au cours des évènements
importants de la vie d'une entreprise, tels les recapitalisations,
réorganisations, fusions acquisitions, démantèlements,
rachats d'actions, etc. C'est l'incertitude quant au résultat de ces
opérations qui crée des opportunités d'arbitrage dont peut
profiter le bon gérant.
On distingue au sein de event driven 3 sous catégories
: distressed debt (sociétés en détresse), risk arbitrage
(fusions acquisitions) et special situations (autres situations
spéciales). Nous analyserons plus en détail la stratégie
distressed debt dans une autre partie dédiée à cette
stratégie. Dans cette partie destinée à event driven nous
nous limiterons aux deux stratégies restantes, situations
spéciales et risk arbitrage, qui sont les plus courantes.
Par risk arbitrage, nous entendons l'arbitrage de fusions
acquisitions annoncées. Et par special situations, nous
considérons l'existence de catalyseurs clairement identifiés,
permettant de réaliser une décote ou une prime entre la valeur
d'action et sa valeur théorique. Ainsi, de la manière dont nous
définissons special situations et risk arbitrage, la stratégie
special situations est plus risquée, car basée sur des
évènements non annoncés.
En général, en risk arbitrage, la
stratégie est d'être long le titre cible et court le titre
acquéreur. On remarque en effet historiquement que le titre
acquéreur diminue lors de l'annonce du fait de l'incertitude, et le
titre cible monte du fait de l'attente d'une surenchère.
On remarque qu'Event Driven offre un rendement sur 5 ans
supérieur à toutes les classes d'actifs classiques, couplé
à une volatilité extrêmement inférieure.
En termes de corrélations, ED est partiellement
décorrélé des marchés. Cela paraît
étrange de constater une corrélation si élevée,
dans la mesure où les gérants se focalisent sur des
évènements d'entreprises a priori indépendants des
marchés. Cela est dû au fait que les opportunités
d'investissements offertes par des situations spéciales sont elles bien
dépendantes des marchés. Par exemple, le nombre de
fusions-acquisitions augmente fortement en période de marché
haussier. C'est donc cette dépendance « indirecte » aux
marchés financiers qui explique cette corrélation relativement
élevée.
iv. Distressed
Il s'agit ici d'investissement dans des sociétés en
difficulté. Les difficultés sont de trois types : exploitation,
aspect légal, équipe de gestion.
Une entreprise qui fait défaut est une entreprise qui
ne peut payer les intérêts de sa dette et ou son principal
à bonne date. Cela est en général dû soit à
une mauvaise structure de capital, soit à un événement
extérieur (par exemple crise d'approvisionnement qui fait diminuer les
ventes). C'est à ce moment que la société cherche à
trouver un arrangement avec ses créditeurs.
Les titres considérés ici sont des titres ayant
une notation très faible, en général autour de CCC.
Investir dans ce type de titres nécessite une connaissance des
modalités de faillite ainsi qu'une bonne analyse fondamentale et de
crédit.
Le but est pour le gérant de trouver une entreprise de
bonne qualité mais dont la structure de capital est mauvaise. En
général, le gérant accepte de reprendre la dette à
un taux d'intérêt amoindri mais avec en échange des options
d'achat d'actions. Il fait donc le pari qu'avec des frais financiers moindres
et une réorganisation, l'entreprise retrouvera une santé
financière et que les actions / options d'achat auront tendance à
prendre de la valeur sur le moyen - long terme. Le gérant peut
intervenir plus ou moins tôt dans le processus et peut prendre plus ou
moins part dans le processus.
Il existe deux manières d'investir dans le distressed : de
manière absolue ou de manière relative.
Dans le premier cas, une analyse fondamentale permet au
gérant de définir si la valeur de marché d'un titre est
inférieure à sa valeur intrinsèque. L'idée est de
prendre position en attendant que la restructuration - renégociation
s'effectue et qu'à l'issue du processus, le titre retrouve sa valeur
fondamentale.
Dans le deuxième cas, l'investissement relatif
s'effectue de la manière suivante ; lors d'une restructuration, il
arrive que les prix des différents produits financiers ne soient pas
tous affectés de la même manière. Certains ont tendance
à « bouger » plus que d'autres. Il en résulte un «
mispricing » momentané à partir duquel le gérant peut
faire des arbitrages profitables. En effet, une action peut avoir tendance
à diminuer tellement lors d'un downgrade qu'elle devient relativement
bon marché par rapport à l'obligation (et vice-versa). Dans ce
cas, le gérant est long le titre qu'il juge sousévalué par
rapport à l'autre, et short le titre qu'il juge surévalué
par rapport à l'autre. Cela s'appelle de l'arbitrage de structure de
capital. Par exemple, si le cours d'un titre chute après une mauvaise
nouvelle, et reprend petit à petit de la valeur, mais que sur le
marché obligataire le titre reste stable après avoir chuté
aussi, cela signifie que le marché actions suppose une plus grande
probabilité de redressement suite à la crise que le marché
obligataire (sur la même compagnie). Le gérant peut alors jouer le
resserrement des prix des titres actions et obligations, en prenant les
positions suivantes : achat d'une obligation, et couverture de cette position
par la vente à découvert de l'action.
Cette stratégie, comme event driven, est basée
sur des évènements, ce qui la rend moins corrélée
aux marchés que l'investissement « long » classique.
Cependant, ce genre d'investissement dans des sociétés en
difficulté est extrêmement peu liquide et il est difficile de
prévoir le temps que prendra une restructuration.
La stratégie distressed offre sur 5 ans un rendement
annuel moyen supérieur aux indices classiques. Comme pour event driven,
cette stratégie est partiellement décorrélée des
marchés, avec une corrélation plus importante au marché
High Yield (0,67), ce qui est évident dans la mesure ou les obligations
HY font partie des investissements des gérants de distressed.
v. Global Macro
Cette stratégie, qui a fait la
célébrité de personnalités telles que Georges Soros
(Quantum) et Julian Robertson (Jaguar), a été la stratégie
phare des années 80 et 90. Les gérants macros suivent
principalement des tendances macroéconomiques. Ils ont une approche
internationale et très opportuniste. Les gérants macro font des
hypothèses sur les facteurs suivants : le prix des actions dans leur
ensemble, les taux de change des monnaies, les taux d'intérêt,
l'inflation, les politiques fiscales.
La flexibilité est le plus grand avantage de cette
stratégie, qui n'est pas confinée à une certaine classe,
géographie, secteur, etc. Le principal risque des fonds macro est le
timing, c'est à dire la détermination du point d'inflexion
à partir duquel le cycle change et leur scénario se
concrétise.
La stratégie macro offre sur 5 ans un rendement annuel
moyen supérieur aux indices classiques, avec une volatilité
inférieure.
La corrélation est très faible par rapport
à ces 2 indices (0,24 et 0,20), dans la mesure où la
flexibilité de la stratégie offre aux gérants un
éventail d'opportunités tel qu'il est indépendant des
marchés. En marché baissier ou haussier, ou même stable, le
gérant trouvera des opportunités sur tous les marchés.
vi. Equity Market Neutral (EMN)
L'objectif de cette stratégie est d'être, comme
son nom l'indique, « neutre en marché action ». On parle aussi
de « statistical arbitrage », pour l'aspect très quantitatif
de la stratégie. Les positions longues et courtes en actions uniquement
permettent d'être Beta neutre.
Le Beta neutre est très difficile à mettre en
place, car les corrélations (et donc le Beta de chaque action) change en
fonction du temps. Il est donc délicat de neutraliser
complètement le Beta lorsque le nombre de positions est important. Une
fois la quasi-neutralité achevée, il reste d'autres risques
à couvrir : change, secteur. Ces risques sont couverts en investissant
dans des titres de manière neutre en dollars.
