Paragraphe II : Nouvelle conception de
l'Hôpital
A- Manque de qualité et mutations dans le
comportement des usagers
Les hôpitaux des Pays les Moins Avancés (PMA) en
générale et ceux du Burkina Faso en particulier se trouvaient
dans une impasse qui fut le résultat de leurs difficultés
à s'adapter aux changements. En effet, leur organisation n'a pas
été l'objet de grandes modifications depuis une époque
où il était encore question de la gratuité des soins. Ces
hôpitaux fonctionnaient toujours selon les principes fondamentaux d'une
administration, «l'hôpital fait ce qu'il peut avec ce qu'il a»;
«le malade doit se contenter de ce qu'on lui donne»18. Une
telle conception confine l'hôpital dans une position qui l'écarte
de toute rationalité économique et s'oppose à toute prise
de responsabilité par les directeurs et les professionnels de
santé.
Au Burkina Faso, la situation des hôpitaux se
caractérisait par de multiples dysfonctionnements telles que les
ruptures de stocks consécutives à la lourdeur administrative qui
entravait la promptitude de l'approvisionnement. La fréquentation d'un
hôpital public dans les PMA laissait transparaître des
insuffisances notoires; longue file d'attente, absence et / ou déficit
de personnel etc. Ces insuffisances sont consécutives à une
période de crise économique qui avait contraint les pouvoirs
publics à restreindre les crédits alloués aux secteurs
sociaux tels que la santé.
Aujourd'hui, l'émergence d'une certaine
catégorie d'usagers, exprimant une demande de soins de plus en plus
importante, exigeante, qui refuse le statut de simple
bénéficiaire, en quête de structures susceptibles de
satisfaire sa demande, contraint les autorités, les acteurs de
l'hôpital à mettre en place un nouveau type d'établissement
d'où le passage de «l'hôpital administration» à
«l'hôpital entreprise».
Cette dernière notion beaucoup contestée va
connaître des mutations qui extirperont l'esprit mercantiliste qui s'y
cache au profit d'un certain réalisme, relatif non seulement à
l'organisation de l'hôpital mais aussi à la satisfaction des
besoins de tous.
Ainsi de plus en plus, « une faiblesse de l'offre
hospitalière est très souvent concomitante avec une
fréquentation dérisoire de l'hôpital »19.
La foule qui se dirige vers les hôpitaux le fait par dépit,
faute de mieux. La plupart du temps, cette
18 Expressions empruntées à Hubert
BALIQUE, Chargé de Recherche à l'ORSTOM
19 Eric de Roodenbeke, Privatisation des
hôpitaux dans les pays en voie de développement ?
population peine à payer les soins. Le mouvement des
couches sociales les plus nanties vers des établissements privés,
plus coûteux, « témoigne d'une évolution qui, si elle
se prolonge, aboutira à ce que les hôpitaux publics ne
reçoivent plus que les couches sociales les plus
défavorisées » (H.BALLIQUE).
B- Hôpital et dépenses publiques
Au Burkina Faso, l'introduction des politiques de Soins de
Santé Primaires a coïncidé avec l'adoption par les
gouvernements, des PAS au début des années 90. La crise
économique a amené les gouvernements africains à
réduire les dépenses en matière de santé. Il n'y
avait plus suffisamment d'argent pour financer la santé, construire et
aménager les hôpitaux et les centres de santé, acheter et
entretenir les équipements, payer et motiver les professionnels, acheter
ou renouveler les stocks de médicaments.
Etant donné l'accroissement continuel des coûts
de la santé, il n'est pas étonnant que « les hôpitaux,
en tant que «dépenseurs» principaux dans le système de
santé, soient au premier plan » (Montoya-Aguilar, 1994).
Au Burkina Faso, les subventions de l'Etat aux hôpitaux
(CHR et CHU) représentent des sommes importantes, accentuant ainsi les
dépenses de santé de l'Etat. Les subventions de l'Etat aux
hôpitaux sur ces cinq dernières années sont données
par le graphique ci-dessous.
Graphique 2: Evolution des subventions de
l'Etat aux hôpitaux de 2005 à 2009
Montwits en rrilier defranc CFA
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14 000 000 12 000 000 10 000 000 8 000 000 6 000 000 4 000
000 2 000 000
-
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Subventions
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2005 2006 2007 2008 2009
Années
Source : Ministère
de la santé DAF, 2009 ( Cf Annexe 6).
Les contraintes budgétaires du Burkina Faso astreignent
le pays à trouver des alternatives afin de générer des
ressources qui permettront de financer la santé mais
surtout mettre en place un mécanisme qui permettrait de
gérer plus efficacement les ressources déjà existantes.
Voulant trouver de nouvelles ressources pour financer les
activités à coût élevé des hôpitaux et
rendre plus efficace l'utilisation des ressources existantes, les gouvernements
dans certains pays en voie de développement et ceux du Burkina Faso en
particulier ont accordé aux hôpitaux publics une certaine
autonomie de gestion.
CHAPITRE II : Cadre institutionnel de l'autonomie de
gestion des hôpitaux au Burkina Faso
A travers ce second chapitre nous tenterons de cerner
l'évolution du statut des hôpitaux au Burkina Faso dans le temps
(section I) avant de tenter de comprendre les concepts clés et les
objectifs visés par ces différentes réformes (section
II).
Section I : Présentation du cadre juridique
de l'autonomie de gestion des hôpitaux aux Burkina
Faso
Cette section vise essentiellement à faire l'historique
des différents statuts des hôpitaux au Burkina Faso, et leurs
différents apports à l'organisation de l'hôpital.
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