Bien qu'il existe une similarité avec la
stratégie LSE la principale différence réside dans le fait
que les gérants EMN cherchent à éliminer totalement
l'aspect directionnel avec le marché, alors que les gérants LSE
cherchent à capter une certaine part du mouvement de marché.
Les gérants EMN ont une exposition nette proche de
zéro.
Exposition nette = (Long - Short) / total Capital
Le risque quant à lui n'est pas nul, au contraire. Le
risque systémique est annulé certes, mais il reste l'exposition
à tous les risques spécifiques de chaque titre
sélectionné.
Dans le cas du statistical arbitrage, ce sont des
modèles quantitatifs qui gèrent l'achat et la vente de titres. Ce
sont de réelles « boites noires », et rares sont ceux qui
comprennent leur fonctionnement.
Une des stratégies les plus simples et les plus
communes est le retour à la moyenne d'un titre : lorsqu'un titre
s'éloigne de sa moyenne de manière significative, le
modèle - gérant parie sur un retour à la normale sur le
très court - court terme.
Le grand problème de cette stratégie est le
coût des transactions : jusqu'à plusieurs milliers de transactions
par jour pour certains gérants, ce qui implique des frais de courtage
extrêmement importants, parfois plus importants que les quelques bps
gagnés sur un arbitrage de quelques secondes. Mais les modèles
prennent cet aspect en compte, et les meilleurs gérants font des
bénéfices incroyables, le « meilleur hedge fund
», Renaissance Technologies étant un fonds EMN.
On remarque qu'EMN est une stratégie très
«pure» en Alpha, dans la mesure où les rendements sont
extrêmement peu volatiles.
La corrélation est assez faible avec les marchés
classiques, car les modèles trouvent des opportunités
d'arbitrages quelles que soient les conditions de marché. On note
cependant une performance plus faible en 2001 et 2002, donc en phase avec les
marchés pour la raison suivante : les modèles construits dans les
années 1990 ne sont pas adaptés à une période de
turbulences telles que celle de 2001-2002, et ont tendance à avoir
besoin d'un temps d'adaptation.
vii. Convertible Arbitrage
L'objectif de cette stratégie est de jouer sur la
relation qui lie l'obligation convertible et l'action sous-jacente. Rappelons
qu'un convertible donne droit à son détenteur de convertir
l'obligation en titres actions du sous jacent quel que soit le moment entre la
date d'émission et la maturité.
Les arbitragistes connaissent parfaitement les relations de prix
et de volatilité qui existent entre les convertibles et leur
sous-jacent.
En général, le convertible chute moins que
l'action en marché baissier, mais a tendance à suivre l'action en
période de marché haussier. On dit que la partie obligataire du
convertible constitue un « coussin » à la baisse. L'option de
conversion du convertible prend de la valeur quand le sous-jacent action monte,
ce qui explique la tendance du convertible à suivre l'action en
période de hausse de celle-ci.
L'idée de base et de réussir à identifier
un convertible qui perd peu de valeur quand le sousjacent est à la
baisse, et qui prend quasiment tout l'upside lorsque le sousjacent est à
la hausse. Le processus est le suivant : le gérant définit le
type d'emprunt dans lequel il investit : marché primaire ou secondaire.
Puis l'outil qu'il choisit : en général, le gérant utilise
actions et obligations de manière à établir des positions
en Delta neutre, c'est-à-dire que le P/L de la position ne dépend
pas de l'évolution du prix du sous-jacent. Le plus courant est
d'être à l'achat sur le convertible et à la vente (short)
sur le sousjacent.
Les autres risques, notamment le risque de change ou de taux,
sont couverts en utilisant des instruments de couverture tels les swaps et
contrats à termes (forward contracts).
La gestion en Delta neutre implique une mise à jour des
positions, car les niveaux de couvertures varient en fonction du temps et des
conditions de marché. Cela nécessite des ajustements parfois
conséquents.
Une fois tous ces aspects sous contrôle, l'arbitrage en
tant que tel se fait alors indépendamment du temps ou pas. On parle de
gestion en Theta neutre.
Le gérant prend position de la manière suivante.
Il achète le convertible, et vend le sous-jacent à
découvert de manière à rester delta-neutre. Le nombre
d'actions vendues à découvert varie en fonction l'exposition au
marché voulue: si le gérant ne veut pas être totalement
delta neutre, par exemple en cas de marché haussier, il vent à
découvert un nombre d'action inférieur au ratio de conversion du
convertible. Si le gérant s'attend à un marché baissier,
alors il vend à découvert un nombre d'actions proche du ratio de
conversion de manière à être quasi totalement couvert.
Il existe des risques inhérents à cette
stratégie, qui peuvent amener un gérant à défaire
ses positions : la disparition de l'arbitrage (la sous-évaluation/
sur-évaluation n'existe plus), l'agrandissement de l'écart entre
le convertible est le sous-jacent (la position devient tellement risquée
que le gérant applique une stratégie de « stoploss »,
il préfère perdre « un peu » que continuer et perdre
« tout »), un événement inattendu (downgrading etc.),
conversion forcée de l'émetteur (l'émetteur force le
détenteur de l'obligation à convertir - une clause dans le
contrat (« covenant ») permet à l'investisseur de savoir si
l'émetteur peut ou pas forcer la conversion, s'il peut, l'obligation a
moins de valeur en général).
La stratégie convertible arbitrage offre un rendement
annuel moyen de 6,88% sur 5 ans, inférieur à tous les indices,
sauf le S&P. La performance de cette stratégie est
particulièrement élevée par rapport aux marchés
actions en période de marchés baissiers, vu que la plupart des
gérants sont short en actions (Cf. graphique sur la période
2000-2002)
viii. Fixed Income Arbitrage
Il s'agit de l'arbitrage de taux. Les gérants cherchent
à profiter d'anomalies dans les courbes de taux en
général. Cette stratégie s'est fortement
développée dans les années 1990. Elle a été
boudée par les investisseurs après la crise de LTCM, mais le
désintérêt de l'industrie a permis à de nombreuses
opportunités de se développer depuis.
Les gérants identifient des situations auparavant
stables qui s'écartent de leurs moyennes historiques, ou des situations
dans lesquelles un choc externe peut provoquer des modifications profondes. Les
gérants cherchent à éviter tout lien avec les
marchés et visent, comme c'est le cas en EMN, à produire des
rendements grâce à leur seule habileté à identifier
au bon moment les bons titres (i.e. mal évalués).
Cette stratégie est extrêmement quantitative. Son
principal risque est donc un risque de modèle et de gérant. Les
autres risques, auxquels cette stratégie est confrontée, sont les
risques de change, de crédit, de contrepartie, de liquidité/
timing (c'est ce dernier qui a provoqué la faillite de LTCM).
Il est à noter que l'effet de levier est relativement
important au sein de cette stratégie (10-20).
Les inefficiences sur les marchés de taux sont
essentiellement dues à deux facteurs :
- La segmentation et les restrictions d'investissement,
- La complexité des produits obligataires (du fait
notament des clauses
optionnelles).
Les principales stratégies sont :
- Anticipation sur les déformations de la courbe des taux
:
- aplatissement/ pentification. Par exemple, long 2 ans, short 10
ans à
sensibilité equivalente.
- Butterfly. Par exemple, long 2 ans et 30 ans, mais short 10
ans. L'idée
est de jouer un resserement entre les extrêmes (2 et 30
ans) et le milieu (10 ans) sur la courbe des taux.
- Stratégies de convergence sur des titres similaires. Par
exemple « off the run »
contre « on the run ».
- Arbitrage entre les différents actifs obligataires :
gouvernement, corporate,
MBS, obligations municipales (USA, détaxées pour
les résidents, ce quiprovoque des opportunités
d'arbitrage).
La stratégie FI Arb offre des rendements annuels moyens
sur 5 ans de 5,81%, inférieurs aux rendements des indices obligataires
et actions (Citigroup WGBI 8,90% et DJW 10,54%). Cependant, la
volatilité est moindre par rapport à ces indices (3,64% contre
7,95% pour Citi WGBI et 13,64% pour DJW). La correlation est quasi-nulle par
rapport aux marches actions et obligations (- 0,06 contre le Citi WGBI et 0,05
contre le DJW), ce qui en fait un instrument de diversification
idéal.
ix. Emerging Markets
Les gérants de cette stratégie investissent dans
des pays dits « émergents », i.e. dont le PNB/ habitant est
inférieur à $7,62041. La spécificité de cette
stratégie est que ces marchés étant beaucoup moins
développés et fluides à cause du manque d'information, de
liquidité, de règles, les opportunités d'arbitrage y sont
plus nombreuses et plus intéressantes, avec bien sur un risque plus
élevé. Le manque d'information et de transparence oblige les
gérants à se rendre sur place ou à avoir des contacts sur
place.
Les ventes à découvert sont très rares
dans les pays émergents, les gérants sont donc le plus
généralement longs. Pour palier ce désagrément, les
gérants peuvent shorter des American Deposit Receipts (ADR), qui sont
des titres américains représentant une participation dans une
société étrangère.
La stratégie emerging markets offre un rendement annuel
moyen sur 5 ans de 16,06%, inférieur au DJW Emerging Index (19,27%) du
fait des positions à découverts dans un marché globalement
très haussier sur le long terme. Mais le rendement reste nettement
supérieur au DJWI (10,54%).
La volatilité de la stratégie est certes plus
élevée que pour le DJWI, mais nettement inférieure
à celle du DJWEI. Cette stratégie rend donc intéressant
l'investissement dans les pays émergents avec un profil de risque
diminué.
La corrélation est relativement élevée
par rapport au DJWEI (0,74), dans la mesure où la vente à
découvert est difficile à mettre en oeuvre dans les pays
émergents et le biais est la hausse donc les gérants cherchent
une exposition positive au marché.
x. Managed Futures (ou Commodity Trading Advisors -
CTAs)
Ces fonds n'investissent que sur les marchés de
contrats à termes. La stratégie est de formuler une vue sur une
tendance et d'investir en conséquence en utilisant des futures/
forwards. Ces fonds sont en général très «
quantitatively driven », i.e. ils investissent sur des critères
quantitatifs (analyse technique graphique, volatilité, etc...). Le
levier est en général très élevé. En effet,
l'investissement dans les contrats à terme ne nécessite pas un
investissement très important au départ, car il n'y a que le
collatéral à immobiliser chez le broker (environ 10% de la
somme). Ainsi le levier est en général supérieur à
10.
Les gérants de cette stratégie investissent dans
des marchés très liquides, transparents et très
réglementés, ce qui crée une certaine
sécurité pour l'investisseur qui demande beaucoup de transparence
dans le processus.
Le rendement annuel moyen sur 5 ans de la stratégie CTA
est de 9,41% contre 6,82%pour S&P, 14,97% pour GSCI et 10,54% pour DJWI.
La volatilité est beaucoup moins élevée
que pour le GSCI, ce qui permet de considérer que cette stratégie
offre un rendement similaire au GSCI (les CTAs investissent majoritairement
dans les matières premières «commodities»), avec un
risqué divisé par 2. La volatilité de la stratégie
est moins élevée que pour indices classiques
considérés.
Sa corrélation négative par rapport aux indices
classiques est en fait une stratégie de diversification idéale.
Même pour investisseur déjà diversifié à
l'aide du GSCI, cette stratégie offre un fort potentiel de
diversification additionnel, avec seulement 0,20 de corrélation contre
l'indice GSCI.
xi. Multi-Strategy
Ces sociétés de gestion proposent à leurs
investisseurs plusieurs fonds aux stratégies distinctes. En combinant
les différents fonds proposés, l'investisseur peut se construire
un portefeuille diversifié de stratégies alternatives.
On reproche aux fonds multi-strat (par rapport aux fonds de
hedge funds) de vouloir tout proposer, mais comme le fond n'est
spécialiste en rien il ne propose que des produits moyens. Les
gérants multi-strat répondent qu'il est possible d'avoir
plusieurs domaines de spécialisation au sein d'un fond, et que, à
la différence des fonds de fonds, ils ne réclament pas un «
second layer of fees ».
Les différentes stratégies sont
généralement gérées de manière
indépendante au sein des fonds multi-strat, sauf lorsqu'elles sont
très proches. On alloue alors les capitaux entre les différents
fonds de manière à avoir un produit diversifié.
Multi-stratégy offre un rendement annuel moyen sur 5 ans
de 10,83% contre 6,82% pour S&P. La stratégie superforme tous les
indices classiques.
La volatilité est très faible, du fait de la
diversification. La corrélation bénéficie de cette
diversification accrue : seulement 0.10 contre S&P, et 0.18 contre CWGBI.
Cette stratégie (ainsi que les fonds de fonds) est la stratégie
idéale pour mettre en place un programme de portable Alpha à
moindre coût.
Apres avoir traité des forces qui ont fait la
croissance des hedge funds jusqu'à aujourd'hui, nous nous
intéresserons aux principales évolutions que vont subir
l'industrie des hedge funds qui pourront jouer favorablement ou
défavorablement sur la croissance des actifs sous hedge
funds.
II. Les évolutions de l'industrie de hedge
funds
En premier lieu analysons de manière
générale les grandes tendances de l'industrie des hedge
funds.
A. Les tendances générales de l'industrie
des hedge funds
i. L'augmentation du nombre de fonds et du volume des
actifs gérés
Une tendance a déjà fait l'objet de commentaires :
l'augmentation du nombre de fonds et du volume des actifs
gérés.
L'attrait croissant des hedge funds aux yeux des
investisseurs institutionnels est à la fois une conséquence et
une cause de cette tendance. Les fondations figurent en tête des nouveaux
clients des hedge funds. Dans un contexte de concurrence croissante
pour des meilleurs rendements, ces investisseurs recherchent des supports de
placement alternatifs permettant d'augmenter leurs gains. On peut
considérer que la participation accrue d'importants acteurs
institutionnels améliore la gouvernance et renforce l'obligation de
rendre des comptes. Les investisseurs institutionnels ont à la fois les
moyens et l'obligation d'exercer une due diligence sur le
placement de leur capital.
ii. La multiplication des styles d'investissement
La multiplication des styles d'investissement constitue
une autre tendance notable
Étant donné que la plupart des fonds cherchent
à exploiter les imperfections du marché, les gérants se
spécialisent de plus en plus sur les segments qui les
intéressent. À l'origine, la plupart des hedge funds
étaient des fonds « long/short » : ils tiraient leurs
rendements de positions acheteuses (longues) sur des actifs qu'ils jugeaient
sous-évalués, et de positions vendeuses (courtes) sur les actifs
de la même classe qu'ils estimaient surévalués. Cependant,
il existe aujourd'hui un important groupe de fonds « long-only
», spécialisés dans l'identification d'actifs
sous-évalués, qui ne se couvrent pas (hedging) en
prenant une position vendeuse sur des actifs de la même classe.
Certains fonds sont dits « event-driven »
au sens où ils se spécialisent dans l'adoption de positions
(longues ou courtes) sur des événements potentiels qu'ils jugent
mal refl étés dans les prix du moment. Les « macro hedge
funds » prennent, eux, des positions reposant sur une analyse de
variables macroéconomiques mondiales. D'autres encore sont
spécialisés par
secteurs et s'appuient sur leur connaissance de certaines
branches d'activité pour accroître la valeur de leurs
portefeuilles.
Un certain nombre de fonds se concentrent sur l'exploitation
d'anomalies du marché. Ils traquent les prix relatifs qui ont
divergé des normes historiques pour des raisons qui semblent
injustifiées.
Ils prennent alors des positions anticipant un retour à
la normale (c'est ce qui a provoqué la quasi-faillite de LTCM. Ce fonds
avait parié que la divergence de prix entre les bons du Trésor
« on the run » (les plus récemment émis) et
« off the run » (émis précédemment),
qui avait atteint un niveau phénoménal, renouerait avec un niveau
plus normal. C'est ce qui s'est effectivement produit, mais trop tard pour
sauver LTCM).
En outre, l'augmentation considérable de la puissance
de calcul contribue largement à encourager le trading
algorithmique qui permet de prendre des positions immédiates et
volumineuses en fonction d'anomalies de prix perçues. Grâce
à cette technologie, il est également possible de gérer
l'exposition au risque en temps réel. Il convient toutefois de
reconnaître que l'efficacité d'une gestion automatisée du
risque est totalement tributaire du caractère réaliste des
modèles sous-jacents.
iii. Propagation géographique des hedge funds
La troisième tendance est la propagation
géographique des hedge funds. Si les États-Unis comptent
encore le plus grand nombre de gérants de fonds, l'Europe, et en
particulier Londres, en recense de plus en plus, et l'Asie voit
également leur nombre progresser.
Par ailleurs, on en dénombre aujourd'hui plus de
cinquante au Brésil. Le rôle des hedge funds dans la
gouvernance des entreprises (l'activisme actionnarial) constitue une
tendance encore plus récente. Ces dernières années, les
hedge funds ont montré qu'ils entendaient utiliser leur droit
de vote pour influencer le comportement des organisations dans lesquelles ils
investissent.
La tentative de rapprochement entre la Deutsche Börse et
le London Stock Exchange constitue l'illustration parfaite de cette tendance :
il est communément admis que la position des hedge funds a
contribué à l'échec de cette opération.
iv. L'expansion des « fonds de fonds ».
On assiste également depuis peu à l'expansion des
« fonds de fonds ».
Ces fonds répondent à plusieurs objectifs. Ils
exercent une due diligence pour le compte de l'investisseur final :
ils étudient de près les styles d'investissement des fonds, leurs
capacités à gérer le risque, leurs structures de
gouvernance, etc. Ils permettent aux investisseurs de diversifier le risque et
d'accéder à divers styles d'investissement sans avoir à
procéder à de multiples placements.
Enfin, ils permettent l'exposition au risque des hedge
funds à des investisseurs susceptibles de ne pas satisfaire aux
critères financiers très exigeants (du moins aux
États-Unis) requis pour
effectuer directement des placements dans des hedge
funds. Actuellement, quelque 35 % des investissements dans les hedge
funds se font par l'intermédiaire des « fonds de fonds ».
Bien entendu, cette solution fait augmenter encore les commissions et complique
l'analyse de l'effet de levier global de ce secteur.
B. De nouvelles stratégies et de nouveaux
marchés
i. Les nouvelles stratégies des hedge funds
a. Energy
Le nombre de fonds spécialisés dans le secteur
de l'énergie a augmenté considérablement ces
dernières années. Van Hedge Advisors estime qu'en 2004, ils
étaient près de 300 et leur nombre a considérablement
augmenté depuis. Par ailleurs ces dernières années de
grands fonds connus ont commencé a alloué une part importante de
leurs actifs dans des investissements sur l'enneige. On peut citer à
titre exemple des fonds comme Perry Capital, Cerberus ou Citadel.
Les investissements dans l'énergie se font par du
trading sur les matières premières à proprement
parlé tel que des futures sur le pétrole, ou des produits
dérivés sur l'énergie tels que des options, des swaps ou
par des investissements directs dans des centrales énergétiques
ou des oléoducs.
L'intérêt des hedge funds pour
l'énergie est du a plusieurs facteurs tels que
· Les prix de l'énergie augmentent de plus en plus
en plus
· La volatilité du marché a
augmenté
· Des opportunités d'arbitrage sont possibles
· Les actifs tels que les centrales
énergétiques sont peu chers
· Les prix du pétrole ont augmenté pour
plusieurs raisons tells que:
o Les capacités d'exploration des grand pays producteurs
tels que l'Arabie Saoudite, la Russie et le Venezuela sont au maximum
o Les menaces terroristes et les conflits au moyen Orient
o L'augmentation de la demande de pétrole de pays tels
que la Chine qui est devenue le deuxième consommateur d'énergie
dans le monde ou l'Inde et d'autres pays émergents
Au cours des années 1990, le trading sur
d'énergie a progressé rapidement jusqu'aux problèmes
d'Enron et de Dynergy. Leur disparition a provoqué une concentration
dans le secteur. Cela a rendu disponible certains traders doués qui ont
depuis été recrutés par de grands hedge funds
connus comme Citadelle et D.E. Shaw. Par ailleurs, des anciens de Enron et de
Dynergy ont crée leur propre hedge funds tel que John Arnold
d'Enron qui a fondé Centarus Capital.
L'industrie de l'énergie continue d'offrir de grandes
opportunités de croissance. En plus des actifs tangibles (oileoducs...),
les actions et les titres de dettes des sociétés du secteur de
l'énergie, les prix des matières premières
énergétiques sont évalués à près de
2000 milliards de dollars. L'index trading représente plus de 20
milliards de dollars.
Par ailleurs en 2006 des gérants comme,
l'Américain John Arnold du fonds Centarus Capital, âgé de
seulement 33 ans, a reçu près de 2 milliards de dollars de
commission, selon les estimations de Trader Monthly grâce à son
succès sur ses paris réussis sur les cours du gaz naturel, qui
lui ont permis de réaliser un retour sur investissement de 317%.
b. Private equity
À mesure que les hedge funds se
généralisent, la ligne de démarcation entre ces
instruments et les autres véhicules de placement collectif s'estompe.
En effet, il devient difficile de distinguer les hedge
funds de certains autres fonds gérés. La différence
tient au degré d'utilisation des techniques décrites plus haut.
En outre, il est de plus en plus malaisé d'opérer une
différence entre les hedge funds et les fonds de private
equity. Ces derniers prennent en général une forte
participation dans une société et jouent de leur influence pour
essayer d'infléchir la stratégie de l'entreprise afin d'en
relever la valeur de marché.
Les hedge funds recourent de façon croissante
à cette stratégie d'investissement et on commence à voir
des hedge funds nouer des partenariats avec des fonds de private
equity ou se rapprocher de la « zone hybride » qui se situe
entre les stratégies des hedge funds et celles du
capital-investissement. En attestent notamment l'allongement des
périodes de blocage des placements et le montant des commissions
versées aux gérants dans une phase ultérieure du processus
d'investissement.
Les hedge funds ont augmenté leur
participation dans des secteurs réservés auparavant au fonds de
private equity tel que l'achat de participation dans des sociétés
en restructuration, des investissements en dette mezzanines ou en dettes de
sociétés en difficultés. De plus comme pour le secteur de
l'énergie, les hedge funds se crée par des anciens
gérants de fonds de private equity.
Quand Centerpoint Energy a mis Genco à vendre, trois
hedge funds, Cerberus, Seneca et Caxton ont fait front contre quatre
fonds de private equity dont KKR et Blackstone.
Les hedge funds participent de plus en plus dans le
secteur de la mezzanine.
Dans le secteur des sociétés en
difficultés, l'activité des hedge funds est en
croissance. En 2004 les hedge funds ont effectué pour
près de 30 milliards de dollars de transactions dans près de 23
sociétés. Le fonds D.E Shaw a acquis le distributeur de jouets
FAO Schartz au bord de la faillite. Steel Partners a fait une offre hostile sur
Gen Corp. Highfields Capital Management a fait une offre sur Circuit. ESL
Investments a fait une offre sur Sears. Appaloosa a lance en Janvier 2005 une
offre hostile sur Beverly Enterprises.
Ainsi nous voyons que de nouvelles opportunités se sont
ouvertes pour les hedge funds en débordant sur les terres des
fonds de private equity.
c. Real estate
Dans le début des années 90, les hedge
funds dédiés à des stratégies liées
à des actifs immobiliers était quasi inexistant. Aujourd'hui
comme avec d'autres actifs, les hedge funds utilisent de plus en plus
ces stratégies « real estate ». Certains hedge funds
investissent essentiellement dans des actifs immobiliers et d'autres utilisent
ses actifs de façon plus opportunistes en fonction des tendances du
marché. Quand les hedge funds ont commencé à
investir dans les titres liés aux actifs immobiliers en
2001, ils avaient besoin de la liquidité offerte par les titres REIT et
ont investi par la suite dans des actifs tangibles.
A titre d'exemple, le fonds d'Angelo Gordon, AG Long Short
Realty crée en 2003 a été essentiellement
dédié a des investissements immobiliers. D'autres fonds ont
investit dans ce secteur de façon plus opportuniste comme Baupost
Partners, Faralle, Capital Managment et Perry Capital.
Donald Trump a publié le financement de l'un des ces
gratte ciels à Chicago où figure des hedge funds tel que
Blackacre Institutinal Capital Managmebt (une filiale de Cerbrus), Grove
Capital (affilié au fond de Soros) et Fortress Investment Group.
Puis les sociétés immobilières ont investit
dans les hedge funds car ironiquement, elles considéraient que
les prix de l'immobilier était sur évalués.
Les investisseurs immobiliers qui se sont lancé dans
les hedge funds sont par exemple Apollo Real Estate Advisory, Claros
Real Estate, Security Hedge fund et conjointement Prudential Real
Estate et Madison Capital Management.
La capitalisation des titres des actifs immobiliers
étaient en 2005 de 290 milliards de dollars. Les transactions des
hedge funds représentaient 25% de l'ensemble des transactions
sur le marché. Cependant ces chiffres sont beaucoup plus faible
aujourd'hui du fait de la crise immobilière que travers les Etats unis
et la plupart des pays européens.
d. Middle market lending
Il s'agit du marché de l'emprunt aux PME. Cela
représentait 500 millions de dollars en 2005. Les hedge funds
ont récemment commencé à s'implanter dans ce secteur
dominé par les fonds de private equity avec des géant d secteur
comme le fond CIT.
A titre d'exemple, Cerberus, Patriarch partners, Highbridge
Capital Managùent, Silver Point Capital ou Fortress Investment
Corportaion se sont lancés dans cette stratégie.
ii. Les nouveaux marchés : l'Asie Pacifique
La région Asie Pacifique représente un
marché colossal pour les hedge funds. D'autres pays
émergents ont vu aussi une forte croissance des actifs sous hedge
funds comme le Brésil mais nous ne disposant de données
suffisantes à ce jour. Ainsi nous traiterons du marché des
hedge funds en Asie Pacifique et plus particulièrement à
Honk Hong ou la croissance des actifs a été très
importante ces dernières années.
Les actifs des hedge funds spécifiques
à l'Asie ont été multipliés par plus de six,
passant de 20 milliards de dollars environ en 2002 à plus de 130
milliards à la fin de 2006. Les projections réalisées par
certains analystes du secteur ont établi que le total des actifs d ces
hedge funds se monterait à 250 milliards de dollars d'ici 2010
(graphique).
Selon Eurekahedge, on compte actuellement 1 040 hedge
funds ayant des activités d'investissement et/ou étant
situés en Asie, soit une augmentation supérieure à 15 %
par rapport à 2005. Ces fonds gèrent des actifs d'une valeur de
132 milliards de dollars environ. Cependant, si l'on exclut les fonds ayant un
mandat d'investissement au Japon, en Australie, en Nouvelle-Zélande ou
à l'international, seuls 335 de ces hedge funds ont un mandat
pour les marchés émergents d'Asie. La valeur des actifs
gérés par ces 335 fonds s'élève à environ
50,8 milliards de dollars, soit approximativement 4 % du total des
portefeuilles d'actifs gérés par les hedge funds dans le
monde entier qui, selon les estimations, se monte à 1 200 milliards de
dollars.
Cette part passe à 8 % environ si l'on inclut les
fonds ayant un mandat d'investissement au Japon, en Australie ou en
Nouvelle-Zélande, mais elle reste nettement inférieure à
la part mondiale de 15 % que représentent les marchés de capitaux
asiatiques.
En d'autres termes, la part des hedge funds de la
région Asie-Pacifique dans les capitaux du marché mondial des
hedge funds est encore plus faible que ce que pourrait laisser
supposer la capitalisation des marchés régionaux. La plupart des
acteurs du secteur sont d'avis que cet écart se réduira
rapidement ; on observe effectivement une tendance de croissance continue de la
valeur des actifs gérés et du nombre de fonds investissant en
Asie.
Cet impressionnant taux de croissance, constaté par
Simon Gray, a bénéficié d'une convergence de facteurs tels
que l'émergence de la Chine comme puissance économique et la
renaissance du Japon après une récession qui a duré plus
de quinze ans, sur fond de reprise économique générale
dans une région qui semble désormais s'être
complètement remise de la crise financière qui a affecté
de nombreux pays d'Asie de l'Est et du Sud-Est en 1997.
À Hong Kong par exemple, le taux de croissance des
hedge funds entre 2004 et 2006 est similaire à celui de la
région Asie-Pacifique (graphique).
Comme le montrent les graphiques ci dessous, les hedge
funds de petite taille (c'est-à-dire ceux dont le montant des
actifs sous gestion est inférieur ou égal à 100 millions
de dollars) constituent, avec une part de 60 %, la majorité des
hedge funds opérant sur les marchés émergents
d'Asie.
Toutefois, cette situation devrait évoluer, dans la
mesure où de plus en plus de hedge funds étrangers
importants sont attirés par la région. Si l'on prend l'exemple de
Hong Kong, les gérants de ces fonds représentaient 46 % du
marché en 2006, contre 34 % en 2004. Comme le signale la SFC, le montant
moyen des actifs sous gestion des hedge funds a également
augmenté (+ 40 %), passant de 81 millions de dollars à 113
millions entre 2004 et 2006.
La combinaison de positions longues et courtes,
stratégie d'investissement adoptée par plus de 60 % des hedge
funds (graphique ci dessous), reste la plus couramment utilisée sur
les marchés émergents d'Asie.
Cet attrait pour une stratégie relativement peu
sophistiquée indique que, sur ces marchés, les hedge funds
n'en sont probablement encore que dans leur première phase de
développement.
Cela peut également signifier que le courtage en
actions prédomine sur les marchés de capitaux des marchés
émergents d'Asie. Comme le montre le graphique ci dessus, la situation
à Hong Kong est similaire, tout en présentant quelques
différences. Seul environ un tiers (34%) des hedge funds de
Hong Kong adopte des stratégies combinant des positions longues et
courtes, ce qui laisserait supposer que ce secteur est relativement mature
à Hong Kong. Un pourcentage significatif (25 %) des hedge funds
opte pour des stratégies multiples. Il est également
intéressant de constater que quelque 20 % des hedge funds de
Hong Kong adoptent une stratégie d'investissement dans des fonds de
hedge funds. Cela peut refléter l'intérêt
grandissant des investisseurs pour ces produits, qui sont perçus comme
moins risqués que des hedge funds individuels en raison de la
plus grande diversification de leur portefeuille.
Les résultats de l'étude de la SFC indiquent que
40 % des hedge funds opérant à Hong Kong n'ont pas
recours à l'effet de levier. Si ce chiffre est nettement
inférieur à la moyenne de la
région Asie-Pacifique, dans laquelle 75 % des
hedge funds n'utilisent pas ce mécanisme, le levier
d'endettement n'est pas excessif à Hong Kong, étant donné
que la majorité des fonds ont recours à l'effet de levier
à hauteur de moins de 200 % de leur valeur d'actif net.
Ainsi nous voyons avec l'exemple du marché asiatique et
de Honk Kong les facteurs de croissance des actifs pour les hedge
funds
C. Les requêtes de transparence, une
réponse aux risques des hedge funds sur les marchés
financiers
i. Les hedge funds comme source de risque
Comme d'autres institutions financières, les hedge
funds induisent deux grandes catégories de risque pour les
investisseurs et les milieux financiers dans leur ensemble : le risque
systémique et le risque non systémique. Le
risque systémique est le risque qu'une institution financière
fait courir aux autres en ne respectant pas ses obligations financières,
plaçant ces dernières dans l'incapacité d'honorer les
leurs à leur tour. Dans les cas extrêmes, il peut
déboucher sur une crise financière, et déstabiliser
les marchés des capitaux et l'économie réelle. Les autres
risques sont dits non systémiques.
a. Le risque non systémique
Une grande partie des risques auxquels est exposé un
hedge fund lui sont spécifiques. Ainsi, le risque
opérationnel et le risque de fraude touchent directement ses
investisseurs et ses banques créancières. Dans de nombreux pays,
et notamment aux États-Unis et au Royaume-Uni, les autorités de
régulation partent du principe que puisque ces fonds ne sont accessibles
qu'aux gros investisseurs avertis, il appartient à ces derniers, et non
aux pouvoirs publics, de mettre en place des procédures de due
diligence sur les fonds sur lesquels ils misent. De plus, les intervenants
frauduleux risquent des poursuites en vertu des dispositions en vigueur.
Ces dernières années, plusieurs fonds ont perdu
des centaines de millions, voire des milliards, de dollars (tableau ci
dessous). Sur les vingt et un cas rapportés par diverses sources
publiques, deux catégories de fonds (arbitrage sur les
marchés obligataires et global macro) totalisent ensemble 47 %
des incidents déclarés et 63 % des pertes.
b. Le risque systémique
Le risque systémique préoccupe
généralement davantage les autorités de régulation
que le risque non systémique. Depuis que les hedge funds
occupent une place plus importante sur les marchés financiers, les
décideurs redoutent de les voir contribuer au risque systémique.
Ce pourrait être le cas si un hedge fund défaillant
provoquait l'effondrement d'un grand établissement financier qui lui est
directement exposé. D'autres perturbations du système financier
pourraient s'ensuivre. Lors de la quasi-faillite de LTCM, à l'automne
1998, dix-sept contreparties, essentiellement des grandes banques, auraient
perdu collectivement entre 3 et 5 milliards de dollars si LTCM n'avait pas
été renfloué par un regroupement de certaines de ses
contreparties. Nombre d'entre elles étaient directement exposées
à LTCM, pour la plupart par le biais des dérivés de
gré à gré (OTC).
À la suite de l'affaire LTCM, le Comité de
Bâle a constaté que le potentiel de perturbations indirectes
des marchés était plus préoccupant que la
possibilité de produire un impact direct
sur les établissements financiers. Le Comité a
identifié plusieurs raisons expliquant pourquoi les hedge funds
font courir un risque aux marchés financiers :
· parce qu'ils recourent à l'effet de levier, les
hedge funds peuvent accentuer les mouvements des marchés s'ils
sont contraints de vendre des titres pour répondre aux appels de marge
;
· cette contrainte de vendre peut se
révéler d'autant plus impérieuse que les hedge funds
prennent souvent des positions analogues et investissent souvent dans des
titres plus illiquides;
· la perturbation peut être aggravée si les
courtiers qui procèdent aux appels de marge utilisent à leur
profit les informations fournies par les hedge funds ;
· beaucoup de hedge funds sont de courte
durée. Leur taux de mortalité historique s'établit
à environ 10 % par an. Cet horizon temporel rapproché peut les
inciter à prendre davantage de risques, puisque leurs stratégies
sont axées sur les gains à court terme.
La conjonction de ces facteurs a provoqué d'importantes
perturbations des marchés financiers à l'automne 1998, lors de la
débâcle de LTCM.
ii. Les demandes de transparence des autorités de
contrôle des marchés financiers
Depuis la quasi-faillite du fond LTCM, nous pouvons constater
que des organismes de contrôle des marchés financiers exigent une
augmentation de la transparence des fonds. Cela va demander au gérant
une mise en conformité avec les nouvelles règles de transparence
qui pourra nuire à terme à la croissance exponentielle des actifs
sous hedge funds.
A partir des propositions de Callum McCarthy, président
de la Financial Services Authority (FSA), l'organisme de contrôle des
marchés financier, nous insisterons sur les exigences de transparence
que les Hedge funds devront à terme respecter.
La FSA énonce les exigences de transparence pour les
investisseurs, les créanciers, le grand public et pour les
régulateurs. Elle examine les types d'information que les gérants
devraient fournir à terme.
La Financial Services Authority (FSA), envisage pour assurer
la protection des investisseurs dans les hedge funds que ceux-ci
reçoivent des informations qui leur permettent de prendre des
décisions d'investissement en toute connaissance de cause et que les
conflits d'intérêts entre les gérants de hedge funds
soient gérés de manière adéquate.
Ces informations concernent quatre points essentiels.
La notice d'information des fonds
La notice d'information d'un hedge fund devrait fournir
selon la FSA des informations dans les domaines suivants :
- les commissions : les gérants de hedge
funds devraient expliciter clairement l'assiette de calcul des
commissions. Ces informations devraient non seulement porter sur la structure
de base (le classique « 2 % + 20 % »), mais
également fournir une définition explicite des différents
paramètres de calcul des commissions de gestion et de performance
- la politique de rachat : il est très
important que les investisseurs connaissent les conditions auxquelles ils
peuvent racheter les parts des fonds ainsi que les restrictions applicables aux
rachats.
- la stratégie d'investissement : les
gérants de hedge funds devraient définir la
stratégie d'investissement qu'ils entendent poursuivre et le
degré de liberté dont ils disposent vis-à-vis de ces
règles. Une des spécificités du développement des
hedge funds a été l'étendue de la
définition de chaque stratégie particulière : «
long/short equity », « global macro », «
event-driven », etc.
Les informations régulières des
investisseurs
La plupart des gérants de hedge funds
communiquent avec les investisseurs au moyen de bulletins d'information
mensuels ou trimestriels. Si le contenu de ces bulletins varie en
fonction de facteurs tels que la stratégie du fonds,
ils contiennent généralement des éléments sur la
performance, la ventilation de l'exposition sectorielle ou géographique
et la vision des gérants sur les perspectives du fonds. Ils peuvent
également intégrer des éléments sur les principales
participations du fonds ainsi que des informations sur le risque, telles que
des mesures de risque.
Agences de notation et bases de
données
D'autres institutions peuvent également aider les
investisseurs à réaliser des missions de due diligence
de hedge funds et de leurs gérants. Actuellement, un certain
nombre de prestataires notent ou proposent de noter les hedge funds ou
leurs gérants. Par ailleurs, il existe un secteur en
développement, les fonds de hedge funds qui fournissent
essentiellement une sélection de fonds et des services de due
diligence pour les investisseurs potentiels. Il est important toutefois de
reconnaître qu'en matière de hedge funds, la contribution
la plus probable des agences de notation sera d'évaluer le mode
opératoire du gérant de hedge fund -- valorisation,
audit, gestion du risque -- plutôt que de réaliser les
tâches traditionnelles d'une agence de notation, à savoir
d'évaluer la probabilité de défaillance. D'après
les discussions de la FSA avec les agences de notation, les gérants de
hedge funds et leurs modes opératoires seront davantage au
coeur des préoccupations des agences de notation que la
probabilité de défaillance du hedge fund
lui-même.
Domaines nécessitant une amélioration de
l'information
Bien que la communication d'informations aux investisseurs ait
progressé ces dernières années, il existe, selon la FSA,
trois domaines nécessitant une amélioration de la transparence :
les procédures d'évaluation des instruments, le risque
opérationnel et les politiques du fond.
Ces demandes de transparence pourraient au premier abord
affectées les performances des gérants qui seraient
obligés de rendre des comptes sur leur pratique et réduire leurs
initiatives. On pourrait penser qu'une baisse de la croissance des actifs aura
donc lieu. Il n'en est rien. En effet même si à court terme ces
exigences contraindront les gérants, ils ouvrent les hedge
funds à de nouveaux investisseurs détenteurs de capitaux
colossaux : les investisseurs institutionnels.
D. Un nouveau type d'investisseurs : les investisseurs
institutionnels
i. La demande et les attentes des investisseurs
institutionnels aujourd'hui
Les investisseurs institutionnels (surnommés
familièrement zinzins) sont des organismes collecteurs de
l'épargne qui placent leurs fonds sur les marchés. Il s'agit
principalement de sociétés d'investissements, fonds de pension et
sociétés d'assurance.
En 2005, on estime que ces investisseurs ont investit 365
milliard de dollars dans les hedge funds, ce qui représente
près de 30% des actifs gérés par les hedge funds
et 2% des actifs totaux des investisseurs institutionnels. Des recherches
menées par Bank of New York ont montré que seulement 15% des
institutions ont des investissements en hedge funds. Ces proportions
varient en fonction des régions et des types d'institutions. Par exemple
aux EtatsUnis, la moitié des institutions à but non lucratif
comme les fondations ou les hôpitaux ont investi dans les hedge
funds alors que 10% des groupes d'épargne d'entreprise y ont
investi. Les investisseurs institutionnels américains
représentent approximativement 40 % du marché et les
européen et les japonais représentent ensemble 40%.
Entre 2003 et 2005, les actifs des investisseurs institutionnels
ont plus que doublé passant de 66 à 136 milliards de dollars.
Les objectifs recherchés par les investisseurs
institutionnels dans l'investissement en hedge funds sont liés
aux changements de leur portefeuille qui cherche à se tourner vers des
performances absolues. Par ailleurs ils cherchent également une
diversification de leur portefeuille leur permettant d'être faiblement
corrélés avec les autres actifs de leur portefeuille. Par
ailleurs, ils recherchent désormais des investissements leur permettant
d'arriver à des taux de rendement aux alentours de 8-9% de façon
stable et durable.
On constate de plus en plus un désintérêt
des institutions pour les produits à taux fixes et les produits actions.
Beaucoup d'institutions considèrent que les produits à taux fixe
représentent des actifs à rendements trop faibles. Les faibles
rendements de ces placements ont crée des écarts importants avec
les attentes des investisseurs. Ceci est du notamment aux crainte de
remontés des taux d'intérêts. Les investisseurs, en
particuliers les japonais, sont particulièrement sensibles à ce
problème. En ce qui concerne les produits actions, depuis les
années 2000, les investisseurs ont constaté que les rendements
attendus n'étaient pas aussi importants que ce qu'ils attendaient.
Les investisseurs institutionnels regardent trois
éléments principaux avant d'investir dans un hedge
funds. En premier lieu, ils veulent comprendre et connaître les
sources des rendements que leur assure le gérant. De pus ils
prêtent une grande attention à la qualité et à
l'expérience du gérant et au renom de l'établissement.
Cependant certaines institutions comme les fondations ou les corporate pensions
préféreront des gérants plus indépendants car ils
pensent que les performances ont tendance à baisser a mesure que le fond
grandit. Enfin ils prêtent une grande attention aux risques
opérationnels des fonds et à leur transparence.
Cependant les investisseurs institutionnels se plaignent
constamment des frais que facturent les hedge funds. Ils les trouvent
souvent élevés mais justifiés par les performances.
Néanmoins, alors que les commissions de performance semble être
accepté, les investisseurs se plaignent des frais de gestion tournant en
moyenne aux alentours de 1% des actifs gérés peut importe la
performance du fonds. De plus les investisseurs institutionnels se plaignent
aussi des périodes de sûreté qu'ils jugent souvent trop
importantes (même si ils considèrent qu'elles sont la plupart du
temps justifiés par la stratégie employée) et vont payer
des frais supplémentaires pour les réduire. Il en va de
même pour les investisseurs investissant dans des fonds de hedge
funds qui payent deux plus de frais afin de s'assurer une diversification
des risques. Enfin les contraintes de capacité des fonds ont
causé des freins à la demande des investisseurs institutionnels
jusqu'en 2004 ou celles-ci se sont réduites par l'ouverture des fonds
qui ont pour la plupart trouvé des moyens d'étendre les
capacités de leurs stratégies.
Ils restent cependant des freins pour certains investisseurs
qui hésitent à investir dans des hedge pour plusieurs raisons
comme le montre le graphique ci dessous qui regroupent les réponses des
interviews effectués par Bank of New York et Casey, Quirk &
Associates.
On constate que le premier élément est le risque
inhérent aux hedge funds que beaucoup d'institutions ne peuvent
tolérer vis-à-vis de l'opinion générale sur la
nature des investissements effectués. Par ailleurs, le manque de
transparence des fonds (lié aux risques des hedge funds)
affecte la demande de certaines institutions qui veulent avoir une opinion
précise des produits qu'ils ont en portefeuille. Enfin les frais des
hedge funds sont parfois considérés comme trop
élevé et nuisent au rendement net pour l'investisseur.
ii. Les facteurs de croissance de la demande des
institutionnels
Alors qu'il a 5-10 ans le marché des hedge
funds était dominé par les HNWI (High Net Worth Investors),
les investisseurs individuels très fortunés (avec un patrimoine
financiers supérieurs a 5 millions de dollars selon Pwc), les
investisseurs institutionnels ont fait leur chemin sur ce type de
véhicule d'investissement et leurs parts dans les actifs des hedge
funds ne cessent de croître. Deux éléments essentiels
ont provoqué cet intérêt croissant.
En premier lieu on peut citer la faiblesse des rendements des
investissements traditionnels. En effet, les institutionnels ont investit
massivement dans ces investissements (actions, obligations...) dans les
années 80 et 90. Il s'agissait de la composante essentielle de leur
portefeuille. Depuis 2000, après notamment l'éclatement de la
bulle Internet, les investisseurs institutionnels n'attendant plus les
mêmes rendements que dans le passé. Ils cherchent en moyenne 7
à 9% de rendement annuel moyen et les equity ou les fixed
income ne leur apporterait moins de 7% en moyenne. De plus pour beaucoup
d'institutions, en particuliers les plans de retraites, les perspectives
démographiques laissent penser à une réduction des
marchés de capitaux. Ainsi le vieillissement de population que
connaissent la majorité des pays de l'Europe continentale, le Royaume
Uni, les pays nordiques et plus récemment les Etats-Unis ont conduit les
autorités de régulation à instaurer des pratiques
comptables obligeant les institutions à prouver qu'elle pourront faire
face a leur obligations. Ainsi ces institutions se trouvent contraintes de
chercher de fortes performances en repensant la composition de leur
portefeuille pour remplir les objectifs de rendements attendus. Les
investissements traditionnels ne pouvant pas leur procurer ces rendements,
elles se retournent vers les hedge funds.
De plus, on constate aussi une meilleur compréhension
et une meilleur acceptation des produits et technique de la gestion
alternative. Les investisseurs institutionnels ont progressivement
constaté les limites des investissements à performance relative,
par rapport à un benchmark. Les investisseurs institutionnels
construisent de plus en plus leur portefeuille en fonction du Beta
(corrélation avec les marchés financiers) et de l'Alpha (la
performance absolue). Ils sont prêt à payer moins pour une
exposition au Betas et payer plus pour de l'Alpha. Par ailleurs, les
investisseurs institutionnels sont de plus en plus à l'aise avec
l'utilisation des instruments de la gestion alternative tels
que l'utilisation de produits dérivés, la vente à
découvert, l'utilisation de l'effet de levier et les investissements
dans des actifs peu liquides.
Ainsi ces facteurs laissent croire à une persistance
des hedge funds dans les portefeuilles des investisseurs
institutionnels. Il en va de même pour d'autres outils de la gestion
alternative tels que les fonds de private equity.
iii. Les perspectives de la demande des institutionnels en
2010
D'après l'étude mené par Bank of New York
et Casey Quirk & Associates, la demande des investisseurs institutionnels
en Hedge funds excédera 1000 milliard de dollars d'ici a 20010.
Les institutions représenteront 50% des flux dans les hedge
funds et près de 40 % des actifs gérés.
Ils estiment que le pourcentage des institutions investissant
dans les hedge funds sera de l'ordre de 25 % contre 15 % aujourd'hui.
De plus les hedge funds représenteront près de 3.5% des
actifs des institutions contre 2% aujourd'hui. La croissance des actifs viendra
des plans de retraite qui représenteront près de 65 % des
investisseurs institutionnels d'ici à 2010 comme le montre la graphique
ci dessous.
Par ailleurs, la composition de l'investissement en hedge
funds va changer d'ici à 2010. Aujourd'hui, 87 % des institutions
investissent dans les hedge funds par des fonds de fonds ou par un
mélange entre des fonds de fonds et de l'investissement direct. Les
études estiment que les fonds de hedge funds resteront un
élément important de l'investissement en hedge funds.
Cependant, les institutions investiront également directement sur les
hedge funds à hauteur de 49% de la part consacré au
hedge funds.
Ainsi comme nous pouvons le voir, les investisseurs
institutionnels vont représenter une part importante des investisseurs
en hedge funds. Ces institutions disposent de ressources très
importantes ce qui laisse de belles perspectives de croissance pour les
hedge funds.
E. Les perspectives de croissance de l'industrie d'ici
à 2010
Pour conclure sur les évolutions de l'industrie des
hedge funds, nous nous intéresserons aux perspectives de
l'industrie d'ici à 2010 selon une étude menée en 2007. 4
tendances sont à prévoir.
i. L'avènement des techniques utilisées
par les hedge funds
On constate que les principes des hedge funds sont
en train d'influencer les attentes des investisseurs. On estime que d'ici
à 2010 la recherche de rendements absolus dominera. L'utilisation de la
vente à découvert, les produits dérivés et l'effet
de levier sera monnaie courante.
ii. La concurrence pour l'attrait des investisseurs
institutionnels
Cette concurrence provoquera une augmentation de la
régulation et de la transparence des fonds afin de se conformer aux
exiger de leur clients. De plus la concurrence se fera également sur la
qualité des gérants. Le marché sera en partie dominer par
de grand fonds proposant une multitude de stratégie pour répondre
à la demande des investisseurs. Enfin les fonds de fonds continueront de
progresser pour satisfaire aux exigences des investisseurs institutionnels.
iii. La fin de certaines stratégies phares dans
certaines régions.
Van Hedge Advisors a montré dans une étude en
2005 le devenir de certaines stratégies. ( cf tableau ci-dessous). On
constate que de des stratégies comme macro, multi strategy ou emmerging
market ont encore de beaux jours devant eux. En revanche des stratégies
comme distressed ou fixed income arbitrage semblent perdre de leur attrait dans
les marchés américains. Ainsi ce sont bien les nouvelles
stratégies qui feront la croissance des actifs sous hedge
funds.
Conclusion
Les hedge funds sont aujourd'hui en pleine mutation.
Apres une année 2006 qui a pulvérisé tous les records en
termes d'actifs gérés et de performance, l'année 2007
semble beaucoup plus morose même si de bonnes performances ont
été dégagées. Cette année 2007 a vu la
faillite de nombreux fonds dont les plus célèbres sont ceux de
Bear Sterns sur les dérivés de crédits (Bear Stearns
High-Grade Structured Credit Fund, et Bear Stearns High-Grade Structured Credit
Enhanced Leveraged Fund) qui ont conduit la banque à une quasi faillite
car rachetée à un prix dérisoire par JP Morgan en mars
2008.
Cependant il semble que ces incidents ne sont que conjoncturelles
et ne remettront pas en cause à terme la croissance des actifs sous
hedge funds.
Ce croissance perdurera car la demande s'adressant aux
hedge funds est en constante augmentation. Comme nous l'avons vu les
investisseurs institutionnels qui gèrent des actifs colossaux se
tournent peu à peu vers les hedge funds.
Cette croissance est soutenue par les autorités de
régulation des marchés financiers qui pousse les hedge
funds à une plus grande transparence. Cette transparence sera
énormément appréciée par ces investisseurs qui
pourront percevoir le risque réel des fonds et optimiser leurs
investissements en conséquence.
De plus la croissance de l'industrie est dopée par l'offre
des hedge funds qui proposent de nouvelles stratégies et
réduisent peu à peu leurs contraintes.
Enfin le marché des hedge funds va connaitre
un fort essor dans les pays émergents d'Asie tels que la Chine ou l'Inde
qui deviendront a long terme les principaux investisseurs des fonds.
Ainsi même si l'industrie des hedge funds a
connu quelques revers cette année, la croissance des actifs que
gèrent les fonds est durable à condition bien sur que la crise
financière que nous connaissons depuis les subprimes se résorbe
peu a peu.
Bibliographie
Internet
Wikipedia :
www.wikipedia.com
Verminen :
www.verminen.net
Credit Suisse Tremont :
www.hedgeindex.com
HFR :
www.hedgefundresearch.com
Edhec Hedge funds performance :
www.edhec-risk.com
Corporate Regulatory services :
www.crshome.com
Eurekahedge :
www.eurekaedge.com
Hedge funds world :
www.hedgefundsworlds.com
Managed Funds Association
www.mfainfo.com
Polycopiés de cours Daniel Herlemont :
www.yats.com/doc/hedge-funds-1-fr-ppt.pdf
Ouvrages
Daniel Capocci, Introduction aux hedge funds, Paris,
Economica, 2004.
Jean Michel Rocchi, Hedge funds, histoire et techniques
de la gestion alternative Noel Amenc, La gestion alternative
François-Serge Lhabitant, Gestion alternative
Anne-Marie Rocco, L'Incroyable Histoire de George Soros,
Assouline, 1999.
Etudes et articles
Institutional Demand for Hedge funds, Bank of New York
and Casey, Quirk & Associates Van Hedge fund Advisors Hedge
fund Demand and Capacity 2005 - 2015
Banque de France, Revue de stabilité fianciere, Hedge
funds
Les fonds de hedge funds : origine, rôle et
perspectives, Patrick Stevenson Exigences de transparence et hedge
funds, Callum Mccarthy
Les hedge funds sur les marchés émergents,
William Ryback Évolution et régulation des hedge funds,
Andrew Crockett
Presse
Les Echos
La Tribune
The Financial Times The Economist
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